Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Science-fiction
Filipo : L'abri - Partie 2 sur 4
 Publié le 05/01/10  -  10 commentaires  -  18727 caractères  -  78 lectures    Autres textes du même auteur

Les Durieux sont une famille de Français ordinaires, ayant récemment acquis une villa dotée d'un gigantesque abri antiatomique souterrain.
Alain Durieux se retrouve séparé de sa femme et de sa fille, parties faire des courses au centre commercial à un très mauvais moment - le début d'une apocalypse nucléaire mondiale, rien de moins...


L'abri - Partie 2 sur 4


Résumé de la partie 1 :


Il y a quelque temps, la famille Durieux a acquis un pavillon dans une banlieue résidentielle du Val-de-Marne, équipé d’un abri antiatomique colossal. Construit dans les années soixante-dix par le docteur Yann Keller, chercheur suisse en physique des particules, convaincu de l’inéluctabilité d’un conflit nucléaire, l’abri est conçu pour permettre la survie d’une famille de cinq personnes durant plus de vingt ans.


Le 3 septembre 2016, alors qu’Alain Durieux est occupé à remettre le blockhaus en état, l’Iran met le feu aux poudres en anéantissant Tel-Aviv avec un missile balistique. Une série exponentielle de répliques et contre-répliques fait basculer le monde dans l’apocalypse…


Les magasins du centre commercial étaient à présent le théâtre de scènes de pillage. Sa fille dans les bras, Élodie slalomait entre les casseurs, trop occupés à fracasser les vitrines pour leur prêter attention. Elle fuyait en direction du métro, tendue vers un unique but : mettre Manon à l’abri le plus vite possible. La déclaration du président avait agi sur elle comme une douche froide. Non seulement le danger les menaçant était réel, mais il pouvait se matérialiser d’un instant à l’autre ! Cette prise de conscience avait arraché Élodie à l’influence léthargique de sa transe télévisuelle.


Alors qu’elle détalait en compagnie d’une cinquantaine de personnes, un rugissement lui fit lever la tête. Fonçant à faible altitude, quatre avions de chasse venaient de passer au-dessus en formation serrée. Trois d’entre eux tirèrent une succession de roquettes vers un objectif invisible. Quelques secondes plus tard, l’impensable se produisit. Un flot de lumière blanche éclipsa la lueur faiblissante de l’astre du jour, éclairant comme en plein midi l’immense parking à ciel ouvert.


- Maman ! Maman ! hurla Manon, en désignant de son index potelé un point derrière Élodie.


L’épouse d’Alain s’arrêta de courir et se tourna dans la direction pointée par sa fille. Muette d’horreur, elle contemplait l’expansion fulgurante d’un minisoleil, une boule de feu en train de dévorer Paris et ses habitants. Elle n’entendit pas réellement l’explosion. Une violente douleur lacéra ses tympans et aussitôt le monde se réduisit à un bourdonnement sourd. De sa main libre, elle palpa son oreille droite puis observa avec un détachement morbide le sang couvrant ses doigts. Pendant ce temps, Manon, hystérique, se tortillait et lui balançait des coups de pieds dans les côtes. Finalement, une giclée d’adrénaline enclencha son instinct de survie. Fuir ! Elles devaient fuir, rejoindre le métro, s’enfouir sous terre le plus loin possible ! Quelques mètres à peine les séparaient du but. Manon toujours dans ses bras, elle s’élança à nouveau au milieu de la foule, sprintant pour sauver leurs vies.


Soudain, un énorme poing balaya la cohue gesticulante. Élodie, projetée au sol avec le reste des fuyards, tenta de se relever. Avec effroi, elle se rendit compte que cela lui était impossible ! Elle ne sentait plus ses jambes. À partir de la taille, seule subsistait une vague impression de chaleur, mêlée d’humidité. Juste à côté d’elle, un homme porta les mains à sa gorge, le regard incrédule. Ses doigts crispés sur le shrapnel de verre et d’acier qui émergeait de son larynx, il essayait d’endiguer la cascade bouillonnante poissant sa chemise Armani. Après un ultime hoquet, le type s’immobilisa, les yeux grands ouverts. L’instant d’après, un typhon incandescent déferlait sur la foule hurlante, ne laissant derrière lui qu’un enchevêtrement de silhouettes noircies.


