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Fantastique/Merveilleux
Manonce : Le chien à l'oreille coupée [concours]
 Publié le 16/12/07  -  15 commentaires  -  21352 caractères  -  39 lectures    Autres textes du même auteur

La fée Lilimouche montre au chiot le chemin qui le mènera à la famille qui doit l'accueillir.


Le chien à l'oreille coupée [concours]


Cette nouvelle est une participation au concours n°3 : Le Conte de Noël (informations sur ce concours).



Illustration de Margueritte


Au loin, le village de Boissu s’étalait mollement à flanc de colline. Il était bien joli quoique singulier par l’étrange couleur des tuiles des maisons : elles étaient mauves.
Mais intéressons-nous à la route qui y mène et plus particulièrement au fossé qui la longe.
Suivons le papillon qui semble chercher quelque chose. Et soudain il s’arrête.
Un chiot est endormi d’un sommeil sans songe, sans doute ensorcelé. Il a peut-être trois mois ou quatre, pas plus.
Comment est-il arrivé là ? Nous ne le saurons pas. Projetons-nous plutôt dans son présent qui est notre passé car cette histoire est vieille de plus de trois cents ans.


- Réveille-toi Pilou !

«Qu’il est lourd ce chien ! On ne peut même pas lui faire ouvrir un œil ! Ah oui ! Souffler dans le nez... », pensait le papillon.

- Pffffff !


Pilou éternua. Cela le réveilla instantanément.
Un papillon voletait autour de sa tête, effleurant son museau de ses ailes. Et il soufflait, le bougre ! Le chiot éternua encore en secouant la tête et cela lui remit les idées bien en place.
En y regardant bien, ce n’était pas un papillon mais un minuscule chien d’or avec quatre ailes translucides bleues. Rectification, une chienne, c’était une chienne… à l’odeur !


- Qui es-tu ?

- Je suis ta marraine, la fée Lilimouche. Ta mère m’envoie te montrer le chemin qui te conduira à la famille qui t’accueillera.

- C’est vrai ? Quelqu’un m’attend ?

- Oui Pilou, une famille t’attend même si elle ne le sait pas encore. On m’a dit que tu y serais heureux. Regarde, je te montre la maison. C’est celle que tu dois trouver.


Et le chiot avait eu la vision d’une belle barrière en bois sans parvenir toutefois à voir la maison qui était derrière parce que l’image était troublée.


Puis la fée s’en était allée, lui souhaitant une vie longue et heureuse. Pour une débutante, elle avait bien rempli sa mission. Elle s’en félicitait en volant à tire-d’aile quand soudain elle se rendit compte qu’elle était venue trop tôt réveiller le chiot. « On m’avait dit fin décembre ! » se dit-elle en posant une patte sur sa truffe. « Oh ! Après tout, plus tard ou plus tôt… quelle importance ? ». Et elle était repartie vers le pays des fées.


On l’appelait « le chien » car aucun membre de la famille Briquant n’avait pris la peine de lui trouver un nom.
Dans son cœur, le chien s’appelait Pilou. Ce nom lui plaisait, c’était le nom que Lilimouche lui avait donné.


Pilou était arrivé à la porte de l’auberge des Briquant un matin de septembre, il avait juste quatre mois. Reconnaissant la barrière, il avait franchi le portail et maintenant il était là, grelottant, gémissant devant la porte. Il tremblait autant du froid matinal que de savoir si on allait l’accepter.
S’il avait su ce qui l’attendait dans cette demeure bourgeoise, il aurait passé son chemin.


Doug, le plus jeune des deux enfants Briquant, dix ans, avait ouvert la porte.

- Regardez qui voilà ! Oh ! Comme il est trognon. Venez voir ! Il est tout blanc avec une oreille noire. On peut le garder ?


