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Réalisme/Historique
Lariviere : Les arcanes du bang
 Publié le 21/04/11  -  14 commentaires  -  18442 caractères  -  185 lectures    Autres textes du même auteur

Finalement, l’existence dépend du bruit du bang !
L’innocence finalement, dépend du bruit du bang !

La Ruda Salska


Les arcanes du bang


Je m’appelle Zeljko Raznatovic, je suis né au printemps 1952 dans une petite ville grise de Slovénie que vous ne connaissez pas et qui porte un nom que vous ne sauriez même pas prononcer correctement. Je suis issu des affres béantes d’un monde en guerre et je suis né dans les chairs rouges pansées par l’acier durci et l’amertume crasse du communisme. Je suis arrivé dans la peste et dans le sang de l’histoire, dans le souffle du chaos, précédé par les horreurs et les plaies putrides des continents qui s’entrechoquent et qui n’ont laissé à ma nation que larmes, violences, vitres brisées, ruines et désolations… J’ai appris de mon enfance qui n’a pas toujours été facile, ni rose, que la force, l’exaltation et la persévérance étaient la clef de la survie et parfois même de la réussite. Le bruit de la guerre et de l’occupation avait déjà frappé bien avant mon arrivée. La guerre avait décimé les jeunes et les hommes valides, puis les invalides, les vieillards, les inutiles, les femmes et les enfants, elle avait décimé jusqu’aux poux des mendiants et des miséreux, elle avait décimé jusqu’aux bureaucrates, jusqu’aux hommes politiques, elle avait décimé jusqu’aux chiens et chevaux de mon pays. Ses bombardements sourds, ses vrombissements d’avions, le son assourdissant de ses bombes ont brisé les tympans, haché les corps, miné les fondations de la nation, mais n’ont jamais anéanti l’espoir de mon peuple, de ma patrie, qui se relève toujours, même à feu et à sang, même brisé, déchiré, broyé sous les pluies des bombes nazies ou anglaises, même défiguré par le fer, même le cœur serré, vidé et meurtri sous l’infâme griffure des balles, des tortures, des cordes jetées à l’aube, des exécutions féroces, des massacres de masse et de l’humiliation des envahisseurs qui ont fait couler le sang slave avec le plaisir des fauves avides.


Je ne leur en veux pas. La force du plus fort est toujours la meilleure…


On a essayé de dépecer ma nation plusieurs fois mais à chaque fois ses chairs ont repoussé avec plus de vigueur. On a réduit notre sol à l’état de squelette, mais ce sol a bourgeonné de nouveau, même au milieu des rues dominées par les drapeaux rouges, même au milieu des détritus des quartiers dévastés… Ce sol a fleuri et aujourd’hui, chez moi, il y a toujours des bouquets de fleurs, de la joie et des feux d’artifice à outrance. Dernièrement, par goût des conquêtes impériales et de la géopolitique capitaliste, on s’est à nouveau escrimé à écraser les corps de tout un peuple, à détruire les âmes ; et on s’est plu à tourmenter des innocents et à confisquer par l’horreur le sommeil tranquille de nos enfants. Néanmoins, ça ne fait rien, car nos enfants n’ont jamais connu de sommeils tranquilles… Nous avons tous l’habitude désormais, d’entendre sous le bruit des bombes et les vrombissements d’avions de chasse des soi-disant démocrates, les cris et les pleurs des femmes et des enfants brûlés ou mis en morceaux sous les murs de leurs maisons. Tous ces sons de mutilés, toutes ces sourdes explosions, tous ces cris de douleur et ces déchirements de chairs sous les nuits de Belgrade et sur tout le territoire national, retentissent pour toujours dans nos esprits… Les complaintes des nouveaux cadavres viennent seulement se rajouter à notre terrible souffrance et trouver l’écho glacé des cris des martyrs de la seconde guerre et de leurs bourreaux allemands… Mais ni hier ni aujourd’hui, jamais mon peuple ne s’est courbé. À l’époque antique, il n’a pas courbé l’échine sous le cliquetis infernal de l’attirail des légions romaines, il n’a pas courbé l’échine, ensuite, sous le fracas des pas et des sabots de l’armée napoléonienne, il n’a pas courbé l’échine sous le couteau et les crocs de boucher du Troisième Reich… Il a brisé les ailes de tous les aigles impérialistes, ivres de pouvoir et de domination. Il n’a jamais plié et il ne pliera jamais… Jamais ma nation n’a baissé les yeux ou mis genoux à terre. Ma nation même exténuée, soumise à la faim et à la soif, a toujours résisté et survécu, même à l’agonie, en buvant les flaques de son propre sang avec l’orgueil et la fierté qui caractérisent les peuples libres. Ni les bombardements d’aujourd’hui, ni les atrocités des phalanges fascistes, des criminels en damier rouge et blanc, ni même celles des panthères grises hitlériennes, n’ont réussi à écraser mon peuple sous leurs chenilles et leurs tactiques pleines de morgue et de vantardise. On ne chasse pas le tigre, ici… Ici, c’est le tigre qui vous chasse… Nous avons rendu au centuple la monnaie de leur pièce aux Allemands à la seconde guerre mondiale et rien n’aurait pu m’empêcher à nouveau de me dresser contre l’envahisseur, au côté de mon peuple, ces derniers temps.


