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Réalisme/Historique
macaron : Bois-Haumont
 Publié le 06/02/16  -  8 commentaires  -  14176 caractères  -  92 lectures    Autres textes du même auteur

Rapidement, je pris en charge un groupe d'enfants de huit à dix ans.


Bois-Haumont


Je pense encore parfois à Bois-Haumont.

Les quelques mois passés là-bas ont autant d’importance que les longues années du reste de ma vie. Ce que j’ai appris sur moi, mes faiblesses et mes manques, a prévalu dans la dépression nerveuse qui a suivi cette expérience. Il m’a fallu des années pour cesser d’en dépendre, mais jamais je n’ai pu oublier cette déconvenue. On n’échappe pas à la résurgence inopinée de souvenirs anciens, on s’y soumet. Ce qui est fait… est fait !


***


1969

C’est par l’intermédiaire d’une amie de ma mère – elle y travaillait comme lingère – que je posai ma candidature à Bois-Haumont. Ils cherchaient un éducateur, enfin, quelqu’un pour s’occuper d’enfants en difficulté. Ma première année de droit n’avait pas été validée à la suite des événements de mai, et j’avais stoppé là mes études, le droit ne me passionnant pas outre mesure. Je cherchai une issue à un « je ne sais pas quoi faire » désolant, et éducateur me semblait une profession moderne et prometteuse. Un diplôme existait depuis peu, la psychologie allait prendre une place importante dans notre société décomplexée. Je rencontrai le père Rocher, le directeur de cette institution.


– Voyez-vous, me dit-il, nous cherchons à donner une âme, une espérance à tous ces enfants en déshérence. Les bases d’un vrai scoutisme, celui de Baden-Powell, sont pour Bois-Haumont les fondations solides qui peuvent sauver ces enfants. Dieu, la nature et la discipline sont incontournables, pilier de notre « projet pédagogique », pour être dans le ton…


Il éclata d’un grand rire. Je le regardai un peu ahuri.


– Vous avez l’air d’un brave garçon. Pas un de ces chevelus drogués et écervelés. Pour le salaire, voyez avec Mme Trépan, mais Bois-Haumont n’a pas le sou, ce sera le minimum légal. Le prix de journée payé par l’État est bas, si nous voulons conserver une certaine autonomie philosophique…


Tout en discutant – en l’écoutant serait plus juste – nous nous promenions à travers la propriété, étonnant domaine boisé sur le haut d’une colline, dominant la cité minière, en plein pays artésien.


*


Rapidement, je pris en charge un groupe d’une quinzaine d’enfants de huit à dix ans. Du lever au coucher : les repas, l’école située à un bon kilomètre de l’institution, les devoirs, le peu de temps libre, la douche collective du soir. Vêtus d’une culotte de cuir bavaroise, et l’hiver d’un paletot de trois sous, le crâne rasé toute l’année, les enfants rejoignaient l’école en traversant une partie de la ville. J’avoue une certaine gêne les premiers jours. Pour des enfants en situation pénible – parents décédés ou plus rarement divorcés, famille désintégrée, délinquance précoce – je ressentais, à travers cette exposition dans un tel accoutrement, comme une seconde peine injuste à leur égard. J’en parlai avec Étienne, il assurait l’autre moitié du planning pour notre groupe.


– Tu t’y feras. Tu sais, les gens sont habitués en ville à nous voir passer. Les gamins sont encadrés et reconnaissables. La sécurité quoi !

– J’ai l’impression de bagnards qu’on promène, pas toi ?

– Ce sont les principes d’éducation du père Rocher, si tu n’es pas d’accord…


Je fis un petit sourire en guise d’approbation. Je n’allais pas partir à peine embauché.

Je m’aperçus très vite qu’il s’agissait surtout de gardiennage. La discipline était bien le maître mot de Bois-Haumont ; l’autorité, la seule qualité requise pour un éducateur digne de cette profession. Le mercredi et le week-end paressaient dans un ennui déprimant : une sortie à la piscine le samedi après-midi, la messe le dimanche matin, le reste du temps à jouer dehors, libre de cette liberté inutile. Par mauvais temps, les enfants se bataillaient dans la salle de groupe pour un livre ou une BD déchirée, un jeu de société atrophié. Il y avait bien une télévision, mais Étienne m’avait déconseillé de l’utiliser. Il restait vague sur la raison de sa mise en garde, disons, pas dans l’esprit de Bois-Haumont. Ma première paye perçue, j’achetai de quoi remplacer le matériel éducatif finissant.


