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Humour/Détente
Ninjavert : Le vivarium du patron
 Publié le 01/07/16  -  17 commentaires  -  24686 caractères  -  183 lectures    Autres textes du même auteur

"Que des emmerdes. Je savais que j’aurais que des emmerdes avec ce gosse."

Théodore P. Bonnie, chef coordinateur en expansion cosmologique.


Le vivarium du patron


Blouse blanche, cheveux gominés en arrière, Albuquerque marchait d’un pas résolu, son nez busqué plongé dans les résultats de la distorsion gravitationnelle qu’ils avaient induite la veille sur la géante Bertaga 21-712. Il pénétra en trombe dans le bureau.


– Théo ! Les analyses de la grosse Berta sont…


Le chercheur se figea sur le pas de la porte, les yeux rivés sur la petite chose qui le dévisageait en souriant, assise sur le tapis. Puis, fustigeant son collègue d’un regard assassin, il pointa un doigt accusateur sur la créature.


– Qu’est-ce que c’est que ÇA ?

– C’est mon fils, Raoul.

– Je le vois bien que c’est ton foutu gosse ! La question c’est qu’est-ce qu’il fait là ?

– Marianne est en déplacement, elle ne peut pas le garder aujourd’hui.

– Mais merde Théo ! C’est pas une raison pour le ramener au boulot, t’es devenu dingue ?

– Et qu’est-ce que tu veux que je fasse, tu crois que ça m’amuse ? J’y peux rien moi si sa garce de mère refait sa vie avec un spatiaute !


Albuquerque saisit Théo par le coude pour l’entraîner hors du bureau.


– Chuuut ! Pas devant lui, voyons…


Théodore se retourna et lança un regard noir à son fils.


– Raoul, tu ne touches à rien et tu ne bouges pas de là ! Je reviens tout de suite.


Les deux hommes sortirent et firent quelques pas dans le couloir.


– Bon sang, reprit Al, tu te souviens de ce qui s’est passé la dernière fois que tu l’as amené ici ?

– Ouais, ouais.

– On a bien failli se faire virer, ouais !

– Je sais, ça va.

– Écoute, tes embrouilles avec Marianne ne me regardent pas, mais t’as intérêt à surveiller ton mouflet parce que s’il arrive un pépin, je ne paierai pas les pots cassés pour toi !

– Ce que j’apprécie vraiment chez toi Al, c’est ta solidarité.

– C’est pas moi qu’ai engrossé une barmaid nymphomane, mon pote. Alors à défaut de savoir tenir ton truc dans ton pantalon, tu ferais bien de garder un œil sur ton gamin.


Théodore haussa les épaules et retourna dans le bureau.


– Tout va bien se passer, il est grand maintenant et…


Il tourna la tête vers Albuquerque qui avait replongé le nez dans ses paperasses.


– Al ?

– Hmmm ?

– Raoul… il n’est plus là !


****


– Rien ici !

– Merde… merde… merde ! Raoul où es-tu ? Raoul ? Raoul !


Albuquerque poussa une énième porte en grommelant.


– Je le savais ! C’était couru !

– On va le retrouver ! Mais où est donc passé ce gosse ?


Les deux hommes parvinrent au bout du couloir et se figèrent : la porte en face d’eux était entrouverte. Sur le lourd panneau de bois laqué brillaient ces quelques mots, gravés sur une plaque d’or fin :


George H. de Toupussan, p-dg.


Albuquerque blêmit, se fondant dans la blancheur immaculée de sa blouse. Les néons du couloir accentuaient son teint cadavérique. Un râle s’échappa de sa gorge nouée.


– On est morts.


Théodore déglutit, repoussa une mèche brune de son front et poussa la porte avec appréhension. Une odeur de vieux cuir et de bois précieux se répandit hors de la pièce. Les rayonnages d’une bibliothèque gigantesque disparaissaient dans les ombres du plafond, derrière l’antique bureau d’acajou. La lumière bleutée d’un spot éclairait une paroi de verre fumé, enclavée entre le bureau et la fontaine à eau. Raoul était là, penché au-dessus du vivarium. Comme la dernière fois. Son père devint écarlate et fondit sur son fils qu’il attrapa par le col et ramena au centre de la pièce.


– Raoul ! Il n’y a que monsieur de Toupussan qui a le droit d’entrer ici ! Tu es trop petit ! Qu’est-ce que tu n’as pas compris tout à l’heure ? "Ne bouge pas" ou "ne touche à rien" ?

– Je voulais voir les petits lézards.

– Il n’y a plus de lézards ! Ils sont morts la dernière fois, quand tu as jeté ta petite voiture dans le vivarium !


Penaud, le gamin baissa la tête. Al s’était avancé jusqu’à la vitre et, avec appréhension, passait la sonde cosmogonique au-dessus du terrarium.


– Oh merde.


Théodore se retourna : un puits d’angoisse avait remplacé le visage de son collègue.


– On est morts.

– Quoi ?

– On est morts.

– Mais quoi, bon sang ?


Un rictus féroce déforma soudain la face d’Albuquerque.


– Non ! Non non non… TU es mort !

– Bon ça suffit Al, arrête de dramatiser, il n’est resté seul que quelques secondes…

– Quelques secondes ? Tu veux que je te rappelle combien de temps il lui a fallu la dernière fois ?

– Tu as jeté quelque chose dans le terrarium ? aboya Théodore à son fils.


Dans la pénombre du bureau la blouse de son père prenait des allures spectrales et menaçantes. Raoul hocha la tête négativement, le regard fixé sur la pointe de ses souliers.


– Mais regarde-moi ces relevés ! Il a forcément tripoté quelque chose !


