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Horreur/Épouvante
cherbiacuespe : Manticore
 Publié le 15/01/23  -  8 commentaires  -  15778 caractères  -  66 lectures    Autres textes du même auteur

En 2021, le ministère de l’Intérieur dénombrait neuf cent vingt-deux mineurs dont la disparition était jugée inquiétante. Beaucoup de fugues, oui, mais…


Manticore


An 1767, quelque part en France.


Elle scella la porte. La manticore ne l’ouvrirait plus, tant que le pacte ne serait pas rompu. Il ne tenait qu’aux humains de tenir parole.


Certes, elle trahissait sa famille. Ceux-ci, si un jour ils se libéraient, ne lui pardonneraient pas. Encore fallait-il qu’ils franchissent la puissante magie de la gardienne. Une magie plus grande était la condition, et la manticore n’avait pas d’égale. L’autre possibilité était que les dieux s’en mêlent. Ils avaient d’autres chats à fouetter, seule la foi leur importait. Elle était satisfaite, ce pacte lui était bénéfique.


Les humains, avec les monstres enfermés et leur souveraine attachée à son nouveau royaume, seraient enfin libres de dominer ce monde en toute sécurité. Ils désignèrent auprès du monstre un intermédiaire, un humain qu’ils nommaient « le ministre », parfois « l’ambassadeur », qui partagerait seul le lourd fardeau du pacte. Il fallait cacher cela. Car le peuple ne l’accepterait pas. Louis, que ces humains disaient « Bien-Aimé », serait satisfait !


Malfaisante, la manticore ricana. Elle vieillissait. Quatre festins pour dix années, elle en aurait de trop ! Mais abondance de chair ne nuit pas. « Je n’ai plus qu’à disposer un vaste espace pour toute cette chair qui va s’accumuler. » L’auraient-ils su, les humains se seraient demandé laquelle, de sa gourmandise ou de sa méchanceté, était la pire ? Cela, la manticore n’en avait cure.


***


Les murs dégueulent d’une moiteur répugnante, proche d’une bave nauséabonde. Des lichens s’y dispersent çà et là, enlaidissant un peu plus la roche rouge/orangée de ce caveau gigantesque. Il ne peut être question que d’immondices pour croître dans une telle fange. En réalité, cette crypte cadre parfaitement à l’image d’un abîme sans fin, au-dessus et au-dessous. Une mystérieuse luminosité peine à s’imposer face à l’opacité lugubre ambiante. Dans les galeries l’entourant, même l’humidité brûlante y est plus douce. L’atmosphère devient irrespirable, sans début, sans fin, lourde d’odeurs pestilentielles. Comment ne pas souhaiter vite périr, plutôt que supporter une telle torture ? Et ces gémissements continuels, ces pleurs de souffrances, ces hurlements de terreur, ces suppliques incessantes. Lui-même ne parvient à s’y soustraire. Son corps n’est que tourments, partout. Comme d’autres autour de lui, il est planté, littéralement, sur de solides aiguilles, peut-être du granite. Comment en être certain, la douleur n’offrant aucun moment de quiétude ? Malgré la douleur, il ne cesse de penser à l’arbre d’épines du Gritche d’Hypérion, l’œuvre de Dan Simmons. Est-il possible que l’auteur ait un jour séjourné ou approché cet enfer ? Et, si enfer il y a, cette antichambre ne présage rien d’heureux pour ceux qui y seront condamnés ! Malice ou sadisme, les quatre enfants enlevés sont à quelques mètres de lui. En quelque sorte, il a fini par les retrouver. Maigre consolation ! Pour l’un d’eux, une jambe est arrachée. Sans doute l’appétit, la gourmandise de la manticore, la table de la maîtresse des lieux. Ou des insectes qui grouillent partout.


Mais pourquoi n’a-t-il pas demandé de l’aide ?


Ce n’est que maintenant que sa mémoire se libère et qu’affluent les souvenirs de sa fuite. Hélas !


