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Sentimental/Romanesque
Constance : Jules
 Publié le 04/01/17  -  15 commentaires  -  8595 caractères  -  66 lectures    Autres textes du même auteur

Jules, jeune homme terrassé par la douleur de la perte de son compagnon, s'est envolé pour Istanbul. À la recherche du lieu idéal pour écrire, l'a-t-il trouvé dans cette ville mythique ?


Jules


Istanbul, les passagers du vol 320 de 8 h 30 sont debout dans les allées, tous plus pressés les uns que les autres de sortir de l’avion. Sauf un. Au sixième rang, côté hublot, au-dessus des ailes, l’homme range, sans précipitation, son livre, son carnet de moleskine rouge et ses lunettes dans le sac enfoui sous son siège. La passerelle est bondée et il attend son tour. Il est le dernier à entrer dans le bus conduisant les passagers vers l’aérogare internationale. Le démarrage est impétueux et il s’agrippe à la poignée, au plafond, qu’il atteint du bout des doigts et sur la pointe des pieds. La fente arrière de son long imperméable, crème, s’ouvre légèrement. De sa poche droite dépasse un passeport dont la couverture éculée montre qu’il a parcouru le monde. Longue file d’attente devant l’unique guichet de la douane, ouvert.

Les bagages arrivent sur le tourniquet : un tour, deux tours… Il ne voit toujours pas les siens. Le tunnel s’ouvre une nouvelle fois et libère une valise, gris métallisé, en plastique robuste. D’un geste habile il déploie la poignée télescopique et se dirige vers la sortie.

Le chauffeur mandaté par l’agence de voyage l’attend juste derrière la porte dont les battants s’écartent automatiquement, dans un bruit de feuille froissée. Il a identifié sans difficulté l’homme qui l’attend, brandissant une ardoise où le nom de son client est écrit à la craie blanche.

Il s’est confortablement installé à l’arrière, dans la berline marron foncé qui fraie son chemin avec assurance dans la vieille ville. Il y a retenu une chambre au « Pera Palace », un hôtel historique dont il n’a lu que des avis positifs. Le voici arrivé. Il met le pied à terre et s’attarde un moment dehors, pour observer la façade XIXe, du pur néoclassique. Le concierge en livrée noire, casquette siglée, aux initiales de l’institution (PP), et gants gaufrés, lui désigne la réception. Ses bagages ont été posés sur un de ces chariots roulants, en forme de cage à oiseaux dorée, à ciel ouvert.

Les pas de l’homme s’enfoncent dans l’épaisseur de la moquette chamarrée aux motifs orientaux. Une lumière crue jaillit des appliques en stuc épais.

L’hôtesse d’accueil, d’origine asiatique, s’adresse à lui en anglais. Il lui répond en français. Après avoir vérifié la réservation, elle lui tend une fiche en carton souple qu’il remplit, d’une écriture lente, en s’appuyant sur la banque.


Nom : Desrouvres.

Prénom : Jules.

Date de naissance : 17/07/1957.

Lieu de naissance : Santiago de Cuba.

Adresse : 7, rue La Boétie, à Paris 8e.


Elle se saisit du document et il lui tend sa carte de crédit dont elle mémorise les empreintes. Elle est interrompue dans cette formalité par la sonnerie de son portable. La conversation se prolonge et il s’agace. Sans un mot, esquissant un léger sourire, elle lui rend enfin sa carte bleue ainsi que la clef de sa chambre, au 4e étage, numéro 41 précise l’étiquette accrochée à un anneau. Il décline l’invitation du liftier et emprunte l’escalier en bois massif. Spacieux jusqu’au 3e étage, il se rétrécit ensuite à l’approche des toits.

Sa chambre est au fond du couloir, à droite. Il glisse la clef dans la serrure qui résiste. Il doit s’y reprendre à trois fois. Enfin, la porte s’ouvre avec un petit soupir épuisé. Il a voulu cette chambre, à l’écart.

