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Fantastique/Merveilleux
bwolf : Le dragon du roi
 Publié le 30/05/13  -  3 commentaires  -  12758 caractères  -  64 lectures    Autres textes du même auteur

Rejeté par son père et sa famille, un dragon s’efforce de trouver sa place dans un monde injuste, tout en venant en aide aux personnes qu’il rencontre. Et si un bienfait n'était jamais perdu ?


Le dragon du roi


À l'époque où régnait encore la magie, vivait un roi veuf qui avait pour conseiller un dragon, d'une très grande sagesse, nommé Draco. Ce dernier était également le professeur officiel du jeune prince. Son rôle était d'enseigner au garçon, âgé de six ans, tous les principes pour qu'il devienne un excellent souverain.


Chaque matin, Draco quittait très tôt son épouse Mystique, pour se rendre au château. Pendant son absence, la dragonne restait au logis et s'occupait soigneusement de ses cinq œufs. Elle veillait à ce qu'ils n'aient ni trop chaud, ni trop froid, et leur accordait beaucoup de temps et d'amour. C'est ainsi qu'un soir, en rentrant chez lui, Draco eut l'heureuse surprise d'assister à l'éclosion de ses petits. Le grand dragon était très fier car il savait que, lorsque le temps serait venu, l'un d'eux le remplacerait à la cour au côté du jeune prince. Il contempla donc d'abord l'aîné de plus près et lui annonça :


– Toi, dont les écailles sont d'or et les dents de diamant tu ne connaîtras jamais la pauvreté. Tu t'appelleras Golden, le dragon de la richesse.


Ensuite Draco se tourna vers son second fils et s'exclama :


– Toi en revanche, ta peau couleur rubis me rappelle tout le sang qui a coulé sur les champs de bataille. Tu répondras donc au nom de Mars, le dragon de la guerre et de la victoire.


Puis le conseiller du roi se pencha vers sa seule et unique fille et lui murmura :


– Ma petite princesse, tes écailles, de quartz rose, en forme de cœur font de toi la plus sublime des créatures. Tu ne peux être que la dragonne de l'amour et de la beauté. Tu te nommeras Vénus.


Jaloux de l'attention porté à ses aînés, le quatrième petit dragon se fâcha et répéta le mot « Vénus ». Son père très surpris le regarda et déclara :


– Tu sais déjà parler ? Alors tu dois être le dragon le plus intelligent qui existe sur Terre. Toi mon petit à la couleur émeraude tu seras Dédale, le dragon du savoir.


Tandis que les quatre petits dragons sautaient et couraient autour de leur père, le cinquième restait seul dans le nid, caché parmi la paille et les coquilles d'œufs. Draco avança lentement vers lui mais dès qu'il l'aperçut le maître du logis hurla :


– Quelle est cette vilaine chose ! Ce petit est noir comme le charbon ! Ce n'est qu'une gargouille ! Le roi ne doit pas connaître son existence, personne ne doit le voir chez nous. Mystique emmène-le loin d'ici.


La dragonne obéit à son mari sans gaieté de cœur. Elle appela son petit Black, le confia à un mineur et rentra chez elle. Personne dans cette famille n'essaya de savoir ce qu'il était devenu.


Les années passèrent et les quatre enfants de Draco devinrent aussi forts et aussi beaux que le père l'avait prédit. Chacune de leurs qualités s'améliorait et s'amplifiait de jour en jour. Cependant celles-ci accentuaient également leurs défauts. Ainsi Golden était riche et avare, Mars un guerrier victorieux et sanguinaire, Vénus une beauté narcissique, et Dédale un savant prétentieux. Malgré cela, Draco et son épouse restaient fiers de leurs enfants et continuaient à leur promettre un bel avenir.

