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Sentimental/Romanesque
Marite : L'oiseau bleu
 Publié le 14/07/09  -  20 commentaires  -  25908 caractères  -  250 lectures    Autres textes du même auteur

Quand tout s’écroule dans notre vie, le hasard place toujours sur notre chemin des repères auxquels nous pouvons choisir de nous raccrocher ou pas. Seul l’instinct de survie devient alors maître de notre destinée.


L'oiseau bleu


Il pleut depuis hier soir. La terre est lourde comme une éponge gorgée d’eau. Les arbres n’en peuvent plus de toute cette pluie qui se déverse du ciel. Pelotonnée dans mon kaba* sur la terrasse, j’attends depuis ce matin que les premiers rayons de soleil transpercent enfin cette grisaille. Un espoir mince mais bien réel me fait penser que cela ne saurait tarder car quelques pépiements d’oiseaux se font enfin entendre et le rythme des gouttes a bien ralenti. Juste un peu de patience, le ciel s’éclaircit…


Je baisse les yeux sur la première page du cahier que je tiens entre mes mains. Elle est un peu jaunie mais les mots m’interpellent encore :


25 décembre 1998


« J’écoute

C’est bien moi

Je suis seul(e) sur la route

Mon passé sur le dos

Dans ma gorge enflammée un bouquet de sanglots »


René Guy Cadou


Ce sont les seuls mots écrits le jour de Noël 1998 pour inaugurer ce cahier. C’étaient ceux qui traduisaient le mieux mon état de convalescente de la vie à ce moment. Tout était encore si fragile au fond de moi qu’il m’était difficile de formuler quoi que ce soit.


Depuis le début de cette même année, une idée m’avait trotté dans la tête : j’avais envie d’écrire, tout et n’importe quoi. Il fallait trouver le cahier adéquat. Plus les jours passaient, plus cela devenait une obsession. J’avais une idée précise. Il devait être assez gros sans être volumineux, de grand format, à petits carreaux et avec une couverture cartonnée épaisse, agréable à l’œil et au toucher. Début octobre, la rentrée scolaire ayant réapprovisionné les rayons des commerçants en papeterie, j’ai déniché celui qui répondait à mes désirs. Première étape franchie, je pouvais enfin à loisir le toucher, l’ouvrir, sentir l’odeur des pages neuves. Ce n’était qu’un cahier ordinaire mais il avait pris une grande importance et, cérémonieusement j’ai inscrit la date : 9 octobre 1998 et le lieu de l’achat sur la page de garde. Tanga, mon compagnon de route sur le chemin de la vie, n’avait pas fait de remarque à ces agissements qu’il devait trouver assez étranges. Nous avions l’habitude de respecter les fantaisies de chacun tant qu’elles ne mettaient pas en péril notre équilibre de vie.


Quelque chose commençait pour moi, je ne savais pas encore quoi, mais c’est certain, je saurai. J’avais maintenant une plage infinie de temps devant moi. J’ignorais alors que le destin était en marche et qu’il s’apprêtait à tourner une page de ma vie sans mon assentiment.


Nuit du 25 au 26 octobre 1998


Quelle heure est-il ? 4 h… 5 h… ? Quelle importance maintenant. Depuis que la sonnerie a retenti au portail à deux heures passées, il m’a semblé vivre chaque minute au ralenti. Une part de moi observait pendant que l’autre subissait de plein fouet la tornade qui venait d’emporter Tanga.


Ce dimanche s’était écoulé comme des milliers d’autres. À l’abri des contraintes extérieures, nous avions « rechargé nos batteries » en vivant chacun à notre rythme. Tanga avait élagué quelques plantes envahissantes dans le jardin. La saison des pluies venait de se terminer. Vers 17 h, après s’être reposé, il était sorti se dégourdir les jambes. J’ai fermé le portail derrière lui. « J’arrive » a-t-il dit. Sous-entendu : « Je n’en ai pas pour longtemps, je reviens ».

Moi ? j’avais dû passer mon temps avec ces mille et une choses de la maison qui sont un excellent dérivatif à la pression d’un travail où arrivent à flots des urgences à traiter. Soko, l’enfant que nous avions recueilli à l’âge de cinq ans, étudiait dans sa chambre. Il venait d’entrer à l’I.U.T. et semblait bien décidé à réussir sa première année.


Seigneur ! Combien de fois ai-je repassé dans ma tête le film de cette journée somme toute banale ? J’ai fait défiler les images à l’endroit, à l’envers, avec même des pauses, à la recherche d’un détail qui aurait pu nous avertir et changer le cours des événements qui allaient suivre. Mais, rien ! Aucune anomalie, aucun pressentiment.


La pendule sonne la demie d’une heure qui ne m’intéresse plus. Nous sommes assis dans la pénombre du salon, Kingué, Soko et moi, silencieux, immobiles, plongés chacun dans nos pensées. Nous revenons de la morgue de l’hôpital. Tanga est couché là-bas, enveloppé d’un drap, à même le sol de ciment. La chambre froide n’ouvre qu’à huit heures nous a-t-on dit. Quelqu’un m’a tendu ses chaussures. Je les ai prises, sans rien dire, sans une larme, tétanisée. Tous avaient l’air de savoir ce qu’il convenait de faire. Kingué, que Soko était allé chercher, avait pris les choses en main. Il est encore jeune mais c’est un homme, il sait quelles sont ses responsabilités face à cette situation. Je me suis laissé conduire au taxi qui nous a ramenés à la maison. En passant devant l’ouverture près de laquelle est couché Tanga, j’ai fermé les yeux : « Ne t’inquiète pas mon cœur, je reviens ».


