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Réalisme/Historique
Chicopn34 : Le bal des cloches
 Publié le 28/05/16  -  11 commentaires  -  3252 caractères  -  73 lectures    Autres textes du même auteur

UN SDF raconte comment il est passé de la rue à une vie normalisée grâce à une rencontre qui changera toute a vie.


Le bal des cloches


J'avais la tête ouverte aux quatre vents. Elle y est entrée d'un coup d'ailes et ma maison s'est mise à chanter. J'avais un seul toit au-dessus de moi changeant avec le temps, en ville noircie à l'éclairage public.


Elle m'a offert sa lumière et j'ai troqué mes étoiles contre son amour. Au soir qui tombe je fermais mes ouvertures, chauffais mon crâne à grandes lampées de pinard. Pinard, ah docteur Pinard. Je me soignais par de larges gorgées d'un acide au goût de vin. Elle m'a nourri de son lait au sein d'albâtre. Je me remplissais d'une épaisseur d'alcool, comme d'autres se calfeutrent chez eux au BBC – à chacun son isolation. Elle m'a couvert de sa peau de ciel bleu.


J'avalais et je parlais avec mes amis de la beuverie, hommes à tête de chien, perruches au corps de femme, cheveux raidis par la crasse, fardées au noir de leur vie. Elle m'a parlé une langue aux lèvres remplies de miel.


Chez nous on boit, on vomit on pisse au même endroit, peu importe tout ça va à l'égout. J'avais la tête à douze degrés remplie à exploser, il m'en fallait encore jusqu'à être éponge, sentir le vin et la bière par tous les pores de ma vilaine peau. Elle a bu ma déprime refermé tous mes lieux de dégoût.


On s'est mariés. J'étais heureux comme un prince sur mon nuage bien au-dessus de la rue avec mon ange dans les yeux et sur le cœur. Une éternité de bonheur, cinq années. Faut dire que je suis un autre homme quand j'ai pas bu. Son premier cadeau une belle voiture et dedans son homme au travail s'en allant, fier comme un soleil. Mon premier cadeau le salaire de mon bonheur.


Puis le nuage a faibli. Mon ange aussi. Elle s'est fait un sang d'encre trop longtemps, pour la vie, pour moi, pour ses enfants. L'encre est restée dans son sang. Au début juste une petite dose bleue sur fond rouge, toute petite écriture sous sa peau d'ivoire. Le soir, je rentrais pour la laver, lui faire à manger parce qu'elle pouvait pas, pour mettre une chanson qu'elle entendait pas parce qu'elle dormait et je l'écoutais pour elle, pour allumer un feu de cheminée qu'elle aimait plus parce qu'elle pouvait plus supporter la chaleur vivante des flammes sur le bois rougeoyant, brûlures rouges et bleues comme son sang.


Je l'aimais. Je l'aimais tout le temps. Je l'aimais au quotidien. Je l'aimais quand je lui racontais le ciel au bleu de ses yeux sur ma vie pour toujours. Je l'aimais dans son sourire attristé. Je la veillais, je caressais sa peau dans son sommeil avec la lune comme compagne et confidente.


Peu à peu l'encre a bu tout le sang et le bleu de ses yeux s'est noyé dans ses veines. Alors la rue est revenue de petits verres en petits verres dans notre foyer, au centre de ma vue, la rue et sa veine aux couleurs de sa vie. Elle s'éloignait toujours plus, fréquentait un monde sans moi avec du froid tout autour je crois, revenait de moins en moins de son sommeil.

Puis elle n'est jamais plus revenue. Mon ange non plus. Au début un tout petit cancer, une toute petite leucémie soyeuse et douce qu'elle a chérie, juste un petit animal ronronnant dans son sang qu'elle a nourri et qui boira toute sa vie. Elle est morte et moi un peu avec elle. Maintenant je bois du bleu qui n'est pas de ciel, un sang qui n'est pas le sien.