Toute la famille était venue à la porte, attirée par les cris de Doug. Le père disait depuis longtemps qu’il ne voulait pas de chien mais faire de la peine au petit dernier, lui était impossible ; c’était son seul fils en fait, le premier n’étant que celui de sa femme. La mère n’avait jamais d’opinion personnelle, elle laissait son mari décider à sa place. Pour Ernest qui avait quatorze ans, le sujet était sans importance.
On accepta donc le chien dans la famille, Doug jura de s’en occuper. Et c’est vrai qu’il le fit au début, à sa manière.


Doug était un enfant gâté. Tout ce qu’il voulait, il l’avait sans avoir à le réclamer longtemps.
Au début l’enfant s’amusa du chien, rigolant de ses mimiques, de ses léchouilles, de son allure empotée. Au bout d’une semaine, Doug était lassé de son nouveau jouet.


Pilou était tombé dans la pire des familles. L’aubergiste ne tarda pas à lui reprocher ce qu’il lui coûtait en nourriture alors qu’il ne recevait qu’une partie des restes des clients, la plus grande allant aux cochons.
Mais le père Briquant râlait tout le temps de trouver des poils blancs jusque dans les assiettes. Voir chez lui cet animal qui ne servait à rien suffisait à le mettre en colère.
Pilou était devenu expert dans l’esquive des coups de pieds qui pleuvaient quand il n’était pas couché.
Doug de temps en temps se reprenait d’intérêt pour le chien. Il aimait commander et le pauvre Pilou devait jouer le jeu du jeune tortionnaire.
Tout le reste du temps Pilou se morfondait, caché sous l’escalier. Il aurait pu s’enfuir mais il restait fidèle à ceux qui l’avaient recueilli. Et puis une fée ça ne se trompe pas. Elle avait dit qu’il serait heureux. Il se disait que peut-être il l’était mais ne le savait pas.


Lorsque Doug l’appelait, le chiot fermait les yeux pour qu’il ne le trouve pas mais malheureusement le garnement connaissait ses cachettes.


Ce jour, l’enfant le forçait à faire le beau en restant sur ses deux pattes arrière le plus longtemps possible. Si par malheur Pilou retombait sur ses antérieurs, il avait un gage et Doug était ravi de l’inventer.
Pilou avait très mal aux pattes. Il luttait pour ne pas faiblir, inquiet de ce que le monstre tenait dans sa main droite. Des ciseaux à volaille !
Une semaine plus tôt, c’était le tisonnier incandescent qui lui avait laissé une marque sur l’épaule gauche.
Cette fois, Doug souriait, sentant approcher le moment fatidique. Quand le chien retomba, il lui sauta dessus et, d’un coup de ciseaux, lui coupa l’oreille droite, celle qui n’était pas noire.


Hurlant de douleur, Pilou partit comme un fou, droit devant. Il entra dans la salle où mangeaient les clients, courant en tout sens, laissant du sang partout. Cela produisit un effet désastreux. L’aubergiste l’attrapa par le dessus du dos et partit l’enfermer dans le vieux poulailler qui ne servait plus guère que pour entreposer les vieux objets devenus inutiles.


On l’oublia ainsi pendant presque trois mois, lui jetant de temps en temps dans sa cage la même chose qu’aux cochons mais en moindre quantité parce que lui, on ne l’engraissait pas.
C’était insuffisant et il dépérissait. Il ne sortait jamais de cette cage puante et n’avait personne qui lui parle gentiment.


Mais il survivait parce qu’une petite lumière brillait dans son esprit, il rêvait de trouver quelqu’un qui veuille bien de lui, qui le câlinerait. Parfois même il pensait que Doug viendrait le chercher pour le ramener dans la maison. Dans ses rêves, l’enfant l’appelait « mon chien ».
Et lui, le pauvre chiot jurait d’être meilleur : il ne hurlerait plus pour des peccadilles, ne demanderait pas plus que ce qu’on lui donnerait pour peu qu’on veuille bien l’aimer à nouveau.


