Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Horreur/Épouvante
Leandrath : Le vieux château
 Publié le 08/04/09  -  14 commentaires  -  18495 caractères  -  221 lectures    Autres textes du même auteur

Pour un premier essai dans la catégorie épouvante, un grand classique...


Le vieux château


Lord et Lady Benson, à bord de leur Rolls Phantom de 1925, traversaient les Carpates. Sir Gregory avait eu cette idée pittoresque pour leur voyage de noces. Les jeunes mariés visitaient la Transylvanie, une province bucolique, cadre des fascinantes aventures narrées par Bram Stoker. La puissante conduite intérieure noire les menait donc, par cette après-midi de mars, sur les traces de Jonathan Harker.


Serré contre son épouse sur la banquette arrière, Sir Gregory regardait à travers la vitre la forêt qui tardait à reprendre sa parure émeraude de printemps. Les cahots de la route ne l’importunaient plus.


Entre les branches, il aperçut un contrefort sur lequel se dressait un vieux château, aux hautes tours crénelées. Il attira l’attention de son épouse :


- Regardez, très chère.


Réprimant un soupir, elle se pencha lentement.


- Je ne vois rien, répondit-elle d’une voix douce.

- Voyons, il y a un château. Il faudrait être aveugle…


Sir Gregory s’interrompit, il venait de jeter un nouveau regard mais il n’y avait plus sur le contrefort aucune trace d’architecture.


- Bien, nous avons dû passer trop rapidement.

- Je suppose, Chéri.


Elle passa une main gantée sur la joue de son conjoint.


- Permettez-moi de vous interrompre, Milord, intervint Ruppert.


À l’avant, les bagages qui n’avaient pas trouvé place dans la minuscule malle arrière étaient sanglés à côté du chauffeur. Ils espéraient atteindre quelque village avant la tombée du jour.


- Il semble que le temps se couvre en face de nous. Je signale au passage à Milord que le réservoir se vide.

- Nous arriverons bientôt, Ruppert, n’ayez crainte.


Le ciel changea brusquement de couleur. Et le ballet monotone des essuie-glaces commença. Le bruit des gouttes de pluie emplit l’habitacle. Bientôt le tonnerre gronda. L’orage les plongea dans des ténèbres telles qu’ils ne distinguaient plus le « Spirit of Ecstacy » au bout du long capot noir.


Lord Benson sentit son épouse se raidir.


- Qu’y a-t-il, très chère ?

- Il m’a semblé qu’une forme grise courait à côté de la voiture, dans la tempête.

- Peut-être un loup ? Il paraît que la région en est infestée.

- Vous croyez ? demanda lady Petula.


Mais la vitre qui renvoyait le reflet de son visage blême, aux lèvres livides et aux yeux écarquillés parlait pour elle. La chose qu’elle avait vue n’avait rien d’un loup.


Sir Gregory, qui scrutait les bois de son côté se contenta d’un simple :


- Mais oui.


L’esprit cartésien de la jeune lady fit le reste.


Ils avançaient à peine plus vite qu’au pas quand la foudre déchira le ciel, projetant un bref instant des ombres trompeuses. Le chauffeur fit un écart, et la Phantom glissa dans l’ornière transformée en torrent. La voiture s’embourba.

Ruppert sortit dans la tourmente pour tenter de remédier à cette fâcheuse situation. Sir Gregory rabattit le siège et le suivit, serrant son manteau autour de lui. Sous la pluie et la grêle, ils s’escrimèrent un moment.


- Rien à faire Milord, cria le chauffeur, trempé jusqu’à l’os.

- Diable !


Lord Benson s’énervait. Ruppert proposa :


- Restez à l’abri de la voiture, Milord, je vais pousser plus avant et trouver de l’aide.


Sa voix couvrait à peine le tumulte des éléments. Le vent sifflait dans les branches basses des arbres qui jouxtaient le fossé.

Ruppert ouvrit le coffre et tâtonna un moment à la recherche de la lampe.


- Soyez prudent, lui enjoignit Sir Gregory.


Il s’élança dans la nuit. À travers le pare-brise trempé, lady Petula le regarda s’éloigner dans la lueur des phares. Puis il ne fut plus qu’un point de lumière vacillant.

Son mari s’installa à l’avant.


- Gageons qu’il revienne rapidement, dit-il en frissonnant.


