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Réalisme/Historique
chVlu : Toutes premières fois
 Publié le 07/07/22  -  10 commentaires  -  2688 caractères  -  86 lectures    Autres textes du même auteur

Réalisme, épopée, sentimental romanesque ? Un peu tout ça à la fois !


Toutes premières fois


Manu connaît bien les lieux. Les petits recoins où chacun a ses habitudes, le bruit des douches derrière ce bout de mur, le cliquetis des chaussures sur le sol, tout est familier mais rien n'est commun.

Aujourd'hui tout est différent les visages sont fermés, les cœurs ouverts et les corps tendus. Chacun se déshabille en silence. Les yeux pétillent et se perdent dans les patères où pendent tricots de peau, pantalons et sous-vêtements. Dans quelques minutes ça sera la révélation, le grand saut dans cet inconnu tant imaginé.

Et puis il y a cette sensation brûlante et déchirante au ventre.


Il l'a tant espéré cet instant qui va arriver mais qui fuit, et maintenant il le redoute.


Tous ces sourires et ces moues complices n'ont guère plus d'effet qu'un feu de paille. Passé l'instant fugace de sérénité, l'angoisse se nourrit des doutes. Les regards bienveillants se griment en preuves d’une crainte légitime. La peur de mal faire est en compétition avec celle de faire mal. La troupe virile se rassemble en un cercle dégoulinant et poignant. Chacun s’agrippe, étreint son voisin.

Les cris, comme des râles primitifs, envahissent la pièce. L’émotion transperce Manu, des larmes roulent sur ses joues, ses jambes peinent à le soutenir, l’esprit s’embrume. L’instant qui vient est crucial, Manu restera-t-il le mâle qu’il imagine être, l’alpha tout puissant ?


Les odeurs familières, mentholées, brûlent les narines, le parfum de la sueur tiède adoucit l’atmosphère. Le tube de vaseline passe de main en main. Philippe l'agrippe se colle à lui en un tête-à-tête viril.


– Tout va bien, ça va bien se passer ne t’inquiète pas, on y est tous passé à la première fois !


Le signal retentit, c'est l'heure. L’ambiance est familière mais l’atmosphère est ambiguë entre désirs et peurs. Et si Manu n’était pas la hauteur ? Si de ses désirs ne restaient que des fantasmes ? La pression est étouffante.

Dans la chaîne humaine qui s'est formée Philippe se plaque contre lui. Les mains s’agrippent aux hanches, aux épaules, les étreintes viriles se multiplient. Manu sent les transpirations qui se mêlent, les corps qui s'entrechoquent en saccades, un souffle court qui lui balaye la nuque.

Au bout de ce couloir il y sera, il connaîtra, il saura qui il est.


– Vas-y fonce ! Lâche-toi ! Moi je te lâcherai pas !


Coup d'envoi, le ballon vole dans les airs, Manu le poursuit et le saisit au bond, premier contact et tout va bien ! Le défi est relevé ! Le plaisir qui vient a chassé l'oursin qui avait élu domicile dans son ventre.

Maintenant, il est rugbyman, et il sait que toutes les fois seront des premières, impressionnantes, extraordinaires et si familières à la fois.


 
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   Vilmon   
29/6/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
J’ai bien apprécié. Par contre, je ne sais pas si c’est parce que j’ai lu trop vite, j’ai dû m’y prendre 2 à 3 fois pour bien comprendre l’emplacement. La chambre des joueurs avant le match, puis sur le terrain, au début du match. Le récit transmets bien l’angoisse avant le match, le moment de ralliement et de partage moral. Un peu court par contre. Peut-être un peu plus sur ce qui l’a mené jusqu’à ce moment pour mieux souligner pourquoi celui-ci est si important.

