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Humour/Détente
Marguerite : Une fleur sur Mars
 Publié le 09/03/14  -  11 commentaires  -  9289 caractères  -  125 lectures    Autres textes du même auteur

Muguette, qui a atteint un âge plus que respectable, se réveille dans un endroit des plus curieux.


Une fleur sur Mars


En cet après-midi d’hiver, le soleil amorce déjà sa descente vers l’horizon, projetant sur le mur du fond un carré de lumière rouge éclatant. Le bruit infernal fait par la machine vient chatouiller les tympans de la vieille dame. Elle écarte les cils. Ses paupières, récalcitrantes, se rapprochent malgré elle. Dans un ultime effort, elle écarquille les yeux et s’extirpe de cette mystérieuse léthargie qui l’assomme. Ses connexions cognitives s’embrayent tant bien que mal et Muguette jette un œil autour d’elle… Alors, les pensées, telles de fines bulles remontant à la surface d’un verre de mousseux à la pêche, se frayent un chemin dans l’esprit fatigué et revêche de la vieille : « Bon sang de bois ! Je le savais ! Maudits aliens !!! » Elle poursuit : « Enlevée ! Ils m’ont enlevée ! Entravée ! Enfermée dans cette boîte ! Que sais-je… »

Il faut avouer que dans le contexte, l’analyse n’est pas dénuée de sens. Allongée sur le dos, la vieille dame se trouve à l’intérieur d’un tunnel fait d’une matière s’apparentant selon elle au plastique, pas très long ni très large, d’une taille idéale pour y loger un homme. Autour d’elle, le vacarme est assourdissant. Comme si de lourds objets tournaient, dans un vacarme chaotique, derrière la mince paroi du tunnel. Muguette, sanglée en tous sens, est prisonnière de la machine. Mais pas question pour elle de se laisser aller à l’émoi ou à la panique. Les petits hommes verts qui l’ont amenée ici ne lui font pas peur. Elle s’est préparée depuis toujours à cette éventualité. L’abduction (1).


*


De prime abord, Muguette ressemble à n’importe quelle octogénaire blanche : pâle comme une endive, le visage plissé, par endroits creusé, par les rides qu’elle cultive depuis plusieurs décennies, une petite canne en bois prolongeant son bras droit jusqu’au sol telle une majestueuse racine de palétuvier. Car avec l’âge, elle apprit à se fondre dans la masse, à cacher sa singularité derrière une apparence classique. Dans le fond, elle utilise la technique de ceux qu’elle redoute. Mais petite fille, les doutes, les interrogations métaphysiques marquaient sa physionomie au point d’en faire un être à part. Sa mine pâle et éthérée fichée de grands yeux clairs, son corps frêle et mince étaient la métaphore qu’avait choisie l’existence pour exprimer le peu de confiance que cette enfant avait en ce monde. L’observateur attentif ne s’y trompait pas mais le commun des mortels voyait en elle une enfant étrange et solitaire. Une source d’inquiétude.

Quand ses jeunes camarades de classe s’épanouissaient dans l’insouciance, la jeune Muguette vivait dans le doute, bien trop consciente de ne pas savoir ce qu’il se passe dans la tête des autres. Et restait seule. Le fossé immatériel qui persista ensuite entre elle et eux n’était alors qu’un mince sillon, néanmoins d’ores et déjà bien ancré.

Vers l’âge de dix ans, alors qu’elle avait suivi son père au café, elle entendit une conversation qui retint son attention. Les deux vieux, accoudés au comptoir, débattaient de l’existence d’autres formes de vie sur d’autres planètes. Dans l’espace. Dans l’immensité de l’univers. Muguette eut une révélation. Dès lors, elle se mit à lire tout ce qu’elle put trouver sur les formes de vie extraterrestres. Puis en vint à s’intéresser à leur possible présence sur Terre. Après tout, ils pouvaient se trouver n’importe où sur notre planète puisqu’il est si facile de se cacher d’autrui, même sous ses yeux. Et cela aurait pu expliquer l’absurdité de certains comportements dits « humains ». N’ayant aucun moyen d’invalider ses hypothèses, la jeune et pragmatique Muguette les considérait comme recevables. Elle devint alors une fine observatrice de ses contemporains, passant, parfois malgré elle, les gens qui l’entouraient au peigne fin, observant, écoutant, se rassasiant de la logique des attitudes et des habitudes des êtres humains. Et de temps à autre, quand elle croisait sur sa route une personne dont le comportement défiait le bon sens, il lui arrivait de penser que cette personne-là pourrait ne pas être humaine.

