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Merome : L'arbre qui voulait toucher le ciel
 Publié le 09/04/10  -  17 commentaires  -  6420 caractères  -  248 lectures    Autres textes du même auteur

L'histoire d'un arbre extrêmement ambitieux.


L'arbre qui voulait toucher le ciel


Il était une fois, un petit chêne qui poussait à l'ombre d'un sous-bois. Sous les branches géantes d'un chêne de quatre-vingts ans dont il était sans doute issu, sa cime culminait à un mètre cinquante du sol.

Son tronc était bien droit et ses pousses prometteuses. Ses feuilles larges et vertes projetaient déjà une ombre signifiante sur le sol recouvert d'herbes et de plantes sauvages.


Le petit arbre était pressé de grandir et de déployer ses branches, aussi questionnait-il régulièrement le grand chêne sur sa croissance.


- Dis-moi, grand chêne, quand est-ce que je serai grand comme toi ?

- Patience, petit chêne, lui répondait-il, il faut du temps !


Mais cette réponse ne le satisfaisait guère.


Chaque printemps, de nouveaux bourgeons perçaient les branches du petit chêne, et chaque fois, cela excitait son envie de pousser encore plus haut. Il sentait en lui monter la sève si puissante qu'elle aurait pu alimenter trois fois plus de branches. Et le temps lui semblait long.


- Grand chêne, serai-je un jour grand comme toi ?

- Peut-être, oui, pourquoi pas ?

- Peut-être serai-je encore plus grand que toi ?

- Pourquoi pas ? Mais la hauteur d'un arbre ne fait pas tout.

- Pourquoi les arbres s'arrêtent un jour de grandir ?

- Pourquoi grandiraient-ils encore ?

- Parce que plus on est grand, plus on voit loin. Plus le soleil est chaud, et plus les nuages gorgés d'eau sont proches.

- Le soleil peut brûler et l'eau des nuages finit toujours par tomber au sol et abreuver nos racines comme celles des plus petites pâquerettes.

- Mais moi, je ne veux jamais cesser de grandir. Je veux grandir toujours, jusqu'à toucher le ciel.

- Tu es jeune, et c'est normal. Quand on est vieux comme moi, on n'a plus envie de grandir.

- Eh bien moi, si, j'aurai toujours envie de grandir. J'irai toucher le ciel, je me chaufferai au soleil, et je m'approcherai des nuages gorgés d'eau.


Les années ont passé et le petit arbre a bien grandi. À dix mètres du sol, il contemple l'horizon puis s'adresse à nouveau au grand arbre.


- Tu as vu, j'ai grandi, et toi, tu es resté pareil.

- Un jour, les arbres ne grandissent plus et c'est très bien comme ça.

- Moi je continuerai de grandir. Tu verras, je serai plus grand que toi.

- C'est possible. Cela ne fera pas de toi un arbre meilleur.

- Je serai plus haut, je serai plus beau.

- Mais tu resteras un arbre... Un arbre parmi les autres arbres.


Et un jour, enfin, la plus haute branche du petit arbre est parvenue à la hauteur de la cime du grand arbre. Le petit arbre savoure ce moment et sent toujours au creux de son tronc la pression de la sève qui ne demande qu'à s'élever, encore plus loin du sol.


- Tu as vu, maintenant, je suis grand comme toi.

- J'ai vu. Et ça ne me satisfait pas.

- Tu es jaloux ? Tu pensais que je n'y arriverais pas ?

- Non, mais à nous deux, nous faisons beaucoup d'ombre. Vois-tu le sol à tes pieds ? Ne remarques-tu rien ?

- Le sol est si loin, je ne m'en occupe plus.

- Le sol est loin, mais nos racines s'y enfoncent, elles puisent dans la terre l'énergie nécessaire à notre croissance. À nous deux, nous épuisons la terre, si bien que plus rien ne pousse à nos pieds.

- Qu'importe, puisque nous poussons, nous ?

- Considères-tu que nous avons plus de légitimité à pousser que les petits arbustes et les fleurs des champs ?

- Bien sûr que oui ! Nous sommes des chênes ! Les petits arbustes et les fleurs ne servent à rien. Les chênes sont des essences nobles qui peuvent servir à bien des choses.

- C'est vraiment ce que tu penses ?

- Oui, et je continuerai de grandir encore, jusqu'à toucher le ciel.

