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Sentimental/Romanesque
Cassanda : Inutile
 Publié le 07/01/08  -  7 commentaires  -  10521 caractères  -  35 lectures    Autres textes du même auteur

Quand ce sentiment d'inutilité s'est emparé de lui, il a petit à petit disparu...


Inutile


Ça y est… c’est la fin… J’ai tout essayé, rien n’a fonctionné, personne n’est là, aidez-moi ! Faites quelque chose, je vous en prie !... Il va disparaître, vous ne voyez pas ?... C’est mon ami et je ne peux plus rien faire…


Il y a quelques temps, il n’était pas très bien… Il est devenu aussi pâle que la lune, ses yeux laissaient entr’apercevoir des pensées aussi sombres que les nuits, l’éclat d’une tristesse que ne voyaient que les gens qui le voulaient bien. Lorsque nous lui demandions ce qui n’allait pas, il tentait de nous expliquer ce sentiment d’inutilité qui s’emparait de lui, faute de ne savoir ce qu’il devait faire, la direction à prendre pour être à nouveau maître de sa vie. Nous le voyions alors tourner en rond, perdu dans ses pensées. La situation avait atteint un tel paroxysme que sa petite amie a rompu : elle ne supportait plus de le voir s’enliser dans les limbes de son enfer personnel. Quand elle lui a annoncé la fin de leur histoire, il est devenu encore plus opalin, puis s’est tu. J’ai voulu en discuter avec lui, tenté de le réconforter. Il a refusé, hermétique à toute parole. En apparence, il jouait l’indifférence, continuant à badiner, à converser avec ceux qu’il croisait. Sa vie déroulait couplets et refrains, mais son regard restait perpétuellement vide, son rire sonnait souvent faux. Le bruit des mots qui lui parvenaient est devenu au fur et à mesure un vacarme dans sa tête.


Je présumai que ce n’était qu’un nuage dans son ciel. Après tout, cela nous arrive à tous. Mais c’était une tempête qui le faisait chavirer. Et je n’ai rien vu. Rien entendu parce que je ne voulais pas sortir de mon univers calfeutré. Parce que je préférais croire que cela passerait… J’étais trop préoccupé par mes problèmes quotidiens pour voir qu’un de mes proches était au plus mal. Et j’ai continué ma vie, écoutant ces voix qui me jouaient de si jolies sonates et symphonies au rythme des heures et des jours. À un moment, le disque a déraillé…


***


C’est de ma faute. Chaque jour, je me disais « il faut que je l’appelle ». Mais ce n’était jamais le bon moment. Je remettais à plus tard, à demain, au week-end prochain. Le temps passait sans que je me soucie outre mesure de prendre de ses nouvelles. Finalement, après quelques semaines, j’ai saisi le téléphone, composé le numéro. La sonnerie semblait sans fin, personne ne décrochait. J’ai rappelé encore et encore, sans résultat. Cela a duré plusieurs jours. J’ai fini par me rendre chez lui. Son nom avait disparu de la boîte aux lettres, les voisins ne se souvenaient pas de cet homme. Inquiet, j’ai tenté de prendre des nouvelles auprès de son ex-petite amie, de sa famille. Cela n’a rien donné, à croire qu’il s’était volatilisé.


J’ai commencé à culpabiliser. À force d’y penser, j’ai fini par n’en plus dormir. Quand le réveil sonnait, j’étais déjà fatigué de la journée à venir. Une langueur insidieuse s’était emparée de mon corps, de mon esprit, anéantissant toute volonté, tout désir. Toujours les mêmes questions venaient me tarauder, sans trouver de réponse.


Et maintenant, que faire ? Je n’ai pas dit les bons mots aux bons moments… Ai-je vraiment été présent pour lui ?... Oh ! Je m’en veux terriblement, comment puis-je me rattraper maintenant ? Aidez-moi, quelqu’un, Dieu si vous existez, s’il vous plaît !!... Non, ne m’aidez pas moi, aidez-le lui, il en a bien plus besoin que moi…. Si lui va mieux, j’irais beaucoup mieux également. Sinon ? Je ne sais pas… J’ai l’intuition que je ne m’en relèverai pas…


J’aurais vraiment le sentiment de n’être moins que rien dans ce bas monde. Si nous ne sommes là que pour nous secourir nous-mêmes, cela ne sert à rien ! Peut-être vaut-il mieux que je reste là, sans dire un mot. Au moins, je ne ferai plus de mal…


