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Sentimental/Romanesque
Coline-Dé : La petite casserole
 Publié le 21/10/09  -  23 commentaires  -  2935 caractères  -  222 lectures    Autres textes du même auteur

Habillée de cuivre ou de cannelle, c'est la tendresse qui se transmet...


La petite casserole


En perspective trompeuse, les casseroles semblaient s'éloigner, devenaient de plus en plus petites, se perdaient dans un lointain proche de quatre pas à peine… Mianne les astiquait trois fois par mois, afin de garder leur or intact. Elles régnaient sur la cuisine étroite et brune, écrasant de leur miroitement les pauvres éclats de la verrerie exposée.

La plus petite aurait convenu à une dînette de poupée, et j'en rêvais.

Mianne avait résisté à toutes mes tentatives, du désinvolte "Elle ne te sert pas, celle-ci, elle est trop petite…" au tendre "Je t'aime, toi, tu sais…, beaucoup, beaucoup. Dis, tu me la donnerais, la petite casserole, Mianne ?" en passant par les variantes chantage, exhortation, supplication et litanie.


Quand même ! Elle aurait bien pu me la donner. La griffe du dépit traverse dix-sept années, inchangée.


Mianne. La tendresse au lait de poule. Prenez et mangez, seule façon de faire partager son corps…


- C'est pas un jouet. Tu l'auras quand tu sauras cuisiner.


Elle finissait en gromelot :


- C'est pas pour demain, avec ta mère…


Et double ration de "suprême", divin délice : biscotte beurrée saupoudrée de sucre et voilée d'un impalpable cacao !

Fallait ça, sans doute, pour compenser la carence qu'elle évoquait. La compensation, dans mon esprit, s'appliquait plutôt à la frustration qu'elle m'infligeait avec cette merveilleuse petite casserole de cuivre. On y cuisait un chocolat épais qui gardait la mémoire de la cuiller.

Et la mémoire se concentrait, au centre de la casserole, dans le tourbillon brun dont l'odeur vanillée emplissait ma bouche d'une salive gourmande, toute la mémoire de l'enfance, des trésors incertains, des désirs têtus opposés à la filasse incompréhensible des refus…

De six à treize ans, j'ai espéré la fléchir. Ensuite, j'ai imaginé oublier.


Les mains de Mianne se déformaient davantage. Mais ça sentait toujours les douceurs chez elle.


- C'est bon, Mianne, qu'est-ce que tu as mis dedans ?

- Ah ! J'ai un truc pour faire la meilleure tarte aux pommes du monde ! Mais c'est mon secret…


Et on avait les yeux brillants, un instant revenues en arrière.


Les couloirs sont clairs, la chambre ensoleillée. Je ne reconnais que le canevas, une nature morte : "Pot de cuivre aux chardons bleus".

Devant Mianne transparente, je dépose une tarte encore toute tiède. Elle en prend une cuillerée, sa patte d'oiseau trémule menu, du jus coule sur sa blouse.


- Tu t'y es mise, finalement ! Elle n'est pas mauvaise, ta tarte… Presque aussi bonne que la mienne !

- C'était quoi ton secret, Mianne ?


Elle m'attire à elle :


- Faut pas le donner, hein ? C'est un truc que j'ai inventé… Tu saupoudres sur tes pommes une demi-cuiller de cannelle…


Chuchotis dans mes cheveux.

Ses yeux ont une lumière heureuse.

Secret de Polichinelle.


Quand je pars, son regard chocolat me suit longtemps.

Je repense à la petite casserole de cuivre.


 
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   alifanfaron   
21/10/2009
 a aimé ce texte 
Pas
Un peu décontenancé. Je n'ai pas compris où le texte allait. Je suis resté perdu. Certaines formules sont très étranges:

"Et on avait les yeux brillants, un instant revenues en arrière."

" Et double ration de "suprême", divin délice " par exemple.

Au final, pas emballé par ce texte.

