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Humour/Détente
Cyberalx : Le jour du grand changement
 Publié le 21/07/07  -  10 commentaires  -  4862 caractères  -  63 lectures    Autres textes du même auteur

Tout peut changer au matin des élections...


Le jour du grand changement


La radio s’allume, 7h00, ce sont les Rita Mitsouko qui réveillent Paul B., une reprise de l’Hôtel particulier de Gainsbourg, il a eu pire comme réveil : hier par exemple, c’était une de ces Québécoises hurlantes et beuglantes.


Il s’étire et se rend compte avec tristesse qu’il dort toujours du même côté du lit alors qu’il est seul, bonne résolution à prendre : occuper tout l’espace de son lit sans remords.


Elle est partie, c’est tout.


Un petit café, c’est ça dont il a besoin, il ouvre ses volets, comme d’habitude, le voisin d’en face est à la fenêtre, Paul lui fait signe d’une main, touillant son café de l’autre avec son doigt (elle a emporté les cuillers), le voisin fait un pauvre sourire las, il faut dire que la voisine, sa femme, passe le plus clair de son temps à crier (1).


Il l’entend déjà d’ailleurs, cette femme hurle si souvent que ça fait partie du paysage auditif du quartier, comme les oiseaux, en moins charmant.


Quelquefois il tend l’oreille pour écouter ce qu’elle peut bien avoir à reprocher à son pauvre bougre de mari, aujourd’hui, c’est inintelligible : elle émet un son qui ressemble à quelque chose comme « brorgorbor… Borgror », peut-être des origines slaves.


C’est dimanche, il n’y a rien à faire d’habitude le dimanche mais aujourd’hui, c’est le jour des élections : un jour, tous les cinq ans où il est permis de penser que tout pourrait bien changer.


Paul aime les élections, l’impression que pour une fois, il partage vraiment quelque chose avec ceux et celles qui l’entourent dans sa vie de tous les jours.


7h30, rasé de frais et habillé, il va se promener le long du quai des bouquinistes, c’est un endroit où il aime flâner, peut- être un des derniers endroits de Paris qui ne soit pas touché par la frénésie, la folie, la nervosité ambiante.


Une demoiselle lui tape sur l’épaule, il se retourne en souriant, questionnant du regard, l’inconnue lui montre son portefeuille au sol, quel étourdi il fait !


Frappé par la beauté de la jeune fille, il bafouille un peu avant de lui dire :


- Merci beaucoup, les honnêtes gens se font rares dans le quartier.


Il regrette aussitôt sa phrase d’une assommante banalité.

Elle sourit et lui glisse d’une adorable voix pétillante :


- Borbrrror, brorgobor.


Sans doute une étrangère, c’est bien sa veine, il ne parle que le français et est bien trop démoralisé pour draguer en faisant des petits dessins.


Il se dirige d’un pas lent jusqu’à l’école où il est censé voter. « Allons retrouver nos compatriotes, » se dit-il, riant intérieurement de sa pitoyable existence.


L’école est bondée à cette heure pourtant matinale, il y a déjà au moins cinquante personnes qui attendent à l’entrée de l’école Raymond Bor.


Les gens ne discutent pas, ils prennent la chose au sérieux : « Ah, si au moins cette fois-ci quelque chose pouvait changer ! » Peut-être est-ce naïf de penser ça, mais il s’en fiche, s’il n’a pas le droit d’être optimiste une fois par quinquennat, il ne lui reste plus rien.


Une petite fille se promène au milieu des gens et Paul ne peut s’empêcher de penser qu’il y a des parents irresponsables : laisser déambuler une gamine par les temps qui courent, sans surveillance, c’est presque criminel.


La petite fille qui marche sans regarder devant elle, trébuche et vient se cogner violemment la tête contre le genou de Paul.


Celui-ci, la relève et lui fait un sourire rassurant, la petite le regarde avec des yeux pleins de haine et lui crie de toutes ses forces :


- Borgor ! borgroborgroooor !


Paul ouvre les mains afin de laisser repartir la petite, il a une drôle d’impression : quelque chose lui échappe.


Autour de lui, les gens le regardent d’un œil suspicieux et murmurent :


- Brrror borogroor…


Paul se sent mal, sa tête tourne et de petites étoiles blanches scintillent aux abords de son champ de vision, il serre les dents, il tiendra bon jusqu’à ce qu’il ait voté.


Quand arrive enfin son tour d’aller dans l’isoloir, une vieille dame lui sourit en lui tendant une enveloppe contenant le nom des candidats à la Présidence de la République, il prend l’enveloppe d’une main tremblante et il entend à peine la vieille dame lorsqu’elle lui demande d’un ton très doux :


- Borbogor bobobogror ?


Dans l’isoloir, il ouvre l’enveloppe et c’est sans surprise qu’il découvre le nom des candidats : Jean Marie Borgrobor, Arlette Gorbroor, Olivier Grror, Ségrorrro Rogror, Nichogre Sarkogror…


Enfin, il comprend ce qui est en train de se passer, tout est clair, c’est sensé, tout est grobror devant lui depuis grroor le début, laborgrolution grooorbror grobobogor grobor, même si groborgrog et que grobor, goooor.