***


L’enquête piétine salement. Si la hiérarchie de l’OCRVP refuse l’abandon d’une affaire aussi grave, il n’en est pas moins vrai que d’autres affaires, toutes aussi graves et angoissantes pour la société, accaparent plus d’espace et de personnel. Bernard Apparu, de son côté, simple gendarme d’une brigade impliquée dans ces investigations complexes, n’arrive pas à décrocher de ces enlèvements et de son impression initiale. D’un caractère habituellement rationnel, cartésien, il ne sait pas expliquer pourquoi cette idée fixe de secte s’est incrustée dans son esprit. De cette mission, il a été doucement mais sûrement écarté, passant trop de temps, selon ses supérieurs, à l’examen de pistes déjà creusées et finalement estimées farfelues. Il n’est pas accusé de véritable désobéissance, mais en haut lieu, on a eu vent de ses investigations en dehors de l’enquête officielle. Ce qui ne se justifie en aucune manière au sein d’un corps militaire comme la gendarmerie.


Conscient qu’il ne peut continuer de la sorte, Bernard a demandé un congé appuyé par le médecin constatant une fatigue psychologique incompatible avec ses missions actuelles. Bernard ne ment pas, bien sûr, il souhaite même qu’avec du repos, le recul indispensable, il trouvera ses idées ridicules. Il se trompe !


***


Une description aussi précise que possible est nécessaire, afin de comprendre l’horreur de la vision qui se dresse devant les yeux atterrés de Bernard. À bout de souffle, après une exploration pénible, il s’est arrêté un instant. Il est à peine assis qu’une ombre s’approche, accompagnée de grognements, de sifflements aigus, d’une puissante respiration, de murmures incompréhensibles. Il porte son arme, un pistolet automatique qu’il saisit prestement. Il l’avoue, au fond de lui une peur sourde s’est progressivement insinuée. L’ombre s’amenuise à peine, la créature animale, car il ne peut s’agir que d’une bête, se rapproche. Bernard regarde autour de lui l’espace choisi pour cette pause. C’est une cavité plutôt vaste et improbable. Elle compte quatre entrées, ou sorties. C’est de l’une d’elles que va jaillir l’abomination. Il se prépare. Quand enfin elle surgit, il est sidéré à ne savoir que faire. La chose est gigantesque ! Quatre, peut-être cinq mètres de haut. À la fois massive et souple, cela ne fait aucun doute quand on la voit se mouvoir. Sa carapace de plaques rappelle celle d’un tatou et couvre entièrement son corps. Elle se tient maintenant sur deux pattes antérieures musculeuses et ses pieds s’ornent de griffes spectaculaires. Plus courts, ses bras se terminent par des mains, oui, des mains de titans, griffues également, avec pouce opposable. Et cette tête ! Sous des cornes de bouc, deux yeux immenses, ténèbres traversées par deux fentes jaunâtres où l’on peut lire la haine pure qui fixent Bernard durement. La gueule enfin. Un museau de cauchemar semblable à celui d’un pitbull, sans pelage bien sûr. Quelques dents acérées, redoutables, en dépassent de part et d’autre ; les plus longues. Sans doute servent-elles à déchirer, déchiqueter la chair. Les lèvres, d’un incarnat saisissant, cachent les autres, plus petites, menaçantes lorsque la bête ouvre cette mâchoire abominable. Un prédateur sans pitié et sans âme, c’est une évidence. Tout à coup, elle se met à rire et tout tremble alentour.


— Alors tu es enfin là, clame une voix d’outre-tombe ! Bienvenue ! Bienvenue pour mon festin !