Albuquerque agitait sa sonde comme un possédé, le front ruisselant de sueur. Un simple coup d’œil avait suffi à Théo pour s’apercevoir qu’il avait raison : la courbe de pérennité évolutive n’aurait rien envié au tracé d’un grand huit. Derrière le vivarium, les centaines de diodes et voyants du panneau de contrôle scintillaient comme une guirlande.


****


– Bon. Il est enfermé dans le cagibi.

– Tu as pu en tirer quelque chose ?

– Il a avoué avoir tripoté une manette, mais il ne se souvient pas laquelle.


Les deux hommes se reflétaient dans la vitre du terrarium. Un silence religieux s’était établi dans le bureau, seulement troublé par le parquet verni qui couinait sous les semelles d’Albuquerque, au rythme de son déhanchement nerveux.


– Il va falloir que tu y ailles, finit-il par déclarer.

– Où ça ?


Al désigna le terra d’un signe de tête.


– T’es malade.

– On n’arrivera jamais à rétablir des paramètres stables à distance en aussi peu de temps, Théo. Surtout sans savoir ce que Raoul a bidouillé… Une intervention directe est le seul moyen de corriger ce foutoir avant que le patron ne revienne, tu le sais aussi bien que moi.

– Merde, Al, tu te souviens de ce qu’ils ont fait à ce Chicano ?

– Qui ça ?

– Le mec du ménage qu’on avait envoyé évaluer les dégâts, quelque temps après l’accident des lézards.

– Jesús ?

– Ouais !

– Oh, ça va… On l’a ressuscité, non ?

– C’est pas la question, j’fous pas les pieds dans ce merdier.

– Théo, on parle d’un immigré clandestin avec trois mots de vocabulaire ! T’as un MBA en cosmologie appliquée et vingt-cinq piges d’expérience en cosmogonie, ce sera un jeu d’enfant pour toi… Tu remets ce bazar sur les rails et avec un peu de bol, le patron n’y verra que du feu.

– C’est hors de question.

– Comme tu veux. Je retourne à la grosse Berta, bonne chance avec de Toupussan.


Albuquerque fit demi-tour et se dirigea vers la porte.


– Al ! Attends ! Tu ne peux pas me laisser comme ça !

– C’est TON fils, mon pote. C’est TA bataille.


Vaincu, Théodore laissa échapper un long soupir.


– OK. C’est bon. Je vais descendre.


****


Théodore passait une main délicate et manucurée le long de son visage. Une peau douce glissait sous ses doigts fins, le long d’un ovale parfait encadré d’une cascade de cheveux blonds. Ses grands yeux verts, soulignés d’un simple trait de crayon noir, le dévisageaient d’un air incrédule dans le miroir.


– Oh bravo.

– Théo ? Tu es là ? Qu’est-ce qui se passe ?

– Tu m’as transféré dans une gonzesse.


Albuquerque éclata de rire à l’autre bout du transcom.


– Tu sais bien qu’on a aucun contrôle sur l’hôte de destination, Théo. Comment tu t’appelles ? Tu es mignonne ? Envoie-moi une photo de tes seins.

– Tu n’es qu’un porc, répondit-il en ouvrant son sac à main.


Il fureta un moment dans un capharnaüm qui lui évoqua l’état du terrarium, avant d’en extraire le permis de conduire de la jeune femme.


– Je m’appelle… Samantha. Sam Beckett.

– Enchanté, Sam. Vous habitez chez vos parents ?

– Quand tu auras fini de dire des conneries, indique-moi plutôt par où commencer.

– D’après la sonde, tu devrais trouver le rapport quotidien dans un kiosque à la sortie du bâtiment où tu te trouves, sur la droite.


Après un dernier regard à son corps d’emprunt, Théodore lissa sa jupe, rajusta la veste de son tailleur et poussa un long soupir. Il attrapa son sac à main et sortit des toilettes.


****


Assis sur un banc, Théodore épluchait la rubrique "monde" du Washington Post. Incrédule, son regard allait d’un titre à l’autre, s’arrêtant ici ou là pour consulter le détail d’un article ou demander une précision à Albuquerque.


– Non mais t’as vu ce merdier ? "Nouvel attentat à New York, deux cents morts dans le métro"… "Escalade de la guerre en Syrie : plus de deux millions de morts". Et là ! "Russie – États-Unis : la bataille pour l’Europe prend des airs de Troisième Guerre mondiale"… "La Corée s’enflamme"… na na na, ça on s’en fiche… ça aussi… "Échec des négociations : la bande de Gaza à feu et à sang"… Pffff. Je change de rubrique, c’est lassant. Tiens, "Réchauffement climatique : Venise engloutie par les flots". Et là : "Extinction des baleines, le Japon pleure la fin de ses traditions"… Non mais franchement ? Par où tu veux que je commence ?

– On manque de temps pour une intervention subtile. Aux grands maux les grands remèdes : il faut que tu attaques la pyramide par le sommet.

– J’en ai bien peur.

– Commence ici. A priori tu n’es pas très loin du bureau du patron, cherche une grande maison blanche.


****


– Circulez madame, vous n’avez rien à faire ici.

– Écoutez, il faut absolument que je parle au directeur.

– Président, glissa Al.

– … au président.

– Et moi j’aimerais connaître à l’avance les résultats de la finale du Super Bowl, mais on n’a pas toujours ce qu’on veut dans la vie. Écrivez-lui, je suis certain qu’il vous répondra.


Théo fourra rageusement les mains dans les poches de sa veste et recula en marmonnant de sombres imprécations.


– Alors, ça donne quoi ?

