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Fantastique/Merveilleux
kass : Le portemanteau
 Publié le 20/12/19  -  11 commentaires  -  7558 caractères  -  82 lectures    Autres textes du même auteur

Un objet qui trouble...


Le portemanteau


Il prit conscience de l’étrangeté de la chose lorsqu’il se trouva seul dans la chambre. Auparavant, il avait le visage plongé dans ses papiers, et à côté, sa femme arpentait la chambre en tous sens, rangeant des habits, époussetant le canapé, remettant des livres dans la bibliothèque et redressant des chaises. Dès qu’elle sortit, le calme revint dans la chambre. Il leva alors sa tête et fut aussitôt capté par l’aspect du portemanteau sur pied. Il lui parut étrangement vivant, presque humain avec sa forme longiligne, ses bras en forme de S dirigés vers le haut.

Pris au dépourvu, il ne put reprendre le conte qu’il écrivait à propos d’un homme des hautes montagnes. Il ne put continuer d’écrire. Le portemanteau le narguait : « Me voilà devant toi, écrivain, j’impose ma présence, mets-moi quelque part, transforme-moi, écris sur moi ». Alors, il le contempla longuement dans l’espoir de sortir avec une idée, un début de récit ; les battements de son cœur augmentèrent, des gouttes de sueur perlèrent sur son front, et une nervosité aiguë le gagna. Il se pencha en avant, donna des coups de poing furieux contre son front, et passa plusieurs fois ses mains tremblantes dans ses cheveux. Il était vexé de ne pouvoir s’en débarrasser, d’être incapable de trouver quelque chose susceptible de l’apaiser.

« Je dois résoudre l’énigme du portemanteau nu avant toute chose », se dit-il.

Il décida de quitter les lieux et de prendre l’air pour ne plus l’avoir devant les yeux comme une obsession en chair et en os, pour ainsi dire. Mais le portemanteau avait déjà possédé l’écrivain qui gisait en lui, était devenu l’âme d’une histoire encore flottante qu’il devrait écrire. Sinon, et se connaissant si bien quand des cas semblables advenaient, il commettrait quelque extravagance, comme cela lui arrivait si un sujet lui tenait tête. Se battre avec le premier venu dont le visage ne lui reviendrait pas, ou s’emmurer dans un long silence pendant des jours entiers, ou se parler fébrilement en gesticulant en plein boulevard tel un détraqué ! Cela pourrait durer aussi longtemps que l’issue restait floue.

Par bonheur, il eut l’idée de demander conseil à l’un de ses amis écrivains. Il lui fixa rendez-vous dans un café, le Septième Art, place « Sahet Sraghna », où il avait l’habitude de prendre son café quotidien et de parcourir les journaux du jour. Son ami l’écouta attentivement pendant qu’il exposait la nature de son souci, le fixa durant quelques secondes et lui conta l’histoire suivante :

Kaléidoscope

« L’homme dormait profondément dans sa chambre quand une forte secousse l’obligea tout à coup à ouvrir les yeux. La première chose qu’il vit c’était le portemanteau avec, accrochés dessus, des costumes et des djellabas sombres. Il essaya de se rendormir, mais un fait étrange attira son attention. Un visage lui apparut par-dessus le col d’une veste. Il lui souriait. C’était son visage à lui. Comme dans une glace. Il se mit debout et fit pivoter le portemanteau. Son visage lui fit face au-dessus d’une djellaba. Cette fois-ci, il avait l’air en colère. Pour être sûr qu’il ne délirait pas, il tenta l’expérience avec les autres habits. La même scène se produisit à chaque fois. Il prit alors peur et entama de se débarrasser de l’effrayant objet. Non sans trembler, il décrocha les vêtements et les jeta en tas dans l’armoire. Puis il prit le portemanteau, se précipita dehors et le jeta le plus loin possible dans un terrain vague. Sur le chemin du retour, il se sentit allégé d’un poids oppressant et l’esprit plus serein. Une fois rentré à la maison, ses yeux s’agrandirent de frayeur et il crut perdre la tête. Le portemanteau était toujours à sa place et au-dessus des patères en S, son visage lui faisait face de tous les côtés. »


L’ami écrivain se tut. L’autre lui dit après un moment de silence :


– Tu ne vois pas que tu as conféré au portemanteau un statut fantastique ?

