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Fantastique/Merveilleux
MILL : Le reflet
 Publié le 03/03/10  -  13 commentaires  -  2680 caractères  -  226 lectures    Autres textes du même auteur

Un homme face à lui-même, ou une énième variation autour du thème du miroir.


Le reflet


Kafka regardait son reflet dans le miroir. Un geste bénin, si geste il y avait. Il regardait son reflet et son reflet le regardait. Avec ce même air d’ahuri, introverti mais serein. Le miroir, cloué à son mur blanc cassé, lui renvoyait l’image de sa chambre mi-obscure, autour de sa propre image. Il scrutait chaque coin, chaque flaque de pénombre, par l’intermédiaire de cette lucarne unilatérale qui le scrutait en retour. Il préférait à son monde cette vision inversée, n’y décelant pourtant qu’une faible part de magie.


Ses yeux cherchaient leur reflet, à défaut d’eux-mêmes, espérant y puiser une source claire et colorée, se dilatant à tel point qu’il croyait avoir mal. Il cherchait une vérité, un simple message, une pensée, au fond de ces pupilles noires grandes ouvertes qui le dévoraient en silence. Fatigué, il promena son regard sur le visage dans la glace, lequel l’imitait, docile, sans jamais le devancer, sans jamais le faire attendre. Lui qui croyait au rêve et à l’invisible ne s’émerveilla pas de leur coordination. Il se sentait observé, épié, déshabillé et ressentit aussitôt un léger sentiment de honte, regrettant d’imposer ce supplice à son image.


Il s’excusa à voix haute, sans réfléchir, sans penser un seul mot au préalable, sans même les visualiser dans son esprit. Lorsqu’il eut terminé, il ne se rappelait que vaguement le contenu de ses paroles.

Son image dans le miroir lui souriait. Il souriait lui aussi, évidemment. Mais il ignorait pourquoi. Il rêvassa une nouvelle fois sur les contours de la pièce, par miroir interposé, s’interrogeant sur son obscurité, plus dense et nuageuse qu’auparavant. Il ne détacha pas les yeux du miroir, curieusement effrayé à l’idée d’apercevoir, autour de lui, l’exacte réplique du reflet dans la glace.


Ses yeux se posèrent sur le sourire en face de lui, sans même le prévenir. Au même instant, il ressentit sur ses lèvres la pression d’un regard, celui de son image, son double ambigu. Tous deux souriaient, mais lui ne voulait plus sourire, ne parvenant plus à se débarrasser de cette expression malsaine qu’il ne pouvait supporter. L’idée qu’il affichait ce sourire sur les fines lèvres de sa bouche lui paraissait horrible, indécente même, mais son reflet refusait d’abandonner cette pose impassible et provocante.


Un effort surhumain l’autorisa à porter ses doigts frêles à hauteur de sa bouche, palpant ses bords repliés sur eux-mêmes, caressant ses dents humides, sous le regard amusé de son image dans le miroir.


Celle-ci éclata d’un rire brusque, mais ce fut le sien qu’il crut entendre, sans y croire...


Le reflet, l’image quitta la scène, il disparut sans comprendre.


 
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   Anonyme   
15/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte bien écrit qui à la relecture devient fascinant par ce qu'il raconte (fascinant comme hypnotique) pour mieux comprendre ce que vivait ce personnage j'ai imaginé lire en me regardant dans la glace tout comme lui... et ça marche. Je veux dire, c'est là que m'est apparue la finalité de ce texte, il est fascinant pour ça, à croire que l'auteur, himself, a écrit cela comme il aurait fait son auto-portrait.

Un instantané qui se lit et ne s'apprivoise peut-être pas à la première lecture. Un fin qui a un léger goût de fantastique mais pas sûr, tout dépend peut-être de ce qu'éprouve Kafka au cours de cet instant.

