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Sentimental/Romanesque
hersen : Soupir de fin du jour
 Publié le 10/03/20  -  18 commentaires  -  6170 caractères  -  127 lectures    Autres textes du même auteur


Soupir de fin du jour


L'heure était parfaite.


Instant à pérenniser, instant plein.


Miduri avait été à l'affût plusieurs jours, le sentant poindre en cette saison de renouveau. Elle l'avait guetté et, maintenant qu'il s'annonçait, se sentait prête.

Cette fin de journée, ce moment de douce fracture entre ce qui a été du jour et ce qu'il promet de la nuit, offrait exactement la lumière qu'elle attendait.


Un peu plus tôt dans l'après-midi, elle avait parlé sur Skype avec sa fille et sa petite-fille, et cette conversation lui avait apporté une sérénité, une raison de forcer le temps à s'arrêter avant qu'il ne s'envole. Les mots hésitants encore, sa petite-fille envoyait à sa grand-mère des bisous et des bisous, tandis que la fille de Miduri racontait ses dernières petites prouesses.


Quand l'heure fut venue, celle où la lumière change, le matériel était déjà prêt, posé sur la table basse de jardin. Sa feuille au grain épais qu'elle avait trempée était maintenant sèche. Elle vérifia ses pinceaux sur leur support en bambou, remplit un bol d'eau claire, disposa un chiffon et ouvrit sa boîte de couleurs. Une vieille boîte, débordant de taches et de coulures, que l'artiste ne cherchait pas à nettoyer. Elle ne voyait, elle, que les pâtes pigmentées dans les petits godets.


Son art de l'aquarelle lui était venu d'un jour de neige où elle avait véritablement senti le poids léger des flocons tourbillonnant dans l'air. Depuis, elle n'avait eu de cesse de saisir des instants, de les suspendre entre eau et pigments sur sa feuille. De saisir le poids de ce qui l'entourait. Elle ne cherchait pas de modèle, elle cherchait à fixer une impression fugace dont un instant aurait laissé la trace.


Agenouillée à sa table, elle baignait dans l'atmosphère du jardin, travaillant soit par à-coups, soit par une ampleur du mouvement, utilisant le mouillé et le sec de sa feuille pour arrêter un trait ou au contraire laisser éclater la peinture dans mille vaisseaux aqueux. Elle avait une grande maîtrise, mais s'interdisait toute distraction dès lors que l'instant-cliché était en route et dans sa concentration oubliait jusqu'au froissement d'air quand un oiseau volait au-dessus d'elle.


« Hello! »


Miduri manqua en lâcher son pinceau. La surprise de ce hello incongru fut si grande qu'elle faillit gâcher son œuvre ! Mais elle se reprit aussitôt, tourna légèrement la tête, vit un couple de randonneurs et, sans rien dire, esquissa un signe de la main gauche, une main gracile, un geste soyeux, bien que cette main fût abîmée par des travaux de la terre.


Ce faisant, elle intimait aux nouveaux arrivants, sinon de disparaître, en tout cas de se faire oublier. Elle mélangea deux couleurs sur sa palette à alvéoles, puis prestement imprima à sa main prolongée du pinceau un mouvement léger, une caresse laissant une trace. Le pigment se laissa emporter par le mouillé du papier, se libéra jusqu'à se cogner à la zone sèche, la fin de son voyage.

La dernière touche de l'aquarelle.


Elle nettoya son pinceau, l'essuya soigneusement et le posa sur le support avec délicatesse. Tout était délicatesse dans ses mouvements.


Elle s'attarda quelques instants sur sa dernière œuvre. « Soupir de fin du jour ».


Le couple semblait s'impatienter. Un ahem la rappela à ses devoirs.


Elle se leva et accueillit les visiteurs en se courbant légèrement, mains jointes, tandis qu'ils lui tendaient les leurs. Miduri bien sûr se plia à cette pratique, même si elle ne l'aimait guère.


La conversation fut un peu difficile car elle ne maîtrisait pas vraiment l'anglais, mais ils la suivirent quand elle se dirigea vers un bungalow au fond du jardin. Très simple, en bois, une seule pièce. Un coin cuisine, quelques ustensiles, deux futons roulés par terre à l'opposé et une table basse au milieu. Une minuscule terrasse, meublée de deux fauteuils en bambou, complétait ce lieu spartiate.