ooOOoo


La petite télé posée sur le bar s’éteignit avec un bref grésillement. Une violente secousse fit tanguer mon tabouret tandis que la lumière se coupait, plongeant l’abri dans le noir. Un placard de cuisine s’ouvrit, déversant au sol un déluge de porcelaine. Je me mis à jurer, titubant sur la vaisselle brisée, tâtonnant, tel un aveugle, à la recherche d’un briquet ou d’une boîte d’allumettes. Un relais s’enclencha enfin, faisant démarrer le groupe électrogène. Avec une lenteur pleine de regrets, les ampoules se rallumèrent.


Toussant et crachant dans l’air saturé de fines particules de plâtre, je me précipitai vers le sas de décontamination. J'actionnai l’ouverture menant au puits d’accès, attendis... mais rien ne se passa ! Affolé, je refis une nouvelle tentative. Le lourd panneau de métal refusa à nouveau de coulisser. Une rage intense déchira le voile sombre qui obscurcissait ma vision et engourdissait mes membres. Je me mis à tambouriner sur la porte blindée en hurlant. Élodie et Manon étaient là, dehors, coincées ! Je devais sortir de l’abri, les trouver et les ramener ! Le souffle court, les poings meurtris, je finis par revenir à la raison. Il m'était impossible de manœuvrer le sas. Et ce n’était pas en tapant dessus à mains nues que je réglerais quoi que ce soit. Je décrispai les poings et les laissa retomber le long de mon corps. C’est alors que je remarquai le message menaçant qui défilait en grosses lettres bleues sur l’afficheur, au-dessus de la porte :


ALERTE RADIOACTIVÉ – ABRI VERROUILLÉ


La secousse et à présent les radiations… Ça ne pouvait signifier qu’une chose : le cauchemar était devenu réalité. Des têtes nucléaires avaient explosé sur Paris. Sans même réfléchir, je pianotai le code de sécurité sur le clavier de métal, espérant déverrouiller la porte. Toujours pas de réaction. Le bunker semblait programmé pour assurer une sécurité absolue à ses hôtes, pulsions autodestructrices comprises…


Je me laissai glisser au sol, le visage enfoui entre les paumes. La même pensée m’obsédait, encore et encore : Élodie et Manon ! Piégé sous terre, je ne leur étais d’aucune aide… Je priais pour qu’elles fussent toujours dans le métro. Je doutais de la capacité des transports souterrains à les isoler des radiations durablement, mais c’était là leur unique chance de survie. Un bien mince espoir auquel se raccrocher. Je restai prostré un long moment, songeant à ma mère, à la famille d’Élodie, à nos amis. Combien d’entre eux vivaient encore ?


Du dos de la main, j'essuyai mes yeux baignés de larmes. Je me relevai ensuite avec une lenteur de vieillard. Rejoignant le salon d’un pas traînant, je rallumai le petit téléviseur, zappant d’une chaîne à l’autre. Il me fallut plusieurs minutes avant d’admettre que l’écran n’afficherait rien d’autre qu’une neige crépitante. J'essayai alors la radio, balayant les ondes pour y débusquer un signe de vie, une raison d’espérer. Je ne captai qu’un concert de parasites, aussi uniforme que déprimant. Quand je décrochai le combiné du vieux téléphone, je constatai que la ligne était morte.


Peu à peu, je prenais pleinement conscience de la situation. Certes, l’abri antiatomique m’avait sauvé. Mais il m’avait aussi totalement isolé du monde extérieur. J'étais tout autant incapable de communiquer avec la surface qu’un astronaute en perdition aux confins du cosmos. Désormais seul dans ce bunker, j'allais devoir affronter des semaines d’enfermement, peut-être même des mois. Cette pensée me donnait à nouveau envie de hurler. Puis je réalisai l’indécence qu’il y avait à gémir sur mon sort, alors que, partout dans le monde, des populations entières se trouvaient exposées aux radiations. En puissance, des centaines de millions de morts et de sans-abri. Dont ma famille.


