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Sentimental/Romanesque
Donaldo75 : Le premier Halloween du petit Nicolas
 Publié le 07/08/22  -  10 commentaires  -  7681 caractères  -  53 lectures    Autres textes du même auteur

Halloween vient de l'ancien anglais "All Hallow Even", qui veut dire « la veille de tous les saints ». Le 31 octobre, c'est la veille de la Toussaint, une fête chrétienne pendant laquelle on célèbre tous les saints, suivie d'une journée de prières pour les morts, le 2 novembre.


Le premier Halloween du petit Nicolas


J’étais en train de discuter avec Angela, Mario et Vladimir quand les grands avaient débarqué histoire de foutre la merde. Joe et son pote Boris avaient décidé de nous emmerder une fois de plus.


– Alors, les nains, toujours à taper Angela pour quelques caramels mous, nous avait lancé Joe.

– C’est pas comme ça que vous allez rejoindre notre club, avait ajouté Boris.

– Mario, Nicolas et moi, on s’en fout de votre bande, avait répondu Vladimir.


Vladimir était le plus courageux d’entre nous. Il avait même gagné sa ceinture orange de judo en battant des plus costauds que lui. On se disait, Mario et moi, qu’on devrait prendre des cours de karaté, comme ça Joe et Boris ne nous embêteraient plus.


– Ne la ramène pas nabot sinon je te mets minable, avait répliqué Boris.

– Vous êtes méchants avec nous, avait pleurniché Mario.

– Ce n’est pas de notre faute si on est trop petits pour jouer avec vous, avais-je dit.

– C’est vrai, ça, avait rétorqué Angela. Vous êtes injustes avec eux.


J’aimais en secret Angela mais je n’osais pas lui dire ; je craignais trop qu’elle se moque de moi parce qu’elle était plus âgée. Elle me ramenait souvent des bretzels pour le goûter et on les mangeait tous les deux en cachette, sans Mario et Vladimir. J’avais essayé une fois de l’embrasser mais elle m’avait gentiment repoussé. Vladimir prétendait qu’elle en pinçait pour Joe ; j’avais dit « non, c’est pas possible, tu inventes », et il s’était mis à rire en me racontant la fois où il les avait vus à se faire des mamours, des papouilles et plein de trucs sales avec la langue. Ce jour-là, mon cœur s’était brisé en mille morceaux ; heureusement, Mario m’avait remonté le moral et on était partis jouer au ballon dans la cour.


– Vous voulez rentrer dans le club des grands ? avait demandé Joe, l’œil brillant.

– Pourquoi pas ? On n’est pas plus bêtes que vous, avait répondu Vladimir.

– Oui mais vous, vous êtes des rase-moquettes, nous avait alors balancé Boris avant de se mettre à rire comme une otarie.

– C’est quoi ton idée, Joe ? avait demandé Angela.


Joe nous avait ensuite parlé de son premier Halloween. Il s’était déguisé en Joker et avait frappé à la porte de toutes les maisons en racontant plein de blagues sur les Chinois, les Mexicains et les Noirs. Il avait amusé tout le quartier et ramené plein de friandises au point que les grands l’avaient finalement accepté dans leur club. Il nous proposait de faire pareil.


– C’est pas mal, avait admis Angela.

– Oui, c’est marrant, avait confirmé Vladimir.

– Je suis partant, avait dit Mario.

– Moi aussi, avais-je ajouté pour faire comme eux.


Angela avait fabriqué nos déguisements ; Vladimir avait demandé un costume de Dark Vador et Mario avait dessiné une créature à la barbe pointue et aux grandes cornes de bouc. Moi, je préférais Dracula, ça me donnait plus de style. Il ne restait plus qu’à décider du territoire. Joe et Boris avaient bien sorti des idées mais elles étaient trop nulles alors Angela s’était mise à nous dessiner une carte avec des pâtés de maisons et des rues ; il ne restait plus qu’à mettre des noms.


– Vladimir, tu vas prendre le bloc de la maison des Petrossian.

– Je ne veux pas. C’est plein d’immigrés, ce coin-là.

– Ils sont riches. Si tu les prends bien, ils te donneront plein de bonbons, avait dit Mario.

– Mes parents ne veulent pas que je parle à des Arméniens.


C’était une galère, cette carte. Angela avait choisi le coin où s’étaient installés les immigrés venus de tous les endroits à problèmes. Vladimir et sa famille ne les aimaient pas ; ils ne leur adressaient même pas la parole. Pourtant, eux aussi venaient d’un autre pays lointain mais ça ne changeait rien. Dès leur arrivée, les bagarres avaient commencé, surtout avec Vladimir et Joe qui trouvaient toujours un prétexte pour les castagner, leur piquer des trucs ou juste les emmerder.


– Et moi, j’ai quel secteur ? avais-je demandé pour détourner la discussion.

– Toi, mon petit Nicolas d’amour, je t’ai réservé le coin des Kordescu.