– Ce type est aussi large que haut et il est con comme un placard. Je n’en tirerai rien.


Théo ouvrit son sac à main et saisit le persuadotron. Glissé au creux de la main, le petit appareil cosmogonique permettait de convaincre instantanément son interlocuteur du bien-fondé de ses propos. De par sa nature hautement subversive, seuls les agents de niveau cinq avaient le droit de l’utiliser et ce, même s’il n’affectait que les créatures inférieures. Il revint se placer devant l’agent de sécurité, qui posa les mains sur ses hanches d’un air menaçant.


– Je croyais vous avoir dit que…

– Bonjour, je dois voir le président.

– … Bien sûr. Qui dois-je annoncer ?

– Madame Beckett. Samantha Beckett.


Le vigile l’emmena voir son chef, qui fut convaincu de l’amener à son chef de service, qui l’accompagna devant le chef de protocole, qui l’amena à son tour au chef de cabinet. Trois salles d’attente et deux cent soixante-sept mètres de tapis plus loin, Théodore fut introduit devant le vice-président. Six secondes plus tard, le vice-président réalisa qu’il n’avait pas les épaules assez larges et fit pénétrer Samantha Beckett dans le bureau ovale.

Le président, surpris de cette incursion aussi inattendue qu’inannoncée, leva les yeux vers les deux arrivants.


– Eh bien Joseph ? Que signifie…

– Madame Beckett a des révélations de la plus haute importance à vous faire, monsieur le président.

– Vraiment ? Et on peut savoir de quel ordre ?

– Euh… je ne sais pas, monsieur le président.


Le vice-président se retira sur la pointe des pieds et referma la porte derrière lui.


– Monsieur le président, il est bien difficile de parvenir jusqu’à vous.

– Pas tant que ça, apparemment ! Qui êtes-vous et que me voulez-vous ?

– Qui je suis n’a aucune importance. Vous permettez ? Ces talons sont une véritable torture.


Théodore s’assit sur un des canapés, retira ses chaussures et commença à se masser les pieds, sous le regard médusé du président des États-Unis d’Amérique.


– Je vous en prie, faites comme chez vous ! Je vous sers quelque chose à boire peut-être ?

– Oh surtout pas ! Je ne suis pas encore habitué à cette petite vessie.

– Euh… et… euh… si vous me disiez ce qui vous amène, dans ce cas ?

– Bien sûr. Nous allons sauver le monde, monsieur le président.


Le président partit d’un bon rire. Il reconnaissait là l’empreinte de Joseph : le vice-président avait toujours eu un humour un peu caustique.


– Rien que ça ?

– Il sera toujours temps de fignoler les détails par la suite, je préfère commencer par quelque chose de basique : le timing est un peu juste.

– Évidemment. Et par quoi commence-t-on, ma chère ?

– Il nous faut une action d’éclat. Quel est votre principal souci en ce moment ?

– Maintenant que vous le dites… nous pourrions mettre un terme au terrorisme, par exemple. En plus, ce serait excellent pour le renouvellement de mon mandat. Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ?

– Allons, ne soyez pas trop dur avec vous-même monsieur le président. Après tout, vous êtes déjà parvenus à tuer Ben Affleck.

– Pardon ?

– Ben Affleck. Le terroriste.

– Vous voulez parler de ben Laden ?

– Merde, je me suis gouré de ligne Théo ! Oui, c’est ça, ben Laden !

– Euh… oui c’est ça, ben Laden.

– Madame Beckett, vous devez comprendre que même si j’apprécie la plaisanterie, mon temps est précieux et…


Le président s’était rapproché du bureau et avait décroché le combiné du téléphone, tandis que Samantha furetait dans son sac à la recherche d’un stylo.


– Monica mon petit, appelez la sécu…

– Ah le voilà ! Je vais vous indiquer où se cachent vos terroristes, monsieur le président. On gagnera du temps. Poussez-vous, voilà… excusez-moi…


Sam fit délicatement tourner le globe terrestre sous ses doigts, marquant ici ou là des endroits au stylo bille.


– Voilààà. En frappant simultanément ces 326 emplacements, vous porterez un coup fatal à l’organisation des 54 principales organisations terroristes. On affinera les emplacements sur une carte plus détaillée, mais ça devrait vous redonner un peu de crédibilité aux yeux du monde et renforcer votre image sur les euh… gens… qui vous servent d’électeurs. On pourra ensuite passer à quelque chose de plus sérieux.

– Non mais dites donc ! Ma crédibilité, mes électeurs et moi-même vous disons bien des choses ! Je ne sais pas de quel asile vous sortez, mais…

– Allons, allons. Appelez John, nous gagnerons du temps.

– John ?

– Le chef de votre… CIA, c’est bien comme ça qu’il s’appelle ?

– Euh… oui.

– Eh bien demandez-lui de vérifier quelques-unes de ces cibles et arrêtons de perdre du temps, voulez-vous ?


La porte du bureau s’ouvrit sur deux armoires à glace en costume et lunettes noires.


– Il y a un problème, monsieur le président ?


Le président regarda les deux hommes, puis Samantha qui s’était rassise et avait repris son massage de pieds. Il raccrocha le téléphone qu’il tenait toujours en main et poussa un long soupir.


– Non, tout va bien. Faites venir Joseph et dites à Monica d’appeler John, à Langley. Et d’annuler tous mes autres rendez-vous cet après-midi. Ah, et qu’elle nous prépare du café, j’ai peur que la soirée ne soit longue.


****


Le chef de la CIA fixait Samantha par-dessus le bord de sa tasse fumante. Il venait de recevoir le rapport des six premiers agents de terrain qu’il avait envoyés vérifier les coordonnées fournies par la jeune femme. Tous avaient confirmé leur validité.


