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Réalisme/Historique
CitizenErased : Un peu trop court
 Publié le 20/03/09  -  10 commentaires  -  5389 caractères  -  80 lectures    Autres textes du même auteur

Ma montre sonne. Une seule fois : il est six heures du matin, et je ne dors toujours pas.


Un peu trop court


Ma montre sonne. Une seule fois : il est six heures du matin, et je ne dors toujours pas. J'ai toujours eu du mal à beaucoup dormir, mais là ça devient ridicule. Dans une heure trente je pars en cours. Je ne sais même pas pourquoi j'y vais, je ne serai pas en état de comprendre quoi que ce soit. Mais il faut bien faire quelque chose, non ? Une longue douche devrait me débarrasser de toute la sueur accumulée par la nuit passée à me retourner dans mon sac de couchage. En plus de faire peur à voir et d'être inutile, j'aurais des scrupules à empester. Je me lève et me dirige avec précaution vers l'interrupteur, mes pieds tentant d'éviter ici une assiette sale, là une bouteille vide. La lumière semble m'agresser, mais à y penser l'obscurité m'agressait déjà. Je ne tente pas de contenir une longue quinte de toux.

Dans la salle de bain je croise mon reflet, et rigole avant de partir dans une autre quinte de toux. Je crache un peu de sang dans l'évier. Si ça m'inquiétait auparavant, je ne suis plus à ça près. Je n'ai pas vu un peigne ou un rasoir depuis un mois, on pourrait mettre ma photo dans le Larousse, à "hirsute". Non contente d'être absolument inhomogène, ma barbe est poisseuse du sang qui semble avoir coulé de mon nez dans mon sommeil. Mes fièvres ont privé mon corps de nombreux kilos déjà rares, tous mes os et muscles sont saillants, je pourrais faire du mannequinat pour livre d'anatomie. Ou, de manière plus réaliste, au vu de mon teint, de mon visage et des tremblements qui m'animent, de la figuration dans un mauvais film de morts-vivants. Une troisième quinte de toux vient à bout de ma patience, et j'avale deux grandes gorgées d'antitussif au goulot. Je tousse encore, mais d'une toux plus grasse, presque agréable. Je lève les yeux au ciel devant cette pensée navrante et rentre dans ma douche. Je tâtonne deux bonnes minutes avant de trouver une température agréable, et de remarquer que je porte toujours le jean de la veille. Ça serait très drôle si je n'avais pas aussi mal à la tête, le bruit de l'eau contre le carrelage me rend fou. Je m'accroupis sur place, la tête entre les genoux, les mains écrasant mes oreilles pour ne plus rien, jamais rien entendre. L'eau chaude finit par me détendre un petit peu, et je peux me laisser aller à pleurer.

J'avale un paquet de chips avec dégoût, il ne faut pas prendre mes médicaments à jeun. « Ce n'est rien du tout, prenez-les trois ou quatre jours et ça ira parfaitement bien. » m'a dit l'autre con il y a trois semaines. Faut vraiment que j'arrête de voir des médecins. Trois comprimés effervescents, deux cachets à avaler, et un peu de codéine pour ce foutu crâne. Mon estomac me lance doucement, je finis mon verre et le jette contre le mur. Et merde. Adieu la caution. Je me force à respirer un peu plus calmement et, au bout de quelques minutes, la douleur s'estompe. Mes mains tremblent un peu moins, presque plus du tout. Je sourirais, mais j'ai perdu l'habitude.


Dans l'amphithéâtre, je m'écrase dans une rangée déserte, le plus loin possible des grandes gueules et des hystériques. Tu hurles dans mes oreilles, j'enfonce un compas dans ton ventre. L'heure avance, et ma main recommence à trembler. Autour de moi les gens parlent, n'écoutent pas l'enseignant qui continue son cours comme si de rien n'était. Mon mal de crâne a repris le pas sur tout le reste. Je fouille fébrilement mes poches, sors mes comprimés. Il ne m'en reste qu'un. Il faut que j'en trouve. J'enfonce mes doigts dans la boîte, avale le dernier cachet de codéine. La sonnerie retentit, je me dresse d'un bond et cours vers la sortie. Laissez-moi passer. Laissez-moi passer.


- Laissez-moi putain de passer !