Ruppert avançait depuis une centaine de pas quand il aperçut une lumière. Ils avaient dépassé plusieurs fermes isolées sur le chemin, il songea tout naturellement qu’il s’agissait d’une construction similaire. Un peu de chance dans leur malheur. Il tenta donc de presser le pas.


Il lui semblait pourtant que ses yeux lui jouaient des tours ; la distance qui le séparait de son objectif ne décroissait pas. De plus, il lui fallait quitter la route boueuse pour suivre un sentier dans les bois décharnés.


Se protégeant du bras, tenant sa lampe le plus haut possible, il avança cahin-caha. Il trébucha soudain sur une racine et s’étala de tout son long. La lanterne lui échappa et se brisa. L’eau ruisselant abondamment emporta la flamme. Ruppert jura. Essuyant l’eau de ses yeux, il continua à progresser vers la fermette isolée. Il avait bien cru en distinguer la silhouette à la faveur d’un éclair. Il lança un appel. Au même moment un roulement de tonnerre retentit.


Mû par une étrange impulsion, il se retourna. Les ombres s’agitèrent et quelque chose y glissa. Le chauffeur songea aux loups dont parlait son maître. Inquiété, il pressa le pas. Derrière lui des craquements retentirent. Il accéléra encore, il courait presque désormais.


Le sol se déroba sous ses pieds et une douleur fulgurante lui déchira la jambe. Il poussa un cri et tenta de se relever mais quelque chose le retenait. Il entendit un grondement qui n’avait rien à voir avec le tonnerre. Qui n’avait rien à voir avec celui d’un loup. Tremblant, il risqua un regard vers sa jambe blessée. Il lança un terrible hurlement de terreur.


Dans la Rolls, Sir Gregory arrivait à bout de patience. Il sortit à nouveau et tourna autour de la voiture immobilisée, dans l’espoir de distinguer la lampe de Ruppert revenant avec de la main d’œuvre. Il s’apprêtait à retourner, déçu, auprès de sa femme quand un nouvel éclair révéla la silhouette noire du château. La route devait tourner et ils s’étaient rapprochés de l’édifice par un autre angle. Il savait qu’il n’avait pas rêvé.


- Ma chère, j’ai peut-être trouvé un abri. Il semble qu’il y ait un château non loin d’ici. Si je retrouve cette lampe torche, dit-il en fouillant dans le vide poche, nous devrions pouvoir l’atteindre rapidement.


Lady Petula accepta, malgré la marche sous la pluie que cela représentait. Tout plutôt que de rester dans cet habitacle dangereusement incliné, où le froid se faisait sentir avec tant d’acuité.


Son propre manteau de peau doublé d’hermine en souffrirait. Mais au diable !


Ils n’emportèrent qu’un sac, et prirent la précaution de griffonner un mot à l’attention de leur chauffeur. La pluie et le vent diminuaient d’intensité, mais l’orage était toujours bien présent. Par bonheur, ils tombèrent rapidement sur un petit sentier de pierres qui menait vers le château. Au détour d’un pin plus large que les autres, ils se trouvèrent hors du bois. Et un long chemin taillé dans la roche serpentait jusqu’aux portes du château, qui apparut, immense et sinistre, comme la foudre illuminait le ciel. Soutenant son épouse du mieux qu’il pouvait, Sir Gregory se hâta. En gravissant la colline, il constata que la brume couvrait la forêt, dissimulant même à leur vue les phares de la Phantom.

Après quelques efforts, ils se trouvèrent face à un escalier qui menait à un portail en ogive brisée. La grille était ouverte. Ils la franchirent sous le regard de gargouilles endormies. Un pont surplombait d’anciennes douves asséchées que la pluie torrentielle avait garnies de petites mares. Au-delà, une porte solide, garnie d’une cloche d’appel, les attendait. Lord Benson tendit fébrilement la main vers le marteau. Il sonna et attendit, sa femme blottie contre lui, les yeux plissés dans le vent et l’averse.


Devant l’absence de résultat, il entreprit de tambouriner à la porte.


Enfin, un cliquètement se fit entendre, et la porte grinça en s’ouvrant sur un homme petit et contrefait portant un costume. Le domestique, qui parlait leur langue avec un accent épouvantable, s’enquit de leurs noms et les pria d’attendre dans le vestibule.


