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Fantastique/Merveilleux
-Katrina- : Délire neuroleptique
 Publié le 10/09/12  -  11 commentaires  -  5331 caractères  -  102 lectures    Autres textes du même auteur

Il était une fois une orange…


Délire neuroleptique


Un jour, j’ai vu un parachute qui dégringolait du ciel. Dedans il y avait une orange, bien juteuse, et un citron prêt à exploser. Mais il n’explosait pas. Il se contenait. Pour pouvoir mieux savourer la chute. Pour pouvoir sentir à chaque seconde le jus de ses veines tressauter au fur et à mesure que le parachute fendait l’air.

Bientôt le parachute tombera. Et le citron pourra libérer le feu dévorant qui ronge son zeste, il pourra hurler son plaisir, et il mourra. Ce jour-là, le soleil ne brillera pas, ce serait inconvenant. Personne ne pourra regarder. L’orange tombera, se détachera des liens qui la retiennent, et roulera jusqu’à la mer. Elle plongera dans l’eau glaciale, rampera sur le sol sableux, rencontrera toutes les créatures merveilleuses que l’océan renferme, et n’en sortira jamais plus. Après tout, le citron sera mort, elle ne pourra plus être fruit parmi les fruits. Elle sera juste là, bille orange parmi les poissons-globes et les coraux couleur miel, parmi les étoiles de mer et les requins scies. Elle voguera, se prélassera, n’aura d’aise que de se laisser flotter au gré des vaguelettes.

Mais le parachute n’est pas encore tout à fait tombé. Il y a du vent dans le ciel, et le souffle impétueux ralentit son mortel atterrissage. La toile rouge est constellée de zébrures noires, et ce n’est plus un parachute, qui nage dans le crépuscule mousseux de la brune, c’est une coccinelle, qui entraîne dans sa chute l’agrume jaune soufre et l’orange rondelette. La petite bête gracieuse est aux prises avec un doux mistral, elle s’enlise et s’embourbe dans les nuages crémeux, puis enfin, dans un dernier souffle, se pose sur la falaise de calcaire. Le citron, apaisé, sourit. Enfin il peut libérer le jus de sa chair. Il pousse, pousse, et pousse encore, comme un damné, hurle de ce plaisir trop longtemps contenu, sent le nectar de ses artères se répandre dans tout son être, et, après un ultime cabrement, la peau se fendille et le citron, en un dernier râle d’une intense jouissance, rend son dernier souffle.

L’orange est seule à présent. Son compagnon disparu, la coccinelle éventrée par un vent perfide trop rusé, elle est le dernier être du monde. Personne ne respire. Juste, le vent souffle, et la toile déchirée du parachute semble revivre, se gonfle d’arrogance et d’audace, avant de s’affaisser à tout jamais. La vie n’est que mensonge. Qui ose souffler ainsi ? Est-ce un dieu, trop gonflé de l’orgueil d’être un dieu, qui balaye de son haleine les petits mortels aux os trop fragiles ? Ou bien ce nuage, petit impertinent aux ailes gorgées de poussière, qui savoure sa bataille remportée ? Le ciel est trop pâle, le soleil trop vif, l’herbe trop verte, quelle plaisanterie est-ce là ? Le monde est vide à présent, pourquoi le peupler de tant de couleurs qui sonnent faux ? L’orange regarde l’horizon, et voit, au loin, la raison qui la pousse à encore vibrer. Une immense flaque d’eau, la plus grande qu’elle ait jamais vue. Elle est bleue. Bleu azur, bleu acier, bleu ardoise, bleu givré, bleu de cobalt, bleu canard, bleu dragée, juste, elle est bleue, et il y a tout qui se mélange. La mer, le ciel, et la terre.

L’orange roule.

Affamée par le désir de faire partie du décor. De n’être pas juste une tache de couleur posée sur le tableau d’un peintre trop fatigué pour le finir. De ne pas être l’ultime pelote ambrée de cette vieille femme fatiguée, qui se meurt de ne pas avoir pu tout tricoter. De ne pas être le ballon de football solitaire sur le terrain déserté par les enfants qui ont grandi. De ne pas être, par pitié, cette orange rabougrie sur une falaise de calcaire, dernier être au monde capable d’entendre le hurlement ravageur du vent qui s’ennuie, de voir l’océan et sa palette de bleus infinis, de souffrir du soleil qui brille trop fort, et de cligner des yeux face à la Vie qui la dévore.

L’orange roule.

Ce n’est plus qu’une question de temps. Bientôt, elle sera là, la femme voilée de bleu, drapée de l’écume vaporeuse de la dentelle de sa robe, elle lui appartiendra, elle pourra se fondre en elle, et enfin, elle ne sera plus seule. À jamais libérée du fardeau insupportable que d’être l’unique chose qui reste. Il y aura des milliers de tortues de mer, de crabes géants, de poissons-clowns, d’anémones visqueuses, de pieuvres cuivrées et de méduses voilées. Ça grouillera de vie, partout.

L’orange roule.