Un jour l’aubergiste en eu marre de cette boule de poils puante vivant à ses crochets d’autant qu’elle lui faisait mauvaise publicité.
C’était le vingt trois décembre, à l’aube. Briquant ouvrit la cage et d’une voix doucereuse appela le chien.
Pilou très affaibli voyant qu’enfin on venait le chercher, se dressa sur ses pattes engourdies avec difficulté et sa queue commença à brasser l’air pour faire honneur au maître.
Il était tellement heureux de sortir enfin de sa cage, tellement reconnaissant, qu’il vint lécher les mains qui l’avaient enfermé.
Briquant lui passa autour du cou la boucle d’une corde munie d’un nœud coulant puis l’entraîna à sa suite pendant une demi-heure. Il marchait vite et les pauvres pattes du chien qui étaient fatiguées avaient du mal à suivre le rythme imposé. Pilou aurait bien aimé vaquer à droite, à gauche pour sentir les extraordinaires odeurs de la campagne mais quand la corde tirait, elle l’étranglait un peu plus à chaque fois. Alors malgré ses douleurs, malgré cette envie de renifler tous ces nouveaux parfums, Pilou s’accorda au pas de son maître. Sa queue battait toujours car il était bien content de cette balade inespérée.


Dans la forêt, à l’écart des chemins, Briquant attacha le chien à un arbre avant de s’en retourner.
En chemin, il pensait qu’il aurait dû le pendre pour s’en débarrasser définitivement mais une vieille superstition l’en avait empêché. Le chien mourrait tout seul, il n’y serait pour rien.


Pilou ne pleurait pas. Il venait de comprendre qu’on ne voulait plus de lui. Qu’il soit là ou ailleurs, peu lui importait maintenant. Ses rêves s’envolaient.
Efflanqué, crotté, se dégoûtant lui-même, il se coucha pour attendre sa fin.


***


- Viens Laura, nous allons rejoindre ton père.

Mais Laura, occupée à jouer avec un ver de terre égaré sur les pavés de la cour de la maison, concentrée dans son observation, n’entendait pas sa mère.
Colette Dusol vint donc la chercher. Après avoir ajouté une écharpe à la petite fille, elle lui prit la main pour l’entraîner jusqu’à la carriole attelée à Pompon, un cheval gris pommelé.
Elles devaient rejoindre le père de Laura, Julien Dusol, dans la forêt où il travaillait.


Le cheval qui tirait la voiture connaissait bien la route.
Laura avait quatre ans et pour la première fois elle allait pique-niquer avec ses parents. Son père était bûcheron et comme tous les ans, à l’approche de Noël, il s’était proposé d’abattre des sapins pour les gens du village.


Le pique-nique était dans un grand panier en osier, aux pieds de Maman et Laura louchait dessus, impatiente d’y goûter. Bien couverte, elle ne souffrait pas du froid, mordant en ce jour de décembre. La neige n’était pas encore arrivée, le ciel était clair, le soleil sans chaleur éclairait la campagne d’une lueur jaune pâle, vivifiante comme l’air. On se sentait tout neuf après les jours de ciel chargé de gris qui avaient précédé ce jour de renaissance.
Sur la route, elles croisèrent nombre de voitures, tirées par des chevaux, qui transportaient un arbre. Les gens les saluaient avec un grand sourire en les reconnaissant.
Cette période de Noël avait toujours quelque chose de magique. Les ennuis quotidiens étaient enterrés pour un temps ; tout le monde ne pensait qu’à la fête qui se préparait. Chacun rendait des services à son voisin pour se faire plaisir, et plus que d’habitude on se rendait visite, s’écoutant, se parlant, se souhaitant tous les bonheurs du monde.


L’équipage arriva dans la clairière où des sapins allongés attendaient que quelqu’un les hisse sur sa voiture. En voyant le nombre d’arbres coupés, le cœur de Colette se gonfla d’orgueil : « il a bien travaillé mon homme ! », pensa-t-elle.
Julien discutait avec Monsieur Decors. Son cheval malade, il était venu à pieds et allait repartir seul, tirant son sapin.