- Dans ce cas, je vais partir.


Et le vieil arbre, petit à petit, se laissa mourir. Branche par branche, il abandonna la vie en retenant sa sève.

Le jeune arbre ne comprenait pas cette attitude. Un si bel arbre qui se laissait mourir... Alors qu'il grandissait encore, il essaya plusieurs fois de le faire changer d'avis.


- Regarde-moi, je suis plus haut que toi maintenant. Je vois au loin des maisons que je ne voyais pas quand j'étais à ta hauteur.

- Je savais qu'il y avait un village là-bas. En voir les maisons ne m'apporte rien.

- Comment le savais-tu ?

- Quand l'herbe était encore verte à nos pieds, et que le chemin qui passe sous nos branches n'était pas si sombre, des hommes venaient souvent se promener ici.

- Les hommes te manquent ?

- Oui, comme l'herbe qui était verte à nos pieds, les arbustes qui retenaient l'eau pour mes propres racines, et les fleurs qui attiraient les abeilles.

- Qu'importe l'herbe, les fleurs, les arbustes, nous sommes là, nous, et nous pouvons encore grandir !

- Non, nous ne le pouvons pas.

- Bien sûr que si ! Le soleil infini nous réchauffe, l'eau tombe du ciel régulièrement. Pourquoi s'arrêterait-on de pousser ?

- Parce que ça ne sert à rien.


Le vieil arbre fut coupé par les hommes qui en firent de jolies planches bien droites et solides. Ses plus petites branches réchauffèrent plusieurs foyers du village voisin.

Le jeune arbre continua de croître, profitant de la lumière apportée par la coupe de son ancêtre et des ressources nouvelles qu'il trouva dans le sol.


Il grandit tant et si bien qu'il vit derrière le village, au loin, des montagnes qu'il n'avait jamais vues. Il se promit de voir ce qu'il y avait derrière les montagnes et continua de pousser vers le haut.

Il forçait chacune de ses branches à s'orienter vers le ciel ce qui les rendait toutes tordues. L'arbre était haut, certes, mais il n'était pas beau, et les branches du bas n'avaient presque pas de feuilles.


Un jour, une tempête s'abattit sur le sous-bois. Des vents d'une force incroyable s'écrasèrent sur la cime du chêne, le faisant plier comme jamais il n'avait plié. Il résista longtemps, mais finit par céder, épuisé par son combat contre les rafales toujours plus puissantes.

Il tomba de tout son long, dans un grand fracas de branches cassées. Ses racines gigantesques soulevèrent le sol sur plusieurs mètres autour de lui.

Son tronc s'était brisé et personne ne vint jamais faire usage de son bois.

Il comprit seulement l'attitude de son ancêtre qui restait stable en ne poussant pas trop haut, qui se souciait des arbustes qui renforçaient ses racines et le sol autour de lui. Il comprit que les arbres, un jour, s'arrêtent de pousser et qu'au final, il n'y a que les glands pour croire qu'une croissance infinie est possible.



 
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   Anonyme   
23/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'adore cette nouvelle ou cette réflexion plutôt! La chute est très sympathique avec ce petit jeu de mot volontaire ou non d'ailleurs sur le mot gland.

J'aime aussi cette réflexion sur cette envie d'absolu, de pouvoir aussi.

Le style est simple, sans fioritures, il se lit facilement. Bref, un texte qui emporte toute mon adhésion.

   Anonyme   
25/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
C'est un texte façon conte avec deux personnage le vieux sage et le jeune fou et leurs visions opposées de la vie.
Tout est dit dans le titre, et la narration se fait sans heurts gentiment avec des arguments plus ou moins usés.

Rien donc de très original à mon sens. Dans la forme c'est gentiment raconté, il manque un peu de poésie quand même pour que ce conte en soit vraiment un et il y a énormément de répétitions (branche chêne grandir pour ne citer qu'elles)

Par contre j'ai beaucoup apprécié la dernière phrase "il n'y a que les glands" Joli clin d'oeil qui relève le texte.

   Anonyme   
27/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Le plus : une façon agréable de (ra)conter. Cela ressemble à un conte dans la construction et dans le déroulé, avec son allégorie et sa morale. Le moins : ça ne me persuade pas, je n'ai peut-être pas adhéré à la philosophie de l'histoire.

Mais comme j'aime cette catégorie, j'ai eu du plaisir à examiner ce texte.