Avant de se défaire de son imperméable, il vide ses poches et dépose ses effets sur la table. Le téléphone lui rappelle qu’il n’a plus personne à prévenir, en France. Son compagnon, Dave, veillé nuits et jours, dans la phase terminale de son sida, est mort, il y aura bientôt un an à l’hôpital Saint-Louis. Avec ses propres parents, lui, Jules, n’a pas renoué les liens rompus après s’être « pacsé » avec l’homme de sa vie. Il redoutait d’affronter la désapprobation de son père et savait que sa mère ne voudrait pas prendre parti.


Cette chambre sera le lieu où il écrira le roman de son amour refusé. Ce lieu, il l’avait cherché, en vain, ces derniers mois, de pays en pays. Il l’avait cherché dans le désert du Sinaï – où il avait répandu les cendres de Dave – ; à Cape Town, où Dave avait vécu une enfance heureuse – et à Londres – où il avait fait ses études d’arts plastiques. Dans chacun de ses endroits, l’émotion l’avait trop envahi. Ils s’étaient connus lors d’une exposition, à Paris. Jules était alors critique dans le service culture du Monde.

Cette chambre miniature, il sait maintenant, lui offrira le havre souhaité pour se consacrer à son récit. Quel plaisir que celui de toucher les rideaux d’une étoffe mousseuse glissant entre ses longs doigts ! Sa mère aurait tellement voulu qu’il soit pianiste, comme elle… Ne pas se laisser assaillir par les regrets. Il poursuit ce tour du propriétaire. Ouvre le bureau cylindre, en loupe de merisier. Aux murs, deux lithographies en noir et blanc de Nicolas de Staël représentent des nus couchés. Dans l’armoire, il pend ses trois pantalons, sa veste en tweed achetée l’année où ils ont appris la maladie de Dave. Il range sa demi-douzaine de chemises, repassées par Marina, la femme de ménage. Il n’a emporté ni cravate, ni costume. Il s’est préparé un emploi du temps studieux et ses sorties seront rares.

Il peut maintenant s’accorder un bain, avant de se mettre au travail. L’eau est tiédasse constate-t-il, la main sous le jet du robinet. Le quatrième étage est le dernier servi, accepte-t-il en lui-même.

Ce petit inconfort est le prix à payer pour la tranquillité. Tant pis, il ne s’attardera pas dans la baignoire.

Dans le miroir suspendu à une chaîne métallique, au dessus du lavabo, il ne peut s’empêcher de pousser un profond soupir : ses rides se sont creusées autour de la bouche et lui donnent une expression triste.

Résonne la voix du muezzin, dont l’enregistrement qui s’échappe du minaret voisin appelle à la prière de la mi-journée. Elle le rappelle à sa raison d’être ici. Avant, il s’octroie une ultime récréation et pousse la fenêtre pivotante. Il devine, au loin, la mer de Marmara et ses somptueuses demeures, aux jardins luxuriants. Lui reviennent les descriptions des romans de Pamuk…

Il allait s’asseoir à son bureau quand il aperçoit, en bas, dans la rue, un jeune garçon, tout de blanc vêtu qui agite la main droite. « Est-ce à moi que ce geste s’adresse ? » Jules est troublé. Il s’habille rapidement, car il était resté en peignoir, claque la porte et descend quatre à quatre les marches. Dans l’avenue Istiklal, il croise une mariée, en apparat, portée en majesté sur un trône, la tête enrubannée de fleurs naturelles. Le cortège avance aux cris des youyous. Le bel éphèbe était-il son amoureux défendu ? Elle, dont le cœur avait été, sans doute promis à un riche par des parents confits d’arrière-pensées. En vain il recherche cette silhouette gracile.

