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Policier/Noir/Thriller
clarix : Les deux frères
 Publié le 02/03/20  -  9 commentaires  -  15425 caractères  -  115 lectures    Autres textes du même auteur

« Dans ma maison vous viendrez… »
Jacques Prévert


Les deux frères


Regardez bien ce tableau, il représente notre vallée. C'est là où j'ai passé mon enfance et jamais je n'y retournerai ! Quel paysage grandiose, majestueux, froid et inhumain ! La petite bourgade semble écrasée par les montagnes, des géantes qui la dominent et qui l'asservissent. Tout le village est confiné dans cette étroite vallée dont le seul intérêt réside en deux sources d'une eau pure et glaciale qui n'a cependant jamais apporté le moindre semblant de richesse aux villageois, aucune entreprise n'ayant eu l’idée saugrenue d'ouvrir des thermes dans cet endroit inaccessible et sinistre à la fois que recouvre un brouillard quasi permanent.


Je suis née ici, à Barnes-les-deux-Fontaines. J'ai gardé la maison de ma famille pour d’éventuels week-ends campagnards, ou peut-être parce que personne d'autre n'en voulait en héritage.

Approchez vous donc ! Prenez une loupe s'il le faut ! Là, à droite, bien au-delà du bourg et de son église, voyez-vous cette petite route tortueuse qui semble fuir le gouffre où se tapit le village ? Suivez ce chemin ! Apercevez-vous ce point noir isolé ? Un défaut sur la toile pensiez-vous ? Non ! C'est ma maison ! Vous ne la distinguez pas, bien sûr, vous pouvez juste supposer que, si le peintre a pris le soin, non pas de la représenter mais de signaler sa présence, c'est qu'elle est imposante et voyante. Les marchands de biens l'auraient volontiers qualifiée de « maison de maître possédant un certain cachet », mais du cachet, elle n'en avait pas, elle était faite de bric et de broc, avec des rajouts : une aile prétentieuse, des tourelles anachroniques construites au gré du snobisme des différents propriétaires. Elle trônait à flanc de rocher, bien visible et m'as-tu-vu, assez distante pour ne pas se mélanger au vulgus pecum. En un mot elle était moche !

Ce n'est pas sa laideur qui m’empêche aujourd'hui d'y retourner ; on se fait à la laideur quand on l'a toujours côtoyée. La laideur se banalise et se rend invisible quand elle est votre quotidien ou du moins celui de votre enfance. Adulte, vous ne changez rien, vous vous accommodez de tout, car vous n'avez aucune envie de bouleverser vos souvenirs, de faire un méli-mélo de vos nostalgies, un foutoir de votre mémoire.

Vous ne pouvez pas, bien-sûr, distinguer sur le tableau la grande cheminée qui se dresse sur le toit de tuiles brunes. Elle avait pour mission de réchauffer tant bien que mal le salon, cheminée trop haute et trop étroite qui procurait un ridicule petit « feu de veuve » au lieu de la belle flambée que l'on attendait d'elle. Je ne vois qu'elle quand je pense à ma maison et je ne peux désormais affronter cette vision sans me heurter à l'horreur, à l'épouvantable, à l'innommable.



Il y avait autrefois deux frères qui vivaient dans une baraque en bois mise gracieusement à leur disposition par la municipalité. La munificence de la mairie n'avait tout de même pas été jusqu'à leur procurer eau courante, électricité et chauffage. Ils vivaient dans une misère noire, leur vie n’était que rapines et beuveries. Ils fréquentaient quelquefois l'école communale quand les services sociaux se montraient trop menaçants et que les rares moments de conscience de leur pochetronne de mère lui faisaient craindre de perdre « les allocations ». Illettrés et vraisemblablement débiles, ils nous honoraient donc parfois de leur présence.

Je les revois encore sur les photos de classe, à douze ou treize ans, maigres et grands, l’aîné dépassant déjà d'une tête la maîtresse. Hilares ou rigolards comme à l’accoutumée, ils posaient au dernier rang, derrière leurs condisciples de cinq ou six ans plus jeunes, indifférents aux cheveux gras pendouillant en petits paquets sur leurs yeux chassieux, arborant ce perpétuel sourire niais qui dévoilait une bouche déjà édentée.

