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Fantastique/Merveilleux
MissNeko : Le royaume de la crainte
 Publié le 13/07/16  -  9 commentaires  -  30191 caractères  -  107 lectures    Autres textes du même auteur

Il y a bien longtemps, le peuple d'un étrange royaume vivait constamment dans la crainte qu'une prophétie ne se réalise.
La magie pourra-t-elle les sauver ?


Le royaume de la crainte


Bien loin d’ici, existait un pays qui comptait, depuis cent années, six cent soixante-cinq âmes. Une naissance devait engendrer une mort, une mort une naissance. Une prophétie annonçait que le royaume entier disparaîtrait au franchissement en plus ou en moins du nombre fatidique des six cent soixante-cinq habitants. Les épouses étaient si effrayées, que certaines pouvaient étrangement devenir stériles. Au contraire, de vierges demoiselles tombaient subitement enceintes pour compenser de soudains décès. C’est ainsi que les habitants vivaient : dans la crainte, la peur que ne se réalise la prédiction.

De lourds recensements avaient lieu dans chaque ville, village, hameau. Les fonctionnaires du roi étaient chargés de compter chaque matin le nombre d’habitants dont ils avaient la responsabilité, de contrôler l’état des malades et d’inspecter le ventre des femmes. Tout était scrupuleusement noté sur des registres de secteur. Ils étaient ensuite transmis par des émissaires au ministre de la population qui siégeait au château. Aidé d’érudits secrétaires, il devait transmettre les résultats du recensement du jour avant le coucher du soleil.

Mais le jour arriva où tous les plus vieux du royaume moururent, et où il restait seulement des hommes et des femmes vigoureux, des enfants en très bas âge. La décision d’arrêter les projets de mariage fut votée en urgence : plus aucune union ne devait avoir lieu. Pour que toute descendance soit annihilée, et pour conforter les stérilités causées par la peur, le roi fit préparer des tisanes de thym, de sauge, de concentré de persil additionné à d’autres ingrédients secrets que toutes les femmes devaient consommer au moment du recensement. Parmi elles, se trouvait une orpheline qui n’avait guère plus de dix-sept ans. Elle habitait une vieille cabane délabrée que le potier du village lui prêtait. En échange, elle devait aller chercher de l’eau au puits afin qu’il puisse travailler plus facilement. Elle n’avait eu guère de chance dans sa courte vie. On lui racontait que ses parents étaient morts peu de temps après sa naissance, compensant ainsi la venue au monde des jumeaux du roi et de la reine. Jusqu’à ses douze ans, elle fut élevée par une vieille nourrice qui décéda à son tour lorsque la famille royale accueillit leur benjamin. La malheureuse vouait depuis lors une haine féroce au monarque, sa femme et ses enfants. Elle parlait peu et s’occupait des tâches ingrates que les villageois ne voulaient pas faire. Pour du pain, elle devait apporter la farine du moulin au boulanger, pour quelques fruits, elle nettoyait les auges des cochons et elle mendiait dans la rue le reste du temps. Elle n’était pas très belle à voir avec ses mains cabossées, écorchées, son jupon troué, ses chaussures crasseuses, ses cheveux longs, terreux et emmêlés. La miséreuse cachait son visage derrière deux grosses mèches sales. Chaque matin, elle se rendait au recensement signaler sa présence et prendre la tisane abortive avant de se rendre au puits pour commencer ses allers-retours qui dureraient plusieurs heures. La maison du potier se trouvait à l’orée de la forêt. Il était plus simple pour elle d’aller puiser l’eau à la source qui se trouvait en contrebas du chemin qui menait au château plutôt que de se rendre à la fontaine du village. Mais le potier n’ayant ni carriole ni âne, elle devait tout faire à pied.

Un jour, elle était si fatiguée, qu’elle s’arrêta près du puits et s’endormit. Elle fut réveillée par des chuchotements. La mendiante pensa dans un premier temps qu’elle avait dû rêver. Mais les chuchotements s’intensifiaient : ils ressemblaient à des prières. Fébrile, elle avança vers ces bruits étranges : ils provenaient du puits. À mesure qu’elle approchait, la voix devenait lancinante, perçante. Elle se pencha nerveusement, s’agrippant aux pierres. De l’eau, rien que de l’eau mais les prières venaient bien du fond du puits. La malheureuse écoutait attentivement les litanies quand elle réussit enfin à comprendre :


– Viens. Aide-moi ! répétait la voix sans relâche.

– Qui êtes-vous ? répliqua-t-elle effrayée.


Mais rien de plus ne sortit du puits ce jour-là.

