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Sentimental/Romanesque
Kesseler : Le silence percé de Diogène
 Publié le 10/08/22  -  7 commentaires  -  12904 caractères  -  42 lectures    Autres textes du même auteur

La totalité des objets d’un appartement est redisposée pour l’isolement volontaire d’un homme en fin de vie. Pièges, réserve d’alcool et barricades bricolées cloisonnent son antre.


Le silence percé de Diogène


« 1er janvier 1955 : Devant moi, rien, aucun espoir. Pour moi, tout finit, rien ne veut commencer. Mon bilan ? Après tant d’années, remplies malgré tout d’effort tendu et de labeur, qui suis-je donc ? Un petit employé, assassiné par sept heures passées quotidiennement à brasser la paperasse. »

Witold Gombrovicz, Journal, Tome I, 1955.


Chut. Silence s’il vous plaît. Ma bulle flotte enfin, et dans l’atmosphère plane ce qu’il faut de calme pour napper la pièce. Une vacuité désirée, où mon oreille tendue guette le moindre défaut. Mais rien, absolument rien. Mon souffle seulement, que doublent les battements de mon cœur lent. Tout bas. À peine audibles. Je sonde encore quelque confusion dans ce nid, que j’ai perché au-dessus de la ville. L’espace cerné doit retenir à tout prix le vacarme extérieur, et se boucher de ses afflux hostiles et permanents qui m’assaillent depuis trop longtemps. Insonores donc doivent être ces murs. Ne filtrer aucun des bruits triviaux de la ville et être étanches à l’hostilité ambiante. Atones, opaques et totalement hermétiques. Dans le plus grand secret, assailli de mille soucis pour la bonne conduite de ce chantier, il m’a fallu mille précautions. D’abord, la discrétion totale de mes travaux afin d’éviter les soupçons du voisinage, une source notoire de délation. Ensuite, élever les murs, en vérifier la solidité, préparer en conséquence des réserves de nourriture, et aménager mon confort. Il ne s’agit pas d’une simple lubie, ni d’une crise passagère de misanthropie, mais d’une décision tout à fait sérieuse. Mon seul souhait étant de couler des jours heureux loin des morsures invisibles de l’homme sur mes nerfs. Car mon âge n’est plus à la raison, mais à l’anticipation de la déraison puisque mes sens cognitifs tendent vers l’impuissance. Il me faut repousser la faucheuse à la porte pendant que mon être avance vers l’abîme. La vieillesse, avec ses marques sur mes membres étiolés à force d’usage et d’usure, s’acharne sur mon corps. De mes repères dans l’espace et le temps, mes sens se sont amoindris sous l’effet d’une cécité croissante, jusqu’à vider ma profondeur de champ de tout objet. Il n’y a plus désormais qu’une portion congrue de flou artistique. La vue pour l’espace, l’ouïe pour le temps. Car mon oreille, à l’inverse, s’aiguise et saisit chaque mouvement de plus en plus loin, de mieux en mieux, mais souffre atrocement, triturée par le bruit. Sans une once de pitié pour mon équilibre, le bruit pèse, m’abrutit sous des formes multiples. Trafic, klaxons, bétonneuses, rouleaux compresseurs, outils de chantier, poids lourds, moteurs en hoquet, nervosité citadine des affaires, éclats de voix aux tons vulgaires, musique médiocre, rapports de force entrechoqués, portes claquées, sirènes d’urgence. Tout cet ersatz, que la ville malaxe, produit sans arrêt dans ses sursauts mécaniques, il m’a donc fallu le contrer, le repousser jusqu’aux confins de son vaste territoire. L’omniprésence du vacarme me saccage. Sa présence domine, s’étale, hurle à tue-tête. Depuis leurs avant-postes, ses sentinelles acharnées veillent au maintien de sa hargne. Or, il y a longtemps que le silence se cache de ses assauts, effrayé à l’idée de se faire débusquer, quand quelques mains bienveillantes pourraient gager de ne pas le laisser percer. Des années durant, j’ai donc élaboré ma stratégie, selon un art du silence étudié. De fantasmes en surenchères pour cet enfermement, j’ai jaugé chaque tenant, étudié chaque aboutissant pour faire tenir l’ensemble sur de bonnes bases, solides pour porter l’édifice, afin qu’elles puissent absorber les raids incessants du bruit. Les murs destinés à contrer ce charivari ont tous été construits avec chaque objet de mon patrimoine. De ma maison chamarrée, j’ai