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Réalisme/Historique
Pepito : Tranches de brie – Tomme 3
 Publié le 14/05/18  -  16 commentaires  -  6301 caractères  -  225 lectures    Autres textes du même auteur

– C’est quoi ce truc tout décousu ?
– On pourrait appeler ça, une nouvelle… recueil de micro-nouvelles.
– Et ça existe un truc pareil ?
– Faut croire.


Tranches de brie – Tomme 3


22 - Libre


Glauque, le couloir s’étire jusqu’à la lucarne étincelante, là-bas, tout au bout. Le soleil doit sacrément briller, dehors, pour arriver à illuminer aussi fort ce boyau rectangulaire. Luminosité et perspective estompent la vingtaine de portes s’ouvrant de part et d’autre. Elles donnent sur des chambres minuscules où, jeunes et moins jeunes, nous nous entassons quatre par quatre. Autour d’un espace libre minimum, juste la place pour un lit et une armoire par personne.


– Et pour le reste du confort ?

– Ben, mon gars, t’as qu’à aller voir sur l’palier !


Le manque d’intimité du foyer AFPA ne me dérange pas plus que ça. Quelques semaines plus tôt je dormais à trente-six sur des lits superposés dans un espace guerre plus grand. Faut dire aussi que, depuis quelques jours, la densité de mon lieu de vie est à la baisse. Deux de mes compagnons de chambrée ont jeté l’éponge et sont allés en ville se trouver une piaule chez l’habitant. Être un infernal tapeur de caca a parfois des avantages. Mon dernier coturne est du genre résistant, lui. Un modèle de type autonettoyant, avec ventilation forcée et pyrolyse en panne. Quelque chose me dit que je vais devoir me taper ses ronflements et son odeur jusqu’à la fin de ma mission.


Pour le moment je m’en moque. Dans quelques minutes je vais rejoindre un troquet du centre-ville, sûr d’y trouver potes et potesses. Marrant, je ne sais pas si c’est cette perspective ou l'éclat du soleil de printemps, mais plus j’avance vers la sortie de ce couloir et plus mon moral remonte.


Machinalement, je fais le tour de mes possessions. Dans une poche, un paquet de Marlbuches à moitié occis, dans l’autre, un billet de vingt balles froissé et dans la main le mini-gant-de-boxe-porte-clefs de ma bagnole. Une tire plus vieille que moi, héritée/débarrassée de mon ancêtre.


Je stoppe net, là, dans la lumière carrée de ce début d’après-midi, soudain persuadé de ne vouloir échanger ma place avec personne.


Des années plus tard, je garde un souvenir précis de cet instant de grâce. Tout est resté d’une étrange netteté : vision, sensations, réflexions... Comme si j’avais deviné que plus jamais de ma vie je ne serais aussi libre que ce jour-là.


36 - L’oncle Log


Brune, de grands yeux rieurs, une robe à froufrous, des chaussures qui clignotent, une coupe au carré avec barrette sur le côté… de plus en plus sur le côté. Elle court dans tous les sens, saute d’une chaise à l’autre. Je me demande laquelle, parmi les femmes assises sagement sur la rangée de sièges, peut bien être sa maman ? Tout à coup, la gamine cale et s’arrête, essoufflée. Bref moment de répit. Elle me regarde, puis se cache derrière sa menotte aux doigts écartés et me sourit. Aussi épuisante que charmante.


Je me tourne de l’autre côté de la pièce. Il est grand, maigre et lisse… très lisse. Pas de cheveux, ni de sourcils, le teint sacrément jaunâtre, il flotte dans sa chemise comme un battant dans sa cloche. Sans me forcer, je parie que pour lui, c’est l’oncle Log.


Voilà comment je trompe le temps, en tentant de deviner la destination des gens à leur dégaine. Dans cette salle d’attente de clinique, j’ai l’impression d’être un poisson dans un vivier. Chaque toubib vient y cueillir sa bébête avant de la passer au court-bouillon.