On m’a accusé d’avoir pillé et incendié des villages, tué et torturé des hommes, violé des femmes, on m’a accusé d’avoir mis à feu et à sang des centaines de villes, semé la mort et la désolation dans des régions entières, on m’a accusé d’être dans des milliers d’endroits en même temps, on m’a vu partout, on m’a décrit comme l’ange de l’Apocalypse, la onzième plaie d'Égypte, on a voulu me montrer comme le mal absolu, et on a fait tout ça pour envahir mon pays et permettre à des rats apatrides, à des traîtres, des parasites ou des conspirateurs d’obtenir le statut de réfugiés et de fuir leur véritable nation pour vivre comme des assistés dans les pays riches d’Europe où ils se terrent désormais ; mais ce n’est pas moi qui me sers de la presse comme d’une machine de guerre et comme d’une arme de destruction massive, ce n’est pas moi qui ai bombardé des civils avec des bombes à uranium appauvri, ce n’est pas moi qui ai reçu en cadeau des stocks d’armes de l’ex-RDA pour agresser mes compatriotes, ce n’est pas moi qui distribue des livres du Coran aux combattants et qui recrute des légions arabes pour mener le Jihad sur le sol occidental, ce n’est pas moi qui ai égorgé à coup de sabre, qui ai violé les femmes chrétiennes et qui ai expulsé et massacré les habitants en Bosnie, en Serbie ou au Monténégro…


Je n’ai fait que me défendre, moi, mes neuf enfants, mon peuple et mon pays, contre les attaques voraces d’aigles noirs aussi dangereux que fanatiques et on m’accuse, moi, d’être un monstre, un bourreau, un nettoyeur ethnique, un criminel de guerre ou je ne sais quoi encore. Moi qu’ils ont inculpé au tribunal international de La Haye et accusé à l’abri dans leurs journaux et dans leurs gratte-ciel de New York de crime contre l’humanité, alors que eux, ils ont tué sans vergogne aux quatre coins du globe, qu’ils ont massacré les Indiens d’Amérique pour leur voler leurs terres, qu’ils ont atomisé les civils de Nagasaki et d'Hiroshima, qu’ils ont bombardé les Vietnamiens, qu’ils ont commis un génocide au Cambodge, qu’ils ont tué des enfants innocents avec des expériences biologiques ou des poupées piégées, qu’ils ont tué au Guatemala, au Nicaragua, en Haïti, à Saint-Domingue, à Cuba, à Panama, en Irak et à Grenade et puis qui viennent de si loin avec leurs mains pleines du sang de l’histoire moderne pour me traiter de criminel de guerre, moi qui ne fais que défendre mon pays qu'on appelle Yougoslavie et qu’ils ne savent même pas situer sur une mappemonde. C’est risible... Je me moque de ces accusations. Je ne suis pas un intellectuel complexe. Je ne m’impose pas par la force du temps, de la patience, du silence et de la réflexion. C’est la force et le temps des faibles et des incertains.


Ma force est la vraie force ; la force brute, brutale… La force bruyante et efficace, celle qui cogne et que l’on entend… Je n’ai pas besoin des hésitations sourdes et timorées, ni de la contrainte placide des pensées ou des calculs sans fin. Je n’ai jamais été une limace au cerveau démesuré qui se traîne au pendant de ses méninges, oubliant de mener ses plaisirs, rougissant de sa foi en soi, honteux de son pays et de son existence. Je suis dans la vie et dans l’action comme je suis à l’intérieur de moi-même, dans le feu et dans le sang. Je suis vivant et j’ai les désirs inassouvis d’un fauve qui s’assume… Je suis dans la poudre, dans le bruit de la vie, dans le tourbillon exaltant. Je vis debout et heureux… et même au milieu des pleurs et des larmes, mes sourires ne se défaussent jamais, parce que mes actes et mes choix sont issus de ma volonté et de ma terre, de mon sang et de mes décisions. Peut-être vous-mêmes, provenant d’une civilisation repue de richesse et d’indécence, en proie à la décadence et à l’indignité, écrasés sous vos propres tremblements et séparés de vos rêves, oublieux de l’amour de votre sol et de vos devoirs envers lui, vous ne pouvez pas me comprendre… Mais moi, qui ai vécu sous le joug perpétuel, nazi ou soviétique, tout en méprisant votre passivité antipatriote, je comprends plus que n’importe qui votre envie de jouissance et votre soif de liberté…

Je crois en Dieu et je respecte les enseignements de l’église orthodoxe mais la force, celle qui bouscule et qui écrase, celle qui claque et qui tue, celle qui impose et qui fait loi, la force est la seule énergie valable, la seule qui soit palpable et bien réelle. C’est la seule justice qui domine après Dieu sur la terre…


Tout le reste, c’est de la perte de temps.


J’ai choisi d’être exalté. J’aime l’effervescence qui se dégage d’un concert de pop-rock autant que d’une partie de poker au casino ou d’un théâtre d’opération militaire. J’aime l’explosion des cuivres d’une fanfare et j’aime le son du mortier, le soir au coin du bois. J’aime autant le claquement sec du cuir d’un ballon de football que celui d’une tête humaine. J’aime la clameur de la foule en liesse dans un stade ou sur un champ de bataille. J’ai l’exaltation du bruit de la vie, quel qu’il soit. Je suis le plus fort et j’ai le droit du puissant avec moi. Le côté noir ne me questionne pas. Je crois en la haine utile de mon fusil. J’aime autant le plaisir froid de quelques doigts posés sur la crosse d’un revolver que la volupté brûlante d’une main qui se promène sur la cuisse d’une femme, j’apprécie autant la sensualité torride et silencieuse d’une paire de seins ou de lèvres pulpeuses que celle mortelle de la bouche hurlante d’une arme à feu.


