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senglar : Fran.co [concours]
 Publié le 14/05/23  -  10 commentaires  -  8630 caractères  -  120 lectures    Autres textes du même auteur


Fran.co [concours]


Ce texte est une participation au concours n°33 : L'ombre et la lumière

(informations sur ce concours).



« Je me redresse avec effort et je regarde :

il y a trois lumières, dirait-on.

Celle du ciel, celle qui de là-haut

s'écoule en moi, s'efface,

et celle dont une main trace l'ombre sur la page.


L'encre serait de l'ombre. »


Philippe Jaccottet à propos de la lumière d'hiver



FRANCISCO


Entre Fraco et Franco

il y a

Francisco


Entre Celui qui triomphe et Celui qui brille… il y a Celui qui se cache

Entre ombre et lumière il y a la pénombre

C'est la pénombre que l'on transcrit

à la mine de plomb

Et l'obscurité

aux encres fumées et ferriques


Le ciel est d'un bleu crayeux tirant sur le gris. Les papillons tardifs de nacre sombre se confondent avec le feuillage des sapins dans une luisance glauque. L'automne vient de se terminer. Ombre sur ombre. Cendre sur cendre.


Emmagasiner la lumière, elle est là d'un crépuscule l'autre, en retard le matin, tôt partie le soir. Il y en a moins qu'en été mais autant qu'on en veut prendre tant on peut y puiser à volonté. Il n'y a qu'à se servir, c'est à la fois un tonneau des Danaïdes et une manne, aux nébuleuses semblances colloïdales. On a beau s'en rassasier il en reste toujours autant. Pour l'individu lambda elle est, comme le bon sens, la chose du monde la mieux partagée.

Encore faut-il regarder vers le ciel, sinon elle se mélange avec les ombres même si ces ombres sont moins prononcées que pendant les beaux jours.

Quand on a fait sa moisson on la passe au crible du cerveau. Tout là-haut aussi, sous la voûte du crâne. À en faire s'affoler les neurones afin de la rendre sur le papier, de la restituer. Francisco s'escrime à ce jeu-là.

Il en a fait sa muse.

Lucine.

Il est épris de culture latine.


Une muse, c'est comme le pavot, ça se cultive et l'ivresse peut s'accomplir tout comme l'exaltation. Encore faut-il avoir préparé le terrain. C'est pourquoi sa chambre est tiède et moite comme une serre où les grains sont la lumière dont il faut extirper les idées que cette coruscation* a fait germer, leur faire franchir la barrière des mots. Traduire ces illuminations, ces flamboiements. Mettre à jour le feu d'artifice de la demi-conscience, conserver aux éclairs leur foudre qui semble perdue par une incapacité à transmettre, une castration fondamentale à rendre compte.


Pour ce il faut que la fulgurance traverse le bras, l'éthéré a besoin du vulgaire pour accéder au vélin, ce nouveau terreau où il faut transplanter. Francisco cherche la pierre philosophale. Ce matin encore il avait un projet, une démarche, peut-être la solution. Il ne sait jusque-là que transcrire le simulacre des idées. Son cerveau est une caverne aux ombres sournoises où la pensée n'est qu'illusion et tromperie. Ses armées de mots ne sont que des armées de soldats fantoches tout juste bonnes à garder des tombeaux, à ne donner qu'une pâle idée de la splendeur tels ces fantassins de terre cuite de la dynastie Qin. Des armées qui disent sans produire.


