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Humour/Détente
Evarista : Quinoa
 Publié le 28/09/17  -  7 commentaires  -  19950 caractères  -  89 lectures    Autres textes du même auteur

La narratrice raconte un mauvais souvenir qu'elle a eu avec le quinoa.


Quinoa


Alec et moi en étions à notre première conversation. Le soleil venait de se coucher sur Berlin et il ne valait plus la peine de sortir inspecter le béton cabossé de l’aéroport désaffecté de Templehof. Goûter à la température de l’hiver, ce n’était pas une bonne idée non plus car dehors, le gel commençait à pointer le bout de son nez.


Dans la cuisine de Jean-C – notre hôte et ami commun – il y avait du pain sec pour au moins quatre nuits. Jean-C était de sortie ; il allait bientôt revenir, mais désirait ardemment qu’auparavant, Alec et moi fassions plus ample connaissance.


Au cours de la journée, Jean-C m’avait prévenue de long en large : « Ce politicien est magique, je préfère que tu le voies en face-à-face, sans que je sois là pour intervenir, afin que tu comprennes la subtilité de son charisme. Je reviendrai quand il le faudra, quand tu te seras fait une idée personnelle – et forcément intense – du type. De son côté, j’espère qu’il appréciera ta timidité juste. » Cette idée ne m’avait pas enchantée mais je ne pouvais rien y faire : Jean-C devait se rendre à la piscine, récupérer un bracelet qu’il avait égaré la veille.


Aux alentours de six heures, je retrouvai Alec dans la cour intérieure de l’immeuble, un endroit clair et peu verdoyant, rempli de sacs de poubelles blancs. Alec m’y attendait avec ses bagages et son duffle-coat couleur sapin. Nos poignées de main une fois échangées, je le fis pénétrer dans l’immeuble et le guidai à travers le couloir en carrelage ; tel un papillon à qui l’on indique le chemin de sortie.


Il y avait peu d’endroits, chez Jean-C. où s’installer pour discuter, mais le plus commode se révéla être sa cuisine filiforme bien entretenue. Nous nous installâmes autour de sa table et je considérai Alec quelques instants.


Alec ressemblait à un enfant, avec sa touffe blonde aux poils batailleurs. Le bord supérieur de sa bouche était bombé, comme s’il y avait dissimulé des bonbons à sucer. Ces derniers semblaient se mouvoir le longs de ses lèvres supérieures, chaque fois qu’il ouvrait la bouche pour parler, ce qui faisait que des bulles d’air se déplaçaient sur ses gencives d’en haut, lui enflant la peau et la figure. C’était joli et étrange à la fois.


Je me figurai qu’Alec, contrairement à annoncé par Jean-C, était sacrément mignon et pas aussi charismatique que ses ambitions ne le décrivaient. Ce n’était après tout qu’un homme fin, à la voix claire et à la peau lustrée, aussi agréable à regarder qu’une brioche dorée au jaune d’œuf. Il ne faisait pas du tout ses 32 ans et ressemblait encore moins aux envies politiques qu’on lui portait. Il ne correspondait pas non plus à son compte Twitter, où avec acharnement, il pourfendait les politiques de marché sans éthique, à l’aide de mots acides et de phrases percutantes, qui avaient pour effet de galvaniser ses supporters.


Non, Alec était joli et doux à reluquer. Il me donnait tout simplement envie. Envie de quoi ? Je l’ignore au fait, mais s’il avait fallu le suivre quelque part, je l’aurais suivi. Il me donnait vraiment envie. Ce qui effleura mes pensées, c’est que j’avais envie d’être d’accord avec lui, d’être d’accord avec lui sur tout. Mais pour l’heure, dans cette petite cuisine, il ne parlait pas beaucoup – peut-être sentait-il ma nervosité ? À moins qu’il ne fût sensible à la sienne. J’ignore s’il était nerveux, quoi qu’il en soit, pour ma part, je l’étais excessivement et essayai tant bien que mal de me détendre en songeant à Gaston Lagaffe, à sa position décontractée et à ses jeans souples. Je mâchonnai distraitement quelques miettes de pains éparpillées. Malgré ça, je n’étais pas à l’aise, et franchement : je crois que lui non plus.


