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Réalisme/Historique
marogne : 12 mai 2008
 Publié le 04/01/10  -  14 commentaires  -  15861 caractères  -  72 lectures    Autres textes du même auteur

Il faisait beau ce matin-là, peut-être un peu trop lourd ?


12 mai 2008


Il faisait très chaud en ce début du mois de juillet. C’était une chaleur lourde, humide, toute chargée des miasmes qui montaient depuis le confluent des deux rivières tout en bas. De lourdes gouttes de sueur coulaient sur le visage de Marc et lui faisaient un maquillage de pleurs. Le soleil était invisible, caché derrière une brume qui donnait une teinte uniformément grise au ciel. La chaleur semblait provenir de partout. On aurait cru être au milieu même de ce qui la produisait. Les grands arbres tropicaux qui se dressaient, impuissants, le long des allées, ne pouvaient lutter contre cette chaleur qui venait du ciel, de la terre, de l’air même. Et leurs feuilles, grises, froissées, pendaient comme des larmes desséchées. Marc évoluait dans cette atmosphère comme dans un rêve ouaté, mécaniquement, sans vraiment prêter attention à ce qui l’entourait ni aux personnes qui le croisaient, ni à leurs visages étonnés de le voir si absent sur les sentiers qui menaient vers la grande statue.


Il leva la tête pour tenter de voir le soleil, mais son regard se perdit dans l’épaisseur des nuages, et il se retrouva, sous le même ciel désespérant, deux mois auparavant, quand il était encore vivant, joyeux, insouciant. C’était le jour où il avait découvert le parc qui entoure la chaumière de Du Fu à Chengdu, et où il était tombé sous le charme de ses jardins.


Marc, ce jour-là, avait suivi le canal qui traverse la ville à la recherche d’un marché d’antiquaires qu’on lui avait conseillé. Il voulait acheter une de ces belles boussoles chinoises où l’aiguille aimantée disparaît presque au milieu d’un disque de bois, gravé lui-même de caractères chinois suivant plusieurs cercles concentriques. Il avait commencé à s’intéresser à la pratique du Feng Shui, et il désirait l’essayer dans son petit appartement d’expatrié. Que l’on puisse déterminer la position favorable des objets avec un tel instrument l’attirait tout en le laissant profondément sceptique. Il voulait au moins faire l’expérience, et de toute façon c’était un bel objet. Il n’était plus très loin de ce marché aux puces quand il avait été attiré par les grands arbres qui, au-dessus des murs d’enceinte rouges, promettaient un peu de fraîcheur et de verdure dans cette ville toujours grise. La porte monumentale passée, il avait découvert un magnifique jardin dont les chemins convergeaient vers un ensemble de petites maisons. Il en avait arpenté les allées, allant du jardin des orchidées à la forêt de bambous, et passant au-dessus des mares sur des ponts ouvragés. Il s’était assis sur une terrasse, le dos contre une colonne laquée, d’un rouge éclatant, pour admirer dans un petit étang les arabesques de poissons orange qui tournaient autour d’une plante de lotus d’où émergeait une fleur magnifique. Une grande pagode à trois ou quatre étages, élancée, se mirait sur la surface de l’eau. Les branches des arbres qui se penchaient délicatement vers son image, se reflétaient sur ce miroir tremblant, et faisaient comme un cadre délicat à la construction élancée. Quelques feuilles tombées, poussées par le vent, dérivaient lentement, troublant à peine l’instant, faisant ressentir l’éphémère du tableau. C’est là qu’il s’était souvenu d’un des poèmes de cet auteur prolixe du huitième siècle qui avait vécu à cet endroit précis, et qui, longtemps avant que le genre ne soit inventé dans un autre pays, décrivait l’instant avec l’élégance d’un haïku :