*


Mon deuxième mois se terminait, et deux choses me paraissaient importantes. Je me liais d’une belle entente avec Cécile, l’éducatrice qui s’occupait des plus jeunes. Comme moi, elle refusait ce rôle de garde-chiourme et elle s’ingéniait à animer une vie de groupe profitable aux enfants. Nous discutions quand cela était possible, elle pensait ne pas faire de vieux os ici, elle avait un fiancé finissant ses études, elle voulait se marier, avoir des enfants. Elle me mit en garde aussi contre le père Rocher. Oh, elle n’avait pas de souci avec lui, bien au contraire, toujours à la féliciter, mais attention, elle sentait le loup derrière l’agneau.

Je relevais, bien qu’étant novice dans ce domaine, deux cas difficiles parmi les enfants sous ma responsabilité. Sans avoir étudié la psychologie, il coulait de source que ces deux enfants demandaient un suivi des plus urgents. Louis piquait des crises à longueur de journées. Il trépignait, se mordait la main, pleurait toutes les larmes de son corps. Je passai des heures à empêcher les autres de l’embêter, mais il y avait comme un jeu pervers chez ce gamin qui, au calme, cherchait mille façons de se faire remarquer. Étienne l’appelait le caractériel, sans doute avait-il besoin d’une aide, mais ici, il n’avait jamais vu le bout du nez d’un psychologue, et ce n’était pas dans les prérogatives de l’institution. Frédéric Tsigali me causait des sueurs froides, disparaissant des heures, souvent du côté de la petite ferme où quelques poules, canards, deux chevaux, un cochon, un couple de paons faisaient la fierté du père Rocher. La peau hâlée, les yeux fuyants, Frédéric présentait une asociabilité nourrie par le rejet de ses camarades. J’intervenais régulièrement pour le protéger des coups, véritable punching-ball. Étienne m’avait parlé de lui au tout début, à mon arrivée.


– Fais très attention à celui-là. On ne sait jamais où il est ni ce qu’il fait. Un gosse bizarre, une tendance à faire des conneries, toujours du côté de la ferme.


*


Le père Rocher venait toujours à l’improviste pour une petite inspection, à l’occasion embrasser les pensionnaires. Grand et fort, la face rubiconde, il impressionnait autant les enfants que les éducateurs. Il s’est inquiété le premier mois de savoir si tout se passait convenablement. Je dois le reconnaître, en sa présence, je redevenais un gamin, piétinant, hésitant, et pourtant si convaincu à l’intérieur de moi-même, de lui poser des questions, de lui demander des comptes sur la véritable motivation de Bois-Haumont.

Ma mère m’avait élevé seule après la mort prématurée de mon père dans un accident de la route. Était-ce cette autorité masculine si forte, qui m’avait peut-être manqué, et donc je subissais les assauts, désarmé, qui compromettait ma conscience asservie ? Je ressentais un malaise après chacune de ses visites, une impuissance à me positionner comme son égal. Le premier incident arriva un mercredi. J’organisai une après-midi de jeux, nous étions en pleine partie de balle au camp quand il déboula furieux traînant derrière lui Rémy, pas le plus sage, mais pas un brigand de grands chemins non plus.


– J’ai attrapé ce p’tit monsieur qui musardait derrière les cuisines. Nous avons eu des vols dernièrement. Il est strictement interdit d’aller à cet endroit.


Je remarquai les oreilles rouges de Rémy, il enchaîna illico :


– Ne vous laissez pas avoir par ces petits morveux ! C’est très bien d’organiser des jeux, mais avant tout je veux de l’ordre et de l’obéissance.


Le ballon dans les mains, je sentis le regard de tous, je devais répondre coûte que coûte.


– Il jouait à l’instant avec nous, il vient de partir fâché après avoir été éliminé.


Il n’insista pas et repartit. Je relançai le jeu, soulagé de voir disparaître sa longue silhouette noire.