– Comment savez-vous tout ça ? Qui êtes-vous ?


Théodore reposa le buste de Georges Washington avec lequel il jouait et revint s’asseoir face à lui.


– Je vous l’ai dit : je m’appelle Samantha Beckett.

– Pour qui travaillez-vous ?

– Une… euh…

– Une agence de renseignements. Trouve un nom bidon !

– Une agence de renseignements… privée. Illumina… euh… T de Théodore… euh… Incorporated.

– Illumina T. Inc. ? Jamais entendu parler.

– Nous ne sommes pas cotés en bourse.


Le président revint dans le bureau et referma la porte derrière lui.


– Alors John ?

– Alors ça a l’air sérieux. Mes six…


Il s’interrompit pour jeter un œil à son téléphone qui venait de vibrer.


– … mes sept premiers agents confirment les cibles.

– Je vois.


Le président alla se positionner face à la fenêtre, les mains croisées dans le dos.


– Madame Beckett, nous allons mettre une chambre à votre disposition, le temps que nous vérifiions toutes ces informations, puis nous… vous pouvez poser ça et arrêter de jouer cinq minutes ?


Théodore rougit et posa la reproduction collector de la navette Columbia, numérotée 1 sur 100.


– Désolé.


****


– Samantha, mon petit cœur, comment allez-vous aujourd’hui ?

– Très bien Vladimir, merci ! Nous n’attendions plus que vous. Asseyez-vous, je vous en prie.


Le président russe saisit la main de la jeune femme et y déposa délicatement un baiser avant d’aller s’asseoir. Son homologue américain se leva pour ouvrir la séance.


– Messieurs, tout se déroule comme prévu et malgré un ou deux contretemps, nous sommes dans les temps. Je vous propose de commencer par les derniers rapports. La coopération internationale fonctionne à merveille : la faim dans le monde ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir.


Une salve d’applaudissements retentit dans la salle.


Théodore rejeta la tête en arrière et contempla quelques instants la vaste carte du monde. En six mois, il avait réussi à éradiquer la famine en instaurant un programme international de partage des ressources. Sa loi sur le contrôle des naissances avait eu un peu de mal à passer, mais le spectre de la surpopulation ne projetterait bientôt plus son ombre sinistre sur l’avenir de l’humanité. Les directives écologiques qu’il avait imposées sur les émissions de CO2, le contrôle de la pollution et la régulation des matières premières portaient également leurs fruits.

Il jeta un œil autour de la grande table où la plupart des dirigeants se seraient sauté au cou encore quelques mois auparavant. Bien sûr, tout cela n’avait été possible qu’avec l’éradication des conflits et des guerres. Des décisions pas toujours simples, qui l’avaient régulièrement obligé à user du persuadotron, mais qui avait permis à l’humanité de concentrer ses efforts sur ses vrais problèmes. Il se tira de sa rêverie juste à temps pour saisir les derniers mots de son voisin de gauche.


– … ainsi, d’ici trois mois je pense que nous aurons optimisé notre traitement contre tous les types de cancers connus de 87 à 97 %.


Une nouvelle volée d’applaudissements salua le discours du président chinois. Le calme revenu, le président des États-Unis se tourna vers lui. Il était temps pour Théodore de tirer sa révérence. Depuis quelques semaines déjà il préparait la sortie de Samantha : le moment était venu.

La jeune femme sourit et se leva.


****


La pénombre du bureau n’était troublée que par le scintillement des diodes du vivarium et la lueur de la petite lampe du bureau derrière lequel se tenait Albuquerque. De temps à autre, ce dernier jetait un œil vers Raoul, qui jouait sagement avec son camion sur le tapis.

Cela faisait plusieurs heures que Théo était autonome, ne lui demandant plus de temps en temps qu’une information anecdotique ou une précision technique. Les unes après les autres, les diodes du pupitre de contrôle passaient au vert, indiquant que sa mission serait bientôt accomplie. Machinalement, Al ouvrit le premier tiroir du bureau et aperçut un carnet à l’épaisse couverture de cuir. Il releva la tête, laissant son regard courir le long des murs de la pièce et s’empara discrètement du carnet. Ce dernier s’ouvrit dans un craquement, révélant des pages manuscrites noircies de pattes de mouches.

Al parcourut les premières lignes du carnet, ses yeux s’écarquillant alors qu’il en découvrait le contenu. Sa gorge se noua tandis qu’il réalisait les implications de ce qu’il lisait. Pris de vertige, il se leva et alla se servir un gobelet d’eau à la fontaine.


– C’est ça !


Albuquerque sursauta et se retourna vers Raoul qui pointait le doigt dans sa direction.


– Quoi ?

– C’est ça que j’ai touché hier !


Al se retourna, incrédule, et désigna la fontaine à eau.


– Ça ? Tu en es sûr ?

– Je me souviens des bulles qui remontent quand on appuie sur le bouton… c’est rigolo.


Le chercheur blêmit et s’appuya sur le bureau pour soulager ses jambes flageolantes.


– Albuquerque ? Tu es là vieille crapule ?


La porte du bureau s’ouvrit sur le visage radieux de Théodore.


– Ben vous êtes là ? Tu peux pas répondre ?

– …

– Tu as vu un peu ce boulot ? Pas d’effusion de sang, pas de drame international… du velours mon vieux !

– Ouais…

– Cache ta joie ! Les derniers indicateurs seront dans le vert d’un instant à l’autre.

– Ben justement… c’est ça le problème.


Théodore se figea au milieu de la pièce, les mains sur les hanches.