C’est pas possible d’être aussi en retard, qu’est-ce qu’il attend mon rhumatologue ? Tiens, le voilà justement. Cheveux un poil poivre et salement sel, blouse blanche impeccablement repassée, l’œil sourcilleux derrière ses demi-verres… L’archétype de l’homme docte. Pendant qu’il décrypte une liste hiéroglyphée sur un bout de papier, je commence à me soulever sur une fesse. Il finit par accoucher d’un nom. Je stoppe en plein élan, ce n’est pas le mien. À l’autre bout de la salle, le battant de cloche se lève et, tout sourire, boitille vers le toubib sans m’adresser un regard. Et merde, pas mon tour !


Tandis que je me rassois, l’oncle Log arrive. Il glisse plutôt qu’il ne marche, tout rond, blouse ouverte à tous les vents, avec sur les lèvres un sourire indestructible. Les yeux plissés sur un bout de papier, lui aussi annonce un patronyme dont je ne retiens que le prénom, Mathilde. Une dame au regard triste, à la peau blême, se redresse. C’est vrai qu’elle a le profil adéquat. Avant de rejoindre l’oncle Log, elle appelle doucement la petite fille : « Viens Mathilde, c’est à nous. »


48 - Manque


Il m’arrive de passer devant des dizaines de fois par jour sans même la voir. Ce matin pourtant, elle a accroché mon regard et dans ma poitrine, quelque chose s’est froissé. Pourquoi un tel coup de spleen, peut-être le temps maussade ? Je reviens sur mes pas et contemple, maintenant avec attention, la photo accrochée sur un mur du salon.


Ils sont tous les deux, côte à côte, sur un vieux divan mis au rebut depuis des lustres. L’un, hilare face à l’objectif, le nez tartiné de yaourt, l’autre, plus retenu, sourire en coin, à moitié tourné vers son petit frère. Dans ma poitrine, la gêne encombrante est devenue douloureuse. Ils me manquent tellement. Le pire, je crois, est de ne plus pouvoir me rappeler le moment où ils ont disparu.


Les souvenirs se bousculent, j’en choisis un au hasard. Sur ce même divan, je les vois, endormis pêle-mêle devant un dessin animé terminé depuis longtemps. Je me vois les prendre délicatement, les porter au lit, l’un après l’autre, craindre de les réveiller alors que, tout au contraire, entraîné par le balancement et la chaleur de mes bras, leur sommeil se fait plus lourd, plus serein. Ressentir cet abandon tranquille, cette confiance, en être la raison… Un moment délicieux, qui plus jamais ne se reproduira.


Un rayon de soleil, peut-être, ou mon optimisme naturel, chasse une mélancolie qui n’a pas lieu d’être. Je ne les reverrai plus, c’est évident, il me faut juste l’accepter.


Dans ma poitrine, l’élancement s’estompe. Je réalise que ces enfants merveilleux se sont transformés en deux sympathiques jeunes hommes. Après avoir vu les premiers grandir, c’est si bon de voir les seconds mûrir. Je n’ai pas perdu au change, vraiment pas de quoi se plaindre… si ce n’est d’un petit détail.


Ces grands-là, quand j’arrive à les serrer dans mes bras, à obtenir un bisou, ils piquent.



 
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   Jean-Claude   
27/4/2018
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Bonjour,

La lecture est fluide mais... c'est effectivement un truc décousu.
Trois petites scènes, trois instantanés plutôt, sans relations entre elles, sans début ni fin, sans tenant ni aboutissant.
Je n'ai rien compris, s'il y avait quelque chose à comprendre.
Je ne vois pas l'intérêt non plus.
Désolé.

Au plaisir de vous (re)lire
JC

   vb   
29/4/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour,
J'ai bien aimé le ton de ces trois petites nouvelles décousues dont je n'ai pas pu découvrir le fil rouge. On n'a l'impression d'un seul narrateur, mais à bien y réfléchir on se rend compte qu'il n'y a pas vraiment de raison pour cela.