   ANIMAL   
29/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un conte qui, sous ses apparences de jolie histoire simpliste, recouvre plusieurs morales et exalte certains sentiments. L'esprit de sacrifice, le partage, la sagesse, l'ambition raisonnable, le souci de l'autre, la bêtise de l'entêtement... il y a pas mal à creuser.

A lire aux enfants et à leur expliciter avec soin... car le texte est à double tranchant : sans doute, d'aucuns trouveront que c'est le jeune arbre qui a raison (!) et qu'il vaut mieux vivre à fond sans se préoccuper de l'avenir. Et on ne voit pas ce qui dans le texte peut leur donner tort car après tout, le jeune arbre aussi a bien vécu.

Le texte est en tous cas fluide et plaisant et se lit avec le sourire.

   florilange   
29/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Ce court texte n'est pas mal rédigé. C'est un conte s'adressant aux enfants. Sauf la conclusion qui peut s'entendre de deux manières : "...il n'y a que les glands pour croire qu'une croissance infinie est possible."
Tout conte comportant une morale, nous devons donc comprendre que l'ambition est à proscrire ou simplement à mesurer. Voilà qui n'est pas très édifiant.

   placebo   
9/4/2010
 a aimé ce texte 
Bien
une (légère) incohérence, encore que peut être pas : tu dis à l'ombre d'un sous bois, puis après tu dis qu'il projette une ombre sur le sol.

un aspect, en plus de ceux relevés par Animal, que je n'avais pas remarqué d'abord, est le fait que le vieil arbre est ''utile'' aux hommes, il contribue à les nourrir, alors que l'autre est abandonné.

Une petite ressemblance avec le conte d'Icare, un peu gentillette, mais je ne sais pas vraiment comment l'améliorer, désolé.

''Il forçait chacune de ses branches à s'orienter vers le ciel ce qui les rendait toutes tordues.'' je ne comprends pas bien en quoi c'est nécessaire à sa croissance, c'est le tronc qui importe, non?

bonne continuation,
placebo

   Anonyme   
9/4/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bravo pour cette belle allégorie.

   Anonyme   
9/4/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Merome

Bien aimé cette petite histoire douce qui se lit tranquillement et à laquelle je me suis laissée prendre.
J'aime bien les deux personnages et leur discours, chacun d'eux se tient, c'est peut-être le seul souci de ce petit conte puisqu'il n'y a rien à reprocher ni à l'un ni à l'autre, de flagrant, en tout cas.
L'écriture est elle aussi agréable.
Merci et bonne continuation

   Mistinguette   
9/4/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J’aime beaucoup cette histoire servie par une écriture très agréable.
La personnification des deux chênes est une belle réussite, et bravo pour le jeu de mots à la fin.
Je ne sais pas si ce conte peut faire le bonheur des enfants, en tout cas pour les adultes c’est un vrai régal.
En résumé, un moment de tendresse, d’émotion et de réflexion saupoudrer d’une pointe d’humour…
Vraiment tout ce que j’aime.
Merci à l’auteur.

   ameliamo   
10/4/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une très jolie conte. Un texte écrit simple, comme une fable, mais aussi charmant.

   Anonyme   
14/4/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
J'ai trouvé le texte aisé à lire, je l'ai lu sans déplaisir: des dialogues simples et assez efficaces.

Pour ce qui est de la "morale", je suis moins convaincu.
Au "premier degré", je ne vois pas pourquoi personnellement, un chêne serait "heureux" de finir en planches de bois pour "faire plaisir aux humains", pour "servir à quelque chose". Si j'étais un arbre, je détesterais les humains je pense, ceux qui coupent sans cesse mes "frères", ceux qui préfèrent les résidences ou complexes commerciaux aux forêts... Bref je pense qu'en tant que "chêne", je ne porterais guère l'Homme dans mon coeur, entre mes cernes plutôt.

Pour le "second degré", la transposition à l'être humain, au niveau métaphysique. Je pense qu'on ne cesse jamais de "croître", d'apprendre chaque jour jusqu'à l'orée de notre mort. Il n'y a, mon sens, rien de "prétentieux" là-dedans et la soif de connaissance, la curioisité, ne sont pas pour moi un défaut.
Je ne suis pas d'accord avec le concept de "fini" dans l'évolution humaine.
"Vouloir toucher le ciel" est préférable à "Regarder les nuages", même si l'on y arrive pas, c'est plus motivant.

