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Réflexions/Dissertations
patbow : Rêve durant le coma
 Publié le 18/01/09  -  5 commentaires  -  48266 caractères  -  1080 lectures    Autres textes du même auteur

Le rêve se déroule dans un noir absolu, sous forme d’un dialogue avec une présence étrange. C’est un mystérieux compagnon du noir qui s’est mis à m’interroger sur mes croyances et qui s’amusait à me les reproduire avec une ironie et une moquerie aussi logiques que déconcertantes.
Ensuite, il m’a étalé une autre perception de la vie, de la mort, de Dieu et de l’au-delà. Bonne lecture …


Rêve durant le coma


Après 21 jours de coma, je me réveille avec un rêve qui bouleverse toutes mes croyances.


Le 21 mars 2002, aux environs de 6 h du matin, j’ai ouvert les yeux dans une chambre d’hôpital que je ne reconnaissais pas. Mais du moment que je me sentais en pleine forme, ça n’avait aucune importance. Le plus important était ce rêve que je venais de faire. Un rêve si étrange, si réel et si précis que je ne pensais qu’à une seule chose, l’écrire au plus vite. Au pied du lit était accroché un support contenant quelques feuilles et un stylo. Ça devait être des notes médicales me concernant. Je m’en étais servi pour écrire sans perdre une seule seconde.


Je me rappelle avoir été dans une obscurité absolue, la plus noire que je n’avais encore jamais vécue. Non seulement, je ne pouvais pas voir mes propres mains, mais, je ne les sentais même pas. Je n’avais, en fait, aucune conscience réelle de mon corps. Je criais de toutes mes forces sans être capable d’entendre le moindre son de ma voix. Tout ce dont j’étais conscient, c’est que je cherchais à savoir où j’étais, et pourquoi j’y étais. Mais je ne cherchais absolument pas à en sortir. Je n’en avais même aucune envie.


Le temps passait dans la solitude et la monotonie les plus totales, un temps lourd et pénible nettement plus réel que le temps dans les rêves. Cette situation commençait à devenir insupportable, quand je commençais à ressentir progressivement une présence étrange autour de moi. Je n’entendais certes rien, et je ne voyais rien non plus, mais j’étais de plus en plus convaincu que je n’étais plus seul.


J’étais censé avoir peur, mais il n’en était rien. Cette présence n’avait absolument rien de menaçant, bien au contraire, j’y trouvais même une certaine forme de sécurité. J’ai décidé alors de tenter de communiquer avec elle :


- Qui est là ? S’il vous plaît, répondez-moi…


Aucune réponse… Si je ne pouvais même pas entendre mes propres mots, alors comment pourrais-je entendre la réponse de ce mystérieux compagnon du vide. Néanmoins, puisqu’il n’y avait rien à faire d’autre, je persistais encore et encore. Enfin, après plusieurs dizaines de tentatives, cette chose répondit :


- Voulez-vous vous calmer un peu !


Je mentirais si je disais que j’avais entendu cette phrase. Non, je n’ai absolument rien entendu. Mais je savais que cette chose étrange voulait que je me calme. Et je savais aussi que la communication entre nous était possible.


Tout ce qui va suivre sera représenté sous forme d’un dialogue. Un dialogue qui n’est autre qu’une transcription aussi fidèle que possible d’un échange de pensées avec cette mystérieuse présence.


Moi : - Écoutez… je voudrais savoir ce qui se passe, c’est quoi cet endroit et pourquoi j’y suis ? Et vous… qui êtes-vous ? Et pourquoi êtes-vous ici avec moi ?

Lui : - Le corps qui vous a supporté depuis que vous êtes dans ce monde, est actuellement endommagé. Vous occupez provisoirement un autre support en attendant que votre corps puisse se remettre en état.


Il était clair qu’il se foutait éperdument (de savoir ?) si j’allais comprendre ou pas. Moi non plus, je ne m’attendais pas à une réponse aussi directe et sèche. Néanmoins, il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour la comprendre. Cette totale absence de mon corps n'était que trop réelle.


Moi : - Dois-je comprendre que ce noir absolu, démuni de tout sens, est actuellement mon corps ?

Lui : - Provisoirement.

Moi : - Et Vous… Qui êtes-vous ? Et pourquoi êtes-vous venu ?

Lui : - Je ne suis pas venu. J’étais là. Seulement, il vous a fallu un peu de temps pour réaliser ma présence. Je vous ai aidé à venir ici. Et mon rôle est probablement de vous aider à reprendre possession de votre corps.

Moi : - Vous allez « probablement » m’aider à reprendre possession de mon corps ?

Lui : - Effectivement.

Moi : - Mais, pourquoi « probablement » ?

Lui : - Si votre corps s’avère définitivement endommagé, alors je vais plutôt être chargé de vous aider à quitter ce monde.


Et là, un sentiment de panique m’a brusquement envahi.


Moi : - Ah ! Je suis mort ! C’est ça ? Quitter ce monde pour aller où ? En enfer, c’est ça… c’est ça… dites-moi… S’il vous plaît…


Mais, à ma grande surprise… :


Lui : - Quel enfer ?

Moi : - L’enfer ! Quoi ! Le feu, la souffrance les ténèbres… Là où Dieu nous punira pour tous nos péchés… Vous voyez de quoi je parle ?

Lui : - Non ! Je ne vois pas du tout !

Moi : - Vous vous foutez de moi ou quoi ?

Lui : - Surveillez votre langage s’il vous plaît, je ne vois absolument pas de quel « enfer » vous voulez parler !

Moi : - Ok ! Vous devez sûrement appeler ça autrement. Je m’explique : Dieu, quand il nous a créés, il nous a envoyés dans ce monde pour nous mettre à l’épreuve. Si on pratique notre religion correctement, si on fait ce que Dieu nous a demandé de faire et qu'on renonce à ce qu’il nous a interdit, on ira au paradis pour se faire récompenser de jouissance, de plaisir et de bonheur, et ce, pour l’éternité. Sinon, on ira en enfer pour se faire punir de souffrances et de malheurs.

Lui : - Alors, Dieu aurait créé un lieu horrible appelé « enfer » pour vous y punir probablement, aussi, pour l’éternité ?

Moi : - Probablement…

Lui : - Et « religion », c’est quoi ?

Moi : - Visiblement on ne va pas en finir ! « Religion » c’est une croyance et un mode de vie qui nous a été dicté par Dieu par l’intermédiaire de son messager.

Lui : - Si je comprends bien, dès que Dieu vous a créés, il vous a jugés, a priori, indignes d’être au paradis. Il vous a, plutôt, envoyés dans ce monde où il vous a communiqué par l’intermédiaire d’un messager, une religion sous forme de consignes strictes que vous devez respecter à la lettre. Faute de quoi, c’est la souffrance et le malheur (« enfer ») qui seront au rendez-vous.