   Anonyme   
21/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour,

j'ai bien aimé ce récit, tout empli de la nostalgie de l'enfance. La figure de la grand-mère est chargée de tendresse, sans mièvrerie. C'est bien écrit. Sur le "un instant revenues en arrière", j'ai aussi tiqué, je pense que tu pourrais inverser "toutes deux revenues un instant en arrière" ou un truc dans le genre. Le passage du temps et la visite à la maison de retraite (enfin je l'ai vu comme ça) aurait pu être un peu plus appuyé je trouve, même si on comprend, l'ellipse peut peut-être échapper à certains. J'aurais aussi aimé que la narratrice termine sur l'espoir, finalement, de ne récupérer la casserole que le plus tard possible. Mais c'est ton choix. Un peu court pour moi mais l'association objet/parfum et anecdote de l'enfance me parait bien rendue.
Bonne continuation.

   Anonyme   
21/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien
j'aime bien l'atmosphère de ce texte tout chocolat et senteurs du passé.

des regrets : Hum que cela ne soit pas plus long mais c'ets aussi la force de Colinede : avec un seul mot elle vous ouvre des paysages.

gromelot ?? c'est une coquille ou une image?

J'aurais aimé que tu mettes une transition avant "les couloirs clairs "pour la compréhension de ton texte mais je ne suis pas sûre que tu en aies envie...

Dis le prochain, Coline tu nous en mets une louche de plus?

Xrys

   Perle-Hingaud   
21/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Coline,
Un texte tout en sensibilité effleurée, transparence et souvenirs... J'aime beaucoup, tant le fond que la forme.
L'histoire: tu poses les jalons, peu de détails à ton habitude, à nous le travail d'imagination... mais qui ne trimballe pas une petite casserole dans ses souvenirs ? ce texte nous renvoie à nos propres histoires.
La forme: trés belle écriture, ciselée, sans ces termes un peu trop précieux qui parfois me déconcertent. Sauf gromelot, mais sinon ce ne serait plus du Coline... J'aime particulièrement la deuxième partie, et surtout:
Les couloirs sont clairs, la chambre ensoleillée. Je ne reconnais que le canevas, une nature morte : "Pot de cuivre aux chardons bleus".
Devant Mianne transparente, je dépose une tarte encore toute tiède. Elle en prend une cuillerée, sa patte d'oiseau trémule menu, du jus coule sur sa blouse.
Vraiment trés évocateur, trés tendre.
Bravo,
Bonne continuation.

   jaimme   
21/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Et voila, c'est malin, j'ai faim maintenant!!!
Joli texte pour un mercredi après-midi, voire un samedi.
Histoire de tendresse, de souvenir d'après-midi pluvieux. Car tendresse et fermeté des décisions vont ensemble comme un amour indéfectible.
Un reproche, mouais, pour jouer au commentateur: je trouve que la juxtaposition des phrases élaborées et des phrases simples toutes en douceur casse un peu la musicalité de l'ensemble. Bon chocolat et noisettes peut-être, question de goût.
En tout cas j'ai appris le mot "gromelot", je suis allé en chercher la définition et je le mets dans ma poche, il est très joli, très imagé.
C'est vrai qu'elles sont belles ces petites casseroles de cuivre, comme les bises de Mianne, certainement.
Bon je file vers le placard maintenant.

   florilange   
21/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Merci de ce joli texte, tout en souvenirs tendres & doux, comme nous devrions tous en avoir. Juste prononcer 1 mot & il vous ramène des années en arrière. Et cette façon délicate de nous indiquer quand cette période d'enfance prend fin : quand les êtres aimés commencent à disparaître, autour de nous...
1 style tout en nuances, léger, qui dit tout sans en avoir l'air,
Florilange.

