Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Humour/Détente
daniel : Une vie deux chiens
 Publié le 09/08/07  -  3 commentaires  -  10750 caractères  -  15 lectures    Autres textes du même auteur

Exploration d'un monde inconnu.....


Une vie deux chiens


Le professeur Vallon travaillait sur ce projet depuis plus de vingt ans :


Concevoir un vaisseau spatial qui allait lui permettre de voyager aux confins de l'univers et du savoir.


Cet homme de deux mètres sans compter les talons qu'il portait parfois hauts avait pour vocation folle de s'élever dans les airs et de toujours aller voir plus loin et plus haut.

Mais il aimait aussi et peut-être plus que tout les plaisirs terrestres.

C'est peut-être pour cela qu'il partageait ses loisirs entre l'Observatoire National d'où il pouvait scruter les astres et les boîtes de nuit d'où il pouvait toiser le désastre.


Comme de bien entendu il avait fait de longues études.

La physique, la chimie, les mathématiques, l'économie, l'anthropologie n'avaient pas de grands secrets pour lui puisqu'il avait obtenu un doctorat dans chacune de ces disciplines.

Pour être tout à fait complet, ajoutons qu'il obtint aussi, et cela à temps perdu, une maîtrise de langues anciennes.

Ce qui correspond pour le commun des mortels à un approximatif bac plus quarante.

Seulement sept ans lui avaient été nécessaires pour boucler son cursus estudiantin.


Un génie, certainement mais un génie en ébullition, pas un génie sans bouillir.

En effet son cerveau était toujours en marche, même lorsqu'il était embué par la fumée et le whisky et peut-être même ces deux ingrédients étaient-ils ses meilleurs carburants à neurones.


Il avait tout d'abord pensé à construire un vaisseau spatial classique avec moteur hyper puissant, carlingue résistant à des températures extrêmes et pilotage manuel avec un équipage réduit à lui-même.


Ce dont il était sûr c'est que durant ce long voyage il n'y aurait pas de contrôle de vitesse ou d'alcoolémie, qu'il n'aurait pas besoin de présenter la carte grise de son engin, ni de souffler dans un ballon.

Et en cas d'accident pas besoin de faire un constat car de toutes les façons il n'en réchapperait pas.


C'est cette idée qui lui fit repenser totalement son projet. En effet, pourquoi prendre de tels risques, pourquoi conduire lui-même le vaisseau ?


Il devait donc rester à terre et piloter son engin depuis le poste de contrôle, ainsi en cas de crash il s'en sortirait et pourrait se descendre une bonne bouteille de Brown and Grey.

Comment un homme plein d'intelligence n'avait-il pas pensé à cela plus tôt ?

Parce qu'il était aussi plein de connerie.

Les plaisirs de la vie quotidienne semblaient donc prendre le pas sur l'excitation de vivre quelque chose de réellement extraordinaire lorsque cette chose risquait de tuer la vie.


Ce soir-là il rentra chez lui un peu dépité de devoir trouver un autre concept qui risquait de retarder ce voyage.

Trois œufs sur le plat, une douche, un rasage, un maquillage, une robe et des talons hauts plus tard, il monta dans sa voiture qui le conduisit en moins d'un quart d'heure sur le parking de la boîte de nuit.

Là, travesti en femme, personne n'osait venir l'ennuyer... Imaginez un peu un homme de 1m 80 inviter à danser un travelo de 2 mètres 10 talons compris.

En tout cas cela ne lui était jamais arrivé.

Tranquille il pouvait vider sa bouteille et repartir chez lui plein d'alcool et de certitudes incertaines sur la gente humaine.

Il jurerait qu'il a une sexualité dite normale et que s'il se déguise de la sorte c'est à la fois pour provoquer et pour repousser et qu'en aucun cas il n'a des tendances homosexuelles.

Qu'il aime la compagnie des humains à condition qu'elle soit lointaine et muette.

Et pendant ce temps-là Bobby le chien dormait.


Il fallait maintenant totalement repenser l'engin.

Le concept du vaisseau traditionnel avait fait long feu.