La miséreuse partit en courant, oubliant de remplir les seaux. Les arbres de la forêt défilaient à vive allure. Elle trébucha à plusieurs reprises et déchira davantage son jupon déjà tant abîmé. Haletante et blême, elle se dirigea vers la maison du fils du défunt sage du village. Malgré son jeune âge, il avait hérité de son père sa soif de connaissances et sa sagesse. Il passait ses journées et ses nuits à lire et traduire des textes en langues anciennes.

Lorsqu’elle pénétra sa demeure, il était assis à son bureau, une loupe à la main s’abîmant les yeux sur d’étranges gravures. La mendiante n’avait jamais appris à lire. Comment l’aurait-elle pu ? Mais elle était fascinée par cet univers mystérieux et odorant. Elle aimait venir regarder les livres, les touchers et sentir ce papier vieilli par le temps. La bibliothèque du jeune érudit avait ces saveurs nostalgiques d’un autrefois énigmatique et savant qui lui semblait pourtant familier.


– Tiens, tu es déjà là ? Tu viens beaucoup plus tard d’habitude ? dit-il en souriant.


Elle s’approcha de lui, tremblante, ne sachant comment formuler ce qu’elle venait de vivre.


– Eh bien, que t’arrive-t-il Hermine ? Tu as l’air d’avoir vu un démon ! plaisanta-t-il.


La mendiante était ainsi surnommée car malgré sa condition des plus indigentes, elle partageait ses maigres repas avec les hermines qui vivaient sur la colline voisine. Elle les chérissait comme des enfants.


– Non, je ne l’ai pas vu mais entendu, parvint-elle à dire dans un soupir mêlant soulagement et inquiétude.


Après une profonde inspiration, elle raconta ce qu’elle venait de vivre au puits. Était-elle folle ? Cela pouvait-il arriver ? Était-ce le fruit de son imagination ou la cause d’une trop grande fatigue ?

Le jeune homme gratta son crâne pour l’aider à réfléchir.


– Si les chuchotements proviennent du puits, ce n’est pas un hasard, dit-il en fouillant dans la bibliothèque.


Après quelques courtes minutes de silence, il trouva l’ouvrage qu’il cherchait et retourna s’asseoir.

L’érudit commença à lire à voix haute :


– Depuis la nuit des temps, les puits sont considérés comme des voies d’accès au monde souterrain, aux flots des profondeurs qui abritent des forces mystérieuses. Ils sont sacrés car ils relient les trois ordres cosmiques que sont le ciel, la terre et l’enfer. Ils raccordent les trois éléments : l’eau, l’air, la terre. Le puits symbolise le secret, la dissimulation de la vérité. Il est le lieu d’accès à des mondes inconnus non atteignables dans la vie quotidienne. Le puits est la porte pour approcher la connaissance du monde, le passage entre le matériel et le spirituel, la réalité et le rêve, le divin et l’humain. La vérité est au fond du puits.


Hermine brisa le silence qui commençait à s’installer :


– Tout cela n’est que croyance de bonnes femmes. Ça fait bien longtemps que rien de magique ne s’est produit dans notre monde. On racontait aussi qu’il y avait des naïades au fond des puits, des licornes dans les bois, des chimères sur les collines. À moins que ces dernières ne se soient transformées en hermines, je n’en ai vu aucune trace. Le cliquetis de l’eau et le vent s’engouffrant dans le puits m’auront trompée. Il est tard. J’ai encore du travail.


Elle partit brusquement le laissant interdit, le livre à la main.

Même si le trajet était plus long, Hermine préféra puiser l’eau à la fontaine du village. Elle continua de la sorte plusieurs jours de suite. Mais la fatigue eut raison de ses peurs. Elle retourna au puits, jeta un seau et fit de même avec le second. Rien ne se passait. Rassurée, Hermine allait partir lorsqu’elle entendit à nouveau des chuchotements. Elle laissa choir les baquets qui se renversèrent sur l’herbe. Frissonnante, elle s’approcha du rebord attrapant dans chaque main l’arche métallique et plongea son regard vers le fond. L’orpheline observa son lointain reflet sur les eaux stagnantes. Mais la surface se mit à frémir, à bouillonner. Son image se troubla et disparut. Elle vit le château apparaître puis le roi lui-même. La scène prit vie devant ses yeux écarquillés : le monarque se transforma en noir démon cornu dévorant d’innocentes victimes. Puis le visage d’une belle jeune femme apparut.


– Viens, suis mes chuchotements, ils te sauveront, dit-elle.


Les images s’estompèrent et disparurent, laissant à nouveau place à son visage interloqué.

Hermine se laissa glisser et s’assit dos contre le puits. Elle sentait le lierre tendre lui chatouiller les épaules, la pierre humide mouiller ses vêtements. Devant elle, s’étendait une vaste prairie tachée de pâquerettes blanches et roses. Le soleil du printemps réchauffait ses pieds engourdis par la fraîcheur de l’herbe verte. Hermine s’accrocha à ces sensations pour ne pas sombrer dans une profonde frayeur. Elle prit une grande inspiration et se releva lentement.