   brabant   
21/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Colinede,

J'ai bien aimé ce texte d'une écriture preste et enlevée, toujours juste (au gramme près des pâtissières), bien que renvoyant à la nostalgie. Il m'a fait penser au grand-père Hugo, voleur et privé de confiture à qui l'enfant promet de lui en apporter en cachette (un prêté pour un rendu! et une tendre complicité...) et aussi à la madeleine de Proust, toute une atmosphère passée, une ambiance surannée, retraduites au travers d'une gâterie; ici d'un objet: la petite casserole... de cuivre (ce n'est pas anodin). Celle-là est la casserole des gourmandises, des pâtisseries.
Le cuivre est cher, toujours un peu mystérieux avec ses reflets, son alchimie; les ustensiles de cuivre trônent dans la cuisine. Ce sont les bourgeois prometteurs de mets de qualité. Nous en avons tous le souvenir, ému, émerveillé (moi, c'est l'utensile oblong ou l'on préparait le poisson qui m'a toujours stupéfié, j'imaginais de gigantesques brochets présentés tout d'une pièce. Gargantuesque!) même si nous étions pauvres. Cet ustensile fait partie de notre imaginaire.
Cette petite casserole de cuivre? Mianne sait s'en servir comme d'une clé; elle ouvre sur le monde du "chocolat épais" qui "gard(e) la mémoire de la cuillère." Pour nous elle est incongruë, nous n'en avons pas l'utilité (casserole de "dînette"?). Il faut posséder les arcanes de la cuisine pour en être digne, que possèdent à peine nos mères, être initié! Alors! Nous!...
Texte tout en humour et en tendresse, avec des annotations justes. Et les pauvres secrets de Mianne, c'est la petite casserole qui les rend magiques, qui nous les rend magiques.
Nous devinons que nous ne posséderons jamais cette casserole, même si nous sommes capables de faire des crèmes à la vanille aussi bonnes que celle de Mianne, car elle doit la plus grande partie de sa magie à notre regard d'enfant, à nos nos yeux d'enfant.
Avons-nous nous-mêmes un objet magique qui enchante nos petits-enfants? Sûrement. Je vais réfléchir au mien, quel est-il ?

   Anonyme   
21/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'aime bien le regard chocolat. Appétissant. Et, en général, j'ai apprécier cette petite histoire.
Les dialogues sonnent juste, selon moi, ce qui apporte beaucoup de fluidité au récit.
Une jolie scène de vie, bien menée, bien écrite.

   Lhirondelle   
21/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Coline,

Un joli moment de partage dans la chaleur d'une cuisine avec tout ce que cela comporte d'authenticité. j'ai aimé suivre cette petite fille rêvant de la petite casserole. A qui n'est jamais venu l'envie de s'approprier un objet pour l'intégrer à ses jouets d'enfants ? j'ai aimé le petit secret concédé enfin sur ton de confidence, toujours dans ce même partage plein de tendresse. C'est tout chaud, tout rond comme une brioche sortant du four. Et puis les pommes saupoudrées de canelle, je ne peux que craquer... et me rappeler les secrets extorqués à ma mère pour réussir aussi bien qu'elle les tartes aux pommes.
Le texte se lit bien, avec ce cheminement allant de la cuisine de Mianne à sa chambre dans cette maison de retraite.
J'ai aimé, merci pour cette douce lecture, empreinte de gourmandises et de sentiments.

L'hirondelle

   Automnale   
21/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je me réjouissais à l'idée de lire cette nouvelle de Coline (car je n'ai pas oublié les deux autres publiées sur Oniris). Mais il m'a fallu la lire plusieurs fois.

La première fois, j'ai pensé : "Zut ! C'est beaucoup trop court". Il me semblait que je restais sur ma faim. C'était d'ailleurs le moment de penser cela !

La deuxième fois, je me suis arrêtée sur les passages qui me plaisaient. Naturellement, j'ai vu (ou revu) cette "biscotte beurrée saupoudrée de sucre et voilée d'un impalpable cacao" ! J'ai adoré la formule : "J'ai imaginé oublier"... Et puis, j'ai apprécié la façon de Coline de faire savoir au lecteur que le temps passait : "Les mains de Mianne se déformaient toujours davantage"... Enfin, touchée, j'ai retenu l'image de "sa patte d'oiseau".

A la fin de ma troisième lecture, j'avais presque les larmes aux yeux tant j'ai trouvé ce texte, plein de tendresse, de beauté, émouvant.

Décidément ! Je vais me souvenir longtemps de "La petite casserole". Une confidence ? Je crois bien que Coline est, ici, l'auteure que je préfère.

   Marquisard   
21/10/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bien bien bien, le côté prose survolée juste en suggestion colle assez bien avec l'histoire, c'est bien vu.