En résumé j'ai bien aimé l'écriture mais le côté "moralisateur" m'a laissé dubitatif.

   zorglub   
21/4/2010
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai plutôt aimé ce conte, assez simple. J'ai plutôt bien accepté l'idée du vieux chêne qui préfère se savoir utile après sa mort que de simplement finir.

Le jeune arbre m'a semblé caricatural, ce qui limite un peu pour moi la portée du récit, le limitant à un conte "pour enfants", avec une morale simple.

Au final, une lecture rapide et agréable, mais qui ne marque peut-être pas autant qu'elle aurait pu le faire.

   Faolan   
27/4/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un texte sympathique, assez convenu, qui véhicule pourtant un beau message. L'écriture est fluide et l'ensemble se lit facilement. Le tout m'a néanmoins semblé répétitif, l'impression de tourner quelque peu en rond. J'aime la chute - du texte, pas de l'arbre, même si, finalement, c'est bien fait pour lui, na, l'avait qu'à écouter le vieux !

   Margone_Muse   
30/4/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Le texte est bien écrit et on y retrouve la forme « conte ».
C’est court, comme le veut les contes en général. On ne perd pas de temps, on va (à peu près) à l’essentiel.
Pour la morale, au-delà du fait que l’arbre est imbu de lui-même (d’ailleurs, en plus de dire qu’il voit de plus en plus loin, l’auteur aurait pu écrire aussi que l’arbre disait qu’on le voyait de points de plus en plus éloignés (cad : en plus de dire, « je vois le village », dire « le village me voit »)), j’y vois pour l’Homme un truc genre : ne pas mettre toute son énergie dans une seule chose. Ne pas s’éparpiller et négliger des choses de base qui sont tout aussi importantes (l’arbre a négligé de renforcer ses racines).
La petite note d’humour (si je ne me trompe pas), avec le mot « gland » dans la dernière phrase était la bienvenue.
Une petite chose cependant : les arbres ne stoppent jamais leur croissance. Celle-ci est infime sur la fin (et même avant) mais elle est bien là :)
Oui, oui, je chipote…
M&M's

   marogne   
6/9/2010
 a aimé ce texte 
Pas
Une tempête dans un sous-bois ? Un peu comme un ouragan dans un verre d’eau, non ?

Cet exemple pour caractériser mon ressenti à la lecture de ce texte. Même si l’intention peut se comprendre (et même si l’intérêt d’une millionième version pourrait se discuter), elle est très desservie par un style qui n’arrive pas soit à vraiment être sérieux, soit à délibérément se moquer. Ce type de réflexion, que tout le monde à parfaitement compris, assimilé après avoir lu le titre et quatre lignes ne souffre pas l’à-peu-près dans la façon d’écrire, ni le fait de donner l’impression de se prendre au sérieux.

   Anonyme   
8/9/2013
La moralité, démarcation appauvrie de La Fontaine, n'est pas convaincante. D'après moi, certains êtres humains sont appelés à de grandes ambitions, de grands projets. Le suspens est bien mené, mais la sanction attendue n'est pas en relation avec les dialogues et on ne comprend pas pourquoi le vieux chêne n'a pas prévenu son cadet contre les risques de tempête (il se contente de dire que grandir ne sert à rien). Le titre est beau, quand même.

   Asrya   
24/8/2014
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Un Titre magnifique, poétique, qui accroche et donne envie.

Puis, "Il était une fois" ; une structure rare de nos jours, réservée aux plus jeunes notamment.
D'où le début d'un voyage dans l'enfance, et l'on ne s'y trompe pas. Ce n'est pas forcément ce qui déplaît.

Ce texte nous fait entrer dans un conte, bon enfant, simple, peut-être un peu trop.
La moralité me paraît manquer de consistance, manquer de l'expérience supposée d'un conteur.
En somme : un peu timide, selon moi, dans l'argumentaire du "grand arbre" qui ne joue pas le rôle qu'il devrait jouer.

L'idée est bonne, même si cela traite un sujet visité de nombreuses fois.

Si je ne devais retenir qu'une chose, ce serait le titre, le reste m'a laissé sceptique.

Au plaisir de vous lire à nouveau toutefois,

Asrya.

PS : les glands m'ont fait sourire !


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