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Sentimental/Romanesque
colibam : Le souvenir des feuilles mortes
 Publié le 29/03/09  -  10 commentaires  -  6030 caractères  -  57 lectures    Autres textes du même auteur

Quand passé et présent se mélangent au moment où les années se fanent...


Le souvenir des feuilles mortes


« La vie serait vraiment trop triste, si le rose essaim des pensées polissonnes ne venait parfois consoler la vieillesse des honnêtes gens. »

Anatole France - l'Anneau d'Améthyste




Aurélien est ému. Pensez donc, c’est la première fois. La toute première fois qu’il tombe ainsi amoureux. La vie lui semble soudain légère et généreuse.

Il y a quelques jours encore, il était seul à se morfondre avec ses idées noires et son vieux chat blanc. Et puis, l’impensable s’est produit. Il ne sait d’ailleurs plus très bien où ni comment la rencontre a eu lieu tant l’ivresse qui a gagné son esprit est vertigineuse. Mais il est sûr d’une chose : il a rendez-vous tout à l’heure avec elle. Chez elle, plus exactement.

La jeune femme est évidemment ravissante. Elle se nomme Émilie. C’est un joli prénom, Émilie. Ça sent le printemps et les fous rires. Elle a 27 ans. Oui, c’est ça. Enfin… il aura tout le temps de lui redemander, pour être sûr. Aurélien ne l’a vue qu’une fois mais a pourtant l’impression de bien la connaître. C’est certes curieux mais ce n’est pas le moment de se laisser disperser. Pas maintenant.

Devant le banc où il est assis, une jeune maman passe avec une poussette en chuchotant des mots doux à son enfant. Elle pourrait avoir l’âge d’Émilie. Du coup, Aurélien s’imagine déjà à ses côtés, le souffle court et le cœur battant. Il aura bien le temps de construire tous ces projets avec elle, plus tard. Il ne faut surtout pas brûler les étapes.

Aurélien regarde les canards se disputer quelques morceaux de pain dans l’eau fraîche de la mare. Les camélias qui la bordent sont déjà en fleur et de délicieux parfums planent dans les allées du parc. Aurélien aime bien cet endroit où toutes les générations se croisent. Il y vient tous les jours, s’assied sur un banc, toujours le même, et regarde la vie se dérouler comme un film sur grand écran. Il peut rester ainsi des heures à observer, écouter, deviner l’humeur des gens.

La jeune maman repasse devant lui et lui sourit. Mais Aurélien ne peut pas lui rendre son sourire. Une désagréable sensation le fait soudain frissonner. Il aurait pourtant juré qu’elle avait une poussette tout à l’heure. Il semble difficile qu’il ait pu la confondre avec ce fauteuil roulant. Sans compter que le grabataire qui l’occupe n’a plus rien d’un chérubin. L’euphorie amoureuse lui a joué un tour à sa manière. Voilà tout. Pourtant, Aurélien se sent soudain vidé, las. Tout lui paraît plus terne. Les rires d’enfants ne sont plus que des cris, les chants d’oiseaux sont couverts par un concert de klaxons, un tapis de feuilles mortes recouvre le sol, les camélias se sont transformés en buissons faméliques.

Allons, il faut chasser au plus vite cette vague de mélancolie qui l’envahit. Aurélien se lève en grimaçant. Ses jambes sont lourdes d’être restées trop longtemps immobiles. Il fait quelques pas, regarde à droite puis à gauche comme un enfant au bord d’une route puis, rassuré, il ouvre la grille du parc et se faufile dehors. Encore quelques rues à traverser et il y sera. Enfin. Il sent la chaleur l’envahir à nouveau tandis que son pouls s’accélère sous l’effet de l’excitation.

Pendant qu’il marche vers son délicieux point de rendez-vous, Aurélien se demande quels seront ses premiers mots. Un sourire peut-être, une main tendue. Mais oui, bien sûr, comment n’y a-t-il pas songé plus tôt ? Il lui faut un bouquet, une boîte de chocolats, quelque chose à offrir pour marquer sa galanterie. Pas de panique, il y a un fleuriste juste en face de chez elle. L’affaire paraît sauvée mais il était moins une. Il faudra tout de même qu’il y pense la prochaine fois. Aurélien rentre dans la boutique, choisit un bouquet panaché et ressort satisfait. Quelques roses pour l’amour et la beauté, une pincée d’orchidées pour souligner la sensualité, un soupçon d’iris pour marquer sa joie et la paix qu’il ressent.