Au fil du temps, l’âge et le manque d’imagination, qu’on appelle parfois sagesse, eurent raison d’une partie de ses soupçons. Mais Muguette ne se détacha jamais totalement de l’idée que des entités d’une nature différente de l’être humain « commun » pourraient vivre, intégrées dans la population, sans que personne n’en sache rien. Elle traversa ainsi les années alignées de sa longue vie, méfiante voire suspicieuse à l’égard d’autrui, n’accordant sa confiance qu’après examen prolongé du sujet et preuves d’humanités accumulées en quantité suffisante.


Depuis quelques mois cependant, la vieille se sent observée, épiée. Espionnée. Des objets disparaissent. Des gens disparaissent. D’autres, qu’elle n’a pourtant jamais vus, s’incrustent chez elle comme s’ils la connaissaient depuis toujours. Elle ne sait plus à qui elle peut se fier. La paranoïa l’environne. La nuit surtout, son esprit s’entoure d’un épais brouillard et à l’intérieur de cette purée de pois, Muguette ressent un malaise pesant, l’atmosphère est douteuse, une présence froide et malfaisante rôde, qui lui fait se dresser tout droit les rares poils qui lui restent sur les bras. Les paupières grandes ouvertes, elle balaye la pièce des yeux mais dans l’obscurité de sa chambre, son regard saccadé et nerveux ne croise jamais la cause de cet effroi.

Muguette atteint malgré elle un nouveau pic dans son éloignement vis-à-vis des autres. Elle devient ultra-méfiante, comme seules les très vieilles dames savent l’être.

Quelque chose devait arriver, elle le sentait.


*


Le bruit infernal qui l’a sortie du sommeil reprend de plus belle.

Muguette tenterait bien une évasion, mais elle ne peut même pas bouger une oreille vu la façon dont on l’a harnachée. « Ils doivent savoir que je suis une rebelle, une dure à cuire, que je ne me laisserai pas torturer sans protester ! » imagine-t-elle, seule dans son petit tunnel.

Les lourds éléments de la machine reprennent leur course circulaire saccadée autour du corps immobile de Muguette. La vieille essaie de faire le point sur son inconfortable situation. En premier lieu, rester calme. Et tenter de penser de façon constructive. Elle réalise, à cette occasion, que la machine doit être en train de l’examiner sous toutes les coutures grâce à un procédé dont elle ignore tout mais qui la laisse manifestement en vie. Elle décide d’ignorer de son mieux l’anxiété qui la ronge et de faire montre de patience dans cette épreuve qui est, jusqu’à preuve du contraire, totalement indolore. Elle se sent alors admirative, autant que reconnaissante, de l’avancée technologique de ces extraterrestres qui étudient leurs cobayes vivants, plutôt que de les décortiquer avec un scalpel certes affûté, néanmoins mortel.

Après plusieurs minutes (ou étaient-ce des heures ?), le bruit s’arrête. Muguette étouffe dans ce silence. Puis une lourde porte claque.

Prise d’une légère angoisse, la vieille dame respire le plus discrètement possible et garde les yeux clos. Elle se dit que, si ses ravisseurs la croient morte, ils lui ficheront peut-être la paix, lui épargnant des examens plus… approfondis.

L’étroite table sur laquelle on l’a allongée glisse, comme en lévitation, hors du tunnel. Muguette, les paupières closes et prête à affronter son destin, tend l’oreille. Elle n’est pas seule ; elle perçoit les sons émis par les mouvements de plusieurs humanoïdes dans la pièce.