22-Libre
Le vocabulaire m'a donné du fil à retordre. Je ne connaissais pas le sens d'AFPA ni le mot coturne ni celui de "tapeur de caca" que je ne comprends d'ailleurs toujours pas puisque, en cherchant sur le net, je n'ai trouvé que l'auteur de cette nouvelle à l'utiliser (car ce texte a déjà été publié ailleurs). Je me suis aussi posé la question de savoir si "je dormais à trente-six" était bien idiomatique. En ayant d'abord lu ce texte sans recherche au dictionnaire, j'avais cru qu'on nous parlait d'un réfugié à la recherche d'un asile en Europe.

36-L'Onle Log
J'aime bien "il flotte dans sa chemise comme un battant dans sa cloche", "blouse ouverte à tous les vents", "sourire indestructible". J'imagine bien cette scène bien décrite mais ne vois pas du tout où vous voulez en venir. Pourquoi raconter cette "tranche de brie"?

48-Manque
J'ai eu quelques difficultés.
"elle a accroché mon regard" -> J'ai cru à une femme. Non, c'est une photo.
"ils sont tous les deux" -> J'ai cru qu'il s'agissait des parents du narrateur. Je ne sait pas pourquoi peut-être à cause des mots "vieux" et "lustres"
"ils ont disparus" -> J'ai cru qu'ils étaient morts ou kidnappés. Non ils ont grandi.
J'ai donc trébuché à plusieurs reprises. Ici aussi cependant j'ai bien aimé le ton léger. Le "ils piquent" m'a fait sourire.


C'est quoi ce truc décousu?
Ben oui c'est mon avis aussi. Je suis donc mitigé. Dommage.

   Anonyme   
14/5/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Pepito,
j'ai bien aimé ces tranches de vie taillées à la mode carpaccio. Sans gras ni déchet. La première tranche est peut-être celle qui en dit le plus si comme je crois l'avoir compris elle relate la tentative de remise en selle d'un gars sorti de prison.
De belles trouvailles dans les trois. J'y penserai, à l'occasion, si je dois rencontrer un oncologue.
Le troisième morceau est peut-être le plus confus. Mais d'un autre côté, qui y comprend grand chose aux enfants qui grandissent ?
J'ai bien aimé la douceur qui s'échappe des mots, le cynisme bien maquillé, l'extrême pudeur-sensibilité de l'ensemble.
Une belle "kriture" comme vous dites.
Un joli petit moment. Même si je ne suis pas certain d'avoir tout compris. Je crois me souvenir d'un autre texte dans le même genre, n'était-ce pas une pizza cette fois-là ? Faut croire que vous aimez nourrir vos lecteurs de mets sinon raffinés du moins bourrés de calories cachées.
Au plaisir de vous lire

   GillesP   
14/5/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quand je lis un texte que je ne comprends pas, ça m'énerve. Et quand je suis énervé, ça finit par m'intriguer. Et quand je suis intrigué, je relis...et je cherche. Un indice, une clé, voire un pied de biche pour forcer la serrure. Et quand je cherche, je m'intéresse de plus en plus. Cette "tranche de brie" m'a donc agacé, intrigué, intéressé. Bref, j'ai aimé.

Cela dit, j'aimerais bien que l'auteur m'éclaire un peu. Pepito, ouvrirez-vous un fil pour donner quelques pistes?

Quelques remarques, dans le désordre, d'une manière décousue - après tout, vous l'avez bien mérité:

Le titre, je comprends les jeux de mots, assez transparents: "tranche de brie - Tomme 3" pour "tranche de vie - Tome 3". Mais quel est l'intérêt de ces jeux de mots? Vous allez peut-être me répondre qu'il ne faut pas en faire tout un fromage, de ces micro-histoires...

J'ai pensé à Régis Jauffret et à ses microfictions. Mais dans ses textes souvent loufoques, souvent drôles, parfois horribles, parfois simplement burlesques, il y a un début, un milieu et une fin. Quid ici?

Qu'est-ce qui relie ces trois tranches de vie? Je vais partir du principe qu'il s'agit du même narrateur, parce qu'il faut bien partir de quelque chose. Trois moments différents de sa vie. Quel point commun entre eux? À chaque fois, il y a un manque: manque matériel dans le premier texte, manque corporel dans le deuxième (le narrateur a un problème de santé), manque affectif dans le troisième.