Les deux randonneurs entrèrent dans la pièce comme un éléphant parmi des vases précieux, cognant partout leur sac à dos, pesant lourd sur les marches avec leurs chaussures et leurs mollets faits pour durer, faits pour abattre du kilomètre.


Il dit, bathroom? Miduri montra d'un geste de sa main tavelée une cabane, aux parois de bambou tressé, abritant toilettes et douche, le tout très sommaire. La femme fit une moue qui n'échappa pas à l'hôtesse. Elle comprit aussi au ton des mots échangés entre eux qu'ils n'étaient pas satisfaits du confort offert. L'homme maugréa un six thousand yens for this! suffisamment audible, mais Miduri resta impassible. Sans rien montrer de l'affront, elle n'hésita qu'un instant fugace à secouer négativement la tête avec douceur quand l'homme demanda ensuite, Internet?


Sa compagne s'exclama, no Internet!


Miduri alors se courba et exhala un sorry à peine audible. D'un geste, elle convia les visiteurs à reprendre leur chemin en ajoutant, village.


Les visiteurs se fâchèrent, gâchèrent cette ambiance initiale du jardin, cette paix du soir. Ils y étaient insensibles, avait compris Miduri, qui prit alors une décision : elle enlèverait son annonce punaisée à l'épicerie de cette bourgade de montagne, n'offrirait plus ce bungalow aux randonneurs. Elle possédait en ce lieu toute la richesse, qu'aurait-elle besoin de cet argent d'appoint venant de ces marcheurs ?


Elle voyait maintenant le couple de dos engagé sur leur chemin de retour. Une grande paix la gagna et elle revint vers son aquarelle, jeta un œil critique sur son travail. Rien n'avait changé, si ce n'était qu'elle était sèche. Miduri l'observa longtemps, tentant d'apprécier à quel degré elle avait su capter l'instant dans cette peinture légère comme un duvet.


Elle comprit qu'un élément manquait.


Elle trempa malicieusement son pinceau dans le bol d'eau, l'égoutta et l'appliqua sur une infime parcelle, au bord droit de l'œuvre. Puis elle choisit un pigment, un indigo qu'elle fonça d'un soupçon de noir, et déposa un point tremblant dans ce minuscule espace mouillé ; le pigment se libéra, se délava, devint une ombre, un rien déjà oublié en visite dans cet après-midi éternel.


 
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   Mokhtar   
4/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je me demande si « soupir de fin du jour » n’est pas un prénom asiatique.

Cette histoire, que j’imagine en Thaïlande, exprime la différence de sensibilité et de comportement entre deux civilisations.

D’une part, celle d’une paysanne, sans doute rompue aux travaux de la terre, qui exprime sa sensibilité artistique et poétique toute en douceur, peignant de délicate aquarelle un paysage à la lumière du soleil couchant. Et pas n’importe quelle lumière : celle bien particulière d’une soirée de printemps : raffinement exquis

D’autre part, celle de deux bourrins aux mollets de percherons avides d’Internet et de confort occidental. Incongrus, comme des chiens dans un jeu de quilles.

Elle, elle est en symbiose avec son cadre naturel de vie, avec lequel elle communie. Des voyeurs violeurs ne restera qu’une petite ombre. Traduction minimaliste d’une colère pudique et contenue. Ici est impudent celui qui est trop expressif dans ses réactions.

Très joli texte. Sensible. Poétique. Qui dénonce clairement, mais avec subtilité et retenue. En harmonie avec l’urbanité asiatique.

Voyager, c’est se fondre. Dans le même esprit, on pourrait dénoncer :
- Au Ténéré, quand le Targui voit le noble silence du désert profané par la horde du Paris-dakar.
- À Venise, plongée dans l’ombre quand les buildings flottants viennent écraser le grand canal.

Mokhtar, en EL

   plumette   
6/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Télescopage de deux mondes : celui du raffinement, de la contemplation, de l'attente sans impatience, de l'intériorité nourrie de nature avec celui de la "consommation" . Oui, on peut randonner dans des coins reculés et silencieux et n'être que des consommateurs de randonnées , peu sensible à l'environnement et à la rencontre.

j'ai bien aimé la lenteur du début, lenteur préparatrice au geste artistique, la description précise du travail de l'aquarelle et ce surgissement du hello qui fait ensuite basculer le texte dans autre chose.

la communication avec ces quelques mots d'un vocabulaire anglais mondialisé est comme un pavé dans la mare.