Le résultat en était que nous ne parvenions pas à trouver un sujet de conversation. Ou du moins rien d’assez prenant, d’assez intéressant ou d’assez personnel qui pût nous faire oublier que nous étions en train de parler. Je me dis que Jean-C nous avait réunis, seuls tous les deux, parce que ça l’amusait, de nous imaginer que son meilleur ami rencontre sa copine dans sa cuisine. Sa mise en scène, toutefois, ne nous disait pas exactement quel rôle tenir, ni quels dialogues échanger et c’était assez pénible.


Heureusement, un coup du sort arriva et jugula le manque d’inspiration qui oppressait l’air de cette cuisine devenu poisseux de malaise.


Le lustre de la lampe plafonnière se ploya sur lui-même, se défaisant de son ampoule. L’ossature en brindilles de bambou se désossa avant d’atterrir dans un fatras épouvantable, sur la commode à aliments, dont le dernier étage était tout bourré de récipients à farine, riz, pâtes ; il y avait en outre quelques sachets de noix et de graines. En bout d’étagère, une pochette de quinoa mal refermée trônait. Mais pas pour longtemps. Le lustre en effet fit basculer le sachet, et ses graines coulèrent, plongèrent, se répandant sur le sol de la cuisine comme de l’eau dans une baignoire.


Alec et moi réagîmes de concert, portés par l’urgence de la situation. Nous nous levâmes, partageâmes l’éponge et mîmes nos vingt doigts au travail. On était accroupis comme d’avides orpailleurs, à ramasser et à rassembler les graines dans nos paumes quand, la conversation entre moi et Alec finit par s’imposer, naturellement.


– Aimes-tu le quinoa ? me demanda-t-il pour faire la conversation.


Ma réponse fut alors longue et intarissable.


« C’est une bonne question et ma réponse va être sans doute très conventionnelle, pour quelqu’un de ma génération, de ma classe sociale, de ma culture. J’apprécie. Non : j’ADORE le quinoa. Tout comme on aimait Woody Allen il y a 20 ans ou David Lynch il y a 30 ans, car me concernant, le quinoa est un phénomène de mode. Toutefois, je vais te dire très franchement et peu importe le degré d’intimité de cette révélation : ma première expérience avec le quinoa fut authentiquement mauvaise. Je garde le souvenir d’une verrine remplie de graines bizarres, à la consistance insaisissable, qui s’égrenaient sur la langue comme un boulier se séparant de ses billes – cette sensation effrayante désarticulait mes certitudes et me mettait mal à l’aise. De surcroît, la façon dont le quinoa avait été apprêté n’atténuait en rien cette turbulence du palais. La sauce, sans doute très saine, excessivement pimentée et aussi acide que du citron – en fait l’agrume présent était plus rare mais nullement exquis et tout aussi dissonant – n’excusait pas la texture inconsistante de graine. En un mot, je me suis dit « berk » à plusieurs reprises, avant d’interrompre ma dégustation.


Je me trouvais alors à un repas de famille, dans un restaurant assez réputé, organisé par mon oncle pharmacien et par sa femme – une ingénieure que je ne pouvais que m’efforcer de trouver sympathique tant elle brusquait ma façon légère et peu matérialiste de voir la vie : d’un point de vue médical, par exemple, je croyais en l’ostéopathie. L’ingénieure ressemblait à un camionneur, vaguement efféminé, dont les plis sur la commissure des yeux lui conféraient néanmoins un petit air asiatique : sans doute avait-elle hérité ces traits de son mari et de leurs trente ans de mariage, que justement nous fêtions ce jour-là. Mon oncle était vietnamien. L’ingénieure, fille d’un conseiller fédéral, avait contribué à restituer la noblesse de ma famille vietnamienne, dont l’immigration et l’aliénation loin des rizières familiales avait risqué d’être à jamais perdue. C’était du moins en ces termes que ma mère, aussi matérialiste qu’une tirelire, m’avait élevée. Ma famille vietnamienne jouissait de ce restaurant réputé, avec sincérité et ne manquait pas d’éloges sur la qualité des plats.


