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Donaldo75 : Ozone mio
 Publié le 20/04/23  -  5 commentaires  -  7967 caractères  -  35 lectures    Autres textes du même auteur

Les produits laitiers sont nos amis pour la vie.
(Slogan publicitaire du vingtième siècle)


Ozone mio


Deux vaches dans un pré. Elles mâchent inlassablement une herbe grasse. La première lève les yeux au ciel, arrête de mastiquer un instant puis se tourne vers sa congénère.


– Crois-tu, Meuh-Non, qu’il existe vraiment, ce trou dans la couche d’ozone ?


La seconde vache relève la tête, stoppe le mouvement de ses mâchoires et regarde à son tour la voûte céleste. À vrai dire, elle n’en sait rien. Tout ce qu’elle entend, ce sont les humains accuser les vaches d’en être la cause. Elle trouve ça injuste.


– S’il existe, ce n’est pas notre faute.

– Tu parles de cette histoire de flatulences ?

– Exactement. Je pète donc je troue. C’est un peu court comme argument.

– J’avoue ne pas comprendre non plus.


Les deux acolytes admettent quand même qu’elles émettent du méthane à chaque pet. C’est un fait scientifique avéré, même les bovidés le savent. L’addition de toutes les vaches du monde fait de leur espèce la plus grande usine à hydrocarbures de la planète. Elles en sont conscientes. C’est juste une histoire de gaz, pas de quoi fouetter une vache. La théorie en vogue ne convient pas à Meuh-Oui. Au contraire. Elle regarde de nouveau le ciel parsemé de nuages, s’ébroue un peu, histoire de chasser quelques mouches trop collantes, puis avale son pâté d’herbe. Une idée géniale vient de germer dans son esprit. Le méthane est un carburant. Les humains achètent le carburant. CQFD.


– Nous sommes riches, alors.


Meuh-Non percute. Le raisonnement lui semble tenir la route. Seulement, le côté pratique demande de la réflexion. Il faudrait s’organiser sérieusement, créer des coopératives, organiser la production de manière industrielle et vendre ce gaz aux importateurs de pétrole. Elle explique le problème à Meuh-Oui. Celle-ci se tortille, roule des yeux puis lui répond.


– Je ne vois pas le problème, Meuh-Non.

– C’est du travail.


« Ce n’est pas faux », pense Meuh-Oui. Les vaches dans leur ensemble n’arrivent déjà pas à devenir indépendantes quand il s’agit de leur propre lait. Elle imagine alors mal comment demander aux fermiers de les laisser monter leur propre business d’hydrocarbures. Elle tente néanmoins un argument.


– Si on leur dit que c’est écologique ?

– Comment ça.

– Au lieu de péter en l’air, on va péter dans des tuyaux. Dans leur intérêt.

– Qui est ?

– Finis les saisons trop sèches ou trop froides, les pluies acides, l’été en hiver et Noël au balcon.


Meuh-Non hoche la tête. Pourtant, elle continue à voir l’abreuvoir à moitié vide. « Qui va payer les installations ? » se demande-t-elle. Pour elle, ce ne sont certainement pas les paysans. Ils ont déjà du mal à obtenir des subventions, à cause de binoclards costumés décidant du prix des œufs et du lait, imposant le soja aux producteurs et dénigrant les cultures génétiquement modifiées. Elle répond avec cette objection.


– Et si on allait directement en parler à Bruxelles ? demande Meuh-Oui.


Meuh-Non manque de s’étouffer en broutant. Elle regarde sa voisine, cherchant si c’est du lard ou du cochon puis juge que tout ceci paraît sérieux.


– Tu nous vois monter à la Commission européenne ?


Meuh-Oui lui répond que c’est l’idée, elle les voit bien tenter leur chance. L’écologie est à l’ordre du jour ces temps-ci. Les fonctionnaires européens ont même construit des éoliennes géantes en plein milieu de ce plat pays alors que la moitié des grosses hélices ne tournent presque jamais. Elle l’a entendu à la radio pendant la traite. Et puis, vingt millions de vaches sur l’autoroute du Nord, ça va forcément se voir. Les gens vont se poser des questions. Les journalistes vont fantasmer et imaginer des scénarios délirants. Certains sur les chaînes d’information en continu vont probablement inventer des lendemains où les bovins auront le droit de vote et pourront même désigner leurs propres candidats aux élections locales. Meuh-Non décide de la ramener sur terre tellement elle semble planer haut.