***


Ce matin, j’ai voulu prendre des nouvelles de mes collègues. Je n’ai réussi qu’à en tirer un vague « ça va ». À la réunion qui a suivi, personne n’écoutait ce que j’avais à dire. Pourtant cela me semblait important. Et je me souviens avoir fait la même chose il y a quelques temps avec le petit nouveau du service. Je n’écoutais pas ses interventions, l’ignorais. D’ailleurs qu’est-il devenu ? Je ne le vois plus aujourd’hui… Est-il allé rejoindre mon ami ? Je n’ai vraiment pas été correct… Et si je n’étais bon qu’à faire du mal autour de moi ?...


***


Mais que m’arrive-t-il ? Pourquoi ne vois-je plus mes mains ? Au secours, que se passe-t-il ? Monsieur, monsieur, vous me voyez, dites ? Je ne veux pas disparaître… Je me rattraperai, je ferai attention aux autres, m’enquerrai de leur santé, de leur famille, de leur bien-être, je ne les ignorerai plus comme je l’ai fait avec tant de gens qui ne sont plus aujourd’hui. Seulement, pour avoir la force de continuer, d’y croire, j’ai besoin que vous m’écoutiez vraiment, juste quelques minutes… c’est tout… Est-ce si cher payé ? Pourquoi partez-vous avec cet air ? Je n’ai pas besoin de votre mépris, je voudrais simplement un peu de votre attention… S’il vous plaît… Je vous en prie…


***


Je viens de sortir de cette petite boulangerie que je fréquente depuis mon installation dans le quartier. Sa propriétaire est toujours souriante, avec un mot gentil pour chacun ; elle prend des nouvelles, tout en servant ses clients. Les gens me bousculent, pressés par la bonne odeur des baguettes chaudes. Je me mets dans la file d’attente mais tout le monde me passe devant, sans s’excuser. Et je ne dis rien. Les mots ne viennent plus. C’est mon tour, mais la boulangère ne me reconnaît pas. Pourquoi semble-t-elle regarder dans le vide ? Ohé !!! Je suis là !!! … Je désire juste une baguette de pain, l’une de celles craquantes et dorées à point qui vient de sortir des fours. Elle ne m’entend pas… Je suis obligé de sortir, il y a trop de monde, j’étouffe soudain dans ce petit local, je me sens oppressé. Pourquoi n’a-t-elle pas voulu me servir ? Je ne lui ai rien fait. Je ne comprends pas ce qui se passe…


***


Je suis sur l’un des bancs du petit parc qui jouxte ma maison. C’est le seul endroit où j’arrive encore à aller. La fraîcheur des arbres centenaires me calme, j’ai l’impression de pouvoir de nouveau respirer normalement. J’essaie de ne pas paniquer. Mes jambes ont disparu… Est-ce vraiment si important ? Je crois que oui… mais je n’en suis pas aussi sûr. Pourquoi plus personne ne vient me voir ? Même les chiens m’évitent… Avant ils faisaient la fête, jappaient, se remuaient dans tous les sens et venaient chercher une caresse ; aujourd’hui, ils grognent sur mon passage. Leurs maîtres à l’autre bout de la laisse, les regardent d’un air surpris mais ne me voient pas.


***


Non, ce n’est pas vrai, je ne pleure pas… Ce sont juste des gouttes d’eau qui se sont égarées sur mon visage. Tout va bien, je vous dis ! D’ailleurs, si je n’avais pas le moral, je ne serais pas en train de rire, n’est-ce pas ? Alors pourquoi me regardez-vous comme cela ? Comme si vous observiez la déchéance d’un proche, avant de détourner le regard de peur de vous salir. Vous n’avez pas le droit de m’observer ainsi. Je ne suis pas le fauve à abattre, revenez, ne me laissez pas seul…
Je ne suis pas malade, j’ai juste besoin d’un sourire sincère, de quelques mots qui me redonneront le courage de me battre.


***


Le médecin m’a donné des pilules et m’a dit de me reposer. Je crois que je vais rester à la maison. Je suis en sécurité. Dehors, tout m’agresse. La lumière, les gens, les voitures. J’ai peur. Je ne veux plus. Je vais rester dans le noir. Au moins, il n’y a pas de danger. Les objets qui m’entourent sont ceux que j’ai toujours connus, ils ne me feront pas de mal. Ils me connaissent. Et puis, ils ne grognent pas sur mon passage.