Elle se pencha encore. Le visage de la naïade réapparut.


– Le roi m’a condamnée à vivre en recluse car j’ai découvert la vérité sur son royaume. Il y a bien six cent soixante-six habitants et non six cent soixante-cinq comme il le prétend. La six cent soixante-sixième âme n’est autre que le véritable monarque qui est maintenu depuis cent ans dans un sommeil maléfique. Par sa naissance, il libéra le démon qui sommeillait depuis longtemps et au jour de son couronnement, le démon pris sa place sans que personne ne s’en aperçoive. Le diable gouverne donc le royaume régulant les morts, les naissances, les maladies et il accroît ses pouvoirs et son emprise de jour en jour. Toi seule peux rétablir l’ordre véritable.


Hermine se sentit brusquement happée par une douce sensation enveloppante. Cette chaleur la souleva du sol et la précipita au fond du puits. Lorsqu’elle sentit l’eau la submerger, l’orpheline perdit connaissance.

Son corps inerte coula mollement, le visage tourné vers le ciel. Ses cheveux ondulaient au grès des flots, ses bras et ses jambes semblaient vouloir rejoindre la terre dans un dernier effort. Elle coula pendant des heures, des jours peut-être. Elle atteignit un pays où le temps n’existait plus. Qu’importait les secondes, les minutes lorsque ne subsistait plus que le néant.

Lorsque Hermine ouvrit les yeux, elle était allongée sur un rivage de sable noir aux reflets argentés. Un océan de mercure venait lécher cette sombre plage. Un camaïeu de mauve et de violet emplissait les cieux qui, à perte de vue, rejoignaient les flots métalliques dans un horizon infini et inatteignable. Une lune moirée trônait au-dessus des ondes. Elle était si proche du rivage qu’on aurait presque pu la toucher.


– Quel pays étrange et fascinant ! pensa la jeune femme.


Hermine s’assit et prit le sable entre ses doigts. Il était d’une telle finesse qu’il échappait toujours à celui qui voulait le posséder ne serait-ce qu’un instant. De minuscules coquillages d’acier parsemaient le sol. Il en sortait des mollusques transparents, phosphorescents légèrement nacrés et lumineux. Elle commença à marcher sur le rivage qui s’étendait vers l’infini. D’un côté l’océan de métal et de l’autre une brume rose poudrée qui empêchait de voir plus loin.

Soudain, des ondes vif-argent, sortit la naïade du puits. Elle avait un corps de sirène, des cheveux gris acier, une peau diaphane et un regard d’une profondeur irréelle.


– Tu es dans le monde des noyés, là où plus rien ne respire, là où les clepsydres se brisent tel du cristal. Le roi démoniaque me jeta dans le puits lors du couronnement du roi légitime. Mais au lieu de mourir comme il l’aurait souhaité, ce royaume m’accueillit et m’offrit la possibilité de devenir naïade. Enfin je t’ai retrouvée belle enfant ! Ne me pose aucune question, suis mes chuchotements que toi seule pourra entendre. Une longue et difficile quête t’attend. Dans tout ce sable sombre, se cache la clef aigue-marine. C’est un travail de Titan mais tu dois la trouver. La persévérance sera ta récompense. Elle ouvre la porte d’un souterrain dissimulé à l’orée de la forêt Impénétrable. Je serai là pour te guider à nouveau.


La naïade plongea dans les eaux de mercure et disparut dans les profondeurs opaques.

Hermine dépitée par tant de sable à fouiller ne savait pas par où commencer. Accroupie, elle retournait le sable à mains nues en vain. Y passa-t-elle une heure, un jour, une semaine ? Comment pouvait-elle le savoir. Le temps suspendait son envol, la lune ne disparaissait jamais, le ciel était toujours mauve violacé. À part les coquillages, elle ne rencontra aucun être vivant. Mais quelque chose attira son attention. Elle scruta l’épaisse brume de poudre rosée et aperçut un petit être blanc courir. La mendiante n’en croyait pas ses yeux : une de ses hermines galopait vers elle et se jeta dans ses bras.

Et à son plus grand étonnement, l’hermine parla :


– J’ai moi aussi était ensorcelée. Je suis venue dans le monde des noyés pour t’apporter mon aide. Mon odorat est infaillible et je saurai trouver la clef.


Aussitôt, l’hermine se mit frénétiquement en quête de l’aigue-marine. Elle trouva l’endroit rapidement. La mendiante creusa de toutes ses forces. Elle déblaya beaucoup de sable jusqu’à former un monticule, en vain.