Juste un bémol ici : "geste bénin, si geste il y avait." Cette phrase n'ajoute rien, d'autant que "se regarder" dans la glace n'est pas un geste mais plutôt un acte.
Bonne continuation à l'auteur.

   florilange   
15/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Ah! le reflet qui vous regarde puis disparaît. Pourquoi pas. Mais pourquoi Kafka? Même 1 chat, dans 1 miroir, semble étonné de voir son frère jumeau en face de lui. Mais l'interrogation est intéressante même si elle n'est pas nouvelle. Où se trouve le réel...
Rien à dire sur le style, il est correct.
Le sujet ne m'a pas passionnée, heureusement, il est court.
Florilange.

   Perle-Hingaud   
15/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Un texte bien écrit, mais trop court pour qu’il puisse s’en dégager une véritable envie de ma part. Une variation autour du thème du miroir, nous annonce l’auteur. Bien. Mais encore ? J’aurais aimé une argumentation de fond si l’auteur tendait à la catégorie « réflexion », ou à un développement un peu plus ample de l’histoire pour le choix ici fait du « fantastique/merveilleux ».
Restent quelques minutes agréables.

   Anonyme   
16/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Une très bonne idée de départ. J'aime cette notion de travail autour du reflet ou non, de l'importance de celui ci ou de sa non utilité, de sa réalité ou non.

Mais ce texte souffre d'un défaut majeur: il est bien trop court! Il ya de quoi développer bien plus. D'autant que le style est bon, fluide et agréable.

je crois que l'auteur doit écrire encore, forcer son texte d'avantage.

   colibam   
19/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Un grand classique du Fantastique : l'ambivalence du miroir, le reflet qui acquiert une vie propre, le schizophrène qui se perd dans son double.

Le choix du prénom ne m'a pas emballé. Trop atypique.
« Un geste bénin, si geste il y avait. » n'est pas vraiment utile.
La fin est un peu maladroite, dans sa construction.

Pour le reste, le style et l'écriture sont correctes mais cette histoire s'avère trop banale et convenue pour que je parvienne à l'apprécier.

   Anonyme   
20/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Je me suis laissé volontiers embarquer par cette histoire : que va-t-il se passer ? L'écriture est séduisante mais le récit tourne court malheureusement. J'aurais voulu un fond plus consistant. Donc pour moi ce texte devrait être approfondi. Texte qui m'a frustré forcément.

   Anonyme   
20/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Bien écrit et bien décrit en quelques lignes.
Une certaine finesse d'analyse
Bonne réussite de mettre en avant l'étrangeté de son propre reflet. Il nous échappe et nous surprends toujours.
Se sentir épier par son propre regard.
Etre un, puis deux, cette impression de dédoublement : ce décalage entre l'expression visible et l'émotion réelle ...
La chute (la dernière phrase) me laisse perplexe ...Le reflet disparait sans comprendre ? Le reflet serait-il devenu doué de raison ? Le double qui échappe totalement à son créateur ?
Il me semble que l'idée interessante du texte aurait pu être poussée plus loin ...

   Anonyme   
3/3/2010
 a aimé ce texte 
Pas
L'auteur nous dit lui même qu'il s'agit d'une énième variation.

Donc quand on se lance dans ce genre de défi il faut être original Et là franchement je n'ai rien trouvé qui m'emballe à ce niveau.

Le texte est suffisamment court pour que je l'aie lu en entier C'est avec l'écriture agréable, fluide et même intéressante, sa seule qualité.
Donc j'espère voir l'auteur sur un sujet plus original car je pense que son talent mérite mieux que cela

Xrys

   nemson   
3/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Un peu bavard sans veritablement en sortir quelque chose, ni dans la forme ni dans le fond, ça me fait penser à une image Panini qui traine, c'est là mais tout seul ça veut rien dire. à moins que l'essentiel ne me soit pas parvenu.
Amicalement

   Anonyme   
3/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Ah, j'aime le style, qui a des relents d'écriture soviétique à mes yeux et donc, le prénom apparait fort bien choisi. (Je ne sais pas si c'est voulu, ou quoi)

Pour ce qui est du thème en soi, il manque certainement d'originalité, mais je le trouve néanmoins bien traité.