Très belle chute également !

Un bon moment de lecture.

Plumette

   maria   
7/2/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

L'auteur(e) nous parle de Miduri dans un style raffiné ; les phrases sont denses.
"Tout était délicatesse dans ses mouvements" quand "elle cherchait à fixer une impression fugace dont un instant aurait laissé la trace".

Une très belle écriture donc, un personnage fort qui incarne la sagesse. Mais l'histoire est trop courte.

Merci du partage et à bientôt.
Maria en E.L.

   Louison   
12/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un texte émouvant comme une poésie. Le calme, la sérénité d'un instant parfait et en face, ce besoin irrépressible de modernité, de confort. Deux mondes différents. Et cette paix qui revient avec le départ des intrus.
Un bel instant.

Louison en EL

   Donaldo75   
12/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

J'ai beaucoup aimé cette nouvelle. Les qualités d'écriture sont une partie de cette appréciation ; la narration en est une autre facette. Le rythme pour raconter cette histoire, la douceur et la sérénité du récit alors que la situation n'est pas forcément simple dans le cas de Miduri entre la réalité et son art, toutes ces composantes de la nouvelle m'ont séduit. J'aime ce style.

Bravo !

   Babefaon   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Confrontation de deux mondes en opposition.
D'un côté la recherche du calme et de la sérénité propice à la création. De l'autre celle de la modernité, de l'uniformisation, en dehors desquelles le voyageur semble égaré, n'arrive plus à contempler ce qu'il y autour ni à se recentrer sur l'essentiel.
Pourquoi aller chez l'habitant dans ce cas ? Autant rester sur les chemins balisés et familiers !
Ce rendez-vous manqué aura au moins permis à Miduri de figer cet instant éphémère sur sa feuille. Peut-être n'y aurait-elle pas pensé autrement... Peut-être même que cette ombre aurait manqué à son œuvre ! J'aime à croire qu'il y a parfois une raison...
Merci pour ce voyage aux senteurs d'Orient.

   Anonyme   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour hersen,

Ce texte marie cette capacité à saisir l'instant des poètes à celle des gestes d'une aquarelliste, dans la quiétude d'une retraite montagnarde. Ne connaissant pas l'asie, je me demande où ça se passe... le yen, c'est la monnaie japonaise non ?

Deux éléments, la terre, symbolisée par la montagne, et l'eau mélangée aux pigments, sont réunis dans le même tableau, ça évoque bien le japon et sa symbolique traditionnelle.

Arrivent deux touristes rustres et consommateurs incapables de profiter de la chance qui leur est offerte de s'immerger dans la culture locale. Cela vient ternir cet instant idyllique que vit Miduri. Comme une intrusion . Deux mondes opposés se télescopant, l'un violant l'autre.

Dugenou.

   ours   
10/3/2020
Salut Hersen

Voilà un joli titre qui en dit déjà long avec ce double sens, le soupir en tant que dernier souffle du jour, mais aussi ce soupir d'exaspération auquel Miduri aurait bien le droit de se laisser aller.

J'ai aimé ensuite cette aquarelle, personnage à part entière, quoi de plus nuancé qu'une aquarelle avec ses couleurs pastelles, diluées, aspirées et déployées sur le support avec lequel elle fait corps. Elle apporte une quiétude à l'ensemble qui donne au final de l'ampleur au contraste qui sépare Miduri des deux touristes. Miduri qui n'imagine pas gâcher cet instant précieux du jour, si fugace que le peintre doit agir très vite pour le capturer. Les touristes qui peut être trop fatigués par le poids de leurs sacs encombrants ignorent complètement ce qui est en train de se passer.

Cela me rappelle une anecdote alors que nous voyagions avec des amis dans la vallée du Dadés au Maroc, nous avions été accueillis par Ahmed qui possédait une maison non loin des gorges. Il nous avait invité à vivre à son rythme et nous avait reçu avec toute la richesse de son propre jardin. Je me rappelle d'une expression qu'il utilisait pour qualifier certains touristes qu'il voyait se balader en 4x4 et briser ainsi le calme des lieux : les "toutristes". Ce mot m'est resté en tête et y restera encore ancré pour longtemps.

