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Humour/Détente
AUBIN-T : Une sacrée bonne soirée
 Publié le 13/01/13  -  12 commentaires  -  6497 caractères  -  247 lectures    Autres textes du même auteur

Un vieil homme raconte à son petit-fils le jour où il s'est fait voler sa voiture.


Une sacrée bonne soirée


En cette après-midi de juin, Alphonse se sentait vraiment heureux. Le ciel était d’un bleu d’une nuance si magnifique qu’il n’arrivait pas à le croire, et encore mieux, il passait un bon moment avec son petit-fils Brian.

En général, il ne le voyait qu’une fois par mois, quand il n’avait pas beaucoup de devoirs ou parfois un week-end complet si ses parents voulaient passer un peu de temps ensemble. Cela ne le dérangeait pas, bien au contraire. Il adorait le gamin, qui ne rechignait jamais pour lui donner un coup de main dans le jardin ou pour n’importe quelle broutille.

Alphonse, au fond de lui, attendait impatiemment le jour où ils pourraient partager une bière ensemble, en discutant comme deux hommes.

Cette après-midi-là, Brian l’avait aidé à réparer la barrière en bois de son jardin. L’un des gonds en métal était tellement rouillé qu’il avait cassé, et il avait fallu le remplacer par un nouveau tout en tenant la barrière en l’air. C’était le rôle de Brian, qu’il remplissait avec une grande fierté du haut de ses dix ans.

Une fois ce devoir accompli, ils étaient allés s’asseoir au frais, sous la véranda. Alphonse buvait une bière bien fraîche et Brian un thé glacé avec une lamelle de citron.

Ce jour-là, le vieux Al avait envie de raconter une histoire intéressante.


— Dis, Brian, je ne t’ai jamais parlé de la fois où je me suis fait voler ma voiture ?


Le petit faillit avaler sa paille, et toussa avant de reprendre l’usage de la parole.


— Vraiment !?

— Oui, répondit Al en souriant. Avec ta grand-mère, paix à son âme, on venait de se marier et d’emménager dans un nouvel appartement à Boston.

— C’était y a longtemps ? demanda Brian avec de grands yeux.

— Oh oui, ta mère n’était même pas encore née, c’est pour te dire.


Brian ne répondit rien, et ce silence pouvait valoir mille mots.


— Un matin, continuait Al, je me lève pour aller travailler et quand j’arrive dans la rue… plus de voiture.

— Plus rien ?

— Rien du tout. La place de parking était vide comme si ma voiture n’y avait jamais posé ses pneus.

— Et tu as appelé la police, Papi ?

— Oui, ta grand-mère s’en est chargée. Bon Dieu, elle avait un de ces tempéraments. Ta mère a dû t’en parler, pas vrai ?

— Un peu, oui.

— Il fallait l’entendre parler aux agents de police… On aurait dit une mère en train de gronder son gamin parce qu’il doit nettoyer sa chambre. Tu dois voir de quoi je parle, non ?


Ils éclatèrent de rire, et chacun but de sa boisson.


— Et qu’est-ce que la police vous a dit ?

— Eh bien, qu’avec le peu de renseignements qu’ils avaient, ils nous donneraient des nouvelles dans les prochains jours. Mais nous n’avons pas eu besoin d’attendre tout ce temps.


Brian aspira le fond de son verre avec sa paille en produisant un bruit d’écrasement de feuilles.


— Pourquoi ?

— Le lendemain matin, quand je suis sorti dans la rue, elle était de retour. Exactement à la même place.

— C’est trop bizarre ! s’exclama Brian.

— Le plus étrange, c’est qu’il y avait un petit mot sur le pare-brise. C’était une lettre, en fait.


Alphonse s’était rendu compte que le verre de Brian était vide.


— Tu en veux encore ?

— Non merci, ça ira. La lettre était de qui, Papi ?


Un sourire s’élargit sur le visage d’Alphonse. Il aimait attiser la curiosité des autres, surtout de son petit-fils. C’était comme un cadeau qu’il s’offrait à lui-même.


— D’un inconnu total, reprit Al. Il s’agissait en fait d’une lettre d’excuse. Pardonne ma mémoire, je ne me souviens plus du nom de celui qui l’avait laissée, cela fait plus de trente ans, et à vrai dire je pensais même avoir oublié cette histoire.

— Et la lettre ! Qu’est-ce qu’elle disait ?


Les yeux de Brian pétillaient d’impatience. Il était complètement captivé.


— L’homme me demandait pardon pour avoir été obligé de voler ma voiture. Il disait que sa femme était sur le point d’accoucher, et qu’il n’y avait plus aucun taxi à cette heure dans la nuit. Il n’avait pas eu le choix, d’après ce qui était écrit.

— Et sa femme, elle a eu son bébé ?

— Je ne sais pas, ce n’était pas écrit. Mais attends la suite. Il n’y avait pas seulement une lettre dans l’enveloppe. L’homme y avait aussi glissé un petit cadeau.

— Un cadeau ? C’était quoi ?

