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Sentimental/Romanesque
lala : Le petit crabe
 Publié le 26/10/15  -  23 commentaires  -  6480 caractères  -  301 lectures    Autres textes du même auteur

L'enfance bousculée...


Le petit crabe


C'est l'histoire d'un petit crabe comme elle aimait les cueillir sur les plages rocheuses des ports de nos vacances.

Chaque été, elle nous emmenait vers ses lieux favoris, ceux qu'elle venait de découvrir avec ses lectures scolaires, les reportages télévisés qu'elle dévorait gourmande, ou bien sous l'influence évidente d'une nouvelle meilleure amie.

Elle n'imposait rien, ne savait ni bouder ni exiger. Avec son enthousiasme ensoleillé, elle réussissait sans effort et sans intention à nous convaincre. Nous passions des vacances délicieuses, peuplées de rencontres, de recherches, et surtout de rires.

Nous fêtions au cœur de l'été son anniversaire, et cette fin juillet, elle souffla treize bougies.


C'est ensuite que les premières gênes sont apparues, mais rien d'intense ou d'exceptionnel qui aurait pu laisser envisager la gravité de son état. Le petit crabe avait juste franchi la barrière de sa peau pour se creuser un nid dans le chaud de son cerveau. Elle sentait parfois un peu de lassitude la gagner, ou bien se trouvait fatiguée dès la fin de l'après-midi, ou encore réclamait un comprimé pour calmer un mal de tête persistant.

Ces malaises du quotidien sont ordinaires, courants, tels des légères fièvres ou des fatigues passagères. Mais ce qui semblait un signal d'alerte dans son cas, c'est la morosité qui la gagnait, elle toujours enthousiaste et gaie. L'approche de la rentrée scolaire qui d'habitude l'excitait d'impatience lui procurait inquiétude et appréhension.

La fin du mois de septembre fut laborieuse, le sommeil s'émancipait alors que les céphalées la faisaient grimacer et ne la quittaient plus.

Le médecin pensa judicieux de prescrire un examen du cerveau, par sécurité, mais surtout pour nous rassurer tous.

Je l'avais accompagnée à l'hôpital pour un scanner, un mercredi après-midi, pour ne pas rater les cours. Nous bavardions dans la salle d'attente après l'examen, sans encore se douter que notre vie allait bientôt basculer. Le médecin spécialiste nous appela et nous fit entrer dans un étroit bureau.

Il afficha les images en silence sur une paroi lumineuse du mur. Ses premiers mots furent « ce que j'ai à vous dire est important et grave ». Il commença à commenter les résultats exposés sur le mur, mais nous ne l'écoutions plus. La tumeur se dessinait, nette, arrogante, indécente dans cet endroit intime et ingénu, où elle occupait tant d'espace.

Jamais il ne prononça le mot cancer et pourtant nous n'avions retenu et compris que cette évidence, cette maladie à l'image de ses propos, importante et grave.

La décision d'opérer fut rapidement prise.

Le chirurgien était satisfait de son travail mais le petit crabe, bien qu'affaibli, se sentait toujours vaillant pour continuer le combat.


Les séances de chimio qui suivirent ne donnèrent pas de résultat significatif.

La fatigue accentuait la pâleur de ses yeux, son appétit altéré par de fréquentes nausées disparaissait, son teint devenait laiteux.

Elle se coiffait d'un foulard ordinaire pour ne pas attirer les regards curieux. Elle ne souhaitait pas soigner son image extérieure alors qu'en elle, les vilaines cellules se multipliaient.

Elle m'avait interdit de pleurer et j'ai su résister chaque jour. Les nuits, souvent, rongée par mes questions sans réponses, par le destin qu'aucune arme ne pouvait combattre, par mon incapacité à apporter le bonheur dont je me sentais obligée, après avoir donné la vie, je laissais mes pleurs couler et emporter dans leur flot une partie de ma souffrance.

L'avait-elle deviné quand ses yeux couleur de brume tentaient de me pénétrer ?


Les journées n'en finissaient pas de s'étirer. Au début, la nuit s'annonçait comme une bienfaitrice après les douleurs du jour, une rupture, un espoir pour qu'au réveil rien ne soit plus comme avant. Mais au fil du temps, selon l'intensité de la souffrance, la quantité d'antalgiques, et surtout les caprices du petit crabe, les périodes de nuit ou de jour se succédaient sans vraiment se démarquer. De courtes siestes apaisantes soulageaient des périodes de somnolence parfois douloureuses.