Groborg borgrrogrogr ?


_________________


(1) Voir le poème "Ma voisine" sur Oniris.


 
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   Tchollos   
13/8/2007
Je suis mort de rire. Je me demande si ça vaut encore la peine de commenter pour redire à quel point tu écris bien, c'est si facile à lire, si mélodieux, si dynamique. A ton style particulier et ton énorme talent s'ajoute une capacité de production incroyable, c'est peut-être ton seul point faible en fait. Qui trop embrasse mal étreint...J'veux dire, tu n'a plus à prouver le pouvoir de séduction de ton écriture et de ton imagination, mais alors pour quand le "vrai" investissement? Tous tes textes sont comme des friandises délicieuses, préparent-ils la voie d'un repas gastronomique?

   oxoyoz   
13/8/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Tout comme Tchollos je dirais, même que broogo dogroooboh, horoogroos. Boroohoohho, grohhobroor rorohhrobo obooogo, bgoooh ogob ogobhoo obg oohohooh bggog boh. Obgogogbb hohohb ohhho ohh bhohoh ohboh, bhooogroroo^^. OoOoOoOo

   Bidis   
26/8/2007
 a aimé ce texte 
Passionnément
Au fil de la lecture, ça devient carrément un suspense – angoissant même – et en tout cas jubilatoire.
Et puis zut, on arrive tout de suite à la fin. Jubilatoire quand même...

Deux ou trois toutes petites choses :

« (elle a emporté les cuillers), le voisin fait un pauvre sourire las, il faut dire que la voisine, sa femme, passe le plus clair de son temps à crier»
« elle » se réfère à une personne du paragraphe précédent, c’est un peu trop de distance.
« la voisine, sa femme » : je ne trouve pas ça très heureux même si on comprend qu’il s’agit de la femme du voisin – en fait si on dit simplement « la voisine », je trouve qu’on comprend que c’est la femme du voisin

« la frénésie, la folie, la nervosité ambiante » : j’aurais préféré un troisième nom commun plus fort que la nervosité (ou alors la nervosité en premier) -- et pas d’adjectif, je trouve qu’« ambiante » déforce le tout

   xuanvincent   
22/7/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Curieux texte... qui m'a d'abord intriguée puis amusée.

Où l'étrange fait irruption dans le quotidien le plus banal...

Une intrigue à partir d'une sorte d'onomatopée étrange? pourquoi pas ? !

Tout n'est pas dit, le lecteur peut imaginer différentes interprétations à ce changement annoncé dans le titre.

   widjet   
28/8/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Arghh j'en aurais bien pris des louchées supplémentaires de cette tranche de vie où le burlesque et le surréalisme font une irruption inopinées et savoureuses dans un quotidien bien morne !
Mais j'ai passé un moment sympa, même si je regrette la fin trop abrupte ; un peu comme si quelqu'un m'avait chiper ma glace pendant que je la dégustais !
Je suis moins fana de la forme où certaines phrases sont un peu maladroites ( paysages auditifs et des adjectifs pas toujours utiles (hurlantes et beuglantes cote à cote). Enfin je pense que tu gagnerais à faire encore plus de phrases courtes pour souligner davantage certains effets. Ca ne "claque" pas assez (on en parlera au tchat de ce soir si tu veux).

Un bon moment quoi qu'il en soit

Widjet

   Flupke   
4/1/2009
Original, mais le surréalisme de cette nouvelle m'a un peu dépassé. Peut-être avec quelques éléments surréalistes dés le début, ou vraiment loufoques, j'aurais davantage accroché en étant au courant du ton.
J'ai bien aimé l' expression « paysage auditif »

   Anonyme   
16/2/2009
Pitié, quatre ans c'est déjà difficile, alors ne rajoute pas une année de plus ! Ca fait dix en cas de réélection ! A tout prendre, je préfère huit.
J'ai pas aimé du tout mais pas du tout du tout la fin.
Pourtant c'était très bien parti. Dommage.
Après lecture des commentaires, suis assez, très, d'accord avec Tchollos.

   Menvussa   
14/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Un petit clin d'œil désabusé, c'est amusant. mais il est tout de même grave ce mec, il n'aime pas les Rita Mitsouko.

   jaimme   
1/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Franchement c'est sympa, plutôt bien écrit, mais bon je ne partage pas l'enthousiasme général. Une idée, que je ne partage pas d'ailleurs, et un traitement qui mériterait d'être enrichi.

Oui pour la Québécoise. Encore qu'il y a québécoise et québécoise!

   carbona   
8/2/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour,

Un court texte très agréable à lire puisque bien écrit avec des petites notes d'humour sympathiques comme l'absence de cuillers. La fin laisse finalement un peu coi car on cherche à comprendre le message caché s'il y en a un.

Merci,

Carbona


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