Soudain, une voix vient chatouiller les oreilles attentives du cobaye. Une voix familière : « Maman ? Maman, réveille-toi ! » Une voix douce et amicale, accompagnée d’une main posée sur la sienne. Une main délicate. Une main qui semble humaine. Muguette ouvre les yeux. Autour d’elle, une grande salle aseptisée au milieu de laquelle elle se trouve toujours allongée. Derrière elle, la grosse machine encore chaude et vibrante des récents événements semble impatiente d’avaler un nouveau sujet. Deux blouses blanches s’affairent autour de la machine et de Muguette. Et à sa droite, la propriétaire des cinq doigts, une femme d’âge moyen, se tient là, qui la fixe, l’air inquiet.

Dans la tête de la vieille dame, tout est confus. En désordre. Le liquide céphalo-rachidien ne sait plus dans quel sens il doit circuler et les connexions synaptiques se font aléatoires. La réalité lui apparaît comme une galaxie lancée à pleine vitesse dont elle n’arrive pas à saisir le sens de rotation. Et quand elle regarde vers la femme qui l’appelle maman, son incompréhension est intersidérale, extensive, et elliptique.

En ayant terminé avec la machine, les deux jeunes hommes en blanc s’approchent de Muguette pour l’aider à se relever. L’un lui saisit le bras en lui parlant comme à une demeurée tandis que l’autre observe professionnellement la bonne progression de la manœuvre. La voix de la femme reprend alors : « Maman ? Est-ce que ça va ? Est-ce que tu me reconnais ? »


*


Sur le mur du fond, une ombre légère à la forme singulière se détache sur le lumineux carré rouge. Elle observe un instant la scène, puis disparaît.





__________________________________________________________

(1) En ufologie, enlèvement d’une personne par des extraterrestres.


 
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   Anonyme   
16/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien
"Depuis quelques mois cependant, la vieille se sent observée, épiée. Espionnée. Des objets disparaissent. Des gens disparaissent. D’autres, qu’elle n’a pourtant jamais vus, s’incrustent chez elle" : c'est là que je me suis dit que la vieille dame, en fait, se trouvait dans une machine IRM ou assimilée.

J'ai bien aimé cette anecdote angoissante qui finalement est désamorcée à la fin, mais trouve artificiel le retournement de l'ombre "à la forme singulière" qui représenterait une confirmation "tangible" des craintes de Muguette : pour moi, ça ne va pas dans le mouvement du texte. L'écriture m'a paru alerte, avec des relâchements d'attention. Pour donner des exemples, si j'ai apprécié "Le liquide céphalo-rachidien ne sait plus dans quel sens il doit circuler" et la racine de palétuvier prolongeant le bras droit, "elle ne peut même pas bouger une oreille" et "vient chatouiller les tympans" sonnent "cliché" pour moi, comme si vous aviez choisi par facilité la première expression qui vous venait à l'esprit.

   Coline-Dé   
17/2/2014
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bien joué ! J'ai très vite subodoré l'examen médical et la confusion mentale et la pirouette de fin m'a donc cueillie... comme une fleur de Mars !
Ecriture impeccable, une fine pointe d'humour ( la culture des rides depuis des décennies m'a fait sourire !), bref un joli petit texte bien fait. Que me manque-t-il alors ? Peut-être un peu moins de sagesse, un récit moins linéaire, un brin de fantaisie supplémentaire ? Parce que si les Martiens ne sont pas plus rigolos que les Terriens, ça ne mérite pas le voyage ...
Un texte sympa et bien fait, mais qui me laisse un peu sur ma faim

   Anonyme   
20/2/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour

Il y a une idée mais elle ne me semble pas creusée. Plusieurs pistes possibles mais aucune à laquelle j'ai eu accès. J'attendais la fin, elle m'a laissé dans le cirage. J'attendais bien plus, une surprise, je ne l'ai pas eue mais déjà - c'est heureux - l'auteur ne s'en sort pas par la pirouette du rêve... c'est déjà pas mal.
L'autre moins et pas des moindres : la concordance des temps.
Sinon, oui il y a l'idée. C'eut été intéressant de développer et d'aller plus loin en l'état ce texte donne une impression d'incachevé.