Non docteur, ça ne va pas du tout… Vos pilules ne me font rien. Tout empire. Des esprits viennent me voir. Les miens. Ceux de mon enfance et de mon adolescence. Les spectres des personnes que j’ai croisées dans ma vie et qui me rappellent que je ne sers pas à grand-chose. Peut-être est-ce eux qui ont raison ?


Après tout, en quoi puis-je être utile ? Avant ma naissance, le monde tournait, il continuera encore après. Je ne suis pas indispensable… Quant à être nécessaire ? L’est-on véritablement pour quelque chose, pour quelqu’un ? Quand je devais me rendre utile pour mon ami, je n’étais pas présent, et il a disparu, spectre d’inutilité… Je suis semblable à lui. Je ne suis pas nécessaire dans mon monde. Vous trouvez cela triste ? Vous avez tort… C’est au contraire tellement réel. Repensez au nombre de fois où vous avez remis à demain ou un autre jour le coup de téléphone à une amie récemment veuve ou la visite hebdomadaire à vos parents âgés en maison de retraite … Vous aviez d’autres choses à faire ? Oui, certainement, comme moi dans le temps, avant. Mais aujourd’hui j’aurais eu besoin de ceux qui préfèrent regarder leur télévision… comme mon ami et tant d’autres avant moi…


***


Il est trop tard. Ce n’est plus grave. Demain, j’aurais disparu. Ce soir, alors que je suis devant le miroir, je ne vois qu’une vague forme opalescente. Je sais que c’est moi. C’est étrange, cette nouvelle apparence ne m’effraie même pas… Je pourrais encore tenter de me battre contre cette lassitude. À dire la vérité, je n’ai plus envie de continuer à chercher encore et encore une raison de me lever le matin. Je n’en peux plus. Je suis harassé. Demain, je me fondrai dans ce nuage qui entoure la ville, qui n’est ni gris, ni blanc. Il ressemble au brouillard et prend les couleurs du ciel et de la terre au petit matin. Jusqu’à présent, comme beaucoup je croyais que ce n’était qu’une brume ordinaire. Je sais aujourd’hui ce que c’est vraiment. Ce sont tous ceux qui ont abandonné l’espoir d’entendre un mot, un seul pour retourner dans le cirque de la vie. Certains vont et viennent dans les rues qu’ils ont connues. Ils tentent de revenir, en se nourrissant de leurs souvenirs. Malheureusement, cela ne fonctionne pas.


Plus personne ne me voit…


Dans mon monde, les gens qui ne se sentent plus utiles, vers qui plus personne ne se retourne pour offrir un sourire sincère, disparaissent. Ils deviennent d’abord transparents par intermittence, avant de devenir les fantômes de leur propre vie.


_____________________________


Pour écouter ce texte, c'est ici



 
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   JP67   
8/1/2008
Très émouvante cette nouvelle, touchante. Très bien écrite d'abord, rythmée et qui me prend par les sentiments. Très beau travail d'écriture, je ne trouve d'ailleurs pas de mots pour te féliciter. J'ai hâte de lire tes autres nouvelles.

   jensairien   
11/1/2008
Il manque des scènes vivantes qui seraient à même de nous faire comprendre et ressentir les personnages.

   nico84   
14/1/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'avais pondu mon plus long commentaire et ce pourri d'ordi m'a amené sur une page de forum, comprenez donc ma colére que je maitrise parfaitement.

Bon revenons, à ce qui m'intéresse en ce moment. Cassanda, je vais commencer par les points négatifs, il y en a un paquet (le stress arrive !). Je pense que si tu avais davantage décris les personnages, leur caractére, leur personnalité et que tu avais inséré des dialogues dans ton textes alors il aurait été plus vivant. En effet, cela peut être lassant de lire un texte où l'on a du mal à apréhender les héros (ou héroines) et quand on (en tout ca je) a l'impression d'être trésd loin de l'histoire. Cela donne un côté impuissant, peut être volontaire.

Je te donne mes conseils d'amateurs (qui ont la valeur que tu souhaites leur accorder), je pense que tu peux encore évoluer, et donner encore plus d'émotion, de rythme, de densité, de qualité, de maniére générale, à tes créations.

