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Réalisme/Historique
macaron : Impossible liberté [Sélection GL]
 Publié le 10/08/17  -  11 commentaires  -  13592 caractères  -  98 lectures    Autres textes du même auteur

Il partit comme prévu le mardi, un peu avant le départ pour l'école, en se faufilant à toute vitesse à travers les sous-bois du domaine.


Impossible liberté [Sélection GL]


Étions-nous prisonniers ? Jacky voulait se sauver, s’enfuir. Il se décida pour le mardi suivant, jour du départ de sa fugue, prélude des grandes heures de son évasion. Ses raisons étaient obscures, une mauvaise humeur permanente le maintenait dans une sorte de bouderie, lui qui savait nous faire rire, crâneur et fantasque à la fois. Étais-je avec eux ? m’avaient-ils demandé, un petit comité de soutien, une confrérie secrète créée dans l’unique but de la réussite de cette opération spéciale. Jamais une fugue au foyer n’avait été couronnée de succès, toujours le fuyard rattrapé et puni. Cette fois-ci, ils voulaient mettre toutes les chances de leur côté pour arriver à leurs fins et infliger une défaite cuisante aux autorités.

J’acceptai sans hésitation. Ma position était délicate, étant souvent cité en exemple, mais en mon for intérieur, il était temps que je choisisse mon camp. J’avais onze ans, et c’était là je crois, à l’orée de l’adolescence, que je fis le mauvais choix. Qu’avais-je à gagner à me mettre du côté des moins forts, des laissés-pour-compte. Pour avoir une chance de m’en sortir, je devais rester au contact des élites, ne pas basculer dans la voyoucratie, en participant, par exemple, à cette fugue vouée à l’échec. Je ne suis pas certain d’en avoir eu conscience au moment où je donnais mon approbation. Je me souviens en revanche de l’aiguillon qui me taraudait l’esprit depuis peu, de mon monde vu avec des yeux différents, de mon moi affolé devant ce qu’il croyait être : emprisonné !


***


Jacky était intelligent, avec des résultats scolaires très moyens, mais aussi parfois des fulgurances qui en étonnaient plus d’un. Grand pour ses onze ans, l’air de se ficher de tout, il suscitait un attachement bienveillant grâce à une bouille malicieuse et quelques réparties audacieuses. Chef Bernard, notre éducateur, en avait souvent après lui ces derniers temps, les propos que Jacky tenait n’ayant plus l’air de l’amuser. Il y avait de la rébellion dans le ton de sa voix, mais aussi quelques arguments recevables qui échauffaient les oreilles de notre responsable.


– Arrête de te plaindre, tu es au même régime que les autres !

– Je ne veux plus la mettre votre culotte de cuir. On a l’air de quoi là-dedans ?

– Ce n’est pas Ma culotte de cuir. Je te l’ai déjà dit, si tu n’es pas content va voir le père Robert.

– Et ma permission pour l’anniversaire de mon copain d’école, Cédric, pourquoi non ?

– Ce n’est pas dans les habitudes du foyer, tu le sais bien. On ne contrôle pas ce qui s’y passe. Tu es assez grand pour le comprendre.

– Une prison. Rien le droit de faire, toujours subir, j’en ai marre de ce foyer à la con.


Là, il se sauvait à toutes jambes pour éviter une paire de gifles.


***


Sans barreaux et sans hauts murs, pouvait-on parler de prison ? Le domaine de R, le centre pour enfants inadaptés où nous vivions, était ouvert à tous les vents. Quelques intrus involontaires se perdaient parfois, pour avoir pris malencontreusement le chemin empierré qui quittait la route principale en direction de Lens. Pas de problème pour sortir en l’occurrence, c’était une fois envolé dans la nature que les ennuis commençaient. Que faire une fois libre, où aller ? Jacky ne se démontait pas pour si peu. Il prit un air des plus graves, soucieux d’épater la galerie une fois de plus.


– J’ai un cousin qui me cachera le temps qu’il faudra, je sais où je vais. Il habite derrière Béthune, une quarantaine de bornes. Ce n’est pas la porte à côté, mais c’est mieux que rien.

– Et la police, lui ai-je répondu, avec ta boule à zéro et ta culotte de cuir, tu seras vite repéré.

– C’est pour ça les gars, il faut que vous m’aidiez. J’ai récupéré un sac à dos, je ne vais pas partir les mains dans les poches, mais avant tout j’ai besoin d’un falzar, moche, troué, bicolore, je m’en fous.