Recroquevillé dans le canapé du salon, je restai éveillé une grande partie de la nuit, m'angoissant sur le sort d'Élodie et Manon, pleurant tant que je pouvais, avec l'impression qu'on m'arrachait le cœur. Je sommeillais parfois quelques minutes, avant d’être tiré de ma torpeur par de terrifiantes visions. Quand je ne pensais pas aux miens, je méditais sur l’avenir de l’humanité. Y avait-il la moindre chance que nous, les survivants, puissions un jour revivre une vie normale ? Ça dépendrait du degré d’autodestruction des superpuissances. Épuisé, je finis par sombrer dans l’oubli, peu avant l’aube. Mais dans le microcosme qui semblait devoir être mon unique univers pour les années à venir, la notion même de nuits et de jours avait-elle encore un sens ?


ooOOoo


Quand je rouvris les yeux, une migraine effroyable me transperçait le crâne. Mon bras droit, replié selon un angle étrange, était envahi de picotements. Il me fallut une dizaine de secondes pour réaliser où je me trouvais, plus encore pour me persuader que l’éveil ne pourrait rien contre les cauchemars de la nuit. Sitôt debout, mon premier réflexe fut de me ruer vers le sas de décontamination. Pas de changement. Toujours bloqué par la radioactivité. Une image terrifiante se forma alors dans mon esprit : Élodie, avachie contre le panneau blindé, pâle comme une morte, serrant Manon dans ses bras. Toutes deux couvertes de plaies suppurantes, les yeux caves, les lèvres exsangues, réduites à un mince trait.


- C’est idiot, et tu le sais ! me murmurai-je en frissonnant.


Néanmoins, je cognai de toutes mes forces sur la porte puis plaquais mon oreille contre le métal froid, les yeux fermés, concentré. Aucune réponse… Bien sûr, cela ne prouvait rien, ni dans un sens, ni dans l’autre. En ce moment même, ma femme et ma fille pouvaient être n’importe où. J'essayai de les imaginer dans un centre de la Croix-Rouge ou un hôpital, entourées d’un personnel efficace et dévoué, recevant tous les soins nécessaires. Profanant cette pensée réconfortante, une ritournelle hallucinée s’éleva soudain sous mon crâne :


- Élodie et Manon sont mortes, tu ne les reverras jamais ! Mortes, mortes, Élodie et Manon…


Une autre représentation mentale s’imposa alors, insufflant en moi une haine dévorante : les responsables de cette escalade, bien à l’abri dans leurs bunkers souterrains. Saloperie d’intégristes ! Comment pouvait-on être assez fou, assez inconscient pour déclencher pareille catastrophe ?


Mais moi-même, n’avais-je pas été tout aussi fou, en essayant d’ouvrir la porte blindée du sas ? En repensant à ma réaction de la veille, je frissonnai. Que me serait-il arrivé, si j'avais pu débloquer l'ouverture de l'abri ? Je serais en train d'errer au hasard, au milieu des ruines, brûlé jusqu’à la moelle, vomissant mon sang, perdant mes cheveux par poignées. Une agonie lente, atroce, insoutenable. Et, par-dessus le marché, un sacrifice parfaitement inutile vis-à-vis de ma famille.


J'eus soudain la certitude que mon existence allait se terminer dans ce sarcophage de béton, que j'y étais enterré vivant, en quelque sorte. Une angoisse incoercible monta en moi. Pour la première fois de ma vie, j'éprouvais le malaise terrifiant propre aux endroits confinés, ce sentiment d’être pris au piège, cette sensation d’étouffement… Je luttai de toutes mes forces contre la panique menaçant de m’envahir. Je devais réagir rapidement, focaliser mon attention sur quelque chose de concret et d’anodin. Sous peine de sombrer dans la folie.


Je revins au salon, cherchant comment occuper mon esprit sinon mes mains. La bibliothèque ? Parcourant les rayonnages, mon regard s’arrêta sur la reliure rouge d’un fascicule. Je m’en emparai, le feuilletant avec nervosité. Des schémas électriques, des croquis de machines en coupe, un fatras de détails techniques. Puis, vers la fin de l’ouvrage, une vieille photo. La surprise me fit presque lâcher la brochure. Face à l’objectif, un couple souriait. À leurs côtés, leurs trois enfants étaient alignés par taille décroissante. La tenue vestimentaire des protagonistes évoquait les années soixante-dix, ce que confirmait la faible qualité du cliché.