Ils se débarrassèrent de leurs manteaux trempés, profitant d’une patère qui trônait là. Négligeant les consignes, ils traversèrent un long couloir, attirés par la lueur rougeoyante d’un feu de bois. Une vaste salle à manger, d’où partait un escalier qui donnait sur un palier garni d’alcôves, occupée par plusieurs sièges, au sol invisible sous les épais tapis, s’étendait devant eux. Un imposant âtre de pierre abritait une délicieuse flambée. Les bûches craquaient de manière hypnotique. Ils s’en approchèrent. En silence, ils se réchauffèrent. Quand son esprit put enfin s’écarter des préoccupations autres que son bien-être, Sir Gregory chercha du regard quelque portrait ou armoiries qui lui permettraient de se faire une idée de l’identité de leur hôte.


Tout à coup une bourrasque plus forte que les autres ouvrit la seule fenêtre de la salle, et souffla les chandelles. Le bruit du tonnerre emplit la pièce puis reflua. N’était le feu, ils se seraient à nouveau retrouvés dans l’obscurité. Lord Benson se dirigea vers la fenêtre et la ferma, avec une certaine difficulté. Quand il se retourna, il ne put retenir un sursaut. Le domestique se trouvait à côté de sa femme, un chandelier à la main. Il ne l’avait même pas entendu arriver.


- Mon maître accepte de vous héberger cette nuit. Le Comte ne reçoit habituellement pas d’invités, et vous prie de respecter son intimité, en ne cherchant pas à le rencontrer, et en évitant même de pénétrer dans la tour centrale. Si vous voulez me suivre, je vais vous indiquer votre chambre et vous préparerai ensuite une collation.


Intrigué par le comportement étrange de l’aristocrate qui les accueillait dans sa demeure, Sir Gregory demanda :


- Comment avez-vous dit que se nommait votre maître ?

- Je ne vous l’ai pas dit, répondit simplement le serviteur.


Offusqué, lord Benson décida de s’en tenir là.


Boitant légèrement, l’homme les conduisit à travers différents couloirs. Ces parties du château n’étaient pas éclairées, ils n’y distinguèrent pas grand-chose. Ils s’arrêtèrent finalement devant une porte basse que le domestique poussa pour eux. Elle donnait sur une chambre spacieuse dotée d’un lit à baldaquins. Il alluma quelques chandelles, et fit du feu dans la petite cheminée. Il allait partir quand Sir Gregory l’interpella :


- Mon propre domestique devait revenir avec de l’aide pour dégager notre voiture. Il y est peut-être en ce moment. Pourriez-vous envoyer quelqu’un le quérir ?


Le domestique parut réfléchir un instant. Il hocha finalement la tête, sans même un sourire.


Restés seuls, les deux jeunes mariés s’enlacèrent.


- Tout est pour le mieux, dit Lord Benson. Je vous propose finalement une nuit au château.


Son épouse ne partageait pas son enthousiasme :


- Ho Greg. Je ne me sens pas à l’aise, il y a quelque chose de bizarre dans ce château. Malgré le feu je me sens toujours transie de froid. Je sens un souffle glacé sur ma nuque. Et ce serviteur ! Mon dieu, il est si laid.

- Allons ma chère. Nous sommes en 1928. Les châteaux hantés et les bossus anthropophages n’effraient plus que les enfants.


Il massa tendrement les épaules et le cou de Petula.


- Vous vous sentez mieux ?

- Un peu, concéda-t-elle pour lui plaire.


Avec un sourire satisfait, il entreprit d’explorer la vaste garde-robe qui occupait le mur du fond. Il y découvrit un peignoir tout à fait seyant, ainsi qu’une robe de chambre qu’il proposa à sa femme. Bientôt, il entendit qu’on frappait à la porte. Le temps qu’il traverse la pièce, il n’y avait plus là qu’un plateau chargé de divers aliments.


Ils mangèrent de bon appétit. Malgré l’heure raisonnable, les émotions de la journée et le vin eurent raison d’eux. Ils s’endormirent rapidement.


Au cœur de la nuit, le sommeil abandonna Lord Benson. Il ouvrit les yeux pour se découvrir le front perlé de sueur, la peau moite. L’atmosphère de la chambre lui parut étouffante. Il se tourna vers sa femme. Mais le lit était vide. La surprise acheva de le réveiller. Petula n’aurait jamais envisagé une promenade nocturne dans une bâtisse inconnue. Elle s’était même ouverte à lui de son inconfort. Songeant à quelque malveillance de l’immonde domestique, il se leva. Soufflant sur les braises pour les raviver, il put allumer une chandelle. La fraîcheur du couloir ne soulagea en rien son inquiétude, tant le silence qui baignait les lieux semblait oppressant.