*


Peu après, Cécile s'indigna face au père Rocher du sort réservé à deux de ses protégés, énurétiques. La méthode préconisée à Bois-Haumont, répressive, humiliante pour remédier à ce problème l’avait profondément heurtée. Le père Rocher laissa passer l’orage, puis il lui proposa gentiment de démissionner si sa sensibilité ne supportait pas une telle pratique.


– Tu te rends compte, me dit-elle, leur mettre le nez dans leurs draps souillés, la fessée et la honte de trimbaler la literie jusqu’à la laverie à la vue de tous !

– Qu’est-ce que tu vas faire ?

– S’il croit se débarrasser de moi, je reste tiens !


Je connus, pour ma part, une autre mésaventure un jour de pluie. Aux garçons excités par un mercredi qui n’en finissait pas, je promis un épisode de Zorro à la télévision, en fin d’après-midi. Plutôt en grâce avec les cuisinières, je récupérai un peu de chocolat, de quoi passer un moment agréable. Il entra au moment où Zorro sautait sur son cheval. Tous deux étaient de noir vêtus. Rocher se rua sur le bouton du téléviseur pour l’éteindre, j’entends encore le frottement de sa soutane dans sa précipitation.


– Pas de ça ici mon ami, vous êtes fou ?


Et, s’adressant aux enfants :


– Allez, fichez-moi l’camp dehors !

– Il pleut dehors !

– Il pleut, il pleut, et alors ?


Sa colère faisait trembler sa lèvre supérieure, il tenta de reprendre ses esprits.


– Je ne sais pas ce que vient faire là, dans cette salle de groupe, cet instrument du diable. Ils n’ont pas besoin de cela. Nom d’un chanoine désossé, faites-les courir, se dépenser !


Je ne dis pas un mot, abasourdi, assommé même par cette scène inimaginable. Je repensai aux recommandations d’Étienne. Avait-il connu le même désappointement ?


*


Ma mère s’inquiétait pour moi, elle me trouvait une mine grise et fatiguée. Elle aurait préféré que je reprenne mes études, elle avait de sérieux doutes sur ma capacité à exercer ce métier. Surtout, elle en savait un peu plus sur Bois-Haumont, et ce que je lui avais raconté ne l’avait pas rassurée. Son amie Éliane, lingère que j’avais entrevue deux ou trois fois, l’avait juste avertie de la sévérité de la maison, sans mentionner le fond réactionnaire qu’elle ne percevait peut-être pas. C’était à la messe, le dimanche matin, dans la chapelle aux vitraux en cul de bouteille, que le père Rocher donnait toute sa mesure. Des gens venaient de l’extérieur participer à la messe en latin, écouter les sermons iconoclastes du prêtre. Je n’allais jamais à l’église, ma famille vivant loin de l’idée religieuse, aussi, je restai interloqué la première fois. S’il commençait par un court résumé de l’Évangile du jour, très vite il entrait dans le vif du sujet : une critique acerbe de la société, la mise en garde contre le risque communiste, une raillerie plutôt réussie sur le général de Gaulle. J’appris d’ailleurs par la suite qu’il avait surnommé le gros cochon de la ferme du nom du général ! Il terminait toujours son sermon par une histoire, une anecdote souvent historique, napoléonienne, et je regardais les enfants, et les adultes aussi, fascinés, totalement envoûtés par la voix du père Rocher, par son charisme exceptionnel. À la sortie de la messe, la bonne bourgeoisie l’attendait pour l’entendre encore, lui demander conseil, lui faire un don pour ses « pauvres ».

Je ne croyais pas aux idées de ma génération, et j’étais resté à l’écart du tremblement de mai. Dans ma famille, ma mère en particulier, on se méfiait d’aller trop loin, de vouloir tout bouleverser. « Ton père, me disait-elle souvent, a payé cher sa témérité à vouloir défendre les autres, il aurait mieux fait de rester à sa place, il n’y a rien gagné. »

Je ne respirais pas de cet air vicié de Bois-Hautmont. J’aurais dû partir sans aucun doute, pourtant, un sentiment têtu me retenait, une audace à vouloir changer les choses, le désir sincère d’aider ces enfants.


*


Une bonne volonté ne suffit pas, je le sais à présent, il faut être armé autrement qu’avec la conviction de bien faire. Ma jeunesse d’alors pourrait plaider en ma faveur, mais j’ai toujours refusé cet œil complaisant, je me dois d’assumer mes actes.