Trente ans plus tôt, dans l’internat de son collège, il a connu un jeune garçon, Ivo, réincarné sous les traits de la silhouette, aperçue tout à l’heure. Ce garçon, il l’avait aimé en silence. Un jour il avait disparu sans qu’il en connaisse la raison. Plus tard, il apprendra qu’il avait fugué pour retrouver ses parents, des réfugiés politiques, placés dans un lieu de rétention. Il avait beaucoup souffert du départ de ce copain de classe, différent des autres et originaire de Croatie, un ailleurs qu’il ne connaissait pas. Voilà qu’aujourd’hui son souvenir, et son visage, reviennent à la surface de sa conscience. Il se rappelait qu’Ivo lui avait offert un jour des loukoums à la rose, préparés par une de ses tantes turques qui l’avait accueilli pendant les vacances de la Toussaint. Jules ressentait l’envie impérieuse de goûter, à nouveau, ces pâtisseries orientales qui s’abandonnaient sur la langue, en laissant une traînée pâteuse, tel un baiser du bout de la nuit. Ni guimauve, ni pâte de fruit, cette douceur de là-bas saurait mettre son imagination en émoi. En acheter dans une de ces boutiques qu’embaument les sucreries déclinées dans toute la palette des couleurs pastels.

Lui reviennent ces vitrines opulentes entraperçues sur le chemin de l’hôtel, dans le taxi.

L’écriture l’a déjà envahi avant même qu’il soit de retour dans sa chambre. Page après page, parfois le jour, parfois la nuit, il écrit sur écran jusqu’à en perdre haleine. Il est possédé par son histoire partagée entre deux amours confidentiels. Trois semaines plus tard, il refermera son ordinateur. Ce manuscrit, il le gardera rien que pour lui.

À midi, ce jour-là, celui du départ, le voilage frémit. De la rue montait le chant mélodieux d’un jeune homme à la guitare. Il renaissait.


 
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   toc-art   
13/12/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Je suis plutôt déçu par la structure du texte. L'arrivée en Turquie et l'installation à l'hôtel sont décrites minutieusement et la transformation de Jules est bâclée en 3 malheureuses lignes.
Autre chose qui m'a dérangé, c'est le changement d'humeur vraiment très soudain à la vue du garçon dans la rue. De la mélancolie latente à la cavalcade dans les escaliers pour le rejoindre, même s'il lui rappelle un amour passé (entre nous, depuis le 4e étage, il a une sacrée bonne vue, le Jules !), le changement m'a vraiment paru trop brutal.
par ailleurs, l'évocation de l'amour perdu manque de relief et de chair. Je n'ai pas ressenti la puissance de cet amour qui reste assez abstrait, sans substance.
Enfin, je trouve un peu dommage que l'auteur n'ait pas mis autant de minutie à décrire un ou deux lieux de cette ville magnifique que l'arrivée.
L'écriture est agréable. J'ai tiqué à "il le gardera rien que pour lui" qui me semble maladroit et j'aurais conservé la dernière ligne au présent.
Je crois que ce texte aurait gagné à être approfondi. Il y avait semble t il assez à dire pour prolonger et étoffer le récit.
Bonne continuation

   plumette   
17/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce texte m'a fait voyager, dans plusieurs dimensions.

Une dimension géographique avec cette arrivée à Istanbul et les formalités diverses et évocatrices jusqu'à l'arrivée à l'hôtel, le tout décrit à la fois avec précision et légèreté, avec ces petits détails qui installent une ambiance et permettent au lecteur de se projeter.

Une dimension plus intime, trés douce, assez mélancolique, un voyage dans la vie de Jules. Par petites touches, on apprend qui est Jules, les raisons de sa présence à istanbul, ce dépaysement voulu qui lui permet de replonger dans son passé sans le poids jugeant de sa famille.
Quelle belle image que la silhouette entrevue derrière le voilage de la fenêtre qui lui permet de renouer avec ses émotions d'adolescent et le déclenchement du processus d'écriture.

Merci pour ce beau texte sensible !