Avec Denis, Pedro et Xavier la chasse aux trésors commença. En plus d’un pantalon, nous trouvâmes un bonnet et une paire de gants, un pull de rechange, des grosses chaussettes. Nous étions en mars, s’il devait dormir dehors… De la nourriture aussi, des biscuits, des carottes, du pain, quelques patates. Jacky fit la moue devant les denrées récoltées.


– Vous me prenez pour un lapin les gars !


C’était beaucoup plus difficile d’accéder aux cuisines, et tout était en gros, grand format, quantité astronomique. Si, Xavier dénicha une plaque de chocolat, on hésita à se la partager en cinq, le devoir prit le dessus, Jacky l’enfourna dans son sac à dos.


***


Le doute, rarement absent chez moi, m’assaillit malgré ma détermination à faire partie de cette aventure. Je pris les choses au sérieux, je demandais à Jacky de réfléchir encore, il pouvait revenir sur sa décision. Je lui opposais quelques arguments dissuasifs comme le froid, fin mars il gèle encore même si le printemps s’annonçait précoce en cette année 1970. Et puis, le sort des fugueurs repris n’avait rien d’enviable, qu’il se souvienne, la raclée de ceinturon, les trois jours au pain sec et à l’eau dans les douches collectives.


– T’es avec nous ou avec le père Robert, ce gros enculé ? s’indigna-t-il.

– Jacky… une fois parti, tu ne pourras pas faire marche arrière.

– Je sais, je compte sur toi aussi. Tu flanches avec Lefranc à l’école et je suis mort. Je vais tous les entuber les gars, vous allez voir !


Pour réussir sa carapate, en plus de savoir où aller, il fallait gagner du temps avant la découverte de son absence. C’était ça le point important, insistait Jacky. La plupart des fugueurs étaient ramenés au foyer dans les vingt-quatre heures. Tromper la vigilance des éducateurs n’était pas un problème. Deux gardes-chiourmes se relayaient dans la journée : chef Bernard, pas très attentif, recherchant avant tout la tranquillité et chef Philippe souvent occupé à autre chose, absent, une personnalité insipide. Monsieur Lefranc, notre instituteur – nous étions avec Jacky dans la même classe –, avec l’appel du matin, pouvait relever l’anomalie, avertir nos responsables. Jacky comptait sur moi pour un mensonge crédible, franc, insoupçonnable. Ainsi il gagnait la journée du mardi, sans doute celle du mercredi sans école, jeudi n’avait pas d’importance, il serait à l’abri.


***


Pour ne pas se sentir emprisonné dans ce genre d’institution, il fallait adhérer au projet pédagogique, peu ou prou, inconsciemment ou en suiveur écervelé. Arrivé très jeune au foyer, fragile, crédule, influençable, je pris pour argent comptant tout ce que la clique ecclésiastique s’ingénia à me mettre dans la tête. J’étais incollable au catéchisme, je connaissais par cœur l’histoire de Jésus, je crus en Dieu avec force et sincérité. J’étais un enfant sage, trop sage, à mettre ma petite conscience en adéquation avec la pensée catholique. Je devins louveteau, l’institution animant également une troupe scoute, je succombais un temps au goût de l’uniforme. Sans doute le sévère père Robert influença par la peur de sa violence mon comportement moutonnier, je crois pourtant que l’histoire de Jésus fut pour moi un grand réconfort, une force pour résister aux désordres psychologiques qui se mettaient en place.

Le sentiment d’être prisonnier mit fin, définitivement, à mes croyances religieuses. J’aimerai encore, sans doute pour toujours, l’histoire de Jésus, mais puis-je faire autrement ? Ce qui était à l’origine de mon revirement spirituel, en dehors d’une perception matérialiste du monde, fut le mensonge, principale tare dont j’affublais l’autorité pédagogique et religieuse. La violence et le mépris dont nous étions victimes contredisaient la parole d’évangile, la charité chrétienne. En outre je vivais, de par mon histoire familiale défaillante, dans le doute d’une vérité mal assumée par ce qui me restait de mes proches. Le mensonge me dégoûtait au plus haut point, le menteur au plus bas dans les profondeurs du vice.

J’étais dans cette configuration mentale quand Jacky me demanda de mentir pour lui.


