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Sentimental/Romanesque
gorgonzola : Chroniques de la pitié (VI) - Ou comment attirer sur soi la compassion d'autrui quand on a une vie de merde
 Publié le 10/05/08  -  4 commentaires  -  5424 caractères  -  16 lectures    Autres textes du même auteur

Les talons aiguilles, le décolleté, la déesse et la soirée...

Ps : Après mûre réflexion, il a été décidé qu’il n’y aurait pas de 5e chapitre. Le fil de l’histoire n’en est absolument pas affecté. Merci pour votre attention.


Chroniques de la pitié (VI) - Ou comment attirer sur soi la compassion d'autrui quand on a une vie de merde


La porte venait à peine de s’ouvrir. Elle était là, debout. Le tumulte qui l’entourait ne me parvenait qu’en écho lointain. Mon regard parcourut le chemin du paillasson jusqu’à elle…


Des talons aiguilles rouge vif chaussaient délicatement ses pieds. Des jambes à embraser le monde prolongeaient l’idéal et se dissimulaient un peu plus haut, sous le bas d’une robe pourpre digne d’une inconcevable beauté. Sa taille mince était légèrement retenue par une étroite ceinture noire. La robe remontait un peu plus en haut et, au niveau des épaules, des bretelles s’en échappaient pour rejoindre le dos et la retenir. Seulement, le tissu semblait fuir une terre de vie qui se prolongeait au fond d’un décolleté à vous couper le souffle, à vous rompre les vertèbres, à vous éclater les amygdales et vous crever les yeux. Une cascade généreuse, parfaitement proportionnée : un océan de vie qu’aucune réticence ne pouvait enlaidir.


Son cou, comme un prélude à la magnificence ultime, se tenait droit, érigé, gracieusement, et soutenait la splendeur des splendeurs : un visage rond, gracieux, éclatant de pureté, d’élégance et de fraîcheur. Un visage illuminé, non, ensoleillé par un sourire à soumettre l’univers à ses pieds, à prescrire les cœurs à genoux et les âmes au bonheur. Il emplissait les environs d’une aura bienveillante. Une chevelure apprivoisée tombait doucement le long de sa nuque et, lisse comme la soie, prenait une teinte safranée qui invitait le regard à se pencher un peu plus encore dans le marron de deux joyaux d’une couronne aux multiples mystères. Un nez parfait reliait la majesté de deux joues au teint incandescent. Et le suprême… ! Oh le suprême ! J’en rêve encore !

Une bouche pulpeuse, céleste ornement de l’enfer, relevée délicatement par un rouge à lèvres carné, à en faire baver les miennes. Qui a parlé de sexe faible ? Lequel est-ce donc ? Je ne sais plus !


Elle se tenait bien droite, en reine. Et son sourire chaleureux invitait à entrer le plus prestement du monde. Mon cœur a de nouveau bondit. Il a rugi. Il a chassé le froid et battu comme jamais, au point que je craignis que l’on voie ma chemise se soulever et se rabattre comme celui qu’elle celait : avec rage et envie. Mon esprit s’est enivré de cette fresque divine et mon âme a fui au loin, le temps d’un souffle, au pays des rêves et de l’extase…


- Tu entres ou pas ? me dit alors l’ami-chauve.


La réalité du moment me revint alors comme une gifle : j’étais resté debout, le regard rivé droit devant, sans me rendre compte que tout le monde s’était tu et que tous me regardaient, étonnés de me voir rester à la porte ; je devais être ridicule… Je fis un pas et la porte se referma.


- Je suis ravi que tu aies pu venir, merci infiniment, me dit alors l’ami-chauve.

- Le plaisir est pour moi, répondis-je, encore étourdi.

- Viens je vais te présenter ma femme, *****.


Il me prit par le bras et m’attira quelques pas plus loin. Mes pires craintes devinrent réalité.


- *****, je te présente un ami de longue date. Nous étions les meilleurs copains du monde avant que nos chemins ne se séparent…

- Je suis ravie, coupa-t-elle.


Elle me tendit la main. Je la pris. Elle était douce, chaude. Je la lâchai…


- Je suis… euh… vraiment… euh… radis… ah, pardon… ravi, bégayai-je.


Tous deux rirent doucement. Ils savaient que j’étais intimidé, mais pensaient que c’était l’endroit qui me faisait cet effet-là. Seulement, je décelai chez elle un regard étrange. Aucun de nous deux ne dit à l’ami-chauve que nous nous connaissions déjà, elle et moi ; que nous nous étions rencontrés à la brocante !