J’appris par la suite que le cuisinier du lieu devint le fournisseur officiel du conseil fédéral, sans doute un gage de qualité. Mais à l’époque, mon palais d’adolescente ne devait pas être corrompu par telle mondanité. Mes goûts, à l’époque, n’étaient pas superficiels ; ils se trouvaient en parfaite harmonie avec mes sens.


Était-ce l’ingénieure qui avait expressément organisé le menu ? Une pensée s’imposa dans mes esprits. Au moment d’organiser le repas, elle avait sans doute pointé l’index sur la ligne du menu intitulée « verrine de quinoa » et la patronne du restaurant avait alors avalisé son choix, après avoir vanté les bienfaits et la nouveauté de cette pseudo-céréale sud-américaine. Puisque je n’appréciais pas spécialement ma tante, il me paraissait évident qu’elle avait à dessein imposé cette verrine infâme à tous les membres de la famille. C’était un crime volumineux : 34 verrines de quinoa disposées dans l’assiette de notre plat de consistance. À côté, les petites côtelettes d’agneau, saignantes et finement découpées reposaient aussi discrètes et inoffensives qu’un souriceau endormi. Pour ce qu’il en était des légumes, il y avait de fines raves violettes – ces dernières baignaient tranquillement dans une sauce veloutée et sucrée – qui, à défaut d’être succulentes ne heurtaient le palais de personne. Non, c’était ces verrines de quinoa les vraies traîtresses de la journée.


Ma voisine de table, la femme de mon cousin, ne me regardait pas et ne m’adressait pas la moindre attention. C’est qu’elle était emportée dans une discussion passionnée sur la guerre et l’écologie – les mauvaises dépenses de la planète et les méchants cerveaux des dirigeants du monde. Quelle chance, quelle coïncidence. Je pus discrètement élaborer un plan et le mettre à exécution en des délais raisonnables.


J’emportai la verrine aux toilettes, l’ayant discrètement dissimulée dans la manche de ma blouse – il se trouve que le format étroit du récipient seyait à mes vêtements.


Le chemin des toilettes ne manquait – hélas – pas de dangers. À la table voisine, ma grand-mère était assise en tête. Je dus longer le dossier de sa chaise pour me rendre aux toilettes. Ma grand-mère ne crut pas que mon passage auprès d’elle fut fruit du hasard. Son visage aux yeux vifs et à la peau épineuse m’adressa un immense sourire de reconnaissance. Je dus m’arrêter quelques instants.


– Qu’as-tu donc à me raconter Iza ? Non, toi c’est Julia ? Comment vas-tu ? Tu vas devenir riche ?


Ma grand-mère n’était jamais parvenue à distinguer mes traits de ceux de ma cousine Julia. Nous partagions à l’époque ce même visage harmonieux, dépourvu de rides et d’expression. Et puis, il faut préciser ici l’histoire de ma grand-mère, ses origines asiatiques : son passage à travers la guerre indochinoise, ses expériences avec les colons, avaient forgé ses goûts. Par réflexe de survie, elle vénérait par-dessus tout le physique des grands Européens, aux corps dévastateurs et indémontables. Elle appréciait les hommes qui ressemblaient à des bœufs. Quant aux femmes, si elles avaient l’allure élancée, gracile et robuste des chevaux, c’était bien, c’était « ce qu’il fallait ». Julia et moi partagions ces attributs, nous étions deux grandes juments identiques qui la rassuraient ; avec nous comme gardes du corps, les gendarmes – qu’elle craignait – ne la livreraient pas en pâture. De manière générale, ce sont les petits éléments rebutants et dangereux sur lesquels on porte davantage l’attention : mon cousin intellectuel par exemple, freluquet et aussi décharné qu’un cheveu, ma grand-mère n’en oubliait jamais le nom et ne l’aurait pas confondu entre cent millions d’autres.