Francisco n'est pas un romancier ni un poète, il lui faut cependant avoir le sens de la formule, c'est à la fois un philosophe et un théoricien. D'une certaine manière il étudie les âmes. Oui ! C'est bien l'âme humaine et ses errements qui sont sa principale occupation, ce qu'il y a en elle de sombre et de lumineux, d'horrible et de sublime. Il lui faut être éclairé pour formaliser tout cela et la lumière de l'extérieur l'aide beaucoup, elle lui est nécessaire, indispensable car elle l'alimente, même glauque, même brouillée. Ses yeux sont des miroirs sans tain qui engrangent et qui rendent. C'est à lui d'en traduire la quintessence, il doit faire œuvre d'alchimiste. Francisco est un phare. De pleins en déliés, de boucles en ligatures, de mots en épures et d'épures en hachures, il raconte et reproduit des parcours de vie, il initie des histoires, il rend compte de tous les caractères qu'il croise sur son chemin jusqu'à rapporter l'Histoire avec un grand « H ». De maillage en griffures il fait œuvre de connexion et l'encre noire devient pour lui le vecteur de l'émotion.


Terrassé par ses visions Francisco courbe la tête. Il lui incombe de finaliser le monde et ses mystères, sa beauté. Le phénix doit lui dévoiler son secret. Entre chien et loup la nuit va tomber. Il s'est effondré sur son bureau. Il est en plein cauchemar. Le plafond du réduit s'est évanoui pour laisser place en arrière-plan à un ciel chargé de nuages à la façon d'un Gustave Doré, haché de rayures entrecroisées et resserrées sur un fondu saumâtre avec de rares et minuscules ouvertures dont les contours se cognent. Dans cette semi-lumière restituée et diffuse, au tréfonds des limbes de son cerveau surgissent des chauves-souris, sœurs de l'obscurité échappées des profondeurs de l'esprit qui arrivent en ribambelles pour empêcher sa création en formant un dôme qui s'abat comme un couvercle. Un hibou agace les basques de son habit tandis qu'un autre s'accroche à son dos qu'il laboure de ses pattes griffues, un troisième se penche à son oreille pour lui chuchoter son impuissance à récréer le monde. Un stylet et un pinceau de copiste sont couchés sous son coude parmi quelques feuillets en désordre sur le plateau du bureau, inopérants. Un grand-duc accolé au chuchoteur, tête contre tête, forme avec celui-ci un oracle bicéphale, quelque Janus malfaisant, qui dénonce son ignorance. Sur le côté, légèrement en recul, un chat sur le qui-vive, l'œil aux aguets et les oreilles en alerte, prêt à noter l'éventuel fruit de ce songe diabolique a des allures de scribe accroupi. Que peut-il naître de ce glauque imbroglio ? Cet accablement brouillon accouchera-t-il de la signification de l'univers en une formule lapidaire ?


Francisco sait que ce combat est nécessaire, que ce désordre lui permettra de rendre compte de la genèse, qu'au réveil il pourra renvoyer sa propre lumière à la lumière qui le baigne, que l'osmose sera accomplie, le mystère résolu, que sa main dominera le tracé de la plume et du pinceau, que l'ombre des mots consignés rendra compte de l'averse de rais en mitraille qui l'éclaire car cette grêle s'appelle émotion et que le lecteur ému, bouleversé, éprouvera le même ravissement. L'alchimie aura opéré. Il aura créé et vaincu les monstres par-lui même engendrés. Il aura vaincu l'ignorance et l'impuissance. Sa lumière intérieure aura été son faisceau de licteurs. Il communiera. Sa raison retrouvée il sera connecté avec le monde. Il lui aura simplement suffi de la mettre en sommeil pour se confronter à l'insondable et à l'indicible. Les hiboux auront décimé les chauves-souris et seront retournés aux ténèbres qui sont leur domaine. Dans les vitrines de sa mémoire Francisco aura épinglé quelques chauves-souris annonciatrices de la folie échappées au massacre, il aura empaillé trois ou quatre hiboux méphistophéliques jugés sur des perchoirs, échantillons qui veilleront dans la pénombre de cet insolite cabinet de curiosités. Il sera le témoin et le gardien de ces monstres des temps obscurs, leur dompteur, leur démiurge. Le montreur et le passeur. La voie royale lui sera ouverte où son imagination le mènera au pays des arts et des merveilles.