Il fait nuit. La rue est déserte, le quartier sombre et paisible.


Assise dans le fauteuil, le front dans les mains, les images défilent : la foule dans la rue, tous les visages tournés vers moi lorsque je suis arrivée sur place, les murmures, la petite phrase du commissaire de police : « Votre mari est mort ! » Tanga, étendu sur le dos, son visage… les yeux entr’ouverts, une écume jaunâtre sortant de ses lèvres et de l’une de ses narines. Je lui ai chuchoté à l’oreille « Où es-tu parti ? ». Le silence de son corps lorsque j’ai posé ma tête sur sa poitrine. Ce silence… je peux encore l’entendre aujourd’hui lorsque je replonge dans ce passé douloureux.


Assise sur le sol, près de lui, j’ai pris l’une de ses mains dans les miennes, contre ma joue et je suis restée là, figée, sans un mot, sans un sanglot. Les personnes présentes avaient formé un cercle autour de nous deux. Aucune n’est venue me déranger : on attendait la famille. C’est Soko qui m’a sortie de cette léthargie dans laquelle je m’étais réfugiée. J’ai su alors que je pouvais laisser emporter Tanga. La douleur et les larmes sont arrivées. Soko m’a prêté son épaule pendant que Kingué s’occupait de tout.


La lumière tamisée de la lampe éclaire faiblement. Je ne sais plus qui je suis, où je suis. Seul le battement de l’horloge arrive jusqu’à moi. Cette horloge chinoise, en bois laqué noir, achetée aux enchères par Tanga à notre arrivée dans cette ville. C’est elle qui a rythmé tous nos instants de vie depuis octobre 1976. Il n’y a plus qu’elle. Dehors le silence. Dans mon cœur le vide. J’ai froid. J’ai peur. Tout s’est arrêté. Je suis là, perdue, l’âme recroquevillée.


Après un temps je me redresse et mes yeux se posent sur mes compagnons. Ils me regardent, sans bouger. Que pensent-ils ? Peut-être préfèreraient-ils me voir crier, pleurer ? Ils sauraient alors quoi faire et quoi dire. Mais nous devons retourner à la morgue où Tanga nous attend. Je dois m’assurer qu’il est en sécurité. Quelqu’un m’a dit sur place que la police judiciaire avait pris une bouteille de jus de fruit et le verre dans lequel il avait bu. Le mot « poison » a été prononcé. Une réquisition a été faite au médecin légiste de l’hôpital pour une autopsie. Tanga ne m’appartient plus… Tout un processus a été enclenché et nous ne pouvons que nous effacer.


Silence… Vide…


Même l’air semble manquer. Est-ce que je respire encore ? Soudain, mon esprit errant dans le vague rencontre Françoise, notre fille, partie étudier en France depuis quatre ans. Mon Dieu ! Comment lui dire ? Elle est si loin ! Et j’ai alors besoin d’elle, d’entendre sa voix, de m’accrocher à son regard. Tout se remet en place.


- Il va falloir appeler Françoise.

- Tu veux que je le fasse ? me dit Kingué, soulagé de me voir parler.

- Non, je le ferai tout à l’heure, ce n’est pas la peine de la réveiller maintenant. Autant la laisser finir sa nuit de sommeil.

- Bon, je vais rentrer et prévenir tout le monde, ça va aller ?

- Oui, ça va


Sans plus d’explication, il s’en va. Le changement a dû se voir sur mon visage et il a compris qu’il pouvait me laisser seule avec Soko. Tant de messages passent ici en dehors des paroles.


Faut-il encore revenir sur cette longue nuit ? Non, pas tout de suite car, bien que le temps ait passé, je risque fort de m’engloutir dans une douleur qu’il me sera difficile de canaliser. Seul Tanga avait réussi à apaiser et neutraliser cette souffrance enfouie et muselée au plus profond de moi depuis si longtemps. Mais elle est revenue, tapie, prête à me submerger au moment où je m’y attends le moins.


La première fois que Tanga en avait été témoin, c’était peu de temps après notre rencontre. Nous habitions un studio à Aubervilliers. C’était un dimanche après-midi. Il adorait écouter Jim Reeves, chanteur américain que je découvrais. L’un des morceaux, je ne sais plus lequel, a déclenché en moi la montée de l’émotion et de l’angoisse. J’ai essayé de lutter. Impossible. Je me suis abîmée dans un torrent de sanglots et de larmes. Tanga ne comprenait pas, il était désemparé. J’avais beau lui dire que ça allait passer, qu’il n’y était pour rien, que cela m’arrivait de temps en temps. Il me regardait, perplexe, impuissant.


Puis tout s’est calmé, comme les vagues qui se retirent lorsque la marée descend. Nous avons parlé et je me suis reposée. Plus fin psychologue que n’importe quel homme de ce métier, sans me forcer, sans me brusquer, il m’a laissé aller à mon allure et ces effondrements se sont arrêtés d’eux-mêmes sans que je ne fasse aucun effort. Il était là seulement, tellement présent, à chaque instant, si solide et rassurant, que tout ce passé si lourd à mon cœur s’est estompé. J’ai enfin pris part à la vie avec lui et jamais plus cela ne s’est reproduit durant notre vie commune.


