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Sentimental/Romanesque
macaron : Orlane
 Publié le 21/06/17  -  7 commentaires  -  14808 caractères  -  93 lectures    Autres textes du même auteur

– Avant de vivre ensemble, je veux te connaître. J’ai confiance en toi, mais je ne suis peut-être pas la fille qu’il te faut.


Orlane


C’était encore l’endroit qu’il préférait : la forêt. Il venait, depuis quelque temps, seul, pour une retraite méditative, une longue promenade pour fuir les bruits de la ville. Après le parking, toujours saturé en fin de semaine, il traversa une aire de pique-nique, puis il passa à côté du premier agrès d’un « parcours santé ». Une large travée, bordée de parcelles de bois en renouvellement, l’amena jusqu’au carrefour du Roy. Six directions alors s’offraient à lui, il les connaissait toutes, il prit à gauche du chêne tricentenaire un chemin ombragé. Pour générer un retour à la nature, pour simplement ne plus être de ce monde, il dut marcher longtemps avant de ressentir une solitude imparfaite, une communion avec le grand vert acceptable. Il aimait les arbres et il se dirigea vers un endroit féérique, une hêtraie aérée et lumineuse, pour un avant-goût de paradis. Il s’assit sur une souche, ferma les yeux un temps indéfini, les rouvrit pour chercher dans l’air ambiant une vie sonore et colorée à travers l’agitation d’une fauvette babillarde. Bastien Laudiran chassait son dépit comme il le pouvait. Sa vie se rétrécissait à l’approche de la soixantaine, peu à peu il lâchait la main de celle qui l’accompagnait depuis trente années.

***

Il se leva, une douleur dans la fesse gauche, victime de son siège improvisé, une vieille souche déchiquetée. Il fit quelques pas pour s’asseoir dans l’humus réchauffé, le dos contre un hêtre aux longues branches espacées. En levant la tête, il vit à travers le feuillage éclairci un bout de ciel voilé, il se dit alors qu’il était impossible de détecter sa présence. Il ne se racontait pas d’histoire, il n’avait jamais eu avec la nature de lien au-delà de l’humain. Contre son hêtre, il se sentait reposé, étrangement en sécurité, et cela n’allait pas plus loin. Il avait surtout l’impression qu’ici – c’était une idée absurde – on le comprenait, on le soutenait dans son refus du monde moderne. Le portable dans la poche de sa veste annonça un message.


– Nom de Dieu, même en pleine cambrousse ça passe !


C’était Françoise, son échappée. Elle rentrera un peu plus tard, surtout qu’il ne l’attende pas pour le dîner.

***

Bastien Laudiran voyait d’un mauvais œil les temps qui s’annonçaient. Il ne voulait pas jouer à faire semblant dans le chaos de la vie connectée, dans la pulsion irrépressible de l’immédiateté. Il souhaitait encore prendre son temps, perdre son temps, s’ennuyer. Françoise avait suivi le mouvement, équipée du dernier cri de la technologie et, passée la cinquantaine, elle était tombée dans une activité frénétique. Ces derniers mois, bien qu’elle n’ait jamais eu d’opinions politiques tranchées, suivant plus ou moins les idées de son conjoint, elle s’était entichée d’un jeune révolutionnaire, un démocrate libéral, séducteur redoutable.


– Mais qu’est-ce que tu lui trouves à ce type ? pestait-il trois fois par jour.

– Il veut bouger les lignes, nous ouvrir au monde, nous faire entrer dans la modernité.

– Peuh ! La globalisation, une économie libérale pour nous faire rendre gorge. Des esclaves consentants, voilà ce qu’ils veulent !

– Mon pauvre Bastien, tu vois le mal partout. Tu déclines… tu as vieilli aussi ces derniers temps tu sais. J’ai l’impression que nous nous éloignons l’un de l’autre, chaque jour un peu plus. Fais un effort, ne te laisse pas aller !