Passons aux côtés positifs Cassanda, c'est à dire tout ! D'abord, l'écriture en elle même, qui suit le rythme approprie, tu ne vas jamais trop vite, jamais trop lentement, tu maîtrise l'histoire , de bout en bout. On sent bien le travail et rien n'est fait au hasard.
Puis (ta modestie va m'énerver au fait) ta perception, ta sensibilité propre, ton talent aussi te permet, à partir d'une idée assez simple (ou pas trop complexe) de tisser tout autour, et de donner des petites perles, une nouvelle émouvante, touchante, avec une belle morale.

La beauté de ton texte vient de son côté réel, par la justesse de tes mots. Tu dis les choses, toujours sincére, pure, naturelle, jamais trop timorée , jamais dans le jeu de la surenchére, de l'éxagération, ce qui touche davantage. Et ce n'est pas facile , de relater une telle histoire de cette maniére.

Alors, je tiens à te féliciter et si besoin est de te pousser à continuer, à chercher à évoluer car la perfection n'existe pas. Et je te félicite pour ce petit bijou, j'ai vraiment aimé, de bout en bout, un bon fond servi dans une super forme, une belle vitrine en somme.

Bravo sur toute la ligne pour cette nouvelle.

   Andromaque   
15/1/2008
Pour ma part, je ne pense pas que le fait que tes héros, entre guillemets, ne soient pas développés psychologiquement dévalorise ton histoire ou la rend moins vivante. Au contraire, je ne sais pas si c'était ton intention mais le fait de leur conférer cette sorte d'anonymat fait que l'on se reconnaît en eux, nous sommes eux. Après tout, qui n'a jamais reporté au lendemain un coup de fil que l'on savait important pous nos amis, qui ne s'est jamais moqué des petits nouveaux perdus et timide? Tout cela est dû au manque de communication qui règne dans notre société actuelle, on parle d'individualisme mais j'irais jusqu'à dire de l'égoïsme! Et comme tu le montre si bien à la fin de l'histoire, cela finit toujours par nous arriver à nous. Celui qui ignorait les autres se retrouve ignoré et ça, il ne le comprend pas comme il n'a pas su comprendre ceux qu'il ignorait. J'ai l'impression que je me suis un peu étalée... Quoi qu'il en soit, tu as une très belle écriture, tu fais passer les émotions, et c'est très important. Bravo.

   Lariviere   
17/1/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Merdre !...

Depuis le temps que je devait lire cette nouvelle et que je "remettais à demain" ... Voilà qu'avec ce récit, maintenant je culpabilise...

Bon, sérieusement... J'ai aimé.

J'ai aimé vraiment.

Je trouve que c'est ta nouvelle la plus forte, la plus émouvante et la plus réussie pour le moment.

L'écriture est toujours aussi classique.
Mais là, ce n'est pas un défaut, c'est une force. L'écriture est maitrisée.
J'aimerais d'ailleurs savoir si par rapport aux autres nouvelles, tu as fourni un travail d'écriture plus conséquent ou si les choses se sont faites naturellement.

Vraiment l'écriture et la progression dramatique est très bien menée.
La perfection n'existe pas, mais là on se rapproche de quelque chose de vraiment bien.

Pour ce qui est de la psychologie des personnages, ce qui me semblait dans tes nouvelles précédentes une lacune qui amputait le récit d'une part intéressante et utile de compréhension de lecture et surtout de qualité de l'oeuvre, devient ici au contraire, une force et un atout dans ta narration.
Je commence à comprendre comment tu veux mener les choses, disons tes axes d'approches en la matière quand tu écrit.
Pour rester sur l'aspect psychologique et pour être plus clair, on va dire ici, que le non dit et les élements qui sont distillés dans un développement du récit et du ressenti du personnage (une espèce de confession, un cri d'alerte non entendu) en disent beaucoup, justement, sur l'état d'esprit profond et le vécu de celui-ci.
C'est plus que suffisant pour comprendre. C'est parfait. Ca permet amplement, il me semble, au lecteur de s'identifier et de partager les émotions puissantes du personnage-narrateur.

Comme je te l'ai dit plus haut, à ce propos, j'adore la progression de ta narration. Elle est vraiment très bien menée. Les idées qui l'a construisent sont très pertinentes et puissantes. Elles vont au fond des choses, me semble t-il.
C'est ce que j'attend dans l'écriture et dans toutes autres formes artistiques.
Les exemples pour étayer ces idées (culpabilité,sensation de transparence, détresse...) sont excellents aussi :
L'ami qu'on laisse tomber par une fatalité angoissante. Les coups de téléphones remis a plus tard. La boulangerie. Le parc...

