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Humour/Détente
Louis : À point nommé
 Publié le 02/06/14  -  14 commentaires  -  10219 caractères  -  147 lectures    Autres textes du même auteur

Suivez le guide…


À point nommé


Parce que, vous comprenez, cette toile intitulée « Écarlate », c’est un incendie aux multiples foyers incandescents d’où irradient des faisceaux d’énergies intenses, brûlantes, vibrantes. C’est l’embrasement universel. Tout part de petits points, sources de rayonnements rougeoyants, d’éclairs éblouissants. Vous comprenez, l’obsession de l’artiste, Stefan Blomberg, c’était le point. Points sources dans ce tableau, points originels des émanations fulgurantes dans leur fréquence infiniment renouvelée, dans l’éclat de rouge en mille nuances du jour quand il point par-dessus les frondaisons des arbres très hauts, par-dessus les collines fleuries, quand il pointe ses flèches de lumière dans les ténèbres de la nuit pour en faire jaillir des phosphorescences en panaches pourpres, des gerbes d’écumes en nuages rutilants fardés de vifs vermillons, des touffes de carmin, des… Pardon, je m’exalte. Mais la peinture de cet artiste m’attise, m’échauffe, m’aiguillonne, et me transporte irrésistiblement dans un lyrisme ardent. On ne côtoie pas une œuvre pareille chaque jour, comprenez-vous, sans être transpercé par elle, sans être contaminé, à s’y trouver ainsi exposé, par son pouvoir irradiant.

Vous voyez, ce sont les points qui étaient l’obsession de Stefan Blomberg. Non les lignes, les droites ou les courbes, les points. Il répétait souvent, bouleversé par cette idée, que les lignes et les droites sont faites d’une multiplicité de points, d’une infinité. « Tout est là, dans le point », disait-il. Et il ajoutait avec une pointe d’humour : « Quand tout est au point, tout va bien. » Il ne croyait pas aux points morts, il affirmait avec force que les points sont tous très vifs, tous des foyers incandescents de vie, de réalité et d’énergie.

Un jour, on lui demanda si l’on pouvait le qualifier de néo-pointilliste. « Je suis pointilleux, mais non pointilliste », avait-il déclaré, ce qui n’était pas même une boutade. Blomberg admirait Georges Seurat, louait Paul Signac, mais il leur reprochait les points figés, immobiles, trop statiques de leur manière.

La ponctuation exerçait sur Blomberg une véritable fascination. Le point, pensait-il, ne sépare pas les phrases, il est le foyer d’où naissent les mots nouveaux, un centre d’irradiation de sens et de signification. Il ne croyait pas au point final. Il n’y a que des émanations, à partir de sources ponctuelles, de mots et de silences, de clartés et d’ombres, d’être et de néant.

En quête perpétuelle de la ponctuation du monde, de la ponctuation des vies humaines, il ne se lassait pas, infatigable chercheur des points de passage, des points névralgiques autant que des points cruciaux.

Il imaginait des univers en gestation entre chaque point des pointillés.

Blomberg, savez-vous, soutenait avec force que la continuité naît de la discontinuité, comme l’ordre naît du chaos, comme la durée du temps naît de l’instant ponctuel.

Point chaos : tout commence par là. Point cataclysmique générateur. Point de matière désordonnée d’où part l’univers dans son extension infinie.


Mais, je vous en prie, approchez du tableau suivant de l’artiste : « La fugue du violon ».

Contemplez la tonalité bleue de cette œuvre. Sa remarquable composition. Bien sûr, voyez-vous, c’est une variation sur le même thème : celui du point. Des points d’intensité, innombrables, centres convulsifs bleus paroxystiques, quasiment chauffés à blanc, creusent l’espace de la toile de gouffres profonds d’où surgissent des stries azurées, des zébrures cobalt, des sillons cérulés faits de myriades de points rapprochés qui se poursuivent, s’imitent, se répondent. Stefan Blomberg aimait la musique, il aimait par-dessus tout la fugue et le contrepoint, il considérait les notes comme des points à la fois sonores et visuels. Observez ceux-là, à droite du tableau, comme ils se rapprochent, comme ils s’accrochent, comme ils s’accordent pour tracer des lignes droites tendues et parallèles, cordes d’un violon.