– Moi, c’est Iza, lui dis-je en forçant sur ma mâchoire pour articuler le mieux.


Ma grand-mère tira la pointe de mes cheveux, puis attira l’ensemble de mon buste dans sa direction. Pour répondre à ses sollicitations, je dus m’agenouiller, plier mes talons et tâter des genoux le parquet mi-clair, aux rainures propres dont l’aspect me rappela aussitôt celui d’une immense plaque au chocolat blanc.


J’appréciais ma grand-mère toutefois, pour son caractère clair et sa franchise. Je lui racontai que je deviendrais bientôt riche et crus en mes propres fadaises, du moins le temps de les prononcer. Ma grand-mère esquissa alors un immense sourire, suivi d’un grognement de satisfaction. Elle déposa son poignet sur mon bras et elle enserra mes biceps du bout de son pouce et son index. Ses petits yeux bridés roucoulèrent comme ceux d’une chouette vitaminée et je reçus un compliment.


– Tu as des bras aussi forts qu’un poulet bio ! Tu sais, ces poulets qui ont gambadé toute leur vie et qui ont sculpté leurs muscles. Moi, je n’ai pas de force et suis molle comme un poulet Optigal.


Ma grand-mère malaxait mon bras comme de la pâte, pendant une, deux, puis trois minutes, sans montrer de signes de fatigue. La scène s’éternisait comme lorsqu’un dentiste s’éternise pour vous arracher une dent de lait : c’était douloureux et gênant. Il me semblait que mon membre était une saucisse de Vienne qu’on cherchait à faire rentrer dans un morceau de pain sec. Ses petits doigts fripés contenaient toute la force de ses quatre-vingts ans, comme si sa personnalité entière passait à travers eux. Du temps du Viêtnam, dans son village sans eau ni électricité, elle avait porté des seaux d’eau à la force de ses phalanges, égorgé des poulets et remué la terre de son village, avant de se marier au fils du plus grand propriétaire terrien de la région. Autant dire que ces doigts avaient une histoire.

Pendant qu’elle auscultait mes muscles, je tenais fermement mais tant bien que mal ma verrine de quinoa, toujours cachée en bas de mon bras, du côté de mes manches. Lorsqu’enfin ma grand-mère me lâcha, je décidai de dissimuler la verrine à l’entrée de ma jupe, accolée à ma ceinture. Je m’imaginais que c’était plus sûr de placer le récipient vers mon estomac et d’une certaine façon plus stable, si d’aventure elle désirait à nouveau me tâtonner ma chair. Mais c’était là une erreur.


Je me relevai brusquement, pressée d’aller verser le tout aux toilettes. La hâte me trahit. La verrine de quinoa se renversa dans le mouvement de redressement, coulant à travers mes collants. Quelques gouttes même s’infiltrèrent à l’intérieur de ma culotte. Les graines dévalèrent au niveau de mes genoux, tel un cycliste s’élançant vers le bas d’une colline.


C’est en pénétrant dans la cabine des toilettes, qu’une douleur puissante me traversa. Je compris qu’il s’agissait du piment de la sauce, qui avait infesté ma culotte. Aussitôt, une détresse aviva mes nerfs et vivifia tous mes membres. Bientôt, je me pliai littéralement de douleur, criai, empruntant de nombreux morceaux de papier WC pour soulager l’intérieur de ma culotte. Ça piquait et plus encore qu’une plaie aspergée au Vita-Merphen. J’étais une huître qu’on maltraitait au citron vert. Ça faisait bobo.