– Tu comptes mobiliser autant de vaches ?

– Oui !

– De quelle manière ?

– C’est un détail. Quand on veut, on peut.


Meuh-Non se penche et ramasse une grosse touffe d’herbe. L’argument de Meuh-Oui lui semble tenir la route. Néanmoins, elle ne voit pas encore la stratégie de communication à adopter pour convaincre les autres vaches de sortir des prés sans leurs fermiers et maîtres.


– On pourrait financer une partie des travaux avec le produit de la traite, via une taxe spéciale ozone, ajoute Meuh-Oui, décidemment très inspirée.


« Ce n’est pas con, ça », pense Meuh-Non. Cet impôt serait alors directement prélevé au consommateur, histoire de ne pas dégrader les comptes des fermes européennes. Elle se met à voir plus grand. À son avis, il faut commencer en Europe parce qu’elle ne voit pas les vaches chinoises ou américaines les suivre du premier coup. Elles craignent trop de terminer en compost. Alors qu’elles, les Françaises, n’auront aucun mal à rallier les vaches belges, allemandes et néerlandaises. Toute la civilisation européenne s’est construite sur le dos des bovins. Il est temps pour elles de récolter le fruit de leur labeur. Meuh-Non se met à imaginer une Communauté européenne des vaches libérées. Elles représenteraient le fer de lance de l’écologie rurale. Elles s’afficheraient en moteur de la nouvelle économie. Les anciennes pollueuses deviendraient de formidables pourvoyeuses d’emplois. Finie la dictature du cochon dont tout est bon. Terminée la discrimination autour de la plus belle conquête de l’homme. Adieu Perrette et son pot au lait. Le nec plus ultra de l’écologie responsable. Il reste pourtant une question, essentielle.


– Tu pourrais péter sur commande, toi ?


Meuh-Oui recrache son brouet d’herbes, regarde sa camarade de rébellion avec des yeux de vétérinaire puis se tord de rire. « Quelle question à la mords-moi le pis », se dit-elle. Ce ne serait pas plus difficile qu’avec le lait. Dans les faits, elles transforment simplement de l’herbe en méthane. Le matin, le fermier leur triturerait les mamelles comme d’habitude lors de la traite. Le reste du temps elles péteraient dans des tuyaux pour leur propre compte. Meuh-Non fronce les sourcils. Elle trouve l’approche un peu trop communiste à son goût. Elle n’imagine pas Bruxelles permettre des kolkhozes bovins. L’idéologie rouge n’est pas à la mode là-bas.


– Ils n’en sont pas à une contradiction près, réplique Meuh-Oui.


Et elle ajoute l’argument massue : en plus de protéger la planète et de réduire le trou dans la couche d’ozone, leur super business de méthane va générer des recettes communautaires. Meuh-Oui mâche désormais de manière effrénée. Elle a les yeux brillants. Meuh-Non se demande si l’herbe est vraiment pure dans ce pré ou si les derniers plants de cannabis n’ont pas pollué les cultures avoisinantes.


– Que ferais-tu de ton argent, Meuh-Oui ?

– Je me paierais une petite croisière autour du monde, pour commencer.

– Et après ?

– Un petit tour dans l’espace.


Meuh-Non se demande si sa copine n’a pas attrapé la folie des grandeurs. Elle argue que si elles s’organisent en coopératives, le profit sera partagé entre chaque vache. Aucune n’aura plus que l’autre et vice-versa. Le revenu par tête de pipe se limitera au raisonnable, avec au mieux des vacances dans le Larzac, au milieu des moutons et des chèvres. Meuh-Oui arrête subitement de mâcher. L’idée de voyager en seconde classe dans un train à grande vitesse rempli de vacanciers aux blagues débiles, avec leurs enfants nourris au hamburger, ne ressemble pas à un avenir lumineux. Et puis, elle ne se voit pas manager des milliers de grosses laitières habituées à brouter sans comprendre, à se faire chevaucher sans broncher par des taureaux priapiques, à ne pas voir plus loin que le bout de la clôture.