La famille n’avait rien de particulièrement remarquable. Ce qui m’avait frappé, c’était le lieu dans lequel ils avaient été photographiés. Tous les cinq se tenaient exactement au même endroit que moi. Dans le salon de l’abri antiatomique.


- Tiens donc, sifflai-je entre mes dents. La famille Keller !


Je lus plus attentivement le titre de la brochure. Il s’agissait d’une documentation sur l’abri, rédigée par le docteur Yann Artemus Keller. Je me dirigeai vers le canapé, pour parcourir plus à mon aise le fascicule. Celui-ci débutait par une bien étrange introduction…


ooOOoo


Je ne sais pas si cette notice sera un jour d’une quelconque utilité. Peut-être m’y replongerai-je moi-même dans un lointain futur, lorsque je serai trop sénile pour me souvenir du protocole d’entretien de la serre hydroponique ou de la façon dont on change les filtres antiradiation. Peut-être ne serai-je même plus de ce monde, quand vous ouvrirez ce document. Si c’est toi Wilma qui me lis en ce moment, j’espère du fond du cœur être toujours présent à tes côtés. Mais je doute que tu parcoures un jour cet ouvrage, car je connais ta discrétion et ton manque d’intérêt pour mon habituelle marotte.


Cher lecteur, si vous n’êtes pas Wilma et que vous ne feuilletez pas ce fascicule par simple curiosité, alors j’espère que vous ne faites pas partie des derniers témoins de notre civilisation. Si tel était le cas, au moins puis-je vous garantir que vous vous trouvez dans l’un des endroits les plus sûrs de la planète, vu les conditions qui doivent régner en surface. Ah ! Une chose importante, à ce propos : si le sas d’accès de l’abri se trouvait verrouillé, ne tentez rien pour l’ouvrir. Dès que le niveau de radiation retombera sous un seuil tolérable, la sécurité se désenclavera automatiquement.


Ce havre de paix souterrain représente un investissement au-delà du raisonnable, comme aime à me le rappeler plus souvent qu’à son tour ma chère épouse. Mais ce faisant, je nourris l’espoir de mettre ma famille à l’abri du terrible cataclysme atomique qui menace l’humanité. Je ne sais quel sera exactement le scénario du dernier conflit mondial, mais mon travail m’a permis d’acquérir au moins une certitude : il aura lieu, à plus ou moins longue échéance. Si je devais parier, je miserais sans hésiter sur l’épuisement des ressources énergétiques fossiles, lançant les nations les unes contre les autres dans leur soif de contrôler l’extraction des ultimes barils d’hydrocarbures.


À ce sujet, cher lecteur, avez-vous pensé à refaire le plein de la cuve à gasoil ? Si la fin du monde n’est point encore survenue, je ne saurais trop vous conseiller de reconstituer vos stocks. Je suppose que le carburant aura alors atteint des prix extravagants. N’hésitez pas à procéder à cet investissement, même s’il vous semble dispendieux : votre survie et celle de vos descendants en dépendent ! Vous aurez besoin de toute l’énergie disponible pour affronter le terrible hiver nucléaire qui succédera à l’atomisation mutuelle des grandes puissances mondiales.


À quoi bon survivre à l’extinction de la civilisation ? me demanderez-vous. « Qu’espérer du futur, alors que le froid s’apprête à figer la surface de la Terre pour des décennies ? » Je ne peux que vous répondre ceci : il y a trente mille ans, lors de la dernière glaciation, c’est en s’abritant dans des grottes que Cro-Magnon a survécu, succédant ainsi à Neandertal. Mon propos n’est pas de prédire un retour à l’âge de pierre, de vouer les générations qui nous suivront à la barbarie. Un peu partout sur la planète, il existe d’autres abris antiatomiques comme le nôtre. Grâce à la technologie qu’ils recèlent, le genre humain peut encore renaître de ses cendres, réensemencer un monde qui ne sera pas toujours stérile. En un mot comme en cent, recréer une société plus juste, se tourner vers d’autres voies que l’impasse des derniers millénaires, l’impasse des guerres et des affrontements sans fin.


