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Humour/Détente
Neojamin : Ça peut même vous sauver la vie [concours]
 Publié le 17/01/15  -  17 commentaires  -  6972 caractères  -  133 lectures    Autres textes du même auteur

Et si tu devais choisir un objet entre mille, ce serait quoi ?


Ça peut même vous sauver la vie [concours]


Ce texte est une participation au concours n°18 : Le soutien-gorge de Mlle Lili (informations sur ce concours).




– Un soutien-gorge.

– Un soutif ? Tu déconnes là…

– Non, de tous les objets qui existent sur cette terre, j'affirme que le soutien-gorge est le plus… transcendant !

– Transcendant ?

– Oui, regarde, un soutien-gorge sert à maintenir la poitrine mais ça peut aussi être l'une des plus belles choses à contempler. Tout dépend de qui le porte. Ça peut être aussi un bout de chiffon pathétique qui gît sur le carrelage d'une salle de bain. Un objet de torture pour une adolescente aux formes précoces. Un calvaire pour un jeune homme maladroit, une fierté, une énigme, une douleur, un soulagement… Un soutien-gorge peut provoquer des centaines d'émotions aussi diverses que contradictoires…

– Oui mais…

– Et on ne peut pas en dire autant de tous les objets. Est-ce qu'une trousse par exemple peut s'y mesurer ? Il peut y avoir l'adrénaline causée par l'antisèche dissimulée sous la couture, la douleur d'un petit garçon qui se la prend sur le crâne… mais c'est tout. Même la culotte ne peut provoquer un dixième des sentiments déclenchés par le soutien-gorge.

– D'accord, mais au niveau utilité…

– Un soutien-gorge peut te sauver la vie ! Si, si, je te le jure. Ça m'est arrivé. Pour dire vrai, ce n'était pas le premier venu des soutiens-gorge. Il appartenait à Mlle Lili et comme tout ce qui appartenait à Mlle Lili, il était spécial.


À l'époque, j'étais un jeune homme fier, musclé et je faisais des ravages dans tous les bars du coin. J'étais imbattable au bras de fer. Je tenais l'alcool mieux que n'importe qui. Les gonzesses ne me lâchaient pas du regard. Un sourire et elles rappliquaient aussitôt. J'étais Le crac du troisième régiment des Paras de Toulouse.

Et puis la guerre est arrivée.

C'était une guerre que nous connaissions bien. Elle avait démarré quelques mois plus tôt et ravageait des pays aux noms imprononçables. Nous y allions en mission, de quatre ou six mois, et nous revenions, la prime en poche et bien contents d'avoir servi la nation. Rares étaient ceux qui y restaient. C'était une sale guerre, mais une guerre lointaine… jusqu'au jour où la Corse fut envahie.

Trois heures ont suffi.

La guerre, chez soi, ce n'est pas pareil. Les explosions, les balles, les cris, les combats, les chars et les nuits blanches à attendre l'ennemi sont les mêmes. La différence est ailleurs, dans une sorte de panique instinctive qui t'empêche de fermer l'œil. Quand l'ennemi est chez toi, tu n'as pas le droit à l'erreur. Pas de rapatriement prévu si ça merde, pas d'hélicoptères de secours. Juste toi comme un dernier rempart entre « eux » et ta famille.

Ça, ça change tout.

J'avais soixante-neuf sauts à mon actif, j'étais passé caporal l'année d'avant après une mission au Mali. Avec la prime, je m'étais acheté une Audi. Tu aurais vu la tête des copains.

J'étais prêt pour défendre ma patrie et je me suis manifesté pour les premiers loads.

Les ennemis, nous disions les ennemis parce que nous ne savions pas vraiment qui attaquait, c'était un peu tout le monde et personne en même temps. Il y avait même des Français contre nous. La guerre avait dépassé les frontières. En face, il y avait des gens comme nous qui en avaient marre. Marre de quoi, je l'ignorais. Le commandant n'avait pas donné beaucoup de détails. Tout ce que nous savions, c'était que nous ne défendions pas qu'un pays mais tout un idéal.