– Tu as raison, Meuh-Non, c’est une galère finalement ce business du méthane.

– Sérieux ?

– Oui. Je préfère garder ma liberté de péter.

– Si on parlait de trains, conclut Meuh-Non avant d’entamer une grosse touffe.


 
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   Asrya   
22/3/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Sous ses airs "potaches", le sujet tend à mener une réflexion sur l'impact de l'être humain sur l'environnement.
Sur sa manière d'agir, de consommer, et interroge notamment sur sa consommation de viande et les rejets de gaz à effet de serre (ici le méthane est particulièrement cité) qui y sont associés.

Des notes "d'humour" sont glissés, de part les noms des protagonistes "Meuh-Non et Meuh-Oui", de part l'abondance de "pets" et le scénario économique qui se dessine progressivement.
Des notes seulement qui, de mon côté, n'auront pas réussi à m'effleurer un sourire. Bon, je ne suis pas le plus grand fan de l'humour "pipi caca", peut-être que ma femme qui l'est davantage y aurait été plus sensible.
Ceci-dit, toute lecture trouve son lecteur, alors pourquoi pas.

Il y a malgré tout, dans le fond de cette nouvelle, beaucoup d'erreurs et d'incohérences qui m'ont frappé et qui, pour moi, ne me permettent pas d'accéder à ce récit.
Le point le plus important : trou dans la couche d'ozone et méthane.
Le second étant relativement négligeable dans son impact du premier.
S'il est vrai que le méthane participe activement au réchauffement climatique (de part son pouvoir de forçage radiatif bien plus important que celui du dioxyde de carbone), il n'est responsable que d'une manière très indirecte sur la destruction de l'ozone.
Tout d'abord, les effets du méthane sont plus notables dans la troposphère (là où nous évoluons jusqu'à une dizaine de kilomètre d'altitude), et c'est dans celle-ci que son impact sur le réchauffement climatique aura lieu. Dans la stratosphère, là où se situe la couche d'ozone, le méthane est oxydé en molécule d'eau. C'est ensuite la vapeur d'eau qui formera des radicaux libres (de type OH-) dans cette stratosphère qui seront à l'origine de la destruction de l'ozone. On estime à l'heure actuelle la participation du méthane à ce processus de l'ordre de 1 à 3%.
En réalité, le trou de la couche d'ozone est davantage associé à l'émission de CFC (chlorofluorocarbures), qui étaient utilisés il y a quelques années dans les liquides de refroidissement notamment. Depuis leur utilisation a été fortement limitée.
Il s'agit ici d'un amalgame scientifique entre le trou de la couche d'ozone et le réchauffement climatique.
Si vous aviez accès votre discours sur ce dernier, alors il n'y aurait pas eu de soucis. En l'occurrence, votre texte qui repose sur la relation ozone/méthane, laisse à désirer.

"ls ont déjà du mal à obtenir des subventions, à cause de binoclards costumés décidant du prix des œufs et du lait, imposant le soja aux producteurs et dénigrant les cultures génétiquement modifiées" --> je reviens sur ce passage à présent ; le fait que ces "binoclards costumés" dénigrent les cultures génétiquement modifiées est à l'avantage des agriculteurs, qui justement peuvent bénéficier de subvention, notamment européennes. Il y a ici un contresens significatif entre la production de semences non OGM et la favorisation de l'agriculture européenne au dépend de l'agriculture internationale qui est moins regardante sur le procédé.

"Elle trouve l’approche un peu trop communiste à son goût. " --> en quoi le fait de produire du méthane dans un tuyau pour son intérêt personnel s'approche du communisme ? Je ne saisis pas réellement la relation. Cela s'apparente davantage à du capitalisme.
Alors certes, vous revenez sur cette position en fin de récit avec le partage entre chaque vache, "aucune n'aura plus que l'autre et vice-versa", mais cela vient un peu tard pour soutenir cette thèse.