Le chat à ses pieds sera le témoin de cette nuit de Walpurgis, transfigurée, révélatrice à l'image de la nuit pascalienne. Illuminé par la grâce, inspiré, Francisco se redresse, trace quelques mots, tout juste une phrase sur le devant du bureau :

«El sueño

de la razón

produce

monstruos»


On est en 1799, le monde a changé de visage. Il continuera d'en changer. Baudelaire chantera le visionnaire un demi-siècle plus tard.

« C'est un phare allumé sur mille citadelles »


Ombre et lumière

PHARE parmi les phares

il s'appelle


GOYA


El romántico


________________________________________________

Nota Bene :

El sueño : « Le sommeil de la raison engendre des monstres. »

Plus avant, « L'imagination sans la raison produit des monstres impossibles ; unie avec elle, elle est mère des arts et à l'origine des merveilles. »

* Coruscation : éclat lumineux vif et passager.


 
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   Anonyme   
14/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
Autant le dire tout de suite : la lecture de votre nouvelle m'a été pensum, en Espace Lecture comme à l'instant. Pourquoi me l'infliger deux fois ? Parce que, d'évidence, vous avez travaillé le texte, avez cherché à exprimer, êtes allé ou allée à ma rencontre, moi lectrice. Dommage que j'en retire l'impression non que vous avez cherché à me faire connaître d'abord Goya (dont je ne sais à peu près rien, sauf qu'il a saisi l'occasion d'une commande de portrait de la famille royale espagnole pour afficher une jolie collection de fins de race), mais en premier lieu votre écriture sur Goya, votre vision de lui. Je trouve caractéristique que vous ayez introduit un anachronisme criant dans votre récit d'une nuit tourmentée et créatrice de l'artiste, je fais allusion aux « fantassins de terre cuite de la dynastie Qin » découverts au vingtième siècle. Je me sens donc invitée à m'installer un instant non pas dans la tête de Goya mais dans la vôtre écrivant sur Goya. En d'autres termes, à mon avis le texte ne s'efface pas devant son sujet, j'éprouve un peu le même agacement que devant la représentation théâtrale d'une pièce classique où le metteur en scène a tenu à mettre en avant sa vision propre sans avoir la subtilité sournoise de tenter de me faire croire qu'il a cherché à transmettre celle de l'auteur.

Je relève une écriture élaborée, recherchée, pas vraiment selon mes goûts car pas assez retorse dans son flamboiement. En fait, en matière littéraire, je préfère la fausse modestie. Je citerai cette phrase :
Cet accablement brouillon accouchera-t-il de la signification de l'univers en une formule lapidaire ?
qui illustre ce que représente l'effet global de votre récit sur moi. La réponse en ce qui me concerne est : non.

   Asrya   
14/5/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
"Emmagasiner la lumière, elle est là d'un crépuscule l'autre, en retard le matin, tôt partie le soir." je n'ai pas compris cette phrase.

Il semble que l'auteur ait pris plaisir à construire des phrases, à contourner le simple pour tenter d'en extirper une possible quintessence.
Travail d'orfèvre, travail passionné, probablement, mais travail qui n'est pas sans souffrance pour le lecteur.
Comme tout art, on trouve des partisans, des détracteurs, et des indifférents.
Pas d'éclat pour moi à la lecture.

Il faut dire que la thématique abordée n'est pas d'un grand intérêt à mes yeux, et... vous goûtez malheureusement une subjectivité qui n'est pas heureuse.
Ceci-dit, je suis relativement ouvert et me laisse parfois prendre dans des textes dont l'appétence me fait défaut ; ici, cela n'a pas été le cas.
Le texte m'apparaît assez hermétique, par méconnaissance de la personne de Goya, de son histoire et de ses talents ; et il faut dire que vous n'en parlez pas tant que ça. Vous partez du principe que ce dernier n'a pas besoin d'être décrit, ni lui, ni son histoire, vous nous immiscez directement dans sa manière d'appréhender l'art (du moins la manière dont vous pensez qu'il appréhendait l'art), sans vraiment partager et nous inviter dans son histoire. Je ne peux que rester à côté.