L'ensemble en lui même me semble par contre assez brouillon, confus, pas assez reposé/retouché.
Certaines phrases se rallongent inutilement d'adjectifs ou de complements "kifaijoli", d'autres sont tournées de façon étranges, et font aussi beaucoup "kifaijoli", trop à mon goùt.

d'autres phrases paraissent assez malmenées malplacées maltournées enfin on sait pas trop quoi, du genre les "Elle finissait en gromelot :" et autres "Elle m'attire à elle :", l'idée est bonne mais mal utilisée je pense, ces interventions sont censées structurer le récit, là elle ajoutent au flou ambiant.

So.. what
Et pis c'est tout

Bonne soirée

   calouet   
21/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je suis plutôt fan de ton écriture, qui est à la fois économe et poétique. Plein de tournures font mouche, on a l'impression que les mots ont été soigneusement pesés, avec une méticulosité qui sied bien à ce récit, tout en lenteur, en ambiance, en nostalgie... Comme une recette de cuisine de grand-mère.

J'aime bien ce que tu fais, Coline.

   costic   
22/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé ce texte sensible simple et très écocateur. On a tous dans le coeur une Mianne, en tout cas la "mienne" est revenue me sourire à travers cette évocation parfaite dans le style, fine et douce. Merci!

   Anonyme   
22/10/2009
 a aimé ce texte 
Pas
Voilà je n'ai pas été séduit par ce texte ; je n'ai pas compris l'intention de l'auteur. A une prochaine fois sans doute.

   Anonyme   
23/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Colinede

Un très joli texte, gourmand, rempli de douceurs, de parfums. Il est tactile et agréablement nostalgique.
Nos amis les fabricants de jouets ne sont pas idiots, eux qui miniaturisent les objets des dinettes et des cuisines de nos fillettes mais jamais, jamais, ils ne s'approcheront (même pas en rêve) de cette minuscule casserole de cuivre parce qu'ils n'y mettront jamais les secrets de ta Mianne ou de nos Mianne...
Et un carré de chocolat pour le "regard chocolat" !

   xuanvincent   
25/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Merci à l'auteur pour cette nouvelle, que j'ai trouvée joliment racontée et qui pourrait donner envie de retrouver, non pas la madeleine de Proust, mais la petite casserole de Collinede.

Seul petit regret, que ce texte soit si court. Toutefois, l'essentiel me paraît dit en peu de mots.

détail : ne serait-ce pas plutôt "Elle finissait en grommelant" ?

   Lapsus   
25/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Il y a toujours quelque objet qui passe le filtre de la mémoire, comme cette casserole de cuivre aussi disposée à faire fondre le chocolat, qu'à cristalliser le caramel ou, encore plus fort, les souvenirs d'enfance.
Voilà un texte qui respire la tendresse des moments complices comme autant de jalons d'un itinéraire.
Au terme d'un itinéraire les haïjins (haïkistes) nippons concluaient leur récit par un haïku ou un tanka, pour fixer l'essentiel en mémoire.
Je ne crois pas me tromper en retrouvant la structure d'un tanka dans les cinq dernières lignes, mais c'est peut-être là aussi un secret de polichinelle, ou tout simplement une coïncidence.

   LEVENARD   
26/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien
On est à la frontière de la poésie en prose, c'est à dire du texte qui se justifie par ses mots, son rythme, ses cadences, sa musique, en faisant fi de toute volonté démonstrative.
A ce titre là, justement, la fable tangenterait la nouvelle ( une nouvelle en vers rimé !).
Au fond la poésie en prose ( et donc ce texte), c'est exactement comme la cuisine. Au départ on sait quel plat on prépare, mais on goûte tout au long de la préparation; on grapille, on prend le temps qu'il faut, et ce n'est pas une surprise obligatoirement au bout, mais une satisfaction ( parfois simple). J'ai beaucoup apprécié la formule : "trémule petit".
La mise à l'écart de l'effet ( et donc l'inutilité foncière du dire qui ne s'est pas donné de but) fait à mes yeux la valeur de cet écrit.