Pendant ce temps Black travaillait durement au fond d'une mine sombre et humide. Il gagnait peu d'argent, ne sortait jamais, et risquait sa vie à chaque instant. Toutefois, cette pénible existence, il la passait en compagnie d'hommes qui le considéraient non pas comme un monstre mais comme l'un de leurs frères d'infortune. Dès qu'un éboulement se produisait, le jeune dragon était le premier à se précipiter dans les profondeurs de la terre à la recherche de survivants. Cet endroit était la seule maison qu'il connaissait. Ainsi lorsque le roi annonça la fermeture définitive de la mine, pour cause de danger, Black se retrouva seul au beau milieu d'un monde qui lui était totalement inconnu. Il n'avait aucun repère. La lumière l'aveuglait et lui brûlait les yeux. Pourtant le jeune dragon n'avait d'autre choix que de partir à la recherche d'un nouveau refuge. Plusieurs jours s'écoulèrent. Black voyait de mieux en mieux et la douleur commençait à s'estomper. À force de parcourir les routes il finit par tomber sur un jeune homme de dix-huit ans, dont les vêtements et le visage étaient recouverts de boue. Très intrigué Black s'avança vers lui et lui demanda :


– Que vous est-il arrivé ? Est-ce que je peux vous aider ?

– Je crains qu'il ne soit trop tard, répondit le jeune homme. Des voleurs m'ont tendu une embuscade. Ils m'ont dérobé mon argent et mon cheval. En voulant les rattraper je suis tombé.

– Si vous le souhaitez je peux vous porter et vous ramener chez vous, proposa le dragon.

– Merci, dit le garçon, mais je ne peux pas rentrer sans l'or de mon père. Il serait tellement déçu…

– Alors prenez ce sac de pièces d'or, insista le dragon. C'est peu mais c'est tout ce que j'ai.

– Merci beaucoup ! s'exclama le garçon. Au fait je m'appelle Charles.

– Moi c'est Black.

– Très content de te connaître, fit le jeune homme. Il y a une rivière pas très loin, j'aimerais me débarbouiller avant de prendre la route.


Black accompagna le jeune homme. Il profita de l'occasion pour se désaltérer et enlever de ses écailles les résidus de charbon. Soudain le dragon s'arrêta et perçut au loin des appels de détresse. Les cris se rapprochaient et peu à peu une silhouette se dessinait au milieu des eaux, celle d'une femme, emportée par le courant, qui risquait à tout instant de se noyer. Bien que les dragons ne sachent pas nager, Black, n'écoutant que son cœur, se jeta à l'eau et aida la demoiselle à remettre pied à terre. Cette dernière remercia son sauveur à maintes reprises. Dès que Charles eut posé le regard sur la jeune femme il tomba sous son charme. Ce détail n'échappa pas au dragon, qui demanda à la demoiselle :


– Qui êtes-vous? Et où alliez-vous ainsi ?

– Je suis la princesse Isabelle. Je devais me rendre au royaume d'Ernest pour rencontrer le prince. Mon père a annoncé nos fiançailles sans mon accord, alors je me suis enfuie. J'ai glissé dans la rivière et c'est là que j'ai compris que j'avais eu tort d'agir ainsi. Le prince doit savoir la vérité…

– Nous aussi nous devons aller à Ernest, dit Charles. Nous pourrions faire la route ensemble.


La princesse accepta cette proposition avec joie.


La nuit commençait à tomber. Les trois amis s'arrêtèrent pour se reposer. Aux premières lueurs de l'aube, Black fut réveillé par les hennissements d'un cheval suivi par les échos d'une dispute. Il prévint ses amis du danger potentiel et avança silencieusement en direction d'un magnifique verger. Une licorne avait été solidement attachée à un pommier. Autour d'elle des paysans équipés de fourches essayaient de repousser des soldats armés. Black poussa un grognement qui interrompit provisoirement la querelle. Une fois le calme venu le dragon demanda :


– Pourquoi vous battez-vous ?

– Cette bête est à nous, répondit un paysan. Elle est sur nos terres.