Je reconnais la "qualité" de l'écriture, si utiliser des "beaux mots" suffit à refléter la "qualité" ; d'autres y trouveront probablement plus de sensibilité.

L'intrusion dans la thématique est... sans doute bien présente, mais encore une fois, les termes "lumière" et "ombre" sont apposés avec tant d'insistance que je ne peux y adhérer.
Cela manque de subtilité, comme s'il était nécessaire d'en parler pour montrer aux lecteurs qu'on est bien dans la thématique.
A vrai dire, cela ne m'a pas convaincu non plus.

Au plaisir de vous lire à nouveau, bonne chance pour le concours.
Asrya.

PS : je ne mets que "convenable" pour l'écriture, par manque de "partage" avec le lecteur, par manque de détails narratifs, d'intrusion dans la vie de Goya ; non pas par faiblesse lexicale ou syntaxique.

   jeanphi   
14/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Vous présentez l'ébauche d'un essai.
On entre dans la pensée créatrice et ses affres, la dimension d'authenticité y est très puissante. Votre personnage est présomptueux, telle est parfois la nécessité de grands esprits tenus à de grandes ambitions. J'ignore si cela, cette dépravation et ce caractère iconoclaste coïncident avec la réalité de l'artiste en question.
À contrario des avis précédents, ce texte me semble bon au-delà de sa forme, car il transmet quelque chose de l'ordre de la multitude de l'esprit. L'auteur montre qu'il sait se défaire des conventions rationnelles, voir les transcender.
Selon mon avis personnel, il s'agit de la meilleure des nouvelles présentées jusqu'à présent pour le concours. Si le but était d'impressionner, sur moi, ça a fonctionné.

   plumette   
14/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
texte vraisemblablement librement inspiré de la gravure de GOYA " le sommeil de la raison engendre des monstres"

je pense que votre texte aurait gagné à être associé à l'image.

Vous proposez, me semble-t-il une lecture de la démarche créatrice du peintre et graveur, c'est cérébral et écrit, presque trop écrit!

Mais, je n'ai pas été vraiment éclairée! et j'ai même été très déroutée par le dernier paragraphe où vous mêler plusieurs démarches : peinture et écriture.
"...que ce désordre lui permettra de rendre compte de la genèse, qu'au réveil il pourra renvoyer sa propre lumière à la lumière qui le baigne, que l'osmose sera accomplie, le mystère résolu, que sa main dominera le tracé de la plume et du pinceau, que l'ombre des mots consignés rendra compte de l'averse de rais en mitraille qui l'éclaire car cette grêle s'appelle émotion et que le lecteur ému, bouleversé, éprouvera le même ravissement."
j'ai vraiment eu du mal vous suivre, malgré ma bonne volonté!

   Vilmon   
14/5/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Bonjour, merci à Plumette de me permettre de mieux orienter ce commentaire. En voyant la gravure de Goya du British Museum apparaître à mon écran, j'ai partiellement compris. Mais, ma lecture a été fastidieuse, comme le signalent socque et Asrya. À plusieurs occasions, j'ai failli jeter l'éponge. J'ai terminé avec une sensation d'inachèvement et d'incompréhension. Plusieurs phrases me sont obscures dans leur déchiffrement. Il me semble qu'il manque parfois une virgule dans leur construction. En voyant la gravure de Goya, j'ai compris que l'auteur voulais en faire une description et deviner la démarche cérébrale du peintre pour la créer. Je n'ai pas saisi si le texte donne l'explication du message que Goya voulait transmettre avec cette gravure, une interprétation aurait été intéressante.
Désolé, j'ai trouvé ma lecture trop laborieuse et sans Plumette, je n'aurais rien compris à la démarche du texte.