Deux orioles chantent dans le saule bleu-vert

Une file de hérons blancs monte dans le ciel azuré

De la fenêtre, on voit à l'ouest les cimes neigeuses de l'automne

Devant la porte est ancrée une barque du pays de Wu, qui a parcouru dix mille li


Il avait passé du temps à négocier le prix de la boussole. Il avait presque atteint le moment critique où, continuer à discuter, c’était faire perdre la face à l’autre. La vendeuse, exaspérée de son insistance, avait tenté de lui montrer qu’elle fonctionnait bien pour justifier le dernier montant proposé, cent cinquante yuans. Dans ses mains expertes, l’aiguille aimantée pointait bien vers le sud, mais quelle que soit la question, aucune direction ne semblait devoir être favorable, c’était comme s’il n’y avait plus de lieux ce jour-là qui n’étaient pas funestes pour Marc ou pour la vendeuse. Il avait utilisé ce prétexte pour obtenir le dernier rabais, mais l’antiquaire était soucieuse, et c’est presque avec soulagement qu’elle empaqueta l’objet dans plusieurs feuilles de papier journal avant de le lui donner.


Il était loin maintenant de ces instants paisibles.


Il avait quitté la plate-forme du temple du Bouddha de Leshan et, contrairement aux autres touristes qui en ce début d’été étaient foule, il avait choisi de gagner le bord de l’eau par le sentier du parc plutôt que par les escaliers qui descendaient vertigineusement le long du corps de pierre. Il se rappelait l’histoire de ce Da Fo, ou grand Bouddha, dont la construction avait commencé au huitième siècle, et qui avait duré plus de quatre-vingt-dix ans. C’était le moine Haitong qui avait proposé de creuser la falaise au-dessus du confluent qui avait fait tant de victimes. Il assurait que l’aura bénéfique du bienheureux calmerait les eaux qui avaient pris tant de vies. La falaise fut creusée, des monceaux de décombres furent jetés dans le cours d’eau, presque une colline entière. Et au fur et à mesure que les trous qui formaient les tourbillons se comblèrent, la rivière s’apaisa, et ne mit plus en danger la vie des pêcheurs et des marchands. Le moine avait eu raison.


Le sentier étroit descendait en lacets, et dégageait à chaque virage de magnifiques points de vue sur la voie d’eau en contrebas. Tout ce côté des berges était constitué de hautes falaises dans lesquelles il avait fallu creuser les chemins d’accès pour les travaux. Ils avaient ensuite été utilisés pour la promenade, conçus pour favoriser la méditation. De manière régulière de petits pavillons avaient été construits pour permettre le repos et la contemplation.


Marc s’assit sur un banc de pierre face à un petit kiosque, essayant de profiter de l’instant. Mais son esprit le ramenait sans cesse dans la chaumière de Du Fu. C’était presque devenu permanent, il luttait, mais le plus souvent en vain. Il voulait retenir ses pensées le plus loin possible de ces souvenirs. Mais les efforts qu’il déployait pour résister étaient aussi la cause de son incapacité à oublier.


Oui, il était de nouveau dans l’allée principale du parc, et il rejoignait la sortie pour gagner le village des antiquaires. C’est à ce moment qu’il avait entendu les cris. Des éclats de joie, des rires, le brouhaha d’une bousculade, toute une troupe d’écoliers sortaient d’une école construite le long du mur d’enceinte. Il s’était retrouvé au milieu de cette vague joyeuse d’enfants de six à dix ans, qui le poussaient, l’entraînaient, lui, le grand occidental, le nez long, qui les faisait tant rire. Et c’est de bonne grâce qu’il se prêta à leurs jeux, à leur curiosité.


Il avait maintenant atteint la partie la plus basse du sentier qui était creusé dans la falaise, à une dizaine de mètres au-dessus de la surface de l’eau. La vue aurait pu être choisie pour une carte postale tellement elle symbolisait la Chine. Le chemin remontait en amont vers le confluent, et faisait alterner tunnels et frêles passerelles jetées au-dessus du vide, et sur lesquelles des balustrades rouges, faisant écho aux coloris de la roche, étaient le dernier obstacle avant la chute. Quand il déboucha au pied de la statue, et même s’il était prévenu, le souffle lui manqua devant la grandeur de l’œuvre millénaire. Il avait du mal à pouvoir embrasser dans son ensemble le corps gigantesque. Entre les pieds énormes du Bouddha, tel un insecte, il se sentait écrasé par la posture sereine du personnage. Assis, les mains sur les genoux, les épaules bien droites, la tête regardant paisiblement l’horizon, les lèvres légèrement pincées, le regard mélancolique, il semblait témoigner, du fond des âges, de la faiblesse de l’homme devant les éléments, en même temps que de sa formidable capacité à les réduire, à les maîtriser. Mille deux cents ans auparavant, les paysans avaient dû ressentir le même étonnement, la même peur, et la même reconnaissance envers ceux qui avaient pu réaliser cette œuvre pour apaiser la rivière et sauver la vie de leurs enfants.