La soirée suivit son cours normalement. Un buffet était présenté aux invités, à qui les nombreuses discussions avaient donné faim. On mangea, on but, on discuta, on rit. À vingt-deux heures, les premiers convives commencèrent à rentrer. Une demi-heure plus tard, il n’y avait plus que les deux maîtres de maison, un ami et moi. L’ami-chauve et l’autre commencèrent à parler affaires, ce qui les conduisit au bureau de l’hôte pour diverses raisons, me laissant seul avec une déesse.


- Avez-vous aimé la soirée ? questionna-t-elle pour remplir le vide qui commençait à devenir gênant.

- J’ai adoré. C’était réussi, vraiment… Merci, et je voulais aussi…

- Ah, au fait ! Je voulais vous remercier pour… attendez, venez…


Elle me prit par la main. Je la pris. Elle était douce, chaude – je radote, je sais. Elle m’emmena au détour d’un couloir que je n’avais pas encore visité. Une petite pièce avec deux canapés en face d’une télé. Au-dessus de celle-ci, le « Géographe ».


- Il est magnifique. Je n’ai eu que des compliments à son sujet… Merci ! dit-elle.

- Mais je n’y suis pour rien, répondis-je innocemment, remerciez plutôt le peintre…

- Aussi, oui. Mais vous d’abord.


Elle serra l’étreinte de sa main en signe de reconnaissance.


- Je reviendrais vous rendre visite, si vous le voulez…


Je fis simplement oui de la tête.


- Cela ne semble pas vous enthousiasmer davantage… dit-elle d’un air pincé.

- Ce n’est pas ça, non. Ce serait un plaisir, bien sûr ; et puis sachez reconnaître en mon signe de tête un plaisir démesuré. Je vous attendrais… Mais pour l’instant je dois partir…


Les salutations faites et les remerciements émis, je partis après quelques embrassades rejoindre ma maison, mon bonheur - noir - et mes amis : la solitude, le rêve et un petit nouveau… l’amour.


 
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   Ariumette   
13/5/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime bien l'idée de ne pas donner les noms des personnages. Cela laisse libre court à l'imaginaire adaptation et rend l'histoire hors de l'espace (Tunis ou ailleurs... ) Au passé heureux de ton héro tu ajoute ce que tu appelles amour! Perso, j'aurais plus misé sur le côté Désir... Car il s'agit plutôt de désir que d'amour pour moi vu qu'elle et lui n'avait jamais véritablement parler! Sinon j'ai aimé les dialogues qui ne sont ni trop ni pas assez présents, tu sais doser les banalités (c'est un compliment lol!). Le style reste égal au volet IV. A ce propos si on suit les chiffres ce volet est le numéro V, pas VI, à moins que le V soit à venir!

   widjet   
14/5/2008
 a aimé ce texte 
Pas ↑
La longue partie descriptive du début est trop chargée, elle manque de légèreté. Il n'était pas utile à mon sens de "tartiner" autant, le lecteur a comprit que le héros est sous le charme.

Ce qui suit hélas n'est pas très intéressant car vite expédié (à l'instar du peu de dialogues) comme si l'auteur avait consacré toute son énergie et son inspiration sur la description de la femme uniquement. C'est facheux.

Cet épisode là se laisse lire néanmoins et on attend tout de même de connaitre la suite.

Widjet

PS : il n'y a pas d'épisode V ou est ce une erreur ?

   Anonyme   
15/5/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
En fait, j'adore ton style, le fameux "simple, mais pas simpliste" !
et puis, j'aime aussi beaucoup quand il y a une distance salvatrice nous rattrapant alors même qu'on allait (délicieusement) trébuchée et s'affaler dans l'émotion... C'est comme ci l'auteur, pour faire une métaphore à deux balles, nous rattrapait par le bras juste avant la gamelle, pour nous dire et oh ! je suis là, c'est pas si grave tout ça, pas si important non plus !! Et puis tu nous dis quelque chose, il y a du suspens... Bref, pour moi c'est réussi, et j'attends la suite !!

   Menvussa   
22/12/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Mais où est passé le V. Le récit prend vie, bien que l'on puisse s'étonner de l'émoi à ce point porté, pour une vision qui n'est somme toute qu'une répétition , lorsque l'on sait que la première fois cette vision n'avait qu'à peine égayé le récit.


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