– Il faut creuser davantage, mais tes petites mains ne sont pas suffisantes. Ne t’ai-je pas dit que j’avais moi aussi subi un maléfice ? Il est temps que la naïade m’aide enfin à redevenir l’être que je suis vraiment.


Des flots de mercure surgit un bouillonnement. L’hermine fut enserrée par une brume argentée qui la souleva haut dans le ciel. Lorsqu’elle revint sur le sable, l’hermine avait laissé place à un magnifique cheval ailé d’un blanc immaculé à la crinière ivoire. Ses yeux bleus resplendissaient tels deux fanaux turquoise. Le bel animal s’avança fougueusement et mit ses naseaux dans les mains de la jeune femme.


– Laisse-moi t’aider, belle damoiselle au cœur pur.


Sans rien ajouter, l’impétueux animal gratta le sable noir de ses sabots luisants et découvrit la clef aigue-marine. Il la prit dans sa bouche et l’offrit à Hermine. Il s’agenouilla et l’invita à le chevaucher.


– Je t’emmène par-delà les brumes, accroche toi à mes crins.


Il l’enleva de ses puissantes ailes de plumes et ils traversèrent l’écran brumeux sans toucher terre.

Leur voyage dura une seconde, une heure, un jour, Hermine ne saurait le dire. Mais lorsque les nuages disparurent enfin, le soleil du printemps éblouit cet improbable couple. Bientôt, elle reconnut le puits et la prairie tachetée de pâquerettes. Le cheval posa les sabots au sol et invita Hermine à faire de même.


– Continue ton chemin vers la forêt impénétrable. Je dois partir sauver les miens. Nous nous reverrons bientôt belle mendiante.


À ces mots, l’imposant étalon galopa dans les airs plus fougueux que jamais et se cabra en signe d’au revoir.

Munie de la clef, Hermine se mit en route en direction de la forêt Impénétrable. On la nommait ainsi tant les arbres, les fourrés, les ronces et les lierres s’enchevêtraient. Elle marcha de longues heures avant de parvenir à l’orée de ces bois si denses. Par où commencer ? Où pouvait bien se trouver cette porte secrète ? Un monstre, une force démoniaque vivait-il en ces lieux ?

Un petit animal grimpa le long de sa jambe : c’était une autre de ses belles hermines de la colline.


– Je suis toute menue et souple comme une liane. Laisse-moi chercher à ta place. Je pousserai un cri strident quand je l’aurai trouvée.


La petite hermine aux reflets d’or se faufila dans l’épaisse futaie. La mendiante entendait les bruissements des feuilles et le craquement des brindilles sèches sous les petites pattes de l’animal.

De petits cris stridents retentirent au loin, Hermine s’y précipita. Mais comment y accéder ? La forêt était bien trop épaisse pour qu’elle puisse y mettre ne serait-ce qu’un pied. C’est alors que l’hermine sortit des ronces. Elle se planta devant la miséreuse et lui dit :


– Effleure ma tête avec la clef aigue-marine, tu m’aideras ainsi à retrouver ma véritable identité.


Hermine obéit sur le champ. Il s’était passé tant de choses irréelles qu’elle ne se posait plus aucune question.

La clef se mit à briller, à vibrer et de vertes étincelles jaillirent en fontaine de la tête de l’hermine. Un immense dragon surgit des scintillements. Il était majestueux et possédaient des milliers d’écailles vert céladon. Ses yeux d’or fixèrent la jeune femme apeurée.


– N’aie pas peur. Je suis là pour t’aider à rétablir l’ordre légitime. Un jour tu te souviendras.


Il prit une grande inspiration et souffla en direction de la forêt. En un instant, des flammes surgirent de ses narines qui réduisirent en cendres la futaie qui bloquait l’accès à la porte secrète. Elle était en argent sculpté : on pouvait y voir des licornes, des chevaux ailés, des dragons. Tout autour, une voûte ornait l’entrée. Des écritures y étaient inscrites. Le dragon prit la parole et lut :


– « Celui qui osera pénétrer dans la tanière de la veuve noire mourra dans d’atroces souffrances. »

– Ce n’est pas très encourageant. Je ne suis ni guerrière, ni magicienne. Je crois que vous vous méprenez tous sur mon compte. Je ne suis qu’une orpheline et de toute façon je ne comprends pas ce que je fais là, déclara-t-elle.


La forêt se mit à frémir, les oiseaux s’envolèrent, le vent se leva. Les chuchotements de la naïade traversèrent les airs :


– Hermine, fais-moi confiance et écoute les animaux. Nous avons tous besoin de toi.


Ces mots résonnèrent dans l’esprit de la mendiante. Elle se résigna à suivre le dragon.