Bernard déclenche deux tirs, la bête éclate de rire, encore. Et la peur, la terreur. « Qu’est-ce que je fous ici ? »


***


Bernard déguste en silence un cassoulet en boîte. Déguster n’est pas le bon mot lorsque l’on se contente de nourriture en conserve. Sa préoccupation ne cesse pas. Parce que Bernard est convaincu, c’est, pour lui maintenant, une évidence. Son flair, cette intuition qui le hante, il s’imagine parfois atteint de folie pure, lui qui n’a toujours eu foi qu’en une logique rationnelle. Ne manque qu’une preuve tangible, incontournable, incontestable pour confirmer sa certitude. Il ne la trouvera pas dans sa cuisine, ni dans ce déplaisant cassoulet industriel ou devant le présentateur d’un journal télévisé qui débite ses mauvaises nouvelles, la mine déconfite. Bernard s’installe dans le salon, dédaignant la vaisselle du jour, qu’il abandonne sur la table. Réflexe atypique d’une personnalité coutumière d’ordre et de propreté. Il passe en revue le peu de renseignements qu’il a pu recueillir jusqu’ici. Ce n’est rien et c’est beaucoup. Toujours cette intuition qui le taraude, le tourmente. Mais rien n’accroche son attention. Il croise les mains sur sa nuque et s’étire. La journée sera longue. Il se lève et se réfugie dans la salle de bain. Il peut se raser, pour l’instant rien ne l’inspire en cet après-midi d’automne.


— Merde ! C’est pas vrai !


Le rasoir tombe subitement avec un bruit léger de plastique sur le carrelage gris. Il avait ce détail à disposition depuis longtemps et, comme ses collègues, l’avait négligé. Il doit en avoir le cœur net et vérifier. C’est peut-être là-bas qu’il trouvera un premier indice, un début de réponse. Il revient d’un pas pressé dans le salon, sans en avoir complètement terminé avec son rasage. Celui-ci attendra !


— Quand même ! Ce serait fou, souffle-t-il !


Il fouille fiévreusement dans le tas de paperasse, ce détail, cette adresse, ce témoignage sans intérêt. Lorsqu’il le trouve, sa décision est déjà prise. Il restera là-bas, jusqu’à reprendre contact. Il ne peut y avoir de hasard.


***


La reine connaît cette forêt depuis l’éternité. Épaisse et humide, poisseuse en hiver comme en été, elle dépose un voile opaque sur l’antéglise de son repaire souterrain. Ce repaire, un royaume d’inextricables labyrinthes. Elle seule sait y retrouver son chemin. Elle y gouverne en maîtresse de ses fidèles sujets, petits insectes vivant d’immondices et de crasse. À part elle, qui d’autre pourrait vivre ici ? Son petit peuple, bien sûr ! Celui-ci, parfois, se dérobe devant ses colères, grognements d’humeurs mauvaises. Elle sait ce dont elle est capable dans ses moments de folies. Elle est mauvaise ! Mais la plupart du temps, son royaume est un univers calme, un monde où son peuple vaque à ses occupations.


Dehors n’est plus, depuis longtemps, un terrain de chasse. Les hommes sont partout. Elle ne les craint pas, elle ne les a jamais craints. Chaque repas, ils étaient conviés à sa table. Ils ÉTAIENT son repas. Puis un jour, fatiguée de chasser, elle a passé un accord avec eux. Il faut comprendre ce qui suit. Elle n’est pas le diable. Certains l’ont cru. À tort. D’autres la nomment manticore. C’est mieux ! Ils la croient gardienne d’une porte qui doit à jamais rester fermée aux créatures qu’elle retient. Ils ont raison ! C’est pour cela qu’ils ont passé un pacte de sang. Tous les dix ans, les hommes livrent quatre de leurs enfants, des mâles. Son appétit a diminué avec le temps, ils n’en ont pas conscience. Mais son petit peuple, lui, a toujours faim. Alors, gare à eux si le pacte est rompu.