- Petula, ma chère ? appela-t-il.


Sa voix résonna de manière incongrue. Il avança néanmoins. Dans la clarté vacillante de sa bougie, les ombres lui paraissaient danser. Un long frisson parcourut son épine dorsale. Sa respiration produisit de la buée. Il avait froid. La lumière d’un éclair traversa une haute fenêtre, au bout du couloir, en face de lui. Aucun grondement céleste ne suivit, mais à la faveur de cette brève illumination, il aurait juré avoir vu le volant d’une robe de chambre disparaître à l’angle suivant. Il appela à nouveau son épouse. En vain.

Quelque part dans les entrailles du château, une antique pendule sonna un coup. À peine son écho se fut-il dissipé, qu’un autre son arriva aux oreilles de Sir Gregory. Une musique d’orgue. Avec grande difficulté, il remonta la piste sonore qui le conduisait au pied d’un grand escalier en colimaçon.


Il arriva au sommet de celui-ci pantelant. Il avait dépassé sur le chemin plusieurs pièces encombrées de toutes sortes de mobiliers et de bibelots, de l’inoffensif tableau poussiéreux, à l’armure rouillant sur son support. Tout était couvert de toiles d’araignées, comme si ces pièces n’étaient plus visitées depuis des années. Guidé par la musique grandiloquente des tuyaux de cuivre, il poussa l’unique porte qui le séparait du dernier étage de la tour centrale. Sa main hésita un bref instant avant de transgresser l’interdit du majordome, mais le sort de sa femme le préoccupait trop pour qu’il accorde du crédit aux revendications excentriques d’un vieux noble d’Europe centrale.


Il entra dans la pièce au moment où la fugue s’intensifiait. Le domestique lui tournait le dos, penché sur le massif instrument. Au-dessus de lui trônait le portrait de plain-pied d’un homme dans la force de l’âge en tenue sombre et élégante, quoiqu’un peu désuète, une main posée sur la poitrine, en une attitude digne. En dehors de ces deux éléments, le mobilier n’était constitué que de deux candélabres et d’une table longue et étroite, couverte d’un drap de velours pourpre. Une unique porte devait donner sur les appartements privés du Comte.


- Pardonnez-moi, lança-t-il.


La mélodie s’interrompit aussitôt, et le serviteur se retourna vivement, le regard empli d’un violent reproche. La lueur des chandelles accentuait ses traits de manière effrayante ; ses yeux paraissaient sur le point de jaillir de leurs orbites pour fondre sur Lord Benson. Rapidement, ce dernier enchaîna :

- Mon épouse, Lady Petula, a quitté la chambre, et je m’inquiète. Elle a pu s’égarer dans le château.

- Votre femme n’est pas ici ! éructa l’homme en claudiquant vers lui. Sortez ! Vous allez déranger mon Maître. Sortez !


Il repoussa Sir Gregory dans l’escalier.


- Mais, protesta celui-ci, je ne peux la laisser errer dans votre demeure. Il pourrait lui arriver quelque chose.

- Et que voulez-vous qu’il lui arrive ? rétorqua le domestique en fermant la porte et en prenant la chandelle des mains de Lord Benson. Elle ne s’est pas risquée dans un escalier dangereux avec une simple bougie, elle.


Choqué par les remontrances du domestique, Sir Gregory oublia un instant ses angoisses.


- Monsieur, j’ignore si le personnel de maison a, dans ce pays, pour habitude de s’adresser ainsi aux invités de son maître ; mais sachez que chez moi si un serviteur osait s’adresser à moi ou à l’un des mes hôtes de la sorte, il serait prié de quitter mon service dans l’heure, et serait assuré de ne jamais plus trouver une place aussi enviable.

L’homme le gratifia d’un regard peu amène.


- Mes excuses, Milord, répondit-il enfin. Je prends les souhaits de mon maître trop à cœur. Nous n’avons pas eu d’invité depuis si longtemps… Suivez-moi, nous allons demander à votre chauffeur s’il a vu Lady Benson.

- Ruppert ? Il est ici ? s’étonna Sir Gregory.

- Bien sûr, conformément à votre demande. Il est logé dans l’ancien quartier des domestiques.