L’escalier qui permettait de remonter jusqu’à la hauteur de la tête avait été aménagé dans la paroi située à la droite du Bouddha. Il montait, presque échelle verticale, le long de centaines de petites niches dans lesquelles les pèlerins avaient déposé statuettes et offrandes pendant des centaines d’années. Avant d’entreprendre l’ascension, il se rapprocha du grand brûloir d’encens en bronze pour y faire son offrande rituelle. Et les fumées qui montaient comme autant de prières vers la chape de plomb qui recouvrait le paysage, l’odeur, les murmures des fidèles, tout cela le ramena encore une fois à Chengdu, cette même après-midi du mois d’avril.


Après son achat, il avait décidé de rentrer chez lui, mais, passant devant le temple des deux chèvres, la grimace des gardiens protecteurs du temple l’avait poussé à visiter de nouveau ce sanctuaire de calme au milieu de la cacophonie des rues du centre ville. Passant de salle en salle, il avait gagné le grand pavillon octogonal décoré du signe du Yin et du Yang et situé au milieu de l’ensemble. Un jeune moine, assis à une table surmontée d’un velours rouge et sur laquelle un manuscrit était posé, s’exerçait à la lyre chinoise, et ses notes s’égrenaient doucement au travers des ouvertures percées dans les six murs qui supportaient l’extraordinaire charpente sur laquelle les symboles de la Voie avaient été peints. Juste après, devant le grand brûloir, il avait déposé son bâtonnet d’encens comme une offrande aux dieux païens, pour que le charme de cette journée ne s’efface pas. C’était la première fois qu’il le faisait. C’était comme s’il avait reçu une instruction à laquelle il ne pouvait déroger. Et quand la fumée blanche commença à monter en fins tourbillons devant le fronton de la salle principale, il se sentit libéré, mais sans savoir vraiment de quoi. Il avait pris ensuite un thé dans un des salons qui avaient été construits le long des différents bâtiments qui constituaient le temple. Assis à côté de vieilles dames jouant au mah-jong, et d’hommes aux visages sérieux qui s’affrontaient aux échecs chinois, il était resté un long moment à déguster son thé aux perles de jade, faisant communion avec l’ambiance du site. Quelques-uns des enfants de l’école toute proche couraient dans les allées, jouaient sur les marches à faire des cabrioles, criaient sous l’œil amusé des moines et des fidèles. Oui, cette journée avait été magnifique.

C’est ici, à cet endroit même, qu’il s’était d’abord précipité, quelques semaines après, pour voir si le lieu avait été touché, comme si celui-ci représentait pour lui tout ce que Chengdu lui avait apporté. Les gardiens protecteurs étaient toujours là, indemnes, mais ils semblaient, ce jour-là, rire du destin des hommes, et se moquer de leurs vaines tentatives à les soumettre à leur sécurité. Le jaune et le rouge de leurs tenues, le vert des décorations, au travers du fin grillage qui les protégeait des oiseaux, étaient devenus hostiles, menace implacable. Leurs accessoires, portés habituellement de manière nonchalante, étaient maintenant comme des armes dans leurs bras puissants. Il s’enfuit.


Péniblement, il avait atteint le sommet des escaliers, et il se dirigea vers la tête du Da Fo. C’était normalement interdit, mais il n’était pas le premier à enjamber la mince corde qui barrait le passage menant sur le sommet de la statue. Beaucoup voulaient prendre une photographie du haut des soixante-dix mètres du Bouddha pour impressionner leurs amis, et sentir dans leurs veines quelques frissons de peur et de vertige.

Il se trouvait maintenant à l’extrémité de la plate-forme qui constituait le haut du crâne. Sous lui, il distinguait dans la brume les mains et les pieds de la statue, et encore plus bas ceux qui priaient à genoux, l’encens à la main, et enfin, les eaux des deux rivières qui mélangeaient leurs histoires.