   Myriam   
2/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une grand-mère des contes de fées, merveilleusement ancrée dans le réel.
Les odeurs sucrées et les arômes de l'enfance, les casseroles alignées par ordre croissant... ces souvenirs font partie d'un imaginaire commun et doux, qu'on les ai vécus ou pas!
Tu les évoques très joliment, comme tu soulignes avec subtilité et tendresse un lien qui perdure au fil des années.
Joli texte, nostalgique et joyeux à la fois.

   silene   
29/6/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'aime ta tendresse, cette effleurage en plumetis, ces images sans misérabilisme.
Le sujet, en soi, n'est pas fabuleusement palpitant ; pas plus que les scènes de genre, ou les portraits de paysans de Le Nain. Mais dans une histoire infime, minimaliste, tu glisses ton regard, qui change tout.
En fait, ça touche, tout bonnement. Et j'admire la concision et la sobriété tranquille du propos.

   Anonyme   
6/1/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Tendre et parfumée, cette tranche de vie.

J'ai toujours adoré l'ambiance des cuisines anciennes.
Et j'aime particulièrement la tarte aux pommes à la cannelle.
C'est dire si je suis prédisposée à apprécier :)

Je retiendrai ce prénom étrange et poétique "Mianne", et puis ces "gromelots" si expressifs, et toutes ces odeurs et ces saveurs qui nous montent aux narines.

J'aime bien aussi la transition légère entre la cuisine de Mianne et la maison de repos, cette broderie qui sert d'ancrage, de repère, et cette vieille dame qu'on imagine si bien grâce à cette phrase, splendide :
"sa patte d'oiseau trémule menu, du jus coule sur sa blouse."

Beaucoup de poésie ici encore une fois, de charme suranné.

   victhis0   
18/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
il y a des faux airs de Delerm dans ce texte court et nostalgique, tout plein d'amour, de tendresse et de gourmandise qui fleure bon l'enfance. Sans mièvrerie ni banalité : c'est çà qui est vraiment fortiche dans un texte où la pente glissante vers les violons guette chaque syllabe sans que tu perdes l'équilibre.

J'adore le curieux "gromelot" sorti de nulle part, très photogénique, qui me chatouille agréablement l'esprit : il n'y a pas que l'histoire qui me donne faim, il y a aussi les ingredients très personnels de ta recette littéraire.

   jfmoods   
12/4/2015
Ce texte draine toute la magie de l'âge tendre. Il s'y dit une chose essentielle : c'est que la frustration (énumération manifestant l'échec : « chantage, exhortation, supplication et litanie », paradoxe : « dans un lointain proche de quatre pas à peine », gradation figurant l'inaccessible : « les casseroles semblaient s'éloigner... se perdaient », jeu antithétique prenant la forme d'un chiasme : « des désirs têtus opposés à la filasse incompréhensible des refus »), loin d'être un vecteur exclusif d'amertume improductive, alimente l'imaginaire à un prodigieux degré d'incandescence, d'intensité (champ lexical de la puissance tutélaire : « or », « régnaient », « écrasant », expression éminemment méliorative : « cette merveilleuse petite casserole de cuivre », hyperbole : « toute la mémoire de l'enfance »). Deux procédés (métaphore : « La griffe du dépit traverse dix-sept années, inchangée. », gradation : « … j'ai espéré la fléchir. », « … j'ai imaginé l'oublier. ») résument avec force l'enjeu formateur du texte. C'est que la casserole n'est pas un objet comme un autre. En elle se décante une alchimie, comme peut l'être la transformation du plomb en or (métonymie de l'entête : « la tendresse qui se transmet », personnifications : « un chocolat épais qui gardait la mémoire de la cuiller », « la mémoire se concentrait au centre de la casserole », métaphore : « son regard chocolat »). La dernière phrase du texte (« Je repense à la petite casserole de cuivre. ») laisse bien entendre au lecteur que, sans cette privation, le rapport au plaisir de l'art culinaire (cette « tarte toute tiède » apportée par la narratrice) n'aurait sans doute pas été entretenu au point que l'on vienne défier, un beau jour, la gardienne du temple (comparatif : « presque aussi bonne que la mienne »). Impossible de ne pas mentionner, en guise de conclusion, deux phrases nominales qui appuient si délicatement sur la douceur de cette relation avec Mianne (« La tendresse au lait de poule. », « Chuchotis dans mes cheveux. »), ainsi que ces deux petites touches coliniennes si finement évocatrices (« en gromelot », « sa patte d'oiseau trémule menu »).

Merci pour ce partage !


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