Cependant, cela devait arriver un jour. Un des enfants sacrifiés s’est échappé des entrailles de son royaume. Elle sait qu’il lui reviendra un jour, car il ne peut avoir oublié. Son ministre chez les humains y veille. Elle le devine, l’enfant d’autrefois se rapproche vite, c’est comme une vibration en elle, un appel. Bientôt, son garde-manger sera de nouveau complet.


***


Il est tout petit, bossu, la peau fripée. Laid ! Sans âge dans sa vieillesse ! Seul à une table dans ce triste bar de campagne, il fixe Bernard de ses yeux gris, intensément, comme s’il connaissait le nouveau venu. Cette grimace sur ses lèvres pâles, est-elle un sourire ? « C’est lui », se dit Bernard, il ne peut en être autrement. « Je sais bien des choses sur la région. Mais je ne parlerai qu’à un seul poulet, et il n’est pas là. » En quête de témoignages, au hasard, un maréchal des logis-chef avait relevé cette réflexion d’un ivrogne notoire, passée inaperçue, ou quasiment à l’époque. Comme aimanté par la certitude d’être devant l’ivrogne en question, Bernard s’approche de la table et occupe une chaise, sans rien lui demander.


— Je suis gendarme et j’aimerais vous poser quelques questions.

— Tu frappes à la bonne porte, poulet. Pose-les tes questions.

— Il y a quelque temps de cela…

— Tu vas me parler des enlèvements des quatre garçons ? Je peux t’aider ! Mieux que tu ne l’espères. Regarde ça.


Le vieillard tend une feuille devant Bernard qui s’en saisit. Elle représente une carte, visiblement une forêt, fort détaillée.


— Un plan ?

— Oui. Rends-toi dans la forêt des démons, entres-y par ce chemin, tu vois où ?

— Je crois, oui.


Du bout du doigt, Bernard suit le chemin indiqué au stylo bille.


— Qui es-tu en vérité ? J’ai l’impression que tu en sais beaucoup, en effet ! Trop pour être honnête !

— Disons que j’ai un ministère d’importance. Mais tu perds du temps, poulet. Et il passe très vite, sais-tu ?

— D’accord, je vais visiter. À mon retour, je reviendrai vers toi, et il faudra bien que tu parles !


***


Depuis combien de temps Bernard erre-t-il dans les entrailles de la terre ? Deux heures, trois, plus ? Il affronte un incompréhensible labyrinthe, digne du minotaure. Il sourit à cette idée. Jaune : il s’agit d’enfants dans ce cas concret, pas d’une antique mythologie. Assommé de fatigue, il va devoir arrêter, reprendre son souffle. Pour cela, il va falloir trouver une caverne plus vaste que ces couloirs étroits. Il y progresse lentement, parfois freiné par des éboulements, obligé de ramper à d’autres. Il y fait également une chaleur incroyable, avec une humidité pire qu’avant d’y pénétrer, dans la forêt. Il s’était prudemment muni d’une lampe électrique, vite devenue inutile. Au chapitre des mystères, il ne s’explique pas cette lumière blafarde qui l’accompagne et le guide presque. Il étouffe et transpire comme jamais. Depuis peu également, il entend. Des plaintes, des gémissements, murmures à peine audibles au début, ils lui semblent plus nets maintenant. Bons et mauvais signes à la fois ! Il est certain d’être sur la bonne voie. Seule cette impression de déjà-vu, déjà-vécu, le trouble et l’agace. Et une peur irrépressible qui gagne ses tripes.


Pourquoi penser à ça maintenant ? Jessica, une fille charmante. Il lui plaisait, il s’en rendait bien compte. Mais comment l’expliquer ? La grâce de l’amour ne l’a jamais vraiment touché. Il l’a donc éconduite gentiment mais fermement. Des regrets ? Peut-être !


Ses pensées sont interrompues. À la sortie d’un virage, il débouche enfin sur un espace, une vaste cavité. Il va pouvoir y retrouver quelque force en se reposant. Il s’est à peine assis que quelque chose bouge non loin. Une ombre ! Une ombre se meut sur le mur. Fuir ? Bernard hésite.