Ce qui est très fort ici, dans ta progression, c'est que tu pars sur un ami déprimé qui disparait et que tu arrive dans un déroulement du récit des plus fluide à provoquer un transfert psychologique sur ton personnage-narrateur, qui termine dans le même état de "transparence" que son ami de départ.
D'ailleurs, c'est ce postulat de culpabilité vis a vis de cet ami qui mène le personnage progressivement vers la même déchéance morale.
Cela ce fait je dirais, de la façon la plus naturelle.
C'est très dur à faire, je pense.
Ici, c'est vraiment très réussi. Félicitations !


Allez, un seul petit défaut pour moi, et pour conclure...

Je trouve que les premières phrases seraient à améliorer.
C'est très important, pour moi en tous cas, dans un récit.

Là je trouve, mais ce n'est que mon avis, que le début n'est pas à la hauteur de l'ensemble.
Pour moi ta nouvelle prend vraiment son envol et sa qualité d'ensemble vers la fin du deuxième paragraphes (je compte les premières phrases comme un paragraphe) c'est à dire vers :

"Sa vie déroulait couplets et refrains, mais son regard restait perpétuellement vide, son rire sonnait souvent faux."

Au passage, j'aime beaucoup cette phrase. Elle est puissante par sa qualité d'écriture et par les émotions très réalistes qui s'en dégagent.
Le texte est rempli de ce genre de phrases bien faites et très réalistes. Cela contribue grandement à en faire un récit de qualité.

Bon, en résumé je vais dire qu'"Inutile" est ta meilleure nouvelle. Et personnellment, mais je crois que c'est clair, j'ai aimé.
C'est une nouvelle que j'aurais apprécié, même si je ne l'avais pas lu ici, dans un esprit "onirien". Je l'ai trouvé très profonde, incroyablement vrai et émouvante...

Félicitations Cass' !

   TITEFEE   
17/1/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
je découvre aujourd'hui cette nouvelle... et suis restée scotchée à elle

Ça transpire et pleure la solitude quand elle ne sait pas se remplir des autres…Fantôme pour nous-même et de nous-même, l’isolement est une sorte de mort avant la mort…
Etre seul ne veut pas dire ne pas être dans la vie car l’on peut continuer à vivre en sachant que les mots que l’on veut entendre c’est aussi à nous de les prononcer à d’autres encore plus délaissés que nous.
Cette Nouvelle, je l’ai enregistrée car elle m’a touchée en puisant dans mes souvenirs.

http://www.archive-host2.com/membres/up/1086141494/ONIRIS/inutileCassanda.mp3


J’ai été, comme bien d’autres, cette ombre lors d’un abandon, mais ma petite voix intérieure était si forte, qu’elle m’a permis de regarder la lumière…elle existait encore, et maintenant elle resplendit.
Pendant cette période, l’aide aux autres que j’apportais me guérissait peu à peu de mes fantômes. Il est vrai que je faisais de l’accompagnement en fin de vie, de façon compassionnelle et que cette période est pour moi la plus enrichissante. J’ai touché à la vérité et à l’intimité de l’être, lorsqu’il abaisse ses défenses pour enfin s’abandonner et accepter de partir.

   marogne   
20/9/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je trouve l'idée de base, et peut être les deux idées magnifiques. Jouer sur le mots d'abord, "être transparent" au sens figué avant que de le devenir au sens propre, et relier cette transparence à l'abandon de l'empathie. ensuite que ces âmes en peine deviennent brouillard; on tourne ici autour de dizaines d'idées de ce genre exploitées dans la littérature, mais ici ça vient bien néanmoins, et ça reste suffisamment original. On devrait voir d'un autre oeil le brouillard monter autour de soi. Par hasard, je viens de finir "La mystérieuse flamme de la Reine Loana", d'Umberto Eco, et j'y ai retrouvé ce brouillard omniprésent dans les ouvenirs du héros, et même ces "malesses" qui sont consubstancielle à la brume des vallons.

J'ai bien aimé aussi la boucle, le témoin devient la victime, et on peut penser que ça va continuer;;; jolie image de l'impossibilité qu'ont les hommes d'éviter de refaire les erreurs du passé; l'histoire se répète, sans cesse.

Sur la forme, j'ai trouvé le début un peu cahoteux, et quelques imprécisions dans le corps du texte. On a parfois du mal à suivre l'état du héros, même si in extremis, on nous que la transparence est "intermitente".


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