Je passai quinze minutes dans les toilettes, une éternité, seule avec ma douleur, me cognant maladroitement contre les parois des WC. De fines aiguilles me transperçaient les nerfs, et seul le temps sut améliorer la situation. Quand enfin, ma douleur fut contenue, j’enlevai mes collants. Les graines se mirent à pleuvoir sur le carrelage, lequel fut bientôt infesté de quinoa et quelques gouttes de sauce traîtresse se joignirent à elles, les humidifiant. Pour ce qu’il en est de la verrine, je la fis engloutir par les toilettes en appuyant sur la chasse, excédée. Je me jurai de ne plus jamais toucher à cette pseudo-céréale et retournai dans la salle à manger, sans mes collants. Mes membres inférieurs me picotaient encore, mais je m’y étais habituée. Ce n’est qu’à l’heure du dessert – encore une verrine – que l’effet du piment s’atténua vraiment. »


————-


Malgré cette première expérience douloureuse avec le quinoa, à présent, c’est-à-dire une dizaine d’années plus tard, j’aime le quinoa et le savoure comme aucun autre plat ; pour moi, cet aliment est devenu presque aussi vital que l’air. C’est-à-dire : j’en mange pas moins de trois fois par semaine.


La cuisine de Jean-C. avait retrouvé son état normal. Tout le quinoa avait été ramassé, de même que les sachets de féculents avaient été redressés. Désormais, Alec, qui m’avait écoutée très attentivement se trouvait debout sur la table de travail, en train de replacer le lustre autour de l’ampoule suspendue. Il commenta la fin de mon récit, depuis là où il se trouvait.


– Mon Dieu, cette histoire est atroce pour l’imagination des sens ! J’essaie de me mettre à ta place en sentant mes couilles ensaucées par du chili-citron façon quinoa. Comment peux-tu encore aimer le quinoa après une pareille mésaventure ? Moi, je ne peux oublier si facilement ! À l’âge de cinq ans, au cours d’un pique-nique organisé par ma tante psychiatre, j’ai croqué dans une botte de persil – j’avais hérité de ma mère botaniste cet amour profond et instantané pour tout ce qui était vert. Une malchance néanmoins orienta mon aversion pour cette herbe : en effet, un escargot se dissimulait sur la face invisible des feuilles de persil. Peu précautionneux, je n’y pris pas garde et de mes petites dents d’enfant, j’incisai le gastéropode. Son corps visqueux et sa carapace coquilleuse m’ont immédiatement dégoûté. J’ai souffert ! La sensation me revient encore souvent dans la mâchoire ! Et depuis il m’est impossible de manger le moindre bout de persil. Il m’est même impossible d’en sentir l’odeur, ou si je le fais : je vomis aussitôt.

– Ceci, mon cher Alec, souligne montre à quel point je peux être influençable et en proie aux phénomènes de société. J’aime le quinoa car le conformisme m’y pousse. Mon esprit est si connecté à l’extérieur, aux conseils de bien-être, que j’en viens à être aliénée, parfaitement en désaccord avec la sincérité des mes souffrances corporelles, à la mémoire de mes bobos. Au fond, le quinoa est une religion – qui inspecte non pas la raison des sensations, mais la tranquillité de notre conformisme. Ceci est un incident tangible pour étayer mon manque de personnalité. Toi, tu as croqué dans un escargot une fois pour toutes dans ta vie et depuis tu es opposé au persil. Ceci souligne ta ligne de conduite, ton honnêteté. Moi comment puis-je être honnête avec les autres, si je ne le suis même pas avec moi-même. Je suis heureuse que tu existes et tu es exactement le politicien que notre ami commun, Jean-C, m’a décrit. Je suis là pour être guidée par des politiciens de qualité comme toi, qui savent là où est leur véritable intérêt : tu es intransigeant, honnête, cohérent. Tu es un politicien qui fait preuve de droiture au cours de ton existence.