Elle a quitté le monde une nuit juste avant le printemps. Nous dormions dans le même lit, toutes proches, parfois blotties l'une contre l'autre, retrouvant ainsi l'unicité de nos corps comme avant sa naissance. J'ai simplement compris au petit matin que je ne sentirai plus, que je n'entendrai plus son souffle indécis en quête d'un écho. J'ai recueilli dans la mienne sa main froide et déjà raidie.


Je ne me souviens pas des mois qui ont suivi. Trop abattue, trop épuisée, je n'ai pas eu la force de penser, de réagir, de fabriquer un nouveau quotidien. Je me suis laissée envahir par la soumission aux autres, aux médecins, aux médicaments, au sommeil, au temps qui passe.


Et un jour, un peu plus ensoleillé, un peu moins pessimiste, j'ai ouvert les yeux sur mon environnement. Un nuage blanc dans le ciel bleu, le son d'un piano derrière une persienne, les senteurs gourmandes d'un croissant chaud, un rire d'enfant dans un jardin, la chaleur d'une main qui se donne. J'ai accepté de reconstruire, de repartir, sans rien effacer, mais en regardant loin devant, vers des horizons réels.


J'ai découvert les petits mots qu'elle avait déposés entre les pages de mes livres préférés. Elle me demandait de sourire, de ne pas l'oublier, de vivre longtemps et de m'intéresser à tout, d'ouvrir mes yeux et mes oreilles pour deux. Elle détestait les pleurs et les plaintes, et jusqu'au bout de son combat, dont elle avait vite compris l'issue, elle avait su m'offrir son sourire et son regard aimants.


Elle souhaitait que je raconte son histoire pour la faire vivre encore, et surtout que j'évite de la rendre triste, parce qu'elle était convaincue d'avoir eu beaucoup de chance dans sa courte existence, d'avoir connu le bonheur que d'autres cherchent encore la vieillesse venue. Elle m'a remerciée d'avoir partagé avec elle tous les instants de sa maladie, mais avec sa sérénité dans l'épreuve, sa force dans la souffrance et son optimisme permanent, c'est à moi de la remercier des leçons de vie que malgré son jeune âge elle m'a transmises et qui continuent encore de me guider.

J'ai essayé de respecter au mieux ses souhaits et j'ai vécu une nouvelle vie, emplie de nouveaux plaisirs, que j'ai dévorée des yeux et des oreilles.


Dans mon corps, dans mon cœur, dans chacune de mes petites cellules, tu vis, ma princesse, et tu vivras au moins jusqu'à la fin de ma vie.


 
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   Anonyme   
27/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
Une très triste et belle histoire qu'il est difficile de commenter tant l'authenticité transparaît. C'est original cette idée de laisser l'enfant choisir le lieu des vacances en fonction de ses lectures, de l'influence de la télé ou des copines. Elle prend ainsi une sacré place dans la vie de la famille. Était-ce inconscient ce cadeau que vous faisiez à cet enfant qui n'avait pas beaucoup de temps devant elle ?
Il y a de beaux passages tel que: "Le petit crabe avait juste franchi la barrière de sa peau pour se creuser un nid dans le chaud de son cerveau." "Nous dormions dans le même lit, toutes proches, parfois blotties l'une contre l'autre, retrouvant ainsi l'unicité de nos corps comme avant sa naissance. J'ai simplement compris au petit matin que je ne sentirai plus, que je n'entendrai plus son souffle indécis en quête d'un écho. J'ai recueilli dans la mienne sa main froide et déjà raidie." "J'ai découvert les petits mots qu'elle avait déposés entre les pages de mes livres préférés. Elle me demandait de sourire, de ne pas l'oublier, de vivre longtemps et de m'intéresser à tout, d'ouvrir mes yeux et mes oreilles pour deux."
Les enfants ont-ils en eux une force cachée que nous avons perdu en grandissant, en confiant notre âme à l'arrogance du monde adulte, à cette certitude d'avoir devant nous le réel alors que l'on s'engouffre dans les brumes de l'illusion matérialiste ? Les enfants sont-ils encore si proches de cette autre dimension pour ne pas la craindre, et pour qu'ils puissent y trouver tant de joie, de chaleur et de paix ?
Il y a un grand message d'espoir derrière la douleur et vous avez bien su le restituer dans cette courte nouvelle: la vie ne s'arrête jamais et rien ne se fait sans la lumière de cet espoir.
Très grand merci à vous. Et à votre princesse.