J’ai fréquenté les plus grands et j'ai connu les plus minables. J’ai pris des repas ou fumé des cigares avec des gens qui aujourd’hui paniquent d’effroi rien qu’à la prononciation de mon nom. J’ai dîné avec des célébrités dont la révélation ferait plus de dégâts et de couvertures médiatiques qu’une bombe en plein jour de marché. J’ai aussi partagé le gîte et le couvert avec les plus abjectes et les plus viles fripouilles d’Europe… Je me suis déplacé, malgré la traque des agents d’Interpol, dans tous les pays de la grande Europe, dans l’ensemble de l’espace Schengen et même aux quatre coins du monde… J’ai eu des séjours dissolus et des amitiés sobres. J’ai bu des bières jusqu'à me saouler avec des supporters patriotes dans les gradins des plus grands stades d’Europe et je me suis enivré de champagnes dans les plus belles suites des hôtels de Belgrade, de Zagreb, de la sainte Russie, et même d’Italie et de France. J’ai passé des soirées avec les plus grands hommes d’affaires de mon temps, avec des hommes politiques reconnus, des artistes célèbres, des entrepreneurs renommés, j’ai partagé mes nuits avec les plus beaux mannequins du monde, avec les plus charmantes filles de l’ex-URSS et les plus belles dames des Balkans… Je suis traité d’assassin. Je suis aimé et adulé, méprisé ou haï… Mais malgré tout, je garde la tête haute. Les mains souillées d’aujourd’hui sont les mains propres de demain… Les salles de bains et les robinets d’eau chaude du monde moderne ont été inventés pour ça.


Il faut tuer un homme pour comprendre vraiment comment c’est simple de le faire. Tuer un homme n’est pas grand-chose. Seule compte vraiment la détermination. Si vous ne me croyez pas, constatez par vous-mêmes… Commencez par achever des animaux malades, commencez par tuer une portée de hamsters, de petits chats, ou bien de très jeunes chiots… pour certains si c’est plus facile commencez par tuer des inutiles, des mendiants, des Tziganes ou des Musulmans. Si vous êtes plus fort mentalement, alors tuez directement une chèvre ou un cochon, sans vous soucier des hurlements. Tuez-les comme bon vous semble ou utilisez ce que vous avez à portée de main : une barre de fer, une tuile brisée, une pelle, une pierre, une brique ; tuez-les à la masse ou au couteau, étouffez-les, noyez-les, asphyxiez-les, tuez-les à coups de pieds, de hache, de marteau, tuez-les au fusil, tuez-les proprement, avec méthode, ou plus brutalement, en vous reposant sur votre instinct de bête. Peu importe, car encore une fois, vous constaterez que seule compte la totale détermination. Faites cela au moins une fois et vous verrez que vous resterez saisi par la facilité, comme figé nu, au milieu de quelque chose d’épais et de vertigineux, quelque chose d’inconnu, quelque chose qui jaillira de vous comme sorti du fond des temps, une sensation forte qui vous laissera certainement pour commencer un sentiment désagréable, un goût dans la bouche tout à fait horrible, et même, si vous êtes honnête et civilisé, cultivé, bien éduqué, peut-être très instruit et diplômé de grandes écoles où on vous a inculqué l’histoire de l’art et de la politique, la philosophie, les sciences humaines et les mathématiques, alors horrible sera un bien faible mot, car oui, vous vous retrouverez terrorisé de voir que malgré votre culture, votre éducation et vos mathématiques, vos convictions humanistes et tous vos baratins inaptes à la survie, un arrière-goût ébrieux viendra rapidement s’immiscer, puis exploser dans votre bouche ; envahir tout votre être pour dominer le malaise de votre esprit et le remplacer par un sentiment exaltant, quelque chose de nouveau et pourtant venu du fond des âges, une exaltation animale, une exaltation naturelle, viscérale, si vieille et si enracinée dans nos gènes humains que toutes vos fausses cultures accumulées comme des couches de vernis ridicules sur votre condition de bête n’ont pas pu effacer ; une exaltation saine… une exaltation de puissance et de pleine jouissance qui vous envahira peut-être véritablement pour la première fois et alors vous resterez effectivement saisi, figé devant cette évidence, que tuer quelqu’un finalement, ce n’est rien et c’est avant tout quelque chose de normal dans le règne animal, quelque chose de naturel, d’indispensable et d’infiniment plaisant.


Ensuite, vous comprendrez facilement comment le plus chaleureux des médecins de campagne peut devenir le plus froid, le plus déterminé et le plus redoutable des assassins.


Vous pouvez me taxer d’affreux, de monstre ou même de cynique mais pour quelqu’un de préparé au minimum, une vie ça se boit cul sec comme un verre de vodka dans une soirée mondaine. On peut tuer comme on respire une bouffée de cigare... En temps de guerre, une vie ça devient aussi dérisoire qu’un peu de sable dans un désert… Une vie, ça se boit alors comme on boit un verre d’eau.


Peu importe ce que l’on peut penser… Je suis craint, redouté, dérangeant, parfois cruel, mais je suis fier de mon destin et je me moque des mensonges de mes ennemis… J’ai la justice éternelle et j’ai le droit de mon côté, car je suis fort et puissant et que la force, quand on a le souci de défendre son sol et ses croyances, est le seul droit qui compte et qui triomphe.


Je sais aussi que si un jour je me retrouve trahi ou sali dans mon honneur et que je ne suis plus là pour me défendre, il y aura toujours de bons patriotes qui seront là pour faire résonner longtemps le son de ma voix et le bruit de mes actions, moi qui me suis chargé de leur assurer les moyens de survivre en me battant contre l’OTAN, contre l’ogre américain et ses valets européens, contre les agresseurs musulmans, contre les fantômes de la grande Allemagne et contre tous ceux qui voulaient nous exterminer... De bons patriotes, forgés comme moi dans l’acier fier des barbelés, dans les fleurs de poubelles marquées au fer rouge stalinien, élevés dans le bruit des rues en ruines et des décharges, colorés par les ciels gris des terrains vagues et par le sang slave de notre peuple. De bons patriotes, qui se chargeront de prendre la relève demain, avec le même héroïsme et la même force qu’hier nos aînés se sont battus contre le nazisme pour permettre aux générations futures de Serbie de vivre libres et de voir un jour la grande Yougoslavie se dresser debout, la tête haute, dans une nation qui n’a pas à avoir honte d’elle-même…