– C’est-à-dire ?

– Bon sang Théo, Raoul n’avait touché à rien !

– Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu as vu les données du panneau de contrôle comme moi…

– J’ai trouvé ce carnet dans le bureau du patron : le vivarium est une expérience ! La seule chose que Raoul a touché, c’est la fontaine à eau !

Albuquerque agita le carnet sous son nez, avant de se mettre à le feuilleter frénétiquement.


– Tiens ! Écoute ça ! "Jour 40 : Il est fascinant, après toute une vie consacrée à la cosmogonie et à l’évolution contrôlée des mondes, de contempler l’œuvre du chaos…", et ici : "Jour 226 : Les sauriens font montre d’une exceptionnelle faculté d’adaptation à leur environnement. En quelques millions d’années, ils ont étendu leur suprématie à la planète entière, faisant fi de toutes les difficultés rencontrées." Tiens, celle-ci te concerne : "Jour 253 : Un cataclysme a anéanti les sauriens. Ce genre de drame me rappelle pourquoi nous faisons ce métier. Je suis curieux de voir ce que l’évolution va répondre à ça…"

– Une expérience ?

– Il étudie le chaos ! Il étudie les effets du chaos sur un monde sans contrôle !

– Mais c’est absurde…

– "Jour 264 : Les mammifères ont pris la relève des sauriens. Une espèce de bipède semble plus audacieuse que les autres."

– Raoul n’avait rien touché…

– Et tu as fait le ménage dans le petit paradis chaotique du patron.


Un silence de mort s’abattit sur le bureau. Comme pour les narguer, la dernière diode orange du panneau de contrôle du terrarium vira au vert : les hommes avaient définitivement remis leur civilisation sur les rails de la prospérité.


– Et je n’ai fait aucune sauvegarde des paramètres d’origine… Qu’est-ce qu’on va faire ?


Théodore s’absorba une longue minute dans la contemplation de la paroi fumée du vivarium.


– Localise Samantha Beckett, j’y retourne.


****


"Drame écologique : l’Amazonie ravagée par un incendie infernal, le poumon de la planète est-il condamné ? Proche-Orient : la bande de Gaza s’embrase à nouveau après la répression sanglante des émeutes… L’ancien acteur Ben Affleck revendique une vague d’attentats meurtriers en Europe, faut-il craindre le retour de la terreur ? Tensions critiques entre la Chine et les États-Unis, est-ce une nouvelle Guerre Froide ?"


Albuquerque jeta un œil au vivarium qui scintillait de nouveau comme un arbre de Noël, replia le Washington Post et le rendit à Théodore.


– On dirait bien que tout est redevenu normal. Beau boulot.

– On a eu chaud. Tu imagines si le patron s’en était aperçu ?

– Je ne préfère pas : laissons le chaos bien au chaud derrière cette vitre.


Raoul vint se blottir contre son père, qui passa affectueusement la main dans ses cheveux.


– Et ce pauvre Raoul qu’on a tenu pour responsable !

– Ça veut dire que tu ne repars plus, p’pa ?

– Pour rien au monde, mon grand !


Albuquerque sourit et se dirigea vers la porte, avant de s’immobiliser au milieu du tapis : une jolie blonde venait d’apparaître sur le seuil. Les yeux écarquillés, il se tourna vers Théodore.


– Qu’est-ce que c’est que ça ?!

– Euh… Albuquerque… je te présente Samantha Beckett. Sam, je te présente Albuquerque, mon collègue et… euh… ami.


La jeune femme sourit en regardant autour d’elle.


– Alors c’est ici que vous travaillez ?

– Oui. Venez, je vais vous faire visiter.


Théodore saisit Samantha par le bras et l’entraîna avec lui, laissant Albuquerque et Raoul dans le bureau.


– C’est la fille dans qui papa était ?

– Euh… ton père n’était pas tout à fait dans la dame, Raoul. Ceci dit, le connaissant, ça ne devrait pas tarder.




Le Persuadotron est tiré du jeu Syndicate et gentiment emprunté à Bullfrog©.


 
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   Anonyme   
6/6/2016
 a aimé ce texte 
Bien
– Je voulais voir les petits lézards.
– Il n’y a plus de lézards ! Ils sont morts la dernière fois, quand tu as jeté ta petite voiture dans le vivarium !
C'est là que j'ai saisi la situation.

J'ai trouvé dans l'ensemble ma lecture divertissante, même si je n'ai vraiment ri qu'ici :
– Ben Affleck. Le terroriste.
– Vous voulez parler de Ben Laden ?
– Merde, je me suis gouré de ligne Théo ! Oui, c’est ça, Ben Laden !
... et ensuite, au rappel de Ben Affleck qui revendique des attentats.

Dieu "Toupussan" en PDG avec un hobby, pourquoi pas ? Ce n'est pas vraiment neuf, mais plaisant. Dans l'ensemble, j'ai trouvé l'histoire plutôt bien menée, certaines trouvailles sont cocasses. Un bémol ici :
Théo ouvrit son sac à main et saisit le persuadotron. Glissé au creux de la main, le petit appareil cosmogonique permettait de convaincre instantanément son interlocuteur du bien-fondé de ses propos.
Rien que le nom "persuadotron", selon moi, indique la fonction de l'appareil ; la deuxième phrase me paraît superflue.