Un bruit le fit sursauter, sans doute quelque rongeur à la recherche de nourriture, tandis qu’il se remémorait les scènes de ménage quasi quotidiennes. Un mouvement dans les fougères un peu plus loin chassa ses pensées maussades. Un renard, il aurait aimé voir surgir cet animal, comme un ami venu le consoler. Quel imbécile, le voilà qui délirait ! Il vit sortir un chien, et peu après son maître, un homme à l’allure stricte et réservée. Au regard rapide et peu amène qu’il lui lança, Bastien comprit que sa posture était loin de faire l’unanimité. Et alors, il était libre et il revendiquait le droit d’être allongé contre un arbre parce que cela lui plaisait. Il se calma en fermant à nouveau les yeux, pour profiter de cet endroit magnifique, de cette belle journée printanière. Pourquoi ce besoin de nature avec cette sensibilité extrême, alors qu’il avait si peu parcouru les forêts durant ces trente dernières années ? Que cachait ce comportement… imprévisible ? De la peur, évidemment. Quand il rouvrit les yeux, il en fut convaincu, Françoise allait le quitter. Son retour à la nature, c’était une façon, inconsciente, de s’y préparer. Avant Françoise, il avait connu Orlane…

***

Il y avait eu Evelyne et Delphine, Sarah et Julie, mais Orlane, seule, comptait encore dans sa souvenance. Ils s’étaient rencontrés le 31 décembre 1976 dans une petite boîte de nuit pour fêter la nouvelle année. Ni elle ni lui ne fréquentaient ce genre d’établissement, c’était un pur hasard qui les amena ce soir-là à un véritable coup de foudre. Bastien portait une chemise trop classique pour cet endroit festif, Orlane un chemisier fleuri à col « grand-père », et cela fit sourire l’assistance quand ils dansèrent ensemble un premier slow. Au deuxième il l’embrassait, après le troisième ils ne les revirent plus de la soirée.

Orlane était laborantine dans un établissement d’analyses médicales, Bastien venait d’entrer comme dessinateur industriel pour un constructeur automobile. Ils désiraient passer du temps ensemble, apprendre à se connaître, et déjà le travail entravait leur amour. Si Bastien acceptait, comme tout un chacun, cette réalité, Orlane, plus rebelle, mettait en doute la pertinence de cette situation.


– Comment allons-nous vivre notre amour en se voyant si peu ? demanda-t-elle inquiète.

– Nous allons trouver une solution mon cœur, un rapprochement provisoire, et puis nous ferons le grand saut, toi et moi dans le même nid.


Bastien habitait encore chez ses parents, Orlane occupait un studio.


– Avant de vivre ensemble, je veux te connaître. J’ai confiance en toi, mais je ne suis peut-être pas la fille qu’il te faut.


Il éclata de rire en lui faisant remarquer qu’elle avait une manière efficace d’apaiser ses ardeurs. Elle en profita pour lui confier ses doutes et ses espérances, sa vision de la vie, l’avenir à magnifier plutôt qu’à subir.

Il n’aurait pas cru cela d’elle.

***

Ils marchaient dans la forêt, sac au dos, pour un week-end de détente et de découvertes. Orlane avait fait part à Bastien de sa grande passion pour la nature. Lui n’avait pas de ferveurs véritables, même s’il aimait les bd et l’aéromodélisme, gratter sa vieille guitare et s’essayer au dessin d’art sans prétention. La passion l’emportait sur les petits plaisirs, et Orlane l’entraîna avec conviction dans ce qui semblait être sa raison de vivre. Elle portait un jean à pattes d’éléphant ourlé d’une bande fleurie qui s’assortissait avec la chemise « grand-père » et les petites tresses de sa longue chevelure blonde. Jamais elle ne se maquillait, elle s’harmonisait toujours d’une petite touche personnelle, une fleur de saison, un vieux bijou, un collier de pacotille. Bastien, que sa mère harcelait pour qu’il ait un peu de tenue, restait coi devant la beauté simple mais irradiante de sa petite amie. Il faut dire que, discrètement, Orlane savait mettre en valeur ses atouts, outre un joli minois, une poitrine que l’on devinait arrondie, des fesses délicieuses sous la tension de son jean. Ce soir, ils feront l’amour pour la première fois, en dehors de la « canadienne », à la lueur d’une bougie, à même le sol, à l’abri des regards curieux et des suppositions graveleuses de la société humaine. Bastien attendait patiemment. Cinq mois après leur rencontre, ils s’aimaient, comme le disait Orlane, dans la pureté de leur innocence. Quelque chose de fort devait se produire la première fois, dans un endroit unique, propice à la cérémonie maritale. En attendant, elle s’amusait à lui apprendre le nom des arbres, à les étreindre pour regagner de la sérénité tandis qu’ils s’enfonçaient pour trouver le lieu idéal : une hêtraie aérée et lumineuse pour l’esprit protecteur de leur première nuit d’amour.

