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Brèves littéraires
Laz : Le souvenir d'une femme
 Publié le 08/08/25  -  6 commentaires  -  2706 caractères  -  19 lectures    Autres textes du même auteur

Il rêve d'abord d'un chat et d'une pomme de terre, puis d'une certaine Catherine. Plus loin, il se met en colère.


Le souvenir d'une femme


Je me suis cru tenu de lui répondre, sûrement parce qu’à mes yeux il détenait déjà la vérité :


— Je ne sais pas, j’étais dans un rêve touffu, je ne sais plus de quoi il était question.

— Catherine ne vous aimait plus, disiez-vous.

— Ah ?

— « Catherine, elle m’aimait plus, tu comprends ? », c’est ça que vous avez dit, exactement ça.


Le salaud s’acharnait avec méticulosité.


— Que voulez-vous que je vous dise ? On a les rêves qu’on peut, non ? On ne maîtrise rien.

— Justement, on ne maîtrise rien, c’est ça : le réel s’impose. À sa façon.


Ce salopard me cernait. Je détestais les quelques cheveux vieux blond qui lui striaient le crâne. Il a insisté :


— Vous m’excuserez, mais pour moi, ce rêve qui vous fait dire, dans votre sommeil, ce que vous avez dit, il signe un crime passionnel. Je me trompe ?


J’aurais voulu l’étriper sur place. Je n’ai pas répondu. Ses petits yeux de truie ne me lâchaient pas. Je suis descendu à la station suivante pour me débarrasser de lui mais il m’a suivi. Je marchais vite et lui trottait derrière moi et m’appelait. Je ne répondais pas. Je connaissais New York juste assez pour finalement l’attirer dans une ruelle déserte.


***


Je continue d’être sujet à des endormissements très rapides et de parler dans mon sommeil : j’ai une peur bleue de m’assoupir encore dans le train ou le bus. Le fantôme de Catherine semble m’avoir quitté mais pas celui du type aux yeux de truie. Et tous ces voyageurs qui m’ont entendu prononcer ma phrase accusatrice, s’ils me revoyaient ?


Je m’enferme chez moi, j’ai peur du sommeil, le type aux yeux de truie me hante alors que je le déteste. Je ne sais pas ce qu’on fait quand on a tué à deux reprises en si peu de temps. Il m’appartient de l’inventer et une envie irrépressible monte en moi : celle de crier au monde que je suis un meurtrier.


***


Mon avocat vient de me rendre visite. Il m’a obtenu quinze ans et je veux croire qu’après, je pourrai revivre normalement. Le type du train était un pervers. Je ne regrette rien le concernant. Catherine, elle, ne m’aimait plus et je n’ai que la folie pour expliquer mon geste. Le juge a demandé : « Pourquoi, comment, la folie ? » Mon avocat a répondu « substances psychotropes », ce qui est la vérité, et même si ça me coûte des années de plus, je préfère ça. Être au clair avec le monde et avec moi-même, c’est un premier pas vers Catherine. Mais dès que je la réveille, elle me demande si je n’ai pas honte de ne pas la laisser dormir. Plusieurs fois par jour, je veux ainsi lui demander pardon et chaque fois je me heurte à son refus. Un froid, alors, envahit ma poitrine. Catherine a peut-être froid, elle aussi.


 
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   toc-art   
25/7/2025
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Bonjour,

Je ne suis pas habitué aux brèves, mon jugement en est peut-être faussé mais j'ai un gros souci de crédibilité. Je ne vois pas bien pourquoi l'interlocuteur du narrateur, en entendant la phrase "elle m'aimait plus", en déduit qu'il y a eu crime. Et c'est quand même embêtant parce que c'est le fondement même de ce texte. Je peux très bien dire à un ami "Catherine ne m'aimait plus, c'est pour ça qu'elle est partie" par exemple...

Donc voilà, c'est court mais c'est à retravailler selon moi. Sur du si court, on doit être au taquet.

Bonne continuation.

   Salima   
8/8/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Une tranche de vie, à laquelle il manque le "reste du gâteau" qu'on attend traditionnellement, on connaît le pourquoi mais pas le comment du premier meurtre, ni le comment de l'arrestation (j'imagine une autodenonciation), et il y a une impression de choses en suspens.