Elle plaça la clef dans la serrure, la tourna et poussa ensuite la porte qui grinça. De la poussière, de la terre, des vieilles toiles d’araignée tombèrent.

Le dragon et Hermine pénétrèrent dans un tunnel sombre d’où émanait une odeur âpre et fétide. Prise d’une violente nausée, la mendiante se couvrit immédiatement le nez du revers du bras. Le sol et les parois étaient très humides. De l’eau suintait en goutte à goutte de la roche noire et friable, formant un petit ru qui, de-ci de-là, s’engouffrait dans la glaise sur laquelle ils marchaient. Des flaques de boue qui jonchaient la grotte, sortaient des crapauds albinos. Affolés par la venue des visiteurs, ils sautaient dans tous les sens, se cognaient entre eux ou sur les murs de pierre. Hermine et le dragon avançaient tant bien que mal, entourés par cet étrange ballet de batraciens. Soudain, un léger courant d’air vint leur taquiner le visage et les écailles. Une lueur apparut au loin puis se rapprocha à mesure de leurs pas. Bientôt, ils surplombèrent une immense salle éclairée par un puits de lumière qui puisait sa source au centre de la voûte. D’innombrables branches de lierre essayaient de s’y frayer un chemin. Chancelante, Hermine recula subitement lorsque, balayant du regard l’immensité qui s’offrait à elle, elle réalisa qu’une gigantesque toile d’araignée tapissait les airs de la salle. Au centre de celle-ci, une énorme masse noire immobile semblait veiller. Deux rubis rouges s’allumèrent dans la pénombre. La voix de la naïade du puits retentit dans l’esprit d’Hermine :


– Tue la reine de l’ombre et en son cœur le feu tu trouveras.


Hermine emplit son cœur de courage, se baissa et attrapa à pleine main un fil de soie épais comme une liane. Elle le fit vibrer le plus fort possible afin d’attirer à eux la veuve noire aux yeux rougeoyants. L’araignée se rua sur eux en gesticulant de toutes ses huit puissantes pattes velues. La toile semblait ployer sous son poids.


– Tiens-toi prêt dragon ! Prends une grande inspiration et souffle tes flammes dès qu’elle approchera.


Hermine avait pris de l’assurance. Elle s’étonna elle-même de tant d’audace. Elle attrapa une épaisse branche de lierre, l’arracha et forma un lasso. La veuve sombre était sur le point de les rejoindre : on devinait la colère dans ses yeux. Elle poussait des râles effrayants et lorsqu’elle arriva à quelques mètres d’eux, le dragon céladon expira une longue flamme qui atteignit l’araignée en pleine tête. Elle hurla, siffla et se jeta sur eux dans un dernier élan. Hermine et le dragon eurent juste le temps de se pousser. L’Arachné se cabra de douleurs et à l’instant où elle allait tomber dans le vide, Hermine l’attrapa par une patte, d’un geste assuré et précis. Elle la traîna au sol jusqu’à ce que la poussière étouffe les flammes. L’araignée venait de succomber. Encore fumant, son corps se désagrégea. Ses yeux rubiconds se brisèrent et de la carcasse, un corps de femme nue apparut, recroquevillé et sans vie. Stupéfaite, la mendiante reconnue la reine. Elle tenait contre elle une dague à la lame d’opale de feu d’une splendide couleur orange. Les mots de la fée du puits lui revinrent en mémoire. Aussitôt, elle la saisit et la rangea dans son vêtement. Le corps de la souveraine, portant si jeune, si beau, commençait à vieillir, à se friper. Bientôt, une laide sorcière à la peau grise jonchait le sol.

La voix de la naïade se fit à nouveau entendre :


– Brûle le cœur du démon et embrasse le bien.


Le dragon s’inclina et invita Hermine à grimper sur son dos. Ils s’envolèrent et quittèrent cet endroit lugubre par le puits de lumière. Elle vit défiler la forêt impénétrable, des lacs, des étangs et des prairies. Hermine s’accrochait aux écailles saillantes qui se situaient sur l’encolure du merveilleux reptile. Le vent s’engouffrait dans ses cheveux et ses yeux pleuraient tant il était rapide. Enfin, elle reconnut la colline aux Hermines, lieu si cher à son cœur. Le dragon posa ses énormes pattes aux griffes acérées sur une étendue de verdure.


– Va, belle enfant ! Accomplis ton destin. Je pars retrouver les miens.


Il cala un court instant le bout de son museau contre le cou d’Hermine, puis s’envola fièrement dans le ciel turquoise. Elle le regarda s’éloigner jusqu’à ce qu’il ne fût plus qu’un minuscule moineau. Plusieurs hermines vinrent à sa rencontre. Et comme tout devenait extraordinaire en ce monde, l’une d’elles prit la parole :


– Tu as trouvé la clef et vaincu l’araignée aux yeux de rubis. Nous allons t’aider à continuer ta quête. Bois l’eau de la rivière des hermines, celle qui coule un peu plus bas. Pour tuer le démon et embrasser le bien, tu ne peux demeurer humaine.