Les larmes que j’ai versées lorsqu’il s’en est allé étaient d’une autre nature. C’est à l’arrivée de Françoise, à l’aéroport, que j’ai lâché prise. Il semblait qu’on avait arraché un morceau de mon cœur. Je le ressentais ainsi, physiquement. Ma vie s’écoulait par cette déchirure en un flot continu que je n’avais plus la force d’arrêter. J’écartais instinctivement et parfois vivement de mon chemin tout ce qui était triste, sombre et compliqué. J’étais assoiffée de lumière et de sourires. Tout était autour de moi, à la maison, au bureau. Il suffisait de tendre la main pour recevoir et c’était un baume si doux sur ma blessure.


Avec les Africains, tout était simple. Je pouvais parler de ce que je ressentais, raconter mes rêves, pleurer mais aussi rire. Toutes ces personnes qui m’entouraient me comprenaient, m’assuraient que c’était normal et que tout cela allait passer. Elles me parlaient pour m’amener vers des choses agréables, parfois drôles mais aussi plus sérieuses. C’est grâce à elles que j’ai réussi à arrêter l’hémorragie de mon cœur et à reprendre contact avec le quotidien. Pas un seul instant je ne me suis sentie abandonnée pendant cette période, même après le départ de Françoise.


Avec les Européens que je rencontrais au bureau c’était différent. Ils avaient des difficultés à communiquer avec moi en dehors des nécessités du service. Ils semblaient si mal à l’aise à côtoyer la réalité de la mort. À la limite je devenais gênante. C’était à peu près comme si j’étais porteuse d’un méchant virus et qu’il ne fallait pas trop m’approcher. La communication était pourtant essentielle et vitale pour moi en ces moments.


Et il y a eu cet oiseau bleu…


Après le départ de Kingué, j’ai demandé à Soko ce qu’il souhaitait faire car la journée allait être éprouvante à la maison. Il a préféré aller à l’I.U.T. et se plonger dans le travail pour essayer, je pense, d’effacer les images traumatisantes de la nuit que nous venions de vivre. Pendant qu’il se préparait, je suis allée faire du café dans la cuisine, la gorge serrée, les larmes coulant sur mes joues et en musique de fond dans ma tête, comme un disque rayé, une litanie : Tanga n’est pas là, il n’est plus là, il ne sera plus jamais là, c’est fini…


Le jour se lève, les oiseaux commencent à chanter, les voitures et motos passent dans la rue. Des cris, des pleurs se font entendre, de plus en plus fort. Les proches de la famille arrivent. J’appréhendais cet instant. Pourtant, curieusement, chaque personne qui me serrait dans ses bras en pleurant semblait prendre sur elle une part de ma douleur et me soulageait. Ce monde dans la maison… Tout m’a semblé plus léger à porter. Le salon, la terrasse, il n’y avait plus assez de sièges et les gens s’asseyaient sur les marches.


J’étais retournée dans la cuisine quand Kingué est arrivé : « Le chef est là ! »


Le chef traditionnel du foyer de Tanga était arrivé. Les pleurs et les cris s’étaient arrêtés, remplacés par des chuchotements. Je suis allée à sa rencontre. Il se tenait sur le seuil. Je ne l’avais jamais rencontré et ne le connaissais qu’à travers Tanga. Comme je m’approchais, il s’est avancé et m’a saluée. Puis, les sièges du salon s’étant vidés de leurs occupants, nous nous sommes assis, lui, moi et Kingué. Il m’a demandé de lui raconter ce qui était arrivé.


Cet homme était si calme, si bienveillant, que je me suis sentie en confiance. Il paraissait avoir tout son temps pour m’écouter. Alors j’ai tout dit, en désordre certainement, mais j’ai essayé de ne rien oublier. Très attentif, il ne m’a pas interrompue.


- Kingué, tu dis à tout le monde d’être chez moi ce soir. Je veux vous voir. Tous.


Ce « Tous », c’était les hommes de la grande famille, du grand foyer.


- Bon, dit-il en se levant, vous me tenez informé de l’évolution et dès que vous avez le permis d’inhumer vous m’appelez. Je viendrai pour qu’on voie comment organiser le deuil.


Puis, se tournant vers Kingué il ajouta :


- O seŋgi ? (Tu as compris ?)

- Ée. (Oui.)


Je savais maintenant que tout était entre ses mains. Le soulagement que j’en ai ressenti était comme une bouffée d’oxygène. La matinée a passé, très vite. J’ai eu Françoise au téléphone… elle allait arriver, le plus rapidement possible. La plupart des gens de la famille et amis sont partis. Nous sommes retournés à la morgue pour les formalités. La mère de Kingué et Ngassè, qui était comme une grande sœur pour Tanga, nous ont accompagnés. Soko est rentré de ses cours et nous sommes passés à table. Nous devions être cinq ou six. Très peu de paroles, quelques questions, banales, nous faisions tous une pause.


C’est alors qu’en regardant par la fenêtre j’ai vu cet oiseau bleu, gros comme ma main, perché sur la clôture de parpaings, à quatre-vingts centimètres à peine de la maison. Il n’y avait aucun arbre, aucune plante à cet endroit. De l’autre côté du mur, juste un passage en terre et des cases en planches habitées. Un coup d’œil autour de la table, personne ne semblait l’avoir vu. J’ai tourné la tête à nouveau vers les nacos ouverts : il était toujours là, je n’avais pas rêvé. L’espace d’une seconde j’ai pensé à Tanga : peut-être était-ce lui qui venait s’assurer que je n’étais pas seule et anéantie ? Je sais, c’est idiot et si peu rationnel, mais je l’ai vraiment pensé. Il s’est envolé. Je n’ai rien osé dire et ai gardé cette image pour moi, avec pour la première fois depuis le début de ces événements, une sensation de douceur au cœur.