Moi : - Non, pas exactement… Primo, à ma connaissance, il y a trois religions qui reconnaissent l’existence de Dieu. Toutes les trois sont semblables mais différentes. Seulement, il n’y a qu’une et une seule qui soit la vraie. Et qu’on doit adopter.

Lui : - Et… deuxio ?

Moi : - Deuxio… Dieu ne nous a pas immédiatement envoyés dans ce monde. Le premier couple d’Humains (Adam et Ève) fût créé, plutôt, au paradis où tout était permis sauf un arbre fruitier qu’il ne fallait pas approcher. Certains disent que c’était l’arbre de l’immortalité, d’autre de la connaissance. Importe peu. L’essentiel… Devant l’encouragement du diable, Adam et Ève ne résistèrent pas à la tentation de cueillir un fruit de ce maudit arbre pour le croquer et désobéir ainsi à Dieu. Alors ils se sont retrouvés tous les deux dans ce monde, et nous avec.

Lui : - C’est quoi ce… « diable » ?

Moi : - Tu ne vas pas recommencer…

Lui : - Je suis très sérieux, c’est quoi ?

Moi : - Le diable est une créature maléfique qui a causé notre perte et qui continue à nous pousser vers le péché pour nous éloigner du paradis et nous approcher de l’enfer.

Lui : - Et qui a créé ce « diable » ?

Moi : - Quelle question ! Dieu, bien sûr.

Lui : - Bon ! Récapitulons… Dieu créa un couple d’Humains perfectibles, Adam et Ève, les installa au paradis et décida de les mettre à l’épreuve. Il ne leur a pas interdit de couper les arbres ni de déraciner les plantes, il leur a interdit de manger un fruit. Ce couple était obéissant et s’est abstenu d’approcher cet interdit sans se poser de questions. Jusqu’à ce que le « diable », que Dieu avait créé, et qui savait exactement où était cet interdit, vienne les encourager à le violer. Et, curieusement, Dieu, n’a rien fait pour empêcher ce « diable » de perturber une mise à l’épreuve aussi importante que décisive pour l’espèce humaine.

Moi : - En effet, si Adam avait plutôt fichu une bonne claque à Ève au lieu de lui cueillir ce fruit ou de la laisser le faire, Dieu ne se serait pas fâché autant… Non, je rigole. En fait, Il y en a qui croient que Dieu avait prédestiné l’espèce humaine à être sur terre jusqu’au jour du jugement dernier.

Lui : - Ce pauvre « diable » n’y était pour rien alors ! Dieu voulait-il seulement le piéger ? Et pourquoi, alors, toute cette mascarade de faux paradis et de fruit extraordinaire à ne pas croquer ? Dieu cherchait-il des prétextes pour faire ce qu’il avait préalablement l’intention de faire ?

Moi : - Non, Dieu voulait seulement… Je ne sais plus ce qu’il voulait ! Un petit moment ! C’est quoi cette insolente manière d’invoquer Dieu ? Ne seriez-vous pas le diable, par hasard ?

Lui : - Comment mes propos peuvent-ils vous paraître insolents alors que je ne fais que répéter ce que vous me dites ? Et puis, pensez-vous vraiment que je sois ce « diable » ?

Moi : - Pourquoi pas ?

Lui : - Après que ce « diable » vous ait chassé du paradis, et après qu’il vous ait empoisonné toute une vie sur terre, Dieu, lui-même, l’aurait chargé à venir personnellement s’occuper de votre mort ! Croyez-vous que Dieu puisse vous mépriser à ce point ?


Franchement, je savais plus quoi répondre. Après un moment de silence, il ajouta :


Lui : - Parlons un peu de ces trois religions. Vous disiez que Dieu vous a envoyé trois messagers dans trois régions différentes pour vous communiquer trois religions semblables mais différentes ! Et qu’il vous fallait savoir laquelle des trois vous deviez adopter !

Moi : - Qu’est-ce que c’est que ce délire ! Non, Dieu n’a pas envoyé trois messagers, il en a envoyé plusieurs. Et pas dans différentes régions, c’était, successivement, dans différents peuples, mais pratiquement la même région. Et pas trois religions mais une seule. C’est nous qui en avions fait trois.

Lui : - Pourquoi ? L’humanité était-elle regroupée dans une même région de la terre ?

Moi : - Non, les humains étaient disséminés sur pratiquement toute la planète.

Lui : - Alors, Dieu aurait décidé d’en prévenir quelques-uns et d’ignorer les autres !

Moi : - Non ! Ceux qui avaient été prévenus devaient prévenir les autres. Et…

Lui : - Et ?

Moi : - Des guerres horribles avaient éclaté pour ça.

Lui : - Donc, Dieu qui avait eu pitié de cette espèce humaine perdue dans ce monde, décida de les prévenir. Alors, au lieu d’envoyer simultanément plusieurs messagers dans différentes régions pour appeler à une même religion et éviter toute guerre religieuse possible, il aurait plutôt choisi d’envoyer successivement plusieurs messagers dans différents peuples d’une même région avec un message dont ils devront assurer la propagation par tous les moyens, y compris la guerre ! Résultat, malgré l’unicité du message et la succession des messagers, l’espèce humaine s’est retrouvée confuse devant trois différentes religions ?

Moi : - Ooof ! Écoutez… Ce que Dieu a fait ou n’a pas fait, aurait fait ou n’aurait pas fait, ne me regarde pas. Moi, je vous dis ce que je croyais, et c’est tout !

Lui : - Y croyiez-vous vraiment ?

Moi : - Je n’en sais trop rien !!!

Lui : - Revenons à ces fameuses religions. Vous disiez qu’elles étaient semblables. En quoi consistaient-elles ?

Moi : - On dirait que vous me passez un examen !

Lui : - Répondez s’il vous plaît, ça m’intéresse de savoir.

Moi : - Elles consistaient d’abord en une croyance puis en une bonne conduite et enfin, et c’est le plus important, en une pratique.

Lui : - Une pratique ?

Moi : - La pratique c’est un comportement quotidien particulier qui diffère d’une religion à l’autre. Des prières et des rituels à accomplir, une façon d’être et parfois même une apparence physique caractéristique à adopter.

Lui : - Et si on parlait un peu de la punition que Dieu vous réserverait après la mort. Cet « enfer » tant redouté…

Moi : - Que voulez-vous savoir ?

Lui : - Croyez-vous vraiment que Dieu pourrait vous faire condamner à une souffrance éternelle ?

Moi : - Certes … Dieu nous a mis en garde contre l’enfer éternel. Mais, de là à ce qu’il nous y condamne réellement, ça ne relève que de lui.

Lui : - Mais, vous croyez que c’est possible ?

Moi : - Je dirais que ce n’est pas totalement exclu.

Lui : - Donc, il n’est pas totalement exclu que Dieu puisse s’occuper pour l’éternité à veiller que certains parmi vous ne manquent pas de souffrance !

Moi : - Dit de cette manière, ça paraît ironique. Mais c’est ça !

Lui : - Selon vous, pourquoi Dieu vous punirait-il ?