– C'est faux, s'indigna un soldat. C'est nous qui l'avons capturée. Elle est donc au roi d'Ernest.


Les deux clans recommencèrent à s'insulter et se menacer. Black avança vers la licorne, coupa sa corde, grâce à sa queue, et lui rendit sa liberté. Ensuite il se tourna vers les deux clans et leur annonça :


– Cette créature mythique n'appartient à aucun de vous. C'est un animal libre et vous devriez avoir honte de ce que vous avez fait. À présent laissez-la, là où elle est, et arrêtez de vous quereller.


Le chef des paysans et le commandant des soldats acquiescèrent et se serrèrent la main en témoignage de paix. Isabelle et Charles, qui s'étaient cachés et avaient assisté à toute la scène, rejoignirent Black et le félicitèrent pour son bon sens. Le jeune homme était fier de connaître un dragon tel que Black. Mais un lourd secret lui pesait sur le cœur. Ne pouvant plus se taire, Charles annonça ses amis :


– J'ai quelque chose à vous avouer… Je ne suis pas un habitant du peuple d'Ernest. Je suis leur prince ! Rassure-toi Isabelle, je ne t'obligerai pas à m'épouser. Grâce à Black j'ai appris beaucoup de choses. Ce dont je suis certain c'est qu'on ne peut forcer une personne à se marier avec quelqu'un qu'elle n'aime pas. Je serais heureux que tu restes avec moi mais si tel est ton désir tu peux partir…

– Finalement, dit la princesse, mon père n'avait pas tort. Vous êtes l'homme qu'il me faut.


Black très heureux pour ses amis les attrapa, les installa sur son dos et courut le plus vite possible en direction d'Ernest. Arrivés aux portes du château le prince et sa future épouse se rendirent dans la salle de conférences. Charles demanda au dragon d'attendre aux cuisines qu'un garde vienne le chercher.


Le prince présenta sa promise à son père et dès lors une grande fête fut organisée le soir même. Tous les membres du royaume furent conviés y compris Draco et sa famille. Dès que ces derniers arrivèrent, le roi ordonna le silence et expliqua à son fils :


– Charles, à présent tu es un homme. La tradition exige que tu choisisses un dragon pour conseiller. Draco étant devenu vieux, la tâche revient à l'un de ses enfants. Je leur laisse donc la parole.


Golden s'avança devant Charles et d'une voix douce il lui dit :


– Votre Majesté, si vous me faites l'honneur de me choisir, alors je vous promets que vous serez l'homme le plus riche du monde.


Le dragon s'inclina et ce fut au tour de Mars de s'exprimer :


– Votre altesse, si vous devenez l'homme le plus riche du monde, les rois des royaumes voisins risquent de vous déclarer la guerre, par jalousie. En revanche, si vous me choisissez, personne n'osera s'opposer à vous car je vous garantis que tant que je serai à vos côtés, jamais vous ne perdrez une bataille !


Tous les sujets félicitèrent ces belles paroles. Cependant Vénus s'exprima pour émettre une objection :


– Mon beau prince, une guerre ne risque-t-elle pas de briser des familles, d'abîmer vos terres et votre château ? Pourquoi ne pas sceller des alliances grâce à des mariages entre vos futurs héritiers et ceux de vos ennemis ? Si vous m'en donnez l'ordre je ferai en sorte que vos enfants soient les plus beaux de tous et qu'ils tombent amoureux des époux et épouses que vous leur aurez choisis.

– Messire, s'indigna Dédale, ce que ma sœur propose ce sont des mariages arrangés qui priveront vos enfants de leur liberté et de leur bonheur. À mon avis il serait plus sage de leur donner une bonne éducation qui leur permette de briller par leur esprit. Pour cette tâche je suis le dragon idéal.

– Ce n'est pas ta philosophie qui nourrira le peuple, ricana Golden.

– Tu peux parler, renchérit Vénus, ton argent n'achètera jamais l'amour.