– Peut-être ; mais tu sais comme moi que ce genre de conte a besoin d’une construction qui lui colle logiquement. Et puis n’est-ce pas là ton souhait : te débarrasser de l’histoire du portemanteau. Voilà, je t’ai fourni une sortie, et c’est fini.

– Je sens que ça me stresse encore ; en plus, tu lui as donné un pouvoir surnaturel, et moi je voulais seulement l’utiliser comme motif dans un récit, rien de plus !

– Écoute, débrouille-toi ! J’ai fait ce que j’ai pu en tant que nouvelliste comme toi. Tu sais bien que l’écriture, à la fin, est une affaire toute personnelle.

– Oui, tu as tout à fait raison. Je tâcherai de trouver une solution avant ce soir.


Le restant de la journée, il vaqua à tant de différentes besognes qu’il en oublia pour un moment le portemanteau. Vers le soir, il refit surface et persista à le défier. Il se convainquit qu’il lui fallait s’asseoir, réfléchir et écrire. N’importe quoi. Écrire pour ne pas avoir à supporter le poids de l’objet nu tout près de lui.

Il s’assit à son bureau. Devant lui : une feuille blanche, un crayon et une gomme. Il les contempla pendant quelques secondes, s’en détourna et écrivit :

« Le portemanteau est fait d’un vieux bois de noyer. Il a été arraché, transporté, raboté, nettoyé, peint. Il a pris la forme d’un objet qui n’est pas vivant mais que l’on peut utiliser, toucher…. » Soudain il s’arrêta. Ce début de texte lui parut une série de mots qui risquait de s’allonger à l’infini. Il se souvint de ce que lui avait raconté son ami nouvelliste, et il se rendit compte que seul un conte simple mais bien rogné pourrait en venir à bout. Il imagina un lieu, un homme et peu d’événements et se pencha sur la feuille. Il écrivit la nouvelle courte ci-dessous :

Flash-back

« Le portemanteau fut un noyer. Il l’a acheté au marché aux puces de Derb Ghallef par un après-midi. Il ne supportait plus la manie de sa femme qui s’obstinait à vouloir toujours ranger ses habits, son manteau, sa veste et son pyjama dans l’armoire. Il ne les trouvait jamais à l’endroit où il les laissait d’habitude. C’est un portemanteau auquel il tenait tant. Il était vieux, poli et fissuré par endroits comme une rare pièce d’antiquité. Il avait interdit à sa femme de s’en approcher.

Mais un matin, au réveil, il ne trouva ni manteau, ni veste. Furieux, il était sur le point de se répandre en invectives contre sa femme, quand il se rendit compte que le portemanteau exerçait sur lui un effet étrange. Il lui apparaissait nu, de cette nudité propre à un être vivant. Juste après, des corps et des visages inconnus prenaient la place du portemanteau et tournoyaient comme dans des scènes d'un film. Ils arboraient différentes expressions et avaient différents aspects. Il frissonna de tout son corps, ferma ses yeux puis les ouvrit, croyant avoir affaire à un subterfuge. Il eut très peur. Il se mit debout et essaya d’ouvrir la porte pour s’enfuir, mais des mains l’accrochèrent de partout et le retinrent. Ne pouvant leur échapper, il cria.

Sa femme endormie à côté de lui, sursauta, l’enlaça et le calma. « Ce n’est rien mon chéri. » Il lui jeta des yeux effrayés, puis se palpa le visage et le corps. Il recouvra sa lucidité peu à peu, scruta d’un regard circulaire la chambre, et eut la surprise de ne pas trouver de portemanteau. Il s’enquit à son sujet auprès de sa femme qui lui dit qu’ils n’en avaient jamais eu. »

Satisfait du texte, l’homme mit le point final en bas de la feuille qu’il rangea dans un dossier destiné aux nouvelles non publiées. Il se dirigea vers le portemanteau et y posa sa main en guise de remerciement. Mais y avait-il vraiment un portemanteau ?