Moi : - Parce qu’on l’aura mérité ! Quelle question !

Lui : - Je vais vous reformuler ma question autrement… Supposons que vous avez, par malheur, adopté la mauvaise religion, ou que vous avez adopté la bonne mais sans la pratiquer correctement, ou que vous avez pratiqué correctement la bonne religion mais que votre conduite laissait à désirer, ou que vous aillez été un horrible tyran responsable d’affreux génocides et massacres. Alors, dans quel but croyez-vous que Dieu pourrait vous châtier. Est-ce pour vous corriger afin que vous ne fassiez plus la même erreur ?

Moi : - Non ! Après le châtiment, si châtiment il y a, il n’y aura plus de remise à l’épreuve. Le châtiment ne peut être correctif.

Lui : - Est-ce pour donner l’exemple aux autres afin qu’ils ne s’avisent pas à en faire autant que vous ?

Moi : - Quels autres ? Le jour du jugement dernier, il n’y aura plus de leçons à donner.

Lui : - Dieu, pourrait-il vous punir pour vous mettre hors d’état de nuire ?

Moi : - Nuire à qui, au-delà de ce jour, nul ne pourrait plus jamais être nuisible !

Lui : - Alors comme ça, vous croyez que Dieu vous punira, uniquement pour assouvir sa vengeance à votre égard, ou tout simplement par pur mépris ?

Moi : - Par vengeance ou par mépris, si Dieu a décidé de nous punir c’est qu’il a ses raisons.


En fait, je me suis toujours interrogé au sujet de ce châtiment éternel dont Dieu nous a mis en garde. J’ai toujours voulu en comprendre le sens. J’ai fini par croire que Dieu l’a évoqué uniquement pour nous faire peur. Et qu’il n’a nullement l’intention de le mettre réellement en œuvre ! Que Dieu puisse engendrer une créature maléfique, ça, je n’avais autre choix que de l’accepter. Mais, qu’il la condamne, lui-même au châtiment éternel, je ne pouvais y croire. En fait, je respectais Dieu beaucoup trop pour croire qu’il puisse engendrer une créature suffisamment horrible pour mériter un châtiment éternel. Croire en plus que c’est lui-même qui va le lui infliger, revenait à le prendre pour étant encore plus horrible que tout ce qu’on pourrait imaginer. Néanmoins, remettre en cause un des principaux piliers de ma religion allait causer son total effondrement dans mon esprit. Enfin… je me suis contenté de croire sans chercher à comprendre.


Lui : - Parlons un peu de ce paradis promis !

Moi : - Pourquoi ? Voulez-vous le contester à son tour ?

Lui : - Durant votre vie, de par votre religion, vous êtes tenu par un certain nombre d’obligations et de devoirs envers Dieu. Qu’en serait-il de ces obligations une fois au paradis ?

Moi : - Au paradis, Dieu nous dispense de toute obligation et contrainte. En plus, il veille à ce qu’on y mène en existence éternelle dans un bonheur, une joie et une satisfaction absolus et de manière inconditionnelle.

Lui : - Ainsi, vous croyez qu’après toute une vie dans ce monde où règnent tentations et cruautés, confusions et incertitudes, injustices et inégalités, Dieu, se déciderait, un jour, à vous juger. Après quoi, il va devoir s’assurer que ceux qui auraient mérité l’enfer ne manquent pas de souffrance, et ceux qui auraient mérité le paradis ne manquent pas bien-être et de bonheur, et ce, de manière inconditionnelle et pour l’éternité. Croyez-vous que Dieu, après ce fameux -jour de jugement dernier-, abandonnerait définitivement son statut divin vis-à-vis de vous, pour se consacrer à être le bourreau éternel des uns et le serviteur inconditionnel des autres ? Croyez-vous vraiment que Dieu puisse vous avoir créés pour être à votre service pour l’éternité, ou pour s’amuser indéfiniment à vous faire souffrir ? Moi, à votre place, j’aurais honte de croire en de telles stupidités.

Moi : - Alors quoi ? Monsieur je sais tout. Allez-vous me dire que Dieu n’existe pas et que notre naissance, notre vie, notre mort et toute notre existence ne sont qu’une succession de réactions chimiques s’effectuant dans le strict respect des lois bien établies de la physique quantique ? Allez-vous me dire que Dieu n’est qu’une inconsciente puissance infinie qui se confond avec la nature, avec nous-mêmes et avec l’univers ? Allez-vous me dire Dieu est en chacun de nous ou que chacun de nous est son propre dieu ? Je préfère mille fois croire en un Dieu stupide, comme vous dites, plutôt que de croire en ces débilités.

Lui : - Qu’est-ce que vous racontez ? Si Dieu n’existait pas, on ne serait pas là, en train de discuter dans le noir. Et puis, qu’est-ce qui vous empêcherait de croire en ces débilités ?

Moi : - Je veux bien y croire. Mais, pour ça, il aurait fallu que ma vie ne soit pas comme elle l’a été. Une suite infernale de souffrances et de douleurs. Je ne vous donnerais jamais le droit de me priver de l’espoir en une existence meilleure après ma mort.

Lui : - Il y a un moment, vous aviez plus la trouille d’aller en enfer que l’espoir d’aller au paradis. Qu’avez-vous à vous reprocher ?

Moi : - Je ne saurais quoi vous dire. Il n’y a rien dans ce foutu monde qui puisse vous encourager à faire du bien, à commencer par nos propres croyances. Dieu, l’espoir en le paradis et la crainte de l’enfer, faisaient partie de mon quotidien. Ça ne m’a pas, pour autant, empêché de faire plein de choses dont je ne peux être fier. Et puis le handicap dont j’étais victime depuis ma naissance faisait que j’en voulais à tout le monde, y compris à moi-même.


À ce moment précis, j’ai réalisé que je ne ressentais plus aucune souffrance. Cette situation ne faisait pas mon bonheur, mais, au moins, il n’y avait plus cette douleur qui m’avait toujours accompagnée d'aussi loin que je me rappelais.


Moi : - C’est curieux, je viens de me rendre compte que je ne ressens plus aucune souffrance !

Lui : - Ce n’est que lorsque vous allez reprendre possession de votre corps terrestre que vous allez pouvoir de nouveau souffrir. Ici, vous ne pouvez ni souffrir ni ressentir du plaisir. C’est un support totalement neutre.

Moi : - N’est-ce pas Dieu qui nous a donné ce corps qui nous fait souffrir ?

Lui : - En effet !

Moi : - Ne venez-vous pas de confirmer, vous-même, que Dieu n’est pas si gentil que ça ?