Pardon monsieur, je n’ai pas bien entendu votre question. Un point vous échappe, dites-vous !

Au fond, vous me demandez, juché sur votre point d’interrogation, si Blomberg ne confondait pas les taches et les points. Nullement, monsieur. Faisons le point, si vous le voulez bien – Blomberg, lui, disait toujours « mettons les choses au point » : une tache est une macule dimensionnelle, au mieux une aura du point, son halo de couleur, son auréole existentielle alors que le point sans dimension est comme un grain matriciel d’être et de vie, comme une semence de toutes choses. Le monde est granuleux, monsieur. Il n’est pas taché ! Un point c’est tout.


S’il n’y a pas d’autres questions, nous nous avancerons vers le chef-d’œuvre suivant de Stefan Blomberg intitulé « La petite baigneuse ». Cette toile baigne dans une teinte ambre profonde, n’est-ce pas ? L’artiste aimait l’ambre et la lumière. Il aimait les plages de sable, mais il sillonnait le monde en quête des points et des pointes. Ses voyages l’ont mené à la pointe du Raz, à la pointe Saint-Mathieu, en Bretagne – dite : « La pointe du bout du monde » –, à la pointe du cap Corse aussi, et à tant d’autres pointes encore qui transpercent l’océan et gravent des lignes sur la toile du monde, tracent des frontières découpées entre l’élément solide et l’élément liquide, entre le ferme et le mouvant. Il marchait sur les pointes, fantasque funambule, jusqu’à leur extrémité, là où elles ne sont plus qu’un point de roche face à l’océan de points scintillants.

Mais c’est à Pointe-à-Pitre qu’il séjourna plusieurs années. Là, il trouva un point de chute. Là, sur une plage de Guadeloupe, il a peint « La petite baigneuse ». Une pleine lumière inonde la toile, voyez-vous. Les traits de la baigneuse – une jeune femme qu’il contemplait sur une plage, une jeune danseuse qui chaque soir tournait dans l’eau sur ses pointes au clair de lune, et dont il s’était épris, sans lui avoir pourtant jamais avoué sa flamme – explosent en mille points serrés virevoltants. On sent le mouvement, la danse légère dans chaque effusion de lumière issue par jets des points ambrés ; les lignes courbes se forment et se cambrent dans une ponctualité en devenir jaune safrané, ocre et miel.

On sent combien l’artiste a multiplié les points de vue, combien la danseuse au bain naît de chaque point du monde, de chaque point sensible dans l’essentiel du cœur et de l’âme pour se révéler en des perspectives sans nombre.

Face à une telle œuvre, mesdames, messieurs, que pouvons-nous être, sinon des points vivants d’exclamation admirative ? Vous comprenez, tout est à point nommé.

Oh, madame, je vous en prie, dites plus haut ce qui vous fait interrogative. « Blomberg ne se sentait-il jamais mal en point ? » demandez-vous finement. Oh madame, si vous saviez ! Je l’ai bien connu, Stefan Blomberg, croyez-moi. Je fus dans ses vieux jours son ami et son confident. Je suis resté fidèle à sa mémoire, et je me fais un point d’honneur de la célébrer, de la perpétuer, pour que son œuvre reste immortelle comme elle le mérite.

Il appréciait peu les points négatifs que l’incompréhension des critiques d’art lui reprochait. Il en était affecté parfois, vous ne pouvez savoir à quel point ! Lui qui avait toujours considéré le point comme pure positivité, « des points négatifs », cela lui paraissait un pur contresens. Pourtant, bien que touché à vif, il répétait toujours : « Je ne suis point triste. » Et jamais vraiment, il ne fut totalement désappointé.

