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Sentimental/Romanesque
Gaelle : Trente minutes avant d'être en retard
 Publié le 14/10/07  -  3 commentaires  -  10551 caractères  -  15 lectures    Autres textes du même auteur

Tous les efforts de Madeleine, une jeune femme psychorigide et obsessionnelle, pour ne pas arriver en retard à son rendez-vous. Et ce malgré, des aventures plutôt scabreuses...


Trente minutes avant d'être en retard


Elle serrait son manteau contre elle. Mais le vent continuait à s’insinuer entre ses jambes… À l’intérieur de ses manches trop larges… Elle se sentait épiée et rabaissée par cette force inquisitrice et voyeuriste, qui soufflait de givrantes caresses jusque sur les dentelles de ses dessous.
Elle se sentait impuissante. Elle enrageait !
Madeleine détestait avoir le sentiment de ne pas pouvoir tout maîtriser autour d’elle.
Trop longtemps violée par son père, avec la complicité de sa mère, Madeleine avait décidée, depuis seize ans, huit jours et trois heures qu’elle ne subirait plus jamais rien sans agir…


Vingt, vingt-deux…


C’est pourquoi elle s’arrêta subitement devant le numéro 24 de la rue du marché, et regarda sa montre… Elle avait vingt-neuf minutes d’avance… Assez de temps pour régler son problème. Elle traversa la rue et entra dans une boutique de vêtements, dont elle ressortit dix minutes plus tard. Un pantalon noir avait remplacé sa jupe. Et deux élastiques enserraient les manches de son manteau autour de ses poignets… Le vent n’avait qu’à bien se tenir !


Vingt huit, trente…


Encore quelques mètres et… voilà !… Enfin la petite cour dont son ami Paul lui avait parlé.
Mais que lui avait-il dit déjà ?... Ha oui ! Premier atelier à droite, la porte rouge…


Elle regarda sa montre… dix minutes d’avance... Elle sourit et frappa assez fort à la porte…
Une sorte de grognement lui parvint… Paul devait être saoul ! Ou avec un peu de chance, il s’était endormi sur sa toile…
Madeleine frappa à nouveau, un peu plus fort. Elle attendit…


- N'entrez…


Elle n’entendit pas très bien ce que lui disait Paul… mais elle était si pressée de découvrir le portrait qu’elle lui avait commandé qu’elle ouvrit la porte en toute hâte et se précipita dans la pièce.


Tout ce passa alors extrêmement vite. Au centre de la pièce se tenait un homme nu, assis sur une malle en cuir sur laquelle il était ficelé… En face de lui un fusil… Au-dessus de sa tête Madeleine entendit un bruit sourd et elle leva les yeux au plafond… Elle suivit alors du regard une boule de bowling rouge sang qui venait de se mettre en mouvement.
Elle comprit alors que c’était elle, qui, en ouvrant la porte, avait libéré la boule qui circulait maintenant à grande vitesse sur deux rampes en métal. Elle atterrit sur un socle en acier qui bascula sous le poids et tira sur une petite corde, qui elle-même était attachée à la gâchette du fus…


- NON !


Madeleine poussa un cri de haine ! Et elle sauta sur le fusil fixé sur un socle en bois ! Elle s’écrasa sur le sol, emportant avec elle le fusil et son socle… une détonation se fit entendre…


Madeleine essaya alors de se relever mais une douleur dans l’épaule l’en empêcha… La détonation… La balle… Elle regarde son bras, rien… pas de sang…
Toujours allongée, elle tourna la tête… Mais où est-il passé ? Il pourrait venir m’aider au moins !
Mais le pauvre homme, attaché à sa vieille malle en cuir ne pouvait pas faire grand chose…
Elle essaya donc une nouvelle fois de se relever toute seule et y arriva.


Elle s’épousseta du mieux qu’elle put et regarda sa montre… Bon vous avez de la chance, il me reste encore quelques minutes, je peux vous détacher…
Madeleine ramassa, sans se poser de question, un couteau de cuisine qu’elle trouva sur le sol et détacha le pauvre homme sans même le regarder. Puis elle reposa le couteau sur le sol, à l’endroit même où elle l’avait trouvé, avant de repartir en direction de la sortie.


Là. Debout, devant la porte close, se tenait l’homme… nu.


Madeleine, face à lui tenait son épaule endolorie de sa main droite. Elle regarda tour à tour la lèvre inférieure pendante et baveuse de l’homme à qui elle venait de sauver la vie et son sexe trop long ballottant nonchalamment entre ses jambes velues…
Elle se demanda alors pourquoi elle ne l’avait pas laissé mourir… Il le méritait bien… le pauvre.