Bien sûr, tout cela doit vous paraître hautement spéculatif, à vous qui parcourez d’un œil distrait les premières lignes de ce fascicule. Accordez-moi encore un instant, avant de replonger dans l’oubli bienheureux de la consommation effrénée. S'il vous plaît, songez deux minutes à toutes ces petites choses qui constituent aujourd’hui votre quotidien : un accès illimité à l’eau potable, une nourriture abondante à défaut d’être saine, des vêtements et un toit, des moyens de transport et de communication indispensables qui vous semblent pourtant aller d’eux-mêmes, des soins médicaux remboursés, la garantie démocratique de vos droits… Ces merveilles du monde moderne, cher inconnu, représentent déjà autant de privilèges inaccessibles – en tout ou en partie – aux trois quarts de l’humanité ! Réveillez-vous, bon sang ! Que croyez-vous qu’il adviendra de tout ceci, une fois que les nations auront basculé dans le chaos atomique ?


Il est temps pour vous de vous mettre au travail. Je vous promets de vous guider tout au long de l’apprentissage qui sera le vôtre. Afin qu’une fois la dernière page de ce document tournée, vous puissiez à votre tour être digne de l’abri que vous avez reçu en partage…


ooOOoo


Je m’étirai en bâillant, puis reposai la brochure. Rédigé dans un style suranné par un improbable professeur Trouvetout, l’ouvrage tenait à la fois du testament philosophique et du manuel du Castor junior. Au moins cela m’avait-il vaguement distrait des terribles inquiétudes concernant les miens. Mieux que cela, le discours un brin emphatique du regretté docteur m'avait redonné un semblant d’espoir. Avec ma femme et ma fille à mes côtés, je me serais presque senti de taille à affronter le sombre futur réservé aux survivants de cette soudaine apocalypse…


Je constatai que j'avais faim. Rien de surprenant à cela, vu que je n’avais rien avalé depuis la veille. Repensant aux linéaires surchargés de la pièce de stockage, je songeai que la nourriture ne serait pas un problème avant de longues, de très longues années. Non, le foutu problème, c’était tout le reste. À commencer par la transformation de la région parisienne en immense piège radioactif. Combien de temps à fuir la surface pour survivre ? Je n’avais aucun moyen de le savoir.


À l’idée des dizaines – peut-être des centaines – de mornes journées à végéter sous terre, un terrible sentiment de solitude m’étreignit. Si je devais séjourner plus de quelques semaines dans l’abri sans rien faire, l’oisiveté finirait par me rendre dingue. Il me fallait trouver un but, un objectif. Mais pour commencer, je devais reprendre des forces.


Les deux coudes plantés de part et d’autre de mon assiette de macaronis à la tomate, je me fis une promesse. Celle de ne jamais perdre espoir. En attendant de revoir ma famille, j'allais me fixer deux missions : primo, m’imprégner de tous les documents pouvant m’aider à maintenir en ordre de marche l’abri. Secundo, préparer du mieux possible mon retour à la surface, dans un monde dévasté et probablement méconnaissable.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
2/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
La suite se lit très facilement. Il y a des qualités indéniables de rythme, l'écriture est fluide et agréable.

Sur le fond, la réaction d'Alain face à la perte probable de son épouse et de sa fille ne me semble pas assez marquée : Il parait accepter le fait de survivre finalement assez facilement. La phase de déni devrait durer beaucoup plus longtemps à mon sens et le désespoir être plus marqué...
Un truc qui m'a gênée : plein de la cuve à gaz oil à faire : L'abri n'est il pas censé être indépendant au point de vue énergétique ?

Bon sinon on comprend qu'Alain aurait été en quelque sorte "choisi" pour préparer le futur et la survie de l'humanité...

Je lirais la suite avec curiosité mais cette partie là je trouve est un peu vite expédiée...

   ANIMAL   
2/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte parfaitement écrit relatant une situation extrême avec un réalisme frappant. C'est prenant et bien écrit, on ne lâche pas avant la fin de l'épisode.