Notre maison était située dans un quartier assez animé du centre-ville et j’avais placé dans le jardin en face de la terrasse, une coupelle d’eau assez large en acier émaillé au pied de l’avocatier. Chaque matin et chaque soir, c’était un défilé de toutes sortes d’oiseaux qui venaient s’y baigner. J’affectionnais en particulier ceux qui arrivaient toujours par groupe d’une dizaine. Petits, noirs, ils étaient très disciplinés et attendaient sagement leur tour, perchés dans les hibiscus. Nous n’avions jamais vu un tel oiseau. Je l’ai revu deux ou trois ans plus tard. Était-ce le même ? Sans doute pas. C’était à environ trois kilomètres, dans un autre quartier de la ville, dans le jardin qui entourait la maison que le père de Tanga avait laissée. Secrètement, mon cœur a souri lorsqu’il s’est posé dans le goyavier.


Et il y a eu ce rêve…


Le lendemain soir qui a suivi la visite du chef traditionnel, les hommes du grand foyer sont arrivés à la maison me présenter leurs condoléances et me faire part de leur soutien. J’en ai été vraiment réconfortée. Françoise est arrivée et l’avoir à mes côtés en ces instants était un grand soulagement. Le permis d’inhumer enfin délivré et le lieu d’inhumation choisi par moi, le chef s’était chargé de tout organiser. Les jours se sont succédés : la veillée, le deuil…


Le temps passait, je devais reprendre le travail. Quelques femmes de la famille dormaient encore à la maison, dans le salon, soit sur le canapé, soit sur des nattes posées sur le sol. Depuis cette nuit où tout avait basculé, je dormais, je parlais, je mangeais comme un automate. La police judiciaire, l’hôpital, le consulat…, chaque jour il y avait quelque chose d’important à faire. Ces démarches masquaient le vertige et la panique qui me saisissaient lorsque mes pensées revenaient vers le gouffre sans fond qui m’habitait.


Ce soir-là donc, je m’étais endormie paisiblement aux côtés de Françoise. J’appréhendais la reprise du lendemain : les regards, les paroles et les non-dits. Soudain, Tanga est arrivé dans la chambre. Il se tenait au pied du lit. Je me suis levée et en me précipitant vers lui j’ai demandé :


- Mais où étais-tu parti ?

- Aux États-Unis !


Il s’est courbé, à bout de forces. Je l’ai pris dans mes bras et ai appelé les enfants :


- Françoise, Soko, venez vite, papa est revenu, venez voir !


Ils sont arrivés tous les deux et nous l’avons entouré de nos corps et de nos cœurs.


- C’est fini, nous sommes là. Viens, allonge-toi.


Avant de s’étendre sur le lit, il a soulevé un côté de sa chemise et nous a montré une blessure sur sa peau. C’était comme la trace d’une brûlure, pas entièrement cicatrisée sur le côté gauche du torse, en bas des côtes.


Je me suis réveillée. Aucun doute pour moi, Tanga était de nouveau avec nous, il avait retrouvé la maison. Fébrile, je me suis levée pour boire de l’eau. Dans le salon, tout le monde avait l’air de dormir. Je suis revenue dans la chambre, Françoise était réveillée :


- Maman, est-ce que ça va ?

- Papa était là, Biche. Il était ici, dans la chambre. Je lui ai parlé et il m’a répondu !

- Calme-toi maman, calme-toi. Tu vas réveiller tout le monde. C’était un rêve.

- Oui je sais, c’était un rêve mais c’était bien réel. Papa était là, il était si fatigué.

- Oui maman, mais c’était un rêve.

- Il était là, Biche, c’était bien lui…


Et les larmes sont venues doucement rafraîchir le désert de mon cœur. Françoise a posé sa main sur ma tête et a caressé mes cheveux. Je me suis rendormie enveloppée de sa tendresse et de sa douceur.


Le lendemain matin, je me suis sentie heureuse au réveil, habitée d’une quiétude si profonde que tout m’a semblé léger. J’avais même envie de sourire. Ngassè, qui avait dormi dans le salon, m’a demandé si nous avions un chien car, cette nuit, elle avait entendu gratter et aboyer à la porte de la terrasse. Au même moment, une nuée de moustiques avaient envahi la pièce disait-elle. Je l’ai regardée, sans voix, puis :


- Non Ngassè, il n’y a jamais eu de chien ici, mais Tanga était là cette nuit. J’ai rêvé qu’il était revenu, vivant mais très fatigué.


Elle a hoché plusieurs fois la tête sans rien dire. Avait-elle aussi rêvé comme moi ? Ce genre de rêve qui vous laisse une impression si forte de vécu ? Je n’ai jamais su ce qu’elle a pensé en cet instant. La barrière de la langue limitait nos échanges. Pour moi c’était une évidence si extraordinaire, si incroyable, que je m’efforçais de revenir à la rationalité et de penser calmement à la situation. Mais rien ne pouvait me faire douter de ce que j’avais vu et ressenti : j’avais bien rencontré Tanga dans une autre dimension, celle du monde où il se trouvait maintenant.