Tout le village connaissait les frères Charlot. Pierre et Christian Charlot !

Ils étaient gentils ! Les jours de leur présence à l’école étaient pour nous jours de fête. Ils nous faisaient rire de leurs pitreries qui, je le crois maintenant, étaient souvent involontaires et peut-être même inconscientes.

Vers leurs quinze ans, ils achetèrent une mobylette, disons plutôt qu'ils eurent une mobylette ! À l’époque, pas un habitant du village n'aurait pu l'ignorer ! Ils passaient et repassaient à longueur de journée dans l'unique rue, faisant pétarader leur engin, indifférents à la fureur des pauvres gens qui les menaçaient de leurs fourches et parfois de leurs fusils de chasse. Ils ne se lassaient jamais de ce jeu abrutissant pour nos oreilles, offrant au passage à leurs détracteurs quelques facéties : ils tiraient la langue, faisaient des grimaces, et parfois, jours de grande parade, ils saluaient de quelques acrobaties, levant simultanément leurs deux jambes et leurs deux bras. Au tour suivant, ils repassaient en faisant un bras d'honneur aux spectateurs en furie.

Le bras d'honneur ne dura qu'un temps ! Lors d'une de leurs joyeuses cascades, Pierre, l'aîné, perdit l'équilibre, renversa sa machine, se prit le bras dans une roue et fut blessé très grièvement. Quand il revint de l’hôpital, un bras en moins, les deux frères reprirent leur jeu comme si de rien n’était. Seuls, trois bras se levaient désormais quand ils rencontraient quelqu'un sur leur chemin. C'est le dernier souvenir que j'eus d'eux. Je partis pour la ville, je ne les revis jamais.

J'appris un jour par les journaux locaux que Pierre était mort, il s'était tué en traversant le carrefour dangereux. Seul pour une fois sur sa mobylette, il avait foncé tête baissée, sans regarder ni d'un côté ni de l'autre, à une vitesse impensable pour le vieil engin, inconscient de la camionnette dans laquelle il s'engouffra. Le choc fut d'une violence extrême, il mourut sur le coup. On chercha Christian, il avait disparu. La maison de la mère décédée depuis quelques mois restait désespérément vide. On fit des battues, des appels à témoins, mais en vain ; les gendarmes du chef-lieu de canton séchaient lamentablement sur le seul cas de disparition qui s'était jamais produit dans la région. Au bout de plusieurs mois, on abandonna le dossier. Il fallait bien se rendre à l’évidence, Christian était introuvable ! On supposa qu'il s'était enfui, déboussolé par la mort de son frère.

Le seul problème qui restait en suspens, c’était la baraque en bois. On vota et il fut décidé que la mairie était en droit de reprendre son bien. L'affaire fut ainsi définitivement réglée et les frères Charlot sortirent peu à peu, non pas de la mémoire, mais des préoccupations des villageois.



Je revins au village bien des années plus tard, prévenue par un courrier officiel que des travaux urgents nécessitaient ma présence. Le pignon ouest de la maison présentant des fissures importantes, la mairie s’apprêtait à prendre un arrêté de péril.

J'entrai pour la première fois depuis si longtemps dans la maison. Rien n'avait changé, un peu plus de poussière bien sûr, une odeur de salpêtre, de moisi, d'humidité certainement plus prégnante ! Malgré un nombre impressionnant de mouches mortes et de toiles d’araignées nappant murs et planchers, tout semblait en ordre. Je vis les meubles soigneusement protégés, camouflés sous des draps blancs, les tapis roulés sous les tables, les tableaux décrochés du mur, méticuleusement enveloppés dans du papier journal et... une chaussure devant la cheminée du salon. Surprise par cette négligence dans une pièce si parfaitement ordonnée, je jetai un coup d’œil à l'intrus et poussai du pied le soulier loqueteux et desséché, pressée d'allumer du feu dans l'âtre, occupation prioritaire dans ce milieu réellement inconfortable. J'installai rapidement quelques boulettes de papier journal, les recouvris de bûchettes de bois sec, les chapeautai de deux grosses bûches moussues. La faible flamme de mon petit briquet peina à enflammer le papier, le bois comme d'habitude aurait du mal à brûler mais il réussirait à la longue à me procurer le minimum de chaleur dont j'avais besoin. Je le laissai prendre et partis faire quelques courses pour le repas.