***

Bastien avait aimé Orlane au-delà de ses forces physiques avec un sentiment d’unité parfaite de son moi. Leur union avait reçu une bénédiction divine, jamais ses sens n’avaient répondu avec une telle félicité, mais de quel dieu s’agissait-il ? Bastien rentra troublé de cette fin de semaine dans la forêt. Sa mère, attentive, s’en aperçut, prêcha le faux pour savoir le vrai, rien ne sortit de la bouche de son grand garçon, amoureux pensif et inquiet. Dès lors, il eut peur. Peur de perdre Orlane, de ne pas être à la hauteur de ce jour exceptionnel, peur d’Orlane elle-même. Qui était-elle, une sainte, une fée, une sorcière ? Quand il réitéra sa demande de vie commune, elle le repoussa avec adresse.


– Je ne suis pas prête mon amour. Attendons encore un peu !

– Je pensais qu’après notre nuit de noce…

– C’était merveilleux ô combien merveilleux, mais je souhaite autre chose de toi, je crois qu’il est encore trop tôt…

– Quoi ! Dis-moi quoi !


Elle se ferma dans un sourire crispé. Elle posa sa main sur la nuque de son amant, l’embrassa tendrement.


– Je suis une drôle de fille, n’est-ce pas ?

***

Déjà un an qu’il travaillait au bureau d’études chez ce constructeur automobile. L’ambiance était studieuse et sympathique, entre hommes on causait de tout, et on ne se faisait pas de cadeaux pour relever les petits travers de chacun. C’était grâce à un de ses collègues que Bastien prit conscience de son changement de personnalité, quand celui-ci évoqua avec humour l’évolution de son style vestimentaire ou le jeune insouciant devenu en si peu de temps anxieux et secret. Le travail, domaine important pour lui, était le sujet de nombreuses discussions avec Orlane. Elle se plaignait de la routine du quotidien, entre trajets épuisants et pression de ses supérieurs, elle ne voyait pas l’intérêt de continuer pour gagner juste assez d’argent pour vivre, en s’offrant quelques extras, proposés par la société de consommation. Elle voulait une autre vie. Bastien restait sans voix devant les desiderata de son amoureuse. Il aimait son travail et ne sentait pas d’aversion envers la société, même s’il fallait changer des choses. Il s’en était bien rendu compte en entrant dans la vie active.

Pour elle par contre, il avait accepté quelques concessions, il avait mis au panier ses chemises classiques pour des tee-shirts bariolés, des chemises « grand-père ». Il s’était laissé pousser la moustache, qui selon Orlane, lui allait bien avec ses cheveux un peu plus longs qui ondulaient naturellement. Autrement ils passaient, dès qu’ils le pouvaient, une nuit dans la forêt à l’endroit mystique de leur première union. Ils recommençaient, et Bastien perdait la tête, à ne plus savoir qui il était.

***

La première fois qu’elle l’appela au bureau, il en fut contrarié. Il lui avait donné son numéro tout en pensant, implicitement, à l’appel d’urgence, dans le cas où… Elle n’était pas au travail ce matin-là, une nausée particulière, un dégoût inexpliqué.


– Je ne comprends pas Orlane, qu’est-ce qui ne va pas ?