Ils quittèrent la tour centrale pour s’enfoncer dans les parties inférieures du château. Oppressé par le silence qui s’était à nouveau installé, Lord Benson demanda :


- Le Comte ne quitte jamais ses appartements ? A-t-il quelque problème de santé ?

- Rien que vous ne puissiez résoudre. Mon maître apprécie la solitude. Je lui ferai part de votre sollicitude.


Voyant que cela n’irait pas plus loin, il changea de sujet :


- Ruppert était-il près de la voiture ?

- Pas très loin. Je l’ai moi-même conduit au château. Il se repose. Quand l’aube sera levée nous irons dégager votre véhicule et nous l’amènerons dans la cour.

- À travers la forêt ? s’étonna Sir Gregory.

- Il y a un autre chemin, plus tôt sur la route.

- Bien.


Ils stoppèrent devant une porte épaisse, qui devait se trouver à peu près au niveau des caves. Le domestique ouvrit la porte et la tint en place afin que Lord Benson puisse passer. Mais au lieu de le suivre, il la referma violement. Sir Gregory se jeta sur le battant. Trop tard. Il entendit cliqueter la serrure.


- Ouvrez ! Qu’est-ce qui vous prend.

- Mon Maître n’aime pas les visiteurs trop curieux qui abusent de son hospitalité. Je vous laisse en compagnie de votre précieux chauffeur.


La voix lui parvenait étouffée, elle fut suivie d’un rire caquetant. Il frappa le bois festonné de fer. Puis comme ses yeux s’accoutumaient à l’obscurité, il distingua la pièce voûtée, toute en longueur, aux murs de pierre brute, où il était enfermé.


Soudain une odeur de pourriture envahit ses narines. Il cracha son dégoût. Puis il entendit un frottement, comme si des mains grattaient le sol derrière lui. Il se retourna. Dans un coin de la salle se tenait la chose qui avait été Ruppert. Un demi-visage en témoignait, le reste n’était que chairs à vif, muscles déchirés, membres brisés, animés d’une vie impie et obscène.


- Mon Dieu, murmura-t-il.


La dernière chose à laquelle il songea, durant le battement que son cœur manqua comme la chose bondissait vers lui, mâchoire béante, fut la table au drap pourpre, dans la salle de l’orgue. Il se rendait seulement compte qu’il ne s’agissait en rien d’une table. Mais d’un cercueil.


Un nouveau cri d’effroi et de douleur résonna dans la nuit transylvanienne.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Selenim   
8/4/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Tout ceci est quand même très classique, autant dans le déroulement que dans le vocabulaire employé.

Malgré ça, ou à cause de ça, la lecture est plaisante, sautillante.
On trouve rapidement nos repères dans ce récit jalonné de tout ce qui a rendu populaire la littérature d'horreur avec des petits morceaux de comte vampire à l'intérieur.

Les visions, les ombres, l'orage, la panne, le serviteur, les pendules...il ne manque rien au tableau.

Une nouvelle plaisante mais bien trop classique.

Selenim

   xuanvincent   
8/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
D'ordinaire, je ne lis pas les récits d' "Horreur/Epouvante". Toutefois, j'ai souhaité lire cette première nouvelle de Leandrath dans cette catégorie et ce récit m'a paru assez bien se lire.

Le flegme de ce couple anglais m'a tout d'abord fait sourire. Par la suite, l'intrigue, tout en étant assez classique, m'a intéressée.

La fin relève bien de l'"Horreur/Epouvante". L'auteur du crime du domestique n'est pas explicitement désigné mais cela ne m'a pas vraiment gênée.

Ce texte m'a paru dans l'ensemble assez bien écrit, avec un souci il m'a semblé de bien écrire (notamment dans le choix du vocabulaire), auquel j'ai été sensible.
Détails :
. "Devant l’absence de résultat" : je n'ai pas trop aimé cette formulation
. « la chose qu’avait été Ruppert » :"chose" ne me paraît pas être le terme le plus approprié pour désigner une personne (même morte) ; de plus le terme « chose » revient peu après, à deux reprises, dans le récit.
. "Ils n'emportèrent qu'un sac, et (...)" : la virgule me paraît superflue.
. "Le Comte ne reçoit habituellement pas d’invités, et vous prie de respecter son intimité, en ne cherchant pas à le rencontrer, et en évitant même de pénétrer dans la tour centrale." : un peu trop de virgules à mon goût dans cette phrase, qui aurait à mon avis pu être scindée en deux.