L'engin devait répondre aux spécifications suivantes :


- ne suivre qu'un seul itinéraire (la ligne droite),

- franchir tous les obstacles,

- aller le plus loin possible,

- se déplacer à très grande vitesse,

- renvoyer sur terre, au poste de contrôle, des clichés retraçant sa progression.


Vallon avait donc mis au point un concept totalement nouveau et révolutionnaire qui sans trop rentrer dans les détails (qu'il ne veut absolument pas dévoiler), était basé sur l'étude de la lumière.

Une lumière soit, mais une lumière modifiée génétiquement : compacte et matérielle.

Vallon l'appelait la lumière dure.

Cette lumière produite sur terre avait la particularité de pouvoir traverser toutes les matières connues jusqu'alors, de se propulser un milliard de fois plus vite que la lumière normale.


Autre particularité, cette lumière dure pouvait renvoyer sur son point d'origine l'image de ce qu'elle venait de traverser. Pour cela il fallait jouer sur la vitesse.

On la réduisait et alors l'image via un fragment de lumière dure se détachait du noyau de lumière principal et sous l'effet de cette baisse de vitesse reprenait le chemin inverse pour revenir au point d'origine c'est à dire au poste de contrôle.

Là l'image s'affiche sur un écran blanc et il faut l'enregistrer avant qu'elle ne meure définitivement.

Dans le même temps il fallait ré-accélérer l'image dure afin qu'elle continue sa course et ne revienne pas en bloc vers son point d'origine.

À terre, Vallon depuis son poste de contrôle, devait donc accélérer ou ralentir la lumière dure à bon escient et enregistrer le résultat.


Et pendant ce temps là Bobby le chien dormait.


Tout était fin prêt, la lumière dure était produite et il ne restait plus qu'à la libérer ;

Qu'allait-il découvrir ? Dieu peut-être mais quelle forme pouvait-il bien avoir ?

Le générateur de lumière dure tournait à plein régime, dix, neuf,(bœuf) huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un, zéro.

La lumière partit dans un silence fracassant.

Le premier cliché reçu moins de deux seconde plus tard montrait une planète bleue.

Du déjà vu.


Et pendant ce temps là Bobby le chien dormait.


Ensuite les clichés firent apparaître les différentes planètes du système solaire, les diverses galaxies.

Pour le moment on était en territoire connu.

Tout se passait pour le mieux Vallon contrôlait bien la vitesse de sa lumière dure et l'enregistrement des images revenues sur terre ne posait aucun problème.

On découvrit après quelques heures d'attente de nouvelles planètes, l'univers n'en finissait pas de ne pas avoir de fin.

D'autres clichés attestaient la présence de filets de liquides rouges dans l'espace.

Là on rentrait réellement dans l'inconnu.

C'est à cet instant que Vallon confia les rênes de son voyage à son assistant.

Cet assistant répondant au doux et chantant patronyme de : Gunther.

Celui-ci avait pour habitude de se taire et de faire ce que lui ordonnait Vallon.


- Il est vingt deux heures. Je m'absente jusqu'à 4 heures du matin, vous savez ce qu'il vous reste à faire, nous avons suffisamment répété.


Gunther répondit par l'affirmative d'un mouvement de tête.


Vallon avait totalement confiance en son collaborateur et il claqua la porte l'esprit tranquille.

Mais comment pouvait-il renoncer à découvrir en direct ce qui ne manquerait pas de révolutionner tout ce que l'on croyait connaître ?

Laissait-il la primeur de cette découverte à Gunther afin de le récompenser de sa fidélité ou bien ne pouvait-il pas se passer en ce grand soir de partir se saouler la gueule en boîte de nuit, entouré de ses congénères muets et ignorants ?


La pluie n'était pas au rendez-vous, le soleil non plus mais c'était normal car il faisait nuit.

Seule la lune et les étoiles veillaient sur Vallon et il se sentait bien sur ce trottoir qui le menait vers ce club.

Exceptionnellement ce soir pas de déguisement, il rentrerait dans cet endroit de perdition brut de décoffrage.

