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Policier/Noir/Thriller
GillesP : Crime sans châtiment ?
 Publié le 23/05/18  -  11 commentaires  -  9191 caractères  -  125 lectures    Autres textes du même auteur

Monologue intérieur.


Crime sans châtiment ?


Un doute m’assaille, tout à coup : ai-je vraiment raison d’être ici, au milieu de tous ces gens dont pas un ne daigne me jeter le moindre regard ? En même temps, pourquoi le feraient-ils ? Je ne les connais pas, ils ignorent qui je suis. Et c’est sans doute mieux ainsi, d’ailleurs. Combien, parmi eux, blâmeraient ma présence, sans se donner la peine d’essayer de comprendre ? Qui prendrait ma défense ? Que dirait-elle, cette femme en tailleur noir et au chignon strict ? Et ce vieil homme qui regarde dans le vague, comme s’il contemplait ses souvenirs ? Et cette dame à l’air hautain, juste à côté de moi, qui évoque à voix basse à sa voisine la beauté de l’architecture gothique et la précision des vitraux ? Elle trouve vraiment que le moment est approprié à un étalage de culture ? Calme-toi, Adrien. Ces gens ne t’ont rien fait. Bon sang, qu’est-ce que je suis mal à l’aise ! Et ce bourdonnement incessant dans mes oreilles depuis ce matin, c’est insupportable. Et ce soleil de plomb qui m’écrase ! J’ai l’impression que ma tête va exploser. Respire. Éteins ta cigarette. Je fume trop depuis mercredi. C’est sans doute pour ça aussi que j’ai si mal au crâne. Sans compter le manque de sommeil. Peut-être que je n’aurais pas dû venir. Mais il est trop tard maintenant pour m’éclipser. Tout le monde trouverait ça bizarre, que je quitte le parvis juste avant le début de la cérémonie. Arrête de tergiverser, Adrien. Quelle heure est-il ? Onze heures moins cinq. Allez, emboîte le pas à ce couple qui s’avance vers la porte grande ouverte. C’était quand, la dernière fois que j’ai pénétré à l’intérieur d’une église ? Ça doit bien faire dix ans. Au moins. Qu’est-ce qu’il y a comme monde ! Il faut dire que tout ça a tellement été médiatisé… Où vais-je me mettre ? Derrière ce pilier, ce sera très bien. Un peu à l’écart… Ah ! Cet affreux chant funèbre… ! Ça y est, c’est fini… Le curé s’apprête à prendre la parole. Il me rappelle quelqu’un, mais je n’arrive pas à savoir qui.


Si nous sommes réunis aujourd’hui dans cette enceinte sacrée, c’est pour rendre un dernier hommage à Léa. Elle a quitté sa demeure terrestre, laissant derrière elle la souffrance de ses proches, de sa famille, de ses amis et connaissances. Vous tous qui êtes ici, je sais que votre peine est immense. Mais je sais aussi qu’il est possible, non de la faire disparaître, mais de l’adoucir par la prière. Car la foi en Dieu peut seule aider à surmonter le vide terrible causé par la disparition d’un être tendrement aimé. Prions ensemble.


Foutaises, tout ça ! Oh ! La rhétorique est efficace, la mécanique bien huilée, il n’y a rien à dire : vous souffrez ? Croyez en Dieu et vous verrez, vous souffrirez moins. On n’a rien inventé de plus efficace, comme offre publique d’achat sur la mort. Soyez catholique, et ça ira mieux. Tu parles ! Je n’ai jamais supporté cette dialectique creuse qui prospère sur le malheur. Calme-toi, Adrien.


Léa est partie, elle a été ramenée à Dieu. On pourrait se dire que ce n’est pas juste, qu’elle était trop jeune, que son heure n’était pas venue. Mais la révolte porte en elle le germe de la haine, mes frères, mes sœurs. C’est pourquoi il vaut mieux penser qu’elle est désormais en paix ; elle siège dans le royaume de Dieu ; nous devons l’imaginer heureuse. Prions encore !


Non, mais je rêve ! Elle a été ramenée à Dieu ? Mais qu’est-ce qu’il a à voir là-dedans ? Il s’ennuyait là-haut, alors il s’est dit tiens, allons faire un tour dans le monde pour voir comment il se porte ? Et tant que nous y sommes, puisque nos voies sont impénétrables et que nous pouvons agir en toute impunité, amusons-nous un peu et étranglons une femme de nos divines mains ? Décidément, je ne m’y ferai jamais, à ces tartuffards qui jonglent avec les euphémismes pour ne pas regarder la vérité en face. Calme-toi, Adrien.