Ce soir-là, nous attendions que la douche fût libre. Selon la procédure habituelle, les enfants patientaient en slip, torse nu, le long de l’escalier. Les « petits » de Cécile passaient en premier. Le père Rocher entra par la porte du fond qui donnait sur l’infirmerie et les bureaux, tendu comme la corde d’un arc. Je me souviens, il ne m’adressa pas la parole, pas un geste de salut. Il interrogea du regard le groupe puis :


– Où te caches-tu Frédéric Tsigali ?

– Là, père, dit-il ému en sortant du rang.

– Viens ici mon salopard !


Tandis que Frédéric descendait les quelques marches, j’essayai d’ouvrir la bouche pour demander une explication. Rocher m’ignorait, je n’existais pas pour lui. La suite n’est qu’abomination. D’abord le geste, solennel, quand il retira son ceinturon, les pans de sa soutane flottant alors de son ventre pansu. Puis, le premier coup et Frédéric à terre, instantanément, recroquevillé, les bras en protection sur le visage. J’aurais dû intervenir aussitôt, mes jambes ne se décidaient pas ; mes pieds englués au sol, je vivais l’immobilité statuaire. Très vite, la sangle refendit l’air dans une salve de coups cinglante et haineuse. Les hurlements du supplicié et l’essoufflement de Rocher, la face écarlate, résonnaient en nous dans le silence de mort que nous observions. C’est à ce moment que Cécile passa la tête par la porte de la douche collective. Elle sortit précipitamment, referma derrière elle pour cacher ce spectacle aux petits.


– Vous n’avez pas le droit de battre les enfants. Vous, un prêtre, c’est une honte…

– Madame, ici j’ai tous les droits. Si l’institution ne vous convient guère…

– Vous aurez demain ma démission, et je ne me gênerai pas pour vous faire une bonne publicité.


Il boucla son ceinturon avant de partir, je me baissai pour relever Frédéric. Avec Cécile, nous tentions de le réconforter, son dos par endroits douloureux, et déjà coloré d’un bleu violacé. Alors, elle me regarda tristement et elle me dit :


– Comment tu as pu laisser faire ça ?


 
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   carbona   
20/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Un texte fort que j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt. Brrr, ça fait froid dans le dos surtout la scène finale mais la vision des jeunes traversant le village en culotte de cuir aussi.

J'apprécie le témoignage de l'intérieur mais qui sonne malgré tout très extérieur. J'aime la distance nécessaire, la neutralité que vous instaurez pour nous rapporter les faits.

Et tout cela éveille aussi ma curiosité, à savoir si cet institut de Bois-Haumont a réellement existé.

Une nouvelle vraiment intéressante. Merci.

Carbona

   hersen   
21/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très bon texte, excellent texte.

D'une simplicité limpide dans l'écriture, les faits se déroulent sous nos yeux et de temps en temps est instillé un détail qui met bigrement mal à l'aise, puis un autre, puis un autre.

Tout le monde sous la coupe du Père Rocher.

Même celui qui réprouve ses façons de faire et a tant de compassion pour les enfants. Même lui ne saura pas lutter. Envoûté comme les autres par cette autorité malfaisante.

"Comment as-tu pu laisser faire ça ?"

Un "ça" à traîner toute sa vie...

Merci beaucoup de cette lecture.

   vendularge   
6/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Ce que je trouve tout à fait intéressant dans ce travail, c'est le regard que le narrateur porte sur lui-même, ce n'est pas si simple d'être celui qui n'est pas intervenu, ça l'est encore moins de le raconter avec assez de distance pour que l'ensemble ne soit pas alourdi.

La condition des " enfants rebelles" dans ces maisons de redressement est assez poignante quand on sait aujourd'hui que l'amour, la valorisation et le respect font des miracles, ici comme partout ailleurs chez les hommes blessés.

Trois valeurs que le narrateur porte avec sincérité.

Qu'il est difficile de s'opposer au "Père"...presque impossible dans ce cas.