PS : Cette longueur m'a paru convenir (davantage que les textes précédents) pour ce récit.

   antares77   
8/4/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bravo pour le travail soigné, pour le style impeccable, pour le vocabulaire choisi, et pour la construction typique de ce type de nouvelle, où l'étrange, d'abord en filigrane, devient prépondérante jusqu'à s'imposer comme une tache de sang !

J'ai aimé, même si, pour les raisons ci-dessus, le tout est classique, comme ce couple d'anglais, un brin désuet.

   Anonyme   
9/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonsoir Leandrath ! Ce n'est en général pas mon genre de lecture mais je passais par là et j'ai été séduit par cette écriture précieuse ( dans le bon sens du terme, s'entend).N'étant pas expert en la matière, je m'abstiendrai de tout commentaire superflu qui n'aurait d'ailleurs aucune valeur compte tenu de mon ignorance en ce domaine. Merci et très bonne soirée.

   Liry   
11/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ayant un très gros faible pour les histoires de vampires, j'ai bien aimé cette histoire même si elle était classique et un peu convenue.

L'écriture est fluide et agréable à lire. L'atmosphère et le décor correspondant au château typique de ce genre d'histoire. Pour la fin, j'ai aussi apprécié le fait que le comte n'apparaisse pas directement, laissant le chauffeur agir à sa place.

Merci pour ce moment de lecture.

A bientôt.

Liry

   Anonyme   
18/4/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je retrouve ici avec plaisir l'auteur du Cycles des Amberlirims pour sa première nouvelle dans le domaine de "horreur/épouvante". C'est un premier essai très réussi. Un brin classique peut-être, mais je ne pense pas que la brièveté du texte permettait pas de développer un monde plus original.
J'ai beaucoup apprécié.

   FIACRE   
16/5/2009
Ah, les frissons se sucent à la paille dans la nuit la plus profonde !

   florilange   
6/7/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
N'étant pas familière du genre, j'ignore si le sujet de cette nouvelle est classique. Mais je l'ai lue jusqu'au bout avec plaisir. Le style est en effet agréable, cela se lit bien.Amusant ce couple d'aristos 1 brin surannés au langage choisi, qui découvre le froid, l'inconfort, la peur. N'ont même pas eu le temps de regretter les gondoles de Venise qu'ils auraient mieux fait de choisir pour leur voyage de noce. Leur choix, lui, n'était  pas si classique!Merci pour cette lecture,Florilange.

   ANIMAL   
12/7/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Malgré le sujet ultra classique, j'aime bien cette nouvelle qui se lit facilement et dans laquelle on sent une recherche de vocabulaire. Dommage pour ce couple fort sympathique, mais il semble que les Messieurs s'obstinent à ne pas écouter les prémonitions de leurs compagnes.
Au fait, lady Petula est-elle tombée sous les griffes du Maître des lieux ou sinon, qu'est-elle devenue ?

   Anonyme   
20/7/2009
 a aimé ce texte 
Pas
J'aime le genre, cependant cette histoire est pleine de clichés, qui ne me surprennent pas. De plus la description est souvent trop sommaire pour le goût de la situation. Cela m'a guère plu.

   Adraboz   
26/7/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une nouvelle très plaisante à lire, un style fluide et soigné, de la fraîcheur dans la manière d'aborder ce thème exploité à l'envi depuis des siècles, mais qui ne cessera jamais de me passionner ... une minuscule réserve cependant pour le titre, qui ne me semble pas servir au mieux le texte.

   Anonyme   
9/8/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
salut Leandrath tu m'as vraiment emu.
J'etais completement transporte par ton histoire.
je te remercie beaucoup pour ton livre .
TU m'as prouve que ton oeuvre est l'oeuvre d'un vrai auteur
bravo
nano96

   ROBERTO   
16/12/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
C'est vrai que le thème est hyper classique, mais même les idées traditionnelles en la matière peuvent être bien traitées.
Ici nous frisons la caricature avec les deux personnes perdues dans la nature suite à une panne d'auto, le château où l'on découvre un décor qui fait passer aux films de la compagnie anglaise HAMMER des années 50...
La fin de la nouvelle par contre rachète en intensité un récit un peu trop attendu.
Se laisse lire néanmoins avec plaisir par les inconditionnels de ce style.

   MissNeko   
21/7/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un peu trop classique dans le genre récit vampirique. Mais il se laisse lire et étant fan du genre, j ai aimé lire votre récit.


Oniris Copyright © 2007-2023