Je ne regrette rien… Ma vie est droite et sans plus de taches et de virages que la vie en possède elle-même. Je me suis promené dans les arcanes du « Bang » et des détonations, dans la pauvreté et le luxe, dans la joie brutale et les mets raffinés, dans les fracas assourdissants des joies et des douleurs de mon peuple, de mon temps et de mon pays. J’ai essayé de me servir des méandres de mon destin et j’ai réussi… je m’appelle Zeljko Raznatovic, alias "Arkan"… J’ai été chef de guerre, petit voyou, cambrioleur international, président d’un club de football et président des supporters de l'Étoile Rouge de Belgrade, j’ai été pâtissier, adolescent rebelle, braqueur de banques, agent secret, homme d'affaires, homme politique, amateur de pop-rock, patron de boîtes de nuit, de chaînes de magasins, propriétaire de casino, de maison de radio, d’entreprise de transport, chef militaire, fondateur de la "Garde des volontaires serbes", chef mafieux, croque-mitaine ou robin des bois et bientôt ou déjà, icône populaire…





En mars 1999, le commandant serbe Zeljko Raznjatovic, dit « Arkan », a été mis en accusation par le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et poursuivi pour 24 chefs d’accusation relatifs à des crimes contre l’humanité (art. 5 Statut TPIY), des infractions graves aux conventions de Genève (art. 2 Statut TPIY) et des violations des lois ou coutumes de la guerre (art. 3 Statut TPIY).


Sa responsabilité pénale, selon l’acte d’accusation, devait être engagée à titre individuel (art. 7 par. 1 Statut TPIY) et en tant que supérieur hiérarchique (art. 7 par. 3 Statut TPIY), à savoir comme chef de l’unité paramilitaire de la « Garde des Volontaires Serbes » (Srpska Dobrovoljačka Garda – SDG).


Le 15 janvier 2000, Zeljko Raznjatovic a été tué par balles dans un hôtel de Belgrade.


 
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   Anonyme   
21/4/2011
Je suis très très mal à l'aise face à ce texte en fait. D'un côté je dois saluer une écriture froide, clinique, dénuée de sentiment, qui montre très bien ce que fut Arkan, ce chien de guerre qui lutta contre divers envahisseurs avant de tomber dans l'abject...

Sauf que cette écriture superbe soutient un propos qui me gêne: jamais Arkan et sa folie destructrice et meurtrière ne sont mis en avant. Et là je suis gêné...Mais bon est ce que ce texte doit être critique? Doit on le prendre comme une simple "biographie"?

Je suis dans le doute et mal à l'aise...Mais vraiment une écriture superbe.

EDIT:

Je viens de voir que ce texte est de Larivière et de ce que je sais de lui au travers de nos discussions c'est qu'il ne fera jamais l'apologie de ce type d'hommes.Je ne note donc pas, parce que VRAIMENT ce texte me met mal à l'aise, mais je le trouve toujours aussi bien écrit.

   jaimme   
26/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte sur un sujet extrême. Comme l'est cet homme. Mais malheureusement avec une éducation machiste et ultra-nationaliste, un passé national aussi douloureux... il y a bien d'autres Arkan. Ce n'est pas un cas unique. Là c'est le "rêve de fer" de Spinrad. Adapté à un autre nationalisme. Chapeau!
J'ai quand même quelques critiques: la première partie, celle qui expose l'histoire sanglante de la Yougoslavie (d'ailleurs je reste dubitatif: cette entité n'est-elle pas détestée, la prend-il au sens de la Grande Yougoslavie de Milosévic ou de la Yougoslavie de Tito?), oui cette partie est un peu trop longue par rapport à l'ensemble. Elle est nécessaire, mais n'accroche pas assez le personnage à son récit, pas assez directement. Pourquoi ne pas utiliser un épisode personnel dans ce cadre? Juste pour satisfaire l'envie du lecteur, lui donner d'aller plus avant.
Ensuite: j'aurais imaginé une espèce d'admiration vis-à-vis du nationalisme hitlérien, en même temps que la haine exprimée. Pas le nazisme en lui-même bien sûr, le nationalisme allemand, parangon du nationalisme...
En revanche j'aurais vu une haine plus viscérale vis-à-vis du communisme. D'abord parce que l'idéologie est aux antipodes de cet homme, malgré ses dénégations, et surtout parce qu'il est de la génération qui en a connu le joug.
Enfin pour la partie sur le "plaisir" de tuer, cet homme hésite en fait entre l'apologie de la facilité de tuer et celle du côté exaltant de la chose. Il me semble que ce monstre aurait dû donner la prime à ce dernier penchant.
Au final nous avons ici un exposé des motivations d'Akan. Un exposé à charge, bien écrit, intéressant, mais qui manque d'une histoire interne, d'un récit plus chronologique, qui aurait permis de rendre le personnage plus "humain" et donc plus glauque encore. Là l'exposé est trop et uniquement, politique. Moi il me convient ainsi, mais justement la force de "rêve de fer" c'est qu'il y a aussi une histoire. Je sais que c'est compliqué dans le cadre d'une nouvelle, mais je vois bien le talent de l'auteur et, s'il est intéressé, ce n'est certes pas trop lui demander.
Merci pour cette lecture de l'homme de pouvoir, légitimé un moment par la force.
Frémir.

   Pascal31   
4/4/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte suffoquant ! J'ai failli m'étouffer sur certaines phrases à rallonge (comme celle-ci : "Moi qu’ils ont inculpé au tribunal international de La Haye (...) et qu’ils ne savent même pas situer sur une mappemonde.").
C'est un texte coup-de-poing, plutôt bien écrit, malgré certaines répétitions voulues mais pesantes à la lecture.
Le portrait dressé est grinçant, dérangeant, l'auteur, par le biais de ce personnage au destin à la fois effrayant et fascinant, parvient à secouer son monde.
C'est souvent excessif, brutal, cynique... mais cela colle bien à ce Raznjatovic. Le but est atteint.