***


An 1997, quelque part en France.


— Ce visage, vous le reconnaissez ? Vous l’avez déjà croisé ?


Bernard a disparu et sa brigade de gendarmerie, inquiète, a envahi ce village et ses alentours. Un mot, laissé en vrac sur une table basse dans son salon, les a renseignés sur ce village. Ils interrogent chaque habitant, entrent dans chaque commerce, bien qu’ils soient rares dans cette petite commune. La forêt aussi doit répondre aux questions. Rien ! Seul le patron du bar, dit Riton, croit avoir vu ce Bernard, un soir, bavarder avec un vieillard dans un coin de son bar. Le vieillard ? Non, il ne le connaît pas, mais c’était sûrement un poivrot et s’il s’en souvient, c’est parce qu’il payait avec de gros billets.


— Vous allez devoir chercher cet ivrogne ailleurs qu’ici. Au village voisin par exemple.


Les forces de gendarmerie sont restées deux jours, passant tout au peigne fin, en vain. Ils repartent donc lors d’un matin nuageux. Le barman regarde les véhicules s’éloigner, avec un petit sourire.


— Alors ?

— Alors, quoi ?

— Les poulets ?

— Que mônsieur le ministre se rassure. Personne n’a moufté, ni ne mouftera. Ils sont repartis comme ils sont venus : bredouilles !

— Oh ! C’est très bien, Riton. Parce que je ne suis pas inquiet pour Elle, ni pour moi, d’ailleurs. Si je m’inquiète, c’est pour toi et tous ceux qui vivent ici. Vos familles.


La terreur irradie rapidement le visage du patron de bar.


— Je… Je sais… Le pacte…

— Alors tout va bien, Riton. Adieu, et au plaisir !

— Au… Au revoir, monsieur.


 
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   Anonyme   
14/11/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai vraiment aimé les descriptions de l'antre de la bête, de la bête elle-même ; de l'épouvante solide, intense, une obscurité moite dégoulinante de pourriture, pour moi les codes du genre sont respectés et maîtrisés.
J'apprécie aussi la construction en flash-backs, cela donne à mon avis du dynamisme à l'histoire. Histoire qui ne renouvelle guère le genre, je trouve ; cela ne me gêne pas tant qu'elle est bien racontée, ce qui m'ennuie davantage c'est sa touche complotiste, les hautes instances dirigeantes françaises engagées dans un pacte avec le Mal depuis Louis XV… Je me dis que cela alourdit la narration.

Un élément accessoire que vous ne développez pas du tout, qui m'aurait intéressée :
Elle sait qu’il lui reviendra un jour, car il ne peut avoir oublié.
Je n'aurais pas détesté voir Bernard paralysé par la montée des souvenirs face à la manticore. Vous avez préféré insister sur le complotisme, à mes yeux c'est dommage. Votre choix bien sûr, souverain(e) auteur ou autrice.

   Anonyme   
19/11/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Je salue dans votre texte l'effort consacré à la structure. Mais l'ensemble reste brouillon, et la lectrice que je suis est restée à plus d'un titre sur sa faim : Bernard est un enfant qui a réussi à fuir la manticore, cela aurait mérité d'être mieux évoqué (et non à peine suggéré), et aurait permis, je suppose, de comprendre pourquoi il agit seul. De même, le personnage du ministre arrive comme un cheveu sur la soupe (le détail de l'enquête que se remémore Bernard reste obscur). Un petit peu d'étayage n'aurait pas nui aux implicites que vous avez souhaités.
Par ailleurs, certains passages me paraissent superflus : on pouvait par exemple se passer de Jessica, du cassoulet, de Dan Simmons.
Les descriptions, des lieux comme de la manticore sont très chargées à mon goût , et assez convenues.
Donc, en faire moins pour suggérer plus dans certains passages, et étoffer d'autres aspects du texte l'aurait à mon sens rendu plus percutant.
Je ne suis pas fan des dialogues.