Et il se revit alors ce douze mai au matin, alors qu’il travaillait au bureau.


Tout avait commencé par un grondement terrible qui avait fait vibrer jusqu’à sa bouteille d’encre sur la table. On aurait dit que toutes les puissances infernales avaient décidé de quitter leurs antres dans un déchaînement de violences, au milieu des éclairs et du tonnerre. Mais cette pensée, il ne l’avait eue qu’après. Sur le moment ce fut la surprise, l’incompréhension. Le bruit avait été terrible, il avait eu l’impression de se trouver au sein même des engrenages grippés d’une machine gigantesque. Il n’avait pas été annoncé, sauf peut-être par une sensation pénible qu’il avait eue depuis le matin, comme si son être inconscient attendait quelque chose qu’il ne savait nommer. Ses camarades se plaignaient aussi, mais cet étrange « mal-être » avait été mis sur le compte du travail et de la chaleur. Le mouvement n’était venu qu’ensuite, comme l’écho de la sommation. Puis tout avait chancelé, et la chute sur le sol de tous les objets fut le signal de l’évacuation d’urgence. Ils se retrouvèrent tous au milieu de la cour, sains et saufs, hébétés. Leur immeuble avait tenu, mais, confusément, ils sentaient qu’ils venaient de vivre une catastrophe, et qu’ils devaient être heureux d’en avoir réchappé.


Il ne se rappelait plus pourquoi il avait voulu retourner vers le temple taôiste, peut-être avait-il eu l’intention d’aider ceux qui avaient eu moins de chance, où alors une peur sourde qui lui avait fait rechercher la protection des dieux anciens, ou l’apaisement de la connaissance. Il était à deux pas de son bureau, mais cela lui suffit pour qu’il se rende compte de l’ampleur des dégâts. Des immeubles entiers s’étaient écroulés, on entendait des cris sous les décombres, des centaines, des milliers de personnes fuyaient vers on ne sait où, empruntant les rues au hasard.

Le temple était intact mais il n’avait pu s’y arrêter. Une pulsion qu’il ne maîtrisait pas le poussa à se rendre du côté de la chaumière de Du Fu, du côté de l’école primaire qui la jouxtait.


Il y avait peu de monde près de l’entrée du parc, mais une foule dense était massée du côté de l’école. Il s’approcha. Tous les bâtiments s’étaient écroulés. Il ne restait rien de l’édifice. Et les visages décomposés de ceux qui étaient là, les pleurs et les cris des femmes qui arrivaient en courant, témoignaient de ce qu’il ne voulait pas croire. Les enfants étaient dans l’école quand celle-ci s’était écroulée.


Il resta jusqu’au soir à aider les bénévoles qui, désespérément, cherchaient des vivants au milieu des corps et sous les décombres, en vain.


Et c’étaient toutes ces images qui lui revenaient alors qu’il était sur la tête du Bouddha de Leshan, comme elles revenaient toutes les nuits depuis, comme elles ne le quittaient pas quelle que soit l’heure de la journée. Ces corps déchiquetés, ces petites mains qui tenaient encore le pinceau ou la pierre à encre, ces mères qui devenaient folles.


Et le sang sur ses mains, ce sang qu’il n’arrivait toujours pas à nettoyer deux mois après les événements, ce sang qui semblait tous les jours se renouveler.


La brume de cette chaude après-midi d’été sembla s’épaissir, devenir elle aussi rouge, vivante. Ses yeux se voilèrent, et c’est avec un immense espoir qu’il fit le pas qui le séparait du repos, enfin.


Il ne cria pas.




Pour voir des images des lieux évoqués dans cette nouvelle, voir :


http://chine2004-1.9online.fr/pages%20html/leshan.htm


http://flore-leval.9online.fr/pages%20html/du_fu.htm




 
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   ANIMAL   
2/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Quel texte étrange. L'histoire est sombre, l'atmosphère est lourde, l'événement est dramatique, la fin triste.

J'aurais aimé que le style rattrappe un peu cette ambiance négative mais lui aussi est sombre, avec des phrases parfois trop lourdes qui pourraient bénéficier d'une ponctuation plus aboutie.