L'écriture m'a plu. C'est écrit à la serpe, sans fioriture, avec une certaine efficacité. Mais je n'ai pas compris "être un infernal tapeur de caca". Et je n'ai pas aimé "mes potes et potesses". Quel est l'intérêt de ce néologisme? Déjà, "pote", ce n'est pas très beau, au niveau phonique, alors "potesse"...

J'ai bien aimé les fausses pistes dans le troisième texte: on ne comprend pas tout de suite que le narrateur parle d'une photo, puis on pense qu'il évoque ses parents, puis on pense que ses enfants sont morts... Non, ils ont juste grandi.

Les chiffres: 22, 36, 48. L'âge du narrateur? ça ne marcherait pas bien pour le deuxième texte: je ne me souviens pas avoir eu besoin d'aller voir un rhumatologue quand j'avais trente-six ans. Ou alors les chiffres ont-ils été choisis au hasard, pour renvoyer à une esthétique du fragment? Je m'y perds, donc ça m'énerve, donc...vous avez compris.

J'ai entendu il y a quelques jours l'écrivain Marcel Cohen distinguer les écrivains presbytes et les écrivains myopes. Les presbytes, qui ne voient pas de près, s'intéressent aux idées générales, ils ont l'ambition d'évoquer la totalité du monde qui les entoure. Balzac, en ce sens, peut être classé dans cette catégorie. Ou Houellebecq aujourd'hui. Enfin, je ne mets les deux au même niveau, quand même. Mais c'est un peu la même démarche. Quant aux myopes, qui ne voient pas de loin, ils s'intéressent aux détails, ils sont dans une esthétique du fragment (Victor Segalen, Francis Ponge, par exemple). En ce sens, vous êtes pour moi un écrivain myope. - Là, Pepito, vous devez commencer à vous dire: mais qu'est-ce que je lui ai fait, à GillesP? Mais encore une fois, c'est votre texte qui me fait penser à tout ça -.
Et maintenant que j'y pense, la myopie, c'est l'univers de la nouvelle, tandis que la presbytie, c'est l'univers du roman. Qu'est-ce qu'une nouvelle, en effet, sinon une tranche de vie, un moment particulier? L'univers de la nouvelle, c'est le décousu, finalement.

Au plaisir de vous relire.

   in-flight   
14/5/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Quand c'est du Pepito, il faut s'attendre à du croustillant. L'avantage c'est qu'on est prévenu dès le début avec la petite incise. En gros: "je fais ce que je veux" (+1)

Mais le pauvre lecteur que je suis n'a pas pu s'empêcher de chercher de la cohérence dans ces trois instantanés. Y'avait matière:
"Quelques semaines plus tôt je dormais à trente-six sur des lits superposés dans un espace guère plus grand." SUIVI DE "36 - L’oncle Log "
Et puis 48/48? non rien...
Et puis, les chiffres correspondent à l'âge du narrateur? Non rien.
Et puis, je suis revenu aux sources: il fait ce qu'il veut après tout. Il nous pondra la 23, la 37 et la 49 ici ou ailleurs.

Le contenu: And the winner is... 48 ! Avec cet ascenseur émotionnel où l'on imagine le drame ("Je ne les reverrai plus, c’est évident, il me faut juste l’accepter. ") qui laisse vite place à la tendresse ("Ces grands-là, quand j’arrive à les serrer dans mes bras, à obtenir un bisou, ils piquent.") --> Ouff... pas mal pour du sentimental/romanesque. Oups pardon ;-)

   Annick   
14/5/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Pépito,

Je ne m'attarderai pas sur l'écriture que je trouve belle et fluide. Juste qu'il y a souvent un combat en toi : la sensibilité délicate du narrateur se confronte avec le bourru des personnages : "une tire plus vieille que moi/Des années plus tard, je garde un souvenir précis de cet instant de grâce..."
Est-ce bien le même homme qui parle ?

Ceci dit, J'ai adoré les trois micro nouvelles qui m'ont séduite par le fond et la forme.