- Vous allez l’abîmer ! Et puis ce sera éreintant. Colette vient d’arriver avec le cheval. Elle peut vous ramener.


Et avisant sa femme qui s’apprêtait à descendre de la carriole :


- Reste à ta place ! Passe-moi la petite !

- Allez, Monsieur Decors, ne vous faites pas prier. Ce n’est pas un grand dérangement.


Puis, appelant son apprenti :


- Matthieu, donne-moi un coup de main pour monter le sapin de Decors dans la voiture !


Colette reconnaissait bien là le bon cœur de son mari. La course ne lui prendrait pas bien longtemps mais elle s’inquiétait de laisser sa fille sans surveillance.


- Ne t’inquiète pas, je ne la quitterai pas des yeux, dit Julien comme s’il avait lu dans ses pensées.


La petite, sagement assise sur un tronc allongé, étudiait déjà deux pommes de pin qu’elle tenait dans les mains. Émerveillée par ses trésors, elle les tournait dans tous les sens, les secouait, les portait à ses joues.
Cependant un hérisson passa par là, interrompant son enthousiasme pour les objets inanimés. Rigolo, avec son museau effilé et les piquants dressés sur son dos, il faisait son chemin, nez au sol.
La petite jeta à terre ses trésors, transportée par la vue de ce ravissant mammifère. Mais l’animal déguerpit de toute la vitesse de ses courtes pattes. Le hérisson sait aller vite lorsqu’il croit sa vie menacée. Comme il filait vers les fourrés, la petite voulut le poursuivre.


- Laura, ne t’éloigne pas, ma chérie ! cria son père.


Et pour être certain d’être bien entendu, en quatre enjambées, il fut sur elle, l’enleva dans ses bras, lui fit faire l’oiseau et la déposa au centre de la clairière.


- Encore oiseau, Papa !

- J’ai du travail, mon ange. Attends ta mère ici et ne t’éloigne pas. C’est dangereux, tu sais.


Un homme s’avançait justement demandant un petit sapin.
Julien chargea Matthieu de surveiller sa fille pendant qu’il s’occupait de choisir l’arbre de Noël.
Colette revint de sa course et expliqua qu’il serait bien qu’elle livre deux petits sapins à deux veuves qui vivaient seules. Elle emmena Laura dans cette deuxième course.
Lorsqu’elles revinrent, la mère prépara le pique-nique sous l’œil intéressé de sa fille, qui avait repéré les petits pains au pâté dont elle raffolait.


Les Dusol déjeunèrent tranquillement en compagnie de Matthieu, autour d’un feu de bois. Le travail reprit en début d’après-midi à l’arrivée du premier client. Il fallait se dépêcher car la nuit allait vite tomber.


Trois adultes surveillaient la petite Laura : Julien, Colette et Matthieu. La fillette était calme, digérant son repas, jouant avec un bâton et un bout de ficelle. Julien s’éloigna un peu pour discuter avec un propriétaire qui voulait l’entretenir de travaux qu’il avait à faire dans ses bois.
Matthieu partit couper un nouveau sapin, le sien cette fois. Colette aidait les gens à se décider pour choisir leur arbre.
Laura profita de ce moment d’inattention de ses gardiens pour se lancer à la poursuite d’un papillon aux ailes bleues qui venait de passer sous ses yeux.
Il voletait un peu et puis semblait l’attendre flottant sur place. De temps en temps, Laura le perdait de vue et puis le retrouvait au détour d’un chemin ou sortant de derrière un arbre. Le voyant réapparaître comme par magie, elle reprenait sa course en rigolant, heureuse d’avoir un compagnon de jeu si petit soit-il. La petite s’éloignait.

À la suite du papillon, Laura sortit du chemin, s’enfonça dans les bois, passant sous des branches basses en se courbant en deux ou escaladant des branchages à terre. Les ronces accrochaient ses habits mais ne la blessaient pas. Sa mère pour la protéger du froid lui avait mis plusieurs épaisseurs de vêtements et l’avait chaussée de bottines épaisses.