 
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   ANIMAL   
3/12/2019
 a aimé ce texte 
Pas
Voilà une nouvelle assez abracadabrante. Au début on imagine une obsession d'écrivain qui se fixe sur un sujet et tente de bâtir une histoire autour. Cela aurait pu donner un résultat intéressant.

Mais l'histoire part dans tous les sens et au final, sombre dans la confusion. On ne voit pas l'intérêt de l'anecdote avec l'ami car cela n'apporte rien au récit. Il aurait fallu exploiter cette veine ou ne pas en parler.

L'histoire de la fabrication du portemanteau aurait également pu dériver vers un aspect fantastique, une histoire cohérente pour le lecteur. Ce n'est pas le cas ici.

Quant à la chute, ce n'en est pas une. On n'a aucune explication au délire du narrateur à propos de ce portemanteau.

Je crois que cette nouvelle est inachevée et nécessite un retravail. Elle a un problème de construction qui a empêché l'auteur d'exploiter avec clarté la phobie du narrateur envers ce portemanteau.

Je suis passée à côté de l'histoire.

en EL

   maria   
4/12/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Un auteur est dérangé dans son travail de création. Il ne s'accommode pas de l'existence du portemanteau au pouvoir surnaturel. Il croit avoir trouvé un remède à son obsession : le faire sujet d'une nouvelle.
Un texte bien écrit, vivant qui, je crois, aborde de manière légère la fragilité de l'écrivain en période d'écriture, et qu'un rien peut envahir donc perturber.

Merci pour le partage et à bientôt.
Maria, en E.L.

   plumette   
11/12/2019
 a aimé ce texte 
Pas
une nouvelle dans la nouvelle ?

cette construction est un peu trop complexe à mon goût .

Ce que je retiens: un homme qui écrit est troublé par un portemanteau. il semble que ce soit ce qu'on appelle un perroquet , "avec ses bras en forme de S dirigés vers le haut" Cet objet semble s'humaniser et il faut lui trouver un rôle, en faire le héros d'une histoire.

l'écriture pose parfois problème comme par exemple dans cette phrase:

"Mais le portemanteau avait déjà possédé l’écrivain qui gît en lui, était devenu l’âme d’une histoire encore flottante qu’il devrait écrire. Sinon et se connaissant si bien quand des cas semblables advenaient, il commettrait quelque extravagance, comme cela lui arrive si un sujet lui tenait tête."

problème de temps et de redites.cette phrase pourrait être allégée. voilà ma proposition en espérant avoir respecté le sens de votre propos.

"Mais le portemanteau avait déjà possédé l’écrivain, il était devenu l’âme d’une histoire encore flottante à écrire absolument. Sinon, il commettrait quelque extravagance, comme cela lui était déjà arrivé en pareille circonstance lorsqu'un un sujet lui tenait tête."

je suggère de simplifier le propos, de garder le portemanteau animé, aux pouvoirs fantastiques et obsédants mais dans une histoire beaucoup plus simple.

Désolée , une autre fois peut-être?

   Sylvaine   
11/12/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
L'idée sur laquelle repose cette courte nouvelle "à tiroirs" puisqu'elle contient en elle d'autres nouvelles encore plus courtes, est asssez séduisante : on imagine bien ce porte-manteau qui devient une sorte de porte-visages, et c'est à la fois original et inquiétant. Mais la chute déçoit, on a l'impression que l'auteur a emprunté la porte de sortie la plus facile. Et il y a pas mal de négligences stylistiques : des répétitions d'abord (deux fois "forme" et deux fois "chambre" dans les trois premières lignes) un mauvais emploi des temps verbaux (qui gît pour qui gisait, comme cela lui arrive pour comme cela lui arrivait) faute de syntaxe ("il vaqua à diverses besognes qu'il en oublia") erreur de vocabulaire ("subterfuge" est employé mal à propos, dans un contexte où le mot n'a pas de sens.)
Bref, on sent une imagination intéressante mais la forme est à travailler.