Il menait, il est vrai, à la fin de sa vie une double quête, grave, profonde, essentielle à ses yeux. Des recherches épuisantes qui l’ont affaibli et rendu malade. Il cherchait perpétuellement, comprenez-vous, le point où en sont les choses, toutes les choses. Quelle grandeur chez cet artiste ! Quel génie ! Son autre quête, sa quête finale, s’est avérée plus sombre. Un point, mesdames, messieurs, l’a préoccupé plus que tout autre dans ses dernières années, il a consacré beaucoup de son énergie, beaucoup de son temps, à le repérer, à le trouver, à le saisir : le point de non-retour. C’est dans ces années vouées à la recherche intensive de ce point si particulier qu’il a peint cette dernière toile, que vous pouvez admirer ici, approchez-vous donc. Stefan Blomberg l’a nommée : « Jamais plus ». L’impossible retour. L’irréversibilité temporelle. Comme ils l’avaient ému ! L’aller sans retour le bouleversait. Cette idée que l’on ne revient jamais au même point produisait en lui une émotion indicible. Cette toile devant vous est son œuvre ultime, sa dernière réalisation, son point d’orgue. Vous voyez, la couleur dominante est le vert. Des myriades de points sont les creusets d’où les teintes émeraude, amande, opaline fusionnent pour laisser échapper des lignes brisées, des droites segmentées. Un rayonnement intense, et partout des lignes de fuite. Des linéaments se forment pour se briser à nouveau, en fragments discontinus qui peu à peu se dégradent jusqu’à la frontière du visible. On sent de toutes parts des failles, des brèches, d’amples déchirures. Cette œuvre est poignante, ne trouvez-vous pas ? Il y a en elle comme un retour à la discontinuité première des points. Au point dans son extrême isolement, dans la séparation irrémédiable, cette scission qui rend à jamais impossible l’unité d’une fusion.

Excusez-moi, mesdames, messieurs, je suis incapable de parler froidement de ce chef-d’œuvre, l’émotion me submerge. D’autant plus que j’exerce aujourd’hui pour la dernière fois, devant vous, ma fonction de guide dans ce musée hors du commun. On m’a congédié sans ménagements ! Moi, l’ami de Blomberg ! Moi qui peux me vanter d’être le plus grand connaisseur de son œuvre, le seul expert mondial de Blomberg ! Moi qui sais combien son œuvre, je ne cesse de le répéter, est en tous points remarquable.

On me trouve trop vieux, figurez-vous. De mauvaises langues disent même que j’ai un grain ! Mais qui n’a pas de grain ! Blomberg le disait, le monde est granuleux.

Je vous laisse, mesdames, messieurs. Pensez à l’œuvre de Blomberg. Pensez au point où vous en êtes. Moi, je vais au rond-point sur la route, en face du musée, je vais y faire ma ronde. J’y tourne, j’y tourne, à la recherche du point de non-retour.


 
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   Anonyme   
5/5/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Eh bien, je ne sais pas vraiment si ce texte est drôle, parce que je le trouve juste, tout simplement. Au-delà de l'obsession du point, je pouvais presque m'imaginer les toiles décrites de Blomberg, et les jeux de mots émaillant l'histoire n'y changent pas grand-chose : pour moi, il y a une cohérence dans tout cela, je ne distingue pas trop la caricature...

Point qui n'est pas tache et qui crée la texture du monde, après tout pourquoi pas ? J'ai aimé cette balade au premier degré, et même pas honte de mon manque de subtilité.

   Anonyme   
2/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Louis,

Au commencement de tout est le point. Théorie dudit Blumberg, point pointilleux du tout.

Incroyable comment en partant d’un point nommé, une spirale sans fin m’a aspirée dans un texte mené joyeusement.

Sous votre plume fine et talentueuse, l’artiste semble doué d’un humour que j’apprécie en tous… points !^^

Bravo pour votre imagination qui m’a conduite d’un point à un autre, sans que jamais je ne m’ennuie.

Le point y est donc, et j’apprends beaucoup sur son granuleux avec un guide hors du commun qui en tient un grain.

Merci pour la visite guidée sur "la fugue du violon" et "la petite baigneuse"
Merci pour cette ronde autour du point, agréable et légère

Cat
toute en courbes

   Anonyme   
2/6/2014
Bonjour Louis

J'imagine Stefan Blomberg tout droit sorti de ta fertile imagination.
Le premier paragraphe laisse à penser qu'on va se farcir un exposé comme seuls savent en commettre les critiques d'art.
Mais très vite on subodore le second degré :
"Pardon, je m’exalte. Mais la peinture de cet artiste m’attise, m’échauffe, m’aiguillonne, et me transporte irrésistiblement dans un lyrisme ardent. On ne côtoie pas une œuvre pareille chaque jour, comprenez-vous, sans être transpercé par elle, sans être contaminé, à s’y trouver ainsi exposé, par son pouvoir irradiant."