À mon retour, dès l'ouverture de la porte, une odeur épouvantable de cochon brûlé me saisit. Le hall, pourtant distant d'une dizaine de mètres du salon, annonçait déjà le désastre. Je me précipitai dans le salon, l'air y était irrespirable. Une fumée épaisse masquait la pièce, charriant une puanteur abominable ; j'ouvris la fenêtre en grand, ce qui procura un appel d'air suffisant pour redonner un nouvel élan aux flammes et attiser le foyer. Par quel miracle la vieille cheminée poussive avait-elle retrouvé une nouvelle jeunesse ? Des flammèches surgissaient de partout, s'activaient, s'embrasaient ; ça crépitait, scintillait, pétillait, puis de nouvelles flammes jaillissaient, solidaires et promptes à dévorer une proie invisible. J'eus peur, je venais de comprendre que cette odeur insupportable provenait vraisemblablement d'un animal tombé dans la cheminée, grillant maintenant dans les bûches. J'avais beau essayer de sonder le foyer je ne distinguai rien, la fumée me brouillait la vue et me piquait les yeux. Les seaux d'eau n'eurent aucun effet. On aurait dit que le conduit s’était lui aussi embrasé. Je m'en voulais de mon inconscience et de ma négligence. Comment avoir pu être assez sotte pour allumer un feu dans une cheminée qui n'avait pas été ramonée depuis des lustres ! Je n'avais pensé ni à la suie, ni aux nids d'oiseaux ni même aux animaux qui pouvaient être pris au piège du conduit rétréci. Impuissante et démunie de tout extincteur, j'appelai les pompiers, me félicitant de n'avoir pas fait couper la ligne téléphonique.


– Alors, la p'tite dame, on joue avec les allumettes ? m'apostropha, badin, un vieux pompier rondouillard qui semblait en avoir vu bien d'autres.


On s'imagine toujours que les services publics sont peu efficaces en campagne. Il n'avait fallu que quelques minutes pour que la sirène se déclenche et qu'un camion neuf et rutilant gravisse la côte et vienne se garer dans la cour. On me questionna, on comprit tout de suite la situation…, en conséquence, on inonda le salon ! Et, passez muscade, le feu fut éteint ! Un petit jeune qui redescendait du toit et même du faîte de la cheminée interpella le chef et lui confia quelques mots à l'oreille. Aussitôt les visages se fermèrent, les mines devinrent froides et énigmatiques. On me conduisit dans une pièce, on me demanda de m'y tenir à l'écart. Une atmosphère pesante et inquiétante avait tout d'un coup envahi la scène. On ne répondait plus à mes questions. Je compris que la situation était sérieuse. Un quart d'heure plus tard, une voiture de gendarmerie, toute sirène hurlante, arriva en trombe et effectua sous la fenêtre un dérapage contrôlé, digne des meilleurs épisodes de Starsky et Hutch. Deux jeunes « shérifs » en déboulèrent qui, après avoir été informés de la situation, se mirent à m'interroger. J'étais curieuse de savoir ce qui se passait et surtout mal à l'aise devant le climat de suspicion qui régnait à mon encontre. J'entendis d'autres voitures arriver. Chacun venait me voir sans pour autant m'adresser la parole.

Ce fut bien après, dans la soirée, que le ton se radoucit et qu'on accepta de me renseigner.

On avait trouvé le corps d'un homme dans la cheminée !

Je compris que « Starsky et Hutch » avaient supposé qu'une Landru femelle y avait peut-être brûlé son amant. Pour me disculper, il avait fallu l'intervention bienveillante et goguenarde du chef des pompiers, habile à démontrer que « la p'tite dame », à moins d'être déséquilibrée ou équilibriste, n'avait pas de raison de porter un corps tout au haut d'une cheminée, pour ensuite le brûler dans un feu d'enfer. Le suspect numéro un ainsi innocenté, les recherches repartaient de zéro.