Ex : "Il leva la tête pour tenter de voir le soleil, mais son regard se perdit dans l’épaisseur des nuages, et il se retrouva, sous le même ciel désespérant, deux mois auparavant, quand il était encore vivant, joyeux, insouciant."

Pourquoi ne pas scinder la phrase en deux, elle gagnerait en légèreté sans rien perdre de sa puissance évocatrice :

"Il leva la tête pour tenter de voir le soleil mais son regard se perdit dans l’épaisseur des nuages. Il se retrouva sous le même ciel désespérant, deux mois auparavant, quand il était encore vivant, joyeux, insouciant."

De très belles choses sont décrites avec des mots bien choisis, les descriptions de paysages sont particulièrement réussies. J'ai beaucoup aimé l'histoire du moine qui fait construire le Bouddha et résout ainsi le danger du fleuve. C'est quasi la seule touche positive du récit et c'est dommage car il y a un potentiel narratif à exploiter : peut-être un texte plus aéré, une différence de style plus flagrante entre le présent et les flash-backs d'avant la catastrophe.

Merci en tous cas de cette lecture,

   Maëlle   
2/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai eu un peu de mal à entrer dans cette nouvelle, il m'a fallu prendre le rythme: les phrases longues, un peu nonchalentes, m'ont tenues éloignée sur le début. Une fois l'adaptation faite, j'ai apprécié la sensation de dépaisement, accentuée par le point de vue du narrateur.

   macalys   
2/1/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
De très belles descriptions, parfois trop touffues, pour un texte très contemplatif. La narration lente rappelle celle des écrits asiatiques.

On suit un personnage dont on ne connaît presque rien et qui tarde à se faire connaître. On nous dévoile trop tard les raisons de sa dépression, lorsque la curiosité du lecteur est déjà émoussée, et elles s'insèrent donc mal dans le récit.

Il y a un problème de rythme dans ce texte. Il faudrait rééquilibrer l'espace réservé aux descriptions et celui dédié à l'action, et faire en sorte que les passages du passé et du présent racontent quelque chose, sèment des indices sur le personnage, afin qu'il ne soit pas qu'un prétexte à présenter le décor.

   Selenim   
2/1/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Premier chapitre assez indigeste car empesé par un phrasé pas très léger et tarabiscoté.

"Chaleur" répétée plusieurs fois

"depuis le confluent des deux rivières tout en bas."
Pas très beau

"faisaient un maquillage de pleurs."
L'image est jolie mais la phrase sonne mal

"On aurait cru être au milieu même de ce qui la produisait."
Construction confuse et compréhension délicate.

"Il s’était assis sur une terrasse, le dos contre une colonne laquée, d’un rouge éclatant, pour admirer dans un petit étang les arabesques de poissons orange qui tournaient autour d’une plante de lotus d’où émergeait une fleur magnifique."
La phrase est trop longue. Elle enchaine les images et perd le lecteur rapidement. Il faudrait aéré la phrase en la scindant et concentrer une image forte par phrase.

"Il avait quitté la plate-forme du temple du Bouddha de Leshan et, contrairement aux autres touristes qui en ce début d’été étaient foule, il avait choisi de gagner le bord de l’eau par le sentier du parc plutôt que par les escaliers qui descendaient vertigineusement le long du corps de pierre."
Il faut supprimer un des deux adverbes pour alléger.

Ce texte basé sur une idée forte ne m'a guère passionné car le narrateur n'est pas le héros de l'histoire : c'est l'environnement. Comment alors éprouver une émotion lors de la double chute finale plutôt expédiée. L'angle de narration n'est pas très original avec cette opposition passé/tragédie et présent/suicide.

Au niveau de l'écriture, j'ai trouvé les passages du passé plus fluide. Sinon, malgré quelques lourdeurs, la lecture n'est pas désagréable mais manque d'une vraie « patte ». On sent chez l'auteur une réelle volonté de faire vivre ses descriptions mais il y a encore trop de maladresses pour être vraiment emporté.

Selenim

   colibam   
3/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Ma lecture commence par un froncement de sourcils. En effet, le texte débute par une date : 12 mai 2008, aussitôt suivi d'une action se déroulant au mois de juillet. Fort heureusement, l'explication vient quelques lignes plus tard et à l'évocation de Chengdu, l'image du terrible séisme me revient en mémoire.