Je crois que j'ai hurlé. Tout le monde me regarde. Je profite de leur immobilité pour les bousculer et courir.


- Deux boîtes de codéine s'il vous plaît.

- Vous avez une ordonnance ? Je ne peux pas vous vendre des produits à base de pavot sans ordonnance monsieur.

- Je... je l'ai oubliée. J'en ai besoin là, j'ai mal à la tête.

- Désolé monsieur, je peux vous donner de l'aspirine ?

- Je veux pas d'aspirine bordel !

- Hé ! Arrêtez !


Je fais passer le pharmacien par-dessus le comptoir et commence à fouiller les étagères.


- Je suis désolé, je prends juste ce dont j'ai besoin je paierai le prix, je...


Un homme est entré, un téléphone à la main. Il appelle la police. Je vais être pris au piège, en prison ils ne me donneront rien. Je dois fuir.


Je ne m'arrête de courir que quand mes jambes cessent de me porter. J'ai couru au hasard. Je m'écroule sur un banc pour reprendre mon souffle. Et surtout me calmer. Je tente de respirer à fond, mais mon estomac me lance violemment. Je ne peux retenir le spasme, et je vomis un demi-litre de sang à mes pieds. Un instant, je reste ébahi, tremblant, incapable de détourner les yeux du rouge et du noir qui semblent m'aspirer. Puis je m'écroule.

Il est dix heures du matin, les rues sont désertes et silencieuses. J'ai l'impression d'être le seul être vivant à des kilomètres à la ronde. Enfin le silence. Personne ne viendra. Personne ne viendra. Contre toute attente, la douleur semble s'effacer. J'ai des pensées étranges : je n'ai pas parlé à mes parents depuis longtemps. Je n'ai jamais dit à qui que ce soit que je l'aimais. C'est bête, mais ça me rend un peu triste. C'était un peu court. Un peu trop court.


 
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   Anonyme   
20/3/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Mouais.
Alors si je peux me permettre quelques remarques.

1- J'ai eu l'impression d'être plongée dans l'esprit d'un narcissique. Je ne sais pas si c'est voulu mais... comment tourner mon ressenti? Bon, ce texte est ponctué de Je de possessifs (me, mon, ma, mes, ...)...
La montre sonne? (hop un en moins)
Dans une heure trente les cours commencent (hop 2 en moins)
Etc... jusqu'à la fin... le second paragraphe est particulièrement difficile (et rentre dans MA douche => on se doute que c'est pas dans celle du voisin...)
Bref. Si c'est voulu, c'est pas trop top comme effet, ça donne l'impression qu'on partage le quotidien d'un égocentrique narcissique.
Si c'est pas voulu, pardon...

2- L'histoire. On comprend bien tout, on n'a pas vraiment besoin de savoir ce qu'il a... qui il est... mais il crache du sang, va en cours, il a quel âge? Qu'est-ce qui lui arrive?
Un ulcère? Cancer?
Pas clair

3- Un style aussi (narcissique en l'occurence mais un style) qui m'a pas transporté.

Je ne vais pas développer plus, car derrière les drôles de trucs y a une idée. Et j'aime ça.
Mais j'ai eu mal au cerveau de lecteur qui est mien.
Désolée mais les je me ma mon mes ça m'a tué.
Plus que ton texte et ses qualités.
Désolée.

   Selenim   
20/3/2009
 a aimé ce texte 
Pas
Longue énumération de faits. Je trouve le style employé mécanique et synthétique. Le narrateur me fait penser à une machine qui se grippe.

" Un peu trop court", oui, c'est sur. On ne sait absolument rien de ce (jeune?) homme.
Alors comment s'émouvoir de son sort?
Et le coup des parents pas vus depuis un bail et de l'amour frustré, on fait mieux comme chute.

   Yom   
20/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
On retrouve les éléments des deux premiers textes ... Un certain "désespoir" bien ancré dans les détails du quotidien, faisant resortir la morosité et la futilité de ce dernier.
J'ai regretté le côté "énumération de faits" ... toutefois, cet aspect descriptif donne une certaine "froideur" au récit, une ambiance machinale et presque déshumanisée.