Mal rasé, jean délavé, tennis sans talon, banal en somme.

Le videur (un nouveau que Vallon ne connaissait pas) le laissa entrer avec le sourire de celui qui ne manquera pas de vous casser la gueule si vous faites le con...

Il s'installa à sa table et commanda sa sempiternelle bouteille de whisky.

Il la sirota comme d'habitude et une femme vint même s'installer à sa table.

Josiane, ancienne étudiante en astrophysique avait reconnu celui qui avait été brièvement son professeur.

Elle se rappela à son souvenir et celui-ci fit mine de se rappeler son ancienne élève.

Et ils bavardèrent de la sorte toute la soirée.

L'alcool déliant les langues ils en vinrent même à se les mélanger.


Et pendant ce temps là Bobby le chien dormait.


Mais que se passait-il au poste de contrôle ?

Gunther se débrouillait bien il accélérait et ralentissait la lumière dure de belle manière et l'enregistrement des photos se passait bien.

Mais le plus important était quand même de savoir ce que représentaient ces clichés.

Dans l'ensemble on ne pouvait pas en dire grand-chose si ce n'est qu'après avoir reconnu ce que l'on connaissait on ne pouvait distinguer qu'une masse informe des couleurs tirant sur le rouge.

Il fallait attendre encore.

Soudain le chien lointain Bobby sentit une minuscule piqûre, se gratta puis se rendormit.

Deux minutes plus tard un cliché (le dernier) parvint au PC.

On y voyait un Saint Bernard à moitié endormi qui levait une patte pour se gratter l'oreille gauche.


Gunther était stupéfait, mais oui c'était cela il fallait bien se rendre à l'évidence nous vivions dans un chien.

Notre système solaire n'est ni plus ni moins que quelques cellules de ce chien.

La terre n'est qu'une cellule de chien que l'homme s'évertue à modifier, ce qui risque de provoquer un cancer à ce pauvre chien et nous serons bientôt brûlés par une séance de radiothérapie vétérinaire.

Donc Messieurs les pisse-froids écolos, au pire nous ne risquons que de provoquer une tumeur à un chien il n'y a donc pas de quoi la ramener avec la protection des espèces vivant dans ce chien.

Ce chien vit-il lui même sur une terre qui ne serait qu'une cellule d'un autre être vivant ?

Serions-nous dans un système de poupées russes vivantes où tout ce qui nous paraît immense n'est que minuscule pour celui dans lequel nous vivons ?

Nous résidions donc dans un chien et plus précisément des calculs le démontreront plus tard dans le trou du cul d'un Saint Bernard.

Ceci expliquant les mauvaises odeurs qui planent parfois sur notre belle planète.

Cela relativisait quelque peu des notions comme celle de Dieu, d'art et de poésie.


Vallon de son côté sortait du dancing en compagnie de Josiane.

Ils se roulaient des pelles quand soudain il prit un coup de pioche sur la tête et mourut instantanément.

Le videur fraîchement embauché et accessoirement ancien pensionnaire de l'asile St Barthélémy venait de frapper une nouvelle fois.


Vallon disparaissait ainsi sans savoir qu'il habitait dans le trou du cul d'un chien.

Heureusement car je pense qu'une telle découverte aurait pu le tuer.



 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Pat   
15/8/2007
 a aimé ce texte 
Un peu
C'est marrant... On sent un imaginaire capable d'inventer des loufoqueries... Le style est adapté à l'histoire... Mais ça manque de quelque chose : soit c'est pas assez délirant, soit ce n'est suffisamment plausible... C'est aussi un peu court. Cela aurait mérité d'être un peu plus développé.