Tremblant d’émotion, il monte les quelques marches qui l’amènent sur le perron. Ça y est, le moment tant attendu est enfin arrivé. Ses idées se brouillent, ses doigts s’emmêlent. Il ne va tout de même pas craquer maintenant. Allez, un petit effort.

La sonnerie résonne derrière la porte. Aurélien est aux aguets. Silence. Ah, il perçoit des pas légers qui se rapprochent. Une serrure qu’on déverrouille et la porte qui s’ouvre. Elle est là, dans la clarté du jour, resplendissante. Il ne sait pas quoi dire, bredouille un bonjour inaudible et tend maladroitement son bouquet pour gagner un peu de temps. Elle le regarde interloquée. Il se lance enfin :


- Je… je suis Aurélien, vous savez. Nous nous sommes rencontrés, l’autre jour. Vous m’avez donné rendez-vous aujourd’hui. Chez vous.


Émilie le regarde d’un air attristé :


- Ah… Oui, venez, je vais vous faire patienter dans le salon.


Aurélien s’assoit gentiment et regarde autour de lui cet intérieur familier. Émilie lui sourit et pose une main douce sur son épaule.


- Je reviens tout de suite.


Il l’entend appeler, dans le couloir :


- Philippe ?

- Oui ?

- Ça recommence. Il est encore là.

- Qui ça ?

- Aurélien. Il me prend toujours pour sa femme.


Un grommellement lointain se fait entendre et quelques instants plus tard, Philippe débouche dans le salon, suivi d’Émilie. Il regarde Aurélien, toujours assis sur le canapé, silencieux, la tête baissée.


- Pauvre papa.

- Ils n’ont pas dû le voir partir, à la résidence. Il faudrait leur dire de fermer la grille du parc. Un jour, on va le perdre.

- Que veux-tu, chaque année, c’est la même chose. Dès que l’automne est là et que les arbres se déplument, ça lui rappelle sa première rencontre avec maman. C’était au parc de la Tête-d’Or, à Lyon. Il nous l’a souvent raconté. Et puis, tu lui ressembles un peu quand elle était jeune. Et vous avez le même prénom. Alors, c’est un peu normal, non ?


Philippe sent l’émotion le gagner. Il regarde son père qui se tient comme un enfant qu’on vient de surprendre :


- C’est quand même beau d’être toujours amoureux à son âge ? 87 ans, imagine un peu.




 
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   solidane   
29/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Dans un premier temps, les phrases m'ont paru pesantes pour un amoureux aussi léger. Mais la fin du texte est venue à bout de cette première impression tant elle m'a agréablement surpris. La chute était pourtant présagée par le passage du fauteuil ; et bien la surprise est restée entière.

   xuanvincent   
29/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Cette nouvelle m'a dans l'ensemble plu.

Le texte m'a semblé globalement assez bien écrit, sans fioriture tout en étant assez agréable à lire.

Pendant une bonne partie du texte, j'ai pensé que le narrateur était un jeune homme, amoureux pour la première fois. D'où ma surprise quand j'ai compris qu'il s'agissait en fait d'un vieil homme. Pourtant, l'auteur avait semé au préalable quelques indices (le fauteuil roulant, la jeune femme a "le même âge qu'Emilie", ce portrait d'homme immobile correspond bien à celui d'un vieil homme).

La chute, cette amourette de vieil homme, m'a paru rendre plus intéressante et plus originale cette histoire.

   Menvussa   
29/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Quand le rêve se superpose au réel, que le temps se contracte pour que le passé puisse ne plus faire qu'un avec le présent... L'esprit peut nous jouer des tours.

Une double lecture, une petite histoire d'amour, pleine de pudeur, de fraîcheur. Un évènement peu banal, cette confusion mais une explication rationnelle et rassurante donnée par le petit vieux, lui même. Une réflexion sur la perte de repères, la mémoire qui joue des tours éclipsant certains épisodes pour en faire ressurgir d'autres plus anciens, plus riches en émotion.

La rencontre avec Émilie me semble un peu impersonnelle. Quand elle parle avec Philippe, elle parle D'Aurélien et non de son père, cela fait un peu distant.

Une écriture très agréable bien adaptée au contexte.

   Anonyme   
29/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je me suis laissé porter, emporter par ce récit, et laissé prendre par la surprise de la chute.
il n'en faut pas plus pour que j'apprécie une nouvelle.