(Ceci est un compliment)

Il y a quelques passages qui m'ont chiffonée dans la forme, notamment "Tous deux souriaient, mais lui ne voulait plus sourire, ne parvenant plus à se débarrasser de cette expression malsaine qu’il ne pouvait supporter"

Je n'apprécie pas la négation incomplète à 'ne pouvait supporter', même si je comprends le choix (?) de l'auteur, qui avait déjà casé deux 'plus' précédemment, dans la même phrase. Je pense cependant que le registre ici plus soutenu qu'ailleurs, dénote.
Un compromis à la 'il était dans l'incapacité de' aurait été bienvenu (mais ce n'est que mon humble avis)

Un autre reproche que je pourrais faire est l'absence de diversité de la ponctuation. Ca manque de point virgule (et de tirets, et tout ça.)

Bref, l'auteur doit se dire que ça ne me concerne aucunement, ce genre de choix, mais en fait, si j'en viens à chipoter sur des détails, c'est que j'ai vraiment aimé, dans l'ensemble)



Bref, bonne continuation, au plaisir, et caetera.

   Anonyme   
5/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
La phrase de présentation n'est pas des plus engageantes...
Si l'auteur se représente son texte ainsi, comment peut-il espérer convaincre le lecteur? Je m'interroge quant à cette intro, comme une "justification anticipée"?
Bref.
Le texte, court, ce que j'apprécie, ne m'a pas des plus convaincu.
Une écriture plus que correct mais trop "guindée", scolaire, à mon sens, manque la "folie kafkaienne" justement.
La fin, par exemple, les "dents humides" sabordent un brin l'effet pour moi, ce n'est pas une expression très heureuse, d'autant que nos dents sont perpétuellement humides non?
Un détail certes, mais qui a son importance, pour moi.
Un texte que j'aurai aimé aimer, étant assez fan de ce bon vieux Franz, mais là je demeure dubitatif.

   Anonyme   
14/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
reflet, image, scruter, etc... Il existe probablement des synonymes.
Non, je n'ai pas réussi à entrer dans le récit (le miroir non plus d'ailleurs) ;

À propos du nom : l'œuvre de Kafka a pour finalité de rendre l'initiative à l'individu, de lui laisser le choix et la responsabilité. Ici, c'est l'image qui l'emporte. Le rapport est inversé. Une touche plus "onirique" aurait, de mon point de vue, rendue ce texte plus intéressant. C'est vraiment dommage.

Et puis, beaucoup de phrases me gênent comme par exemple :
- par l’intermédiaire de cette lucarne unilatérale qui le scrutait en retour : à ma connaissance onques ne vit une lucarne scruter qui que ce soit (en plus unilatérale).
- l’idée qu’il affichait ce sourire sur les fines lèvres de sa bouche : était-il besoin de le préciser (je parle des lèvre de sa bouche) ?

   PostBlue   
28/3/2010
J'avoue être perplexe - alors de facto je ne donnerai pas de ces si scolaires appréciations.

L'auteur avoue de lui-même une "énième variation autour du thème du miroir" ; alors ça pue déjà le réchauffé. Le pré-mâché voire le déjà digéré ! (Ceci est l'impression à fortiori, avant même la lecture du texte en lui-même)

Premier mot, et il me renvoie un monument. Kafka, rien que ça, rien que lui !? Je crains déjà que la référence soit écrasée, mal traîtée, partant évidemment du principe que c'est bien du Franz dont il est question.

L'intrigue paraît en effet cuite et recuite. La fin mal gérée (dommage, dans l'ensemble le texte ne m'avait pas déplu), mal exprimée surtout, même si l'on peut déceler une certain aisance. C'est bâclé - cela aurait pu être plus long, mais je me l'imagine encore plus court, concis. Qu'il aille droit au but.

L'idée est pourtant bonne, malgré la redite - elle n'est pas maltraitée, c'est déjà ça. Kafka a dû souffrir, mais tant pis.

Bonne continuation.

   Anonyme   
9/8/2014
Commentaire modéré


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