 
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   Charivari   
28/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai trouvé ce texte très poétique, avec ses images sur le sang, l'encre, et le rouge qui tâche. Cependant, si je salue le style, j'ai tout de même un peu de mal avec le fond du texte... On n'arrive pas vraiment à cerner cet "ange" qui est quand même le personnage principal du texte, et finalement, le narrateur personnage non plus, je n'arrive pas à me le représenter. On reste dans le vaporeux, dans le sublimé, on aimerait savoir pourquoi cette femme est tombée amoureuse de ce SDF. Attention, je ne parle pas du tout de changer la nature du texte pour un faire un réquisitoire social ou un vrai portrait psychologique, le ton poétique me plait comme il est dans ce texte, mais il manque quelque chose qui le rend crédible à mes yeux. Ensuite, je trouve que le cancer tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, surtout sur un texte si court, mais vous me direz, le cancer tombe toujours au hasard au mauvais moment, pour interrompre toutes les histoires. Cependant, ça donne une sensation quand même d'un texte intéressant au niveau style et ambiance, mais qui manque de cohérence au niveau du récit.

   plumette   
28/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
trop d'écart entre le fond et la forme pour moi.
je salue vraiment le style, souvent poétique, les images, la description de l'alcoolisme, les métaphores. oui, un texte qu'on a vraiment envie d'aimer pour sa langue qui nous emmène ailleurs.
Mais pour moi l'histoire n'est pas crédible car rien n'est livré sur ce qui permet à ces 2 êtres d'univers si différents de se rencontrer et de s'aimer.C'est cette sortie du "ruisseau" qui me manque pour donner de l'épaisseur à l'histoire.
Puis L'ange s'étiole et disparaît , le narrateur retourne au "ruisseau", avant même semble-t-il la mort de l'ange.4 petits paragraphes pour boucler la boucle avec du tragique, allégé par la langue toujours belle et colorée.

ce texte a une force et une poésie mais, vous l'aurez compris, je reste un peu sur ma faim.

Plumette

   in-flight   
28/5/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Tout ça va un peu trop vite à mon goût: je n'ai pas eu le temps de m'installer dans la peau de votre SDF que déjà il était marié. Et à peine marié, la maladie intervient dans le couple. Un récit compact qui me laisse une impression de trop plein. J'ai lu d'une traite sans vraiment m'attacher à qui que ce soit. La concision n'est pas le problème du texte, c'est tout ce que vous mettez dans la vie de ce narrateur. Avec un scénario comme ça, on peut bâtir un roman de 400 pages.
Bref, trop de faits de vie et pas assez de "vie" à la lecture, même si l'écriture est plutôt de bonne facture.

"comme d'autres se calfeutrent chez eux au BBC " --> je m'y suis repris à deux fois. BBC (Bâtiment Basse Consommation) est un acronyme ignoré par beaucoup de gens il me semble. Cela peut troubler la compréhension du lecteur.

"Chez nous on boit, on vomit on pisse au même endroit, peu importe tout ça va à l'égout" --> bien vu.

   Donaldo75   
28/5/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Chicopn34,

Je suis mitigé sur ce texte, malgré son indéniable poésie.

Les (+):
- Son aspect pictural
- Son rythme musical

Les (-):
- Un style un peu forcé, au point de devenir confus, comme si l'image devait à tout prix l'emporter
- Une histoire très elliptique
- Trop de distance au lecteur, parfois

Je ne peux pas dire que je n'aime pas, ni que j'aime. C'est la limite de ma lecture.

Merci pour le moment.

Donald

   Lulu   
28/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Chicopn34,

pour ma part, j'ai trouvé cette nouvelle un peu courte, même si j'aime les formats courts en général, surtout lorsqu'elles sont lues sur l'ordinateur... C'est court, parce que vous avez fait le choix d'aller à l'essentiel, sans dire comment s'est effectuée la rencontre, par exemple, ce que je peux comprendre. Mais j'aurais tout de même développé un peu l'ensemble du texte.

Indépendamment de cela, j'ai bien aimé cette histoire de rencontre qui semble aussi essentielle pour le personnage narrateur que pour Elle. J'ai notamment aimé sa dimension poétique.

Je n'ai pas compris cette phrase :
"Elle a bu ma déprime refermé tous mes lieux de dégoût" ; peut-être manque-t-il une virgule après "déprime", car alors, tout deviendrait plus clair...

D'un côté, je trouve que c'est trop court, de l'autre, j'aime assez les ellipses... Peut-être faut-il simplement trouver un équilibre entre les deux pour faire mieux ?

Mes encouragements.

   hersen   
28/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

De prime abord, je suis tentée de dire que je suis mitigée sur votre nouvelle.
Mais à la réflexion, je pense qu'il y a un paradoxe entre cette histoire des plus tristes et un ton si poétique. le tout se heurte et donne un résultat très intéressant.

Beaucoup d'images excellentes, et, surtout, une sorte d'humilité du personnage, une fatalité. cette fatalité est encore renforcée par la maladie de sa compagne.