   Athanor   
15/8/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Cette nouvelle originale est, à mon goût, un puits de richesses mais qui, pour certaines, sont mal exploitées.
J'ai noté plusieurs degrés dans l'humour et des petites perles qui me font rire.
Le mix des : "modification génétique de la lumière - les certitudes incertaines - un travelo de 2 m10 - le fait de scruter les astres en toisant le désastre - et le savant qui aime la compagnie des humains à condition qu'ils soient loin et muets" entre autres, me font subodorer qu'on a affaire à un poète humoriste qui, s'il ne le sait pas encore, va le savoir rapidement.
Néanmoins, je regrette cette image du "trou du cul du chien" dixit l'auteur. Ce passage aurait pu être évité.
Dans l'ensemble, je trouve que le style est assez direct, le vocabulaire correct sans plus, et la fin tirée par les cheveux.
Je suis à peu près sûr qu'en travaillant un peu plus, l'auteur pourrait "pondre" une nouvelle hilarante.

   Bidis   
31/8/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Dès le début : écriture rythmée, agréable à l’oreille.
L’idée des confins de l’univers et du savoir est terriblement chouette : on va s’amuser.
-« talons hauts »… « aller voir plus loin et plus haut » : les deux « hauts » font une collision. Mon esprit cheminant a buté, tombera-t-il ? Non, l’écriture est trop jolie et l’idée est trop belle.
-« astres » et « désastre » : les deux « astres » font une constellation. Je m’envole sur une planète où l’on danse le boogie-woogie.
J’aime beaucoup moins le paragraphe qui décrit le cursus scolaire – autant mettre un CV, ce serait au moins plus rigolo.
-le « génie sans bouillir » me console de cette petite déception et me fait repartir dans ma lecture enthousiasmée.
-« connerie »… ce mot ici me dérange par sa banalité ; dans un texte si fin, il doit y avoir des vocables plus drôles parmi les synonymes.
-« Les plaisirs… tuer la vie » : je relis cette phrase trois fois et dois remonter aux précédentes pour la comprendre vaguement ; je sais bien, c’est lumineux dans l’esprit de l’auteur. Mais cet effort intellectuel m’ôte le plaisir de la fluidité dans ma lecture.
-« un rasage, un maquillage, une robe… » : moment de flottement. Ici, je parcours la suite, et le début en vitesse. Bien, un homme qui s’habille en femme, j’ai compris. Peut-être aurai-je préféré ne pas avoir dû faire ces brefs aller-retour.
-les parkings ne me semblent des lieux dont on parle que lorsqu’il s’y passe une action importante
-il s’était donc habillé en femme; ce n’est pas, me semble-t-il, pour un hétérosexuel normalement constitué et sauf dans le cadre d’une blague particulièrement fine entre étudiants, une chose si anodine que cela. Il y faut une raison importante, tout de même ! Alors, simplement garantir sa tranquillité dans un dancing… De mon temps, les jeunes filles ne sautaient pas sur les messieurs pour les forcer à danser avec elles, c’était les hommes qui invitaient ces demoiselles. Les mœurs auraient-elles changé à ce point ? Ou alors, la raison importante va venir plus loin…
-la gente humaine : « gent » vient de genitus, né. Par extension : bien né, puis noble, beau. Je ne l’ai jamais entendu utilisé que pour « féminine » (« la gente féminine »). Par contre, l’expression « genre humain » est souvent employée, surtout dans le cadre d’interrogations que l’on pourrait se poser à ce sujet.
-J’aime beaucoup la répétition du chien qui dort pendant un morceau de texte parfaitement jubilatoire.
-« On découvrit… » : tout à coup Vallon n’est plus seul. J’ai dû manquer un épisode. Je remonte au début. Je relis deux fois. Mais non. Il décide de ne plus piloter lui-même le vaisseau, mais c’est tout. Il n’est pas question d’équipage. Ici apparaît Gunther… J’aurais préféré le voir surgir plus tôt, de façon à ne pas être déroutée – toujours la fluidité de la lecture en question.
« Josiane…..professeur » : texte un peu banal après de telles flambées d’imagination.
-« elle se rappela à son souvenir » : et lui demanda d’agréer ses salutations distinguées ? Pardon, ça m'a échappé...
La fin m’a laissée à la fois pantoise, déçue et révoltée. Mais n’est-ce pas à cette impression-là exactement que l’auteur veut mener son lecteur ? Et le chien récurrent se démasque enfin. Et le titre éclaire mon réveil tristounet.


Oniris Copyright © 2007-2023