assemblé mes bibelots en un patchwork très personnel. Des coussins, des vieux matelas, des armoires, des clous, des chaises, des tables, des outils, des meubles chinés, dressent la longue liste d’un inventaire usé. Ils sont désormais mes mercenaires dévoués à la tranquillité. Cette armée s’est blindée derrière de redoutables protections, entraînée à repousser le bruit, sacrifiée sans une objection de conscience. Leur présence n’a été finalement que le fruit d’une accumulation futile, puisque ce matériel, après des décennies d’achats et de récupération, s’entasse dorénavant en un tas informe. Une utilité toute trouvée pour ce bric-à-brac industriel, cédé à mon autorité grâce à la litanie des publicistes. Le mantra scandé sans cesse jusqu’à l’usure, produire, produire et reproduire. Ma mémoire matérielle, auparavant éparpillée dans un ordre d’usage et de rangement pragmatique, a réuni après un grand chambardement une légion composée seulement de fidèles compagnons bricolés. Il s’agit de recycler le personnel, de sanctuariser mes manies et de les protéger de toute velléité intrusive. Comme l’esprit névrotique des gens de mon espèce s’emploie à ne laisser aucune faille, ni aucune erreur, j’ai disposé plusieurs pièges, comme les gages d’une sécurité sans équivoque. L’antre est condamné. Sans issue. Des portes bouchées jusqu’aux fenêtres murées. Toute l’installation se déclenche par un mécanisme ingénieux, prescrit selon plusieurs traités d’obscurs maniaques. Un tapis de clous, des pièges à loup, un fil barbelé enroulé, un couperet tranchant prêt à s’abattre, une voile lestée de plomb, un spray au poivre à l’action automatique et une machine à fumée. L’intrépide qui entrerait là par effraction devrait d’abord échapper aux pointes du tapis de clous avant de ramper dans un couloir haut d’à peine un mètre où le gaz corrosif lui mordrait les yeux. S’il en sortait indemne, il devrait longer encore le mur de l’ancien salon, éviter le filet maillé que la lame aiguisée d’une lourde hache complète. Pour bien prévenir le cambrioleur chevronné qui saurait éviter toutes les trappes, j’ai placé en guise de cadeau une sorte d’agrément tout en ironie. Une corde de pendaison posée sur un tabouret. L’humour est une chose sacrée à n’emporter dans la tombe sous aucun prétexte. Maniaque par ennui et barricadé par dépit, je l’ai dit, je veux mourir comme je l’entends. J’ai pesé chaque détail, pensé toutes les parties, repensé un à un chaque interstice pour me vautrer dans une ultime activité dionysiaque : la dégustation de mes meilleurs alcools. Mon trésor déballé est une cave bien fournie, loin de toute compagnie pour cuver la vie en toute tranquillité. De mes préparatifs à la noce solitaire achevés, ma conscience est soulagée, elle esquisse un sourire, prête à s’affaler sur la couche d’attentions choisies. Ma chambre de la taille d’une capsule asiatique se compose d’un simple matelas autour duquel le bar est aménagé. Cinquante-six spiritueux de premier choix et cinquante-six vins millésimés, s’alignent comme des chandelles le long de ma couche. À l’évidence, tout cet alcool semble en quantité démesurée pour une personne seule et âgée, mais il y a cinq ans, le médecin me donnait seulement deux ans à vivre. Ne vous fiez pas à la jauge d’autrui, l’aiguille déraille souvent. Ce petit paradis au bout de la souricière, je l’ai voulu comme une salle d’attente aménagée, une dernière étape avant de me désintégrer et pénétrer l’au-delà, ce concept flou malgré des kilomètres de spéculations religieuses. La peur me direz-vous ? En effet, la frayeur m’a bien poussé à me barricader, la peur du temps perdu, la peur de passer à côté. Ce qu’il faut, c’est peser une chose, en prendre possession et la savourer comme un mets délicieux. L’accomplissement total réside là, dans une action de gratitude envers soi-même. Être heureux de n’avoir compté que sur soi. Voilà une puissance insoupçonnée. Une retraite dorée où la liberté étreint amoureusement la volonté ! Sans partage, je suis maître donc en mon royaume, conquis à la force de mes facultés, avec la fierté d’avoir su jouer d’une détermination infaillible. Jouir en sybarite et glisser vers la mort à petits coups.