   Donaldo75   
28/9/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Cette histoire, triste, évite les écueils du genre, ne plonge presque jamais dans le pathos, ne nous gratifie pas des habituels bons sentiments ou pleurnicheries. En cela, c'est déjà réussi.
L'écriture m'a plu, la narration aussi, surtout à la fin, sauf la dernière phrase, un peu à l'encontre de ce que j'ai dit auparavant.

Pour un format aussi court, l'essentiel est dit, l'émotion est bien transmise, sans fioritures, et tout sent l'authentique, le vécu.

   carbona   
27/10/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Si ce texte est autobiographique alors je m'en voudrais de le noter car un témoignage de la sorte se lit mais ne s'évalue pas.

Edit : maintenant que le doute est levé, je peux commenter normalement ce texte.

J'ai apprécié que le récit ne tombe pas dans le pathos, c'est une qualité à l'exception de cette dernière phrase finale qui semble sortie d'un journal intime.

L'entreprise, comme certains l'ont déjà dit est périlleuse, se mettre ainsi à la place de quelqu'un qui a perdu son enfant en osant utiliser le pronom "je" est très risqué. J'aurais préféré un récit à la troisième personne pour plus de pudeur et sincérité.

- "Chaque été, elle nous emmenait vers ses lieux favoris, ceux qu'elle venait de découvrir avec ses lectures scolaires, les reportages télévisés qu'elle dévorait gourmande, ou bien sous l'influence évidente d'une nouvelle meilleure amie." < je n'y crois pas

- "La tumeur se dessinait, nette, arrogante, indécente dans cet endroit intime et ingénu, où elle occupait tant d'espace." < c'est très bien décrit

- "Elle ne souhaitait pas soigner son image extérieure alors qu'en elle, les vilaines cellules se multipliaient." < souhaiter ne me semble pas approprié, je pense que dans la maladie, ce n'est pas une question d'envie mais de possibilité

- "Elle m'avait interdit de pleurer et j'ai su résister chaque jour." < j'ai du mal à y croire, il s'agit d'une petite fille de 13 ans, que la mère s'interdise de pleurer, oui mais que la fille le lui demande, j'aurais plus vu qu'elle lui avait interdit par son comportement courageux par exemple

- "un rire d'enfant dans un jardin, " < là je pense qu'un rire d'enfant est on ne peut plus douloureux dans ces circonstances

- "J'ai découvert les petits mots qu'elle avait déposés entre les pages de mes livres préférés. Elle me demandait de sourire, de ne pas l'oublier, de vivre longtemps et de m'intéresser à tout, d'ouvrir mes yeux et mes oreilles pour deux. " < je n'y crois pas et si c'était vrai comme cela serait douloureux

- "Elle souhaitait que je raconte son histoire pour la faire vivre encore, et surtout que j'évite de la rendre triste, parce qu'elle était convaincue d'avoir eu beaucoup de chance dans sa courte existence, d'avoir connu le bonheur que d'autres cherchent encore la vieillesse venue. " < une enfant est-elle gagnée par une telle sagesse et une telle maturité, je me pose la question

L'écriture est délicate, mais trop lisse à mon goût, quelque peu édulcorée à l'égard de la souffrance physique que peut apporter la maladie.

Dommage d''avoir voulu donner à ce récit une dimension autobiographique.


Merci pour votre texte.

   AlexC   
27/10/2015
Commentaire modéré

   Anonyme   
26/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C’est bouleversant de commenter cette nouvelle où la sensation de vécu est omniprésente. Il y a des choses qui ne s’inventent pas, mais si c’est le cas ici, en tant qu’auteur vous avez trouvé le ton juste pour narrer l’histoire d’une petite fille pleine de sagesse victime d’un petit crabe assassin.

Vous avez su imprimer une infinie tendresse dans cette tranche de vie que vous offrez aux lecteurs, et du coup, c’est comme si vous autorisiez l’espoir. Celui qui permet de croire que dans les pires moments aussi peut s’illuminer la douceur des souvenirs.

Je retiens ce passage touchant, qui dit si bien : "elle était convaincue d'avoir eu beaucoup de chance dans sa courte existence, d'avoir connu le bonheur que d'autres cherchent encore la vieillesse venue... " et j'ai envie de dire à la narratrice, que son histoire est triste, on ne peut pas le nier, mais que j'aurais bien aimé connaître sa petite héroïne à "l'enthousiasme ensoleillé."