Au travail, j’ai pu affronter les regards et chose curieuse, aucune compassion ou tristesse ne m’atteignait. Françoise m’avait accompagnée. J’ai pu saluer les personnes rencontrées et les remercier de leurs condoléances sans m’effondrer. Il me semblait même devoir les réconforter car elles semblaient tristes. Je m’étonnais moi-même. L’un de mes collègues européens m’a même dit : « Marilou, on dirait que vous êtes entourée de lumière. »


Cette première journée s’était donc bien passée. Le soir, une cousine est venue à la maison prendre de mes nouvelles. Je lui ai raconté le rêve et aussi l’énergie, la paix intérieure qu’il m’avait apportées. Elle a souri de façon amusée et a seulement dit :


- Tu vois Marilou, chez vous (sous-entendu en Europe), on expliquerait ce rêve en disant que c’est ton désir de revoir Tanga qui l’a provoqué dans ton subconscient. Mais, ici, chez nous, il y a une autre explication. En nous quittant, Tanga a rejoint les ancêtres. De là où il est maintenant, il a senti que tu étais affaiblie et que tu avais besoin d’être réconfortée. C’est pour cela qu’il est venu te faire savoir qu’il était toujours avec toi. Ce rêve est une très bonne nouvelle et ne soit pas étonnée que cela arrive encore.

- Je préfère ton explication, Caro, c’est tellement plus simple et réconfortant.


Et vous ? Qu’auriez-vous choisi ? Qui détient la vérité après tout ?


Tant de choses échappent à la compréhension des scientifiques en ce début de 21e siècle. Malgré les progrès technologiques dont nous nous enorgueillissons tant, nous avons perdu, du moins pour un bon nombre de personnes en Occident, la petite boussole intérieure qui permet à chacun de s’orienter, seul, à travers les méandres de la vie. J’ai choisi de croire à la seconde explication, peu importe ce que l’on dise ou ce que l’on pense. Je savais mieux que quiconque, ce que j’avais ressenti et aussi ce qui me convenait pour survivre. Dix ans ont passé et je sais que j’ai eu raison de faire ce choix.


Cet état de grâce n’a bien sûr pas duré les jours suivants. Françoise devait repartir en France. L’autre partie de moi-même allait se trouver à des milliers de kilomètres. Il me fallait de l’aide. Le traitement médical que j’ai suivi pendant trois mois m’a été d’un grand secours. Début juin 1999, mon père, âgé de 85 ans, s’en allait à son tour emportant avec lui toute mon enfance. Tous les chapitres de ma vie se refermaient.


Comment et surtout pourquoi continuer la route ?


Toutes ces années passées aux côtés de Tanga, je les avais vécues pleinement, sans aucun regret. À ses côtés j’avais découvert une autre façon d’appréhender et de comprendre la vie. Il m’avait libérée des entraves qui emprisonnaient mon cœur, mon âme et mon esprit. Affranchie des diktats religieux, médiatiques ou sociologiques, je n’étais plus obligée de m’aligner derrière une pensée, de me comporter selon des pourcentages statistiques ou de me dissoudre dans l’image d’un profil normatif. J’avais appris à recevoir et à donner, à aimer et à partager. C’est pour cela que j’ai continué mon chemin.


Le soleil a percé le plafond gris de nuages. La pluie a cessé. Quelques odeurs agréables arrivent de la cuisine, midi doit approcher. Je referme le cahier. Tant de souvenirs ont surgi lorsque mes yeux se sont posés sur les mots de cette première page. Tant de choses pourraient encore être dites. Je choisis de les garder au fond de ma mémoire. Ce sont elles qui font ma force et ma sérénité aujourd’hui.


Et l’oiseau bleu ? me direz-vous.


Je ne l’ai pas revu depuis longtemps mais il était bien là, ce 26 octobre 1998, sur le mur, en plein soleil, pas moins de 30° à l’ombre quand même à ce moment de la journée. Il me plaît de penser qu’il était venu m’apporter un message de réconfort au moment où j’en avais le plus besoin. J’ai envie de croire que la nature est l’amie des hommes et qu’elle peut toujours, sous une forme ou une autre, apaiser les tourments de nos cœurs lorsque nous traversons des épreuves.


Tiens, le portail s’ouvre :


- Bonjour Maman ! *


Éclat du sourire, lumière dans les yeux. C’est le messager que m’apporte le soleil…


- Bonjour Béma, Tu es bien courageux de sortir par ce temps.

- J’avais prévu de passer vous voir tôt ce matin mais la pluie m’a retardé.

- Très heureuse de te voir. Alors, comment ça va chez toi ? Ta maman ? La santé ? Le travail ?

- Tout va bien Maman et grâce à Dieu personne n’est malade !

- Viens, assieds-toi.


Béma est maintenant un beau jeune homme, solide et réfléchi. Je l’ai connu quand il était encore à l’école primaire. Il avait d’énormes difficultés. C’est sa grand-mère qui m’avait demandé de le prendre parmi les quelques enfants à qui j’essayais de redonner le goût d’apprendre, le soir après le travail. Il passe toujours de temps en temps, pour me saluer. Nous parlons de tout et de rien, heureux simplement d’être ensemble.


Mais, voici Téclaire qui appelle :


- À table ! C’est prêt !

- Béma, allons goûter ce que Téclaire a préparé aujourd’hui, je crois que ça va être délicieux, tu sens l’odeur ?

- Toujours aussi gourmande Maman ! dit-il dans un éclat de rire.


Le soleil est vraiment revenu parmi nous. Sans que j’aie eu besoin de le lui dire, Téclaire a déjà rajouté un couvert et nous nous installons, bien décidés à profiter pleinement de cet agréable moment.