Plumette

   matcauth   
4/1/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Constance,

C'est un agréable moment de lecture, ce texte présenté comme une peinture, par petites touches, parfois de grandes, mais pour au final nous offrir un tableau complet et qui se suffit à lui-même.

C'est d'ailleurs paradoxal, car l'arrivée est longuement détaillée tandis que la transformation du personnage se fait de manière rapide. Mais vous avez su instaurer un contexte que l'on vit pleinement, ou l'on se fond avec le personnage, ses doutes et ses envies. C'est assez réaliste également, ce besoin d'aller dans un endroit très précis, avec des codes très adaptés au ressenti du héros. Tout est prêt pour la renaissance attendue.

Je note l'écriture, et le fait qu'on ne décolle pas du texte, qu'on entre en immersion dans l'histoire. Mais je regrette le renouveau trop rapide et les changements d'humeurs très soudains.

Un bon moment de lecture.

Mat.

   Anonyme   
4/1/2017
Vous avez réussi à écrire, en langage écrit, comme si vous parliez, bravo. J'ai adoré cette histoire. Je vous écoutais me raconter l'horrible départ, le temps qui passe, l'âge, le retrait souhaité, la recherche de l'écrit qui se meure, et puis, surgi du passée, émergeant dans le réel une silhouette jeune, fugace, l'éternel, la vie qui vient et l'écriture qui revient... dans la petite chambre... et j'y étais...
Merci pour ce moment et très bonne continuation.

   MissNeko   
4/1/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour

J ai aimé :
- le fait de voyager à travers ce texte
- certaines phrases sont très poétiques comme dans ce passage : "les pâtisseries orientales qui s’abandonnaient sur la langue, en laissant une traînée pâteuse, tel un baiser du bout de la nuit. Ni guimauve, ni pâte de fruit, cette douceur de là-bas saurait mettre son imagination en émoi. En acheter dans une de ces boutiques qu’embaument les sucreries déclinées dans toute la palette des couleurs pastels."
- le sujet est touchant : un homme qu va vivre reclus pendant quelque temps pour écrire sur son passé amoureux et douloureux

J'ai moins aimé :
- le style langage parlé voire télégraphique à quelques endroits qui donne moins de profondeur au texte.
- certains passages sont trop succincts. J aurais aimé plus de détails sur son amour avec Dave.

Merci pour ce partage

   alvinabec   
4/1/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Constance,

L'intention de votre texte, empreint de mélancolie comme de nostalgie, me semble posée avec pudeur au premier abord mais laisse bientôt place à une fausse naïveté bien amenée.

Le traitement proposé me paraît, lui, sujet à amélioration(s)...La première partie concernant le vol et l'aérogare, même si elle apporte certains éléments au lecteur, est un poil trop descriptive (qqx approx, euh, ds un A320 on est sur l'aile au 6 eme rang? je ne crois pas).

Si l'on reste ds la précision extrême, il manque une phrase entre 'plastique robuste' et 'geste habile', celle où le héros saisit son bagage... Des appliques en stuc, ou même recouvertes de stuc, je ne vois pas, son amour refusé ( parental) ( ou vécu avec l'homme de sa vie?, idem entre ses deux amours confidentiels....il a qd même été pacsé avec son ami et vécu avec lui au grand jour peut supposer le lecteur)mais toutes ces babioles sont des détails disons à revoir sans grand dommage pour la narration.

La chute me semble -et trop vite expédiée et très jolie- un texte pour soi-en soi est bien vu juste là. La dernière phrase gagnerait en puissance à être au présent plus qu'à l'imparfait.

Un premier texte en devenir publié ici. A noter le réel travail stylistique.

A vous lire...

   vendularge   
4/1/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Constance,

Cette histoire est agréable à parcourir, l'écriture minutieuse, détaillée des couleurs, des matières, fait naître des images qui se marient bien avec l'idée du nomadisme, il y a une sorte de cohérence poétique et le "voyageur du monde" un peu blasé, un peu triste est un personnage attachant.