– Je me sens mal, je ne sais pas pourquoi.

– Va voir ton médecin ou aux urgences.

– Je voudrais que tu passes me voir… ce midi.

– Ce midi, tu n’y penses pas, je n’aurai jamais assez de temps.

– Prends ton après-midi… pour moi…


Il céda, on ne fit pas d’histoire pour lui accorder les quelques heures. Elle l’accueillit avec un grand sourire, une joie amoureuse à l’emmener directement au lit et à lui faire l’amour. C’est ce qu’ils firent, et pour la première fois dans le petit studio. Ensuite, elle se confia sans honte. Depuis quelque temps, elle « séchait » en milieu de semaine, elle en avait besoin. On râlait un peu au travail, mais l’argument d’un arrêt ferme calmait le jeu. Elle n’en pouvait plus de cette vie sans attraits. Ils pourraient partir en province, en Lozère, dans l’Aveyron. Devenir bergers, faire du fromage ou une activité artistique : de la poterie, de la vannerie. Elle n’aimait pas le monde moderne, son idéal était le temps d’avant la machine à vapeur, les trains et l’électricité, ce qu’on appelait : la civilisation lente.

***

Elle lui refit le coup plusieurs fois. Il prétextait les ennuis de santé de sa petite amie et s’en tirait par quelques sourires goguenards des collègues toujours prompts à la gaudriole. Elle le pressait pour qu’il prît enfin une décision, l’air devenait irrespirable, elle ne tiendrait plus longtemps. Et un lundi, elle l’attendit à la sortie de l’usine. Elle devait lui parler, ils s’installèrent dans un café un peu plus loin. Devant un thé servi dans un verre enserré dans une armature chromée, elle lui annonça tout de go :


– J’ai démissionné le mois dernier, je n’ai plus de travail.

– C’est maintenant que tu me le dis !

– Je ne vais pas pouvoir garder le studio très longtemps. Bastien je vais partir, viens-tu avec moi ?


Bastien baissa les yeux sur la cuillère qui tournait dans son thé.


– Viens-tu avec moi ? répéta-t-elle plus fort.


Il lui fit signe de baisser d’un ton. On les regardait.


– C’est compliqué Orlane, tu me prends de court. J’ai mon boulot…

– Viens-tu avec moi ? hurla-t-elle.


Il y eut le silence dans la salle, puis un bruit soudain de verre cassé quand, folle de rage, Orlane envoya valdinguer les consommations. Le patron réagissant illico :


– Oh mademoiselle ! Ça ne va pas ?

– Toi, je t’emmerde !


Bastien, cherchant à intervenir, prit une gifle monumentale, donnée avec toute la force du ressentiment et de la déception qu’il lui causait. Le client derrière elle tenta de l’immobiliser, reçut un coup de tête dans le nez, tandis que la table chutait au sol. Orlane, en crise et en pleurs, à terre dans les débris de sa révolte, geignait des reproches et des incongruités. La police arriva, l’emmena.

***

Elle ne resta pas en psy, elle n’y était pas à sa place. Bastien régla les quelques frais de dédommagement au cafetier, et il s’occupa d’Orlane, il vint la chercher à la sortie de l’hôpital. Elle partait, seule, elle se faisait une joie de vivre une vie nouvelle. Elle aurait tant aimé qu’il soit à ses côtés.


– Tu ne m’oublieras pas tout de suite, tu penseras encore à moi.


Bastien se retint de pleurer, comment allait-il faire sans elle, n’allait-il pas le payer de regrets ? Il la serra dans ses bras, lui demanda :


– Tu m’en veux ?

– Un peu… mais j’ai compris, tu aimes trop ton confort personnel.


Il ne répondit pas, sans doute cela était-il vrai. Elle se détacha alors de lui pour le regarder bien en face.


– Non, je ne t’en veux pas. Tu ne désires pas véritablement être libre.


 
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   plumette   
29/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
j'aurais bien passé un peu plus de temps avec Orlane et Bastien!