Ainsi s’écoulent les jours… et, parfois, vient me surprendre, un sentiment d’éternité si difficile à expliquer avec des mots. Il me semble qu’être ici, dans cette vie, n’est qu’une étape dans un cheminement dont j’ignore le début et la fin. Peut-être d’ailleurs n’y a-t-il ni début, ni fin ? Paradoxalement, cette incertitude m’apaise et je me laisse porter par le courant de la vie.



Juin 2009


* * * * * * *



* kaba : longue robe traditionnelle portée par les femmes « sawa » (région côtière du Cameroun)

* Maman : couramment utilisé lorsque l’on s’adresse à une femme plus âgée que soi.


 
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   xuanvincent   
14/7/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Merci à l'auteur pour cette belle histoire, elle m'a touchée.

Ce texte m'a semblé bien écrit dans l'ensemble, d'une belle écriture, et sa structure narrative réussie.
Les dialogues par ailleurs m'ont paru bien illustrer le récit, j'ai apprécié notamment ceux inclus dans les paragraphes narratifs.

L'idée tout d'abord de ce cahier d'écriture, de la narration de cette écriture, m'a intéressée.

Ensuite, l'histoire, triste, m'a touchée (pour un peu, cela m'arrive rarement pourtant, j'allais pleurer).

Le poème de René Guy Cadou (sans doute peu connu des jeunes lecteurs), au début de l'histoire, m'a paru bien amené dans le récit.

J'ai bien aimé l'arrivée de cet oiseau bleu, qui vient apporter une touche de rêve au milieu de ce récit triste.

Le recours au rêve, à un moment du récit, m'a de même plu.

Enfin, le dépaysement (la partie africaine du récit) m'a de même plu.

Détail :
"2 h" : dans le contexte de cette nouvelle (bien écrite), j'aurais préféré soit "2 heures" ou mieux.

Bonne continuation à l'auteur.

PS : j'avais apprécié l'écriture de la précédente nouvelle de l'auteur mais le présent texte, plus long, a le souffle d'une véritable nouvelle romanesque.

   Anonyme   
14/7/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je suis seul (e) sur la route
Mon passé sur le dos
Dans ma gorge enflammée un bouquet de sanglots…

Ces paroles de René Cadou matérialisent si bien la vie de beaucoup d’entre nous !
Bonjour Marite ! Je ne vais pas feindre la surprise de celui qui découvre ce texte en ce matin de Juillet car j’ai déjà eu l’occasion de le lire, d’en parler avec toi, et tu sais tout le bien que j’en pense ; je sais le courage qu’il t’a fallu pour retracer ces évènements tragiques.
J’aime la simplicité, la sincérité de l'écriture et le message d’espoir que délivre ce récit…
De plus, j’ai toujours aimé les oiseaux d’Afrique, surtout les bleus…
Bonne journée et encore merci. Alex

   widjet   
14/7/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai retrouvé beaucoup de points communs entre ce texte et le premier de son auteur. Il y a aussi cette même douceur, cet optimisme teinté de tristesse, sans jamais tomber dans l'apitoiement. Comme quoi, on peut écrire des choses tendres sans mievrerie. Il y a aussi un parfum d'authenticité dans ces lignes touchantes qui flirtent avec le fantastique. Pour avoir vécu un peu en afrique, c'est vrai que la Mort est appréhendée différemment.

Marite prend son temps pour écrire ses textes, beaucoup d'entre nous devrait s'en inspirer.

Bien que n'étant pas client de ce genre d'histoire, quand c'est bien fichu comme ça, je me laisse porter. Merci.

Widjet

   Anonyme   
14/7/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Merci Marité, tout simplement !

Chacun de tes écrits me touche plus encore que le précédent.
Je ne suis pas professionnel pour en discuter de la forme : elle me plaît, voilà tout !
Et le mélange entre réalité et fiction est un compromis bienvenu pour renforcer le fond et nous donner en partage cette riche "pâte d'humanité".

   Anonyme   
14/7/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Marite. Cette histoire m'a tout simplement touchée. Bien qu'elle soit très triste, elle est racontée avec une certaine pudeur, une certaine retenue. J'y ai trouvé de très belles expressions, telles que "Je me suis abîmée dans un torrent de sanglots" "Hémorragie de mon coeur" "Le désert de mon coeur" "Le soleil a percé le plafond gris de nuages", malgré cette "digne" tristesse, émouvante et poignante à la fois. J'ai aimé "l'oiseau bleu". Il arrive en effet qu'on puisse le "Voir"...

   florilange   
14/7/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Merci, Marité, de nous avoir donné ce texte à lire. J'aime la façon de raconter, sans mièvrerie, des choses "vraies", qu'il est si difficile de rendre. J'ai apprécié.
Florilange.

   Anonyme   
14/7/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Une bien belle histoire assurément bien écrite et tout et tout... j'ai juste été un peu "dérangé" dans ma lecture par le côté moralisateur qui transparaît de temps en temps et me semble bien inutile...
Genre : "Tant de choses échappent à la compréhension des scientifiques en ce début de 21e siècle. Malgré les progrès technologiques dont nous nous enorgueillissons tant, nous avons perdu, du moins pour un bon nombre de personnes en Occident, la petite boussole intérieure qui permet à chacun de s’orienter, seul, à travers les méandres de la vie. J’ai choisi de croire à la seconde explication, peu importe ce que l’on dise ou ce que l’on pense. Je savais mieux que quiconque, ce que j’avais ressenti et aussi ce qui me convenait pour survivre. Dix ans ont passé et je sais que j’ai eu raison de faire ce choix."