   Robot   
9/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce qui m'a plu:
Le titre, l'histoire originale et la situation "mystérieuse", même si on devine assez aisément et rapidement se trouver en milieu médical on se laisse prendre par le texte.
Ce que j'ai moins apprécié:
La révélation trop précoce de la machine dés le 1er paragraphe, d'autant qu'on pouvait facilement se passer de la phrase trop précise:
"Allongée sur le dos, la vieille dame se trouve à l’intérieur d’un tunnel fait d’une matière s’apparentant selon elle au plastique, pas très long ni très large, d’une taille idéale pour y loger un homme."
Là, le scanner ou l'IRM viennent immédiatement à l'esprit.
La déclinaison des verbes car on se perd dans la concordance des temps qui est mal maîtrisée au cours du récit.

   senglar   
9/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Marguerite,


Nous sommes, je crois, assez nombreux à avoir passé au moins une IRM, ça n'est pas du tout comme cela que ça se passe. Si un tel examen est oppressant, on est introduit conscient dans ce tunnel certes bruyant et contraignant avec une partie de la tête à l'extérieur, on sait combien de temps on va y rester, on nous met un casque avec de la musique sur les oreilles et on a la possibilité de cliquer à tout moment sur un bouton pour que l'examen soit interrompu si l'on sent que la panique va nous gagner.

Nonobstant ces "détails" je peux comprendre qu'Huguette est une de ces personnes atteinte de folie douce qui a bien caché son jeu à son entourage pour paraître normale. A partir de là la nouvelle devient plaisante et Huguette un personnage sympathique à qui je souhaite un bon retour chez elle... sans tumeur (mais les IRM, sans doute un des examens les plus aléatoires sinon les plus inutiles, ont pour caractéristique de ne pas dire grand-chose) et beaucoup de petits bonhommes verts qui, à défaut d'autre chose, auront pour principal mérite de lui tenir compagnie. C'est sans doute une vieille dame très seule... depuis bien longtemps :)

brabant

   Pepito   
10/3/2014
Bonjour Mulder-ite,

Forme : rien de magique, mais quelques trouvailles sympathiques
"d’un verre de mousseux à la pêche,"
"par les rides qu’elle cultive depuis plusieurs décennies,"
"L’abduction" d'eau ? oups, désolé j'ai craqué
"La paranoïa l’environne." heu... c'est pas plutôt à l’intérieur la paranoïa ? Sinon c'est plus de la paranoïa ;=)
...

Fond : on voit venir la fin dès le début, mais l'ensemble est sympa. Quand même bien branché X-Files la Mamie ;-)

Bonne continuation.

Pepito

   fergas   
22/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Marguerite,

Bon, le mystère est très vite éventé au sujet de l'examen au scanner, en fait dès le deuxième paragraphe.

On comprend le cheminement dans l'esprit de Muguette, et on compatit à ses terreurs. La description de l’altération de sa pensée depuis l'enfance est vraisemblable.

Attention à la longueur des phrases et à la profusion de virgules. Des phrases plus courtes rendraient la lecture plus facile et le style plus percutant.


Exemple au 3ème alinéa:

"De prime abord, Muguette ressemble à n'importe quelle octogénaire blanche: pâle comme une endive, le visage plissé, par endroit creusé, par les rides qu'elle cultive depuis plusieurs décennies, une petite canne en bois prolongeant son bras droit jusqu’au sol telle une majestueuse racine de palétuvier ». Ouf ! C’est du Proust !

Pourquoi ne pas segmenter la phrase ainsi :

"De prime abord, Muguette ressemble à n'importe quelle octogénaire blanche. Elle est pâle comme une endive, le visage plissé, et par endroit creusé par les rides qu'elle cultive depuis plusieurs décennies. Une petite canne en bois prolonge son bras droit jusqu’au sol, telle une majestueuse racine de palétuvier ».

