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Policier/Noir/Thriller
emju : La convocation
 Publié le 28/03/20  -  9 commentaires  -  9664 caractères  -  64 lectures    Autres textes du même auteur

« La terreur était interrogation de ce qui se passerait dans le mois à venir (quand, au juste ?) et qui jetait un éclat sinistre sur les jours qui lui restaient à vivre. Il était un homme condamné à guetter l'heure à une horloge sans aiguilles. » Lula Carson


La convocation


C'est un homme ordinaire, quelconque, un homme que l'on croise sans se retourner, sans le voir. C'est une ombre qui passe comme tant d'autres. Ses cheveux sont grisonnants, ternes comme son vieux pardessus élimé par une vie fatiguée de n'être rien. Le regard, dissimulé derrière de grosses lunettes aux verres épais, est fermé à tout, hermétique, résigné.


Jean-Marie est célibataire, pas de famille, pas de femme, pas d'enfant. Il se plaît à penser « ainsi pas de contraintes », c'est sa façon d'exorciser sa solitude pourtant si pesante.

Ce serait mentir de dire qu'il est complètement seul, une chatte nommée Lucrèce lui tient compagnie. Elle aussi passerait inaperçue, si ce n'est son regard admirable où se reflètent les humeurs de son maître.


L'appartement est petit, troisième étage, sans ascenseur.


Par la fenêtre, Jean-Marie regarde la ville, sa ville. L'automne s'est imposé voilà quatre semaines ; dans le parc, les arbres subissent le strip-tease du vent qui, sans pudeur, les dénude.

Les feuilles s'accumulent au pied des troncs, parfois s'envolent dans un ballet mordoré puis retombent un peu plus loin dans une bouche d'égout, sur le pavé ou sur un banc solitaire.


Jean-Marie a le nez collé à la vitre.


Lucrèce l'observe, surprise. Que se passe-t-il ? D'habitude, son maître lui prépare sa pâtée, sifflote tout en vaquant à ses occupations ménagères. Ses grands yeux s'étonnent, son museau humide flaire quelque anomalie. D'abord elle s'étire, puis se lève nonchalamment. Elle veut en avoir le cœur net, elle s'approche doucement de l'homme debout. Ses moustaches frémissent, elle avance encore un peu, l'homme ne bouge pas. Elle lève vers lui sa tête, cherchant une caresse qui ne vient pas. Elle comprend pourquoi. La main est occupée, la main tient une enveloppe, la main serre si fort que les veines vont éclater. L'autre bras pend inerte, sans réaction. Lucrèce sent que ce n'est pas le moment, elle regagne son coussin, se met en boule, la tête cachée entre ses pattes pour ne plus le voir.


La journée avait commencé comme beaucoup d'autres ; toujours les mêmes gestes, du réfrigérateur à la table, de l'évier au placard, sans oublier le balai, le chiffon et le reste.


Jean-Marie avait regardé sa montre, il était onze heures.


Il s'était dirigé vers la porte, l'avait ouverte, mis un tour de clef par précaution, on ne sait jamais.

Il avait descendu l'escalier, les choses étaient comme à l'ordinaire, un petit sourire à la jeune demoiselle, un salut bref au vieux monsieur du rez-de-chaussée. Bien qu'il n'attendît rien, Jean-Marie guettait le facteur comme tout le monde. À part les factures et les publicités, rien ne venait jamais le surprendre.


Une enveloppe dépassait de la boîte aux lettres, elle avait été glissée dans la fente sans vouloir s'échouer au fond.

Il l'avait tirée par le coin, s'attendant à voir quelque publicité et à la déchirer sans l'ouvrir. D'autres plis gisaient en vrac « Gagnez un voyage », « La voyance vous rendra heureux », « La médaille du bonheur ».


Jean-Marie avait retourné l'enveloppe venue contrarier ses gestes quotidiens, avait lu le tampon en haut, à gauche « Commissariat de police ».


Il l'avait tournée, retournée, vérifié plusieurs fois son adresse. C'était bien son nom, c'était bien pour lui.

Il se mit à trembler, laissant tomber au sol le paquebot, le pendule et la médaille. Il n'avait pas pris la peine de ramasser les illusions illusoires.


Les idées embrouillées, il avait entrepris de remonter les escaliers. L'ascension s'était avérée pénible ; il avait enfin gravi les dernières marches comme un condamné voué à l'échafaud.


Il était enfin chez lui.


Lucrèce voit son maître et attend.


Jean-Marie s'assoit, pose l'enveloppe sur ses genoux, immobile.


Les yeux en amande le fixent, impatients.