   Vincente   
7/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Le titre au pluriel, la scène qui débute dans le vestiaire, le déshabillage des hommes, la peur dans l'imminence de l'exécution du rite initiatique, "la peur de faire mal en compétition avec la peur de mal faire" (on pouvait ainsi le lire "la peur de faire mal confrontée à la peur de mal faire"), la confrontation virile (avec ce terme "viril" qui se répète par trop en 3 occurrences auxquels se surajoutent : râles primitifs, mâle, "corps s'entrechoquent en saccades, un souffle court lui balaye la nuque"), tout un arsenal d'arguments narratifs qui peuvent éconduire le lecteur. J'ai été "dissipé" par tout ce champ lexical qui m'a conduit à imaginer un vestiaire, certes, mais libertin et gai. Le "tube de vaseline" à mi-texte étant venu appuyer la diversion que je pressentais (peut-être…) car le trouble entretenu laissait un flou pas tout à fait convaincant.

Alors, est-ce que la chute a été salutaire à ma lecture ?
Oui ! dans la mesure où l'ensemble vu ainsi ne manque pas de saveurs, en particulier dans le style qui accentue la teneur de l'atmosphère (le regard y est photographique, stylisé dans un mode sportif allégorique, séduisant…), l'écriture transpire le vestiaire en effervescence.
Non ! parce que je me suis baladé par écarts hors de la narration, et j'ai cru perdre l'auteur, ou plutôt l'intention de l'auteur. J'étais en éveil, mais suis resté dans cette non-zone entre aguiché et laissé à l'écart ; sensation peu plaisante.

Mais j'ai trouvé intéressante la démarche de ce rapprochement situationnel qui nourrit la singularité de la narration. Ceci dit, à mon sens, mettre en perspective ou plutôt en proximité les expressions de la virilité rugbystique et homosexuelle me semble assez tendancieuse. D'abord parce que celle du rugby, si elle montre de la "testostérone" n'en est pas moins peu dépendante d'elle comme moteur. Dans le milieu gai, si elle en est bien un marqueur, il est plutôt binaire avec les très et les peu "testostéronés". Pour moi ces deux milieux ne fonctionnent pas sur les mêmes ressorts. Il y aurait donc une erreur de casting si ce qui m'est apparu à la lecture est bien une volonté de l'auteur de nous placer dans cette zone à cheval sur deux champs en entretenant une confusion apparente.
Je peux pourtant le suivre sur la notion ou le sentiment très fort d'appartenir à une communauté spécifique très genrée, avec ses effets de connivences, contacts très physiques, ou autres codes très particuliers…

   senglar   
7/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour chVlu,


C'est que les mêlées au rugby hein c'est pas rien. C'est pas Michel Tournier qui avait écrit quelque chose là-dessus. Ah ! Ces corps virils ! Vous m'avez bien mené en bateau ! J'ai failli chavirer ! Et cependant il n'y a rien de moins concupiscent que tous ces corps corpulents. C'est le football qui passe pour un sport de gonzesses et pourtant, là, pas question de se toucher. Pénalty ! Alors qu'au rugby... hé pénalité.

Au rugby la splendeur des vrais mâles ! Drôle de forme leur ballon, non ?

Ouais, quand même, vous m'avez bien eu ! Ah ce titre !

   Pepito   
8/7/2022
Hello chVlu !
Bon, la question est : si je ne te connaissais pas, me serais-je fait prendre (oups!) et tromper d'ambiance ? Va savoir... En tout cas, sûr que j'aurais eu un doute.
Sinon, pour confondre une odeur mentholée avec celle de vieilles chaussettes mal lavées faut vraiment avoir la foi. ^^
Peut-être amener le "ballon" en tout dernier mot, mais c'est déjà très bien comme ça.

Faut que j'appuie maintenant sur la touche (oups!) "envoyer". Si c'est pas de l'à propos ça ?

   Ingles   
13/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour chVlu,

Une nouvelle qui ose ! Vous utilisez le vocabulaire de vestiaire, sans le détourner, vous prenez un point de vue intérieur, vous montrez ce qui est là sous nos yeux : ce rituel d'avant-match est fortement érotique.