J'aime assez que l'on en sache peu sur les personnages car cela renforce l'aspect inéluctable de ce qui leur arrive, à tous les deux.

j'aurais cependant aimé que certains aspects soit plus développés, surtout en ce qui concerne la compagne qui a une place très importante dans l'histoire sans pourtant représenter suffisamment "l'autre côté", on la voit surtout dans un aspect matériel. L'aspect psychologique manque un peu pour moi.

Enfin, ce qui me manque vraiment, c'est un développement du passage de la vie de sdf à une vie "normale".

je trouve la nouvelle trop courte bien que comprenant que votre but, sans doute, était de faire ressentir et non pas d'expliquer.

Choix, vous l'avez compris, sur lequel je sais que je n'ai pas à intervenir.

Merci de cette lecture.

hersen

   Anonyme   
29/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
En vous lisant, je me suis littéralement laissé porter par ce mélange de mélancolie, que vous avez très bien su entretenir, tout du long de votre texte.
J'ai aimé vos phrases, et la recherche des mots, d'où l'on perçoit la force émotionnelle de cet homme, qui raconte au début sa déchéance, au milieu son bonheur (une renaissance, en quelque sorte), et à la fin son dépit face à la vie, qui lui retire ce qu'il y a de plus beau ; l'amour.

Perso j'adore les histoires tristes quand elles sont bien racontées, et la votre est très bien racontée. Je me répète, mais j'ai été touché par vos mots.
Merci.

   widjet   
30/5/2016
 a aimé ce texte 
Pas
Voilà une phrase qui m'a plu et laissait présager du bon.

J'avalais et je parlais avec mes amis de la beuverie, hommes à tête de chien, perruches au corps de femme, cheveux raidis par la crasse, fardées au noir de leur vie.

Et puis ensuite, la poésie devient plus banale et parfois confuse (pour moi) et le texte perd lentement de sa portée, de sa force. Par moment, faut relire plusieurs fois pour comprendre ("Alors la rue est revenue de petits verres en petits verres dans notre foyer, au centre de ma vue, la rue et sa veine aux couleurs de sa vie. Elle s'éloignait toujours plus, fréquentait un monde sans moi avec du froid tout autour je crois, revenait de moins en moins de son sommeil")

L'auteur semble fâché avec les virgules : "Mon premier cadeau le salaire de mon bonheur", "Elle a bu ma déprime refermé tous mes lieux de dégoût" pour ne parler que de ces deux exemples.

Des rajouts parfois inutiles : "lui faire à manger parce qu'elle pouvait pas" (parce qu'elle pouvait pas, n'apporte rien de plus)

Dommage, ça commençait pas mal.

W

PS : la femme a eu cancer et leucémie ?
PS 2 : je ne comprends pas le rapport avec le titre

   Pouet   
30/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bjr,

Bien aimé l'écriture. Un style qu'on voit assez peu ici je trouve et un style qui me cause bien.

Je pense que les deux lignes sur l'explication du cancer de la femme sont de trop. On comprendrait sans et là c'est un peu lourd du coup.

Pas trop adhéré non plus à cette histoire de "ciel bleu" qui revient un peu à toutes les sauces et qui fait bien trop cliché à mon goût.

Quelques problèmes de ponctuation aussi.

Mais sinon, et dans l'ensemble, j'ai apprécié ce texte.

   Marite   
30/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Difficile pour le narrateur peut-être d'en faire davantage en longueur et en explication sans se laisser envahir par des émotions certainement intenses qui l'auraient "dépassé". Il a choisi de nous transmettre cet épisode de vie en s'élevant au-dessus de la tristesse et du sordide.
C'est ce passage qui m'amène à ce ressenti :
" Je l'aimais. Je l'aimais tout le temps. Je l'aimais au quotidien. Je l'aimais quand je lui racontais le ciel au bleu de ses yeux sur ma vie pour toujours. Je l'aimais dans son sourire attristé. Je la veillais, je caressais sa peau dans son sommeil avec la lune comme compagne et confidente. "
De belles images et une écriture simple, naturelle, sans fioriture qui va à l'essentiel.

   MissNeko   
25/9/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Magnifique plume ! Beaucoup de poésie dans vos phrases. Je rejoins certains commentaires : le fond est parfois un peu confus, tout va trop vite et il manque un petit peu de détails supplémentaires.
Merci pour ce partage.


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