   Malitorne   
23/12/2019
Sur les conseils de la modération, je retire ce commentaire qui peut paraitre désobligeant.

   Anonyme   
20/12/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Schéma classique de la nouvelle fantastique, écriture assez classique aussi (mais des maladresses). Pas de grande originalité ici. Néanmoins le style est fluide, la lecture n'est pas gênée.
La construction manque à mon avis de cohérence, on ne sait pas trop où ça veut aller.
L'idée de la chute me plaît beaucoup, mais il faudrait une réécriture de la nouvelle en profondeur pour la rendre plus claire et pouvoir réellement exploiter l'effet de cette chute.

   emju   
20/12/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Les premières lignes étaient engageantes, je m'apprêtais à savourer une belle histoire fantastique puis le kaléidoscope a tout gâché.
Ce porte-manteau ( appelé aussi valet de nuit) aurait pu prendre vie avec des histoires à raconter ; celles des personnes qui y ont accroché leur vie par exemple.
Au final je n'ai pas été troublée par cette nouvelle qui, pourtant, avait un socle fort intéressant.

   farigoulette   
20/12/2019
C'est toujours intéressant de donner vie à un objet. P.usieurs pistes sont évoquées mais aucune n'est suivie. L'histoire tourne autour du trouble que crée ce porte manteau chez l'auteur. C'est aussi un bon sujet malheureusement pas assez développé.

   Anonyme   
21/12/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Kass,

(Nouvelle à commenter les nouvelles, je vous livre mon ressenti)

Un mot-titre, tout simple qui invite à lire.
L'exergue n'est pas très affriolante.
Découvrant le texte, je partage pas mal d'avis. Il reste beaucoup d'imperfections à remanier.
L'idée de la nouvelle à tiroir est, à mes yeux, une hyper bonne idée.
Au fil de la lecture, il me semble que certains paragraphes sont bien plus travaillés que d'autres :
par exemple :
"Il décida de quitter les lieux et de prendre l’air pour ne plus l’avoir devant les yeux comme une obsession en chair et en os, pour ainsi dire. Mais le portemanteau avait déjà possédé l’écrivain qui gisait en lui, était devenu l’âme d’une histoire encore flottante qu’il devrait écrire. Sinon, et se connaissant si bien quand des cas semblables advenaient, il commettrait quelque extravagance, comme cela lui arrivait si un sujet lui tenait tête. Se battre avec le premier venu dont le visage ne lui reviendrait pas, ou s’emmurer dans un long silence pendant des jours entiers, ou se parler fébrilement en gesticulant en plein boulevard tel un détraqué ! Cela pourrait durer aussi longtemps que l’issue restait floue."

Ce sont les articulations entre les différents éléments qui me paraissent faibles, mais aussi l'expression qui donne l'impression d'un manque de relecture.

Ainsi, j'aurais vraiment envie de relire ce texte, revu.

L'idée vous est-elle venue à partir de bribes (comme le Kaléîdoscope) que vous avez rassemblées ? Ou l'inverse ?

Bonne continuation,
Éclaircie

   Anonyme   
22/12/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour kass,

J'aurai trouvé intéressant que ce portemanteau, bardé "de costumes sombres et de djellabas", puisse jouer un rôle anxiogène pendant une période de "rêve conscient" du narrateur, et délivre une possible cause à une future paralysie du sommeil...

Cette idée aurait pu, traitée correctement, inspirer une angoisse au lecteur, mais vous me semblez passer totalement à côté d'un bon sujet.

Dommage.

   Anonyme   
2/2/2020
 a aimé ce texte 
Bien
mise en abyme d'un portemanteau ? Personnification de celui-ci? terreur non justifiée? tous les ingrédients sont là pour faire de cette courte nouvelle un moment agréable et déroutant


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