La dernière phrase, avec l’ombre mystérieuse, arrive vraiment comme un cheveu sur la soupe.

Bonne impression générale tout de même, principalement en raison de l’originalité du sujet.

   Anonyme   
23/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J’ai entamé le récit sur mode SF, because le titre. Puis tout doucement je me suis laissée prendre aux pointes d’humour fin accrochées au rythme de votre écriture ‘’sage’’. C’est bigrement vrai qu’il y a sur Terre des cas, des situations fort étranges ! :))

L’héroïne décrite dans le premier paragraphe me fait penser à une enfant ‘’indigo’’, qu’on appelle aussi parfois, enfant des étoiles. Ces enfants hypersensibles aux comportements ‘’à part’’, dont certains pensent qu’ils sont dotés de plus d’empathie et de créativité que leurs pairs (merci Wikipédia !).
J’ai donc eu l’eau à la bouche, espérant une fin moins… attendue (?).
Mais n’est-ce-pas notre lot, à nous, pauvres lecteurs, de toujours en attendre davantage ? :))

Une lecture agréable.

Merci Marguerite

Cat

   Bidis   
9/4/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Nouvelle intéressante pour laquelle je me permets de faire quelques remarques.
Tout d’abord, la chute. Le lecteur, lui, s’est fait sa religion depuis un long moment : il s’agit d’un banal scanner. Il n’est donc pas dupe de ce doute que l’auteur voudrait distiller en guise de chute. Et c’est terriblement dommage. Car, si on enlève le personnage de la fille, on pouvait tout à fait conserver le doute sur l’identité des médecins (normaux ou extra-terrestres ?). Le lecteur qui s’était dit depuis un bon moment « bof ! une banale histoire de scanner et de vieille un peu tcharbée », se demande tout à coup s’il ne se trouve pas vraiment sur une autre planète. Le voilà tout interloqué, prêt à relire le texte parce que peut-être une petite chose ici ou là plus ou moins étranges et habilement glissées par l’auteur, étaient autant de pistes qui auraient pu lui mettre la puce à l’oreille… En tout cas, il se sent pris au piège de l'auteur en ce qu'il doit abandonner ses certitudes et ça, c'est toujours jubilatoire (pour les deux, l'auteur et le lecteur), quand un texte devient un jeu du chat et de la souris.
Ensuite, j’ai tout de même relevé pas mal de petites choses.
- « En cet après-midi d’hiver, le soleil amorce déjà sa descente vers l’horizon, projetant sur le mur du fond un carré de lumière rouge éclatant. » : il est toujours préférable d’éviter les participes présents. Ici, on aurait pu dire sans nuire au texte «… et projette sur le mur… »
- Toujours au sujet des participes présents : les deux premiers que je rencontre sont en plus suivis d’adjectifs de mêmes terminaisons ce qui renforce l’impression de lourdeur (l’adjectif «éclatant » qui arrive un peu après le participe « projetant » et l’adjectif « assourdissant » qui suit de même le participe « s’apparentant ».)
- une petite canne en bois prolongeant son bras droit jusqu’au sol telle une majestueuse racine de palétuvier. : pour ce participe présent ci, c’était également très facile d’arrêter la phrase précédente à « décennies » et de commencer une nouvelle phrase : « Une petite canne en bois prolonge… »
- « Sa mine pâle et éthérée fichée de grands yeux clairs » : Des yeux sont fichés dans un visage. Avec mine, c’est-à-dire « aspect », notion abstraite, j’aurais parlé de regard.
- « Le fossé immatériel qui persista ensuite entre elle et eux n’était alors qu’un mince sillon, ... » : ce qualificatif « immatériel » n’ajoute rien à la métaphore, inutile d'expliciter que ce fossé est une image.
- « Vers l’âge de dix ans, alors qu’elle avait suivi son père au café, […] l’absurdité de certains comportements dits « humains ». Tout ce passage me semble très intéressant et, à mon avis, aurait mérité un traitement plus approfondi, en même temps que plus léger, par exemple sous forme de conversation entre les deux vieux. Et puis, expliciter les lectures (quels livres, quels auteurs ?).
- « observant, écoutant, se rassasiant » : Ouche ! Pour la chasse aux participes présents, voilà ma besace remplie d’un coup d’un seul !
- « n’accordant sa confiance » : Et encore un !
- « … autour du corps immobile de Muguette ». : On vient de parler d’elle, reprendre son nom « Muguette » me semble maladroit. Aucune confusion n’est possible, rien n’empêche de d’employer le possessif : « … autour de son corps »