***


Il partit comme prévu le mardi, un peu avant le départ pour l’école, en se faufilant à toute vitesse à travers les sous-bois du domaine. Auparavant, il nous avait serré la main, sans un mot, grave, ému, un peu comme si c’était la dernière fois que l’on se voyait. Il était drôle dans le pantalon que Pedro lui avait trouvé, une toile sans couleur, chiffonnée. Le petit sac à dos empoigné par la bretelle, le bonnet orange sur la tête, il n’était pas moins repérable que tondu et en culotte de cuir. Sacré Jacky ! Il n’y avait que lui pour se mettre en scène, jouer un héros cornélien.

Avec Denis, Pedro et Xavier, le mot d’ordre fut de se retrouver aux récréations pour évaluer les chances de Jacky, sonder un éventuel début de retournement de situation. D’abord, comment je m’en étais sorti avec monsieur Lefranc. À l’appel, quand le silence persista à l’annonce de son nom, monsieur Lefranc se retourna vers moi, sans un mot, avec un petit hochement de tête. C’était exactement l’attitude que j’attendais, ce dédain hautain et ennuyé. Ma réponse fut franche, sans hésitation :


– Un décès dans sa famille, monsieur.


Avec Jacky, on avait passé en revue les raisons possibles d’une absence acceptable. La maladie demandait des explications, le dentiste était en général pour le mercredi, une histoire abracadabrante aurait tout de suite mis en éveil la méfiance de monsieur Lefranc. Pour le décès, il demeurerait dans l’expectative, ne connaissant pas notre entourage familial, seulement notre éducateur qu’il voyait en cas de problème. J’étais toujours dans le trio de tête au classement en fin de mois, cela compensait la mauvaise réputation que nous avions.

Il ouvrit la bouche, mais ne posa pas de questions. Par décence, peut-être par compassion.


***


La journée se passa sans mauvaise nouvelle, un moment même j’oubliais Jacky notre bannière contestataire par procuration. De retour au domaine, lors de la soirée, chef Philippe demanda à Denis s’il avait vu Jacky, et puis plus rien quand il lui répondit qu’il était avec lui cinq minutes plus tôt. L’heure du coucher arriva, l’éducateur pressé de rentrer chez lui ne remarqua pas le lit de Jacky, simplement défait, dans notre chambrée de huit. Un temps, un éducateur restait de veille la nuit, puis cela cessa, un prêtre faisait alors un tour de garde ou ne le faisait pas.

Où était-il, que fabriquait-il ? Avant de m’endormir, je me posai ces questions avec au fond de moi-même une joie naïve, confiant en la bonne étoile de mon ami. Pas une seconde je n’imaginais un problème quelconque, accident, agression, disparition réelle. Il avait, pour ainsi dire, déjà réussi notre pari.

Je me réveillais un peu plus tard ce mercredi, comme permis, pour aller prendre mon petit déjeuner. Quelle ne fut pas ma surprise, en jetant un regard circulaire dans la chambrée, de voir Jacky endormi dans son lit ! J’eus envie de le secouer, d’exiger des explications, de l’engueuler quoi ! Qu’est-ce qu’il fichait là ? Que s’était-il passé ?


***


Une déception immense s’empara de moi, j’étais à la fois inquiet des conséquences de sa présence et furieux qu’il ne se trouvât pas à des océans de nous. Quoi qu’il fût, le récit de Jacky m’amènerait à cette sentence ferme et définitive : oui, nous étions prisonniers.

Au lever, Jacky parut fatigué, nauséeux, il avait un mal fou à recouvrer ses esprits. Connaissant l’artiste, la facilité avec laquelle il changeait de registre, je ne le ménageai guère.


– Alors, raconte ?


Mon coude dans ses côtes pour le faire réagir.


– Oh, arrête, fais pas le con !

– Ils t’ont attrapé, dis-moi !

– Non, je suis rentré vers minuit, j’en pouvais plus de me geler dehors. Personne ne m’a vu, t’inquiète.

– Tu aurais dû être loin, près de Béthune, qu’est-ce que tu as foutu ?

– Je te raconterai ça plus tard, pour l’instant je ne me sens pas très bien…


La vérité, lui seul la connaît encore aujourd’hui. Avec le recul, je me dis qu’il a dû papillonner dans les environs, son cousin généreux n’existant que dans sa tête. Toutes ces heures à tuer dans le froid d’un mois de mars, même printanier, pour un excès de mauvaise humeur, quelle bassesse ! Le défi exigeait du courage, de l’abnégation, un grand sentiment noble de révolte. Denis, Pedro, Xavier, plus que déçus, n’en revenaient pas de le voir parmi nous.