Au bout d’une heure de course après le drôle de papillon, Laura ne le vit plus. Elle eut beau l’appeler « papillon ! papillon ! », il restait sans répondre.
Brusquement, la fillette prit peur. Regardant autour d’elle, elle ne reconnaissait rien. Où était donc passés sa mère, son père, Matthieu ? L’affolement la gagnait lorsqu’elle entendit un vague gémissement. Une bête était là, pas loin. Curieuse de ce qu’elle allait découvrir, elle oublia sa peur pour marcher droit devant.
Au bout de quelques pas, elle s’exclama :


- Oh, un chien ! L’est beau !


Inconsciente du danger qu’il y a à approcher un animal que l’on ne connaît pas, elle se précipita vers le chien, s’assis à ses côtés, posa la main sur lui. Elle ne se souciait pas de sa saleté, ni même de l’odeur qu’il dégageait.


Le chien se croyait mort, un ange venait le chercher. Il n’ouvrit pas les yeux pour ne pas interrompre son rêve. Que quelqu’un s’intéresse à lui, n’était-ce pas ce qu’il avait toujours souhaité ?


- T’es malade ? interrogea Laura pensant à la fois où elle avait eu mal au ventre et que sa mère l’avait bercée dans les bras en lui chantant une chanson.


Elle fit comme Maman, mais puisqu’il ne lui était pas possible de prendre le chien dans ses bras, elle se coucha contre lui, l’entourant de son bras. Et elle entama la berceuse que sa mère lui chantait. L’air était approximatif, les paroles pas toujours sûres mais le chien poussa un long soupir au son de cette voix enfantine, et cela encouragea Laura à continuer.
Contre l’animal, la fillette se sentait en confiance, leurs chaleurs se mélangeaient, leurs esprits peut-être aussi.
Le jour baissait déjà, Laura était fatiguée, la berceuse l’endormait. Avant de fermer les yeux, elle prononça « Oh mon Pilou ! ».
Et le chien sut qu’il l’avait trouvé cet humain qui l’aimait. Il ouvrit les yeux doucement avec la peur de se tromper encore. Mais quand il vit la petite fille, un bonheur immense l’envahit. Il se serait bien levé pour manifester sa joie mais la fillette dormait, un bras en travers de son corps. Il ne voulait pas la réveiller, alors il décida de veiller à sa sécurité. Il ne fallait pas que quelque chose vienne lui retirer celle à qui il allait tout donner tant que la vie l’habiterait.
Il lui faudrait veiller, écouter tous les bruits, prévenir des dangers, faire ce que font les chiens qui s’occupent de leur maître.
Une nouvelle énergie maintenant l’habitait. Que la vie était belle ! Même si elle devait être courte, Pilou ne regrettait rien des malheurs du passé. Il avait l’amour de cette petite fille, et cela suffisait pour justifier tout ça.
Avec un long soupir, le cœur enfin léger, il s’endormit d’un œil. Mais son repos ne dura pas plus que quelques minutes. Au loin des voix criaient un prénom. La petite ne se réveillait pas mais lui devait la défendre contre toute attaque.
Doucement, en rampant, il se dégagea de son bras. Prêt à se battre jusqu’à son dernier souffle, il se posta debout, à ses pieds. Ses pattes flageolaient, mais sa tête était prête.


- Elle est là ! Mais attention, il y a un chien ! Et il montre les dents !


Une corne sonna pour annoncer que la petite était retrouvée. Tout le village avait participé aux recherches.
Un chasseur, armé d’un fusil, épaula. Il comptait bien tuer le chien qui peut-être avait fait du mal à la fillette.


- Ne fais pas ça malheureux ! tu pourrais toucher Laura !

- Non ! Il est juste devant. Je peux l’avoir sans la blesser.


Julien qui arrivait hurla :


- Arrêtez !

- Mais regarde, il ne nous laissera pas approcher de la petite… se justifia le chasseur.