J'ai relevé quelques maladresses ou lourdeurs dans la construction des phrases :
« C’était une chaleur lourde, humide, toute chargée des miasmes » : « toute » est inutile ;
« La chaleur semblait provenir de partout » : « de partout » est maladroit ;
« On aurait cru être au milieu même de ce qui la produisait » : phrase lourde ;
« Marc évoluait dans cette atmosphère comme dans un rêve ouaté, mécaniquement, sans vraiment prêter attention à ce qui l’entourait ni aux personnes qui le croisaient, ni à leurs visages étonnés de le voir si absent sur les sentiers qui menaient vers la grande statue. » : phrase trop longue ;
« Il montait, presque échelle verticale » ;
etc
cela étant, ces maladresses sont plutôt négligeables et ne sont en aucun cas rédhibitoires pour la compréhension de l'histoire.

L'auteur nous dépeint assez bien l'ambiance sereine et religieuse de ces sites remplis d'histoire et les émotions puissantes que peuvent ressentir les touristes occidentaux, confrontés à cette culture millénaire.

L'évocation du drame est bien retranscrite et l'on comprend les tourments qui rongent le narrateur, envahi par un sentiment profond d'impuissance et de culpabilité face au souvenir obsédant des cris joyeux et insouciants des écoliers que le séisme a enseveli.

Merci enfin pour les liens qui offrent une lecture supplémentaire et une certaine densité au récit.

   Perle-Hingaud   
4/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est une vraie nouvelle, un tout, un monde, et j'ai aimé y pénétrer. L'abord n'est pas simple. Il faut s'imprégner de cette écriture lente, apaisante, qui épouse parfaitement la mentalité chinoise: soyons précis, n'ayons pas peur de développer, de planter le cadre, de définir les sensations, de citer les sages et les poètes, de prier les Dieux. Je n'ai vraiment apprécié ce texte qu'à sa deuxième lecture. Les liens vers les illustrations apportent beaucoup. L'imaginaire s'envole, il a désormais les appuis nécessaires à son élan. La chute m'a un peu déçue: un peu étonnant, cet expatrié qui ira jusqu'au "pas de trop", alors que les habitants se battront, forcément, pour survivre. Mais pourquoi pas ?
Une belle lecture. Merci.

   xuanvincent   
5/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Après une lecture rapide, j'ai apprécié retrouver le style de l'auteur, ces descriptions le plus souvent soignées et bien écrites.

La structure de la nouvelle, alternance de passages dans le présent et de passages dans le passé, avant ce 12 mai 2008, a retenu mon attention et m'a intéressée.

Dans l'ensemble, sans m'être attardée sur les détails, le texte m'a paru bien écrit.

Le thème du haïku, central dans la nouvelle "Le faiseur de haïkus", réapparaît à un moment du récit.

Au bout d'un moment, je me suis demandé quel allait être le "noeud" de l'histoire. Un instant, j'ai pensé qu'elle pouvait basculer dans le registre du fantastique * (avec un brin d'horreur) mais l'on reste bien dans celui du réalisme, la description d'une tragédie bien ancrée dans le réel.
* si ce n'est peut-être ce sang qui, curieusement, ne s'en va pas, deux mois après la tragédie.

En bref, dans l'ensemble cette nouvelle m'a plu.

   Anonyme   
5/1/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Le texte est long et trop descriptif il gagnerait en force en étant élagué.
Par exemple le premier paragraphe qui veut poser une atmosphère pesante liée à la chaleur aurait pu être moitié moins long en étant encore plus puissant ..Le mot chaleur est répété plusieurs fois est ce voulu ? je trouve que c'est un peu lourd...que cette chaleur aurait pu être traduite davantage en image qu'en répétant le mot ...
Parfois, le côté descriptif apparaît presque issu d'un guide touristique comem par exemple : "Le sentier étroit descendait en lacets, ....construits pour permettre le repos et la contemplation."
Bref, on aimerait voir les choses à travers les yeux de l'auteur, à travers son ressenti..c'est un peu trop extérieur ....
Tout ceci n'aide pas à la lecture et au rythme du texte ...
bonne continuation

   Anonyme   
5/1/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Très réaliste que ce récit, cependant un petit point négatif, je me suis parfois perdu entre le jardin zen et les autres lieux.