Merci de ce partage

   jaimme   
6/2/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Cette nouvelle est très bien écrite (bien adaptée à l'époque en plus) et j'ai été happé par le sujet. Pourtant je regrette le format court (trop adapté à l'attente des Oniriens? C'est un débat récurrent). Il aurait fallu au moins 30.000 car les trois premiers quarts en prenaient le chemin. Puis la fin, abrupte. Cela finit sur une lâcheté sociale, bien connue. "We can be a heroes", mais là ce n'était pas le bon jour ( c'est mon côté optimiste). Il y a donc une distorsion de registres avec le dernier quart. Quel dommage, cela pourrait devenir une nouvelle autrement plus ambitieuse. Et le talent est là pour ça.

   Walid   
7/2/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai bien aimé la nouvelle, mais je la trouve d'un format trop court.
Certes une nouvelle est faîtes pour raconter une histoire compressée, mais il aurait fallu continuer l'histoire et mieux approfondir le sujet et donner une meilleur forme d'immersion en rajoutant des dialogues par exemples.

Mais sinon je la trouve très bien malgré le manque d'effet de chute, bonne continuation :).

   Perle-Hingaud   
10/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai vraiment beaucoup aimé ce texte. Il y règne une vraie ambiance, lourde, pesante.
La forme du récit, déjà: l'accroche, qui me rappelle certains auteurs américains (je pense à Franzen avec son roman "Les corrections"): on y croit d'emblée, c'est une nouvelle "d'apprentissage" qui sera terrible.
Les personnages, ensuite: tous sont réalistes, épais.
L'écriture, enfin: sobre, elle est au service des faits, et non l'inverse. C'est une réussite.

... le seul point négatif, selon moi, c'est la brièveté de la chute, qui m'a parue "expédiée" par rapport à ce qui précède. Comme en déséquilibre. Peut-être, tout simplement, aurai-je aimé en lire plus, beaucoup plus: tout un roman, en fait ! Il y a la matière, le style...

Merci macaron !

   Anonyme   
13/2/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
J’ai entamé la lecture de ce texte en me disant qu’il s’agirait d’une anecdote vécue, certes relatée avec soin, mais sans grand relief littéraire, sans recherche de forme particulière. Sans style, disons.

J’ai ensuite été intéressé par l’époque, celle de ma naissance, qui me parait être évoquée de manière très cohérente. Je me suis alors dit que je poursuivrais pour le fond à défaut de la forme.

Et puis, petit à petit, c’est la forme qui m’a séduit et, finalement, complètement happé. Ce n’est pas seulement très bien écrit, c’est aussi très adapté au fond, à tel point qu’écriture et fond finissent par ne former plus qu’un. La relative réserve littéraire s’accorde particulièrement bien au personnage narrateur, dubitatif, à mi-chemin entre conservatisme et modernisme dans une époque charnière. Relative, dis-je, car si les effets ne sont pas exubérants, leur légèreté leur donne beaucoup d’élégance, comme dans cette suite de phrases : « Il entra au moment où Zorro sautait sur son cheval. Tous deux étaient de noir vêtus. ».

Sur la manière d’évoquer les choses, je trouve aussi beaucoup d’élégance. Lorsqu’apparait le personnage de Cécile, on se dit qu’une histoire d’amour se prépare. Et puis non, on comprend que le narrateur éprouve des sentiments à son égard, mais il n’est nul besoin de se vautrer dans la satisfaction du lecteur. Et puis, Cécile est fiancée. C’est très délicat.

Le remord, l’aveu de culpabilité évoqué par le narrateur est aussi amené sans recherche d’effet inutile. Tout cela est très délicat.
J’ignore si le fond est autobiographique ou non et cela ne me regarde pas. L’important, c’est que ce pourrait l’être, que cela le soit ou non. C’est donc très réussi.

J’ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé et j’aimerais lire d’autres choses de votre plume. Elle est taillée pour un roman.

Bravo !

   fried   
1/3/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Cette histoire me rappel le film "Les choristes", c'est un peu le même univers, un milieu que j'ai connu moi même, lors d'un premier job d'un an dans un "foyer" comme éducateur.
Le directeur était grand fort et rougeot de visage, mais heureusement non violent. Ce n'était pas le cas de certains des éducateurs. Le récit me semble donc très réaliste, vécu. Il y aurait beaucoup à raconter au-delà de cette anecdote. Plus qu'une nouvelle, il faudrait tout une histoire.


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