Sur la forme, des fautes d'orthographe sont à corriger. J'ai également relevé les maladresses suivantes

-"Dans les galeries l’entourant, même l’humidité brûlante y est plus douce" : pronom "y" superflu.

-"Une description aussi précise que possible est nécessaire, afin de comprendre l’horreur de la vision qui se dresse devant les yeux atterrés de Bernard." : dieu que c'est maladroit ! Décrivez, mais n'annoncez pas que vous allez le faire.

-"la créature animale" : merci. Une créature végétale ou minérale aurait été improbable.

-"Bernard regarde autour de lui, l’espace choisi pour cette pause" : virgule superflue.

-"Elle se tient maintenant sur deux pattes antérieures musculeuses et ses pieds s’ornent de griffes spectaculaires." : si j'ai bien compris, la manticore a les pattes arrière en l'air et nous gratifie du spectacle aérien de ses pieds ? "Antérieur" signifie "avant".

-"Les lèvres, d’un incarnat saisissant, cachent les autres" : ici, il fallait préciser les autres dents.

-"Chaque repas, ils étaient conviés à sa table" : à chaque repas.

-" Il y fait également une chaleur incroyable, avec une humidité pire qu’avant d’y pénétrer, dans la forêt (...)" : attention aux pronoms.

Je pense que cette manticore (merci d'avoir exhumé cette sympathique bestiole oubiée) mériterait d'être retravaillée.

   Tadiou   
24/11/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Lu et commenté en EL.

Je ne suis pas du tout lecteur d'histoires d'horreur et d'épouvante. Mais cette nouvelle m'a interpellé et a éveillé ma curiosité.

J'ai apprécié l'écriture fluide, le scénario bien ficelé, les allers retours du monde réel au monde fantastique, le côté enquête policière et l'humour qui y est associé.

Je trouve très intéressante la volonté d'actualiser les vieilles légendes du dragon ou de l'ogre caché dans une grotte. De même, l'interprétation des causes de disparitions .

   Angieblue   
15/1/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Pas simple d'accrocher et de tout comprendre avec les différents retours en arrière. Différentes scènes et différents moments se succèdent et, à la fin, cela demande un petit effort pour reconstituer le puzzle. Mais, ça participe à la création de l'atmosphère générale.

L'introduction est assez floue et vague, j'avoue ne pas avoir tout compris concernant l'origine de la Manticore et les raisons du pacte...

C'est bien glauque et sinistre, et les descriptions sont plutôt réussies, par exemple celle de la bête "La manticore" ou celle du lieu où les enfants sont emprisonnés.
4 enfants tous les dix ans, ça va, la bête n'est pas trop gourmande...mais c'est ce qui explique aussi que le pacte monstrueux passe inaperçu.

Intéressant, le village complice qui garde l'horrible secret.
Vous avez vraiment su constituer une atmosphère étrange et pesante qui fait froid dans le dos. ça n'est pas si simple.

Et puis, ça finit mal puisque l'enquêteur Bernard ne reviendra pas vivant...En fait, ça va perdurer indéfiniment...

ça ferait une bonne série horreur/épouvante.
J'aimerais bien une suite et qu'un héros réussisse à mettre fin à cette abomination...
Avez-vous pour projet d'écrire une suite ? J'aimerais en savoir plus...

   Catelena   
15/1/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
J'ai été rapidement saisie par l'ambiance propre au genre du récit, ce qui prouve que c'est une réussite, la manticore doit y être pour quelque chose... Par contre cela ''tournicote'' trop pour que je suive facilement l'histoire.

Il faut sans cesse faire du come-back pour tenter de ne pas se perdre dans les méandres de l'énigme. Des virgules en surnombre ou mal placées, font hoqueter la lecture.