Que ta volonté soit faite,

Sur la terre comme au ciel.

Amen.


C’est ça, Amen. Foutaises ! Respire, Adrien. Il ne fait que son devoir, après tout, le curé. Ah ! Ça y est, je sais qui il me rappelle : le policier d’hier. Le même visage placide et glabre. Est-ce que j’ai bien fait de lui en dire le strict minimum lorsqu’il est venu m’interroger chez moi avec son collègue ? J’ai bien vu que tous les deux se doutaient que je leur cachais des choses. Mais je me voyais mal tout balancer de but en blanc, comme ça. Ils m’auraient emmené directement au poste, c’est certain. Que savent-ils exactement ? Et comment ont-ils fait pour remonter jusqu’à moi ? Léa effaçait soigneusement tous mes messages sur son téléphone et j’étais enregistré sous un faux prénom : Marguerite. Elle avait choisi ça parce que des marguerites, il y en avait partout dans le champ qui s’étalait à perte de vue en face de l’hôtel où on se retrouvait.


Vous pouvez vous rasseoir.


Je reste debout. Je fais ce que je veux. Ce n’est pas un bonimenteur drapé dans sa robe violette et dans sa dignité de façade qui va me dicter mes mouvements. De toute façon, personne ne me voit, derrière ce pilier. Regardez-moi ces automates ! On se lève, on s’assoit, on se lève, on dodeline du chef, on ânonne des bribes de phrases avec un ton lancinant, on prend son mouchoir, on éponge l’extrémité de ses yeux pour bien montrer qu’on est ravagé par le chagrin, on se rassoit. Et la femme au tailleur noir qui sanglote ostensiblement depuis le début de la cérémonie ! Difficile de ne pas l’entendre ! Et la spécialiste de l’art gothique qui adopte un air grave, tout à fait approprié à la situation ! Et le vieil homme de tout à l’heure : il regarde ses chaussures, à présent, pensant sans doute ainsi faire preuve de dignité ! Et lui, là, au premier rang, à quelques mètres du cercueil, le bras gauche sur l’épaule de son fils et la main sur le cœur, avec sa mine contrite et ses larmes qui coulent, qu’il n’essaie même pas de retenir. Quel spectacle admirable ! La tragédie est parfaite, il n’y a rien à dire. Il faudra applaudir, à la fin ? Ça me dégoûte. Oh ! Je sais bien ce que les bigots diraient, s’ils savaient : « Vous n’avez rien à faire là, c’est indécent. Regardez le désarroi de son mari : vous lui avez pris sa femme, vous lui avez ravi ce qu’il avait de plus cher au monde, et vous venez ici, sous le regard de Dieu et des proches unis dans leur douleur ! Dehors ! » Mais ils ne savent pas. Ils ne savent rien. Ils ignorent jusqu’à mon existence. Calme-toi, Adrien.


Léa, je sais que de là où tu es, tu nous regardes et tu nous souris. Ton souvenir restera gravé à tout jamais dans les pensées de tes proches. Nous ne t’oublierons pas.


Je m’en veux, Léa. Je n’ai rien maîtrisé dans notre histoire. Je n’ai pas voulu tout ça. J’aurais peut-être dû résister à ce que je ressentais, je n’aurais pas dû venir t’aborder, j’aurais dû te laisser tranquille. On n’aurait pas vécu tous ces instants de bonheur, mais au moins tu serais encore en vie. Pardon. Je n’aurais pas dû t’embarquer là-dedans. Mais comment aurais-je pu m’imaginer que ça finirait comme ça ? Quand je t’ai vue pour la première fois, ça a sonné comme une évidence. Tu étais si belle ce jour-là, dans ta robe à fleurs. Un ange. Je me souviens des premières paroles qu’on a échangées. Je me souviens de la douceur de ta peau. De mes mains sur ton cou. J’entends encore tes soupirs. Ton dernier gémissement résonne toujours dans ma tête. Tu me manques. Je ne t’oublierai jamais.