Lui : - Écoutez… tout ce que vous venez de me raconter, je le savais. Je voulais seulement vous l’entendre dire. Maintenant, c’est à moi de prendre la parole. Vous pouvez croire que Dieu n’existe pas ou que Dieu n’est qu’une notion philosophique abstraite que chacun peut comprendre à sa manière (la nature, l’infini, chacun de vous, vous tous… etc.). Mais, ce qui ne risque que d’ajouter cruauté à la cruauté de votre monde, c’est de croire que Dieu soit une puissance absolue, consciente et, en même temps, cruelle et capable du pire à votre égard. Ça ne vous aide absolument en rien. Bien au contraire. Ce qu’est la nature de Dieu, je ne saurais vous le dire. Mais, je peux vous aider à l’imaginer de la meilleure manière qui soit. Ça pourrait vous aider à mieux apprécier les instants de joie et de bonheur, et à mieux accepter les souffrances et les malheurs que vous endurez dans ce monde. Je vous demanderais seulement de mettre de côté tout ce que vous avez pu croire jusqu'à maintenant et d’accepter de vous livrer à un petit jeu avec moi. Ce jeu qui s’appelle : « Pouvez-vous imaginer » n’a qu’une seule règle : « ne peut être imaginé que ce qui est techniquement et matériellement possible ». Êtes-vous prêt ?

Moi : - Je vous écoute…

Lui : - Avec les réseaux de communication rudimentaires dont vous disposez actuellement, pouvez-vous imaginer que tous les Hommes de la planète puissent mettre en commun leurs intelligences, leurs savoirs et tous leurs potentiels afin de constituer une seule et unique puissance capable d’agir d’une manière cohérente, coordonnée et parfaitement synchronisée dans le but de lutter contre les maladies, les misères et les injustices et toutes les horreurs qui rongent votre monde ?

Moi : - C’est un peu l’idéal. Mais, techniquement, c’est possible.

Lui : - Considérant les nouvelles conditions idéales où évoluera cette puissance, pouvez-vous imaginer que cette dernière puisse développer une parfaite maîtrise d’elle-même, de son environnement ainsi que des énergies et des richesses de son univers ?

Moi : - Parfaites maîtrises ! C’est trop ambitieux. Mais, avec le temps, ce n’est pas exclu.

Lui : - Parfait ! Maintenant, essayez de projeter votre imagination plus loin dans le futur. Pouvez-vous totalement exclure que cette puissance réussira, un jour, à développer un savoir biochimique suffisamment avancé, lui permettant de créer, de toutes pièces, une nouvelle cellule « vivante » capable d’absorber des éléments nutritifs, de grandir, de se débarrasser de ses déchets et de se reproduire ?

Moi : - C’est contre mon éthique religieuse. Mais, je ne peux nier que même maintenant, la vie, d’un point de vue chimique n’a plus, vraiment, beaucoup de mystères pour nous. Elle est, certes, trop complexe. Mais on sait comment elle fonctionne. Je ne peux pas totalement exclure que cela soit possible un jour. Surtout, en considérant les conditions idéales supposées.

Lui : - Ne croyez-vous pas que ce serait, tout de même, un premier pas sur le chemin de la divinité ? Ne seriez-vous pas, alors, une sorte de « Dieu » pour cette nouvelle forme de vie, aussi rudimentaire soit-elle ?

Moi : - C’est du n’importe quoi !

Lui : - Passons à la deuxième étape du jeu. Supposons que l’avancement de vos recherches en bio création et en biochimie, vous a permis, par améliorations génétiques successives, de faire évoluer votre cellule vivante en un micro-organisme complexe, capable de juger si le milieu où il évolue est suffisamment favorable pour sa reproduction. Et aussi, qui soit capable de décider, lui-même, de se reproduire ou de ne pas se reproduire en conséquence. Puis, vous lui avez permis d’évoluer dans un milieu relativement favorable.

Moi : - Pourquoi relativement favorable ? Ce sera le milieu le plus favorable possible.

Lui : - Ok, le plus favorable possible. Mais, malgré ça, après quelque temps, vous observez que certains individus refusent de se reproduire (décident de faire le mauvais choix) ?

Moi : - Étant donné que je devrais m’y attendre à ce choix de comportement, j’essaierais de leur faire changer d’avis.

Lui : - Comment ?

Moi : - J’essaierais de leur faire goûter un milieu un peu moins favorable avant de les remettre dans leur milieu initial. Ils changeront sûrement d’avis.

Lui : - Et s’il y en a qui ne changent toujours pas d’avis ?

Moi : - Ils seront placés dans des milieux de moins en moins favorables jusqu'à ce qu’ils changent d’avis.

Lui : - Et si malgré avoir séjourné dans le milieu le moins favorable possible, certains individus persistent à faire ce mauvais choix ?

Moi : - Ils seront privés de cette liberté de choix ainsi que de la capacité de se reproduire. Et ils seront définitivement placés dans leur milieu initial. Ils seront certes moins avantagés que les autres de point de vue capacités, mais je ne peux pas faire mieux. À quoi ça rime tout ça ?

Lui : - Pouvez-vous réaliser ce que vous venez de dire ?

Quand il vous a été possible de créer un être vivant que vous avez pu doter d’une certaine capacité de jugement et d’une liberté de comportement, vous avez immédiatement décidé de lui offrir le meilleur environnement possible (un paradis), et ce, sans même vous demander s’il va pouvoir en faire bon usage. Ce n’est que lorsqu’il aura fait le mauvais choix, que vous avez choisi de dégrader progressivement son environnement (enfer). Non pas pour le punir, mais, uniquement, pour lui permettre de mieux apprécier son environnement initial afin qu’il se décide à renoncer à sa mauvaise décision. Au pire, quand vous avez perdu tout espoir, vous lui avez, seulement, retiré cette capacité de jugement et cette liberté de comportement ainsi que l’avantage que ça lui procurait. Mais, vous l’avez, tout de même, autorisé à mener une existence paisible dans son paradis initial. À aucun moment vous n’avez pensé que cette bestiole avait, délibérément, abusé de la liberté que vous lui avez offerte. Et qu’il vous faudra la doter d’une certaine capacité de souffrance dans le but de la punir pour s’être mal comporté.

Moi : - C’est débile. Le principe de punition, dans ce que vous avancez, n’a absolument aucun sens. Quoique cette chose puisse s’apparenter à un être vivant, ça ne constitue à mes yeux qu’une succession complexe de réactions chimiques sans plus. Comment, pourrais-je concevoir de punir une réaction chimique ?

Lui : - Nous y voilà. Et si cette chose vivante que vous identifiez comme une vulgaire réaction chimique avait effectivement conscience d’elle-même, de ses capacités, de sa liberté de comportement et de vous-même. Si, malgré le fait que vous soyez son créateur, et que vous lui avez offert les meilleures conditions d’existence possibles, elle persiste à profiter de sa liberté de choix pour vous en réclamer encore davantage ?

Moi : - C’est totalement irrationnel. Si cette chose que j’ai créée de toutes pièces doit avoir une conscience ou un esprit, il va falloir que ce soit moi qui lui en donne… Maintenant, si vous me dites directement ce que c’est que cette autre perception de Dieu que vous prétendez.

Lui : - Ok. Vous serait-il possible de considérer Dieu comme une puissance consciente disposant d’un pouvoir absolu sur la matière et ayant une parfaite maîtrise de la dimension spirituelle ?