– Quel menteur ! Comment il nous a baladés ! s’insurgea Denis.

– Il mériterait qu’on lui pète la gueule, je peux m’en charger les gars, dit Pedro toujours prêt pour la castagne.

– N’empêche, il est fort ce Jacky, ne pas se faire choper et revenir pépère tranquille, moi, philosopha Xavier, je le trouve gonflé ce mec.


Peut-être… seulement, il nous avait tous embarqués dans son imaginaire où nous prenions notre revanche avec panache. Nous avions chapardé pour lui, j’avais menti, et avec quelle facilité !

La fugue inachevée de Jacky ne laissa pas de traces, ni les éducateurs ni monsieur Lefranc ne se doutèrent de quoi que ce soit. On ne s’échappait pas de R, et en attendant le jour glorieux de notre libération, nous pouvions toujours méditer sur notre proche destin. À écouter le père Robert, la plupart d’entre nous finirions au cachot – et très rapidement après notre départ du foyer – ou, au mieux, dans un engagement dans l’armée. Il nous parlait quelquefois d’anciens qui lui écrivaient de prison pour lui implorer une aide, un témoignage favorable devant le tribunal. Les lettres, il nous les lisait, avec dans le regard la dureté et la froideur du sadique invétéré.


 
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   Marite   
18/7/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Incursion dans une maison de "redressement" (enfin peut-être que ça ne s'appelle plus comme cela de nos jours) au travers de très jeunes adolescents de onze ans ... je serais presque tentée de croire qu'il s'agit de souvenirs réellement vécus tant l'écriture m'a portée du début jusqu'à la fin. Si c'est le cas, l'auteur n'a donc pas fini comme le présageait le père Robert ... et c'est heureux.

   plumette   
18/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
le narrateur adulte se souvient d'un événement marquant de son enfance survenu dans le contexte très particulier du foyer où il est pensionnaire, foyer qualifié de centre pour enfants inadaptés ( je me suis demandé ce que recouvrais cette appellation).
Jacky est au centre de ce récit en compagnie du narrateur qui raconte la fugue avortée de son copain et en profite pour égrener aussi quelques états d'âmes.

Ce que j'ai trouvé de très réussi: le suspens ménagé par le narrateur.Il recrée pour nous lecteur les affres de ces gamins associés dans l'aventure de Jacky.
Jacky est un peu leur héros, il faut aider, couvrir et protéger sa fuite.
l'aventure se déroule à nouveau pour nous et nous sommes stupéfaits et déçus, comme le narrateur, de l'échec du projet.

ce qui est moins réussi pour moi: j'aurais bien aimé en savoir plus sur la manière dont les acolytes ont amassé leurs trésors : vêtements, nourriture.
Et puis, il y a un passage où le narrateur digresse sur lui-même, il fait une sorte d'analyse rétrospective sur son état d'esprit de l'époque , ses croyances. Ce passage est un peu long ( bien qu'intéressant en soi) Je trouve qu'il vient rompre la dynamique du récit.

un texte qui coule bien, une histoire singulière et vivante, avec au passage un témoignage sur cette vie rude du foyer pour enfants inadaptés.

Merci pour avoir partagé ce qui me semble nourri d'autobiographie.

Plumette

   Tadiou   
10/8/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
(Lu et commenté en EL)

Je suis comme le narrateur, déçu par l’épilogue : tout ça pour ça !!!!

J’aime la lenteur avec laquelle les choses se mettent, les tentatives d’analyse, de compréhension.

Le suspense concernant la fugue est bien distillé et j’attendais la suite avec curiosité.

Et puis ça fait pschitt !!! Dommage !

Je trouve que l’écriture est souvent maladroite, grandiloquente, ce qui gâche la lecture.

A mon sens c’est un texte qui mérite d’être retravaillé tant au niveau de la forme que du fond.

Voici ci-dessous quelques exemples de phrases dont l’écriture est, à mon sens, à revoir.

« Etais-je avec eux ? m’avaient-ils demandé, un petit comité de soutien, une confrérie secrète créée dans l’unique but de la réussite de cette opération spéciale.» : maladresse d’écriture ; en particulier : « Es-tu avec nous ? » m’avaient-ils demandé, en petit comité de soutien…. me semble plus correct. (« de soutien » : de quoi ? de qui ?)