Escortée par les mustélidés, elle se dirigea vers le ru. Elle s’accroupit et but plusieurs gorgées d’eau. Elle avait le goût de la terre et des fleurs des champs, des prairies printanières et de l’astre solaire, du bonheur retrouvé et de la chaleur d’antan. Prise d’étourdissement, la mendiante s’allongea ivre et apaisée. Son corps se convulsa, se raidit et commença à rapetisser. En quelques secondes la miséreuse était devenue une hermine à la livrée blanche et au museau rosé.


– Pour pénétrer dans le château, ce sera plus commode ! déclara l’hermine.

– Suis-nous ! ajouta une autre.


Hermine partit à vive allure vers le palais. Comme il était étrange de voir défiler le sol d’aussi près ! Son corps était si leste et habile qu’il semblait ne jamais effleurer la terre. Grisée par la vitesse, Hermine sautait par-dessus les petits rochers et glissait sur l’herbe humide grâce à ses courtes pattes agiles. Bientôt, elles arrivèrent sur la route principale menant au château. Elle était raide et sinueuse, entourée de sapins et de chênes séculaires. Elles attendirent la tombée de la nuit pour se couler dans les interstices de la muraille. La mendiante suivait scrupuleusement ses congénères. Lorsque les hermines parvinrent à pénétrer le château, il faisait nuit noire. La lune, discrète, leur était propice. Les couloirs étaient silencieux et peu éclairés. On devinait des tapisseries rouge bordeaux et des tentures de velours sombres.


– Le cabinet du roi démon se trouve derrière cette porte, intervint une hermine en montrant de son nez une entrée majestueuse de bois sculpté.


La mendiante resta bouche bée devant les magnifiques effigies qui ornaient la porte. Des visages fiers et royaux y étaient ciselés. Mais ce qui l’interpella, c’était une hermine lovée dans les bras d’une belle et majestueuse damoiselle couronnée.


– Cache-toi dans l’ombre du couloir. Le roi démon boit chaque soir un verre d’absinthe que son valet lui apporte. Tu profiteras de sa venue pour entrer. Tu n’auras plus que quelques secondes avant de devenir à nouveau humaine. Il te faudra alors le tuer sur le champ, ajouta le petit animal avant de déguerpir.


L’orpheline attendit quelques minutes tapie dans l’obscurité. Soudain, des pas feutrés se firent entendre. Le valet approchait, un verre dans une main, un bougeoir dans l’autre. La porte s’ouvrit. Elle se faufila, rapide comme le vent, courut se dissimuler derrière de lourds rideaux de damassé pourpre. Elle commençait à sentir ses pattes s’engourdir et son souffle s’accélérer. Au moment où le valet quitta la pièce, elle était à nouveau une jeune femme. Le roi démon buvait la verte liqueur assis à son secrétaire aux mille tiroirs de marqueterie. Il portait des cornes noires et striées, ses mains étaient velues, ses doigts crochus et sales. La pièce empestait la sueur comme si un fauve y vivait. Tel était son vrai visage : un monstre. Un monstre menteur, manipulateur qui trompait le peuple depuis cent longues années. Un démon qui gouvernait en se travestissant, en entretenant la peur dans le cœur du peuple et en enfermant le roi légitime.


– Il est temps que tu disparaisses de notre monde, seigneur démoniaque, hurla Hermine en quittant sa cachette le poignard dressé en sa direction.


C’est alors qu’une nuée d’hermines enfoncèrent la porte et plaquèrent le roi démon au sol. L’une d’entre elles se transforma en blanche licorne et menaça la gorge du démon de sa longue corne d’ivoire. Surpris et désarmé, il ne pouvait plus remuer.


– Vous ne pourrez jamais me tuer ! Je suis bien trop puissant, vociféra-t-il.


Il commença à psalmodier des mots dans une langue inconnue quand il s’arrêta net : il venait de comprendre que l’arme d’Hermine était faite d’opale de feu. La terreur apparut dans ses yeux au moment où Hermine enfonça la lame dans son cœur jusqu’à la garde. Un râle maléfique surgit de sa bouche animale. Il mourut après de violents spasmes et se consuma comme de la paille. De ses cendres, il ne resta qu’une opale noire de la taille d’une noix. Elle s’en saisit et la rangea dans son corsage abîmé.

La fée du puits apparut.