Il y a quelque chose de surprenant dans ce changement de rythme où en moins de cinq mots, il dévale les escaliers pour suivre un jeune "éphèbe"...alors que l'instant d'avant était n'était que douce mélancolie (celle qu'on entretient et qui tient chaud comme un vêtement taillé sur mesure).

J'aime un peu moins la dernière partie, celle de l'écriture du manuscrit (qui est l'élément central de cette histoire) que je trouve succincte.

merci du partage, à vous relire

vendularge

   CharlesMark   
5/1/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Une ode, se voulant douce-amère, mais non sans dénuée de triomphalisme caché, par son égocentrisme, reflétant bien notre modernité et ses valeurs. Si l'effet est conscient, et le récit non-autobiographique, bravo!

J'aurais bien aimé voir un peu plus d'Istanbul, ville aux trois empires, aux deux civilisations, qui ne transparaît là que comme un vernis évanescent de carte postale. Cela m'a beaucoup fait penser aux réflexions de Debord sur le tourisme, à l'ère du spectacle de soi permanent. De simples décors qui changent...

L'écriture est très maîtrisée, donnant l'envie de lire d'autres vos oeuvres, en espérant y trouver une profondeur plus universelle. On sent ici le drame personnel, mais peut-être un peu trop pour être partagé par toutes les âmes.

Au plaisir de continuer à vous lire.

   hersen   
5/1/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je trouve dommage que l'on perde beaucoup de temps en description de l'arrivée, qui ne représente pas un si grand intérêt. et en contrepartie, de ne pas avoir beaucoup de ce jeune homme.

La contradiction semble être la règle : je ne comprends pas que l'amour du couple ait été caché et qu'ils soient pacsés.

j'ai le sentiment que l'auteur a voulu clairement installer une ambiance, celle de la nostalgie. Mais peut-être faut-il plus que des rideaux vaporeux aux fenêtres. Je veux dire par là que je n'ai pas vraiment pu "saisir" cet homme, apparemment, les voyages semblent être quelque chose d'important pour le personnage mais n'a pas pour moi d'incidence vraiment sur le récit.

Cette recherche d'un lieu particulier pour écrire cette histoire douloureuse peut se comprendre, mais d'une certaine façon, tout cela reste très "aérien".

Quelques petites choses : je dirais que le loukoum est plus une confiserie qu'une pâtisserie; question d'ingrédients, sans doute.
Les effets me semblaient être uniquement des vêtements, et non pas ce que nous aurions en poche. mais peut-être ai-je tort.
Des détails, donc.

je trouve votre écriture très poétique et j'attendrais votre second texte sur Oniris.

A vous relire, donc,

hersen.

   Novi   
6/1/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,

Votre récit, c'est ce que je nomme "l'histoire sans histoire". Le style est sympa, l'ambiance réfléchie, mais il manque dans la narration quelque chose pour s'éprendre du personnage et surtout, vouloir savoir la suite. C'est un témoignage triste, il y a une grosse mélancolie dans ce texte... mais elle ne m'a pas intéressée ; trop de détails futiles dans les descriptions, pas assez de moments forts... c'est une nouvelle, elle doit aller droit au but, surprendre, et si on oublie le twist, elle doit au moins accrocher. Mais ça, c'est mon avis sur le récit en général. Le votre est peut être plus particulier, il évoque des images, une douleur, un pays, et une nostalgie. En cela, il réussit à intriguer. Simplement, ne soyez pas timide dans les descriptions des paysages, surtout s'ils ont leur importance, cela nous permettra de voyager !

Au plaisir de vous lire une autre fois,
novi

   Acratopege   
7/1/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Vous évoquez Pamuk et je retrouve quelque chose de son écriture apparemment sage, descriptive, associant d'une impression à une autre pour former un récit qui se compose graduellement pour devenir symphonie Mais dans une si courte nouvelle, cela me donne le sentiment de quelque chose de trop éclaté, comme si je perdais le propos en route. Quelques touches éparses ne suffisent pas à composer un tableau suffisamment consistant. Donc je reste sur ma faim. Mais le thème de la recherche d'un lieu où écrire en paix après une expérience douloureuse m'a paru intéressant, et votre écriture sans emphase, au ras de l'expérience, se laisse agréablement lire.