Je sonde encore le silence. Plat, coi, muet. Palpable du bout des tympans. Il flotte compact, ouaté, aérien. Les bouteilles scellées autour du lit sont à leur place. Un champagne bien frappé comme pour le baptême d’un navire. Le bouchon saute. Le gazouillement des bulles versées dans la tulipe s’écoule. Pétille doucement sur ma langue la saveur d’un authentique millésimé ! Je tâte l’étiquette, le contour doré du goulot qui s’effrite, le vert bouteille en poids pesé dans ma main. Parmi l’espace flou, ma vue basse cherche la petite table où patiente le seau de glace, puis les cubes secoués pour ce moment unique. Un toast à ma santé. Seul, heureux d’être seul, je trinque à mes sept murs, dont je connais les moindres détails. De ma vie, ne restent que ces traces glanées dans des sursauts d’affection, toute une existence passée à arpenter des kilomètres de trottoirs sales et bruyants. Tenez, le premier mur, juste derrière la porte d’entrée avec ses clous plantés, élève un rempart infaillible contre les attaques extérieures. Ou la statuette d’ébène d’une contrée lointaine pour le deuxième, mise à côté d’un bibelot en losange et d’une corne de vache peinte et laquée. Un certain sens esthétique harmonise le tout, car je prétends bien entendu au raffinement, un goût choisi doit tenir ce bunker particulier. Le troisième est un composé de palettes en nuances, de crayons de couleurs et de bouts gras de pastels neufs. Le quatrième est une muraille de valises à codes râpées, vissées les unes aux autres, une double épaisseur avec l’émanation du vieux cuir… Sur le cinquième mur, après le hall, un vase en bronze chiné dans un port, au milieu d’un tas surélevé de cintres et d’étoffes en velours. Le sixième quant à lui est l’entassement de dizaines de rouleaux de papiers, d’œuvres achetées à bas prix à des artistes de rues affamés. Morts d’inanition pour certains, après tant d’années à quémander la générosité d’acheteurs, toute une vie endolorie sur le bitume à interroger leur création. Depuis un mur de trous cylindriques empilés, une vue complète sur le septième qui lui fait face, là des boîtes de cigares remplies de feutrine sont calées sur des piles de jeux de cartes complets. Jamais joués. De toutes sortes, de tous pays, de toute nature. Érotiques, fantaisistes, ésotériques. Des balles de golf et de tennis bouchent ce dernier mur et sont prêtes à se déverser sur l’intrus qui romprait le fil tendu, juste avant ma couche sous un tunnel bricolé de prises électriques. De vieilles feuilles exhalant le parfum d’une patine, tout un fétichisme d’odeurs à mon image, l’affection pour la matière et les âges échus… Fer, verre, bois plastifié, cuir trafiqué, feuilles grattées. À portée de main, j’ai placé un métronome à actionner parfois pour rompre l’atmosphère opaque du nid, et me bercer au rythme des claquements égrenés. Comme je veux étirer le temps qu’il me reste, il me faut cette dualité, la présence d’un ennemi la représentant. La temporalité à allonger, à élargir le plus possible afin d’obtenir le silence absolu. Ma collection est une bizarrerie relevée, certes, mais il faut bien avoir quelque fantaisie dans ce monde, auquel cas la routine anesthésie la conscience. Et en l’absence de toute excentricité, vous êtes fait comme un rat. C’est-à-dire qu’une fois l’esprit buriné par les conventions, vous voilà piégé, bon à somnoler dans la norme morne.