Alec ricana en redescendant de la table de travail. Le lustre avait été replacé. Il approcha sa tête de la mienne, de façon à ce que je puisse le voir et ouvrit la bouche, avant de relever du doigt ses lèvres supérieures. Il pointa en ma direction un morceau de peau rouge, en dessus de sa dentition. Là se trouvait la raison de son bord de bouche enflé. C’est-à-dire que, sur ses gencives gambadait un tout petit gastéropode, avec sa carapace ronde et joliment sculptée – il ressemblait à un de ces petits escargots d’aquarium, qui vous sucent les parois vitrées en aspirant les dépôts des algues. Bigre, c’était une scène étonnante, l’escargot avait beau ne pas être trop volumineux, je n’avais – personnellement – jamais rien vu de tel.


Les yeux bleu faïence d’Alec me firent l’effet de deux antennes et je compris rapidement où ce jeune politicien voulait en venir. Et pourtant ce n’était pas évident. Il prit une petite voix, d’une octave supérieure à son habitude.


– Mais Iza : tu veux que je te dise POURQUOI je fais de la politique ? C’est que, j’ai si mal supporté d’avoir été mangé par un être humain bête et conformiste, au moment où je me baladais sur une gentille botte de persil, que j’ai décidé de devenir politicien et de défendre les grandes causes de l’humanité. Les produits bio, le végétalisme et l’écologie…


Nous nous esclaffâmes de rire, d’un rire sain, aussi vital que de l’eau plate.


Alec était décidément un très bon politicien.


Au beau milieu de la nuit, Jean-C m’apprit alors que les escargots pouvaient quant à eux être carnivores.


 
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   Asrya   
28/8/2017
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
(Espace lecture)

Pfiou... un texte qui ne m'a pas du tout emballé. A la première lecture, comme à la deuxième.
J'ai essayé pourtant, de comprendre, de rentrer dedans, de chercher mais... en vain !
Certains passages me paraissent complètement inutiles, comme le premier paragraphe par exemple ; mais c'est loin d'être le seul.
Quelques phrases me laissaient penser qu'il y avait quelque chose d'intéressante derrière tout cela : "Je me figurai qu’Alec, contrairement à annoncé par Jean-C, était sacrément mignon et pas aussi charismatique que ses ambitions ne le décrivaient." ; "qui pût nous faire oublier que nous étions en train de parler." ; mais... non. Pas grand chose pour se rassasier.

Je ne sais pas si vous vous êtes relu, mais, vous devriez le faire de manière plus assidu ! Des mots sont en trop par ci, par là, quelques syntaxes incompréhensibles ; ce ne fut pas simple d'aller jusqu'au bout !
Je reverrai également la ponctuation car lire votre nouvelle à voix haute est assez déconcertant.

Voilà pour la forme, j'en viens au fond.
J'imaginais quelque chose de sympa autour de ce conformisme du quinoa, les possibilités étaient aguichantes mais tout est très vite retombé de mon point de vue.
Cette discussion entre les personnages... déjà dure suivre par manque de clarté, mais tout cet épisode sur l'expérience du quinoa/toilettes... diantre quelle longueur. Je n'avais qu'une hâte, que ça se termine. A la première lecture, et encore plus à la deuxième !
Je n'ai pas été convaincu une seule seconde par cette verrine de quinoa ; autant, si ce n'est plus que votre personnage.

Le bouquet (de persil) survient avec Alec et son histoire d'escargot... alors là... j'ai décroché : complètement.
Peut-être est-ce de ma faute, je n'en sais rien, mais je n'ai strictement rien compris à cette boursouflure au niveau de sa bouche. Que fait cet escargot sur ses gencives ? D'où vient-il ? Pourquoi les escargots peuvent-ils être carnivores ? En quoi est-ce que cela fait de lui un bon politicien ?