Je détestais les Roumains mais comme je ne voulais pas entendre Angela me gronder, j’avais décidé de coudre ma bouche et de jouer à motus. Mario avait hérité de la partie syrienne ; il ne semblait pas plus heureux que nous mais il n’avait rien montré. On avait l’impression qu’Angela voulait que le monde entier se prenne par la main et danse la farandole autour d’un bon feu de camp mais aucun de nous n’avait envie de ça.


– Maintenant que nous sommes tous d’accord, avait déclaré Angela, vous avez quatre heures pour ramener vos sacs de bonbons chez moi.


Nous n’avions pas joué la partie de la même manière mais quelque part nous avions fini par travailler en groupe. Vladimir n’avait pas raconté de blagues ; il avait seulement défoncé la tête des Arméniens, des Géorgiens et de tous leurs voisins à coups de barre de fer, bien aidé par son cousin Dimitri et quelques autres gars de son quartier. C’était un peu de la triche mais il avait quand même ramené une caisse complète de gâteaux, avec en plus des bouteilles de champagne et des lingots d’or. Au début, Angela avait trouvé que ça faisait beaucoup puis elle avait compté les lingots et avait finalement changé d’avis. Mario avait eu plus de mal avec les Syriens qui étaient trop pauvres pour donner quelque chose et qui s’étaient contentés d’écouter ses blagues de fesse en hochant tristement la tête. Au bout de deux heures, alors qu’il était essoré et craignait de rater son coup, Mario avait appelé Vladimir pour l’aider à les persuader de lui refiler quelque chose. Tout était rentré dans l’ordre même si la collecte restait maigre. De mon côté, j’avais commencé par raconter aux Moldaves que les Albanais cachaient un trésor au fond du jardin des Roumains et qu’on pourrait se le partager s’ils m’aidaient. Comme disait ma grand-mère Bernadette, j’avais du bagou à vendre des glaces à des Eskimos. Mon histoire avait quand même pris du temps et j’avais craint qu’ils ne me croient pas mais finalement on était allés chez les Roumains et on avait fini par dégoter un pactole au fond d’une salle obscure où des filles en culotte mettaient de la farine dans des sacs en plastique pendant que d’autres comptaient des billets de banque. Les Moldaves avaient commencé à mettre le bazar partout sans me donner de bonbons alors j’avais moi aussi appelé Vladimir pour qu’il m’aide. Il était venu avec Mario et Dimitri et plein d’autres garçons que je ne connaissais pas mais qui m’avaient l’air bien excités. On avait fouillé partout pendant que les grands criaient et se tapaient dessus puis on avait trouvé des dragées multicolores planquées dans un placard mural ; j’avais décidé que ça suffirait à Angela mais Mario avait voulu en goûter une et on s’était alors tous gavés. Elles étaient bonnes, ces dragées ; en plus, elles mettaient la pêche au point que Vladimir avait proposé de partir avec toute une caisse et d’emporter en plus quelques sacs de farine.


La suite de cette soirée d’Halloween avait été géniale ; Angela avait utilisé la farine et les dragées pour nous faire des gâteaux bavarois et nous les avions tous dévorés. Mario et Angela s’étaient mis à danser nus sur la table pendant que Joe tapait sur le sol avec ses bottes de cow-boy, que Boris essayait de toucher son nez avec son coude, que Vladimir vidait la réserve de liqueur et que je poussais la chansonnette. Je ne me souvenais pas de la fin et encore moins comment j’étais rentré chez moi mais on avait bien rigolé. Bon, on avait quand même tous été punis par nos parents mais finalement Joe et Boris nous avaient acceptés dans leur bande en nous faisant promettre d’autant rigoler au prochain Halloween.


 
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   senglar   
18/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonne fin d'après-midi, bon début de soirée,


L'auteur par cette nouvelle décrit un milieu que je ne connaissais pas sinon par les journaux, trop généraux, sinon par la télé, trop restrictive. La documentation, pour reproduire une et des atmosphères, me semble très sérieuse.
L'exotisme des prénoms montrant une multitude, une grande diversité, fonctionne. C'est presque de l'ethnologie.

"le petit Nicolas" c'est siglé Sempé en ce qui me concerne. Etait-ce intentionnel ? Car je n'ai pas reconnu le petit Nicolas qui présente une satire des beaux quartiers. Bref ce texte c'est pas du Sempé.
Peut-être que je connais mal ce caricaturiste satirique. Il faut dire que Paris Match depuis qu'il est devenu un tabloïd c'est loin pour moi.

Sinon
C'est bien écrit, c'est du solide.
La progression est bien menée avec un effet de surprise.
L'effet de surprise est même double.

Donc
J'ai bien été dépaysé au point qu'avec tous ces noms et ces milieux j'ai eu du mal à retrouver mes bonbons... hallucinogènes ou non.