Aussi les descriptions sont ciblées sur certains endroits et objets, et rendent un peu fade les déplacements de Marc entre eux.
Les images ne sont hélas pas toujours au rendez-vous car le ressenti prend parfois trop d'importance.

La dernière partie est parfaitement retranscrite, le fond et la forme sont concordantes, bravo.

   MissGavroche   
6/1/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Le titre de la nouvelle m'a immédiatement interpellé. Me voici donc en train de la lire. Au départ difficile d'y entrer vraiment, les descriptions au demeurant très belle sont à la longue un peu fastidieuse et l'aller retour entre le passé et le présent un peu perturbante, mais en insistant un peu j'y arrive et me prend au jeu, je veux connaitre la suite.
L'ambiance devient pesante, et la fin dramatique semble inexorable.
Dans l'ensemble j'ai apprécier surtout le fond, la forme est un peu trop fastidieuse à mon gout

   Marite   
9/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Superbe voyage Marogne! Sans effort, j'ai suivi le narrateur dans son périple et les images ont accompagné ma lecture. Mais je n'arrive pas à comprendre ce qui motive la chute de l'histoire. Pourquoi se sent-il coupable d'évènements dramatiques qu'à notre échelle humaine nous ne pouvons que subir?

   florilange   
10/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai beaucoup apprécié cette description du "calme avant la tempête" que Marc a vécue en ce terrible jour. Fo, censé protéger la population comme il a calmé le fleuve. Les écoliers qui jouent, rient, mais mourront sous les pierres. Toute cette nature, destinée au recueillement, mais qui ne prévient en rien de ce qui arrivera. La fragilité de tout, surtout de la vie humaine.
Malgré l'aide apportée aux secouristes, la culpabilité : pourquoi eux & pas moi? La même que celle des rescapés du tsunami en Asie du Sud-Est, il y a 5 ans. Non, le sang ne s'efface pas. Mais les habitants, eux, se battront. Faut dire qu'ils n'ont pas la même conception que nous de la destinée.
Très beau texte. Mais, Marogne, c'est vrai que le style pourrait être allégé, même pour parler de l'1 de ces pays où le temps, surtout dans ces parcs & dans ces temples, ne s'écoule pas à la même vitesse que le nôtre.
Florilange.

   Anonyme   
13/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Merci à l'auteur
Plus que les photos en lien les articles consacrés aux événements de ce 12 mai éclairent le texte différemment. Néanmoins merci pour ces photographies.
Premières remarques :
Je déplore la présence récurrente du verbe faire qui appauvrit l'écriture. Faire un maquillage, par exemple, mais aussi faire perdre la face, fut creusée, faisait tant rire, faisait alterner, les auxiliaires avoir et être, également sont suremployés.
L'écriture est soignée, les décors recherchés, l'émotion est parfois mise entre parenthèse mais je conçois qu'il soit difficile de l'intensifier. Le récit est plus un témoignage, un constat d'impuissance, et quelque part, il en appelle à la fatalité.
La solitude du narrateur est bien rendue, il est impassible, le débat, l'amertume sont intériorisés. la douleur est pourtant là mais nécessite-t-elle de faire déboucher le récit sur cette fin ?
le narrateur a-t-il perdu un être cher lors de ce tremblement de terre ? Un détail de ce genre permettrait au lecteur de compatir.
Il ne cria pas. Le texte aussi est silencieux, paisible comme le serait un Chinois se penchant avec philosophie sur le devenir du monde. C'est sans doute cet état d'esprit paisible et fataliste qui ne me fait pas trop comprendre la chute, si je puis dire.

   Anonyme   
10/4/2010
À franchement parler je me suis ennuyé aussi ai-je zappé une partie du texte pour en finir au plus vite ; à votre décharge je dois dire que la Chine ne m'intéresse qu'en tant que puissance économique et que cette civilisation me m'attire pas le moins du monde.
Peut-être est-ce un texte réservé à des initiés ?


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