– Tu as brisé le maléfice belle Hermine. J’ai pu enfin sortir du puits grâce à toi. Je suis la nymphe des contes et des légendes. Je vais pouvoir rétablir la féerie dans le royaume et libérer enfin les dragons, les licornes et les chevaux ailés, les chimères, l’imagination et les rêves. Suis ton intuition et accomplis ton destin, Hermine, dit-elle fièrement.


La jeune femme partit en courant dans les dédales des couloirs du château comme guidée par des souvenirs enfouis. Elle prit des escaliers en marbre blanc veiné de rouge. Elle en avala les marches à perdre haleine. Enfin, elle s’arrêta devant une petite porte bloquée par du lierre grimpant. Elle posa ses mains sur les branches et le feuillage. Le lierre dégagea son emprise de la porte, laissant le passage libre. L’orpheline entra sans plus attendre. Une petite chambre éclairée par une meurtrière s’ouvrait à elle. En son milieu, un lit de gypse laiteux trônait telle une pierre tombale. Le roi légitime y reposait depuis cent ans. Elle s’approcha lentement et s’assit près de lui. Elle caressa son visage sans vie. Dieu qu’il était beau ! Elle en tomba éperdument amoureuse dans l’instant et ne put résister à l’envie de déposer un baiser sur ses douces lèvres pâles. Quand leurs bouches se scellèrent, le vent entra dans la pièce et saisit leurs deux corps en un tourbillon. Le roi se réveilla et reconnut son épouse. Quant à la mendiante, elle se souvint qu’elle avait été sa reine l’espace des quelques heures qu’ils partagèrent le jour de leurs noces et de leur couronnement. Un flot de souvenirs lui revint et elle comprit qu’elle fut elle aussi victime des maléfices du roi démoniaque. Il l’avait condamnée à prendre la place du nourrisson le plus pauvre et malchanceux du pays afin de grandir dans l’indigence la plus terrible. Elle était la nymphe de la forêt, protectrice des animaux, des arbres et des fleurs. Mais ils avaient été promis depuis si longtemps, que leur amour sincère perdura malgré les sortilèges que le démon exerça sur eux.

La nymphe des contes apparut et leur restitua leurs alliances qu’elle avait précautionneusement gardées éloignées du monarque diabolique.


– Par ces alliances, je renouvelle vos vœux et j’annonce enfin le retour du royaume des contes et des légendes pour les siècles à venir. Vous symbolisez l’union des Hommes avec l’imaginaire, des mortels avec les nymphes et les chimères.


Les anneaux devinrent lumineux et volèrent jusqu’à leur doigt. Lorsqu’ils encerclèrent leur annulaire, la lumière pénétra le château et illumina le cœur du peuple du royaume.

Lorsque les époux sortirent, ils virent que sur la place du château leurs sujets étaient présents et hurlaient de joie leurs noms « vive le bon roi et la Dame à l’hermine ! Longue vie à eux ! »

Des dragons emplirent le ciel, des licornes accoururent et des chevaux ailés formaient une haie d’honneur. La nymphe des contes chevauchait l’un d’entre eux. Les hermines galopèrent en direction de la reine, leur bienfaitrice mère. Le roi, la reine et les habitants du royaume eurent beaucoup d’enfants et vécurent tous plus de cent ans. Les deux jeunes gens s’aimèrent d’un amour si sincère et profond, qu’il perdura même après leur mort. Les hermines quittèrent la colline pour vivre au palais. L’opale noire fut placée dans un coffre dont on brisa la clef. On le jeta au fond du puits. Le peuple des noyés l’enfouit sous le sable où il demeura à jamais.


Si vous pensez que ce n’est qu’un conte pour divertir les enfants, détrompez-vous. On trouve encore le portrait de la nymphe de la forêt intitulé « La dame à l’hermine » dont voici la véritable histoire.


 
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   Anonyme   
16/6/2016
 a aimé ce texte 
Bien
six cent soixante-cinq âmes.
(...)
De lourds recensements avaient lieu dans chaque ville, village, hameau. Les fonctionnaires du roi étaient chargés de compter chaque matin
Pour moi, six cent soixante-cinq personnes, c'est un village, pas plus. Je ne peux pas imaginer un pays avec roi, fonctionnaires, villes, villages et hameaux qui se réduirait à six cent soixante-cinq personnes... C'est bête, mais cela coince pour moi.
Je ne comprends pas pourquoi le diable ne voudrait pas régner sur un pays peuplé de plus de sux cent soixante-cinq personnes, mais admettons.

Sinon, j'ai aimé cette histoire, je la trouve très colorée et sympathique. Un conte véridique comme j'aime !

   Robot   
10/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un conte agréable à lire. L'histoire est bien menée, à l'ancienne comme chez Mme de Beaumont. C'est cet aspect qui me plaît le plus.
Une histoire pour ceux qui garde un esprit de l'enfance. Tant qu'à faire dans le merveilleux il est bon d'accepter l'invraisemblable.