Au final, j'ai passé un très agréable moment de lecture sur ton texte qui ne manque pas de poésie. Une vraie ambiance, et de très belles descriptions sont au rendez-vous. Le seul élément qui m'a moins convaincu, ce sont les touristes, même si la mode est au sac à dos, à la performance même dans les découvertes insolites et d'authenticité, leur recherche de confort ne m'a pas semblé réaliste, lorsqu'on s'engage dans ce genre de voyages on sait à priori à quoi s'attendre. Surtout si les étapes ne sont pas prévues à l'avance et que l'on cherche le gîte au jour le jour. Mais ceci est très personnel et bien sûr n'est que le reflet de ma propre expérience de touriste qui fait tout ne pas être une toutriste au regarde de mes hôtes :)

Au plaisir de te lire

EDIT : aussi j'aime personnellement apprendre quelques mots avant d'arriver dans un pays étranger, ne serait-ce que dire bonjour dans la langue de ses habitants, mais ceci aurait-il suffit à ne pas rompre le charme de l'instant pour Miduri :)

   Alfin   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Hersen,
Quelle belle nouvelle ! On y retrouve toute la beauté des textes de Yasushi Inoue, on est dans le texte tout en retenue. Japonais jusqu’à la dernière virgule.

Tout comme les haïkus, sa peinture capte l'éphémère. Tout comme les céramiques Raku, le raffinement consiste à contempler et à mettre en valeur les imperfections qui sont l'expression irremplaçable des choses. Tout comme le vrai Sushi, il faut du temps pour chaque chose, tout doit être prêt pour capter l'instant parfait avec un équilibre dans les textures, les températures et les saveurs.

Le dépouillement est le summum du raffinement dans la culture japonaise, car il permet à l'esprit de s'exprimer.

La description de l'instant parfait, au début de la nouvelle, est très fine car difficile à exprimer. Il ne faut pas d'emphase, pas de superlatifs qui dénature la véritable beauté des choses.

Même si elle n'en pense pas moins en ajoutant une petite ombre à l'aquarelle, Miduri ne montre pas de jugement envers le bétail qui voudrait s'installer dans sa chambre d'hôte.

Belle, poétique et comme toujours convaincante écriture Hersen, merci beaucoup pour ce partage suspendu.

Alfin

   papipoete   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour hersen
l'histoire raconte la vie d'une femme loin de tout, mais qui cependant est prête à accueillir ne un gîte " spartiate ", qui voudra bien y faire halte...Elle a une passion, la peinture qui la rend si heureuse, et ce n'est pas ce couple s'arrêtant, mais repartant aussitôt furieux du " no internet "... qui gâchera sa dernière toile...tiens justement, là au " bord droit de l'oeuvre ", il manquait une petite retouche...
NB une page de vie, loin de chez nous par la géographie, mais si près en même temps, pour qui songerait " je suis bien chez moi, avec ma peinture, sans WIFI, et qui veut me rendre visite vienne...mais ne me soule pas avec INTERNET !
Figure-toi poétesse, que je m'apprête à écrire un poème sur une amie très chère, qui écrit à merveille ( de qui je tape les textes ) et ne veut entendre parler d'algorythmes et autres termes informatiques !
j'ai bien aimé cette visite, et me serais bien arrêté chez Miduri, et serais resté !

   Luz   
10/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour hersen,

Une nouvelle sensible, tout en contraste entre l'esprit oriental et le "tourisme" occidental. Très bien vu et traduit.
J'aime beaucoup l'idée de saisir "l'instant-cliché" du soir, avec cette lumière particulière qu'elle attendait. Il fallait peindre cet instant, comme écrire un haïku, prendre 100 photos pour n'en retenir qu'une.
La chute est belle et malicieuse : le pigment indigo avec un soupçon de noir qui devient une ombre vite oubliée...
Bravo !

Luz

   Anonyme   
11/3/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↓
c'est vrai, c'est un petit instant de plaisir voluptueux, de lecture privilégiée, une simple analyse ou commentaire littéraire comme les précédents le confirment, et pourtant...car il y a un pourtant...des détails me chagrinent...

Le premier, c'est pourquoi, si elle veut et souhaite de la tranquillité pour peindre et s'immerger totalement dans son art, elle met sa cabane à louer au risque d'être dérangée? ( c'est un peu ambigu pour ne pas dire maso) Ensuite n'y a t-il pas une stigmatisation du touriste ? qu'ils soient britanniques, français ou allemands? sont-ils tous aussi exigeants et forcément européens?