Quel pourrait être le fil conducteur de ces trois histoires car c'est là où le bât semble blesser.
Je dirai que le narrateur emmène le lecteur, là où il ne pensait pas aller. Il y a toujours une surprise. En fait, il me semble que c'est la chute qui est commune aux trois nouvelles.
Pour la première, la liberté est là où on ne pensait pas la trouver.
Pour la deuxième, le personnage très malade n'est pas celui qu'on pense.
Pour la troisième, on croit à une vraie disparition, qui, en fait, n'est qu'une transformation.
C'est un peu comme cela dans la vraie vie, non ?

Donc, comme je pense (bêtement, peut-être) avoir trouvé le lien entre les trois récits, pour moi, il n'y a pas de problème. Tu as tout bon !

Bravo !

   jfmoods   
16/5/2018
Le titre, humoristique ("Tranches de brie - Tomme 3"), invite à ne pas considérer avec trop de gravité le contenu de ces trois courtes nouvelles ( on pourrait parler ici de fragments) écrites en narration interne. Si on devait se prendre au sérieux en écrivant, on mourrait rapidement d'ennui...

L'auteur semble avoir voulu faire vivre, dans ces trois récits, trois narrateurs distincts à trois âges de la vie, ce qui pourrait expliquer les trois nombres associés aux titres.

Dans la première nouvelle, le présent de narration et le présent d'énonciation ("Des années plus tard", "ce jour-là") entérinent, par le double regard (homme jeune / homme mûr), le sentiment de plénitude (champ lexical de la clarté : "la lucarne étincelante", "illuminer aussi fort", "Luminosité", "l'éclat du soleil de printemps", "la lumière carrée de ce début d’après-midi") traversé par un individu qui semble avoir connu la vie carcérale (titre : "Libre", "je dormais à trente-six sur des lits superposés") et qui mesure sa chance d'être sorti de cette épreuve. Il compte pour rien la promiscuité actuelle au regard de la précédente.

Dans la seconde nouvelle, le narrateur, afin de tromper l'ennui d'une salle d'attente, occupe le temps en détaillant la faune humaine qui l'entoure d'un oeil d'abord ému (comparatif d'égalité : "Aussi épuisante que charmante."), puis franchement amusé (comparaison : "il flotte dans sa chemise comme un battant dans sa cloche", métonymie : "le battant de cloche se lève", image comique du médecin prédateur : "cueillir sa bébête avant de la passer au court-bouillon.", détournement d'expression : "un poil poivre et salement sel", regard ironique : "L’archétype de l’homme docte", attitude artificielle : "sur les lèvres un sourire indestructible"), ne manquant pas, au passage, de s'égratigner lui-même gentiment (comique de gestes : "je commence à me soulever sur une fesse. Il finit par accoucher d’un nom. Je stoppe en plein élan"). Le contexte est cependant loin d'être gai puisqu'une maladie mortelle impose sa présence (titre : "L’oncle Log" / L'oncologue, métonymie : "le teint sacrément jaunâtre", présentatif : "C’est vrai qu’elle a le profil adéquat").

Dans la troisième nouvelle, un homme vieillissant, dont les pensées, moroses ("un coup de spleen"), épousent sans doute le climat ambiant ("le temps maussade"), porte les yeux sur une vieille photo et se trouve happé par la fuite inexorable du temps (effet de gradation : "la gêne encombrante est devenue douloureuse", marqueur d'intensité : "Ils me manquent tellement", futur : "Un moment délicieux, qui plus jamais ne se reproduira", perte des repères : "Ces grands-là, quand j’arrive à les serrer dans mes bras, à obtenir un bisou, ils piquent.").

On pourrait dire que la vie est ici observée sous quatre angles différents et complémentaires.

Le premier texte manifeste une légère exaltation. Il est un brin lyrique.

Le second, d'aspect comique, nous donne à voir une réalité tragique.

Le troisième, axé sur la nostalgie, a une dimension pathétique.

Merci pour ce partage !