Les ennemis, donc, sont arrivés en bateau. Ça c'est autre chose que nous n'avions pas prévu avec nos missiles air-terre, nos bombes nucléaires et nos Mirages. Qu'est-ce qu'on fait quand l'ennemi, sans prévenir, débarque d'un ferry de touristes et prend une ville comme Marseille ? L'option du bombardement stratégique n'était pas conseillable. Une seule alternative : y aller ou plutôt, dans notre cas, y plonger.

Nous avons embarqué à bord du C-160 un matin tout brumeux. Une ambiance particulière rôdait sur la plate-forme. Les regards s'évitaient, les éternelles boutades de l'avant-saut pesaient par leur absence. Personne n'était dupe. Cette mission serait différente et la gravité de la situation déteignait sur notre entrain habituel. Nous ne pensions plus primes et paysages exotiques, mais survie et responsabilité.

La routine était pourtant la même, nous sommes montés à bord, avons accroché nos rigs au rail de lancement, le capitaine a donné quelques consignes. Sans attendre le pilote a amorcé la mise en mouvement du bak. J'ai senti les prémices d'une migraine s'installer dans mon crâne. J'ai mis mon masque alors que nous décollions.


Après une bonne heure de cahotage, Jambe de bois a sorti la photo de sa femme, Maurue son attrape-rêve. La cérémonie des rituels commençait. Je ne connais pas un seul Para qui n'a pas son objet fétiche sur lui lors d'un saut. C'est automatique, une croyance à la con qui rassure et empêche de trop se mouiller le pantalon.

J'ai sorti le soutien-gorge de Mlle Lili. En général, ça fait sourire toute l'équipe, mais là, ils n'avaient pas la tête à ça. J'ai enfoui mon nez dans le gros bonnet. Un vrai voyage temporel. J'ai revu Mlle Lili dans la salle de bain qui se déshabillait. J'avais pris l'habitude de me cacher dans le petit meuble sous l'évier. Elle enfilait son pyjama en prenant tout son temps, elle caressait ses hanches, faisait des grimaces en se tirant la peau, rehaussait ses seins… c'était magnifique…

Ce fut à ce moment-là, alors que je rêvassais, la tête dans les gros bonnets roses de mon ancienne nounou, qu'un objet non identifié est venu percuter la carlingue. Ça nous a drôlement secoués et j'en ai fait tomber le soutif.

Sur le coup, je n'ai pas réfléchi.

« Sous-officier Martin, qu'est-ce que vous faites ! Raccrochez-vous immédiatement ! » Le capitaine criait comme un sourd. J'enfreignais le code, je le savais, mais je ne pouvais quand même pas sauter sans le soutien-gorge de Mlle Lili, pas ce jour-là. Je n'étais pas superstitieux comme gars mais sauter sans son porte-bonheur, ça craint.

J'étais à quatre pattes sur le sol quand un autre engin est venu arracher la porte de lancement. Je n'ai pas eu le temps de comprendre ce qui se passait que j'étais propulsé au-dehors.


Forcément, la chute n'a pas été de tout repos. J'ai tiré sur l'extracteur, je me suis laissé ballotter dans les airs comme un sac à patates et j'ai atterri lourdement dans un champ de ronces en pleine campagne. Quand j'ai rouvert les yeux, j'ai vu, au loin, la grisaille de Marseille s'étendre vers la mer et le C-160 plonger vers la ville dans un nuage de fumée. Ma main gauche était crispée comme une pince sur le soutif de ma nounou. Mon objet fétiche, mon porte-bonheur me confirmait en cet instant miraculé que le soutien-gorge est une invention merveilleuse et que celui de Mlle Lili, particulièrement, méritait bien la médaille d'honneur.


 
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   Anonyme   
27/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai bien aimé cette anecdote en ce que, au sein d'une ambiance très dure de guerre (le territoire français est envahi, apparemment il s'agit d'un conflit civil où on ne sait trop qui combat qui pour quoi), une espèce de douceur traverse tout le texte.
Le narrateur, dur et tatoué, a un côté rêveur, enfantin, et je trouve très parlant que le soutien-gorge ne soit pas celui d'une pute quelconque, même une qu'il aurait particulièrement aimée, mais celui de sa nounou...