Merci pour cette lecture.

   Anonyme   
29/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une histoire toute simple et très bien contée qui mène à l'inévitable conclusion : la vieillesse est un naufrage et nous sommes tous des "vieux" en puissance... Merci pour cette lecture.

   widjet   
29/3/2009
 a aimé ce texte 
Pas
Incroyable différence entre le premier texte de l’auteur et celui là ! A moins que ce ne soit une œuvre de jeunesse, je n’ai pas d’autre explication tant le gap est immense entre les deux écrits et à tout point de vue (mais le style surtout) ! Si Le manuscrit d'Orwenn était (bien qu’imparfait) riche (au niveau du vocabulaire), travaillé et intéressant à suivre, celui-ci me semble « torché en deux-deux » et écrit d’une main terriblement scolaire avec des phrases convenues, creuses et maladroites. Le fond, sans être follement original, aurait pu être touchant si le traitement n’était pas lui aussi expédié. Il aurait fallu creuser, densifier le personnage qui semble dépourvu de profondeur. Pour un texte aussi court et un sujet aussi rabattu, il aurait fallu drôlement peaufiner la forme, prendre le temps de choisir les bons mots, de leur donner du caractère (et plus de cœur) pour que cet homme et son histoire d’amour d’antan nous interpelle.

Le twist final est presque anecdotique.

Désolé si je suis dur, mais je suis surtout stupéfait (dans le mauvais sens du terme), mais après la (relative, mais néanmoins réelle) bonne surprise du premier opus, je ne m’attendais pas à ça.

Widjet

   Selenim   
29/3/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Plutôt d'accord avec Widjet dans l'ensemble.

Style et vocabulaire sont trop simplifiés. Le procédé permet néanmoins de piéger le lecteur assez facilement sur la nature d'Aurélien. Sensations d'enfant, descriptions basiques et souvenirs d'Aurélien occultés.

On ne sait pas grand chose sur l'amoureux, il observe plus qu'il ne ressent. Difficile alors de s'identifier à lui et de partager ses émotions.

Ma plus grosse déception vient de la chute qui est tout simplement hasardeuse.

Si j'ai bien compris, Philippe et Émilie sont les enfants de Aurélien. Ils vivent sous le même toit?

Chaque année, avec les couleurs de l'automne, la grille qui n'est jamais fermée, la ressemblance physique, le même prénom que la mère....
Une succession de poncifs qui ne fonctionne tant la réunion de toutes ces conditions semble improbable.
Sur la forme, la chute est assez brouillonne: j'ai du la relire plusieurs fois pour bien cerné l'identité de Philippe et Émilie et le pourquoi du comment.

Une bonne idée qui, malheureusement, est assez maladroitement exploitée.

   Azurelle   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La fin est surprenante, je ne m'attendais pas à cela. Quand elle lui a ouvert le regard triste, je me suis demandé ce qui se passait. Le titre colle parfaitement avec le récit en y repensant. Le langage des fleurs est à prendre en note ^^ . Merci pour ce texte.
Sinon, je ne sais pas j'ai eu l'impression qu'au début c'était moins limpide. A partir de la promenade vers l'endroit où habite Emilie, cela coule naturellement, j'ai ressenti un léger contraste. Enfin, c'est peut-être aussi moi qui accrochais de plus en plus. Je n'en sais rien, j'évoque simplement un ressentis.

   victhis0   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
elle est chouette l'idée...Mais les phrases sont un peu plaquées, l'ensemble manque cruellement de poésie, de ressenti sur les sens surdéveloppés (vue, odorat...) des amoureux (si si j'insiste !). J'aurais aussi voulu une fin plus travaillée, moins brutale, sentir plus de compassion ou de trndresse pour le héros ; finalement, on serait presque à en sourire et je ne suis pas certain que celà soit l'intention voulue. Si j'ai raison sur ce point, l'objectif est loupé.

   Nicolas   
1/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai aimé cette nouvelle. Elle respire la simplicité et la fraicheur, comme l'esprit accaparé d'un amoureux, et puis la chute, inattendue qui vient nous rappeler que nous ne savons pas ce que la vieillesse nous réserve.
Quel bonheur d'imaginer ce vieillard amoureux comme à vingt ans, en dépit des circonstances ...
L'ensemble coule bien, j'ai pris un plaisir simple, mais j'ai pris du plaisir !


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