   PierrickBatello   
16/5/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Un bon smoothie de Pepito, rafraichissant avec une touche d'amertume. J'aime bien le format fourre-tout.
Qqs saillies à la Pepito pour la forme ;-)

22

"jeunes et moins jeunes" des vieux quoi?
"Autour d’un espace libre minimum" disque saturé
" je dormais à trente-six" ça fait beaucoup de monde dans sa tête quand même
"sur des lits superposés dans un espace guerre plus grand." Odyssée de l'espace?

" Faut dire aussi que" est-ce bien nécessaire ces quatre mots introductifs?
"Être un infernal tapeur de caca" tapeur.. je vois dans le milieu, le mec qui vient toujours chercher de la tune chez le voisin. Mais tapeur de caca? Qui cherche la merde? Expression bordélique ne m'évoquant que doutes sus-pects.
"Mon dernier coturne" Par ce seul mot, on doit comprendre qu'il est en chambrée dans une Grande Ecole??? C'est attendre beaucoup d'érudition du lecteur. Il m'a fallu le recours à la rousse qui orne mon étagère pour comprendre ce mot.

36 - L’oncle Log

Très joli. Une courte comme je les aime. Dixit La Rousse ;-)

48 - Manque

Nostalgie d'une époque où les joues étaient tendres et les baisers doux. Ouf, on évite le twist de l'affreuse disparition, tués par un violeur en série ou éventrés pour leur coturne. Un peu trop générique pour moi celle-là, me manque des détails qui feraient que ça ne pourrait être que ce parent-là et ces enfants-là.

   Anonyme   
16/5/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je te connais Pepito, donc je sais d'emblée que je vais me laisser entraîner avec plaisir vers tes jeux de mots tendus comme des bras ouverts, et les tableaux que tu affectionnes, à mi-chemin entre l'humour et le tendre de la vie.

Tu as déjà tout expliqué dans ton forum et ailleurs ^^ yapluka déguster ta kriture, reconnaissable entre mille, où les grosses ficelles de l'humour tentent de dissimuler un cœur gros comaco, laissant toutefois vibrer les émotions pour une lectrice en quête, comme moi.

Que dire d'autres ? Que j'ai bien aimé ces fragments en triptyque et qu'il ne me manque ici que les commentaires savoureux de quelques « potes et potesses » (Pouah ! quels horribles mots :)) du temps jadis, pour relever encore davantage de leurs grains de sel ce bon moment passé à te lire.

Hasta la vista, Hombre de ma Ville Rose.


Cat

   Pepito   
17/5/2018

   Bidis   
17/5/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
" Libre" est un texte intrigant. Plein d’atmosphère. L’écriture est hyper entraînante, gaie à lire. Mais il est frustrant de ne pas savoir de quelle mission il s’agit...
"L’oncle Log" : Eh bien, on s’y croirait, dans cette salle d’attente ! Il y a beaucoup de talent à donner ainsi à voir au lecteur des images et à les animer pour son plus grand plaisir.
"Manque." : émouvant.

   hersen   
18/5/2018
Salut Pepito,

Bon, ben là j'ai pas gras à commenter parce qu'il faudrait un peu te renouveler, il y en a deux que j'ai déjà commentées !

Donc, la première, le foyer AFPA. C'est bien, c'est court, nickel. Peut-être as-tu voulu rester en autobiographie ? Ce n'est pas un reproche, c'est seulement que ça manque un peu d'ouverture, d'un autre côté, c'est le sujet :)
Alors je ne sais pas. c'était pas bien ? Si quand même, j'en suis sûre, parce que ce sont les années où, pour la plupart, on se propulse en dehors d'une vie familiale facile mais contrainte. Et c'est une étape, comment tu dis, déjà ? Ah oui, que peut-être jamais tu ne te sentiras aussi libre. Je suis étonnée de cette sensation, je veux dire que tu peux l'avoir après coup, reconsidérant ta vie et ses astreintes. Je ne sais pas trop si je dis clairement mon point de vue, mais en fait, c'est pas grave. de toute façon on se retrouve dans le troquet de centre-ville d'ici pas longtemps. Avec tes 20 balles, ça va le faire !