Au final, donc, une histoire agréable à lire pour moi, plutôt enlevée. Que demande le peuple ?

   hersen   
16/6/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Pour être franche, je me suis un peu ennuyée à la lecture et je n'ai pas vraiment compris (ceci explique sans doute cela !)

je trouve qu'il y a quand même beaucoup de confusion, c'est une histoire d'espionnage mais je n'ai pas compris les tenants et les aboutissants;

Il me semble que les faits ne sont pas clairement expliqués mais peut-être que leur enchainement a créé pour moi cette confusion.

je suis désolée;

   jaimme   
22/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une histoire très sympa, bien écrite et au rythme adéquat. J'étais dans un délire du niveau de MIB, c'est peu dire. Et j'ai même franchement ri à la référence: "ton fils, ta bataille".
Bravo, beau boulot!
L’explication pour le "persuadotron" est de trop, c'est transparent.
Peut-être une intervention du Big boss aurait été sympa.
Au plaisir!

   Shepard   
1/7/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Salut Ninja,

J'ai lu cette histoire en EL, je me suis douté de l'auteur (comme par hasard, ton retour, une nouvelle de SF peu de temps après...). L'humour est gentil dans l'ensemble, mais tout de même :

"Extinction des baleines, le Japon pleure la fin de ses traditions" -> Ça, ça m'a fait rire. Beaucoup plus grinçant. Dommage qu'il n y en ai pas plus !

Ah ensuite je n'ai pu m'empêcher de sourire avec ces deux types portant... Des blouses blanches en cosmo... C'est pour protéger des rayonnements ? =p Je sais que c'est un cliché tenace du scientifique, mais mis à par en chimie ou en médecine on en porte pas vraiment. Bref détail, mais j'ai trouvé ça drôle, d'une certaine façon.

Dans les autres détails que je n'ai pas trop compris... Que fait la fille à la fin ? Visiblement l'humanité se trouve dans le vivarium, et l'un des 'scientifiques' s'incarne en tant que Sam, donc comment se retrouve t-elle en dehors du vivarium, dans la dimension X des deux bonhommes ? Ou alors j'ai compris de travers et tout se déroule sur Terre, mais alors pourquoi incarner Sam pour voyager ? (Au vu du pouvoir à disposition des zozos, ça parait superflu, une petite justification dans l'histoire serait peut-être une idée)

Mis à part ça l'écriture se lit sans problèmes... Par moment j'ai un peu confondu Al et Theo dans les dialogues, mais je n'étais pas forcément au top de concentration non plus. Dans le fond, un texte qui renvoie au bon vieux "Le dieux s'amusent avec l'humanité", qui serait une explication au bordel ambiant. Je regrette qu'il n y ait pas plus de cynisme mais après tout, c'est un choix d'auteur.

Une histoire sympathique et bien réalisée avec ces deux "anges", cosmogonistes un peu foutoir.

   caillouq   
1/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai bien rigolé. Jésus en immigré chicano, le gamin incontrôlable, les deux ingés un peu niaiseux, Ben Affleck puis le retour de Ben Affleck (ça a marché à tous les coups, pour moi), ton fils ta bataille, "nous ne sommes pas cotés en bourse", la madame dans qui papa était, tout (peut-être Barack aurait-il pu être davantage personnalisé ? Je le connais bien, j'aurais pu te filer des tuyaux).
Les indices étaient donnés avec le bon rythme pour que je comprenne au fur et à mesure, avec ce qu'il faut de doute au début.
Au point de vue écriture, un sans faute, tout coule de source.
Juste un détail : un "sauté au cou" qui devrait être remplacé par un "sauté à la gorge". Ben oui, on saute au cou des gens qu'on aime pour leur faire des gros poutous, et on saute à la gorge des gens qui disent vraiment des grosses conneries, pour les étrangler.
Bref, du bon boulot, de la SF comme je l'aime, bien ancrée dans notre réel ! Merci Ninja.

   widjet   
1/7/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Deux ans d’attente.

Il est peu de dire que le brigand s’est fait attendre et qu’il était attendu (par moi et par d‘autres notamment certains anciens comme caillouq qui est sortie de sa caverne pour se manifester. Normal, pour les dinosaures comme nous, on sait tout ce qu’un auteur comme Ninjavert a apporté comme plaisir à ses lecteurs - profitez en les nouveaux, ses textes sont encore tous là).



Bon, même si mon plaisir de te retrouver est bien réel, objectivement, la nouvelle est clairement en deçà de ce que l’auteur est capable de nous produire. J’étais prévenu, c’est sans prétention. Soit. Maintenant, sincèrement, est-ce que cela m’a diverti, amusé, est-ce que j’ai trouvé ça drôle ? Très moyennement. C’est même assez poussif malgré quelques clins d’oeil et autres références (Monica L., Balavoine, Matrix avec le John que le cinéma US utilise pour n’importe quel agent…). D’ailleurs, l’allusion graveleuse finale fait presque tâche (alors que je suis un grand client du pipi-caca moi) dans cet ensemble très sage, trop sage comme si tu réalisais toi même que tu avais eu la main bien légère tout du long. J’avoue avoir souri pour Ben Alleck. C’est maigre et d’autant frustrant que je n’ose imaginer ce qu’une belle idée (à fort potentiel en matière de délire) comme le persua machin aurait pu charrier comme déferlantes de conneries dans le scénar et les passages dialogués. J'ai aussi, je pense, au vu de l'incipit qui promettait (en tout cas, je l'ai perçu ainsi) une avalanche d'emmerdes provoquées par ce gosse, était mal orienté si j'ose dire. Un peu survendu le postulat de départ non ? Ou peut-être est-ce moi qui me suis monté le bourrichon, ce qui est aussi possible.



Alors quoi ? C’était quoi le vrai projet m’sieur Ninj ?