Mais Madeleine était ainsi, elle ne supportait pas que les choses lui échappent… Tout, absolument tout, devait se passer comme elle l’avait prévu… Et sur son agenda, il n’y avait pas marqué qu’elle tuerait un homme avec une boule de bowling ! Et encore moins qu’elle le laisserait mourir de faim et de froid attaché à une vieille malle en cuir…


Elle inspira alors fortement par le nez et se mit à regarder son interlocuteur dans les yeux :


- Hé bien, écoutez cher monsieur, je n’attends pas de vous des remerciements pour vous avoir sauvé la vie. Sachez que je n’ai fait que mon devoir…


Madeleine s’approcha alors de l’homme dont la bouche s’entrouvrit…


- Non, non… Je vous en prie ne dites rien et laissez-moi passer. Je dois sortir maintenant…J’ai un rendez- vous très important… Et je déteste être en retard.


L’homme referma la bouche et commença à la laisser passer lorsqu’un bruit étrange et sourd attira l’attention de Madeleine.
Elle se retourna et découvrit avec stupeur une mare de sang au pied de la malle… Elle s’avança alors et entendit plus distinctement des gémissements… Quelqu’un était enfermé dans cette malle…
Elle se pencha encore et découvrit un trou au ras du sol… un trou causé par la balle du fusil qu’elle avait elle-même projeté sur le sol !


Madeleine se redressa alors d’un bond et se tourna vers l’homme toujours aussi désespérément nu ! Toujours aussi désespérément bedonnant et flasque qui, pris de panique à la vue du sang, se mit à sautiller et à balbutier : « La police… le SAMU… non la police… »


Madeleine, d’ordinaire si calme et si posée, toujours si réfléchie et si lucide devant l’adversité se mit à hurler :


- Bon ! Écoutez ! Ça commence à faire beaucoup là ! Et vous comptez rester le cul à l’air encore combien de temps ? Parce que vous voyez, là… l’imitation de Rocco Siffredi en manque de Viagra, ça va cinq minutes… Alors vous vous rhabillez s’il vous plaît et vous m’enlevez le truc que vous avez mis dans cette malle. Et je vous jure... que si ce n’est pas un chien, un rat ou une chèvre, je… je sais pas ce que j’fais !


L’homme se déplaça alors rapidement vers une chaise placée dans un angle de la pièce et commença à s’habiller.


Madeleine regarda l’heure. Il ne lui restait plus que trois minutes avant d’être en retard… Elle décida donc de précipiter un peu les choses et n’y tenant plus, ouvrit la malle...


Une femme agonisait… Là, sous ses yeux… un scotch à moquette sur la bouche… les mains attachées avec du fil électrique… Madeleine eut soudain un tic nerveux, et sa narine droite se mit à remonter en même temps que ses yeux se fermaient presque totalement…


Elle se rappela la main râpeuse de sa mère sur ses lèvres asséchées par la douleur, les mains de son père autour de ses poignets… Ses poignets… Madeleine arracha brutalement les élastiques qui comprimaient ses poignets et commençaient à lui couper la circulation sanguine…


L’homme assis sur sa chaise arrêta d’enfiler ses chaussettes :


- La police ! Il faut appeler la police… répétait-il en regardant Madeleine avec inquiétude...


Soudain il comprit que quelque chose de terrible allait se passer…
Madeleine s’était redressée… Elle regarda tout autour d’elle avec des yeux exorbités et se rua sur le fusil qui s’était désolidarisé de son socle. Elle visa et tua l’homme, toujours assis sur sa chaise, d’une balle en plein cœur. Puis elle se retourna et tira deux balles dans la tête de la jeune femme…


Voilà ! Ça c’est fait !


Madeleine sortit de son sac à main tombé au pied du socle en bois, un miroir… Elle se recoiffa rapidement avec des gestes précis et délicats et se remit du rouge à lèvres. Elle referma fermement son sac et vérifia qu’elle n’était pas en retard.


Parfait, pensa-t-elle… Et elle sortit dans la cour avec un petit sourire satisfait. Il ne me reste plus qu’à frapper à la bonne porte ! se dit-elle.


Le vent ne soufflait plus et Madeleine se sentait bien, elle prit tout son temps pour s’approcher de la porte voisine et découvrit un petit panneau en bois peint : Atelier Paul vermillon, Artiste peintre.


Il était vingt heures, elle n’était pas en retard. Enfin elle frappa à la porte… Rien… Elle frappa plus fort… Encore plus fort…


Le visage de Madeleine se rida doucement, ses lèvres se rétrécirent et ses yeux se fripèrent… Elle se retourna brusquement et quitta la cour à grands pas, sous l’œil des voisins du dessus qui s’étaient tous mis à la fenêtre, intrigués par les trois coups de fusil…
Mais Madeleine ne les remarqua même pas. Elle avait d’autres chats à fouetter ! Et elle ne savait pas encore comment. Mais dans huit jours elle aurait récupéré son portrait et elle l’offrirait à sa mère pour son anniversaire… Et ce, quoi qu’il lui en coûte !