Il me fallut de longs mois pour avoir le fin mot de l'histoire. L’enquête avait été cependant rondement menée. On avait un mort inconnu et un disparu dans le canton. Le rapprochement était facile, mais la présence d'une montre cassée au bras du cadavre intriguait les fins limiers. Elle se révéla ensuite être la clef de l'énigme.

On pensa donc très rapidement à Christian Charlot. Sa disparition restait encore dans les esprits. À cette époque, la recherche d'ADN n'existait pas, la police scientifique en était à ses balbutiements et retrouver l'identité d'un cadavre desséché et en grande partie brûlé relevait de la gageure ; il fallait compter sur la réflexion, le bon sens et l'intuition, qualités dont ne manquait pas le commandant de gendarmerie. Tout, selon lui, portait à croire qu'il s'agissait bien de Christian Charlot !

Cependant, la montre restée accrochée au bras ne correspondait pas au standing du pauvre hère. Cette montre du dernier cri affichait la date, ce qui à l'époque était la marque d'un bijou fort coûteux. On se souvint que les deux frères étaient connus comme petits voleurs ou maraudeurs. On savait qu'ils attrapaient des poules dans les fermes, qu'ils barbotaient des confiseries à la boulangerie et chipaient des litrons à l'épicerie ; fripons à la petite semaine, filous de bas étage, on ne les imaginait pas dérobant une montre de prix, et c'est pourquoi on doutait encore de l'identité de la victime. On eut cependant la certitude en étudiant de plus près l'heure et la date au cadran écrasé. En effet, en se brisant, la montre s'était arrêtée et le temps s'était figé le 13 octobre à 15 h 34. Les archives de la gendarmerie confirmèrent que Pierre s'était tué un 13 octobre, un peu avant 16 h.

Petit à petit, on reconstitua le scénario du thriller villageois. On présuma que les deux frères avaient décidé de faire « le casse du siècle », c'est-à-dire de piller la grande maison vaniteuse, celle qui fascinait depuis des années, qui jamais occupée, provocante et tentatrice, faisait la nique aux deux pauvres crétins. Ils y supposaient des trésors bien gardés par des persiennes inviolables. Et pourtant, cela faisait bien longtemps qu'une bonne chiquenaude serait venue à bout des bois vermoulus et des gonds descellés ! Ils avaient trouvé ingénieux de passer par la cheminée et Christian le plus agile, du moins celui qui avait encore deux bras, devait s'y infiltrer pour descendre ouvrir les fenêtres et laisser entrer Pierre. Ils n'avaient pas remarqué combien elle était haute et étroite cette cheminée. Ils ne pouvaient pas savoir que le conduit était tordu et rétréci à mi-chemin. Christian resta coincé. C'est en tentant de s'extirper qu'il écrasa la montre. Il essaya de ramper, il essaya de s'accrocher aux aspérités pour se propulser de quelques centimètres. Rien n'y fit, il restait désespérément coincé. Pierre effrayé et impuissant à lui venir en aide avait enfourché la mobylette et avait roulé comme un fou, tête baissée pour chercher du secours. Nous savons l'accident et la mort de Pierre. Christian, lui, ne savait pas. Il attendit le retour du frère, attendit..., attendit en vain. Il ne comprenait pas. Pierre n'avait pas pu l'abandonner ! Alors il avait crié, il avait hurlé, personne ne pouvait ni voir ni entendre l'homme dans la cheminée de la maison déserte. Alors il avait pleuré, du moins, je l'imagine, il avait pleuré de douleur et de désespoir. Puis, il n'avait plus pleuré !

Son corps se dessécha pendant des années au contact de l'air mais ne se disloqua pas. Seule une chaussure se désolidarisa.