 Le message, non ? Je me dis que tu étais davantage intéressé sur le message - et la critique - sous jacente (et plus acerbe, ça j’aime assez) que le simple fait de divertir. L’homme est le seul poison, mais aussi le seul remède aux affres et autres malheurs (écologiques, économiques, politiques etc...) du monde. Il est sa victime, son propre bourreau, mais aussi son seul espoir et sauveur. OK, ce n’est pas dit avec finesse, mais c’est un rappel jamais inutile.



L’enjeu et la mise en scène est, je pense, assez confuse (pour moi), ça manque de fluidité et de clarté, on suit du coin de l’oeil l’évolution mais franchement ce n’est pas si gênant car encore une fois, on comprend la vue d’ensemble et la morale de l’histoire. Simplement, j’aurais aimé me poiler avant d’arriver à destination.

De mon point de vue, ça reste trop verbeux (contrairement aux rebondissements et à l’action presque absents) - et comme déjà dit ce bavardage ne sert hélas pas assez de vecteur comique.

 (en tout cas pour moi)

Alors, déçu, oui, je vais pas te mentir, je le suis.

 Mais, tellement content que tu sois de retour (et puis je me suis pas vraiment ennuyé).

Stp n'attend pas deux piges, ok ?



W 


   Anonyme   
1/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Moi je dis bravo Ninjavert.

Je me suis marré du début à la fin.
Je dois dire que ce qui a retenu mon attention au début, c'est cet Albuquerque, qui est Portugais, et dont j'ai la photo de son buste, à Batalhia, suite à quelques péripéties survenu à mon voyage à Lisbonne l'année dernière. Bref, tout le monde s'en fout et vous auriez raison.

Quoi dire de cet imbroglio, ou le patron est Dieu, ou bien le prince des ténèbres, tellement il aime que c'est le bordel dans sa chambre.
Pourtant ils lui ont bien rangé, même que tout le monde aurait aimé l'avoir, la belle piaule ou on choppe pas de maladies.

Et j'ai adoré la fin quand on sait que le gamin n'a touché qu'à un robinet, et c'est à ce moment-là précis finalement, où l'on se rend compte que suite à une broutille, on est capable de retourner la terre entière, car c'est possible si on veut, y a pas besoin de Dieu, mais juste de la bonne volonté de nous, les humains.

C'est très bien écrit Ninjavert, et rendre intéressant tout un texte que par des dialogues, car ce sont eux qui font vivre l'histoire que vous racontez, est un exercice périlleux que vous avez parfaitement réussi. Je me suis régalé.
Et ce mioche... Ce mioche.

Mais qu'y revienne, et foute le boxon dans ce trop conventionnel ou on veut nous faire peur de tout.
Merci Ninjavert pour ce superbe moment.

   MissNeko   
1/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J ai vraiment passé un très bon moment grâce à ce texte.
J ai aimé l humour qui parsème le récit, l écriture est fluide : on lit comme sur du "velours" si je puis détourner l expression.
Quant à l histoire je me suis parfois perdue entre Théo et Al, et j ai tout d abord pensé à la série code quantum ( d où le Sam-antha- beckett).
Ce n est que vers la fin que je comprends qui vit dans le vivarium et qui sont les deux "chercheurs ".
Merci pour ce moment de lecture : je n aime pas beaucoup la SF mais j ai beaucoup apprécié. Merci.

   vendularge   
2/7/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

J'avais déjà lu ce texte en espace lecture, je ne l'ai pas commenté je savais qu'il allait sortir et je voulais le relire pour affiner un peu le ressenti;

Il y a d'ailleurs quelques détails que je n'ai compris qu'en lisant les coms (lézards). J'aime bien l'idée (déjà utilisée) d'un Dieu qui ne fait rien pour nous sortir du chaos et nous observe nous anéantir, prenant quelques notes sans doute pour dessiner les contours d'un monde idéal, plus tard quand nous aurons disparu et que les algues vertes auront pris le contrôle après quelques mutations.

C'est drôle, bien écrit, un bon moment de lecture. Je n'y cherche pas de message particulier autre que celui que nous connaissons bien. Les deux affreux sont très humains et assez détachés de ce qui passe vraiment dans le vivarium, un peu comme nous.

Merci
Vendularge

   Bidis   
3/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je n'ai pas cherché la petite bête et avalé tous les indices sans y prêter attention (pas assez futée pour ça). En fait, j'ai lu ce texte à toute allure, emportée par le rythme, le suspense, les trouvailles et la bonne humeur ambiante. Bref, j'ai passé un très bon moment.
La seule chose qui m'a un peu gênée dans l'écriture, ce sont quelques possessifs : "son nez busqué plongé...", par exemple. Ce ne pouvait pas être le nez de quelqu'un d'autre, donc, le possessif m'a paru lourd, mais d'autre part il y avait "busqué". Moi, j'aurais dit : "le nez, qu'il avait long et busqué, plongé etc..." (avec deux adjectifs, ça passe mieux). Je me suis fait la réflexion une seconde fois dans le texte, mais je ne sais plus où.
Sinon rien à dire.

   Perle-Hingaud   
3/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Hello !
J'ai passé un très bon moment, pas grand chose de constructif à dire... Les dialogues sont enlevés, ça bouge, c'est drôle et bourré de références. J'attends l'explication de "Sam Beckett", pour ma part, plusieurs pistes étant possibles...
Bon, l'intrigue n'est pas super originale, on est en territoire connu, mais c'est bien fait et je dis : OUI !
:)

   Jean_Meneault   
4/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une jolie histoire, dramatique et complexe tout autant que légère et insignifiante; tout comme celle de l'humanité.
J'aime la permanente distanciation des choses, instaurée par votre humour. Il s'agissait bien là du thème pour le faire et vous nous promenez ainsi dans notre Monde en générant chez nous rires et interrogations. Dénonciations? Simple recul? Histoire drôle (avec le chic de terminer sur une blague d'une lourdeur assumée, je dis bravo, il faut s'autoriser contrastes et jeux avec le lecteur!)? Assurément tout cela à la fois, dans ce flou du tout et rien, du message-aucun message propres à nombre de belles oeuvres.