Je vais maintenant laisser la parole à celui qui l’aimait plus que tout, celui qui partageait sa vie, celui qui s’était uni avec elle devant Dieu. David, tu as souhaité rendre à ta tendre épouse un dernier hommage, dans ce lieu béni par le Seigneur. Si tu veux bien t’avancer…


Ça y est, il se dirige vers l’autel, toujours la main sur le cœur. À croire qu’il l’a cousue avant de venir. Un rôdeur dans le parc, il a dit à tout le monde ! Tu parles ! Juste le soir où elle lui annonce qu’elle le quitte. Pour moi. On devait se retrouver tout de suite après, elle et moi. Je l’ai attendue, enthousiaste et fébrile, pendant des heures, dans la chambre d’hôtel. Elle est partie se dégourdir les jambes, il a prétendu devant les médias. Elle voulait prendre ses jambes à son cou, oui. Mais son cou, il l’a serré de ses propres mains, j’en suis sûr. Je vais le tuer. Là, au beau milieu de la cérémonie. Juste quelques gestes à accomplir : mettre ma main dans ma poche. Saisir le révolver. Presser la détente. Dans dix secondes, tout sera accompli. Et je serai vengé… Mais arrête de délirer, Adrien. Calme-toi. Dans ta poche, il n’y a qu’un billet de cinq euros et quelques pièces de dix centimes. Tu es dans une église, pas dans un mauvais polar. Et tu n’as rien d’un sicaire. Tu n’es qu’un homme qui a perdu la femme qu’il aime. C’est décidé, lundi, je vais au commissariat. Je vais tout leur dire : notre liaison, notre amour, la décision que tu avais prise, la fureur qui a dû s’emparer de lui quand tu lui en as fait part. Tant pis si je n’ai aucune preuve de ce que j’avance. Tant pis si on m’attaque en diffamation. Tant pis si les médias me traînent dans la boue. Il faut que justice soit faite. À défaut du ciel, au moins que ce soit sur terre. Je te dois bien ça, Léa. Ma Léa.


 
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   Jean-Claude   
27/4/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour,

Je suis assez partagé.
C'est bien écrit et ça se lit tout seul.
Si le but recherché est de faire croire dans un premier temps qu'Adrien est le coupable, ça marche.
Sa vision acerbe de l'assistance et son rejet exprimé du religieux font penser à de la colère, ou de la haine, voire à un sociopathe, mais à aucun moment on ne sent la souffrance.
D'ailleurs, comme ça prend trop de place, ça occulte le ressenti.
Le jeu avec les mains sur le cou est superflu puisqu'il s'agit du mari.
Et la fin sans arme, oui, mais plus lapidaire.
Bref, je suis partagé.

Des détails...
"Tout le monde trouverait ça{pas de ça} bizarre,{pas de virgule} que je quitte le parvis juste avant le début de la cérémonie."
"C’était quand, la dernière fois que j’ai pénétré à l’intérieur d’une église ?"{Dans le ton il me semble que ceci sonnerait mieux : que je suis entré dans une église}

Au plaisir de vous (re)lire
JC

   hersen   
23/5/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
le déroulement est cohérent dans son suspense, mais il y a certains points obscurs, par exemple, s'il n'est pas connu de l'assistance, en quoi serait-il mal vu qu'Adrien quitte le parvis avant la cérémonie ?

les mains sur le cou. Rétrospectivement, je n'ai pas aimé cette trop grosse ficelle qui met sur une fausse piste; j'aimais bien jusque-là cet espèce de flou que tu as su créer mais ensuite, lorsque l'on sait ce qui véritablement s'est passé, on est déçu par ça. (enfin, JE !)

sinon, j'ai bien aimé l'idée, l'impunité parce qu'on est du bon côté.
Ai-je raison de supposer qu'Adrien est très pauvre ? (iln'a qu'un billet de 5 euros dans la poche) si oui, ce n'est pas assez creusé. Sinon, pourquoi faire allusion à ces cinq euros ?

A part tous ces détails, j'ai bien aimé te lire,

merci de la lecture !

   in-flight   
23/5/2018
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Sous des aspects thriller (qui font un peu écho à "l'affaire Daval"), j'ai le sentiment que l'intention première du texte est d'opérer une critique sur le rite funéraire (ici catholique) que l'Homme utilise pour rendre hommage à ses semblables. On aborde réellement le nœud de l'intrigue dans le dernier tiers du texte.