La toute dernière phrase, je l'aurais plutôt vu en introduction. Placée à la fin, elle brise le plaisir de la lecture en rompant le charme et en nous ramenant trop vite à la réalité.

   JulieM   
13/7/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Je pense avoir la nécessaire imagination enfantine pour pénétrer le monde merveilleux des contes.
Mais ce texte m'a paru laborieux et ma lecture aussi. Je me suis arrêtée trop souvent aux écueils habituels des longs récits: nombreuses répétitions, formulations alourdies par des subordonnées inutiles, contradictions évidentes et fautes de sens (comment la jeune Hermine peut-elle être et mendiante et laborieuse; si tous les vieux meurent d'un coup n'y aurait-il pas déséquilibre, pas trop compris si un mort = une naissance et inversement; des chuchotements ne sont pas des bruits mais des sons; une veuve noire poilue ?, choisir cette espèce totalement glabre, est étonnant, il eut mieux valu ne pas citer de nom et en inventer), des expressions malheureuses (inspecter le ventre des femmes, tombaient enceintes etc).
Le monde merveilleux est avant tout onirique mais doit être très soigneusement écrit et décrit pour que le lecteur pénètre cet endroit inconnu, foisonnant et fabuleux.
Une jolie histoire qui - selon mon goût - a tout pour plaire mais mériterait une profonde réécriture.
Il ne faut pas lâcher le morceau et remettre sur le métier.
Pardon pour cet avis plutôt négatif.

   Anonyme   
13/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour MissNeko.

Alors moi, je vais être très paradoxale dans mon intervention, car la note élevé peut paraître exagérée, compte tenu de ce que je vais dire, mais je vais essayé d'être le plus explicite possible.

Si je dis ça, c'est un aveu que je vais vous faire, mais j'ai décroché au trois-quarts de ma lecture, car j'ai tout simplement du mal à lire des contes.
Si c'est cela, j'aurai pu en effet passer mon chemin, et ainsi ne pas avoir à commenter quelque chose qui n'est pas de mon registre. Seulement voilà, j'ai été touché par votre écriture, et la manière dont vous racontez superbement votre histoire.
Il est donc là le paradoxe, je noterai la qualité d'écriture, et je suis persuadé que vous ferez des heureux, qui appréciant les contes, seront comblés par votre plume.
Et si vous deviez écrire autre chose ( mais les contes vous vont tellement à ravir ), je serai heureux de voir le résultat.

   Alcirion   
13/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Missneko,

J'avais bien aimé l'histoire précédente, celle-ci est encore mieux je trouve, le scénario étant ma foi très bien conçu.

Je pense, mais je me trompe peut-être, qu'écrire de cette façon, à la Grimm, a quelque chose de jubilatoire pour vous, en tout cas c'est agréable pour le lecteur. Vous renouvelez le genre avec de bonnes idées en quelque sorte.

La preuve que ça marche, c'est que vous m'avez gardé jusqu'au bout ( Je suis très fan de fantastique, mais plus Dark, avec des princesses malades incurables et des nécromanciens serial-killers), merci pour ce dépaysement !

   placebo   
14/7/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Même ressenti que socque sur la petitesse du royaume, je suppose pour atteindre le 666, signe du diable :)

Une lecture plaisante, je retrouve certaines atmosphères de conte ou le héros est dépassé par les événements, où tout s'enchaine. Quelques bons retournements, une fin heureuse, du féérique.

Le début est un peu tiré par les cheveux à propos de l'équilibre naissance/mort, mais ça passe quand même :)

Bonne continuation,
placebo

   meryem05   
14/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
j'ai aimé beaucoup l'histoire surtout vers la fin quand Hermine a découvert qu'elle était en vérité une nymphe.
votre style et vos idées me rappellent un peu les frères Grimm!
bien joué!

   MissNeko   
14/7/2016

   hersen   
19/7/2016
 a aimé ce texte 
Bien
tout d'abord, car j'ai peur d'oublier, la dernière phrase m'aurait paru plus pertinente au début.

Je ne suis en général pas trop fan des contes mais le vôtre m'amène à la réflexion suivante : je suis sûre que vous écririez à merveille des contes des temps modernes. Il me semble que votre écriture s'y prêterait bien.

je parle sans savoir, peut-être l'avez-vous déjà fait ?

Dans un sens, je m'y retrouverais mieux et cela pourrait apporter une réflexion beaucoup plus dense car le problème des contes est qu'en général, ils ne remettent pas grand-chose en question.

Je comprends que tout tourne autour d'une certaine ambiance qui bien sûr, si on l'apprécie, est très bien rendue dans votre nouvelle.

A vous relire, de toute façon.

hersen


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