Tout cet attirail compose ma grotte, dont j’ai recouvert les murs porteurs de draps et de tapis. Il faudra au moment fatidique contrer le froid qui envahira mon corps. Car lorsque je serais dépouillé de toute énergie, l’alcool seulement réchauffera mon agonie programmée. L’ivresse est prévue dans l’apesanteur avant que ne pointe l’arrivée du néant. Déjà, je l’humecte, une odeur rance de confinement, l’air frelaté de particules putréfiées. Je lampe une autre tulipe fraîche, le champagne chatouille ma gorge, la petite ivresse pointe. Mais soudain l’instant rompu, ai-je rêvé ? Mes nerfs aux aguets sursautent. Ma raison aurait-elle déjà déraillé ? Un bruit distinct, mécanique, précis. Quelque chose cloche. Je sonde, cela provient du septième mur. Est-ce possible ? Vite étouffer ce bruit, l’éliminer. Le plan était pourtant parfait. Je rampe, je me presse, m’arrête pour identifier la source. Un minuscule trou d’air filtre la machinerie de l’ascenseur. Je halète. Vite. Plus vite. Mes coudes se pressent sur le sol, poussent tout mon poids. Mes mains cherchent encore à avancer, et derrière, mes pieds appuient de toute leur force une masse indistincte qui s’effondre. Clac. Une douleur me tord le pied. Le piège à loup actionné et le plomb qui s’abat. Au secours, cherche à hurler ma voix. Mais comment réclamer un secours depuis mon antre atone ? Un filet chaud s’écoule sur ma tempe. Ma cheville mordue se vide. Le sang coule. Dans mon silence percé, mes râles se mêlent à des bris de verre près de ma bouche. Puis, rien, plus rien.


 
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   Vilmon   
13/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
Le piégeur piégé.
Le plan parfait déraille pour un grain de sable.
D’étranges murs pour se confiner dans silence.
Il s’est construit sa propre pyramide, avec ses objets accumulés pendant toutes ces années. En conservant près de lui ses plus estimables trésors.
Bien écrit, belles descriptions, un peu longues, mais intéressantes.
Choix particulier de se replier profondément pour fuir les bruits de la ville plutôt de la quitter. Une fuite vers l’intérieur.
Qui a activé cet ascenseur ? Un proche venu lui rendre visite pour tenter de le convaincre de sortir de sa grotte ? L’homme aurait pu s’en inquiété, que cette possible chère personne serait blessée par ses pièges et qu’il ne peut rien faire pour l’empêcher car il est lui-même pris au piège. Quitter le monde inquiété plutôt que sereinement.
J’espérais une fin un peu plus originale. J’ai assez apprécié.

   Anonyme   
10/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Lors de l'énumération des sept murs, j'ai pensé à Des Esseintes. C'est curieux, je trouve, ce narrateur à mi-chemin de l'accumulateur compulsif et de l'esthète raffiné. Mais dans son cas, l'accumulation ne représente qu'un moyen dans un but d'isolement total, cadre de son suicide lent.

Une histoire assez fascinante à mes yeux, en tout cas, où la mise en page en pavé sert le propos. J'ai apprécié la précision et l'efficacité des descriptions, j'y étais. Cela dit, selon moi pour la fin vous êtes allé ou allée à la facilité : cela m'aurait bien plus intéressée d'assister au délitement des facultés de votre narrateur plutôt qu'à cette conclusion, me dis-je, hâtive, en forme de « le karma a frappé ». Votre choix souverain bien sûr, auteur ou autrice, qui moi lectrice me frustre quelque peu.

   Anonyme   
10/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Kesseler,

J’ai vraiment aimé votre nouvelle, le talent d’écriture est certain.
Ce que je regrette, en revanche, c’est le côté monolithique, ça manque d’aération, de petite chevilles combinardes pour laisser le lecteur souffler et pousser la narration graduellement. Je l’ai lue presque en apnée sur téléphone ce qui ne rend pas les choses plus aisées. J’ai conscience que vous l’avez fait sciemment vu la précipitation finale du récit. Avec un petit twist de fin plus puissant on tenait une bombe.