«Ma position était délicate, étant souvent cité en exemple,.. » : maladroit, à mon sens ; ce n’est pas la position qui est citée en exemple…

« Je me souviens en revanche de l’aiguillon qui me taraudait l’esprit depuis peu, de mon monde vu avec des yeux différents, de mon moi affolé devant ce qu’il croyait être : emprisonné ! » : une phrase qui me semble bien lourde et maladroite.

« Le mensonge me dégoûtait au plus haut point, le menteur au plus bas dans les profondeurs du vice. » Très lourd, grandiloquent…

   hersen   
20/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Ambiance peu joyeuse de ce genre de foyer où il fallait compter sur soi...et sur les potes.
J'aime assez bien la déconvenue du narrateur, qui se rend compte au retour de Jacky qu'il a transgressé ses règles morales, ce qui lui a posé un cas de conscience, pour quelqu'un qui peut-être ne le méritait pas.

je trouve la narration un peu nonchalante, le sujet aurait pu supporter plus de niaque.

   Anonyme   
21/7/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Cette anecdote dans un centre d'enfants inadaptés, rend bien toute la misère humaine qui se joue dans ce genre d'endroit. Les adultes, avec leur manque de sentiments, sont détestables. Chacun avec sa personnalité particulière.

1970, cela n'est pas si loin. Pourtant j'ai eu l'impression d'avoir été ramenée à une époque où la vie des mômes était aussi rude que le monde qui les entoure.

Le cas de conscience du narrateur est bien mené. On chemine avec lui dans ses méandres, ses doutes, ses réflexions, sa déception aussi, devant Jacky qui n'a pas tenu son rôle jusqu'au bout.

L'écriture est fluide, la narration agréable. J'ai passé un bon moment de lecture.

Merci pour le partage.

Cat


PS : Une petite coquille : le "s" à for intérieur.

   Alexan   
10/8/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Le sujet m’a captivé. La fugue aux accents d’école buissonnière et la conspiration en présage d’une évasion. Je trouve que c’est bien rendu ; on se sent effectivement parmi des enfants ou pré-ados « inadaptés » à la société, quelque part dans les années 70.
La narration est agréable, les dialogues cocasses, simples et efficaces. Je les imagine bien, ces gosses, préparer une stratégie de fuite en parlant tout bas.
Il m’a semblé trouver de la bonne humeur dans le ton, qui cependant cache un sujet plus sombre : la condition des enfants dans ce centre. Le narrateur parait nous interroger en nous présentant sa perception qui diffère de celle plus sévère de Jacky.
J’ai plutôt apprécié le dénouement. J’y ai trouvé une note d’ironie et de fatalité qui ne m’a pas laissé indifférent.

   Anonyme   
10/8/2017
Bonjour, Macaron,

Comme le narrateur, je suis un peu déçu que l'histoire finisse en eau de boudin, mais à bien y réfléchir, c'est plus surprenant qu'une réussite ou qu'un échec. Nous sommes dans une demi-réussite, peut-être un peu moins vendeuse d'un point de vue scénaristique, mais l'aspect réaliste y trouve son compte et l'enjeu réel n'est peut-être pas là, mais dans cette manière qu'ont les enfants ou les adolescents de se jauger, de se prendre en exemple ou en contre-exemple, d'enrichir leur propre expérience de celles des autres et, par là, de s'interroger sur leur propre conscience pour se forger une personnalité.

J'ai été surpris par une chose : la nature du mensonge proféré par le narrateur ou, plus exactement, par l'accueil qui lui est fait. Il s'agit d'enfants dans une institution rigide et sévère. Est-ce possible qu'un enfant puisse s'absenter pour un motif quelconque, de sa propre initiative, sans avertir l'institution du motif, sans solliciter son approbation et sans être accompagné d'un adulte ? Peut-être est-ce le cas, mais j'ai trouvé cela très bizarre. Partant, je me suis interrogé sur la raison de cet accueil. Se pourrait-il que monsieur Lefranc n'ait pas été dupe ? Le lecteur curieux peut prolonger son imaginaire en supposant que le pot-aux-roses ait été découvert et que Jacky ait été soumis à un traitement spécial que ni lui-même ni les cadres ne souhaitent évoquer.