Merci.

   in-flight   
26/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Tout le monde se dira que si ce récit est autobiographique, il est bien délicat d'évaluer: Ce texte a une autre ambition que l'esthétique littéraire pure, c'est une sorte de catharsis sans haine pour expulser un peu d'une colère enfouie.

L'authenticité est manifeste (dans le sens d'une fiction plausible et réaliste qui ne prend pas les chemins de traverse), le transfert sur le lecteur est ultra efficace (on ne peut que ressentir de l'empathie) et avec le recul, je me dis que c'est hyper casse gueule ce genre de récit: tel un gymnaste sur une poutre qui oscillerait entre tomber à gauche (le monde du pathos) et tomber à droite (le monde de la description froide, le regard clinique).
Vous, vous allez tout droit en équilibre parfait entre ces deux mondes avec le recul nécessaire pour ne pas crier trop vite à l'injustice. Même si cela en est une.

   Automnale   
26/10/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Ayant apprécié la nouvelle proposée par l’auteur dans le cadre du dernier concours, je n’ai pas voulu manquer celle-ci. Elle débutait bien, il y était question d’un petit crabe, de plages iodées de vacances. J’ai donc pensé qu’il allait s’agir de merveilleux souvenirs d’été. Et cette idée me plaisait bien.

J’ai vite compris que ce n’était pas cela du tout… Le petit crabe là creusait un nid dans le chaud du cerveau d’une adorable et ô combien courageuse petite princesse... Dans ce cas, je n’étais plus certaine d’être capable d’aller jusqu’au bout d’un témoignage aussi douloureux. Que cet adjectif est faible.

Mon Dieu, Lala, comme je voudrais que ce récit ne soit que pure fiction… Comme je voudrais me tromper sur son authenticité. Mais il y a des mots, des images, des émotions, de la pudeur qui ne trompent pas… Car ce petit crabe, un moment affaibli, se sentit toujours vaillant pour continuer le combat…

Comme je vais vous faire pleurer en disant que je trouve particulièrement vraie, si touchante donc, cette phrase : « L’avait-elle deviné quand ses yeux couleur de brume tentaient de me pénétrer ? ».

Et cet aveu : « Nous dormions dans le même lit, toutes proches, parfois blotties l’une contre l’autre, retrouvant ainsi l’unicité de nos corps, comme avant la naissance », n’est-il pas émouvant ? Et celui-ci : « J’ai recueilli dans la mienne sa main froide et déjà raidie », est-il supportable ?

Puis est venu ce jour, un peu plus ensoleillé, un peu moins pessimiste… Et la découverte, extraordinaire, des petits mots que la petite princesse avait déposés entre les pages des livres préférés de sa maman. Comme elle devait être belle intérieurement, cette petite princesse de coeur, pour avoir eu une telle idée…

Elle souhaitait, Lala, que vous racontiez son histoire, pour la faire vivre encore… Mission entièrement réussie… Et comme elle serait fière de sa maman qui a eu l’immense courage de publier cette sublime page d’Amour.

   patbow   
26/10/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Jamais la lecture d’un texte ne m’avait donné autant de frissons.
A moi, c’est une amie très chère qui est partie … il y a bien des années. J’aurais tellement souhaité lui tenir la main le moment venu, être auprès d’elle, avec elle … . J’aurais souhaité ne jamais avoir quitté sa chambre ce jour-là. Mais, des souhaits conjugués au futur antérieur, ça reste des souhaits.
J’ai adoré ce texte. Il m’a permis de revivre de magnifiques souvenirs illuminés par une présence radieuse qui ne les quittera jamais. J’ai redécouvert sa présence dans mes plus beaux souvenirs exactement comme de merveilleux petits mots de sa part entre les pages de mes livres préférés.
Dans ma culture, les « hommes » ne pleurent pas. J’avais catégoriquement refusé de le faire en cachette.
Merci et bravo.

   Anonyme   
26/10/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Lala,

Ce récit est tellement poignant et authentique que je manque de mots pour le commenter. Merci, pour elle, de l'avoir écrit.

   Anonyme   
26/10/2015
Bonjour lala...