Notre petit doigt ne nous a pas trompé, dès le second paragraphe les jeux de mots apparaissent :
« Quand tout est au point, tout va bien. »

Ils ne nous quitteront plus
« Je suis pointilleux, mais non pointilliste »
"En quête perpétuelle de la ponctuation du monde, de la ponctuation des vies humaines, il ne se lassait pas, infatigable chercheur des points de passage, des points névralgiques autant que des points cruciaux."

On se croirait dans dans du Raymond Devos, mais un Raymond Devos à la plume époustouflante de lyrisme et d'invention poétique.

Un Devos "premium" pour employer le jargon du commerce internautique.

Louis, j'aimerais pouvoir te gratifier d'un commentaire à ta démesure, mais je n'ai pas ta faconde.

Sache seulement que j'ai savouré lentement ce texte comme une somptueuse friandise.

Merci Louis pour cet excellent moment de lecture.

   Robot   
2/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Pas un seul moment d'ennui dans ce récit plein d'humour. Je ne le ressens pas comme une critique, presque un hommage à la passion obsessionnelle. Une moquerie que je trouve pleine de sympathie malgré tout.
Et une écriture qui ne lasse pas, que l'on goûte point par point. Les relances, tels les changements de tableau ou les réponses aux deux questions des visiteurs tombent juste au bon moment pour maintenir l'envie du lecteur. Elles apportent des variations dans ce récit court et foisonnant mais jamais confus.
Un récit très visuel et réaliste. Dans cet imaginaire, le peintre existe, les tableaux existent aussi.
C'est extraordinaire cet aspect de simplicité, ce sentiment de fluidité naturelle alors que ce récit vous a probablement demandé un réel investissement.
Là j'ai envie de relire... et ce n'est pas toujours le cas.

   Pepito   
2/6/2014
Bonjour Louis et désolé, je n'ai pas dépassé le premier paragraphe.

Une autre fois peut-être.

Pepito

   Anonyme   
2/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Le jour où, à l'école, j'ai compris ce que signifiait cette phrase : une ligne est composée d'un ensemble de points; c'est comme si un monde nouveau s'offrait à toutes les découvertes que je ferais désormais dans la vie. De même que la notion que deux parallèles ne se rejoignent que dans "l'infini".

Vertige de l'infiniment petit, de l'infiniment grand, vertige de commencer à comprendre de quoi est fait le monde. En ce qui me concerne, le début de la pensée, le démarrage de l'appétit de lecture, de philosophie et, bien plus tard, vers un début (...) de sagesse. Le temps, cet ensemble de milliardièmes de secondes, eux-mêmes divisibles en....

Une véritable fascination que la science ne cesse de conforter.
Tout est constitué de cet infiniment petit qui se résume à l'unité essentielle. L'avoir toujours en tête, dans un petit coin, aide beaucoup à vivre. Décomposer une tâche qui semble gigantesque en une série de petites tâches...

Vous écrivez bien, Louis. Vous avez la phrase gourmande, aux lèvres charnues. On sent que vous aimez le mot, la grammaire et ordonner tout cela avec vivacité, précision, plénitude. Physiquement, je ne vous vois, du coup, pas maigre mais plutôt un tantinet rebondi avec beaucoup d'expressivité dans le visage, les gestes. Gouleyant...

Merci de ce rappel essentiel, traité avec un humour dans une histoire toute simple utilisée comme alibi pour nous remettre "Par-dessus les collines fleuries".

   Anonyme   
2/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Louis, quelle belle écriture, quel humour, quelle intelligence ! J’ai adoré, un point c’est tout.
Depuis des temps immémoriaux, les mathématiciens, les physiciens, les astrophysiciens, tous se sont unis, ou désunis (tout dépend de la théorie), pour tenter de connaître l’aspect ultime de la réalité. Et pour vous, pouf, en deux ou trois tableaux écrits, (d’ailleurs si bien que l’on sent presque encore l’odeur de peinture fraîche), c’est ce point, spatial, temporel, existentiel, qui est la clé du tout. Donc, c’est bien ce que je disais au début, un point, c’est tout. (Mais là dommage, c’est la virgule qui fait la différence).
Trêve de plaisanterie, votre nouvelle m’a enchanté et je suivrais volontiers un tel guide s’il existait dans la vraie vie. Ainsi, par sa sagesse, il saurait me mettre un peu plus souvent les points sur les i…
Merci à vous pour avoir été un instant ce guide. Encore bravo.