Et "le plaisir qui vient...", si je ne me trompe, la jouissance dans le jeu du match.

Le mâle alpha me semble de trop dans une équipe où les rituels renforcent la cohésion entre les pairs (on a même l'impression qu'il devient l'espace d'un instant le capitaine de l'équipe).

Au plaisir de te lire !

   Lulu   
14/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour ChVlu,

J'ai bien aimé cette courte nouvelle qui laisse planer assez bien le suspens quant au sport pratiqué et joué face au public pour la première fois en compétition, si j'ai bien compris... J'ai d'abord pensé au rugby, puis ai songé à la natation un peu plus loin avant de penser à la course avec relais quand le collègue lance un : "– Vas-y fonce ! Lâche-toi ! Moi je te lâcherai pas !". Mais finalement, ma première intuition était juste... C'était le rugby.

J'ai trouvé ce suspens bien mené car le zoom sur le personnage et l'un de ses co-équipiers est centré sur les impressions, ressentis et autres formes de tracs, mais là où je trouve le texte fort bien agencé, c'est la façon que vous avez eu de nous faire entrevoir un sport sans en parler. Tout est dans le point de vue narratif adopté, ce fameux zoom évoqué plus haut.

J'ai trouvé dommage que le mot "viril" soit exprimé autant de fois, d'autant que le texte est court.

La fin de la nouvelle est rédigée à la façon d'un exploit commenté en direct au micro... Le rythme s'accélère par une ponctuation plus fournie et plus riche (points, virgules et exclamations), ce qui contraste aussi avec cette autre forme de rythme présenté dans le second paragraphe où l'on voit que "Aujourd'hui tout est différent les visages sont fermés, ..." = l'absence de virgule et/ou de point dans cette première partie accentuait un côté fermé, sans doute, comme c'est clairement énoncé, mais témoignait aussi sûrement d'une façon de concentration nécessaire au coeur du trac subi par les personnages, alors qu'à la fin de la nouvelle, l'accélération du rythme couvre tant la libération que l'aboutissement du projet.

En définitive, ce texte m'a plu et intéressée.

Bonne continuation.

   Anonyme   
14/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Dès le bruit des douches derrière le bout de mur, j'ai compris qu'ici on parlait rugby. Ou alors c'est parce que je connais un peu chVlu et ses univers virils... ^^

À mi-chemin entre réalisme, épopée, sentimental romanesque, comme dit dans l'exergue, on retrouve un peu de tout ça à la fois !

L'ambiance de la première fois sur le terrain, face au ballon ovale est bien rendue. On retrouve les odeurs, la sueur, les silences, la fausse sérénité, l'angoisse, les cris primitifs et les accolades viriles.

Je ne savais pas pour la vaseline... à quoi sert-elle ?

Merci Manu !
Merci Philippe ! ^^

   Phicai   
20/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Moi, je me suis fai avoir et je doit dire que "cete atmosphère ambiguë" m'a gêné et perturbé. Je ne connais pas le monde du sport et tout le cérémonial "viril" d'avant match et j'avoue que le dénouement m'a soulagé.
Je regrette un peu la lourdeur des allusions "viriles" qui sont certes là pour tromper le lecteur mais qui auraient mérité un peu plus de finesse.
Beau texte toutefois.
Philippe

   chVlu   
22/7/2022
Par ici le retour d'auteur :

http://www.oniris.be/forum/toutes-premieres-fois-platoniques-t30357s0.html#forumpost429004

Auto promo : si il y des lecteurs commentateurs sur le tard je serais ravi de poursuivre !

   Blitz   
8/12/2022
Sympa, on se pose des questions pendant un moment, puis de plus en plus on glisse... vers un vestiaire sportif. Mais j'hésite quand même à faire lire à mon fils qui est jeune rugbyman.


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