Elle en frémit de plaisir. Bientôt, les éponges de mer, les bulots lunatiques, les raies des profondeurs, les hippocampes, les requins-marteaux.

L’orange roule.

Les dauphins, les algues, les calamars, le bruit de l’eau qui s’entortille, les baleines, les langoustines rosées, les seiches vaporeuses.

L’orange ne roule plus.

Elle dégringole. Son hurlement muet se répercute contre les parois rocheuses de la falaise de calcaire. Le soleil ne semble briller plus que sur elle.

PLOUF.

La libération. L’espoir. La vie.

L’orange retient son souffle.

À des kilomètres à la ronde, pas le moindre signe de vie. Un silence fracassant. Un calme plat.

Le vide.

Aucune tortue, aucun poisson, aucune algue, aucune herbe folle, aucun mouvement, juste le néant et l’eau, trompeuse, perfide, qui la nargue.

L’orange frémit de rage. Au-dehors, le vent s’est arrêté de souffler.

En fait, il n’y a jamais eu de vent. Juste l’espoir un jour qu’il y en ait.


 
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   Anonyme   
27/8/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Une charmante fantaisie poétique trop invertébrée et métaphorique pour constituer du sens. Une intéressante disparition de la première personne du singulier, présente au début, qui pourrait constituer le premier mot de la première phrase. La fin sur l'absence de vent interprétée comme une impression amère ressemble à une chute dans sa nouveauté mais ne correspond à aucun développement : en effet il n'a pas été question de vent qui souffle durant le texte mais d'agrumes qui se baladent au pays des merveilles.

Ce genre de textes peut être délicieux à lire à condition d'y adjoindre un registre de langue très soutenu permettant une distanciation à la gratuité. Il n'est pas possible de lire ici quelque chose comme "Mais le parachute n'est pas encore tout à fait tombé" ; une telle formulation va à l'encontre du propos poétique. De même, au niveau de la structure, il me paraît superfétatoire d'annoncer dans le deuxième paragraphe les péripéties que l'on va lire dans le troisième... à moins de tromper les attentes du lecteur et d’écrire au passé des tribulations différentes de celles annoncées au futur.
Mon conseil serait de tailler votre texte comme un diamant et de le sertir dans la concision le plus stricte, tout en conservant la légèreté et la liberté de votre style et de votre propos ; pensez grâce, préciosité, extrémité, humour, incongruité, écart de langage ; afin de livrer un poème plutôt qu’une nouvelle ; à vrai dire, il s'agit je pense d'un exercice difficile, mais le potentiel est là. Tel est du moins mon humble avis.

Pensez aussi à donner à votre poème un titre poétique plutôt qu’un titre-genre, d’autant plus que les neuroleptiques sont des médicaments !

   Palimpseste   
30/8/2012
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai été jusqu'au bout, avec plaisir....

Et au moment de rédiger le commentaire, je me demande "mais quoi donc dire?"... Les phrases sont bien rythmées et les images se dessinent les unes derrières les autres, s'évanouissant au gré des méandres d'un auteur dont l'objectif est visiblement de nous perdre dans nos rêveries.

C'est un style particulier, que je verrais plutôt en Laboniris que dans la catégorie Fantastique.

   Anonyme   
30/8/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai beaucoup aimé. Il y a dans ce texte, pour moi, à la fois un élan vital très fort, un côté très coloré, joyeux, et un mouvement de dégringolade générale dans le néant ; le mouvement est très nettement du haut vers le bas, où il n'y a plus rien. Et puis on revient sur le haut : lui aussi était mensonger.

En toute franchise, je regrette un peu que la conclusion soit aussi univoque, mais c'est votre choix, et elle est bellement amenée par cet espoir qui imprègne tout le texte. Je me dis presque que ce n'est pas grave qu'il ait été mensonge : l'important, c'est qu'il ait existé et ait apporté sa beauté. Illusoire, et alors ? Du coup, le texte me paraît moins pessimiste qu'il y semble... En tout cas, il me remue.
Un bémol sur la personnalisation des agrumes qui va parfois trop loin à mon goût, jusqu'à m'évoquer des images burlesques : ainsi des veines du citron, citées deux fois, du sourire du même citron et surtout du souffle retenu par l'orange. Que se passe-t-il au juste quand elle ne le retient pas ?

   placebo   
5/9/2012
 a aimé ce texte 
Pas
Pas forcément convaincu par ce délire. Délire verbal, oui, mais qui manque un peu de précision au début pour être vraiment percutant. Et délire romanesque, qui s'essouffle et finit à l'eau.

- "Dedans, il y avait une orange". Un parachute, c'est pas une soucoupe volante, on n'est pas "dedans".
- "ce serait inconvenant". J'y vois une sorte d'appel au lecteur qui casse un peu l'ambiance du texte.
- "Elle sera juste là". Juste, qui revient plus loin, est une expression typique de ces dernières années qui ne veut pas dire grand chose. Je l'emploie aussi, mais pas dans une nouvelle :)
- "Il y a du vent dans le ciel, et le souffle impétueux ralentit son mortel atterrissage". J'ai trouvé le changement de style mal négocié, ici ça fait un peu pompeux.