Bastien, dans un moment assez triste de son existence, où il pressent une séparation imminente, est attiré par la forêt. Derrière la forêt se cache Orlane, ou plutôt le souvenir d'un amour de jeunesse qu'il a sacrifié à la raison? à l'ordinaire? à son petit confort comme disait Orlane? Bastien a peur du risque, a peur de la vie!

cette jolie nouvelle est pleine de nostalgie, elle s'inscrit aussi dans une époque ( les années 75) que j'ai eu plaisir à parcourir avec l'auteur.

Un bon moment de lecture

Plumette

   Pouet   
22/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bjr,

Un texte que j'ai pris plaisir à lire. Ce n'est pas la première nouvelle que je lis de l'auteur et en général j'adhère assez bien à ce style sobre et efficace selon moi.

Tout cela est bien mené et pousse gentiment à la réflexion.

Les décisions à prendre qui ne correspondent pas aux instants de vie, un parcours différent avec des "Et si..."

La dernière phrase sur la liberté aussi, bien que je ne sois pas persuadé qu'on soit plus "libre" quand on élève des gnous en Lozère que quand on spécule sur le prix du sorgho ou qu'on bosse dans un bureau pour un fournisseur de cochenilles.

Le mouton ayant comme brin d'herbe à brouter l'illusion de sa singularité finira de tout de même en côtelettes.

La seule liberté, peut-être, serait de choisir. Mais le choix n'existe pas vraiment non plus, entre physiologie et culture.
L'insatisfaction permanente est certainement un gage de prospérité, la survie se suffisant à elle-même. Le regret en tant que moteur du réel:

Formatés par nos rêves que nous sommes.

Un bon petit texte.

Pouet, philosophe du klaxon.

   Anonyme   
25/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bastien me donne l’impression que nous avons tous une Orlane dans notre vie. Un regret du temps passé. Le regret d’un choix à faire.

Vous laissez à chaque lecteur de se faire sa propre raison.

Rien ne vient me dire pourtant que Bastien a regretté durant sa vie de ne pas suivre Orlane. C’est seulement à l’heure venue du bilan et celle de la probable croisée des chemins d’avec Françoise, à l'heure de l'usure, que ce souvenir arrive.

Une question qui doit tous nous hanter lorsque ne reste à écrire que la dernière partie du livre de notre vie. Avons-nous fait les bons choix ?

On oublie l’écriture pour se glisser dans l’histoire. Elle nous entraîne.
C’est très agréable.

   hersen   
25/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Etant donné que le début de l'histoire fait référence à Françoise, avec qui Bastien n'entretient plus une relation solide, elle s'effiloche et le rend sans doute amer, et que cela va amener le narrateur à regretter Orlane et son intransigeance peut-être, mais surtout son amour qu'il n'a pas été capable d'assumer, cette histoire me semble être une sorte d'allégorie du regret. Mais finalement un regret qui serait plutôt du dépit.
Je pense que le point de vue du narrateur n'est pas assez développé, pas assez défendu et je ressens un déséquilibre entre ce que voulait Orlane et ses raisons à lui de ne pas la suivre. Je ne le sens âs affirmer ses choix; je le trouve plutôt passif.

En tout cas, une nouvelle du souvenir qui change peut-être de couleur une fois que les années ont gommé les aspérités.

Merci de cette lecture,

hersen

   Solal   
26/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Macaron.

Votre texte, empreint à la fois de nostalgie et d'amertume, nous rappelle que la vie est aussi faite d'erreurs.
J'aime le parallèle, plus ou moins conscient, qu'opère le narrateur entre la nature et ses souvenirs.
Il lie son passé et la forêt, tente d'y trouver un reliquaire. Cette idée me charme. Oui, nos souvenirs ne s'abritent pas seulement dans quelques neurones plus ou moins excitables. Les lieux aussi gardent une trace de ce que nous y avons vécu. Ils sont les témoins discrets, presque mutiques, de nos vies d' êtres turbulents.
Après, vous y faites parler l'amour, avec justesse et doigté. Pourquoi pas. On écrit beaucoup sur l'amour, ça fait partie de la vie. Le risque consiste à manquer de singularité. Je pense qu'il aurait peut-être fallu pousser encore plus avant l'introspection de Bastien.