Je suis largué... complètement.
Il me faudrait probablement des explications pour mieux cerner cette nouvelle ; à l'heure actuelle, je ne peux qu'être réfractaire à cet écrit, trop... incompris.

Ceci-dit, s'il y avait quelque chose à comprendre, ça a le mérite d'être original !

J'espère avoir l'opportunité de saisir vos explications,
Merci malgré tout pour cette lecture,
Au plaisir de vous lire à nouveau (dans un style plus accessible pour moi)
Asrya.

   Tadiou   
2/9/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
(Lu et commenté en EL)

C’est une histoire farfelue et décousue qui pourrait être distrayante et drôle ; tout à fait bizarre évidemment aussi avec un homme accueillant en permanence un escargot et se mettant à parler comme lui …

Mais les multiples maladresses, incorrections, d’écriture rendent la lecture très pénible.

J’en ai noté quelques-unes :

« ……qu’il appréciera ta timidité juste »

« Heureusement, un coup du sort arriva et jugula le manque d’inspiration qui oppressait l’air de cette cuisine devenu poisseux de malaise. »

« cette sensation effrayante désarticulait mes certitudes »

« mon palais d’adolescente ne devait pas être corrompu par telle mondanité »

« ne m’adressait pas la moindre attention. »

« une chouette vitaminée »

«une détresse aviva mes nerfs et vivifia tous mes membres »

« cette histoire est atroce pour l’imagination des sens »

« d’un rire sain, aussi vital que de l’eau plate. »

Je vous engage à reprendre ce récit et à soigner le style et vos phrases. Vous pourriez aboutir à un bon récit humoristique avec un volet politique de défense de l'écologie.

Tadiou

   Donaldo75   
5/9/2017
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
(Lu et commenté en EL)

J'ai trouvé ce récit extrêmement décousu.

Quand la narratrice raconte le pourquoi de son amour inconditionnel pour le quinoa, en tant que lecteur je m'attendais à une histoire racontée de manière plus naturelle, puisqu'elle parle avec Alec. Ici, c'est une histoire dans l'histoire, comme si l'auteur ouvrait un nouveau chapitre. De plus, le style est lourdingue, avec des digressions en pagaille, des détails inutiles, des retours en arrière, bref toute la panoplie de ce qui perd un lecteur, même courageux.

Ensuite, l'histoire d'Alec, après celle du quinoa, semble certes moins pataude mais n'emballe pas les foules.

Enfin, la chute, l'escargot dans la bouche d'Alec, sonne faux au regard de tout le reste, du sentiment général de sérieux de la narration précédente, même celle du début, qui, entre parenthèses, était la plus réussie. Cette fin, dis-je, part dans le surréalisme bancal, une forme d'humour raté parce que disproportionné. Même la dernière phrase, qui aurait pu constituer une chute fameuse, tombe à plat.

   Perle-Hingaud   
6/9/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour,

Autant commencer par là : de nombreuses choses sont perfectibles dans votre texte. Par exemple, au fil de ma lecture :

-« Dans la cuisine de Jean-C - notre hôte et ami commun » : Jean-C ? Je connais des Jean-Philippe qu’on appelle JP, mais Jean-C sonne comme si vous aviez voulu préserver son anonymat, ce qui est étrange, enfin, ce qui me parait très artificiel. Après, il s’appelle peut-être Jean– Cléophase, cet ami, et là, bien sûr…
- notre hôte et ami commun : j’ai eu du mal à saisir les liens qui les unissaient. Principalement à cause de cette phrase : « ça l’amusait, de nous imaginer que son meilleur ami rencontre sa copine dans sa cuisine. » A cet instant, j’ai supposé, à tort, que la narratrice était la petite amie de JC. (à revoir également : la syntaxe malmenée, comme à d’autres endroits du texte).
- le récit de la mésaventure du quinoa est trop long. Je me suis ennuyée, Julia n’apporte rien à l’histoire, tous les détails relatifs à l’oncle et à sa femme sont inutiles. Seule la grand-mère est bien vivante.
Mais… mais j’ai aimé ce récit loufoque. Il y a un vrai univers, empli de petits détails, décalé, un peu glauque, et dès le départ je me suis demandé: mais où nous emmène l’auteur ? Je voulais le fin mot de l’histoire, j’ai tenu bon et je n’ai pas été déçue !
Merci de m’avoir permis d’entrer dans cette dimension étrange. Raccourcissez un peu le chemin, ratissez plus finement la terre battue et la promenade sera vraiment agréable.