La sincérité qui émane de ce texte ainsi que certains passages, ne serait-ce que celui-ci : Je ne me souviens pas des mois qui ont suivi... prouvent que ce n'est malheureusement pas une fiction car il faut l'avoir vécu pour pouvoir transmettre le désarroi que laisse dans l'entourage la victoire du "petit crabe" après des mois ou des années de lutte et de souffrance. Je n'ai jamais pu (ou su) le faire et votre courage est la plus grande preuve d'amour que vous puissiez offrir à cette petite fille, sans doute à votre petite fille...
Bonne continuation dans vos écrits mais aussi plus largement dans votre vie.
Ce récit m'a beaucoup touché mais pour des raisons personnelles je n'y accolerai pas d'appréciation "chiffrée"... Ne m'en veuillez pas !

   Vincendix   
26/10/2015
On ne peut parler de fiction car un tel destin aussi dramatique est une réalité. Je souhaite, Lala, que ce vilain crabe n’a pas détruit un petit être qui vous est cher. Si c’est malheureusement le cas, je comprends votre douleur, la disparition d’un enfant, d’un adolescent dans n’importe quelle circonstance, est un drame épouvantable, une « injustice ». Il est vrai aussi que voir un enfant rongé par certaines maladies en sachant que c’est irréversible est un véritable calvaire. Ce qui est terrible, c’est de constater que le petit malade fait preuve d’un courage exceptionnel, c’est souvent lui qui rassure son entourage. (Je n’ai pas vécu ce drame directement, « Dieu » merci, mais qui sait ce que l’avenir réserve)
Je m’abstiens de juger un tel récit, l’adjectif auquel je pense n’est pas dans la liste proposée.

   Mare   
26/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Difficile de ne pas aimer ce texte, de ne pas se laisser emporter tant le ton est juste et doux. Un thème dure, d'une émotion qui se suffit sans avoir à en ajouter, vous l'avez très bien compris.
Vous avez merveilleusement su nous prendre par la main pour raconter cette histoire si triste et belle. Vous m'avez émue. Ma petite sœur, oncopédiatre, vous dirait que, quelque part, vous avez un peu oublié la joie qui ne quitte jamais les enfants alors qu'elle déserte les adultes. Moi, je ne sais pas. J'ai juste aimé vous lire.

Merci.
Mare

   papipoete   
26/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour chère lala; que ce soit une histoire vécue ou un calvaire imaginaire, comme ça fait mal de suivre le chemin de ce petit crabe, dans la tête de cette enfant. Bien sur que si c'est Maman qui raconte ce que sa fille a enduré, c'est tellement pathétique que les mots n'existent pas pour adoucir de telles plaies, qui se refermeront un jour, laissant une cicatrice au corps et au coeur.
Quand je veillai Maman à l'hopital la nuit, un "gros" crabe lui dévorait ses dernières forces, je sortais chaque heure fumer une cibiche pour me tenir éveillé; empruntant les mêmes couloirs, je croisais le regard d'une fillette dont la télévision marchait non stop, sa porte grand-ouverte. Je lui souriais simplement, qu'aurai-je bien pu lui dire? Elle attendait l'heure, sa dernière heure.
Quand ma Mère mourut, on m'apprit qu'on avait éteint la télé de la petite-fille, que le ciel avait éteint sa vie.
Votre texte est écrit avec pudeur et délicatesse; on en oublierait presque le tyran aux pinces mortelles.

   Mauron   
26/10/2015
Beau récit, que je n'évaluerai pas, parce que je ne l'ai pas lu comme une fiction. Juste un détail: "le sommeil s'émancipait"... Peut-être avez-vous confondu (un lapsus) s'émanciper et s'amenuiser, diminuer, ou décroître ou un verbe ressemblant... Ou bien "se dérober" ou disparaître?...

   hersen   
26/10/2015
Vous dites très bien, Lala, que l'on n'efface rien. Nous le voudrions que ce n'est de toutes façon pas possible. Il nous reste ce qu'il nous reste, des instants, des mots, des colères, des larmes.
Je devine, avant d'en arriver à cette sorte de sérénité que vous faites très bien passer dans votre texte, les longues périodes.
Il y a quelque chose de très touchant que d'avoir la volonté de nous proposer ce texte. Vous ne pourriez offrir mieux, plus. Ni à elle, ni à nous.