Symboliquement, je lis quelque chose comme "c'est en retrouvant ses sensations d'enfance qu'on peut échapper à la dureté mortelle du monde" ; si ce n'est pas neuf, c'est émouvant à mes yeux, et bien amené je trouve.

   Bidis   
29/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bien écrit de façon vivante, naturelle et surtout… on y croit.
Car toute la difficulté de ce concours résidait dans le fait de centrer une histoire sur un soutien-gorge sans que cela paraisse artificiel ou incongru. Ici, la gageure est parfaitement réussie et pour ma part, j'ai passé un bon petit moment de lecture.

   laralentie   
17/1/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Bien écrit mais je reste en dehors de cette histoire. Je ne parviens pas à croire à l'histoire d'un soutien gorge porte bonheur ...

   Robot   
17/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Le prétexte de cette nouvelle étant assez mince, je regrette de ne pas y avoir trouvé plus de verve, plus d'invention. C'est intéressant mais raconté sans ressort.
Certes, l'écriture est consciencieuse mais on reste dans le narratif. Alors il manque soit de l'humour débridé, soit de la tragédie, deux options qui auraient pu, l'une ou l'autre relever l'intérêt.

   macaron   
17/1/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'aime bien l'entame avec les avantages du soutien-gorge, la suite, cette histoire de guerre, beaucoup moins. Une écriture simple et vivante en phase avec cette petite nouvelle anecdotique. Comme socque, le soutif de la nounou... merde, il y a tant de belles filles...

   in-flight   
17/1/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Une nouvelle moelleuse comme le sont les rembourrages du soutif de la nounou.
En fait, dès l'évocation des paras, je me suis imaginé le narrateur sauter de l'avion avec un parachute qui ne s'ouvre pas, et du coup sauvé avec le soutif qui aurait amortit sa chute.

"Avec la prime, je m'étais acheté une Audi."--> Le décrochage est brutal. Je pensais qu'il s'agissait de la seconde guerre mondiale et L'Audi m'a remit dans l'époque contemporaine. La citation de la marque automobile semble avoir pour unique objectif de marquer l'époque du récit. Un autre subterfuge moins criard serait le bienvenu.

"Forcément, la chute n'a pas été de tout repos."--> Tu m'étonnes! Euphémisme?

Tout le passage de la guerre ne m'a pas enchanté, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire de ce conflit fictif dont je ne connais pas les enjeux. Mais faire plus long aurait fait perdre le fil de l'intrigue au lecteur, donc...

   Francis   
17/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Serré contre la poitrine velue du parachutiste, un gri-gri, un porte-bonheur: le soutien-gorge de Lili ! Avec un tel objet fétiche, inutile de s'en remettre aux saints pour atterrir !
Un style qui rend l'histoire agréable à lire.

   Acratopege   
18/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien
¨Comme d'autres, j'ai bien aimé l'entame en propos philosophiques sur les objets du quotidien. Puis j'ai été embarqué dans un récit de guerre auquel j'ai eu plus de peine à m'accrocher dans un contexte de récit l'entame légère. La chute est émouvante avec cette description des objets fétiches divers des paras, et le sauvetage du narrateur pas trop invraisemblable. La morale de cette histoire, c'est qu'il faut savoir désobéir et savoir s'accrocher aux images du passé pour être sauvé?
Un bon moment en tout cas. Texte bien écrit, que j'aurais peut-être aimé un peu plus fou étant donné le scénario.

   Anonyme   
18/1/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Benjamin, je suis, une fois de plus, enchanté par ce que tu écris. C'est bien souvent comme si je m'installais devant un bon film. Des images défilent, avec beaucoup d'originalité, dans ma tête comme sur grand écran, aucune aspérité dans le style qui ne me fasse décrocher de l'aventure. Ce porte bonheur, souvenir d'une nounou inoubliable dans notre avenir en guerre, cet avion qui plonge sur Marseille, ville symbole. Bravo Benjamin, ta nouvelle m'a fait songé à un roman de Pierre Bordage "l'ange de l’abîme". J'ai beaucoup aimé.