   Anonyme   
31/5/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
"Les premiers signes de la maladie d'Alzheimer sont souvent confondus avec les aspects normaux de la sénescence, une dépression, un stress ou d'autres pathologies neurologiques comme la démence vasculaire.
e diagnostic de démence est essentiellement clinique. Des examens complémentaires doivent être réalisés afin d'éliminer des causes curables.
L'IRM est l'examen d'imagerie de choix pour le diagnostic étiologique des démences. Dans la maladie d'Alzheimer, elle peut montrer une atrophie corticale "

http://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_d'Alzheimer#Examens_compl.C3.A9mentaires

J'ai bien aimé ce texte parce qu'il me touche étant passé ces derniers temps dans ces lieux étranges où se promènent des extraterrestres humains...

D'accord avec les commentaires stylistiques et littéraires, je voudrais néanmoins souligner l'extrême délicatesse de l'auteur par rapport au sujet. cela m'a fait penser au film récent "Ne m'oublie pas " et à celui plus ancien "J'ai oublié de te dire".
Unité de ton entre tous ces auteurs... cela se devait d'être remarqué, un jour peut-être notre tour d'un côté ou l'autre de l'oubli.

   caillouq   
22/11/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
Le moins qu'on puisse dire, c'est que le texte cueille le lecteur à froid... Aliens ? Racine de paétuvier ??? Le début m'a donné envie de comprendre où l'auteur voulait en venir. J'ai deviné aux deux tiers seulement ; une bonne idée que de mettre l'inconfort d'une séance de RMN sur le compte d'un enlèvement extraterrestre - même si on en apprécie d'autant plus le sel qu'on est passé par ce qui ressemble effectivement à un tunnel incroyablement bruyant.

C'est la narration que je trouve en-deçà de l'idée. En particulier, j'ai trouvé gênante la gestion des temps qui m'a chatouillé pendant toute la lecture. Un exemple parmi d'autres : "Marguerite ressemble... avec l'âge elle apprit... Dans le fond elle utilise... Mais les interrogations marquaient..." Dans cette suite, j'ai du mal à voir ce qui justifie autant de transitions temporelles. Idem pour "Elle devient ultra-méfiante, comme seules les très vieilles dames savent l’être. / Quelque chose devait arriver, elle le sentait." ou "Elle traversa ainsi les années alignées de sa longue vie, méfiante
voire suspicieuse à l’égard d’autrui, n’accordant sa confiance qu’après examen prolongé du sujet et preuves d’humanités accumulées en quantité suffisante. / Depuis quelques mois cependant, la ieille se sent observée...".
Il me semble que l'écriture gagnerait en fluidité si vous vous obligiez à tout écrire soit au passé simple, soit au présent, soit au passé composé, voire même, soyons fous, tout à l'imparfait. Mais pas les quatre à la fois.

Un détail pour finir : au premier paragraphe, l'esprit "fatigué et revêche de la vieille" (qui sonnerait d'ailleurs mieux en "revêche et fatigué de la vieille", pour éviter le fatigué-et qui sonne mal) fait espérer un crescendo à la Tatie Danielle... qui ne vient pas, car ce n'est pas sur cette corde que joue le texte. Peut-être alors serait-il plus raisonnable de supprimer cette mention inutile, pour ne pas décevoir le lecteur... On alors, foncer dedans, mais grave.
L'argument de cette nouvelle est séduisant et j'aimerais en lire une version plus aboutie, plus... "plus", tout simplement !

(edit : excellent, le titre !)


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