Merci, Lala.

   rosebud   
26/10/2015
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Écrire un texte comme ça, sur un sujet comme celui-là, c'est le succès assuré. Il n'y aurait plus rien à dire, fermez le ban.
Et donc je ne dis rien - si ce n'est que je n'aime pas le procédé.
Vous pouvez me jeter la première pierre.

   nemson   
27/10/2015
J’ai beau chercher je ne trouve pas de sujet plus lourd et plus sinistre que la mort d’un enfant proche. Donc quand on choisit d'en parler, et pourquoi pas, on le fait avec un texte fort sinon il ne reste plus que le fond brut et on reste avec cette déclaration sur les bras : « j’ai perdu un enfant proche d’un cancer du cerveau… » Qu’est ce qu’on peut faire avec ça ?Ici on s’intéresse, je pense, à l’écriture et pour le coup je trouve ce texte très scolaire, larmoyant, parfois mièvre et surtout complaisant dans le pathos avec couteau dans la plaie final (les ptits messages post mortem). ça ne me gênerait pas plus que ça et je ne serais pas intervenu si le sujet n’était pas si grave. Ce qui me dérange, c’est cette impression d’être pris en otage sentimentalement car dans ce travail je ne vois pas d’autres propositions que de s’émouvoir sur le malheur d’autrui. Comme si l’on me tentait un mouchoir d’office et qu’on m’agrippait pour me traire de ma compassion... J’éprouve le même sentiment lorsque ma factrice me pousse à lui acheter son calendrier orné de trois chatons dans un panier. Je ne met pas d’appréciation pour ce texte, le site ne proposant pas l’appréciation : « trop glauque pour moi ».Amicalement.

   patbow   
27/10/2015
Commentaire modéré

   Bidis   
27/10/2015
J'aurais trouvé ce texte très fort et beaucoup plus poignant s'il avait été plus inspiré par son titre "Le petit crabe", comme cette phrase : "Le petit crabe avait juste franchi la barrière de sa peau pour se creuser un nid dans le chaud de son cerveau."
Montrer l'avancée du crabe qui grandit, le voir attaquer les cellules de la petite fille, rester sur ce thème, même si le texte en devient plus court : le cri de la mère se serait mieux fait entendre.
L'écriture est bien parfaite, elle aurait ici gagné à ruer dans les rangs
Je ne peux pas dire que j'aime ou que je n'aime pas et il n'y a pas d'évaluation pour ''dommage !"

   lala   
27/10/2015

   alvinabec   
27/10/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour Lala,
Dans votre texte le ton employé colle au sujet, l'entreprise est réussie, vous jouez sur un style 'poético-dramatique' pour attirer votre lecteur sur la mort annoncée d'un enfant.
Un vrai tire-larmes efficace.
Dans le premier §, que d'adjectifs, que d'adjectifs, j'ai failli abandonner l'affaire. 'l'enthousiasme ensoleillé' me plaît, 'elle réussissait à nous convaincre..'de quoi?
'le sommeil s'émancipait'...pas compris de quoi il s'affranchit...c'est dans ce genre d'expressions que ça patine un peu à mon sens, vous forcez le trait pour le lecteur que je suis.
'Le médecin spécialiste', euh, un neurologue, un oncologue, à ce stade on ne sait pas encore que la gamine est condamnée...
' une paroi lumineuse du mur', un négatoscope peut-être? soyons précis, le drame l'impose.
'Je l'avais accompagnée...' pourquoi ne pas dire de qui il s'agit? On apprend plus tard son statut de génitrice...
' foulard ordinaire pour ne pas attirer les regards curieux'...comme contre-emploi, on ne fait pas mieux.
'elle m'avait interdit de pleurer', la fillette est de facto placée ici sur un piédestal.
'ses yeux me pénétrer', son regard sans doute...
'les caprices du petit crabe'...ah bon, rien de sérieux alors. La rupture sémantique arrive à point pour décrédibiliser l'histoire.
J'ai regretté que la petite n'ait ni papa ni prénom, elle est dans une sorte d'anonymat sans chair. Dommage pour l'empathie.
A vous lire...

   arigo   
27/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je suis charmé par le côté poétique, enfantin, qui vient contraster avec le ton grave et les termes, à la limite de l'argo, qui viennent décrire le cancer.

A bientôt !

   Agueev   
27/10/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Le texte est bien écrit, c'est indéniable.
Mais le thème est tellement convenu dans le genre "Les roses blanches" pour faire pleurer dans les chaumières, que cela en devient presque gênant.
C'est une évidence (et pour l'avoir vécu) que la mort d'une petite fille est affreuse, triste, incompréhensible et injuste.
La guerre c'est pas bien, tuer c'est mal, la maladie c'est triste.