   Anonyme   
4/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Louis,

J’ai cru voir un petit rat de l’opéra faire des entrechats avec le « point ». Des petits sauts où les points s’alignent, se croisent, se mettent à questionner l’Art comme le faisait la toile blanche de la pièce de Yasmina Reza : Art.
L’Art ou « Comment sublimer le vide et les points du néant ».

Ton texte est assez brillant dans sa fantaisie pointilleuse. Tu as bien fait de choisir un narrateur pédantesque, capable de transcender le pinceau à deux poils de n’importe quel beau-frère. Il faut tout ça pour alimenter le faux marché de l’art, celui qui fait croire que des points qui s’empilent peuvent monter jusqu’au ciel, celui de l’happy few, du gratin découpé en grosses rondelles de connivence, de l’amateur éclairé d’une ristourne fiscale à l’Isf, de la mafia qui rêve de se payer la Joconde au black pour tromper la vigilance de la cellule Tracfin sur le blanchiment d’argent. Ton camelot est un poète qui attire les cons. Il n’y a pas que chez lui qu’on voit ça.
C’était important de faire le point.

Ludi
vendeur de points en sachets

   Myndie   
4/6/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonsoir Louis,

Je me retrouve à peu près dans la plupart des commentaires qui ont été formulés sur votre nouvelle (c'est l'inconvénient d'arriver un peu tard).
J'ai aimé votre texte visuel, ou plutôt votre texte qui a la faculté de nous faire visualiser les œuvres de Blomberg, comme si nous y étions.
S'il en était encore besoin, ce "point nommé" nous prouve quel brillant écrivain vous êtes. J e n'ai pas décroché un seul instant, captivée par la démonstration époustouflante dans laquelle vous lancez votre guide à la verve de bonimenteur.
Tout cela est écrit avec une telle conviction que je me demande encore ce que je dois penser de cette "théorie des points". Vous avez l'argument facile et convaincant.
Et puis alors, votre humour a la finesse et la cocasserie des répliques de Raymond Devos, comme le souligne à juste titre Tizef.
Bref, votre nouvelle, passionnante et drôle, m'a beaucoup plu; cependant, je vous avoue que j'ai été plus sensible encore à la précédente (Traces) qui m'avait plongée dans une atmosphère comme je les aime. Appréciation toute personnelle .

Myndie, pas très calée en nouvelles :)

   KIE   
12/6/2014
Commentaire modéré

   Sylvain84   
3/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Louis.
Pour moi ce texte ne nécessite pas de point d'interrogation, mais plutôt des points d'exclamation pour l'érudition qui s'en dégage.
Pour vous Stephan Blomberg n'a aucun secret, merci de nous en faire partager la connaissance.
J'ai bien aimé me plonger dans cet univers autour de vos mises au point.

   Uranie76   
27/7/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Ton texte m'a fait le même effet qu'une oeuvre de Lorenz Baümer :

Évidence : Ce texte est sublime comme certaines de ses pièces, et je ne peux que rêver d'atteindre dans plusieurs années un peu de ce talent. Je reste coite devant son ouvrage, le ciselage, la pureté des diamants, leur rareté, l'arrondi de certaines formes ouvragées, la dentelle d'or blanc, le temps investi, toute cette passion qui en émane..tout ça, mais pas d'émotion.

Désarroi : J'ai beau en avoir le souffle coupé littéralement devant la virtuosité, Il y'a une distance infranchissable entre moi et ses ouvrages. Ici c'est peut être un excès de descriptions colorées qui ont crée chez moi une "cacochromie" qui m'a aveuglé assez pour ne pas tout saisir, pour décrocher à mon insu sur certains passages où il m'a fallu relire.

Je rejoins Sonia pour l'humour, je n'ai pu que sourire face à quelques figures humoristiques suavement peintes, devant les jeux de mots omniprésents incrustés avec brio ça et là, mais je n'irai pas jusqu'à désigner ce texte d'humoristique.

Au final, je l'avoue, je m'en veux moi même de ne pas être apte à ressentir d'émotion face à tant de beauté.

   jfmoods   
14/8/2014
Difficile de commenter ce texte... à brûle-pourpoint.