Enfin je dirais que le lecteur lambda pourrait trouver l'héroïne un tantinet perchée...le fait de se comporter d'une telle façon avec ce détachement sur les choses, cette coupure avec la modernité, cette volonté d'être isolé(e). Mais elle n'en rien à faire de ces considérations notre héroïne elle est heureuse subjuguée transportée ainsi...
a t-on besoin d'internet pour être heureux(se)?

Pour terminer je trouve que le titre est un peu "équivoque", un soupir peut caractériser à la fois quelque chose de positif comme négatif: Soupirer consiste à souffler de façon ostensible pour exprimer le désir, la satisfaction, la peine, la résignation....Comment l’interpréter ici?

   Corto   
11/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Hersen,

J'ose à peine respirer en lisant certaines phrases de cette nouvelle. Tout est fin, léger, éphémère et vise à amplifier la beauté de l'instant vécu. Car il n'y a que cela qui compte dans l'esprit et la force de Miduri "Instant à pérenniser, instant plein". Tout le reste est secondaire voire inexistant.

Quand vient "ce moment de douce fracture entre ce qui a été du jour et ce qu'il promet de la nuit", elle se sent enfin prête à exprimer sa vision intérieure. On voit ici la douce mais irrésistible impulsion créatrice, prolongement des sentiments intimes.

Cette scène est encore complétée par ce passage "Elle ne cherchait pas de modèle, elle cherchait à fixer une impression fugace dont un instant aurait laissé la trace." Quel que soit l'art pratiqué, cette expression n'est-elle pas l'essence de la démarche du créateur ?

Cette scène est remarquable de justesse, aussi précise et fine que le geste de Miduri oubliant "jusqu'au froissement d'air quand un oiseau volait au-dessus d'elle."

J'écarte volontiers ce couple de randonneurs qui n'est qu'un "rien déjà oublié" .

Grand bravo pour ce magnifique texte.

   emju   
11/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Contrairement à ces randonneurs, j'aurais envie de pénétrer le monde de Miduri. Se poser tout simplement, revenir à la source, dans la modestie et la simplicité. On sent que cette femme vit hors du temps après une vie bien remplie. ("bien que cette main fût abîmée par les travaux de la terre")
Tout est délicatesse et sensualité.
Merci pour cet agréable moment de lecture.

   plumedeplomb   
11/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Que c'est beau! une petite nouvelle à l'image de son personnage : simple, noble, doux. Une éloge à la frugalité, à la délicatesse des modes de vie simple, avec une critique de la société de la consommation et occidentale en arrière fonds. J'ai beaucoup apprécié, cette critique "aquarelliste", ou rien n'est dit ouvertement, mais où la dénonciation transpire à travers l'histoire. Merci pour cette lecture

   hersen   
11/3/2020

   Pouet   
11/3/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Slt,

je n'ai pas lu les autres commentaires ni (pour le moment) les explications de l'auteure, donc désolé si je fais des redites ou si j'enfonce des fenêtres fermées...

Il se dégage du texte une certaine "tranquillité", tranquillité qui va être un brin -euphémisme et soupir- perturbée par la saugrenue survenue "d'internet".

Je ne sais pas si le sujet était de mettre en opposition la "tradition" et la "modernité", la "langueur" et la "frénésie", mais c'est ainsi que j'ai pris le texte.

Voilà, sinon j'ai bien aimé cette histoire de "poids".

Pouet, touriste du commentaire.

Au plaisir.

ps: c'est marrant, sur un quai de gare ce matin, deux filles assises à côté de moi discutaient. J'ai compris qu'elles partaient pour le Japon avec des valises vides pour faire le plein de shopping de fringues là-bas et que ce n'était pas la première fois qu'elles s'adonnaient à l'exercice... :) Bon, elles ont fait la liste des noms des magasins, lesquels étaient plus ceci ou cela, mais j'avoue que ça ne m'a pas marqué plus que ça.

   carbona   
15/3/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Hersen,

Merci pour ce texte emprunt de douceur, de calme et de délicatesse, je dis tout cela en chuchotant...

On se sent bien dans le jardin de Miduri et on s'adapte peu à peu à son rythme, à sa respiration lente et apaisée.

Ecriture fine, délicate, à l'image du propos, très travaillée tout en restant légère, bravo pour cela.

Merci.


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