   Pepito   
2/11/2015
Bonjour Lala,

Kriture : bonne écriture, juste pour chipoter.
"Mais ce qui semblait un signal d'alerte dans son cas," manque pas un petit "être" là ?
"sommeil s'émancipait" de quoi peut bien s'émanciper le sommeil ?
"d'un foulard ordinaire" par comparaison à un carré Hermès ? ;=)
"Les journées n'en finissaient pas de s'étirer." hmmm, donne l'impression qu'on a hâte que ça finisse pour pouvoir passer à autre chose ?

La plus jolie phrase, avec la rime et tout : "Le petit crabe avait juste franchi la barrière de sa peau pour se creuser un nid dans le chaud de son cerveau. " excellent !

Fond : Suite aux discussions du forum, je m'attendait à une larmouilette de compét... même pas.
Dès la phrase "Le petit crabe ... le chaud de son cerveau." c'est plié. Le texte prend des airs de long compte rendu, genre infirmière de garde. En aucun cas de Maman désespérée.
Quelques artifices pour remonter le suspens : "sans encore se douter que notre vie allait bientôt basculer. " attention, préparez vous ça va être terrrrrrrible.

Pas de souvenir, pas de situation (que fais la mère en dehors de décrire sa fille), que fais la fille en attendant de mourir, ...
Nous avons juste "J'ai découvert les petits mots qu'elle avait déposés entre les pages de mes livres préférés." mais cela semble peu véridique, une enfant recherchera un résultat là, maintenant, pas un legs pour plus tard.
"parce qu'elle était convaincue d'avoir eu beaucoup de chance dans sa courte existence, d'avoir connu le bonheur que d'autres cherchent encore la vieillesse venue." là encore, c'est une réflexion de vieux. Et il est ou ce bonheur, je n'en ai pas vu le moindre bout en amont.

Que nous amène ce texte, comme je l'avait pressenti, pas grand chose. Le sujet, lui, par contre est triste, émouvant... et casse gueule.

Imaginez la discussion de machine à café, à la pause de 10h :

- Bonjour, ça va ?
- Pas vraiment, ma fille a treize ans... un petit crabe vient juste de franchir la barrière de sa peau pour se creuser un nid dans le chaud de son cerveau.

Largement suffisant pour devoir éponger le café éjecté d'un gobelet froissé.

Désolé Lala, je n'ai pas accroché à celui ci. Mais vu votre style, je ne doute pas d’apprécier très prochainement un autre de vos textes.

Bon courage.

Pepito

   lala   
3/11/2015
Commentaire modéré

   plumette   
2/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour lala,

je picore sur le site où je suis presque nouvelle et je " tombe" sur votre texte dont la lecture m'a beaucoup émue.
Vous prenez le lecteur par surprise avec ce démarrage par l'évocation des vacances.
Votre texte est très réaliste, le choix de décrire les choses avec sensibilité mais sans pathos est respectueux du lecteur et du sujet traité.
J'ai beaucoup aimé certaines phrases :" la tumeur se dessinait nette, arrogante, indécente,dans cet endroit intime et ingénu où elle occupait tant d'espace"
" le petit crabe, bien qu'affaibli se sentait toujours vaillant pour continuer le combat" habituellement on parle du malade et de son combat, là il y a un retournement, mais il est bien évident que pour combattre, il faut être deux ( ou plus!)
"je n'entendrais plus son souffle indécis en quête d'un écho"
et puis " j'ai accepté de reconstruire, de repartir, sans rien effacer, mais en regardant loin devant, vers des horizons bien réels"
En peu de mots, vous exprimer ce moment ténu où l'on peut commencer à sortir du deuil.
Bravo, ne serait ce que pour cette phrase là!
J'ai parcouru aussi les commentaires et j'ai constaté que votre démarche a déclenché de l'agressivité, comme si, pour certains, vous n'étiez pas autorisée à écrire une fiction au "je" sur la maladie et la mort d'un enfant.
Avez-vous entendu parler du "plagiat psychique " dont Camille Laurens avait accusé Marie Darrieussecq? Je crois que c'était en 2007 après la parution du livre de Marie Darrieusecq intitulé " Tom est mort".

A vous relire, sûrement!

Plumette


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