— Des places pour le spectacle d’un humoriste très célèbre à l’époque. Pour le lendemain. L’homme précisait qu’il les avait achetées pour y aller avec son épouse, mais que c’était la moindre des choses en dépit de ce qu’il avait fait. Et puis de toute manière, ils devaient s’occuper d’un petit bébé dorénavant.

— C’est vraiment gentil, dit Brian. Et vous y êtes allés ?

— Oui, mon petit. Et c’était une soirée fantastique. Avec ta grand-mère, nous avons ri aux éclats. Ma Linda. C’était peut-être l’un des meilleurs moments que j’aie pu passer avec elle. Nous étions si jeunes, si libres.


Alphonse décapsula une deuxième bière, et resservit du thé à Brian.


— Et c’est tout ? demanda-t-il. L’histoire est finie ?

— Pas tout à fait, répondit Al. Parce que quand nous sommes rentrés de cette soirée géniale, notre appartement était entièrement vide.


Brian laissa tomber sa mâchoire.


— Tout !?

— Oui, fiston. Plus rien. À vrai dire, je m’en suis voulu de ne m’être douté de rien. Ils nous avaient offert les places, tout en sachant que nous serions absents de la maison à ce moment. Ils connaissaient les horaires du spectacle, notre adresse. Ils avaient largement le temps de tout préparer.

— C’est incroyable, dit Brian.

— Eh oui. Et tu sais, le pire c’est qu’ils n’ont laissé qu’une chose : la voiture.

— Ils sont intelligents, quand même, ces salopards ! s’exclama Brian.


Tout de suite après, il ouvrit ses grands yeux et plaça ses mains devant sa bouche en murmurant : « Désolé ».

Alphonse lui fit signe que ce n’était pas grave. Au fond, il était fier du caractère que son petit-fils cultivait chaque jour.

Mais ce jour-là en particulier était vraiment agréable. Un souvenir qui resterait sans doute longtemps dans l’esprit d’Al, et il l’espérait, dans celui de son petit-fils.


— Mais tu sais, si j’avais pu revenir en arrière, je n’aurais rien changé.

— Tu les aurais laissés voler ta voiture, et la maison ?

— Oui. Enfin, je pense.


L’enfant regardait maintenant son grand-père comme s’il était devenu complètement fou.


— Mais pourquoi, Papi ?


Alphonse se perdit un instant à la vue du ciel, s’imaginant combien de temps ce moment pourrait durer. Il souriait.


— Parce que c’était quand même une sacrée bonne soirée.


 
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   alvinabec   
20/12/2012
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Bonjour,
Le sujet est drôle, le traitement du sujet un peu moins.
L'intrigue, l'ambiance, les souvenirs d’Alphonse gagneraient à être étoffés pour que votre lecteur puisse s'installer avec vos personnages sur le banc et écouter l'histoire.
Il me semble que le récit est assez atone, le discours de ce vieil Al. manque de relief et son interlocuteur, le jeune Brian, n'est là qu'un faire-valoir sans réelle épaisseur.
Une réécriture peut-être et tout le texte au présent?

   Anonyme   
30/12/2012
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Bon, la blague (ou légende urbaine) est quand même connue depuis des lustres, je me suis doutée du coup dès "elle était de retour. Exactement à la même place", je me demandais si vous oseriez ressortir cette histoire éventée. Et donc, oui. J'aime bien le côté philosophe du pépé, et c'est bien gentil tout ça, mais enfin, pour moi, le texte ne décolle jamais de l'anecdote étirée comme un chewing-gum mâché... je n'ai pas trop vu l'intérêt.
Pourquoi situer l'histoire aux États-Unis ? Là non plus, je n'ai pas vu ce que ça apportait.

   Perle-Hingaud   
3/1/2013
 a aimé ce texte 
Un peu
Le sujet est frais, amusant, et l'écriture, sans artifice, se prête à ce récit. J'ai bien aimé les petits détails, le grand-père qui regarde avec tendresse son petit-fils siroter son thé glacé avec une lamelle de citron, en attendant le jour où ils boiront la même bière.
Par contre, un truc m'ennuie: comment, en "empruntant" la voiture, le voleur connaissait-il l'adresse du couple ? Il s'agit d'un appartement, la voiture est garée dans la rue (et non dans un garage, par exemple).

   brabant   
13/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour AUBIN-T,


J'ai bien aimé cette histoire où est mise en valeur la complicité entre un grand-père et son petit-fils, et où, mine de rien, le grand-père lui donne une superbe leçon de vie.

Accorder aux choses leur vraie valeur, manier l'ironie et la dérision, ne pas sacrifier à la matérialité qui n'est qu'aléas. Montrer qu'un angle de vue particulier peut porter à rire de ce qui pourrait paraître à d'autres une insurmontable catastrophe.

A l'école de l'optimisme cet Alphonse est un véritable philosophe et nul doute que Brian, sympathique petit bonhomme, ne devienne un Al de demain, sympathique extraterrestre à l'image de son grand-père !


Me suis bien amusé !