Moi : - Je voudrais bien. Mais je n’ai aucune conception concrète de ce que peut être le monde spirituel.

Lui : - Je peux vous aider à lui trouver une conception, mais ça risque d’être ennuyeux…

Moi : - Essayez toujours…

Lui : - Supposons un objet matériel que vous tenez entre vos mains. Quelle est la caractéristique physique déterminante qui vous prouve son existence ?

Moi : - Sa masse !

Lui : - Alors que diriez-vous d’un objet de masse absolument nulle ?

Moi : - Il ne peut exister aucun objet de masse absolument nulle !

Lui : - Alors, pour vous, l’existence d’un objet de masse nulle relève de l’irrationnel ?

Moi : - … ooo Oui ! Un objet de masse nulle serait un objet immatériel !

Lui : - Savez-vous de quoi est faite la matière ?

Moi : - La matière… C’est… Des particules de différentes natures, de différentes masses et de différentes charges (protons, neutrons, électrons… etc.) qui se sont structurées pour former des atomes. Lesquels se sont structurés pour former des molécules. Et ainsi s’est formée la matière.

Lui : - Toutes ces particules que vous venez de citer sont réelles et concrètes et ayant des caractéristiques physiques bien connues. Et vous n’avez absolument aucun doute sur leur existence ?

Moi : - Effectivement !

Lui : - Quelle est la caractéristique physique déterminante qui vous assure l’existence de chacune de ces particules ?

Moi : - Je dirais leur masse.

Lui : - Alors au même titre qu’un objet de masse nulle serait inexistant, une particule de masse nulle ne peut exister ? Autrement on serait dans le domaine de l’irrationnel ?

Moi : - Exactement !

Lui : - Pourtant cette particule de masse nulle est omniprésente autour de vous !

Moi : - Vous n’allez pas me dire que c’est notre esprit ?

Lui : - Non ! L’existence de cette particule a été scientifiquement prouvée et définitivement admise de manière incontestable depuis bien des années.

Moi : - Vous dites que la communauté scientifique a démontré qu’une chose aussi irrationnelle qu’une particule de masse absolument nulle pouvait exister ?

Lui : - Oui !

Moi : - Je voudrais bien savoir laquelle ?

Lui : - Vous appelez ça « Photon » !

Moi : - Ah ! Effectivement, le photon est une particule de masse nulle dont on a admis l’existence. Mais c’était uniquement pour expliquer un phénomène bien établi qu’est le comportement particulaire de la lumière !

Lui : - Vous admettez, donc, que pour expliquer un phénomène physique que vous veniez de découvrir, vous n’aviez pas hésité à repousser d’un cran les limites de l’irrationnel. En d’autres termes, « l’existence d’une particule de masse nulle » est passé, tout d’un coup et sans difficulté apparente, du domaine de l’irrationnel absolu vers celui du parfait rationnel.

Moi : - J’avoue que je n’avais encore jamais perçu le photon de cette manière !

Lui : - Maintenant, que cette limite entre le rationnel et l’irrationnel n’est visiblement pas absolue, on pourrait la repousser encore davantage…

Moi : - C’est-à-dire ?

Lui : - C’est-à-dire que la masse nulle ne constitue pas la limite de l’existant mais uniquement la limite de votre capacité de perception. Et que, au-delà du photon comme particule de masse nulle évoluant à la vitesse de la lumière, il existe des particules de masse « négative » (ultra particules) évoluant en boucle à des vitesses multiples de celle de la lumière.

Moi : - Particules de masse négative ? Vous n’êtes pas sérieux !!!

Lui : - Cette notion de négativité de la masse qui vous paraît invraisemblable, n’est due qu’au fait que vous confondez l’origine « 0 » de l’existant avec la limite de votre capacité de perception (le photon). Alors que l’existant s’étend, en fait, infiniment au-delà de ça.

Moi : - Je comprends votre logique de vouloir repousser la notion de l’existant au-delà de la masse nulle. Mais en quoi est-ce que cela expliquerait le spirituel ?

Lui : - Comme la matière est composée de particules, on peut définir l’ultra matière comme une structure composée de ces ultra particules que je viens de définir. Et aussi, de même que la vie n’est que la conséquence d’un comportement complexe de la matière, l’esprit ne serait qu’une sorte « d’ultra vie » (conséquence d’un comportement extrêmement complexe de cette ultra matière). Ce qui définit la première dimension spirituelle comme une dimension se situant juste au-delà des limites physiques du monde matériel que vous pouvez percevoir.

Moi : - Première dimension spirituelle ? Pourquoi ? Y en aurait-il une deuxième ?

Lui : - Ce monde spirituel de premier niveau, où l’esprit humain serait la plus évoluée des créatures, à son tour, à ses propres limites. Au-delà de ces limites, c’est la dimension spirituelle divine.

Moi : - Vous voulez dire qu’avec cet univers matériel qu’on perçoit, coexiste un univers spirituel à deux niveaux. Un premier niveau pour les esprits des vivants et un deuxième pour l’esprit de Dieu ?

Lui : - Alors, vous serait-il possible, maintenant, de considérer Dieu comme une puissance consciente disposant d’un pouvoir absolu sur la matière et ayant une parfaite maîtrise de la dimension spirituelle ?

Moi : - Est-ce réellement ça l’esprit ?

Lui : - Vous avez demandé une manière de concevoir le monde spirituel, je vous en ai donné une.

Moi : - Ok… admettons !

Lui : - Avant de créer l’esprit humain conscient, libre et intelligent, Dieu aurait orienté les richesses et les ressources infinies de cet Univers vers la création d’un monde idéal capable d’accueillir sa noble création dans les meilleures conditions possibles. Il canalisa ensuite le comportement de la matière vers la création d’un corps humain parfait, permettant à cet esprit de mener une existence idéale dans le plaisir, la joie et le bonheur les plus absolus et en totale absence de toute forme de souffrance et de malheur. Des centaines de centaines de milliards d’humains évolueront à la perfection et en parfaite adéquation avec leur environnement paradisiaque.

Moi : - Ça, c’est votre rêve. Ça n’a rien à avoir avec la réalité amère de notre monde ?

Lui : - Cet humain c’est bien vous et ce monde est bien le vôtre.

Moi : - Expliquez-vous…

Lui : - Malgré le caractère paradisiaque de cette existence que Dieu a offert aux humains, certains individus, dont vous faites personnellement partie, jugeront qu’il en faudrait plus. Et leur caractère prétentieux va les conduire à se comporter d’une manière qui menacerait l’équilibre de ce paradis. Ce qui va leur coûter de se retrouver, le temps d’une vie, dans ce monde imparfait où vous venez de passer vos 28 dernières années. Et qui serait le seul enfer que je connaisse.