Puis, ses doigts se réveillent, glissent sur le papier lisse et blanc. Comme on manipule un objet d'une grande valeur, Jean-Marie décolle un coin de l'enveloppe puis commence le déshabillage du courrier mystérieux. Avec beaucoup de soin, il extrait le papier plié en trois, le détend puis le couche sur la table.

En son centre, de belles majuscules noires et agressives lui sautent aux yeux.


CONVOCATION


Jean-Marie reste prostré si longtemps que Lucrèce le croit endormi.

Elle lit, sur son visage, un grand mécontentement.


La lettre est succincte : « Le Dit Martin doit se présenter au Commissariat, à l'adresse indiquée, dans les plus brefs délais, pour affaire personnelle ».


Lucrèce perçoit distinctement le bruit du papier martyrisé par les doigts fébriles, l'inquiétude est à son comble.


Jean-Marie tourne la tête, jette un regard circulaire sur les objets familiers, ses yeux s'arrêtent sur Lucrèce, implorant quelque compassion.


Il se lève. Les membres engourdis, il se dirige vers la porte, prend son vieux pardessus et sort.


Lucrèce, intriguée par l'étrange manège, saute d'un bond, surprise de ne pas entendre le tour de clef dans la serrure. Elle se dit que cette bizarrerie lui passera, regagne son coussin la mort dans l'âme. Il ne lui a pas donné à manger et ça la contrarie beaucoup.


Jean-Marie est dehors sur le trottoir, ne sachant quelle direction prendre. Une force le paralyse sans qu'il puisse y faire quelque chose. Quiconque le verrait là, immobile, les bras ballants, le trouverait plutôt inquiétant. Il se décide à marcher au hasard.

Ses jambes, pourtant si fortes, sont molles et ont du mal à le porter.

Comme ivre, il continue son chemin, traînant des pieds ne sachant où aller. Puis, il revient en arrière et décide de rentrer.

Il met la main dans sa poche, la lettre est toujours là, froissée d'avoir été maltraitée. Il la serre de plus en plus fort, la comprime. La convocation se tortille, s'entremêle, s'écrase mais résiste.


Dans l'appartement, Lucrèce sort de son rêve. La porte s'ouvre et se referme à grand fracas. Elle est sur ses gardes, elle ne reconnaît pas l'odeur de son maître, la panique s'empare d'elle, tous poils hérissés elle se dresse puis se met à gronder.


Jean-Marie s'allonge sur le lit, tout habillé. Là, dans son pantalon de velours marron, son pardessus usagé, ses chaussons pointant au plafond, on le croirait mort. Les yeux ouverts, la respiration saccadée, il regarde le mur, cherchant en vain une explication.


Lucrèce regagne son panier, tout en restant vigilante.


Quatre heures se sont écoulées depuis le sinistre courrier. Jean-Marie ne bouge pas. Deux heures passent. Jean-Marie s'est endormi.


Dans la chambre, la pénombre s'installe petit à petit, puis la lumière des réverbères se faufile par la fenêtre, contournant chaque objet. Il suffirait de peu pour les voir s'animer.


Brusquement, Jean-Marie se réveille. Il se demande ce qu'il fait là tout habillé, dans ce décor surréaliste. Il se lève, appuie sur l'interrupteur, voit dans le miroir sa mine de papier mâché. Un mal de tête lui ôte toute envie de réfléchir.


Il retire son pardessus, le lance sur le lit. À ce moment, une boule blanche roule sur le sol. Il la ramasse. Il est tellement abruti par sa sieste qu'il ne comprend pas tout de suite. Il déplie le papier, les lettres apparaissent toujours debout, bien droites : CONVOCATION.

Tout lui revient en mémoire. Il se met à trembler, un froid glacial lui parcourt le dos. Il se met à transpirer, son visage est inondé de sueur, il a chaud, tellement chaud, trop chaud.

Il s'approche de la fenêtre, l'ouvre, respire de grandes bouffées d'air frais. Il est là, penché au bord du vide, le corps désarticulé, faible.


Dans le coin à gauche, deux yeux fixent Jean-Marie. Lucrèce est inquiète.


Lui, boit l'air comme une eau de jouvence mais rien n'y fait. Son cerveau n'est plus qu'un amas de cellules enchevêtrées, prisonnier de la convocation.


Jean-Marie regarde la ville où scintillent les lumières. On dirait des diables prêts à le dévorer.

Il prend le courrier défroissé puis, rageusement, le jette par la fenêtre. La convocation s'étale sur le trottoir aux yeux de tout le monde, pas le moindre souffle ne vient la faire disparaître.