 
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   maria   
3/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Une très bonne histoire.
De retour dans sa vallée natale, la narratrice évoque ses souvenirs d'enfance. Notamment les frères Charlot.(je n'aime pas trop ce nom)
L'un est mort accidentellement, l'autre a disparu. Disparition élucidée à la fin. On apprend que le cadavre retrouvé dans la cheminée est celui de Christian.
Leur histoire m'a émue. Leur vie, comme la maison de la narratrice, n'a été qu'un "point noir isolé" dans la vie du village.

Un texte sans dialogues et pourtant si vivant.
L'auteur(e) nous invite à découvrir ce qui s'est passé dans ce "paysage grandiose, majestueux, froid et inhumain".
Les descriptions sont précises, on suit le mouvement. L'ambiance est saisissante.
Ce passé raconté est triste, pesant, mais l'écriture est très fluide.
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette nouvelle, et je pense que l'auteur(e) a ressenti beaucoup de satisfaction en s'appliquant à l'écrire.

Merci du partage et à bientôt.
Maria en E.L.

   cherbiacuespe   
3/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'histoire ne dit rien du sort de la maison. Bof! On s'en moque finalement.

Superbe nouvelle, très joliment racontée. Quelques fautes (de frappe sûrement), mais c'est bien écrit, agréable, de lecture plaisante. On ne se lasse à aucun moment. De plus c'est très finement construit. On pense que le mystère se situe autour de l'identité du cadavre et on se dit "facile, c'est le frère disparu". Oui! Mais non! Tout le suspense réside dans les causes, le déroulement des faits. Là, je dis bravo pour la subtilité. Je me suis laissé entraîner dans le sillon creusé avec malice par l'auteur(e) que je félicite de m'avoir ainsi surpris.

Cherbi Acuespè
En EL

   Alfin   
2/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
En partant d'un tableau, vous racontez une histoire très joliment amenée. Evidemment, lorsque la narratrice repousse la chaussure, on a compris que le foyer risquait d'émettre des relents de chairs grillées. Le manque de surprise à ce niveau n'est pas un problème car l'ensemble se lit avec plaisir, c'est très réaliste et cinématographique.

Seul bémol, la ligne téléphonique toujours active après des années me semble peu réaliste, la narratrice aurait pu éteindre suffisamment le feu pour aller chercher de l'aide ensuite.

Votre approche nostalgique de la redécouverte de la maison est bien équilibré.


Merci pour cette belle lecture

   thierry   
2/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Commençons par quelques critiques : de légères invraisemblances, parmi lesquelles la ligne téléphonique, la mairie qui préempte bien vite une maison abandonnée, l'artifice du retour nécessaire, surtout le dénigrement univoque de cette maison de famille. Enfin, qui part faire des courses en ayant allumé un feu ? L'introduction est un peu longue, déséquilibrée au regard du souffle que vous apportez ensuite.
Ensuite, je trouve l'enjeu un peu maigre. Je crois qu'on doit faire vivre des personnages qui ne seront plus vraiment les mêmes après la chute (si j'ose dire) . Je crains qu'on ne reste sur de l'anecdotique, il faudrait creuser la terre un peu plus pour installer ce jardin si bien dessiné.
Parce que l'ensemble est vraiment très réussi : un principe d'économie globalement respecté, une progression qui m'a attaché du début à la fin, un style efficace et élégant, un très bon rythme, des images qui m'ont amené à l'intérieur de cette histoire où le rassemblement conclusif est remarquablement maîtrisé.
Bref, j'admire votre facilité, tant à construire une histoire qu'à la développer. J'aimerais passionément s'il y avait une dimension tragique qui jette la narratrice dans ce feu (j'espèrais ça de la montre) et la place dans une situation bouleversante. Il ne manque plus qu'un petit coup de fouet ! Mais vraiment bravo !
Merci pour ce moment

   plumette   
3/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
j'ai trouvé très habile l'entrée en matière sous forme d'entrée dans un tableau. Une focalisation externe réussie qui nous fait visualiser le point qui devient cette maison un peu prétentieuse qui va être le siège de ce mystère villageois.

Un peu déroutée à première lecture par le paragraphe sur les frères Charlot qui romp le récit mais finalement tout semble bien pensé, bien construit.