Moi : - Je n’arrive pas à vous suivre, là… Vous dites que moi, j’aurais été dans un paradis. Et que, pour une raison ou pour une autre, j’ai jugé que ce paradis n’était pas assez bon pour moi. Alors, en voulant prétendre à plus, je me serais si mal comporté que je commençais à constituer une menace pour l’équilibre de ce monde magnifique. Du coup, Dieu m’a condamné à mener toute une vie dans cet horrible bas monde terrestre.

Lui : - En effet…

Moi : - Comment pourrais-je être prétentieux au paradis alors que selon la définition même du paradis, je pourrais avoir tout ce que je souhaiterais ?

Lui : - selon la définition même du paradis, une des prétentions les plus courantes et qui reste assez accessible dans votre monde terrestre, est totalement impossible au paradis.

Moi : - Vous voulez dire qu'il existe une chose à laquelle je peux prétendre et même y avoir accès sur terre et qui me serait totalement inaccessible au paradis ?

Lui : - Oui.

Moi : - J'aimerais bien savoir laquelle ?

Lui : - C'est le pouvoir sur tes congénères eux-mêmes au paradis... Au paradis auquel vous croyez, non seulement, Dieu lui-même n'aurait plus de pouvoir sur vous, mais il deviendrait lui-même votre éternel serviteur. Alors si nul ne peut y être soumis au pouvoir de l'autre, nul ne peut l'avoir sur l'autre...

Moi : - Ehhh ... Je crois que vous avez raison. Les sensations que procure le pouvoir sous toutes ses formes, reste de très loin, les plus convoitées et les plus recherchées de ce monde. Je réalise avec grande difficulté et déception qu'il serait éternellement inaccessible au paradis ! Alors ceux qui auraient prétendu au pouvoir dans ce monde paradisiaque que vous décrivez auraient été réexpédiés sur terre ?

Lui : - Oui, le temps d'une vie...

Moi : - Et tous les Hommes qui sont dans ce monde, même, les plus favorisés, sont en train de payer le prix pour s’être mal comporté alors qu’ils étaient au paradis ?

Lui : - Effectivement…

Moi : - Vous n'allez pas espérer que je pourrais croire en de telles conneries ?

Lui : - Ne croyez-vous pas en un Dieu Bon et Puissant ?

Moi : - Bien sûr que j’y crois !

Lui : - Ce Dieu, ne peut-il pas être assez puissant pour pouvoir vous offrir une aussi parfaite existence ? Ne peut-il pas être assez bon pour juger que vous en méritez, plutôt, autant ? Devrait-il être assez cruel pour décider d’initier votre existence par une épreuve dans un monde imparfait en vous laissant accumuler passivement suffisamment de méfaits pour vous faire condamner à une souffrance éternelle ?

Moi : - Je ne saurais quoi vous dire. Mais… si c’était le cas, si ce monde était vraiment un lieu de châtiment, pourquoi observe-t-on autant de disparités ? Pourquoi ne sommes-nous pas punis de la même manière ?

Lui : - Ce n’est pas une punition. C’est uniquement une dégradation de votre environnement vital, afin que vous puissiez mieux apprécier votre paradis initial pour ne plus risquer de le mettre en péril.

Moi : - Vous n’avez toujours pas répondu à ma question. Pourquoi, moi, ai-je été puni plus qu’un autre ?

Lui : - Vous n’avez pas été puni… vous…

Moi : - J’ai compris… appelez ça comme bon vous semble, mais répondez à ma question, aurais-je commis un délit plus grave au paradis ?

Lui : - Non ! Le paradis des Humains est beaucoup trop précieux pour que Dieu attende que votre comportement soit une réelle menace pour son équilibre. Alors, au moindre petit dérapage dans le mauvais sens, et c’est la bascule imminente dans le bas monde…

Moi : - Alors ?

Lui : - Laissez-moi terminer s’il vous plaît.

Moi : - Je m’excuse.

Lui : - Une fois sur terre, Dieu n’intervient plus pour vous empêcher d’agir dans le mauvais sens. Et cette totale liberté que Dieu vous donne, vous met face à une multitude de responsabilités que vous n’auriez jamais connues au paradis : la responsabilité envers votre santé et votre bien-être, votre environnement, votre descendance et votre ascendance, votre avenir, votre entourage… etc. Assumer toutes ces responsabilités, doit être fait dans le strict respect des responsabilités des autres. Vous devez impérativement faire appel à votre intelligence pour éviter d’user de moyens qui peuvent s’inscrire dans le cadre du mal. Autrement, votre comportement sur terre risque de vous coûter une autre condamnation. Les conditions de cette nouvelle condamnation découleraient de l’équilibre du mal et du bien accumulés à votre actif durant la condamnation antérieure. Ainsi, au lieu de retrouver le paradis, vous pourriez vous faire condamner à vivre dans des conditions de plus en plus cruelles. Et ce, tant que vous persistez à agir dans le sens du mal.

Moi : - Et pourquoi ? Mais…


En fait je ne savais plus quoi dire. Il fallait que je prenne un peu de temps pour réfléchir à tout ça. Ce n’est pas tous les jours qu’on se retrouve face à de tels propos.


Moi : - Mais pourquoi je ne me rappelle pas du paradis ni de mes éventuelles vies antérieures ?

Lui : - Quand vous serez de retour au paradis, vous allez pouvoir vous rappeler de ce que vous avez enduré dans ce bas monde. Et ça va vous permettre de mieux apprécier votre existence paradisiaque. Par contre, le moindre souvenir de ce paradis alors que vous êtes dans ce monde terrestre, serait beaucoup trop cruel.

Moi : - Et que dites-vous des plus favorisés de ce monde ?

Lui : - Croyez-vous qu’il existe un humain sur terre qui soit à l’abri de la souffrance ? En plus, le plus fort et le plus agréable des plaisirs sur terre, n’est que dérisoire devant le bien-être paradisiaque.

Moi : - Les guerres et les génocides, ce serait plutôt bien. Ça délivrerait un max d’humains de cet enfer !

Lui : - Chaque humain quittant ce monde sera de nouveau jugé. Il ne reprendra sa place au paradis que lorsqu’il aura prouvé qu’il en est digne.

Moi : - Pourquoi je porterais secours à une personne en danger ? Je devrais plutôt la laisser partir !

Lui : - Il ne revient qu’à vous, et exclusivement à vous, de juger de ce qui est bien et de ce qui est mal. Néanmoins, je vais vous aider un peu. Supposons que vous soyez en situation de danger. Souhaiteriez-vous que quelqu’un vienne vous porter secours ?

Moi : - Ça dépend…

Lui : - Ça dépend de quoi ?

Moi : - Premièrement, il faut que je sois sûr que ce danger va me tuer pour me délivrer au lieu de me faire souffrir ou de me donner un handicap. Deuxièmement, il faut que je sois sûr de m’être totalement acquitté de ma dette envers Dieu. Troisièmement, Il faut je sois sûr que j’ai suffisamment agi dans le bon sens pour que mon bilan me permette de rentrer au paradis.