Il se sent quelque peu soulagé de ne plus avoir chez lui ces lettres monstrueuses. Peu à peu son corps se détend, les maux de tête s'estompent. Il se met à parler à voix haute : « Non, je n'irai pas à cette convocation, je suis innocent, je n'ai rien fait ».


Maintenant, il est serein. Il a pris sa décision.


Lucrèce s'approche. Jean-Marie la caresse, lui susurre des mots doux. Il est navré pour elle, mais il ne peut faire autrement.


Il éteint la lumière, il fait sombre dans l'appartement.


Là-haut, au troisième étage d'un immeuble presque endormi, une silhouette se profile sur la façade. C'est comme une ombre chinoise aux gestes maladroits. Les bras se tendent, puis comme une coulée de lave, l'ombre glisse sur le mur.


Sur le rebord de la fenêtre, Lucrèce se transforme en funambule ; sans cesse, elle fait l'aller-retour, cherchant Jean-Marie, envolé, avalé, disparu.


Il gît sur le trottoir, son ventre écrase la convocation.


Dans le commissariat de quartier où trône une machine remontant à l'antiquité, on traite les affaires courantes.


Un jeune fonctionnaire de police bougonne. En effet, il constate que Monsieur Martin ne s'est pas présenté à la convocation. Il en avise son supérieur qui éclate d'un rire tonitruant.


– Il ne viendra pas il est mort, c'est le suicidé.


Le subalterne reste sans voix, choqué par la désinvolture de son chef puis ânonne :


– Qu'est-ce qu'on va faire de ses papiers ? On l'avait convoqué pour les lui rendre.


Pour avoir perdu ses papiers, Jean-Marie Martin un homme ordinaire a perdu la vie.


 
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   cherbiacuespe   
25/2/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Conte de la folie ordinaire d'un homme seul. Et sans doute un peu paranoïaque.

Une incohérence (pas grave en soi) : "le striptease du vent qui, sans pudeur, dénude les arbres". C'est le vent qui provoque le striptease impudique.

L'histoire est sans reproche, tout sonne juste, l'écriture sans défaut, elle rend bien la panique incontrôlée du personnage principal et on ne se lasse pas. Bonne histoire finalement.

Cherbi Acuespè
En EL

   ANIMAL   
3/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Une histoire bien tournée, qui peut prendre plusieurs sens.
Soit cet homme est un pauvre bougre terrifié par l'autorité et tout ce qui dérange sa routine. Il s'imagine déjà victime d'une erreur judiciaire et ne voit d'autre issue que de s'échapper dans la mort. C'est un peu étrange mais la solitude peut déséquilibrer et mener à bien des extrêmes.

Ou alors Jean-Marie a un secret. C'est un faux "père tranquille" qui se cache depuis des années pour un ancien crime commis et qui croit avoir été retrouvé par la police. Il préfère mourir que payer sa dette en prison. C'est plausible aussi.

L'un ou l'autre, cette nouvelle très sombre est bien menée. J'adore Lucrèce, et finalement la pauvre chatte n'a toujours pas eu à manger tant son maître est perturbé. En plus, elle va finir dans la rue ou à la SPA. Une victime collatérale qui montre l'égoïsme de son propriétaire car à aucun moment il n'a songé à son devenir.

Pour ce qui concerne la chute, la dernière phrase est inutile car elle enlève la saveur de la réplique du subalterne, réplique qui éclaire la raison de cette fameuse "convocation" ayant brisé le destin de Jean-Marie.

J'ai bien aimé l'ambiance que l'auteur a su donner à sa nouvelle.

   plumette   
5/3/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
voilà un texte économe de moyens et je je trouve très efficace.
Je me suis représentée cet homme terne dont la vie est réglée comme du papier à musique et qui s'est auto convaincu qu'il a choisi lui-même sa solitude.
Il a tellement peu de contacts avec l'extérieur qu'il en a perdu le sens du réel.
C'est une très bonne idée de proposer au lecteur la vision du chat qui s'étonne du changement d'humeur de son maître.
Je trouve que vous avez su communiquer l'étrangeté de cette situation et la rendre tout à fait crédible pour la lectrice que je suis.

j'ai une petite réserve sur l'éclat de rire du chef. Etait-ce bien nécessaire?

A la fin de ma lecture, j'ai envie de savoir quel passé enfoui et indicible a pu pousser jean-Marie à vouloir la mort plutôt que la convocation... Vous nous laissez avec un mystère, et c'est habile!