   Anonyme   
21/4/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour

Il y a certaines phrases que je n'aurais pas écrites telles qu'elles le sont ici, par exemple :

"Il faut tuer un homme pour comprendre vraiment comment c’est simple de le faire" mais : il faut tuer un homme pour comprendre comme il est simple de le faire"

ou bien :

"il y aura toujours de bons patriotes qui seront là pour faire résonner longtemps le son de ma voix" : ici j'aurais supprimé le "qui seront là"
mais ce n'est là que ma façon d'écrire ou de lire et visiblement, l'auteur n'a pas besoin de leçons. Mais bon, il fallait bien trouver quelques peccadilles...

En ce qui concerne le reste, tout le reste, foisonnant et superbe de lucidité, de mégalomanie et d'arrogance... je l'ai lu sans m'arrêter. L'écriture est aisée, le verbe haut, la fierté au bout du canon. Le cynisme exceptionnel, la haine balayée par la cruelle vérité des faits. Après la lecture de ce texte, une seule phrase m'est venue à l'esprit : Que celui qui n'a jamais péché...

Époustouflant de culot, d'audace, tant il ne doit pas être facile de se glisser dans l'âme noire et exaltée de pareil personnage et d'imaginer quelle lettre il aurait pu choisir de laisser en guise de testament.

   widjet   
21/4/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Pour ma part, la première surprise vient du fait que l’auteur de ce texte soit Larivière. C’est idiot, je sais bien, mais ce texte – dans le fond comme dans la forme – est assez éloigné de ce que notre auteur fragmenté a l‘habitude de nous servir, ce qui finalement est une bonne chose et démontre sa capacité de renouvellement.

Je ne connaissais pas l’histoire de cet homme et après m’être renseigné et avoir relu le texte, j’ai pu appréhender celui-ci d’une autre façon.

Ce genre de texte, ce n’est jamais simple à aborder, à trouver le bon angle. Il faut trouver le bon dosage et veiller à ne pas (trop) tomber dans le piège de la fascination ou de la diabolisation aveugle. Il faut essayer de comprendre, gratter le vernis, traquer l’homme sous la bête si j’ose dire.

Je regrette (tout en respectant) le procédé qui prend le parti pris d’expliquer de façon un peu trop limpide l’état d’esprit de cet homme. J’aurai imaginé et préféré que la réflexion, son cheminement intellectuel, soit plus torturé, plus confus quelque chose qui permette aussi de mettre le doigt sur une forme de démence. Ici, de par les termes – accessibles, mais il est vrai qu’il s’agit d’une déclamation, donc il n’y a pas lieu à « métaphoriser » - la linéarité du propos et sa construction très simple, presque didactique, renvoie l’image d’un type qui semble tout à fait lucide et parfois même convaincant. C’est d’ailleurs le danger puisque les arguments avancés donneraient presque une légitimité aux actes. Par moment cependant - au début surtout - j'ai trouvé "trop écrit", la volonté un peu trop marqué de styliser.

Sur la forme et le rythme, l’auteur ne nous épargne rien. Il faut prendre son souffle car on n’est pas – et c’est normal - franchement dans l’épure. Le type s’exprime avec la fougue méprisante (l'homme s'adresse aussi à nous frontalement, parti risqué de l'auteur car le lecteur peut aussi se sentir agressé et rejeter le texte d'entrée), le cynisme, la rage d’un homme gangréné par la haine et la soif de (sa) justice, il déverse son flot de paroles, se répète beaucoup (ce qui n’est pas gênant lorsqu’il s’agit d’expression orale). Les mots sont chargés, crasseux et poisseux, les phrases très virgulés, les adjectifs se comptent par dizaine, c’est épuisant à lire, mais j’imagine que le but était d’harnacher le lecteur d’entrée, l’emporter dans le souffle épique et putride de cet orateur dangereux et malgré tout humain.

Mais là encore, c’est très construit, cela ne s’éparpille pas (ou pas assez). En dépit du florilège de mots, du rythme d’enfer, de la crudité des termes (mais pas tant que ça finalement) et des images, cela reste très contrôlé. Ce qui une fois encore une fois le propos convaincant et même assez juste à certains égards.
Il y a un autre paradoxe (peut-être voulu) dans ce récit. On ressort de la lecture un peu harassé certes, mais avec la sensation que finalement on n’en sait pas beaucoup plus sur cet homme.

C’est paradoxal car beaucoup de choses sont dites, mais comme je l’ai exposé c’est très sommairement dit, très listé, très énuméré, presque mathématique. J’aurai aimé que l’auteur s’arrête un peu plus sur un évènement particulier, préféré plus de détails et de profondeur notamment sur son passé et – après avoir noté quelques info sur le mec – sa relation avec son père (qui le battait), son ascension politique, sa relation avec les femmes (il en a eu 5) et son rapport avec ses enfants. Mais, peut-être que soucieux du piège (risque d’identification, d’empathie), Lari a préféré opté pour le caractère plutôt « pamphlet » de la démonstration.

Je n’ai pas vraiment porté mon attention sur la forme, mais j’ai noté cette phrase : « J’ai appris de mon enfance qui n’a pas toujours été facile » car elle m’a fait sourire (sans que l’effet soit volontaire je pense). Car au vu de ce qui précède cette phrase la précision du « qui n’a pas toujours été facile » est à mon sens dispensable !

Enfin, le terme « fripouille » dans « J’ai aussi partagé le gîte et le couvert avec les plus abjectes et les plus viles fripouilles d’Europe » fait presque infantile dans la bouche d’un homme de son envergure.

Lecture intéressante (mais je pense que le texte mérite plusieurs passages), mais dont les dérapages me sont parus trop contrôlés.

W

PS : Titre sympa (avec le jeu de mot qui va)

   Anonyme   
24/4/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'ai lu en apnée...
Une multitude d'arguments se bousculent.
Ce texte est fort par d'une part son écriture ciselée (description de la guerre, de la nation des premiers paragraphes), d'autre part par les axes et les thèmes qu'il aborde.

Ce texte me touche par plusieurs points:

- Comme dis plus l’écriture est de grande qualité avec des descriptions imagées, des métaphores justes.