   plumette   
28/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
je suis entrée dans ce récit grâce au regard que la narratrice porte sur la vie et sur les gens.Un regard original qui ouvre le lecteur à un univers très singulier mais que de texte en texte j'apprécie vraiment
.
j'ai lu avec plaisir toutes les péripéties mais je me suis dit, à partir du moment où la narratrice raconte sa mésaventure avec le quinoa, qu'il y avait au moins deux histoires dans l'histoire.

J'ai beaucoup aimé le début, cette mise en présence d'Alec et de la narratrice, la description physique d'Alec, la gêne qui monte et la chute du luminaire.

Le quinoa est prétexte à parler de ce repas familial et la narratrice nous livre des choses sur sa famille et ses origines. j'ai aimé ce passage, avec la grand-mère et sa poigne! et puis j'ai compatis à la mésaventure qui se déroule dans les toilettes. C'est raconté de façon juste et également pudique.

j'ai moins apprécié le débat qui suit le récit et la chute loufoque à souhait m'a presque déçue comme si tout cet univers décrit auquel j'avais adhéré avec plaisir était finalement " pour de faux".

Pour moi l'écriture est bonne jusque dans ses petites bizarreries qui sont justement signe d'une personnalité d'écriture.

A vous relire encore,

Plumette

   Anonyme   
28/9/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Soyons clairs : en Espace Lecture, votre texte m'est tombé des yeux. Je crois que j'ai décroché à la rencontre près des poubelles, c'est vous dire si je n'étais pas allée loin ; je ne voyais pas où ça pouvait mener, ce truc, et l'écriture ne me retenait pas spécialement.

Et puis j'ai eu l'occasion de tout lire, sans pouvoir me laisser aller à l'impatience qui me caractérise, et je dois dire qu'un charme particulier s'est dégagé pour moi, celui de l'étrangeté, d'un décalage discret mais affirmé avec pour apothéose le putain d'escargot qui "gambade" sur les gencives d'Alec. Qu'est-ce que quoi qui ? (C'est à la fois adorable et gerbant comme image, chapeau.)

Toute l'histoire a cette qualité d'improbable complet, mais curieusement sans clash frontal avec la réalité telle qu'on la connaît. Je trouve cela vraiment étranger, plus qu'étrange, comme si le texte venait d'un autre monde, parallèle pas loin, mais sans réel point de contact avec le nôtre.

Une qualité intrigante dans ce texte, donc, mais ce qu'on me demande d'apprécier quand j'évalue c'est comment je l'ai aimé. Eh bien, pas trop, je dois admettre. Peut-être l'intrigue me déroute-t-elle trop, ou peut-être l'écriture très détachée m'empêche-t-elle de vibrer avec ce que vivent et ont vécu les personnages (l'épisode pourtant amusant du quinoa ne m'a pas fait sourire), peut-être le décalage intervient-il dans un décor par ailleurs trop "ordinaire" à mon goût, quoi qu'il en soit je ne suis pas emportée. Mais votre texte a au moins le mérite d'un ton bien à lui.

   Anonyme   
4/10/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
le passage du quinoa qui tombe dans la culotte est vraiment sympa
le tour de table des convives me plait bien
pour le reste j'accroche moins globalement sans vraiment savoir expliquer pourquoi; peut-être y-a-t-il des variations dans le style.


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