En fait, le problème est posé : est-ce que cela vaut le coup de survivre seul ? Et comment garder son intégrité mentale ?

Pas de remarque au niveau de la forme, cela se lit tout seul.

Un bon moment de lecture.

   Pat   
3/1/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
L'histoire a pris un tournant un peu différent de ce qu'on pouvait imaginer, avec la mort probable de la femme et de la fille du personnage principal. Du coup, le suspense est relancé. Toutefois, je trouve cet épisode un peu trop rapide au niveau du rythme. Le passage de l'explosion nucléaire dans Paris est trop vite traité ainsi que le chapitre qui suit. Comme si l'auteur était pressé de suivre son nouveau fil narratif et de recentrer son récit vers la situation de "Robinson". C'est dommage, parce qu'on a du mal à vivre la situation. Il y a quelque chose qui fait un peu factice dans ces passages (alors que le premier épisode était beaucoup plus développé et nous amenait progressivement à entrer dans cet univers). Le personnage semble un peu vite s'accommoder de la situation, cela manque d'émotion. Du coup, on reste un peu extérieur et ça manque de crédibilité...
L'écriture semble moins travaillée que d'habitude avec des expressions pas très heureuses (ex : "L’épouse d’Alain, "une giclée d’adrénaline enclencha son instinct de survie.", "l’influence léthargique de sa transe télévisuelle.") De plus, les sensations semblent extérieures aux personnage : beaucoup de mouvements, de scènes très visuelles, mais peu de sensations et/ou d'effet ou du moins pas suffisamment (ce qui est sans doute lié à la rapidité des scènes décrites).
Néanmoins, l'histoire est intéressante, même si elle n'est pas très originale. L'auteur sait tenir en haleine le lecteur et mettre en scène des héros sympathiques (même s'ils ont un peu tendance à être assez proches dans tous ses textes). J'attends le prochain épisode avec curiosité, ce qui est malgré tout bon signe.

   Myriam   
3/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien
C'est plutôt... terrifiant comme enchaînement... juste une petite question: c'est possible ça? En quelques minutes, se retrouver piégé dans une attaque nucléaire que rien ne laissait prévoir?

Première partie très bien menée, la panique d'Elodie, la douleur de son mari... j'ai adhéré.

Mon intérêt a un peu faibli après le réveil d'Alain Durieux:
La lecture de la brochure m'a paru un peu indigeste, peut-être serait-ce mieux passé avec des interventions du narrateur.

D'autre part, je trouve ses réactions un peu en deçà de ce qu'on pouvait attendre:
"Mais moi-même, n’avais-je pas été tout aussi fou, en essayant d’ouvrir la porte blindée du sas ? En repensant à ma réaction de la veille, je frissonnai. Que me serait-il arrivé, si j'avais pu débloquer l'ouverture de l'abri ? Je serais en train d'errer au hasard, au milieu des ruines, brûlé jusqu’à la moelle, vomissant mon sang, perdant mes cheveux par poignées. Une agonie lente, atroce, insoutenable. Et, par-dessus le marché, un sacrifice parfaitement inutile vis-à-vis de ma famille."

Ce passage est bien raisonnable soudain... Il pense un peu trop à lui à mon goût!
La sensation d'enfermement, d'étouffement qui suit me semble plus attendue et logique.

Cette phrase également, qui évoque une soirée lecture confortable au coin du feu...
" Je m’étirai en bâillant, puis reposai la brochure."

Ces restrictions mises à part, j'ai à nouveau suivi ce récit, toujours très bien écrit, avec intérêt! Et j'ai hâte d'en connaitre la suite!

Amicalement,
Myriam.

   Andre-L   
3/1/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un petit coup de mou pour cet épisode, la fameuse transition entre introduction et corps de l'histoire, mais ça reste bien écrit. On attend avec impatience le prochain opus, dans quelle direction celui-ci va-t-il se diriger ?

   Anonyme   
6/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Je note encore des fautes de sujet pour la première personne de notre protagoniste.

Nous sommes en plein coeur de l'histoire, épisode que j'ai trouvé un peu concis, mais riche en informations.