Réveillée en sursaut, Laura poussa un cri puis appela « Maman !». Son père se précipita vers elle sans prendre garde au chien qui voulant protéger sa petite maîtresse se jeta sur lui.
La corde le retint, juste à temps, l’étranglant presque complètement et il retomba, inerte, sur le sol.
Julien en profita pour atteindre sa fille. Il la prit dans les bras, l’embrassa, regardant partout sur son corps pour voir si aucun mal ne lui avait été fait.
Pendant ce temps, le chasseur épaulait à nouveau. Matthieu s’interposa entre lui et le chien. La pauvre bête était dans un tel état qu’elle lui faisait pitié.


- Regarde, c’est le chien de Briquant ! Le pauvre a déjà bien souffert. Il ne voulait que protéger la petite et peut-être même l’a-t-il fait. Pour sûr, il lui a sauvé la vie.


Colette arrivait en pleurant, inquiète de l’état de sa fille. Son mari lui confia Laura pour aller s’occuper du chien. Il avait entendu le propos de son aide et se prenait d’une reconnaissance sans borne pour l’animal.
Le chien reprenait conscience. La voix douce de cet homme qui lui parlait lui plaisait, les mains qui le palpaient aussi. Julien frémit en sentant les os sous la peau, en remarquant l’oreille coupée, et la cicatrice sur l’épaule. Ce chien avait tellement souffert que c’était un miracle qu’il ne soit pas devenu méchant. Il devait être bien brave.
Alors, tout doucement il desserra la corde qui le retenait prisonnier. Il passa la boucle au dessus de sa tête, le libérant enfin et il chargea la bête, plus légère que sa fille, dans ses bras pour la ramener vers la clairière.


- C’est mon chien maintenant, déclara-t-il. Il a sauvé ma fille.

- Le Briquant ne sera peut-être pas d’accord, renchérit quelqu’un.

- Qu’on mette une bête dans un état pareil n’est pas digne d’un homme, rétorqua Julien, la voix vibrante de colère.

- J’espère que personne n’ira plus dans son auberge, dit à son tour Matthieu.


Et tout le monde renchérit, maudissant l’aubergiste.


Allongé dans la carriole de laquelle on avait retiré le sapin que l’on reviendrait chercher demain, Pilou savait qu’il avait enfin trouvé sa famille.
Harassé de fatigue et d’émotion, Pilou s’endormit sur le manteau installé par Julien. L’odeur s’en dégageant, rassurante, lui était déjà familière.
Le cheval s’arrêta, Pilou ouvrit les yeux. Cette barrière était celle montrée pas la fée Lilimouche, celle de la maison qui devait l’accueillir !
Trois mois plus tôt, il s’était trompé.


La neige commençait à tomber.


Il est temps de reprendre la route pour laisser les Dusol fêter Noël en famille.
Nous nous éloignons donc du village de Boissu par la route qui mène à la ville en prenant garde de surveiller les fossés car ils contiennent parfois des petits chiens égarés qui rêvent d’une maison qui les accueillerait.


Vous pouvez écouter ce récit [url=http://www.archive-host2.com/membres/ ... echienaloreillecoupee.zip

] ici [/url]


 
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   martin   
16/12/2007
Ce texte me plait parce ce que l'histoire parle d'un chien qui s'appelle Pilou.

   Anonyme   
16/12/2007
 a aimé ce texte 
Bien
Histoire agréable qui suscite l'émotion. C'est bien écrit

   clementine   
17/12/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
La lecture est très agréable et l'histoire de ce pauvre chien (qui ,ô, bonheur, finit bien ,) m'a tiré des larmes.
Bon ,vous l'avez compris, j'adore les chiens.
Et j'ai beaucoup aimé cette histoire joliment écrite.

   studyvox   
17/12/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très bien écrit et poignant.
Bravo

   Bidis   
17/12/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Qui a écrit cette fichue histoire qui m'a transformée en fontaine ??? C'est malin !...