Dernier point : " à se faire chevaucher sans broncher par des taureaux priapiques" ; on sent à nouveau une méconnaissance du procédé de production de lait chez les bovidés. Cela fait bien longtemps que la monte naturelle est un lointain souvenir pour ces taureaux et ces vaches.
Du moins... cela dépend des pays évidemment, mais puisque les vôtres sont françaises, je m'en tiens à ce constat. Près de 90% des reproductions sont issus d'insémination artificielle en France. (pour les races laitières ; pour les races à viande, il y a davantage de monte naturelle)

Je me suis attardé longuement sur la "faisabilité" du discours, puisque c'est quelque chose qui m'intéresse et qui m'interpelle lorsque je lis un texte. Le vôtre me paraît manquait de maîtrise.

Au-delà du délire que vous suggérez (que je trouve relativement intéressant et qui aurait certainement mérité d'être traité avec plus de précision), ce n'est pas mal écrit, il y a des images, des touches impressionnistes, de l'humour (que cela plaise ou non), quelque chose de "frais". Le style est propre, il y a de quoi faire briller la plume, mais le sujet reste très lacuneux.

Merci pour le partage,
Au plaisir de vous lire à nouveau,
A.

   Geigei   
20/4/2023
trouve l'écriture
très perfectible
et
n'aime pas
Doit-on répondre aux propositions de cette réflexion ?
Je note qu'elle est peu documentée et composée d'émissions approximatives.
Le problème de la couche d'ozone est réglé, et n'avait aucun lien avec les vaches.
Pour ce qui est du méthane, l'éructation est plus "coupable" que les flatulences.
Je milite donc avec la dernière vache à prendre la parole : on peut la laisser tranquille.
Ou alors il faudrait que chacun de nous se fasse poser un pot d'échappement équipé d'un système de récupération.
Et un silencieux.
Important, le silencieux.

   Disciplus   
20/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Je ne me pencherais pas ici sur la faisabilité de la récupération de méthane éructé par les bovins.
Il est de fait notoire qu'une vache laitière émet environ 400g de méthane par jour. La FAO estime le nombre de bovins dans le monde à 1.6 milliards, résultat = 640 000 tonnes de méthane par an.
En un an, une vache laitière produit une quantité de méthane équivalant aux émissions de gaz à effet de serre émis par une voiture moyenne qui parcourt 20 000 kilomètres.( Ref : https://agriculture.canada.ca ) Selon la même hypothèse de 1,6 milliard de Meuh-Meuh, nous en sommes à l'équivalent de 32 000 000 000 000 km, soit 798 502 808 fois le tour de la terre. Pas mal ! On peut donc y voir un véritable problème environnemental... et en faire un petit texte, certes bourré d'approximations (Des vaches qui parlent?) mais distrayant en prenant le recul du second (troisième?) degré. Le style est simple, sans fioritures.
C'eut pu être une fable moralisatrice, une nouvelle dénonciatrice, ce ne sera qu'une fiction ironique . Bémol : Le traitement de l'idée et l'écriture nous amènent à la limite et prévisible de la rubrique Humour et Détente.

   Dugenou   
22/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Salut Don,

Parfois, ne pas se préoccuper de la vraisemblance, ne pas chercher midi à quatorze heures, ne pas se prendre la tête avec des détails qui tueraient l'envie de l'auteur de déconner un peu, laisser ses neurones pétiller, faire ch*** les psychorigides, ça peut faire marrer le lecteur lambda, lui offrir une petite pause avant de devoir redevenir sérieux. C'est le cas ici.

Merci pour le tour de manège !

   Errances   
25/4/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Intrigué par le titre, mi-italien
Je plonge dans la nouvelle
Qui fable se révèle
Dire que Donaldo est de rien
Parti pour nous faire rire
Une ambiance vacharde
Pour une mutinerie revancharde
Sur un constat que nous ne pouvons trahir
À la fois dans le réel
D'une situation connue
Et un récit fabuleusement tordu
Mais en rien fragile ou frêle
Le comique s'arrête là
Où les bête audacieuses
Malicieuses et vertueuses
arrêtent leurs pas

Une révolution des bovins
Voilà qui aurait eu de la gueule
Là où le genre humain veule
Se tait et boit son vin


Merci, Donaldo, pour ce rêve partagé.


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