Faudra que je sorte un peu moi !

senglar du fond de son officine en EL

   Anonyme   
7/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Hello Don,

Bonne poilade, avec ce texte délirant... Bon, au départ je me suis senti un peu perdu avec tous ces personnages (aux noms rappellant des chefs d'états), pour un format si court... une fois embarqué, le texte se lit facilement, et tombe dans la bonne rigolade avec la mention de Vladimir ayant défoncé ses voisins à coups de barre de fer ; toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existées, serait vraiment un vrai coup de bol. ^^. La fin va également dans ce sens : Tu ne t'embarrasse pas de la crédibilité (une bande d'ados braquant des dealers), mais c'est tellement jouissif !

Bref, un bon moment de détente, bravo !

   Cyrill   
7/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Allons bon, voilà notre petit Nicolas hissé à hauteur d’Europe et même mondiale, à tu et à toi avec les grands chefs occidentaux, invité avec ses petits copains à la table des négociations pour se partager les territoires, les affaires et les pouvoirs des grands. Mais cela vaut-il le coup de jouer ? Sans doute, avec ses propres règles.
Avec mes quelques souvenirs de l’original, je peux il me semble dire qu’il est bien imité dans sa façon de raconter en gamin avisé et averti des amours et désamours, des querelles et dissensions, avisé mais sans qu’il perde en angélisme naïf.
Comme les grands de ce monde ils se partagent les bénéfices sans égards pour les insignifiants qui ont souffert au passage. Dura lex de la jungle civilisée, sed lex.
Je ne vais pas chercher à quels évènements se rattache précisément ce premier Halloween du petit Sarko, s’ils existent vraiment. Le ton est là, le cadre du quartier se projette sans difficulté dans la géopolitique, et je me suis bien diverti.

   Pepito   
9/8/2022
Exellent !

Le gag de début, c'est que je me suis dit que certaines expressions ne sonnaient pas trop "p'tits n'enfants"... Heureusement que j'ai rien dit, mais la preuve que j’ai avalé le début comme une dragée. Bien joué.

Le final est délirant au possible, tout y est ! Vive la mondialisation and alls of wins !

Merci pour le sourire de l’aprèm. ^^

   hersen   
9/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voilà une preuve, s'il en fallait une, que les thèmes ne se renouvellent pas tant que ça. Ce qui fait la différence, c'est le traitement. L'angle d'attaque, le ton, la parodie, nous avons ici de l'inattendu !
C'est très marrant, et qui pourrait dire que ce n'est pas juste, puisque finalement, tout cela n'est qu'un grand jeu. C'est juste que la cour de récré est plus grande que celle que nous avions (de combat)

Merci pour cette lecture qui, par son côté parodique, ne nous laisse aucun espoir. Le jeu va continuer.
C'est malin, ça, de ne nous laisser aucun espoir, on va être triste :(

   Anonyme   
10/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très bon moment de lecture cet Halloween !

Ce melting-pot réjouissant de prénoms, de quartiers, d'âges et de traditions est mené tambour battant. Normal qu'il roule son monde dans la farine à la fin.

J'ai bien aimé l'écriture, qui sur le ton badin de l'enfance d'entre-deux-eaux nous emporte dans le tourbillon pas rigolo de la géo-politique.

Bravo pour la belle imagination !

Et merci pour le partage.

   Perle-Hingaud   
10/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime bien quand tu abandonnes le désert, Don ! Nouvelle très drôle, et en bi-couche: à première lecture, je n'ai pas réfléchi aux prénoms, j'ai simplement lu une histoire à la Malavita, et j'avais le sourire.
Ensuite, j'ai compris... ça ne m'étonne pas, tu écris rarement sans arrière-pensée ! Et ça a rajouté une petite couche d'amusement.
Le risque, ceci dit, c'est que les personnages disparaissent de la scène publique et que la situation change. Non pas qu'elle soit fondamentalement différente, mais que les repères se perdent.
Moi, en tout cas, j'ai un faible pour Angela.
:)
Merci pour cette lecture réjouissante !

   plumette   
11/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une lecture au premier degré avant de comprendre enfin sur quelle scène tu nous a emmené. c'est les syriens et les roumains et le rôle déterminant de Vladimir qui m'a mise sur la voie.

Dommage que nous n'ayons plus Donald ( pas toi, hein! l'autre) pour pimenter encore cette fête d'Halloween d'un genre très spécial!

et sympa le clin d'oeil à Bernadette!

C'est rigolo et bien écrit et bravo pour le délire qui allège un peu le réel.

   Ingles   
29/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cher Don, une lecture tardive mais jouissive ! Bravo pour cette belle histoire à hauteur d'enfant, pleine d'emboîtements de sens, pétillante comme un champagne (russe) et colorée comme des pilules (magiques).

Bien vu le rôle de mutti Angela avec ses bretzels et gâteaux bavarois.

Cela donnerait quoi dans le quartiers Ukrainiens réfugiés aujourd'hui ? (Vladimir serait-il toujours avec Mario, Angelo et Nicolas ?)

Et un drôle d'écho avec Sempé.

Au plaisir de te lire,
Inglès

   Donaldo75   
15/9/2022


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