   VinceB   
18/1/2015
Le soutien-gorge est bien là mais le dialogue d'introduction ne m'a pas convaincu. Les arguments donnés par le personnage pour justifier son attachement à cet accessoire m'ont parus artificiels, je n'ai pas senti d'émotion, de fétichisme. C'est dommage car un parachutiste fétichiste et sentimental est un personnage a priori fort intéressant. Du coup, l'histoire m'a semblé tirée par les cheveux.
Peut-être que si la scène de Lili dans la salle de bain avait été placée au début je me serais fait avoir... Dommage car le texte est bien enlevé.

   Agueev   
19/1/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Le gag du soutif qui sauve la vie était une bonne idée. Mais toute cette histoire de guerre en Corse n'a ni queue ni tête. Ce long passage éloigne la nouvelle de son thème.

Telle le narrateur, l'histoire se raccroche dans les dernières lignes au soutif, mais c'est trop tard, on avait oublié pourquoi on lisait.

   molitec   
20/1/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J’ai trouvé la lecture agréable mais aussi un peu rapide, à cause de la narration à la première personne, qui en même temps fait toujours partie du dialogue initial.
J’ai ressenti cette rapidité, et ce n’est pas la longueur du texte, mais entre le moment de l’intrigue et la fin, il y’avait la narration du personnage qui avait presque résumé plusieurs événements, pour arriver à la partie qui concerne le soutif, avec une suite d’événements fragmentée ; ajouter à cela le caractère du personnage narrateur, qui donne souvent l’impression de ne pas connaitre plus de détails lui-même, renforçant ainsi ce sentiment.
Il y’a de l’humour certes, mais peut être qu’avec d’autres rebondissement, difficultés ou imprévus au cours de l’histoire, avec toujours le même personnage qui raconte, l’histoire serait encore un peu plus prenante.
Merci pour cette lecture.

   aldenor   
23/1/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
L’idée de départ, le soutien-gorge porte-bonheur, est légère et amusante. Encore que l’argumentation sur la transcendance du soutien-gorge dans le monde des objets ne m’ait pas convaincu. En tous cas, passer ensuite à un climat de guerre et de drames me parait déplacé. Je ne savais plus si tout ça était supposé être drôle ou triste.
Bref, je n’ai pas accroché. Si ce n’est sur le passage du petit voyeur.

   Anonyme   
23/1/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Une idée intéressante pour placer le soutien-gorge de Lili, hélas bien trop vite amenée. La concision du récit fait que je n'ai pu suffisamment plongé dans cette ambiance guerrière, à mon grand regret car il y avait du potentiel. On dirait que vous avez voulu vite expédier la chose. Du coup, avec si peu d'éléments, demeure une impression fugitive.

   Janam   
30/1/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une écriture singulière qui m'a beaucoup plu dès le début par sa simplicité, par son ton très direct et sans fioritures. Bref, j'aime le style.
J'ai toutefois ressenti quelques longueurs au mitant du texte, je trouvais qu'on s'éloignait trop du sujet.
J'ai finalement adoré cette histoire de porte-bonheur, de gri-gri qui n'est pas sans rappeler d'autres fétichismes. Très réussi. Merci.

   AnneMariesquieu   
25/3/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
L'ambiance de la guerre me semble bien rendue: je dis : me semble car en tant que femme , l'expérience du parcours du combattant me manque pour bien en juger mais malgré ça , j'aime bien ces passages...pour le reste ,je trouve le suspense peu haletant ;pourtant quelle trouvaille d’opposer la rudesse de la vie d'un para en guerre et la douce nostalgie de sa belle nounou fantasmée par un soutien-gorge rose !

   carbona   
13/9/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Bonjour,

Une histoire sympathique, bien écrite même si j'ai trouvé le passage sur la guerre trop long et pas très intéressant par rapport à l'intrigue.

"Un calvaire pour un jeune homme maladroit" < amusant

"Elle enfilait son pyjama en prenant tout son temps, elle caressait ses hanches, faisait des grimaces en se tirant la peau, rehaussait ses seins… c'était magnifique…" < j'aime

Merci pour cette lecture.


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