Alors: merci!

   Robot   
5/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime la fiction, surtout quand il se glisse un peu d'anticipation.
Je vais peut-être vous étonner Ninjavert, mais après avoir lu, et relu pour m'imprégner des scènes, j'ai trouvé que vos dialogues étaient jouables, que ça ferait un bon court-métrage.

Ben oui, pourquoi un superbe écrit avec ses qualités littéraires ne pourrait-il pas être aussi un bon synopsis ?

Vrai, ce que j'ai apprécié c'est cet humour un peu loufoque qu'il faut prendre au sérieux.

   Anonyme   
5/7/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une histoire rigolote bien servie par une écriture agréable à parcourir. L'idée est vraiment sympa, surtout le retournement de situation à la fin où l'on se rend compte que le gamin n'est pas à l'origine de la pagaille.
Bon, il y a bien quelques facilités de scénario mais on pardonne, ce n'est pas du sérieux. Par exemple ce providentiel « persuadotron » qui aplanit toute difficulté, rend la tâche particulièrement aisée à nos deux acolytes. Car fichtre, assagir l'humanité ne serait pas une mince affaire en réalité !
(Pas compris la présence de Samantha à la fin, faut que j'aille lire tes explications.)

   Pouet   
20/7/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bjr,

J'ai été relativement facilement happé par cette nouvelle, notamment parce qu'elle est basée en grande partie sur des dialogues ce qui rend la lecture plus aisée pour un fainéant comme moi.

Alors bon je ne suis pas certain d'avoir tout compris, n'ai pas lu les commentaires précédents ni d'éventuels explications de l'auteur alors bon que celui-ci soit indulgent avec mon maigrelet cervelet... :)

Pour moi donc on est dans le bureau de Dieu, le fameux Toupussan, le vivarium étant le Monde... Jusque là j'ai bon?

Albuquerque et Théo, des sortes d'archanges pitêtre, Raoul quant à lui, je ne sais pas trop. D'autant plus que si les anges n'ont pas de sexe, ils doivent avoir du mal à avoir un fils.. Pis ce petit Raoul qui met le foutoir (enfin non en fait...Ouf... mais non pas ouf en fait puis si...) dans le Grand Plan du Patron, il a un sacré rôle mais je n'arrive pas à le personnifier en terme "religieux", bref.

Sinon le truc que je n'ai pas vraiment capté c'est quand Théo prend possession du corps de cette Samantha Beckett (une référence à l'auteur irlandais?) qui, apparemment ne connait pas le président des USA, donc pourquoi ne pas se glisser dans le corps d'un de ses proches? Je trouve de plus qu'il est assez facile finalement de tailler une bavette avec le résident de la Maison Blanche... Mais j'essaie de rationaliser quelque chose qui n'a pas lieu d'être probablement.

Les traits d'humour ne m'ont pas fait forcément vider ma vessie sur mon canapé, "Jésus ressuscité" et encore plus "Ton fils ta bataille"... Hummmmm mouais... La dernière phrase aussi, bien lourdaude, n'apporte pas grand chose, dessert la nouvelle même à mon sens. J'ai souri pour Ben Affleck en revanche.

Quant au fond donc, un Dieu cynique qui aime jouer à l'apprenti sorcier, rien de bien innovant mais bon cela reste sympathique si je puis dire.

Un texte que j'ai lu sans déplaisir malgré la relative longueur (pour moi) même si je ne pense pas en avoir saisi toutes les subtilités.

C'est bien là le principal, lire sans déplaisir, pas ne pas avoir tout saisi... :)

Cordialement

   Raoul   
12/8/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je choisis toujours mes lectures nouvelles au hasard et au nez, en général, c'est pas mal…
Là, je me suis laissé entraîné avec plaisir par le décousu apparent, la fluidité des dialogues, le saugrenu en touches qui émaille ce récit utopicogéopolitique. Les personnages sont attachants bien qu'ils n'aient que peu d'aspérités - ou de ventouses -, ils parviennent à être mieux que des silhouettes par les "descriptions" vives, saisies d'un carnet de croquis.
Visuellement j'ai localisé les événement du côté de M.I.B. (oui, mes ref. dans ce genre est très limitées).
Ça dé-tricote - et ça brode - sur ze grand complot mondiale des forces du mal supplanté par l'artisanat de deux marmousets plombiers obscures - pas stagiaires chez sanofi mais presque - : ça c'est réjouissant !
Très distrayante lecture de bonne facture qui plus est.

& merci au grain de sable qu'est Raoul (quel beau prénom !) pour sa participation aux effets bénéfiques.
;-)

P.S. voir diff. de sens entre [sauter au cou] et [sauter à la gorge].

   aldenor   
28/10/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une idée énorme traitée avec humour et légèreté.
J’ai moins aimé les passages avec le président américain, mais dans l’ensemble le développement est harmonieux et riche en trouvailles et en rebondissements. Et le chaos expérimental de la conclusion a même des relents philosophiques...
Au niveau de la clarté, il m’a fallu une certaine dose de concentration pour m’y retrouver, mais bon, la trame est complexe.
En particulier, je n’ai pas bien compris de qui émanaient les dialogues en italiques. S’il s’agit d’un nouveau personnage, il me semble qu’il faudrait l’introduire.


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