Mais à part ces quelques intrusions (que je persiste à croire de trop) j'ai vraiment aimé et le style et l'histoire.

   NICOLE   
14/7/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cette approche du deuil, et le paralléle qui est fait entre les deux façons de l'appréhender : l'occidentale et l'africaine, m'a interessée.
J'ai trouvé ce texte extrémement pudique, et très respectueux de la réalité du travail de deuil.
L'écriture est précise et belle.
Un auteur que je découvre avec beaucoup de plaisir.

   Flupke   
16/7/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Marite,

Très jolie la citation de Cadou.
Encore un texte délicieux, exotique et multiculturel et de surcroit très bien écrit.
Des phrase importantes finement ciselées :
La communication était pourtant essentielle et vitale pour moi en ces moments
Ces démarches masquaient le vertige et la panique qui me saisissaient lorsque mes pensées revenaient vers le gouffre sans fond qui m’habitait.

And the winner is … : Ce « Tous », c’était les hommes de la grande famille, du grand foyer.
Wow !!! Quelle perfection, quelle pureté dans cette phrase !!! On sent la retenue, le respect des traditions d’une autre culture, l’absence de rancune (sous entendu : les femmes ne se joindront pas à nous). Il y a dans cette phrase, une globalité comme dans ces croquis d’icebergs dans les livres de géo. La partie émergée, minuscule (la phrase) et la partie immergée, énorme (les sous-entendus que l’on devine) excellente illustration de l’adage : Montrer, ne pas dire. Plaisir interactif déductif du lectorat. Miam miam.

Deux remarques mineures :
Le paragraphe moralisateur : Tant de choses échappent à la compréhension des scientifiques en ce début de 21e siècle. Aux antipodes narratifs de la phrase gagnante précitée. Paragraphe à virer, désolé si je te choque, mais je suis très franc.
Début juin 1999, mon père, âgé de 85 ans, s’en allait à son tour emportant avec lui toute mon enfance. J’ai entouré cette phrase en orange surbrillant à l’aide d’un stylo multifonction de marque Lamy, alors que je mangeais ma salade dans un resto grec. Je ne sui pas sûr de la nécessité d’une telle précision. Je comprends que d’un point de vue personnel, l’accumulation de deuils puissent t’affecter, mais je m’interroge sur la nécessité d’introduire la mention succincte de ce deuxième deuil, qui me semble nanifié de mon point de vue de lecteur par rapport au thème principal et qui suggère un manque de proportion.

Voilà, à part ces deux points mineurs (mais qu’il me semblait utile de préciser de mon point de vue subjectif), ton texte à vraiment d’énormes qualités. Une belle réussite. Bravo !!!
Amicalement,

Flupke

   wancyrs   
23/7/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Merci Maman Marilou pour ces revélations!
Je puis enfin comprendre ce que ressentait ma propre mère, un bel après midi, lorsque son bien aimé, sorti sur sa moto pour raccompagner une amie, lui est revenu dans un cercueil...
L'histoire aussi me ramène dans cette partie du globe qui a vu ma jeunesse,les us et coutumes qui me sont familières.
même si les gens pensent que le paragraphe : " tant de choses échappent aux scientifiques en ce début du 21e siècle... raison de faire ce choix" est à biffer de la nouvelle, il trouve sa place dans ce récit, et je dirais même que c'est la roche qui soutient le récit. c'est ton opinion, c'est ton ressenti, l'enlever du texte serait comme renier cette main du destin qui t'a aidé à survivre.
La nouvelle est assez emportante, je te le concède. Si emportante que même Widjet qui est assez stricte sur la forme des récits, a laissé passer ces quelques erreurs que je vais aller te montrer.
A la place de "une idée m'avait trotté dans la tête", j'aurais dis " une idée avait trotté dans ma tête"

Quelque chose commençait pour moi, je ne savais pas quoi, c'est certain, je saurais. Un mélange de temps pas assez bien choisi. Tu passas de l'imparfait au présent et ensuite au conditionnel. Moi j'aurais dit: "c'était certain" et au lieu de "saurais", j'aurais dis" saurai", au futur, ce qui sied ici selon moi.
"Il m'a laissée aller..." je crois que c'est lui qui a laissé, alors le verbe s'accorde avec "lui" "laissé". Idem pour interrompu(e) " il ne m'a pas interrompue". Idem pour libéré(e) "il m'avait libérée...
La phrase " Je lui ai raconté le rêve, et aussi l'énergie, la paix intérieur qu'il m'avait apportées" Je crois que si tu parle du rêve et de l'énergie, alors le "il" s'accorde "qu'ils"; alors "avait " devient "avaient", et apportées" de vient "apportés". Dans un autre cas, si c'est juste le rêve, ou juste l'énergie, "apporté" ne saurait être accordé comme tu l'as fait : "apportées".

c'est à peut près tout ce que j'ai pu déceler. Une fois de plus, bravo pour ce bel chef-d'oeuvre.