- L'exploration de l'interaction entre L'Histoire avec un grand H et l'intime d'une seule personne.
Comment les hommes sont façonnés par le contexte socioculturel et historique. Comme un Homme peut contribuer à la déviation de la marche de l'Histoire. L'un ne va pas sans l'autre.

- La narration à la première personne, donnant l'expression à la subjectivité propre à chaque humain. J'aime beaucoup ce type d'écriture. C'est un style qui ne juge pas qui montre juste à cœur ouvert ce qu'il y a à l'intérieur des gens. C'est une photographie. Ceci est impossible dans la vraie vie car nous abordons tous la vie par nos propres yeux.

-Par ailleurs, il est abordé un terme sociologique capital.
Partout dans le monde, les cultures, les religions sont différentes. Dans les conflits armés, il y a toujours deux parties. A plus petite échelle, les couples se séparent avec la conviction que c’est l’autre qui est en faute. Il y a forcément des gens dans le vari et d’autres dans le faux, il y a forcément des justes et des monstres, il ya forcément une vérité entre les deux bords. Et pourtant tout le monde possède la profonde conviction d'avoir raison. Tout le monde à ses justifications. C'est le propre de l'homme, sa force vitale. Et ce texte l'exprime très clairement.

juste une petite précision par rapport à d'autres commentaires : je peux comprendre que ce texte mete mal à l'aise mais je ne l'ai pas perçue comme une appologie de l'horreur mais plutôt comme une dissection froide de celle ci.

   Lunar-K   
22/4/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte qui secoue, c'est sur. Une rétrospective assez terrifiante par certaines des idées qu'elle véhicule :

- "La force du plus fort est toujours la meilleure…"
- "ce n’est pas moi qui..."
- "Tuer un homme n’est pas grand-chose"

Ces justifications, qui reviennent plusieurs fois au début du texte, sont sans doute celles qui me dérangent le plus, toutes pour des raisons bien évidentes, et c'est tant mieux. D'une part, le narrateur justifie ses crimes et les atrocités qu'il a commis par la force (pour se défendre dira-t-il ensuite), d'autre part, il tente de les minimiser au regard des horreurs commises par d'autres, hommes ou nations. Enfin, le troisième passage, sur la simplicité du meurtre, est sans doute le plus horrible mais aussi le plus captivant de tous, j'ai beaucoup aimé.

Un texte qui secoue, c'est évidemment toujours une bonne chose. Malheureusement, je trouve ce texte beaucoup trop objectif, beaucoup trop distant (alors qu'il est quand même écrit à la première personne !). Je ne connais absolument pas l'histoire de ce Raznatovic, mais j'aurai préféré plus d'investissement de la part du narrateur, plutôt qu'une simple énumération froide de ses faits et préférences musicales et footballistiques. Je pense que cela aurait donné plus de poids à l'horreur du personnage et aurait d'emblée mis l'auteur à l'abri des éventuelles accusations d'apologies...

Au niveau de l'écriture, je trouve qu'il y a certaines tournures assez étranges, voire inadéquates, d'autant plus dans un récit à la première personne. Le meilleur exemple est cette phrase doublement cliché : "J’ai appris de mon enfance qui n’a pas toujours été facile, ni rose", mais aussi le nombre imposant de répétition au début du texte. La plupart du temps, ces répétitions semblent être voulues, mais elles ne fonctionnent pas toujours chez moi et s'avèrent finalement parfois assez lourdes. Exemple :

- "La guerre avait DÉCIMÉ les jeunes et les hommes (...) elle avait DÉCIMÉ jusqu’aux poux des mendiants et des miséreux, elle avait DÉCIMÉ jusqu’aux bureaucrates, jusqu’aux hommes politiques, elle avait DÉCIMÉ jusqu’aux chiens et chevaux de mon pays."

Cependant, au fil du texte, ces tournures que je trouvais assez maladroites au début m'ont paru mieux maîtrisées, peut-être aussi moins nombreuses mais en tout cas moins gênantes.

Au final, un bon texte, certes dérangeant et un peu brouillon sur le début, mais qui présente une écriture originale, violente, viscérale, ce qui explique (et excuse un peu) le manque de maîtrise des premiers paragraphes. Un texte fort donc, sur un sujet fort, qui ne peut laisser indifférent mais qui aurait sans doute gagné à être plus détaillé et moins froid, moins objectif.

   Togna   
22/4/2011
Le genre « réalisme – historique » m’attire rarement, mais la curiosité de voir ce que tu offres sur ce sujet l’a emporté. L’analyse de texte n’étant pas mon fort, je ne te livrerai ici que ce que j’ai ressenti au terme de la lecture. D’abord merci pour ce rappel de ce qu’a été la souffrance de ce peuple yougoslave. Par la voix du héros, tu nous y plonges dès les premiers paragraphes, avec la précision des mots, le force du style que l’on te connaît. Puis vient son accusation et sa défense par une contre-accusation, avec laquelle tu brosses toute l’hypocrisie féroce de notre civilisation. Cette partie m’a fait à nouveau réfléchir sur la légitimité de certaines nations à accuser d’autres de non respect des Droits de l’Homme.
Après vient la description de la personnalité du bonhomme. Évidemment, ça fait frémir une pareille force brutale… même pour moi qui sait, pour l’avoir vécu, ce que peut être le mélange déconnant de l’odeur de la poudre avec l’émulation haineuse additionnée de quelques bières. Alors, la force brutale peut-elle être justifiée par une jeunesse vécue dans l’oppression de la guerre, même par un être à la personnalité sensuelle et exaltée ? Non, bien sûr.
« En temps de guerre, une vie ça devient aussi dérisoire qu’un peu de sable dans un désert… Une vie, ça se boit alors comme un verre d’eau. », dis-tu. C’est cruellement vrai, et ni les décrets et mesures définies depuis Nuremberg qui ne seront malheureusement jamais appliqués, ni toutes les conneries sur « la torture », les « dommages collatéraux » et autres « frappes chirurgicales », émises le plus souvent par ceux qui n’ont jamais vécu ces horreurs, n’y changeront rien. L’acte de guerre peut métamorphoser le mouton en loup sanguinaire, on le sait mais on ne s’y fait pas, et c’est tant mieux.