Cela étant écrit, venons-en à mon réel sentiment !
J'adore votre écriture. J'adore votre univers. Quand bien même un élément de détail vient me troubler, je m'y fonds sans la moindre résistance et en lirais bien quelques dizaines de pages de plus, voire quelques centaines. Dans mon cas, c'est assez rare.
Il peut paraître indélicat d'évoquer l'argent pour faire un compliment, mais je paierais pour vous lire.

   Anonyme   
12/8/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Narration réussie : on suit les préparatifs de la fugue, les doutes et hésitations du narrateur avec intérêt. Le choix d'une issue sans issue pour le fugueur, quoique décevante, permet de mettre en évidence l' enjeu du récit : les hommes désirent-ils toujours la liberté ? Cela me fait un peu penser à la fable de La Fontaine Le loup et le chien : le chien préfère sa prison confortable à la liberté. Comme Jacky qui cristallise les désirs de ses camarades...

   vb   
11/8/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
j'ai bien aimé cette histoire. On sent bien les personnages de ce récit réaliste, à mon avis, fort bien écrit. J'ai eu du plaisir à le lire.
Mon problème est que j'ai lu récemment à peu près la même histoire dans La leçon d'allemand de Siegfried Lenz. Là aussi on y parle de l'évasion manquée d'un garçon hors d'une maison de redressement, mais d'une manière qui m'a beaucoup mieux plu. En comparaison , l'écriture m'a paru un peu trop lapidaire. Est-ce que le gel et le printemps précoce de 1970 n'aurait pas pu être mieux décrit? La région de Lens ne peut-elle pas être détaillée. J'aurais aimé pouvoir m'imaginer la brume, la froideur du printemps, l'immense plaine flamande, les clochers inaccessibles à l'horizon, me mettre dans la peau de Jacky ou plutôt dans celle du narrateur qui forcément doit se poser des questions à propos de son camarade en fuite.
Un détail: j'ai trébuché sur la troisième phrase et la relire plusieurs fois. "Il se décida pour le mardi suivant, jour du départ de sa fugue, prélude des grandes heures de son évasion." Pour moi, il aurait pu se décider pour le mardi suivant parce que c'était son anniversaire, son jour favori, le jour ou le père Robert se soûle, que sais-je? mais pas parce que c'était le jour de départ de sa fugue.
À bientôt,
Vb

   Jean-Claude   
12/8/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Macaron.

Cela se lit bien. Néanmoins, je suis sensible aux fins, aux chutes. Je trouve que tu en dis trop après le retour de Jacky, comme quelqu'un qui développe ses souvenirs. Il faut faire confiance au lecteur.
Le développement de l'état d'esprit du narrateur est dans la même veine : souvenir développé et commentaire parallèle indirect. Il gagnerait à être allégé.
Mais ce n'est que mon point de vue.

Détail : " Étais-je avec eux ? m’avaient-ils demandé, un petit comité de soutien, une confrérie secrète créée dans l’unique but de la réussite de cette opération spéciale. " sans guillemets et ainsi formulé m'a un peu heurté. Problème que je n'ai pas eu dans la suite de la nouvelle, ou pas de manière aussi marquée.

Cohérence : Moi aussi, je trouve un peu bizarre que le mensonge soit aussi facilement accepté.

A une prochaine lecture.

   Damy   
15/8/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Je suis désolé, mais je n'ai pas accroché, sauf à cette phrase: "j’étais à la fois inquiet des conséquences de sa présence et furieux qu’il ne se trouvât pas à des océans de nous". Elle me ramène à un souvenir précis. Pensionnaire, moi aussi, mais chez des curés que je qualifierais de "normaux", comme nous l'étions, studieux et fidèles chrétiens, je n'ai jamais éprouvé l'envie de m’évader: le jeudi et le dimanche après la messe me suffisaient.
Mais, figurez-vous que Daniel, un contestataire invétéré, mit en place, seul, son projet d'évasion. La police le retrouva 2 jours plus tard, sur la plage Atlantique, en train de fabriquer un radeau pour traverser l'océan. Il ne s'agissait d' aucun de moins que de Daniel Balavoine. Aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est véridique, mais il ne devint pas pour autant mon chanteur préféré. On devrait pouvoir trouver cette histoire dans une biographie. Le paradoxal malheur, c'est que, sauvé de la mer, il mourut dans le ciel.

Je trouve l'écriture trop récitative, terre à terre, sans grande réflexion philosophique sur la notion de liberté et sans grande émotion. J'en suis profondément désolé. heureusement, elle est aérée.

À une autre fois, peut-être.
Bien à vous,
Damy.


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