   Corto   
15/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
L'auteur a posé très haut son objectif et a entraîné son texte dans une grande complexité. Faut-il applaudir ou faut-il se récrier ? Je n'ai pas fini de m'interroger.
Il s'attaque sans peur au sujet du concours "L'ombre et la lumière", il crée dès l'entrée les bases du développement avec cette belle citation de Jaccottet qui servira de clef pour pénétrer le texte.

La construction de celui-ci nous ouvre de belles portes de compréhension avec des débuts de paragraphes subtiles:
"Emmagasiner la lumière, elle est là d'un crépuscule l'autre, en retard le matin, tôt partie le soir." / "Une muse, c'est comme le pavot, ça se cultive"./ "Francisco n'est pas un romancier ni un poète, ...c'est à la fois un philosophe et un théoricien" / "Il lui incombe de finaliser le monde et ses mystères, sa beauté" / etc.

On voit ainsi à quel point l'auteur a exploré le bouillonnement tumultueux qui occupe l'esprit et le corps de l'artiste, celui qui voudrait enfin maîtriser ce jeu sans fin entre l'ombre et la lumière, jeu dont il est lui-même le jouet.
Il vit dans l'espoir de la victoire pour ce jour où "Il aura créé et vaincu les monstres par-lui même engendrés".

Cette magnifique exploration ne me fait pas oublier ce que je vois comme une grande maladresse, je veux parler du titre dont est affublée cette nouvelle. Sans doute par hispanophilie j'ai reçu comme un coup de poing ce "Fran.co" qui pour son malheur ressemble trop à Franco. Mon esprit a immédiatement entendu: Guernica, Federico Garcia LLorca assassiné, massacres, exil mortifère, dictature etc.
Bien sûr le malaise s'est ensuite dissipé mais l'auteur aurait dû absolument éviter ce risque de confusion entre Francisco le Grand et Franco le petit.

A part cet écueil je salue le beau travail qui nous est donné ici.

   Disciplus   
15/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
La "réflexion-dissertation" sur le cheminement de pensée d'un Goya en pleine invention est tout à fait recevable, bien qu'extrêmement "triturative" pour les neurones. Pas aisé de suivre la progression qui nous est proposée.
Le vocabulaire volontairement recherché aura tendance à décourager le lecteur. (Essayez de placer "coruscation" dans une conversation).
Plein cœur du thème : La technique utilisée par Goya (eau-forte) pour ces "Caprices" nécessite, à coup sûr, une maitrise parfaite des jeux de lumières et d'ombres. Il en connaissait bien les contraintes (son père était un graveur reconnu). La part d'ombre d' "El sueño de la razon produce monstruos" (en français : Le sommeil de la raison engendre des monstres) est encore en discussion.
Je salue le travail fourni.

   Catelena   
15/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Quelle belle et subtile illustration pour le thème du concours, que celle de ce peintre acquis aux idées des Lumières.

Le titre, énigmatique, attire inexorablement. D'emblée on comprend que le point a son importance...
Pour Franco, je sais. Mais qui est Fraco ?
J'ai bien pensé à Fra Angelico qui aurait été raccourci pour la cause. L'auteur éclairera sans doute ma lanterne...

Ceci dit, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt cette nouvelle qui m'a replongée dans l'Histoire. Celle où l'Art se pare de conscience pour rejoindre celle avec son grand H.

Je retrouve le portrait bouillonnant du ténébriste espagnol. Lui qui préfigure le Romantisme dans son un art très personnel, noir et tourmenté, marqué par ses angoisses comme par l’histoire de son pays, marqué par l’Inquisition et le fanatisme religieux.

J'ai particulièrement apprécié les entames de chaque nouveau paragraphe.