Merci :)

   AntoineJ   
13/1/2013
 a aimé ce texte 
Un peu
bonjour
c'est amusant j'ai écrit la semaine dernière une nouvelle sur la même base ... mais plus "décalée" ... bref ! c'est effectivement une histoire qui circule et qui fascine par son côté "préparation".

le style est agréable et fluide, peut être trop simple, trop passe partout (sauf si c'est fait volontairement bien sûr). J'aime bien les dialogues, pas toujours facile à rendre crédible.

Pour ce qui est de la chute, avec beaucoup de recul, admettons ... mais bon la valeur d'un spectable comparée au viol que représente un cambriolage ... comment dire ...ce n'est pas crédible du tout ! .. à moins de ne pas avoir subit ce genre de chose (ce que je ne vous souhaite pas) et du coup de ne voir cela que de l'extérieur ...

   Pablo59   
13/1/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je dois admettre que la chute m'a un peu déçue... Effectivement, elle n'est pas très crédible, et je ne vois pas vraiment comment on peut considérer que c'est une "sacré bonne soirée"!
Sinon, pour le reste du texte, c'est assez agréable à lire, et le comportement du grand-père est décrit avec beaucoup de justesse.
A bientôt,
Pablo.

   Artexflow   
15/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour, enfin bonsoir AUBIN-T, il est 3h07 du matin et je viens de lire votre nouvelle :)

J'ai trouvé tout ça très bien, il ne manque qu'une chose : le reste ! Il manque en fait du corps à votre histoire, c'est une jolie base, ou un joli squelette, ou une jolie fondation comme vous préférez, mais en tous cas, dans cet état il n'y a pas grand intérêt.
C'est dommage parce que l'écriture est fluide, simpliste c'est vrai mais ce n'est pas vraiment pour me déplaire.

Pas grand chose à dire de plus sinon qu'il faut vraiment que vous écriviez et la suite et ce qui précède. Construisez plus vos personnages, apportez quelques subtilités, dans le genre de ce ciel là, vous tenez peut-être quelque chose !

Je suis certain que la prochaine fois sera la bonne pour ma part :)

Bravo et bonne nuit ahaha !

   Squeeny   
16/1/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
C'est vrai que c'est assez plat. Mais ce que j'ai aimé, c'est l'attachement qu'éprouve encore ce vieux grand-père pour son épouse, et la mélancolie des bons moments passés avec elle. Et, je pense que si tu avais développé un peu plus de ce côté là, il y aurait eu un plus gros enjeu dans ton histoire. Sinon, le style d'écriture est bon, fluide, pas surchargé, ni trop faible. Après c'est que l'avis d'un lecteur !

   Laroche   
2/2/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour. Nouveau sur le site, je commence à lire ce que les autres écrivent. Cette historiette, à la différence d'autres lecteurs, n'était pas, pour moi, jouée d'avance; il y a donc bien eu un effet de surprise (je dois être un incorrigible candide), assez bien rendu dans le dialogue.
En revanche, j'ai trouvé que l'élément purement narratif était un peu maigre, en regard des parties dialoguées. Pour moi, c'est perçu comme étant presque plus des didascalies bien "fournies" autour d'un dialogue qu'une véritable nouvelle. Mais nos textes, aux uns comme aux autres, peuvent être amendés, retouchés, renforcés, ce me semble...

   Anonyme   
28/4/2013
 a aimé ce texte 
Un peu
L'idée du sujet est sympathique, dommage que la soirée ne soit pas raconté plus en détail ou du moins que les sentiments du grand-père ne soient pas plus soulignés pour justifier pourquoi il ne reviendrait pas en arrière alors qu'il ne lui reste que la voiture! Enfin c'est que mon avis, mais l'histoire m'a tout de même fait sourire :)

   MariCe   
2/8/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Une blague et une ambiance qui me font penser aux pieds nickelés ; une belle complicité entre le grand-père et son petit-fils que j'aurais souhaité pourtant un peu plus étoffée.

   carbona   
8/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé ce récit. A un moment, quand le grand-père explique que la voiture n'était plus là, je me suis dit qu'en fait, il n'y avait rien d'autre dans l'anecdote, juste "je me suis fait voler ma voiture" et puis j'ai pensé que ça me plairait aussi beaucoup comme ça, une anecdote sans intérêt, car la scène entre petit-fils et grand-père est bien plantée, qu'elle se suffit à elle-même et que ce n'est pas incohérent de voir un aieul raconté une histoire sans intérêt, ça a même beaucoup de charme.

Finalement l'anecdote était plus complète que cela et j'y adhère aussi. Surtout avec la chute "Parce que c’était quand même une sacrée bonne soirée.". Ce texte nous dit plein de belles choses sur la transmission entre générations, le grand-père transmet la valeur des plaisirs simples, l'essentiel de la vie, et une sacrée dose d'optimisme.

Je tique sur la réaction excessive du gamin à l'annonce du vol de la voiture : "Le petit faillit avaler sa paille, et toussa avant de reprendre l’usage de la parole."


J'aime : "Brian aspira le fond de son verre avec sa paille en produisant un bruit d’écrasement de feuilles."

Merci pour ce beau texte que j'aurais volontiers placé dans la catégorie "sentimental/romanesque.


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