Lui : - Et…

Moi : - Je ne peux être sûr de rien…

Lui : - Alors…

Moi : - Je souhaiterais qu’on me porte secours.

Lui : - Si on commençait par adopter une règle très simple : faites pour les autres ce que vous auriez sincèrement souhaité qu’ils fassent pour vous. Et évitez de leur infliger ce que vous redoutez de leur part. Essayez de mesurer l’impact et la portée de vos agissements et tirez-en les leçons qui s’imposent.

Moi : - Dites… Si je devais y croire à cette philosophie de l’existence, alors je déciderais, immédiatement, de ne pas avoir d’enfants !

Lui : - Pourquoi ?

Moi : - Ils ne seraient pas mes enfants. Ils ne seraient que des condamnés venus purger une peine dans ce bas monde. Pourquoi devrais-je m’en occuper ?

Lui : - Vos enfants sur terre ont de très fortes chances de faire réellement partie de votre descendance au paradis. C’est une chance pour vous de pouvoir vous en occuper et de les aider à passer leurs épreuves dans les meilleures conditions. De toute façon, la seule chose dont les Humains sont privés au paradis, c’est justement de ce plaisir de se sentir responsables et utiles envers les autres. Normal, puisque le paradis est un monde parfait où nul ne peut avoir besoin de l’autre. En plus, l’amour en général, et particulièrement l’amour parental, est l’un des rares sentiments terrestres qui procure un bien-être particulièrement proche du bien-être paradisiaque. Alors, si vous choisissez d’y renoncer, ça ne regarde que vous.

Moi : - Il paraît que cette situation va encore durer… Alors je vais en profiter pour vous demander ce qu’il en est de nos religions et croyances ?

Lui : - Vous pouvez croire à quoi bon vous semble. Seulement il faut qu’il vous semble réellement bon. N’acceptez rien sans être capable de le juger par vous-même. Les trois religions dont vous m’aviez parlé au début, contiennent plein de bonnes choses. Prenez en ce que vous jugez être le meilleur. En adopter une, en bloc, aveuglement ou rejeter le tout en bloc, serait une grave erreur. Si vous jugez sincèrement que ce que je suis en train de vous avancer, est mal et que vous décidez de le rejeter, ça vous appartient de le faire. Le plus important est que vous le jugiez réellement par vous-même. Et non pas parce que quelqu’un d’autre vous a dit que c’est mal et que vous le croyez sur parole.

Lui : - Pourrais-je vous poser une question à mon tour ?

Moi : - Allez-y.

Lui : - Si c’était cette vision de l’existence qu’on vous a inculquée depuis votre naissance… ?

Moi : - Je crois que j’aurais mieux toléré mon handicap, j’aurais mieux apprécié les rares moments de plaisir et de bonheur que j’ai eu la chance de vivre. J’aurais mieux résisté à certains gestes abominables que j’ai toujours regrettés. J’aurais cru en un Dieu Bon et Gentil auquel je n’aurais jamais rien à reprocher. Toute la colère qui résultait de ma souffrance se serait convertie en bonnes actions et en amour envers moi-même et envers les autres.


Il y a, tout de même, quelque chose qui cloche. Pourquoi je n’en avais jamais entendu parler. Pourquoi personne n’y avait encore jamais pensé ?


Lui : - Contrairement aux religions, c’est une pure pensée individuelle. Il n’y a aucun signe apparent. Aucune pratique. Vous n’êtes d’ailleurs même pas obligé d’y croire. Elle ne peut procurer aucun moyen de suprématie ni de pouvoir. Personne ne peut se proclamer représentant de Dieu pour contrôler les autres, parce que de par cette pensée même, il n’est pas mieux que les autres.


Voilà c'est probablement tout. En fait c'est tout ce dont je me rappelle. Mais, avant de vous quitter, je me permets de vous faire part d'un peu de moi-même. Si, des fois, ça vous intéresse. :


Je suis né dans une religion dont j’ai récemment réalisé l’aberration. Alors, j’ai fini par la rejeter de manière inconditionnelle avant de rejeter automatiquement toutes les autres qui ne sont plus, à mon sens, que des inventions ingénieuses permettant à des hommes plutôt futés d’en contrôler d’autres qui le sont beaucoup moins. Ce n’est pas parce que je me crois plus intelligent que ceux qui persistent à confirmer leurs appartenances religieuses, mais parce que je suis de plus en plus convaincu que la pratique religieuse reste un des moyens les plus efficaces de racheter sa conscience après avoir pertinemment, et en connaissance de cause, agi dans un sens peu recommandable.


Seulement, cette conscience tranquille et ce précieux pardon de Dieu, ne sont jamais gratuits. En effet, même si toutes les religions affirment que Dieu, tout puissant, est capable de tout voir et tout savoir, elles imposent absolument toutes, que l'appartenance religieuse soit particulièrement visible et imposante vis-à-vis de l'entourage humain. Il ne suffit jamais d'être bon, honnête, gentil, respectueux, etc. En plus d'être croyant, il faut absolument et régulièrement accomplir tel et tel rituel, se comporter de telle ou telle manière et parfois même s'obliger au respect d'une certaine tenue vestimentaire particulière, de sorte que tu contribues, malgré toi, à une démonstration de force extrêmement précieuse pour les représentants de la religion que tu aurais probablement choisie.


Pour mieux vous expliquer mon point de vue à l'égard des religions, je vous invite à imaginer une foire mondiale. Une foire, où chacune des religions de ce monde puisse louer un stand pour y exposer ses valeurs, ses vérités et ses outils de persuasion.

Vous, qui cherchez un sens à votre vie, une raison d'être ou, tout simplement, qui êtes en quête d'une certaine vérité, allez entrer dans cette foire. Chacun des représentants des différents stands déploiera tous les moyens possibles et imaginables pour vous convaincre que ce que vous cherchez, se trouve plutôt chez lui. De votre côté, par mesure de précaution, vous décidez de ne faire aucun choix sur place. Vous récupérez tous les documents et prospectus, et rentrez chez vous voir tout ça de plus près. Vous allez très vite vous rendre compte qu’ils cherchent tous à vous vendre un même -Dieu-, mais, emballé de différentes manières. Ils ont tous confirmé que ce qu'ils vendaient était totalement gratuit. Et c'est parfaitement vrai. Ce qu'ils ont oublié de vous dire et d’écrire sur leur prospectus, c'est que c'est l'emballage qui risque de vous coûter très cher. De toute façon, vous n’allez en connaître le vrai prix, que lorsque vous aurez définitivement fait votre choix et accomplit votre achat.


C’est curieux...


Rien qu’en imaginant une telle foire des religions, « Dieu » qui est censé être une puissance universelle suprême, devient, subitement, un concept que chacune des religions, cherche à vendre à sa manière pour parvenir à en tirer le maximum de profit. C’est vraiment horrible.