sinon, pour l'ensemble des micros : tes numéros, c'est
-soit t'es carrément perdu dans ta production :))
-soit tu nous préviens de ce qu'il y a à suivre :))

J'avoue que je n'aime pas trop, tu aurais pu les virer.
cette présentation force le lecteur à chercher un lien, mais finalement, y en a pas. Alors on peut s'en construire un. mais ça me gêne un peu.

bon, je ne note pas parce que dans le fond, ça ne voudrait pas dire grand-chose, une note alors que mes autres coms, tu les connais depuis longtemps; d'ailleurs, je m'étais sacrément impliquée pour "manque", je ne vais pas te refaire le coup. de toute façon, les notes, tu t'en fous, tu n'en mets jamais !

A +
hersen

   Anonyme   
20/5/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Pepito,
J'ai lu et relu cette... plouf, plouf... ces nouvelles. Et en mon âme et conscience, les jurés du jury de mon âme et de ma conscience, au nombre de deux, sont unanimes. Ils jugent votre oeuvre comme étant bien.
Bon, je suppose qu'un commentaire positif doit s'étoffer un peu sous peine de passer pour un simple cirage de pompe, de léchage de... museau, juste de museau, Monsieur, de museau.
Et bien, j'ai apprécié l'écriture, décalée, imagée. Et dans la première tranche, quand un personnage s'exprime juste pour compléter la description du lieu, je trouve ce truc bien vu car on a le complément de description justement et du même coup le parler des occupants ce qui révèle leur niveau social, culturel, etc... Sans aller plus loin, on sait déjà plein de choses, et l'imagination du lecteur peut ainsi en rajouter. Et ça c'est fort. Faire que le personnage, le lecteur, écrivent presque l'histoire... Chapeau !
Entre les scénettes, un fil ? Et bien le narrateur qui est lui-même acteur, personnage, cervelle qui ressasse ses souvenirs, ces petits bouts de rien du tout qui font toute une vie, liens avec les lieux, les émotions, les êtres aimés, bien trop aimés...

Merci pour ces tranches de vie, ces photos sorties de votre boîte noire... comme elles auraient pu sortir également de la nôtre... C'est peut-être ça l'humanité, cette proximité des sensations que l'on éprouve tous, chacun dans le tourment de sa solitude intérieure.
Merci de nous le révéler par ces ch'tits bouts d'existence.
La dernière tranche a même été piquée à ma propre vie. Alors là je dis non !
A vous relire, bien sûr, au gré du temps.

   Donaldo75   
25/6/2018
Bonjour Pepito,

J'arrive après la bataille, comme disait ma grand-mère, mais pas forcément si tard que ça. En réalité, j'avais déjà lu ce texte, à plusieurs reprises, sans me faire d'idée sur le sujet.

Les trois brèves sont bien écrites, mais est-ce une surprise de ta part ? Elles remplissent bien leur rôle de brèves, formes d'instantanés sur une réalité sociale.

Ma préférée reste l'oncle Log, ne me demande pas pourquoi, je ne le sais pas moi-même.


A bientôt,


Donaldo

   Anonyme   
11/3/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Serai-je partiale dans mon commentaire, parce que j'aime bien le narrateur ? Certainement, et c'est pas grave.
Je me reconnais dans ces petits moments de vie où rien ne se passe et pourtant qui nous marquent, nous gravent et nous définissent. Ces petits moments de vérité face à soi que l'on emporte par la suite, à la fois force et fêlure.
Enrobés d'un ton détaché et humoristique, ils sont encore plus émouvants quand la réalisation perce, un petit rien dans un instant charnière qui compte et beaucoup d'intime finalement dans ces moments anodins.

   Anonyme   
11/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Aïe Pepito...
Moi j’ai bien apprécié l’intensité et la vérité des analyses et des ressentis, ces ressentis sont vivaces, s’inscrivent dans une longue durée en prenant toujours plus de couleur, j’aime quand cela sort des sentiers battus pour de bonnes raisons. Je vois plus de force dans cet infiniment petit que dans des envolées prétendument infiniment grandes...


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