– Ça suffit, cria le roi, maintenant Charles c'est à toi de décider.

– J'ai déjà choisi, sourit le jeune prince. Avant d'arriver ici des brigands m'ont attaqué. Alors que je n'avais plus rien et que j'avais perdu tout espoir un dragon est venu à mon aide. Il m'a donné son argent, il a risqué sa vie pour sauver celle qui s'apprête à m'épouser et il a évité qu'une guerre nous frappe. Ce dragon s'appelle Black et il se trouve en ce moment même au château. Garde ! Allez le chercher !


Le garde s'exécuta et à la surprise de tous le dragon qui le suivait était noir comme la nuit. Il n'avait aucune couleur, aucune pierre précieuse. Le peuple se moqua de lui et Draco, reconnaissant le fils qu'il avait abandonné jadis, se sentait plus honteux que jamais. Mais le roi ne rit pas. À la surprise de tous il s'inclina devant le dragon et lui offrit son sceptre en témoignage d'amitié. Quand Black le prit entre ses doigts, ses écailles se mirent à scintiller de mille feux et à refléter toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Tout le monde y compris Draco et sa famille s'agenouilla devant un être d'une telle beauté. Le roi se tourna vers son peuple et leur annonça :


– Voyez comme les apparences peuvent être trompeuses. Ce dragon n'a aucune couleur car aucune n'est assez digne de refléter sa personnalité. Il s'agit d'un dragon céleste, le dernier de sa lignée. Ces écailles sont en réalité de minuscules météorites dont la valeur est inestimable. Mon fils n'aurait pu faire un meilleur choix.


Tous les habitants applaudirent le roi et firent une ovation au nouveau dragon. C'est ainsi que Black trouva sa véritable place auprès de Charles. Contrairement à ce que nous pourrions penser, le jeune dragon n'avait aucune rancune envers son ancienne famille. D'ailleurs chaque semaine il rendait visite à sa mère et donnait volontiers des conseils à ses frères et sœurs afin qu'ils utilisent au mieux leurs dons pour aider les autres. Quant à Draco, celui-ci reçut la meilleure des leçons : « Peu importent la beauté ou les dons reçus à la naissance, les vraies qualités sont celles qui viennent du cœur. »


 
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   Anonyme   
22/4/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Eh bien, voilà un joli conte, je trouve, à la morale certes des plus classiques, mais n'est-ce pas une obligation dans un conte ? Toutefois, je déplore ce qui m'apparaît comme des incohérences :
- le fait qu'un mineur puisse amasser de l'or, même peu ;
- le dragon qui sauve une belle jeune fille de la noyade alors qu'il ne sait pas nager ; et le prince, pendant ce temps, qu'est-ce qu'il fait ?

Bon, sinon j'ai bien aimé, il faut dire que j'ai un faible pour les dragons. Et j'ai apprécié la description de leurs livrées variées.

   brabant   
30/5/2013
Bonjour BWoolf,


Ben oui quoi, on reste sous le charme, j'ai retrouvé mes douze... non, mes dix... euh non, mes neuf, mes huit, mes six, mes cinq ans. Peut-être mes quatre ans après tout, pourquoi pas (c'est pas péjoratif hein, c'est plein de fraîcheur, d'émerveillement). Pas mal, le coup des écailles en "minuscules météorites" qui s'irisent soudainement, le dernier d'une lignée, et d'une... couvée. Et oui l'adage se vérifie qui veut que les derniers soient les premiers.

Charmant.

Bon, évaluer est hors de mon domaine de compétences, suis un vieux schnock aujourd'hui :) Mais non, pas Ebenezer Scrooge !

Lol

   macaron   
1/6/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Un joi conte pour un peu d'air frais. Moi aussi j'aime bien les dragons , et il y en a toute une famille. Classique mais efficace avec une morale qui devrait satisfaire tout le monde.


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