Le lecteur a tout les éléments pour deviner ce qu'il y a dans la cheminée! Donc pas de suspens à ce niveau là, et pourtant, la nouvelle reste intéressante dans le déroulé des péripéties jusqu'à l'explication " rationnelle" de cette situation pour le moins inédite.

l'écriture est très vivante, elle se fait oublier, ce que je trouve tout à fait adapté car elle est entièrement au service de l'histoire et coule avec limpidité, sans accrocs.

C'est réussi!

   Babefaon   
4/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire votre nouvelle, que je trouve très bien construite. J'ai bien aimé le point de départ, ce tableau qui est à l'origine de l'histoire. Je ne cherche jamais vraiment ce qui est plausible ou pas dans un récit, j'aime me laisser embarquer et y croire sans me poser trop de questions, ce qui a té le cas ici. Après tout, pourquoi la ligne téléphonique ne serait pas restée ouverte et la protagoniste n'aurait-elle pas le droit d'allumer un feu et de sortir en le laissant allumé dans son étourderie ? Il n'y a pas qu'une façon de faire, de penser... J'ai été un peu moins séduit par la chute en revanche, peut-être parce que je l'ai sentie venir trop vite. Cela n'enlève rien à mon impression générale. Merci pour ce texte original, qui m'a fait voyager dans cette froide et non moins grandiose vallée !

   poldutor   
15/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Clarix
J'ai vraiment aimé cette nouvelle, qui a juste ce qu'il faut de mystère. La description des lieux d'abord, Barnes-les-deux-fontaines, on s'y croirait, j'avoue avoir cherché sur Qwant où se situait ce village !
Ensuite la description des deux malheureux tarés les rendant tout à fait crédibles.
Bien sûr la présence insolite d'une vieille chaussure dans une maison fermée et bien rangée attire immanquablement l'attention, on se dit : cette chaussure jouera un rôle dans l'histoire...
Bien que l'auteur(e) ait masqué jusqu'au bout le fin mot de l'histoire, on subodore malgré tout la fin de l'énigme.
On pense aux terribles moments vécus par le frère coincé dans ce conduit de cheminée et on se dit qu'il a payé très cher son idée de cambriolage...
Merci pour les mystères de cette histoire.
Cordialement.
poldutor

   Inner   
24/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Excellent !
Je suis toujours marqué par ces textes qui mélangent un style un peu classique, avec des thèmes un peu vieillots (pas péjorativement mais des histoires de nostalgie, de vieille Europe et de traditions) qui basculent vers du sordide qui est bien moins commun dans ce style.
Je n'ai pas trouvé que l'intrigue soit mal tournée sur la fin, bien entendu on a des indices sur ce qui se trame mais il faut bien nourrir notre curiosité. Ça a été fait avec talent.
Merci et félicitations.

   IsaD   
6/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Clarix

Tout d'abord, j'ai adoré votre nouvelle.

L'introduction, originale, nous plonge au cœur d'un petit village en apparence tranquille et sans surprise. A la manière des BD d'Astérix, on imagine une loupe au dessus de ce lieu où tout semble paisible, puis on va voir de plus près ce qu'il en est réellement et là, tout commence...

Avec une écriture simple mais efficace, on découvre une maison, abandonnée depuis des lustres, puis on arrive sur une anecdote (qui n'en est en fait pas une, on le comprend à la fin) : le souvenir de deux frères et de leurs "joyeuses" facéties (j'ai savouré le passage de la mobylette et des bras d'honneur)

Tout est minutieusement et habilement préparé dans votre nouvelle.

Lorsque la cheminée est mise en action, dégageant une odeur suspecte, certes on en devine immédiatement la raison mais la surprise finale est tout de même là, et c'est ce que j'ai particulièrement apprécié. Le déroulement du pourquoi et comment Christian Charlot se retrouve coincé dans la cheminée, et surtout, l'horrible fin, prisonnier d'un conduit dans l'attente désespérée du retour de son frère, puis dans l'attente fatale de la mort, est absolument parfaite. En tout cas, pour moi lectrice, pas pour le pauvre Christian hélas... :)

Bref, je trouve votre texte complètement maîtrisé.
Merci à vous pour ce partage.


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