   GillesP   
7/1/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Je reconnais que le texte est bien écrit, d'une manière somme toute "classique", mais pas vieillotte (grâce, notamment, à l'utilisation du présent de narration). Certains détails pourraient être améliorés ("il met le pied à terre", j'aurais enlevé l'article "le"; j'aurais conservé le présent dans le dernier paragraphe...).
Mais je n'ai pas vraiment réussi, en revanche, à comprendre l'intérêt de l'histoire: Jules a perdu son amour, il écrit un récit qui lui permet de faire son deuil... Soit, serais-je tenté de dire. Et alors? Cela dit, j'ai du mal à étayer mon argumentation. Cela doit être, je pense, une affaire de goût..
Au plaisir de vous relire.

   Tadiou   
10/1/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Je n'ai pas accroché au rythme que je perçois comme lent et lourd avec beaucoup de détails pesants qui n'apportent rien. Il ne se passe pas grand'chose, ah! si! J'ai frémi à la fin avec l'évocation d'Ivo; j'en attendais du coup beaucoup : hélas! c'était fini!

Mais cela pourrait faire un beau récit plein de rêves, de réminiscences, de résurrections; avec d'autres équilibres.

   silvieta   
12/1/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
L'introduction (celle en italiques) est elle adéquate?
le long premier paragraphe, bien campé, réaliste ( les voyageurs y retrouveront ces longs moments de désorientation mais aussi d'espoir que l'on éprouve en débarquant dans les aéroports de vacances) ne nous montre pas tellement que Jules soit si terrassé de douleur par la perte de son compagnon. Il avait pourtant trois fois matière à se le remémorer: avant l'atterrissage, dans la file d'attente, devant le tourniquet...(petit détail pratique: on passe plutôt la douane APRES avoir réceptionné ses bagages, non?)

On perçoit rarement la tristesse du personnage, sauf lorsqu'elle est dite "son regard triste". A contraire la plupart des mots évoquent, tout au long du passage, le plaisir du touriste :"confortablement installé" "spacieux" "jardins luxuriants" "pâtisseries orientales" "il renaissait"...OK, il renaît mais si désespoir il y a eu" il est hors de cette nouvelle, par ailleurs impeccablement écrite, très évocatrice, qui donne envie de partir en vacances là bas. Mais il y a erreur de casting.

Je verrais davantage dans ce texte une partie de roman, éventuellement la fin d'un roman, qu'une nouvelle.

Les nombreux et fort réussis passages descriptifs pourraient aussi être conservés pour figurer dans une autre nouvelle, à thématique différente ou non (par exemple Jules ou Julie pourrait arriver dans ce lieu sans porter le deuil de quiconque et y faire la connaissance d'un compagnon qu'il ou elle perdrait à la fin.)

   micherade   
27/1/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour
J'ai bien aimé l'écriture de ce texte, simple, fluide ( quelques phrases cependant de construction monotone: il...il...).
Je connais Istanbul, et je pensais me replonger dans l'atmosphère si particulière de cette ville, mais j'ai été un peu déçue: beaucoup de détails sur l'arrivée à l'aéroport, sur l'hôtel et la chambre, et peu sur la ville elle-même.
Par ailleurs le personnage vient à Istanbul pour écrire son histoire d'amour malheureuse avec Dave; or il est très vite interrompu par l'évocation d'Ivo. Deux histoires d'amour dont on se sait pas grand-chose, trop rapidement évoquées, sans émotion.
Il y a donc un déséquilibre entre l'arrivée, l'installation, et l'écriture de ces amours qui semblait pourtant essentielle pour le personnage.


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