À la relecture, de nombreux procédés...

- présentatifs ("c'est... que", "c'était", "ce sont... qui")
- maintien d'un contact envahissant avec le spectateur auditeur ("comprenez-vous", "savez-vous", "n'est-ce-pas ?", "approchez", "ne trouvez-vous pas ?")
- marqueur d'intensité ("très hauts")
- gradations ("figés, immobiles, trop statiques", "foyer... centre d'irradiation", "se poursuivent, s'imitent , se répondent", "des stries azurées, des zébrures cobalt, des sillons cérulés", "grave, profonde, essentielle", "des failles, des brèches, d'amples déchirures", "beaucoup de son énergie, beaucoup de son temps", "à le repérer, à le trouver, à le saisir", "son œuvre ultime, son ultime réalisation, son point d'orgue")
- hyperboles ("tout", "mille", "innombrables", "paroxystiques", "de toutes choses", "sans nombre", "toutes les choses", "partout")
- gradations hyperboliques ("transpercé... contaminé... exposé... par son pouvoir irradiant", "points de passage, des points névralgiques... des points cruciaux", "intenses, brûlantes, vibrantes", "m'attise, m'échauffe, m'aiguillonne", "Quelle grandeur chez cet artiste ! Quel génie !", "de la célébrer, de la perpétuer", "le plus grand connaisseur, le seul expert")
- anaphores ("Là" x 2)
- gradations anaphoriques ("comme ils se rapprochent, comme ils s'accrochent, comme ils s'accordent", "tous très vifs, tous des foyers incandescents", "chaque point du monde, chaque point sensible")
- énumération ("des phosphorescences en panaches pourpres, des gerbes d'écume en nuages rutilants fardés de vifs vermillons, des touffes de carmin")
- antithèses ("flèches de lumières dans les ténèbres", "continuité" / "discontinuité", "ordre" / "chaos", "durée" / "instant", "élément solide" / "élément liquide", "de clartés et d'ombres, d'être et de néant", "le ferme et le mouvant")
- mise en relief finale du locuteur ("Moi" x 4)

… sont à l'oeuvre pour rendre compte, chez le locuteur, d'une forme d'enthousiasme débridé, d'exaltation démesurée qui ne se trouve guère éloignée de la folie. La sollicitation permanente, le processus généralisé d'assimilation des sens propre et figuré de mots tournant, de près ou de loin, autour du champ lexical du point, le sentiment d'absurdité, puis l'inquiétude qui découle progressivement, chez le lecteur, de ces rapprochements obsessionnels, mécaniques, incongrus, tout cela signale un effet de basculement irrémédiable du locuteur - mais aussi, bien évidemment, de Blomberg - vers une forme d'obsession qui confine à la démence. Ce basculement est entériné par le "point de non-retour" final. Ainsi, l'art, qui semble bien figurer ici une circularité (la fin : "Il y a en elle comme un retour à la discontinuité première des points." renvoyant au début : "points originels des émanations fulgurantes dans leur fréquence infiniment renouvelée..."), peut-il mener jusqu'aux rivages de la folie. Si Devos est la référence qui vient immédiatement à l'esprit, c'est bien la figure tutélaire d'Ionesco qui finit par s'imposer au lecteur.

   Marguerite   
20/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Louis,

Vous nous offrez ici une lecture originale, servie par une écriture propre, fluide, claire.
On se laisse porter de point en point, à l’affût du prochain jeu de mot de ce vieux guide, logorrhéique comme il se doit, un brin toqué quand même.
Le seul petit reproche que j’aurais à faire est finalement dans la qualité de l’écriture. Elle sert le texte dans le sens où elle rend la lecture vraiment fluide, mais elle est peut-être un peu trop nette, il manque de-ci de-là un petit quelque chose qui dépasse, et rende le tout plus vivant.

Une lecture étonnante et agréable.

Merci Louis.

   carbona   
30/9/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,

Je n'ai pas eu de plaisir à lire ce texte, je trouve que c'est lourd et inintéressant. Je conçois que ce doit être un exercice amusant pour l'auteur mais mon intérêt pour l'idée s'arrête là.

Je me suis crue au départ entraînée dans une sympathique balade au musée, mais j'en ressors juste avec une indigestion de points.

Une autre fois sans doute.

Merci pour votre texte.


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