   TITEFEE   
18/12/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai bien aimé.. un vrai conte de noél à raconter aux enfants.. d'ailleurs je l'ai enregistré pour ma petite Floriane qui a 9 ans et qui rêve d'avoir un chien
et si vous voulez le lien, bien qu'il soit "gourmand" je peux le mettre...

car j'ai lu, que les nouvelles ne doivent plus être "lues"

   nico84   
19/12/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai adoré, cette nouvelle est trés touchante, Pilou est attachant. Le seul reproche à faire est que la petite fille est moins attachante car on a un peu moins de précision sur elle.

Mais que de broutilles, merci pour ce moment de bonheur !

   aldenor   
23/12/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↓
La première partie est prenante. Mais ensuite je trouve beaucoup de longueurs et mon intérêt a baissé nettement.

   Ninjavert   
24/12/2007
 a aimé ce texte 
Bien
L'histoire est attachante, mais comme Aldenor j'ai trouvé toute la deuxième partie un peu longuette (à partir du moment où Pilou est attaché à l'arbre)...

J'aurais également aimé un peu plus d'originalité... L'histoire fonctionne très bien comme ça, mais au final on reste dans le très classique. La pauvre victime (qu'elle soit humaine ou animale) d'une famille cruelle et sadique qui va finalement être sauvée et recueuillie par une famile gentille et aimante... Mouais.

C'est toujours touchant, mais j'aurais aimé un peu plus de fraîcheur.

L'écriture est bonne, avec des descriptions précises et agréables, un vocabulaire riche et varié.

Un peu trop de descriptions peut être sur la fin, et pas assez d'action. Le rythme s'en trouve ralenti et la dynamique du texte s'essoufle.

Sur la forme, les contraintes auraient pu être un peu plus clairement respectées... Il manque peu de choses à la forme pour en faire un conte dans les règles de l'art, la morale n'est au final pas très claire (fin heureuse, mais quelle morale ?) et la période de Noël, parfaitement intégrée à l'histoire, ne m'en a pas semblé un élément déterminant...

Un texte agréable, merci pour ce moment d'évasion :)

Ninj'

   Cassanda   
25/12/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
MErci pour ce moment bien agréable...
La première partie m'a énormément touchée, les larmes n'étaient pas loin !
La seconde un peu moins : on retombe dans le classique des histoires qui finissent bien mais cela fonctionne bien quand même :)

   philippe   
31/12/2007

   Maëlle   
3/1/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Histoire touchante, parfois maladroite. Quelques longueur en effet. Le prénom du meéchant garçon m'a perturbée: on est dans un passé de conte (un XIX éme siécle inventé) et Doug, c'est un prénom trés contemporain, il me semble.

   Lariviere   
3/1/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Jolie histoire, plutôt bien écrite, et touchante.

Je trouve malgré tout que ce texte traine en longueur et que l'idée, même si elle provoque superbement des émotions, manque d'originalité.

Le thème est bien traité et les contraintes du concours sont respectées.

J'ai particulièrement aimé, je ne sais pas pourquoi, le personnage du papillon, fée débutante qui se trompe de quelques jours qui s'avèrent lourds de conséquence pour Pilou... L'idée de cette petite touche de fantastique m'a plu et... enchanté.
Par contre, je n'ai pas bien compris pour le chien, qui, au début, est un personnage fantastique avec quatres ailes bleus et dont on ne parle plus ensuite... J'ai peut être mal lu, et l'explication est peut être dans le récit... Si c'est le cas j'en suis désolé pour l'auteur.

En résume, un bon texte, émouvant et peut être un peu long...

Cette impression est peut être personnelle et dù au fait que même si j'aime les chiens, les histoires sur les animaux me semblent toujours un peu "facile" (corde émotive basique...) et que pour cette raison, elles ne me captivent que modérement...

Merci en tous cas pour ce conte !...

   OZOUA   
4/1/2008
Histoire simple et touchante à la fois.
BRAVO.

Ozoua

   Roselyne   
4/1/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
belle histoire chargé d'émotion
j'ai bien aimé


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