Merci.

   Bidis   
27/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien
L'histoire n'a commencé à m'intéresser qu'à partir de "'Orlane était laborantine". On comprend bien que la jeune femme est déchirée entre son désir d'indépendance et les chaînes d'une relation amoureuse et on ressent que ce déchirement va crescendo, ce qui donne un accent de vérité à son "pétage de plomb". Je trouve donc que c'est très bien évoqué. Par contre, tout le début se traîne et on ne voit pas où l'auteur veut nous mener. J'ai failli abandonner ma lecture d'autant que j'ai relevé plusieurs petites choses.
En résumé, la petite vie entre le bureau et bobonne est moins bien rendue, et c'est dommage parce que cela aurait mis Orlane et sa fuite devant les contraintes plus en valeur.
Voilà donc ce que j'ai relevé au préalable :
- Avec "C’était encore l’endroit qu’il préférait : la forêt. », le lecteur se trouve déjà au milieu des arbres. « Il venait etc » fait flash back. Et « Après le parking etc. », le lecteur se retrouve entre la forêt, le flash back, et le moment avant la forêt. Bref, ce n’est pas confortable. Donc, j’enlèverais ce « C’était encore l’endroit qu’il préférait : la forêt." De sorte que le lecteur se retrouve parmi les bruits de la ville qu'il veut fuir, gare sa voiture dans le parking, traverse une aire de pique nique, et se retrouve enfin devant six chemins menant au coeur de la forêt ("il dut marcher longtemps etc"). Ce n'est qu'un petit bout de phrase ("C'était encore etc") mais en l'enlevant, on évite au cerveau de faire des aller retour. Et dans la phrase suivante "Il venait etc (circonstances et but), une longue promenade etc : il manque un verbe : il venait FAIRE une longue promenade etc,"
- Bastien Laudiran chassait etc » : Donner le nom de famille est-il bien nécessaire ? C'est une précision que je trouve un peu... administrative. Il serait plus léger de ne donner que le prénom si le nom de famille n’est pas absolument nécessaire à l’histoire.
- Au lieu d'"équipée du dernier cri de la technologie » j’aurais trouvé mieux de dire « au fait du dernier cri de la technologie"
- "après le troisième ils ne les revirent plus de la soirée" : dans la phrase précédente, il est écrit "ils dansèrent ensemble". Pour éviter une confusion, ce serait mieux d’écrire : « on ne les revit plus etc »

   Alexan   
30/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Une belle histoire humaine illustrant les choses de la vie. Je me suis surpris à m’identifier, tantôt à Bastien, tantôt à Orlane.
Même s’il y a, je trouve, un ressentit plutôt réaliste dans cette nouvelle, on peut y voir aussi un coté symbolique. Peut-être est-ce la forêt… ou bien les « sainte, fée, sorcière » qu’inspire Orlane… Certains passages m’ont donné en effet la sensation d’un conte, pendant que d’autres me transportaient à l’époque des 70s.
Et puis il y a les allusions à la nature profonde des choses qui peuvent faire penser à une recherche spirituelle.
Cette nouvelle permet également de se faire la réflexion de sa propre position dans la société à travers le contraste de personnalité que l’on découvre entre les deux protagonistes.
Je trouve qu’il y a quelque chose de vrai, d’authentique, dans le personnage de Bastien ; tourmenté, hésitant, troublé par ce qu’il ressent, raisonnable mais tenté… il voudrait mais ne peut pas. Un regret exprimé sans être véritablement prononcé.
Et on ne peut s’empêcher de se demander ce qu'on aurait fait à sa place.
Concernant la fin, ce n'est certes pas ce qui compte le plus dans cette nouvelle, mais tout de même, j'étais un tantinet déçu que cela se termine ainsi. Peut-être comme l'a si bien dit Plumette : « j'aurais bien passé un peu plus de temps avec Orlane et Bastien! »


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