Sur le fond qui tourne en rond, on évoque la chute, la mort du citron, la mort de l'orange, et après en avoir fait tout un drame on se rend compte qu'ils étaient simplement trop centrés sur leur petite personne pour se rendre compte que le monde existait autour. Super.

Une certaine aisance stylistique et un sens du rythme, des matériaux pour l'imagination. J'attendrai une autre histoire mieux construite avec plaisir.
Bonne continuation,
placebo

   AntoineJ   
7/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
joliment écrit, très poétique et sombre malgré les couleurs, dur et triste malgré les mouvements.
cri de désespoir devant la chute vers la solitude ? espoir de replonger dans la mer (ventre) originelle ?
difficile à commenter, très personnel, le lecteur doit donner beaucoup de lui même pour s'intégrer à l'histoire

mon appréciation tient plus du "sentimental" (pas objectif du tout) !

   brabant   
10/9/2012
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour -Katrina-,


Désolé, je n'ai pas marché, à aucun moment. J'ai cherché de la poésie, à quoi me raccrocher. Je n'en ai pas trouvé. Les images sont pour moi discordantes et inappropriées. J'ai cherché de la philosophie, de quoi méditer. Je n'en ai pas trouvé non plus. Ni logique ni absurde ni logique de l'absurde.

Qu'y a-t-il dans ce texte en ce qui me concerne ? Des couleurs... qui jurent, une chute... qui fait long feu. Même chez Buzzati, même chez Beckett, l'attente est signifiante ; ici l'attente ne repose sur rien.

Et de plus je n'ai pas été sensible à l'écriture.


Dans la non-attente.

   Blacksad   
10/9/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Texte pour le moins original... et onirique.

J'avoue que la première suprise passée, mon esprit s'est demandé pendant toute la lecture si une orange est vraiment plus solide qu'un citron (une déformation cartésienne).

Plus sérieusement, je ne peux pas dire que ce texte est mauvais mais je pense comme Renaud qu'il pourrait être affiné (l'image du diamant à tailler est bonne). De trop nombreuses redites viennent alourdir l'ensemble.

Par contre j'aime la chute (de l'orange) et cette désillusion de l'agrume qui croyait que la terre était bleue comme une orange.

   alvinabec   
11/9/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour -Katrina-,
Beaucoup de couleur dans ce texte, des teintes franches, des métaphores que l'on devine à demi et que vous pourriez sans doute rendre moins absconses pour le bonheur de votre lectorat.
A vous lire...

   aldenor   
16/9/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
L'ecriture assez lourde et la construction quelque peu brouillonne rendent mal l'intention poetique.
Je prend le premier paragraphe.
Pourquoi commencer par "Un jour, j'ai vu...", quand l'obsevateur disparait par la suite?
Dit-on "dedans" pour un parachute, on y est plutot suspendu.
"...prêt à exploser. Mais il n’explosait pas. Il se contenait." : Ne peut-on eliminer "il n’explosait pas" sans rien perdre du sens?
"Pour pouvoir mieux savourer la chute. Pour pouvoir sentir à chaque seconde..." Pourquoi les "pouvoir" ?
Et puis dans le paragraphe suivant, pourquoi faut-il savoir ce qu'il adviendra apres la chute du parachute avant qu'il ne tombe?
Bref, pas convaincu par le traitement. Mais je suis sensible a la poesie surrealiste de cette orange se precipitant dans la mer. Et on sent que l'auteur l'est autant, sinon plus. La fibre poetique est bien perceptible. Pardon, je n'ai pas d'accents sur mon clavier.

   caillouq   
17/9/2012
 a aimé ce texte 
Pas
Désolé, mais je me suis ennuyé en lisant ce texte. Ce n'est pas forcément une bonne idée d'annoncer "délire" dans le titre: on s'attend à quelque chose, je ne sais pas, moi, du Lautréamont, du Burroughs, et on se retrouve devant un gentil petit collage de phrases un peu naïves (c'est probablement volontaire), qui décrivent une situation non réaliste (idem; effectivement je n'ai jamais vu d'orange faire du parachute), avec des couleurs pour faire joli et des phrases courtes vers la fin pour aider les lecteurs à trouver du sens.
Non, décidément, non pour moi.

   Birdy/Artpentie   
24/9/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je ne viens que très rarement, et je lis encore moins. C'est que je cherche voyez-vous...

Et sans le défaire exprès, je suis tombé sur ce texte. Forcément qu'il me parle. J'y vois une tentative, qu'elle réussisse ou non est-il important? Bien sûr que non, sinon je n'écrirais plus rien.

Merci de la lecture.

Première notation pour moi, parce qu'il faut bien se jeter dedans de l'eau.

Et pourquoi pas, prendre un texte moyen et le laisser travailler par un dedans d'autre...? pour le reprendre après...

Merci de l'image.


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