Wancyrs

   Anonyme   
2/8/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
Quelle extraordinaire écriture psychologique et quelle intelligence, quelle sagesse exprimée dans les propos. Des portraits brossés aux poils de soie, du rêve et de la beauté mais tout cela dans un contexte réaliste, quel regard doux posé sur des cultures différentes sans jugement, sans mise en relief de l'une, un récit simple comme bonjour et poétique, une écriture chuchotée pour un amour murmuré, une femme qui tient debout et qui s'écroule, ça alterne, une femme belle portée par l'amour des siens et des autres siens. Un écrit qui laisse s'évaporer par tous ses pores une rare émotion, un écrit à fleur de peau sans que jamais, jamais, ne soit oubliée la dimension littéraire. Un grand bravo.

   jaimme   
6/8/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une splendide histoire de vie. Que je vais m'empresser de ne pas relire... car c'est ce que je fais quand un livre ou un film m'a bouleversé.
Le passage suivant est d'une force exceptionnelle:
"Nous avons parlé et je me suis reposée. Plus fin psychologue que n’importe quel homme de ce métier, sans me forcer, sans me brusquer, il m’a laissé aller à mon allure et ces effondrements se sont arrêtés d’eux-mêmes sans que je ne fasse aucun effort. Il était là seulement, tellement présent, à chaque instant, si solide et rassurant, que tout ce passé si lourd à mon cœur s’est estompé."
La longueur du texte s'imposait pour prendre en compte l'ampleur de ce que l'auteure avait à dire.
Un très grand merci!

   Automnale   
16/9/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Ouille ! Je me souviendrai de "L'oiseau bleu". Je ne connais pas l'auteure, Marité (je ne sais même pas s'il faut mettre un accent sur le "e" !). Et pourtant, j'ai eu l'impression, en lisant cette nouvelle, très attentivement, que Marité me racontait cette Histoire, à moi personnellement, et que ce n'était pas un hasard...

Je n'ai pas réussi à imaginer, un seul instant, qu'il s'agissait d'un récit romanesque. Tout me semblait trop vrai. Cette souffrance, très précise, tellement profonde, ne pouvait s'inventer. Où et comment trouver le courage de l'écrire, de la revivre, presque dans le détail ? Probablement, en partie, en se disant que ce genre de témoignage, poignant, pouvait apporter, à d'autres, un peu de réconfort.

Les mots de l'auteure génèrent un besoin de silence, un besoin de reprendre son souffle. Après eux, que pourrions-nous lire de plus fort, de plus bouleversant ? Rien. Rien. Rien. Reste la possibilité de penser à l'oiseau bleu...

Marité, j'ai envie de te dire merci et bêtement, comme cela, de te prendre la main.

   cebert   
3/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Comme j'ai aimé ce texte. Cette description du cahier! je me suis vue cherchant moi aussi LE cahier qui m'accompagnerait. Je me suis reconnue aussi dans la perception de certains signes, cet oiseau bleu: pour moi c'est un papillon. je suis donc enchantée de constater que je ne suis pas la seule à ressentir certaines impressions qui font de moi une sereine contemplative malgré les accidents de la vie.
Merci pour ce texte, pour tout ce qu'il contient, pour l'espoir qui s'en dégage. pour tout quoi !!

   Anonyme   
7/9/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce texte est une perle rare. Tout en pudeur, en profondeur. En poésie aussi. L'émotion nous prend et ne nous lâche plus tandis que la sagesse plane comme cet oiseau bleu.

Merci pour cet instant de partage.

   pierre   
27/6/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
tout simplement merci pour ce beau texte

   matcauth   
28/8/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est vraiment un très beau texte. L'écriture est d'une maturité, d'une intensité... ce ne sont plus des mots, ce sont des éponges à émotion, ils diffusent celles-ci et ne se contentent plus d'être des mots : ils font vivre le texte, l'histoire.

Le sujet est délicat et ne tombe pas dans le patho mais on hésite parfois à continuer à lire, ayant l'impression de s'immiscer dans un moment de vie qui ne nous regarde pas.

enfin c'est une très belle lecture. Merci.

   pieralun   
28/8/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Merci à Matcauth qui m'a permis de découvrir le texte de Marité.
Que dire....??
Pas une seconde d'ennui dans cette nouvelle qui m'a captivé de bout bout. Comme il ne s'y passe "rien d'haletant", je ne peux que féliciter Marité pour la qualité de son écriture.
Beaucoup de clarté également malgré plusieurs personnages qui interviennent, et beaucoup de travellings avant et arrière.
De l'émotion comme si l'en pleuvait sans tomber dans le pathos, une grande profondeur dans l'analyse des sentiments et des impressions.
Je découvre ce talent chez toi Marité et j'aime infiniment l'Afrique; puisses-tu l'exercer le plus souvent possible......

   Anonyme   
15/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je crois que tout a été dit déjà et mieux que je ne saurais le faire, à propos de ce texte. Si je n'ai pas vécu la visite de l'Oiseau Bleu, j'ai connu son équivalent dans une période de deuil. J'aime ce texte.

   TITINE   
5/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une belle et triste histoire que j' ai lue avec émotion dans son cheminement , je n' ai pas trop saisi qui est Kingué qui entre dans le récit soudainement sans avoir été présenté par l ' auteur , j'ai vainement cherché au long du texte puis j'ai abandonné pour me fixer sur l 'oiseau bleu, ce messager de l 'au delà, oui, c 'est ce que je crois !
on a souvent besoin de ces traces dans nos moments de douleur, on s'y accroche pour ne pas sombrer .
la visite du défunt , j'y crois aussi, et c'est bien écrit et narré , bien que les considérations trop "terre à terre " ou scientifiques incluses ne me semblent pas indispensables , si c'est venu de l'au delà , le réel et la science n'ont pas à y être mêles , c'est comme si l'auteur doutait que ce soit arrivé et cherche une explication possible

enfin j' ai été touchée par ce coup du sort et par la magie qui l'entoure !


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