Plumette

   Anonyme   
28/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour emju,

Ce texte est bien dans sa catégorie, aucun doute là dessus. L'ambiance est au suspense, que vous savez faire durer jusqu'au bout. J'ai quand même peine à croire au suicide pour un motif anodin, même de la part d'un solitaire à la vie sans relief, d'un homme qui n'a pas les yeux en face des trous... non, il y a un non-dit qui se cache derrière ce suicide, le déni d'une culpabilité plus ancienne, laquelle a façonné le pauvre homme, une erreur du passé qui l'a conditionné dans son repli sur lui même.

Adopter le point de vue de Lucrèce, le reflet des humeurs de son maître, est très judicieux, cela rend la narration intelligente, apporte un relief au texte, qui décrit une existence qui en est dénuée.

Le suicide, quand on a un animal de compagnie pour égayer sa vie, est une décision difficile, ici elle a été prise si vite... cela reflète un autisme vis à vis de l'autre, ou alors, une trop forte culpabilité, qui fait perdre à Martin tout sens des réalités... mais il n'en avait déjà pas beaucoup.

Bravo !

Dugenou.

   Stephane   
28/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour emju,

Cette nouvelle a su me tenir en haleine du début à la fin. C'est là toute la mécanique de l'histoire : ne dévoiler la "solution" qu'à la toute dernière ligne afin de ne pas lâcher le lecteur, et le pari est amplement réussi.

J'ai aimé ce personnage pour la solitude pesante et l'organisation d'une vie bien huilée mais terne. Cela fonctionnement vraiment bien grâce à une atmosphère confinée et relativement pesante, comme une sorte de grisaille au long court où la réalité est quelque peu faussée, ce qui mène finalement le héros à sa perte.

De la belle ouvrage, bravo.

Stéphane

   Anonyme   
28/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour emju,

Une nouvelle plutôt bien ficelée et qui tient le lecteur en haleine jusqu'au bout.
Histoire sur fond dramatique toutefois, la solitude, les habitudes perturbées par une convocation.
L'angoisse du protagoniste est bien décrite, ainsi que les inquiétudes du chat.

Petit bémole : "le streap tease du vent" , pas très cohérent.
Mais bon, c'est un détail.
L'ensemble est bien écrit.

   Marite   
29/3/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Les premières phrases de cette nouvelle m'ont happée ... la simple curiosité, sans parler de la qualité de l'écriture, nette, sans fioriture qui campe la scène et les personnages à savoir : l'homme solitaire Jean-Marie et sa compagne la chatte Lucrèce qui a joué son rôle dans le déroulé de la situation. Au cours de la lecture, libre à chacun d'imaginer la cause de l'angoisse de Jean-Marie ... le suspens est maintenu jusqu'à la chute.
La seule chose qui a attiré mon attention dans la forme ce sont les nombreux retours à la ligne et espaces, presque à chaque phrase, j'aurais préféré des paragraphes. Mais ceci ne nuit aucunement à l'intérêt de cette nouvelle policière.

   Babefaon   
29/3/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Emju,
Une nouvelle agréable à lire, bien écrite et qui fait la part belle au suspense. Qui suscite quelques interrogations aussi quant au véritable mobile de ce passage à l'acte. Peur irraisonnée de l'autorité ou passé trop lourd à porter, que cette convocation fait rejaillir. Qu'est-ce qui a bien pu se passer dans la vie de cet homme solitaire ? Ne se souvenait-il pas qu'il avait perdu ses papiers ? À moins qu'il ne s'en soit pas encore aperçu au moment de recevoir cette convocation. Seule vous, avez la clé de ce mystère puisque vous en êtes l'auteur.
Enfin, je pense que la dernière phrase est inutile. L'avant-dernière est beaucoup plus forte à mon avis et suffit à terminer la nouvelle.
Voilà, en espérant que cet humble commentaire vous aura été utile.
Au plaisir de vous relire...

   Alexan   
2/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Pour ma part, j'ai trouvé cette nouvelle excellente.
Dès le début on est dedans. C'est clair, simple, mais intrigant, mystèrieux. A partir du deuxième paragraphe j'étais déjà embarqué avec Jean-Marie et sa chatte Lucrèce au "regard admirable où se reflètent les humeurs de son maître", dans une routine qui suggère qu'un drame les attend.
L'écriture a beau être sobre, il y a tout de même de belles métaphores originales et évocatrices. J'ai trouvé la description des petites habitudes parfaitement amené ; l'art de créer une ambiance à partir de si peu.
Quant à la tension qui emporte Jean-Marie c'est digne d'un "roman dur" de Simenon.
La chute est très bonne. C'est juste la dernière phrase qui me laisse légèrement perplexe.


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