Je me suis limité à quelques réflexions paraissant basiques parce que non développées, mais n’est-ce pas le but premier du genre « réalisme – historique » ? Sur ton écriture, je n’ajouterai rien à ce que je t’ai déjà dit, si ce n’est que pour moi tu es des rares, sur ce site, et pour peu que tu en aies envie, qui ont le talent pour être publié par un éditeur sérieux.

   David   
24/4/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Larivière,

Le texte m'a dérangé, à des moments j'étais presque à douter de ne pas lire un pamphlet intégriste valorisant le personnage, dans la mise en valeur de sa réussite, toute relative. Je dis "presque" car c'est plus la logique absurde de ce personnage qui était mise en abime, il restait de toute façon les nombreux "points Godwin" l'auto-valorisation par exagération de l'adversité que le personnage, réel, disait avoir affronter. À lire, il est seul contre le monde entier, défiant tous ses détracteurs, réels ou supposés.

Je ne sais pas si le personnage avait cette fougue verbale, ce lyrisme, mais c'est sans doute un portrait très convaincant de ce que peut-être un tyran ou l'une de ses graines aujourd'hui encore, avec ce qu'elle peut avoir de fasc... inant.

   aldenor   
24/4/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je comprends ce texte comme celui d’un homme cherchant à justifier ses actes. Ou bien ceux desquels il est accusé ? Déjà à ce niveau, je trouve qu’on oscille trop de l’un à l’autre : tantôt il semble les revendiquer pleinement, tantôt les réfuter.
Il énumère trois arguments principaux :
1. Le passé, l’histoire de souffrance du peuple yougoslave, particulièrement la guerre mondiale. Son souci de réparation du mal que son peuple a subi depuis le temps des romains, cadre mal avec le personnage : trop intellectuel (quand il s’en défend plus tard). D’ailleurs au milieu du développement de cet argument il dit « Je ne leur en veux pas. La force du plus fort est toujours la meilleure… », ce qui remet tout en question. Alors pourquoi s’appesantir sur un argument auquel il ne croit pas ?
2. Ceux qui l’accusent ont commis les mêmes atrocités. Son pays est agressé, il est en état de légitime défense.
3. La nature animale de l’homme. La partie la plus convaincante. La logique du monstre, voulant démontrer que finalement tout cela est parfaitement « humain ». Une partie d’ailleurs fort bien écrite. Mais cet argument annule les deux précédents. Il lui suffisait de défendre sa cause sur ce plan.
« Je crois en Dieu et je respecte les enseignements de l’église orthodoxe ». Voila qui pourrait être une clef intéressante à la compréhension du personnage. Encore faudrait-il expliquer comment cela est conciliable avec sa « nature brutale », dans son esprit.
Finalement, je n’ai pas bien cerné sa psychologie, tantôt individualiste, tantôt idéaliste. Si bien que ses explications sur la méthodologie a suivre pour tuer un homme m’ont paru outrées : on n’a pas vraiment vu naitre le monstre.
NB : Par moments on dirait que cet Arkan a vécu la guerre mondiale, or il est né en 1952.

   Anonyme   
25/4/2011
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime quand tu deviens froid... ça me rappelle ONdP dans une autre mesure.

J'ignore quel était ton envie, ton but en écrivant cette nouvelle, mais à la lecture, j'ai l'impression d'avoir un homme qui porte seul le poids d'un pan violent de l'Histoire sur ses épaules.

Le style est particulier, froid, détaché, j'applaudis l'exercice, même si je regrette le passage "essayez d'abord en tuant de petits animaux".... en fait, je regrette ces artifices inutiles à mon sens pour faire comprendre le côté psychopathe du personnage.

Comme beaucoup, j'ai du me renseigner pour savoir qui était Arkan.

J'aime ce contraste entre la lucidité du narrateur, cet attachement à sa terre, à son peuple, à sa foi, et puis les horreurs (oui ou pire, puisqu'on est érudits) pour lesquelles il a été accusé. ça me rappelle tant de figures emblématiques de guerres, de conflits, porte paroles de rebellions, de révoltes, de soulèvements par la violence, celui qui porte le gallon est toujours celui qui paie, parce qu'il a donné l'ordre...

Est-ce que la Serbie est si différente de l'Allemagne pendant WW2? Est-ce que l'Arkan que tu nous dépeins est plus à blâmer (ou moins) que les combattants d'Hitler et sa clique...?

Oui, j'aime ce texte parce que selon moi toute la question est là... le leader est celui que l'on juge. Crime contre l'humanité, ce n'est pas quelque chose que l'on fait seul... ce n'est pas quelque chose que l'on fait seul et pendant la période Milosevic... je n'ai pas assez de repères pour savoir si vraiment Arkan était mauvais ou si comme tous les criminels de guerre il était juste le bras qui tentait de sauver le peuple... et que le choix "commettre le crime contre l'humanité" ou "laisser d'autres commettre le crime contre mon peuple" aurait été un choix que j'aurais fait différemment.

En ce, je pense que tu aurais pu insister sur l'enfance d'Arkan, sur son père, par lequel il a surement subi la WW2 (homme violent apparemment, militaire marqué par la guerre, Arkan aurait subi ses foudres dès l'enfance) par procuration et développé ces instincts ou systèmes d'auto-préservation très prégnants dans la narration.

Sinon, je trouve que ça finit un peu sec. Et que la psychologie d'Arkan reste un peu trop défensive.