Du temps où mes tendances étaient encore religieuses, mentir, trahir, tromper, tricher… etc., étaient plutôt des actes qui ne me pesaient pas trop lourd sur la conscience. À chaque fois qu’il m’arrivait d’en commettre un, je profitais de ce que cela m’avait procuré comme avantages tout en maudissant ce « diable » qui m’avait encouragé à le commettre. Du coup, j’avais la conscience tranquille. D’autant plus que j’étais convaincu qu’en implorant dieu durant ma fidèle pratique religieuse, tout allait m’être généreusement pardonné. Mais, cela m’arrangeait nettement moins lorsque c’était moi qui subissais préjudices de la part des autres.


Et si je mettais cette religion et ce dieu de côté, qu’aurais-je à y gagner ?


À part de m’être libéré de pratiques religieuses quelque peu contraignantes, j’aurais tout à y perdre. En effet, il n’y aurait plus de diable pour supporter une bonne part de responsabilité de mes actes, et il n’y aurait plus de dieu pour les pardonner. Je serais absolument seul à en assumer tout le poids. Le seul pardon que je pourrais espérer, c’est celui de ceux qui auraient subi préjudice par ma faute. Et dans ce cas, agir dans le mauvais sens, deviendrait mille fois plus compliqué ! De plus, un handicap ou une souffrance chronique, qui étaient en partie compensé par l’espoir en un au-delà meilleur, deviendrait cruellement insupportable.


Néanmoins, j’ai fini par mettre la religion de côté. Quant à Dieu, on verra plus tard.


Une amie d’études m’avait discrètement accompagnée dans cette révolte contre notre religion et contre la religion en général. Et ce, en étant parfaitement consciente des avantages auxquels elle allait renoncer. Mon amie est morte avant de pouvoir souffler sa 22e bougie. Elle est morte d’un cancer particulièrement affreux.


Pendant qu’elle souffrait le martyre en comptant ses derniers jours, j’étais allé lui rendre visite. On s’est dit bonjour. Puis, un profond silence envahit la chambre. Plusieurs minutes durant, je la regardais en n’ayant qu’une seule envie en tête, trouver le moyen de partager ne serait-ce qu’une petite partie de sa souffrance. Avant de la quitter pour la dernière fois je lui avais demandé si je pouvais faire quelque chose pour elle. Elle me fixa d’un regard implorant que je n’oublierais jamais, et me demanda avec ces mots : « Y a-t-il un moyen de croire que ma mort ne sera qu’un passage vers un monde meilleur où je pourrais trouver l’amour et la joie que je n’ai pas eu le temps de vivre dans ce monde ? »


Elle ne m’avait pas laissé le temps de satisfaire sa requête.



 
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   Menvussa   
18/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Lorsque j'ai vu 42000 caractères je me suis dit je lirai plus tard. Et puis, j'ai jeté un œil, les deux et voilà, j'ai lu.
Alors la question que je me pose et à laquelle j'aurai bien du mal à obtenir une réponse est la suivante. Patbow a-t-il voulu nous inventer une belle histoire ou essaye-t-il vraiment de faire passer un message.
Et puis comment savoir si un "message" nous arrivant lors d'un rêve ou d'un sommeil qu'il soit naturel ou non, ne provient tout simplement pas de notre cerveau.

Par contre ce qui me plaît, c'est que tes "convictions" sont assez proches de ce que je pense, éveillé.

Alors je trouve ce texte très intéressant.

   Nobello   
19/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bon, ben toi, je t'aime d'amour et je suis sûr que tu sais comment et pourquoi.

Sinon, ce texte souriant et futé mériterait un petit "polissage" par endroits, et particulièrement au début. Mais je me reconnais vite "pris" par la fibre, l'intention de l'auteur, claire et dense. Didactique sans être trop visiblement scolaire, il est évident que Patbow parvient à ne pas m'agacer du fait de la pertinence de ce qu'il expose, mais surtout parce que tout ça transpire de bienveillance simple, de souci "d'élan" commun.
Ce qui me vient à propos de ce texte, c'est "Humblement Inspiré". C'est marrant, quelque chose me dit que ça va plaire à l'auteur...

   Perjoal   
20/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce texte sur une réflexion philosophique est très bien construit. J’aime les idées et la manière simple de développer une ‘nouvelle’ approche du ‘Tout’.

J’ajouterai une réflexion que j’ai faite lors d’un débat scolaire sur les religions : « Quelque soit le reproche que vous ferez sur une religion, une pensée, une idée,… si vous luttez contre elle, vous ne réussirez jamais qu’à lutter contre des hommes et jamais vous ne détriterez la pensée. »

   Nongag   
18/2/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Voilà un auteur avec une réflexion intéressante sur les religions, Dieu et toutes nos croyances.

J'aime qu'il nous présente un Dieu vraiment aimant, c'est pas généralement le cas!!!

Je ne sais pas s'il croit vraiment tout ce qu'il nous raconte ou s'il se sert de l'excuse du rêve comateux pour s'amuser à démolir les fondements chrétiens du paradis et de l'enfer. Mais bon… c’est son affaire. De toute façon, j'aime bien la tournure parfois étonnante qu'il donne aux dogmes établis - je pense ici à ce retour sur terre des êtres trop exigeant pour le paradis... Rigolo et pas con.

Le problème se situe au niveau de l'écriture. Patbow se perd dans sa démonstration et oublie qu'il est aussi question ici de littérature. Et sa prose est inégale. J'ai l'impression très nette que l'idée est le moteur de sa plume mais... le plaisir à jongler avec les idées est toujours plus grand quand c'est bien dit.

Les dialogues sont faibles par moment et mériteraient une progression plus "calme", moins rapide, plus logique. Ça sent trop la démonstration et ça tue la crédibilité de l’échange, comme si l’auteur était trop pressé de dire tout ce qu’il a derrière la tête.

Bien + pour le propos. Moyen - pour l'écriture

   Anonyme   
7/2/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour, si ce texte est effectivement réel, j'aimerais donner ma vision des choses. Il est avéré que le domaine du subconscient est encore largement inconnu. Pour moi ceci n'est qu'un échange entre la conscience de l'auteur et son subconscient qui ne serait pas soumis aux mêmes influences que la partie consciente, en effet je pense qu'il s'agirait d'une réflexion interne auquel il n'aurait jamais eu vraiment accès, cette personne avec qui il échange ne serait autre, encore une fois pour moi, qu'une manifestation de son inconscient, le coma lui donnant accès à certaines informations. Cependant, le subconscient serait soumis bien évidemment aux croyances de l'auteur car même étant un niveau de conscience "supérieure" si je puis dire, il n'en reste pas moins dépendant de la vie, des croyances, des réflexions de l'auteur. Pour moi, ce n'est qu'une manifestation avec un esprit purement logique, une logique que l'auteur avait en lui mais que ses croyances ont rejetés en bloc, jusqu'à ce qu'il se retrouve bloqué avec son inconscient (le coma n'est pas comme quand l'on dort, on ne rêve pas, il parait logique qu'il se passe tout de même quelque chose) et donc forcé de se dire les choses. Bien entendu ce n'est que mon avis.


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