   Anonyme   
22/3/2009
Quand on tient avec aisance des sujets de roman de société, on les traite avec plus de travail ! On sent ici toutes les possibilités non exploités, écriture, psychologie, souffrance, réactions des gens autour, et incompréhension, nécessité de ce médicament, mais il manque tous les développements. Un peu trop court oui, mais tellement prometteur si CitizenErased voulait bien nous offrir cette nouvelle en version longue.

Un auteur qui pourrait. Réussirait à. Une nouvelle qui saurait susciter les louanges. J'attends alors, la version plus avancée, le sujets est loin d'être inintéressant.

   Menvussa   
22/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le style un peu heurté rend bien compte de cet état surexcité, cet état de manque, de trop... je me suis un moment demandé où l'auteur allait nous emmener, craignant, peut-être le pire. Mais j'ai bien aimé la chute. Seul être vivant dans un monde déserté, un peu mort, quoi !

c'est original et finalement assez bien écrit.

la vie c'est parfois comme un jeu vidéo, game over, mais y a pas de seconde partie.

   Tchollos   
23/3/2009
J'ai une affection un peu malsaine pour les textes noyés de désespoir, écris à la plume sèche d'un "je" qui s'auto-flageole. En fait, j'adore ça. Je trouve qu'il y a du potentiel dans cette nouvelle. J'ai bien aimé les premiers paragraphes. En revanche, à partir du moment où l'on découvre que le personnage est terriblement malade, le texte devient un peu trop court, à mon sens. La psychologie mériterait d'être approfondie. Je ne sais pas exactement comment l'expliquer mais au fur et à mesure de ma lecture, je trouvais que ça devenait banal, alors que le début était prometteur. Avec un sujet comme celui-là, je crois qu'il ne faut pas avoir peur de se lâcher, et sur le style et sur l'univers intérieur du protagoniste. Agréable et prometteur en tout cas. Merci. Et n'ayez pas peur de vous lâcher :o)

   Nongag   
23/3/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'ai apprécié l'écriture de cette nouvelle qui nous fait pénétrer dans le désespoir de ce type et, en même temps, j'ai été agacé d'en savoir si peu sur la détresse du personnage. Mais de quoi souffre-t-il?? On a l'ambiance mais pas la trame, pas l'essentiel: on ne comprend pas de quoi il souffre et pourquoi i est si isolé... J'ai pensé au Sida, mais aujourd'hui avec la médication c'est moins pire qu'autrefois.

Alors, le résultat pour moi est mitigé.

Un peu trop court, oui! Ta nouvelle n'est pas complète et l'émotion ne peut pas être partagée...

Dommage.

   widjet   
25/3/2009
 a aimé ce texte 
Pas
Désuet ne m’avait pas convaincu.

Celui-ci encore moins.

C’est un peu écrit à « l’arrache », les traits d’esprit sensés être drôles ou percutants ( on pourrait mettre ma photo dans le Larousse, à "hirsute …(…) je pourrais faire du mannequinat pour livre d'anatomie ) ne fonctionnent pas.

Tout ceci m’a semblé manquer de caractère.

On ne sait pas trop ce qu’à le personnage (assez méprisable, d’ailleurs), mais pour cracher 50cl de sang, il doit être sacrément mal en point.

Le petit mea culpa de la fin n’y change rien : je ne me suis pas senti concerné (et encore moins ému) pas ce « mal-être » ou la mort annoncée du héros.

Widjet

   Jedediah   
27/4/2009
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Je rejoins les commentaires précédents.
On ne sait absolument rien du narrateur. On ne sait pas qui il est (tout juste apprend-on qu'il est étudiant) ni de quoi il souffre, et pourquoi il est seul dans sa souffrance.
Ne devrait-il pas être à l'hôpital ?
L'histoire se veut horrible et émouvante, mais ne l'est pas car elle manque trop de fond (bon OK, cracher 50 cL de sang, ça reste horrible).

C'est dommage car l'écriture, malgré les défauts relevés précédemment, est prometteuse je trouve.

J'ajouterais juste une phrase que j'ai trouvée trop longue :
"Une longue douche ... à me retourner dans mon sac de couchage".

   littlej   
13/9/2009
 a aimé ce texte 
Pas
L'effet de déprime et de souffrance est bien rendu. L'ambiance prime. D'accord...Et l'intrigue, les thèmes, les leçons, le personnage ?... Je ne les voit pas ! Dommage.

-j-


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