La description des lieux, ainsi que les portraits sinistres à souhait sont bien brossés, même si parfois l'on se noie dans un trop-plein d'explications, de considérations qui n'apportent rien de plus à la chronique. D'autres fois, quelques détails manquent à l'appel pour parfaire la scène.

Il m'a fallu arriver à ''An 1997, quelque part en France'' pour comprendre que Bernard est celui qui s'était échappé deux-cent-trente ans plus tôt.

Pour résumer mon impression : une bonne mais perfectible histoire au royaume des ténèbres, qui gagnerait à peaufiner son fil conducteur pour rendre l'aventure plus palpitante encore.

Merci pour cette belle imagination, Cherbiacuespe.


Elena,
qui ne pactisera jamais avec personne, croix de bois, croix de fer...

   jeanphi   
16/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Bonjour, j'avais écrit tout commentaire hier, mais je constate qu'il ne s'est pas posté lors de mon envoi. En voici un bref résumé réalisé de mémoire entre deux haltes.

Cette fort agréable nouvelle donne selon moi à être vue à travers un prisme de lecture : l'évocation de Hypérion.

Il faut au lecteur un certain temps pour identifier parmis les premiers paragraphes ce qui s'avèrent des successions d'élipses temporelles avant/arrière. Hors la personne croyant être prisonnière d'un monstre de Dann Simmons depuis des siècles ne pourrait qu'émettre un anachronisme à moins de remonter dans le temps, tout comme dans Hypérion justement.

Plusieurs inférances me paraissent nécessaires à la compréhension du schéma narratif. Peut-être faudrait-il intituler chaque paragraphe par l'époque de son déroulement.

"Cette lumière blafarde qui l'accompagne et le guide presque" n'est pas sans évoquer le cruciform luminescent et abrutissant perpétué par une petite peuplade d'Hyperion.
Je me suis demandé si en évitant simplement la comparaison paragraphe 2, l'on éviterait pas de distraire le lecture en conjectectures inutiles.

Le récit est très bien mené quoi qu'il est soit.

   Malitorne   
18/1/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Après Yog-Sothoth la Manticore, je me demande si tu n’exploites pas un peu trop le filon de la figure horrifique car on retrouve beaucoup d’éléments de tes textes passés. J’ai une impression de déjà-vu, pas forcément désagréable mais sans beaucoup de surprises. La relation entre l’enfant rescapé et le monstre m’aurait plus intéressé, je pense, que cette enquête parfois abscons.
Je ne suis pas non plus tellement convaincu par le style qui m’apparaît trop descriptif alors qu’il aurait dû être empreint de mystère, obligeant le lecteur à puiser dans ses propres terreurs plutôt que de les lui servir sur un plateau. Exercice d'équilibriste, pas évident, où il faut savoir en dire juste assez.
Mais surtout j’aimerais te lire sur un autre genre de récit, ma conviction est qu’il faut se diversifier pour progresser. Essaie donc l’érotisme, mais là je déconne...

   Donaldo75   
25/2/2023
Là aussi, je me souviens d’avoir lu cette nouvelle en Espace Lecture ; désolé également de me réveiller au dernier moment mais je vois qu’elle atteint le bas de la liste des nouvelles publiées avant de rejoindre les limbes du catalogue d’Oniris alors je vais laisser un commentaire pour la postérité. Décidemment, c’est la saison des hommages ou des nouvelles écrites « à la manière de » ou « dans le style de » et je ne vais pas m’offusquer même si je préfère Dan Simmons quand il est en forme ou Stephen King quand il se casse le cul à terminer ses romans.

Anyway !

La narration ménage bien la balance entre raconter et dialoguer ; ça enlève un aspect théâtral que donneraient trop de dialogues et rend quand même l’ensemble incarné. Le style d’écriture est bien adapté à l’hommage. Il n’en fait ni trop ni pas assez. L’histoire ne m’a pas spécialement fait peur mais je n’en attendais pas tant. C’est bien mené au final et c’est ce qui compte.


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