Chouette nouvelle et merci pour la lecture

Anna

   senglar   
12/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Kesseler,


Je voudrais saluer, comme Anna, la qualité de l'écriture, je n'ai tiqué (un tout petit peu) qu'à une reprise. Ne me demandez pas d'y retourner hein, cela tiendrait d'un marathon marin. lol. ... car j'ai lu les autres com. Circonspect que j'étais par cet ascenseur final. Bon ! comme il chutait il était bien dans la tonalité du propos.
Finalement je crois comprendre que cet ascenseur ayant rompu l'isolement du suicidaire par un trou d'air inopportun a provoqué l'affolement de celui-ci qui, voulant colmater le trou qui l'aurait remis en contact avec l'extérieur, s'est empêtré dans l'un de ses propres pièges qui a précipité sa mort.
Or ce suicidaire ne voulait pas mourir brusquement, il voulait se délecter de sa mort, et pour cela sa mort devait durer, agrémentée d'oeuvres d'art et d'alcools recherchés. Une mort toute romaine en somme.
Pétrone livrant ses impressions et buvant un petit coup en se vidant de son sang. Remets un peu d'eau chaude, mon bain refroidit...
Déjà le Grec Socrate mourant du poison en devisant avec ses disciples, redis-moi quel est le principe de la Maïeutique en ne mâchant pas tes mots...
Notre sucidaire, à son petit niveau d'amateur éclairé, qui aurait bien voulu soliloquer avec lui-même, s'est effectivement fait voler sa propre mort.
Il n'est pas Néron ! Pour le commun des mortels pas d'apothéose ! Il aurait dû le savoir, ne pas se prendre pour ce qu'il n'était pas, s'allonger de suite dans la commune fosse.

Bien fait pour lui !

J'ai conscience de ne pas avoir exploité toute la force humoristique et philosophique du titre qui a lui seul rivalise avec le triple pavé qui suit.

   Lariviere   
12/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Kesseler,

Cette nouvelle a du style, l'écriture est fouillée, maitrisée et le récit bien amené... On suit avec délice le délire du narrateur. Comme Socque j'ai pensé à des esseintes de Huysmans et aussi un peu à cortazar dans la fin de sa "marelle"

En résumé un bon texte, singulier sur le fond et la forme

merci pour cette lecture et bonne continuation !

   Cyrill   
14/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Kesseler,

Passé l’inconfort de lecture due à la présentation en un bloc, j’ai aimé découvrir le projet de ce narrateur tout en complexités névrotiques, obsessionnel, un poil misanthrope, certainement syllogomane. Projet mortifère et pourtant non dénué d’hédonisme et de sens esthétique.
La partie relatant l’édification des murs chargés de le protéger de toute intrusion, toute en détails, m’a vraiment intéressé pour la sensation d’étouffement qu’elle me procure à sa lecture, et surtout dans ce qu’elle a d’allégorique, car que faisons nous d’autre, de notre vie et du temps qui nous passe dessus, que d’édifier notre personnalité, notre way of life, que de nous approprier quelques uns des marqueurs temporels, dont les objets ici sont les représentants. Du moins sont-ce les réflexions que cette partie m’a suggéré.
La grotte pourrait représenter un retour au paradis perdu, à l’avant-naissance, plutôt que la mort telle qu’on la connaît par procuration.
Un final un peu décevant pour moi parce que je n’en comprends pas vraiment le sens, sinon que le narrateur se voit privé de ce qu’il avait mis si longtemps à échafauder.
Merci pour la lecture.

   Donaldo75   
22/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Dense, c'est le moins qu'on puisse dire. Il faut s'accrocher à cette muraille de mots mais l'écriture est riche et soignée. Je trouve justement que la richesse de l'écriture, le soin apporté à ce texte et la densité sur la page vont bien ensemble. Je sais, c'est un peu une impression qui conjugue visuel et intellectuel mais ça m'a fait penser à certains tableaux américains du pop art où les mots prenaient la largeur et la longueur du cadre avec des caractères d'imprimerie sans que leur sens ne raconte réellement une histoire vu que c'était la perception graphique qui l'emportait sur le raisonné.

J'ai bien aimé mais je ne me souviens plus pourquoi.


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