Mais j'aime particulièrement cette manière toute humaine de se défendre, de se justifier par n'importe quelles explications, de tenter l'explication de l'absurde (l'assassinat de masse n'est pas autre chose qu'une réaction à une situation absurde et intolérable) et en même temps, d'assumer totalement ce côté noir, parce qu'il n'y avait pour lui pas d'autre manière de faire.

Ton texte est dérangeant, parce qu'on y décèle l'humain derrière le monstre (ou le monstre derrière l'humain selon la manière dont on le conçoit), ça permet de tempérer le regard qu'on peut avoir sur ce genre de personnalité. Un bourreau, un criminel de guerre, un mec qui a refusé la légitimité du tribunal de La Haye et qui n'a jamais été jugé pour les crimes dont il a été accusé (et ce après Nuremberg c'est impressionnant)... un homme qui a aimé, eu des enfants, était attaché à sa terre, à ses croyances, à ses proches... un mec comme toi et moi, un mec que le contexte a fait basculer. Est-ce qu'il aurait été serial killer s'il avait vécu par chez nous ?

Bref. Un texte fort, un texte qui me fait me poser plein de questions...

Pas une apologie, loin de là, un constat... derrière le monstre, il y a toujours un homme.
Après, est-ce que ça suffit pour excuser ses actes?
Est-ce que ça suffit pour l'incriminer plus que d'autres?

Selon moi, il nous manque les arcanes, les vraies, mais la Serbie c'est loin, c'est une micro-guerre, c'est pas pire que le Rwanda, c'est pas une guerre mondiale... et j'avoue personnellement que si tu ne le racontais pas, je ne m'y serais pas intéressée. Milosevic et Franjo Tudjman sont morts, eux aussi, et le résultat sur la Yougoslavie, on le connait tous... alors Arkan en plus, en moins, quelle différence?

En cela ton texte est fort, il personnalise l'horreur, par des yeux (les tiens) éloignés des évènements, et narre le communisme et la création du nouveau nationalisme en ex-yougoslavie en tenant compte du facteur humain. Vivre dans ce genre de contexte, y réagir, d'une manière que nous ne comprenons pas et ne pouvons pas comprendre, puisque nous sommes loin de vivre les mêmes horreurs au quotidien qu'Arkan a du vivre.

Le crime contre l'humanité est-il excusable quand on combat un génocide?

A quel point est-on criminel quand on combat des criminels?

Personnellement mon seul regret est qu'il manque encore du contexte, du décor et des faits pour illustrer la folie qui a résulté de son parcours... trop court à mon gout donc, mais on ne peut nier la qualité d'écriture, la volonté de faire comprendre... un peu de maladresse parfois, mais un texte passionné, malgré sa pseudo-froideur...
Mais pouvait-il s'écrire autrement?

   GrainBlanc   
25/4/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Plus qu’un autoportrait, ce texte tient presque de la harangue. On ressent la passion du « personnage », et qu’on soit choqué par cette conception des choses importe peu, l’auteur parvient à nous faire voir une mécanique de pensée différente, et c’est ce qui m’intéresse personnellement quand je lis un texte, en dehors de tout jugement moral.
Les répétitions par la négative (« ce n’est pas moi… ») puis par l’affirmative (« ils ont… ») apportent de la richesse et de la solidité à l’argumentaire, le tout servi par des images fortes qui révèlent l’exaltation du « personnage » (« né dans les chairs rouges pansées par l’acier », « j’ai les désirs inassouvis d’un fauve qui s’assume »…).
Peut-être quelques éléments à reprendre (« bombarder des civils avec des bombes », « …comment c’est simple de le faire… »).
En tout cas, un texte qui ne laisse pas indifférent, bravo !

   Charivari   
3/5/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Lu d'une seule traite. Pour moi,c'est une vraie réussite.

Le début est très crédible : toute cette rhétorique politique, ce style qui évoque parfaitement les propagandes totalitaires et le côté "épique" de l'histoire vue à travers le prisme déformant du nationalisme. En même temps, on retrouve le faux alibi habituel dans le cas des crimes contre l'humanité, la même défense qui a servi pour les criminels de guerre nazi : tout le monde a les mains sales... Ensuite, le texte, déjà fort bien écrit, progresse encore et augmente en intensité : j'ai particulièrement apprécié le passage où le narrateur explique à quel point c'est facile de tuer des êtres humains. J'ai aussi beaucoup aimé le passage sur la fascination du personnage pour la violence, le bruit. On découvre sans mal, derrière ces mots, un homme dangereux, un mégalomane, une tête brûlée sans aucun scrupule : aucun doute, même si le texte est écrit à la 1ère personne, il n'est pas ambigü, on voit parfaitement que l'auteur ne fait aucune apologie de la violence ou du massacre, bien au contraire, cependant, il y a ici refus du manicxhéisme ou del a caricature. C'était un équilibre très difficile à obtenir, je trouve que c'est mené de main de maître...

Ma seule préoccupation est d'ordre historique (personnellement je suis de formation historienne) : peut-on inventer un faux texte provenant d'un vrai personnage. A mon avis, non, en tout cas pas pour un personnage trop contemporain. Je pense que l'auteur aurait dû choisir un personnage fictif, du moins en apparence.

   framato   
7/5/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Larivière,

"Il faut tuer un homme pour comprendre vraiment comment c’est simple de le faire."

C'est un texte puissant, très bien écrit que Larivière nous livre là. Une vision de l'intérieur du monstre, de sa logique et de sa légitimité à être...

"Je ne regrette rien… Ma vie est droite et sans plus de taches et de virages que la vie en possède elle-même."

Le texte se sert des répétitions (dans le premier paragraphe, par exemple, guerre, sol, nation, peuple) comme pour mieux convaincre, comme si la vie du monstre n'était qu'un discours autopersuasif de son droit à être.

Un texte riche sur le fonctionnement humain... La monstruosité, c'est simplement quand on n'est pas dans le bon camps, c'est une question de point de vue... Ce texte me parle du cynisme plus encore que de la monstruosité, du cynisme de tous les camps, de tous les côtés, de tous.


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