Dans l’atelier de Paul Vermillon, un vieil homme s’était pendu…
Sur une lettre punaisée au portrait d’une femme pleurant une larme de sang et aux longs cheveux auburn, il était écrit :


Chère Madeleine,

Je suis désolé de vous avoir mis dans une telle situation. Mais voyez-vous, je ne pouvais plus supporter de souffrir… Et je n’arrivais pas à aller ouvrir cette porte ! Je me suis donc servi de vous pour le tuer. Lui, l’obsédé sexuel, le suppôt de Satan qui me tenait lieu de voisin depuis plus de dix ans !… Mais ne vous inquiétez pas, cette lettre vous disculpera aux yeux de tous…
Votre portrait est terminé, Madeleine et j’espère qu’il vous plaira. J’ai peint votre visage avec tout le désespoir d’un vieil homme fou d’amour… et je pars sans regret. Mais une question restera à jamais sans réponse : pourquoi vouliez-vous qu’il coule une larme de sang sur votre si beau visage ?
Ce sera ma dernière œuvre, avant mon départ pour l’enfer.
De toute façon rien ne pourra jamais être pire pour moi que de vivre à côté de ces fornicateurs maladifs. Moi qui ne rêvais plus que de vous… L’abstinence et l’attente me rongeaient.
Et pendant que ces deux monstres poussaient des râles et des cris de jouissance, moi, je me lamentais, caressant de mon regard votre photo, tant de fois embrassée par mes lèvres aimantes. Me sentant aspiré, noyé, dans les vomissements de plaisirs quasi incessants de ces deux êtres irrévérencieux du malheur de ceux qui aiment en silence.
Mais aujourd’hui vous m’avez vengé, malgré vous… certes… mais vous m’avez vengé !
Et je vous en remercie du plus profond de mon âme en perdition… qui ne pourra jamais rejoindre la vôtre… Bien trop pure pour ne pas prendre une place de choix auprès de notre seigneur Jésus.


Adieu ma douce…


Paul Vermilllon.



 
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   Bidis   
14/10/2007
 a aimé ce texte 
Bien
Texte tout à fait curieux. Commençant par deux phrases sans verbe et peut-être inutiles. Si on commence par "Madeleine serrait son manteau...", ce ne serait à mon sens pas plus mal.
En règle générale, c'est bien écrit, le style est vif, alerte, plaisant.
Un moment, on pense que l'héroïne est complètement folle et l'on commence à avoir de légers frissons... pour tomber sur un dénouement, à mon avis, tiré par les cheveux et en tout cas décevant.
Auteur intéressant. A suivre.

   Ninjavert   
19/10/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Wow...

Ce texte se révèle pas mal torturé par rapport à ce à quoi je m'attendais...

L'écriture est agréable malgré quelques lourdeurs ici ou là, ou quelques adverbes superflus, mais rien d'insurmontable.

J'ai été un peu perdu aussi par le déroulement... On ne sait pas trop où on va, et au final j'ai été complètement paumé à l'arrivée. J'ai pas vraiment vu de finalité, ni de fil directeur à l'histoire.

Par contre, ce qui m'a le plus accroché dans ce texte, c'est son ambiance. Y a une vraie athmosphère qui se dégage de ce texte. L'ambiance, entre la psychose bien compréhensible de l'héroine, et les péripéties rencontrées, je me suis retrouvé projeté au milieu d'un mélange de Zola et de Kubrick assez déstabilisant. Les images évoquées par le texte, sont aussi étranges qu'intenses. L'ambiance, à la croisée des chemins entre artistes fous, inceste et dépravation sexuelle laisse un arrière goût âcre dans la gorge.

On sent une obsession tout au long de l'histoire... Le sexe, le sexe et encore le sexe, et pas franchement ses meilleurs côtés. Perturbant.

Je regrette juste d'avoir été aussi paumé à la fin, qui -même si je l'ai compris- n'apporte pas franchement d'éclaircissements. Mais la situation en attendait-elle ?

Bref, un texte bizarre. Largement améliorable à mon sens, mais qui dégage indubitablement quelque chose de très puissant.

Comme dit Bidis, je vais surveiller tes prochains textes de près :)

Ninj'

   Togna   
20/10/2007
 a aimé ce texte 
Bien
C’est vrai, il y a des invraisemblances. Mais nous sommes dans la catégorie noir/thriller, où cela est souvent admis. Oui, il y a une ambiance, qui peut plaire ou pas, mais qui est toujours présente.
Je pense d’ailleurs que cette atmosphère aurait dû être plus travaillée encore, par le comportement plus détaillé des personnages, par la description des décors aussi, afin que le lecteur soit complètement « embarqué » dans l’intrigue et qu’il n’ait ainsi pas le temps de faire des comparaisons avec une plausibilité.

Pour ma part j’aurais évité la phrase : « trop souvent violée par son père etc. » qui probablement veut justifier les obsessions de Madeleine, lesquelles pouvaient l’être de toutes autres façons.
Je suis d’accord avec les commentateurs précédents, Gaelle a un potentiel, il y a une recherche de rythme et de dynamisme dans son écriture. À suivre donc…


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