Chacune d'elle m'a littéralement enveloppée d'évidence avant de m'emporter dans son tourbillon :

- « Le ciel est d'un bleu crayeux tirant sur le gris. Les papillons tardifs de nacre sombre se confondent avec le feuillage des sapins dans une luisance glauque. L'automne vient de se terminer. Ombre sur ombre. Cendre sur cendre. » très poétique ;

- « Emmagasiner la lumière... » ;

- « Une muse, c'est comme le pavot, ça se cultive et l'ivresse peut s'accomplir comme l'exaltation. » ;

- « … l'éthéré à besoin de lumière pour accéder au vélin.. » ;

- « Francisco n'est pas un romancier ni un poète... » ;

- « Terrassé par ses visions, Francisco courbe la tête.» ;

et ainsi, jusqu'à la fin.

Voilà le genre de lecture que j'affectionne particulièrement : lorsque une écriture aboutie m'entraîne à fouiller dans les ombres et lumières d'où jaillissent d'indubitables talents.

Un moment de lecture durant lequel on se sent vivant.

Merci pour le partage. Et bonne chance pour le concours.

   Cyrill   
16/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
Bonjour,

Je traduis l'intro de cette façon : entre Fra( Angeli)co et Franco le dictateur, est né le peintre Goya, objet d’étude de l’auteur.
Il y a aussi un Fraco auteur de BD né en 1970, m’apprend le net : mais ça tue ma théorie de la chronologie. Je laisse tomber.

Après donc avoir bien pataugé à décoder ce mystère, je lis une mise en scène dans laquelle sont exposées les affres par lesquelles passe le Goya de l’auteur : il se glisse dans sa peau supposée pour rapporter au lecteur les supposées motivations de sa peinture, principalement une œuvre en particulier, série de croquis, très beaux, d’après ce que j’ai pu glaner sur le net avec « Le sommeil de la raison engendre des monstres ».

Bien écrit, certainement documenté, ce texte me paraît bien trop sage et policé par rapport à la folle inquiétude existentielle qui se dégage de ces croquis. Ceux-ci sont pourtant décrits avec force détails supposément terrifiants, mais peu troublants. J’ai eu l’impression de lire une version écrite édulcorée de l’image.

Cette focale qui consiste pour ce que j’en comprends en une usurpation d’identité me dérange, même si vous parlez de Goya à la troisième personne. Auriez-vous déclaré que vous rendiez compte de votre propre ressenti à la contemplation des œuvres, ma lecture eût été autre.

Merci pour le partage

   Donaldo75   
28/5/2023
Voici un texte où les avis des commentateurs sont souvent divergents ; je vais tenter de placer le mien. J’aime bien le début, la partie centrée. Ensuite, je me perds dans de la culture étalée sur la page avec des phrases et des formules qui peuvent faire « genre ».

Je cite (c’est trop symptomatique de l’ensemble) :

« Une muse, c'est comme le pavot, ça se cultive et l'ivresse peut s'accomplir tout comme l'exaltation. »

L’écriture est travaillée, parfois tellement que le message est perdu en cours de route. D’ailleurs, il y a-t-il réellement un message ? Je me suis posé cette question à plusieurs reprises, avec la suivante. Le lecteur existe-t-il ici ? Je ne suis pas convaincu que la réponse soit « oui ». Au passage, si j’avais voulu parodier le style du texte, j’aurais pu écrire : « rien dans l’absolu d’une recherche symbolique entre le signifiant et le signifié ne m’indique une voie à suivre dans la sublime forcément sublime réponse affirmative à ce questionnement didactique. » Oui, ça aurait pu être marrant. Comme la lecture de ce texte sous acide ou en faisant le poirier.

J’aime bien le personnage de Francisco. Pour moi, il sert l’auteur dans son narratif comme celui de Gœtz dans la pièce de Jean-Paul Sartre intitulée « Le Diable et le Bon Dieu ». Et c’est peut-être dans ce genre de délire que j’attendais d’être embarqué.


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