Ce texte me renvoie à une question qui me travaille : comment continuer à vivre quand on a commis l'inexcusable et l'impardonnable. Le texte finit sur "Catherine a peut-être froid, elle aussi." Ça pourrait être le signe que le narrateur continue à nier que Catherine est un être distinct de lui-même, donc il lui attribue d'office les sensations qu'il éprouve lui-même. Mais je crois que le narrateur cherche une voie, il veut "être au clair". Il serait alors possible que la phrase finale soit une marque d'empathie envers Catherine. Il accepte qu'elle se sente mal et qu'elle ne se satisfasse pas de ce qui le satisfait, lui.

Enfin, je trouve la construction du texte intéressante. Cette phrase "J’aurais voulu l’étriper sur place." me paraît mal choisie. C'est le genre de phrase qu'on dit pas sérieusement. Ici, je conseillerais quelque chose avec davantage de poids, de rage contenue, de sauvagerie. La fin, sans parler de chute, la fin donc, composée des 4 dernières phrases, je la trouve très belle de douleur, de désespoir, de silences.

   Cyrill   
31/7/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Tout repose sur l’aberration de la déduction faite par le petit bonhomme du train : «ce que vous avez dit [...] signe un crime passionnel ». Répartie délicieuse, je verrais bien Hercule Poirot dans le rôle avec ses cellules grises qui fonctionnent à Très Grande Vitesse. Jusqu’à son meurtre suggéré, j’ai été emballé par l’idée et sa mise en œuvre.
Les derniers paragraphes me semblent tâtonner et ouvrir des pistes non abouties, comme si le format avait bridé la possibilité de creuser dans la matière psychologique, un peu comme un thriller avorté. Dans cette catégorie, conclure sur la « ruelle déserte » aurait je pense concentré l’impact de l’absurde. Je me serais alors retrouvé avec plaisir comme deux ronds de flan, à ne pas savoir si oui où non le locuteur a tué Catherine, et si le meurtre suivant se justifie.

   Donaldo75   
31/7/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'ai trouvé cette nouvelle forte dans l'impact qu'elle donne à la lecture. La progression dramatique - la révélation du meurtre et du meurtrier - est bien conduite. Je ne me suis pas posé la question de comment je l'aurais écrite si j'avais été l'auteur parce que personnellement je reste un lecteur sur ce coup. J'aime beaucoup la fin également, soit la perxpective du meurtrier qui n'a pas l'air de revenir à la réalité de la sentence et surtout de son geste mais qui va presque le poétiser. C'est amoral en diable et en même temps si vrai chez les attaqués du bulbe (je ne sortirais pas de mot en "pathe" parce que les experts du site prendrais du temps à m'expliquer le terme) et autres fondus de la cafetière.

Bravo !

   Volontaire   
8/8/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Effrayant de justesse. Elle voulait partir et ce n'était pas possible. Pas du tout possible. Alors il a fallu faire rentrer la réalité dans l'ordre du fantasme, quitte à salement l’amocher. Et maintenant on en fait quoi, de cette réalité ? Le passage où le meurtrier veut crier qu'il est un meurtrier me fait un peu penser à un passage d'un très beau film japonais, Drive My Car, où il est aussi question de lien amoureux qui ne laisse pas de place au dialogue et de meurtre (entre autres intéressantes choses).
J'ai dû relire plusieurs fois et ne saisit pas encore tout. Cela va avec le choix d'une écriture directe, frappante je suppose.

Merci de ce partage, dont je reste glacée, ce qui est je crois, le but recherché,

Bonne fin de journée,

   papipoete   
8/8/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour Laz
Il me hurlait si fort dessus, et ce regard ! qui traversait mon coeur...je n'ai pas tarder à avouer...
Maintenant, je retourne au silence de ma geôle, chaque nuit rejoindre Catherine qui dort... et ce salaud qui me suivait avec ses yeux de truie.
Je lui ai repris ma Catherine, et je ne regrette rien ; elle ne m'aimait plus, mais elle m'appartenait !
NB un peu M. le Maudit, un zeste de Jack l'éventreur, et nous voilà embarqués dans une aventure, que trop peu de détails ne suffisent point à nous faire dire :
- mais bondieu, mais c'est biensur !


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