Je reprocherai seulement la brièveté du passage avec Elodie et Manon ( passage intense je précise).

Est-ce qu'Alain va tourner chèvre dans son bunker ? les questions commencent à s'amonceler, je suis impatiente de découvrir ce que l'auteur nous a concocté.

S.

   florilange   
6/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Moi, je trouve très normale la réaction d'Alain Durieux : d'abord affolé, peiné puis furieux & enfin philosophe. Il ne faut pas oublier la caractéristique 1ère de l'humain : son égoisme foncier. C'est quand même ça qui lui a permis de survivre au cours des siècles. Ce personnage ne se conduit pas autrement que Cro-Magnon & ses successeurs. La lecture du fascicule le conforte dans cette attitude.
Il n'a pas d'autre choix, comme tout prisonnier, que de décider de ce qu'il fera de son temps libre, pour tenir sans devenir fou.
Ce texte bien écrit - à quelques petits détails près - se lit sans problème, on attend la suite avec intérêt.
Florilange.

   Anonyme   
14/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Filipo
Je suis une femme qui lit une histoire conduite par un homme, ce qui explique sans doute que je trouve certaines réactions de personnage un peu étranges.
Ce genre de choses, j'y pense, et donc je me demande bien ce que je ferai à la place du personnage principal. Pour m'y mettre pleinement, il faudrait que la situation soit inversée : la femme est dans l'abri, le mari et l'enfant dehors, et évidemment ça changerait tout. Ce que je veux dire, c'est que je n'ai pas l'impression que je réagirai comme le mari. Le plat de spaghetti à la tomate par exemple, ne passerait pas. Le fascicule je le dévorerai jusqu'à la dernière goutte et sur la porte je m'escrimerai jusqu'à m'y arracher les ongles. Réactions féminines, un peu stupides sans doute, mais je pense que je ne serai pas aussi calme que cet homme. Je chercherai absolument un moyen de sortir. (Je sais c'est stupide...)
Ceci étant dit, j'aime le contexte, la situation, les informations (j'ai l'impression que l'auteur s'est vraiment glissé dans la peau de son personnage et qu'il s'est bien renseigné.)
L'allusion à "avez-vous pensé à refaire le plein de la cuve à gasoil ?" m'a dérangée, je me suis dit que là, il était un peu tard pour y penser... mais ensuite, je me suis dit aussi que cette information n'était pas glissée là par hasard et qu'elle aurait une incidence sur la suite.
Un bon texte, une écriture agréable à suivre.
Agréablement surprise par ce texte classé en SF. 2016 est suffisamment proche de moi, l'histoire est suffisamment ancrée dans la réalité présente pour me donner envie de lire la suite.
Merci Filipo.

   placebo   
28/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Moins de personnalisation effectivement, vraiment dommage.

Le passage de Keller ne m'a pas paru trop dérangeant (sauf une phrase que je n'ai pas comprise: "comme aime à me le rappeler plus souvent qu'à son tour" ? du suisse?)

La description des effets de la bombe m'a paru bizarre. Un son qui leur fait éclater les tympans, ils ont dix secondes de battement (la petite fille ne crie pas, elle donne juste des coups de pied) et un ''poing'' balaie la foule et ? leur coupe les jambes? pas trop compris.

Reste un texte facile à lire et ménageant le suspense.

   zorglub   
11/4/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Finalement, je n'ai pas tenu à mon propre jeu de lire et commenter dans l'ordre. Je vais quand même donner mon avis sur chaque épisode après relecture.

Bien sûr, j'ai beaucoup apprécié. La montée progressive de l'angoisse, les affres de la solitude, et la folie qui guettent, le tout me semble bien représenté. J'ai également beaucoup apprécié le texte fou/prophétique du professeur. Une petite chose qui m'a parue un peu étrange, c'est la vitesse à laquelle le héros enterre sa tristesse pour penser surtout à lui.

Le début par contre, me semble un peu trop expédié. Hop, plus de femme ni de fille, certes, c'était le but pour placer le héros dans sa solitude et son désespoir, mais ça aurait peut-être pu être un peu plus détaillé.


Oniris Copyright © 2007-2023