Bref, je ne sais pas où me situer avec ce récit, je pense que les considérations sur les funérailles sont de trop et qu'il faudrait étoffer l'intrigue. Avec cette scène dans l'église, il y a une belle matière, car le narrateur est mystérieux et on le croit fautif de quelque chose.

Les monologues intérieurs (ex: "Arrête de tergiverser, Adrien") "infantilisent" le personnage je trouve.

   Pepito   
23/5/2018
Bonsoir,

La kriture est très correcte, aucun défaut notable à me mettre sous la dent. D'autant que le "monologue intérieur" est un exercice pas vraiment folichon à écrire par son manque de dialogue, justement. ^^

Pour le "fond", ben... comme une messe, en somme. Quand on en a vue une, on les a toutes vues. Les réflexions du héro ne sont pas d'une folle originalité à ce sujet. J'ai eu du mal a entrer en empathie avec le narrateur et le fait que la femme de sa vie soit morte m'a laissé froid (oups !).
Se demander comment les poulets sont arrivés chez lui ! Il a pas du regarder beaucoup de séries policières pour ne jamais avoir entendu parler de "fadettes". ;-))

Et aussi cette brave dame, morte par réduction de la trachée suite à une application un peu trop enthousiaste de mains autour de son cou, on l'enterre pépère, sans autopsie ? Mhhhh... ^^

Bonne continuation.

   BlaseSaintLuc   
23/5/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je trouve que c'est plutôt bien écrit, on lit ce texte facilement ,le suspens sur la culpabilité d’Adrien ne dur pas bien longtemps,le discours anti-catho aurait dû être mis en couple avec un discours anti-bourgeois , car l'ont peut supposé que le mari est de ce bord si, alors qu’Adrien est pauvre (creusé dans ce sens eut été utile). Je suis athée donc le laïus sur l'église ne m'a pas gêné, quoique inutile, sauf si l'auteur avait confronté les milieux sociaux des protagonistes (mari/amant).
Manque de vraisemblance, et même de détails sur l'enquête.
L'ensemble malgré tout m'a bien plus.

   Bidis   
24/5/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Une écriture à la fois précise et entraînante. Je ne me suis pas ennuyée une seconde. Mais la chute pour moi a fait un gros "flop". Tout du long, j'ai pensé que c'était l'assassin impuni qui s'exprimait et que l'originalité de l'histoire viendrait de la psychologie tordue de ce dernier. Or rien que de très très banal avec ce triangle classique, d'un meurtre sans préméditation et d'une volonté de vengeance.

   Eva-Naissante   
25/5/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour GillesP,

Votre nouvelle est intéressante. Le sujet est bien trouvé, la dissonance entre le monologue d'Adrien et le discours du Curé fait son effet.

L'intrigue fonctionne, j'ai cru Adrien coupable de quelque chose, autre que d'avoir aimé.

L'écriture m'apparait bonne, même si quelques passages (not des réflexions d'Adrien) sont un peu longs à mon goût, ce qui donne un peu de lourdeur à votre texte.

Toutefois, ce qui m'interpelle, c'est l'objet de la colère d'Adrien. Il est en colère d'avoir perdu Léa mais il apparait surtout en colère contre l’Église.

Or, fustiger le religieux est, sauf erreur de ma part, un lieu commun, avec lequel le ton et l'intensité de la colère d'Adrien semblent êtres en décalage.

La question qui me reste en vous lisant est : que fait-il finalement dans cette Église ? N'y a t'il pas d'autre façon de dire au revoir à quelqu'un que l'on perd, si l'on ne supporte pas à ce point le rituel religieux ?

Merci pour cette lecture,

Eva-N.

   toc-art   
13/8/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Jouer sur l'ambiguïté d'un personnage est toujours une chose amusante, mais c'est aussi une gageure, parce qu'il faut que ce que l'on avance tienne en seconde lecture, que tous les indices que l'auteur sème paraissent crédibles et cohérents. Vraiment, je compatis parce que c'est difficile à faire mais pour moi, ici, ça ne tient pas. Et sur un texte court, où l'attention ne peut pas être noyée sous une infinité de détails, ça ne pardonne pas.

Votre personnage principal est trop dans une colère de conventions sociales au lieu d'être dans la douleur. Il se préoccupe bien plus de ce qu'on pourrait penser de lui plutôt que de faire arrêter le coupable. Et ce qui est gênant, c'est que j'ai le sentiment que cette approche pour le moins bizarre est juste un prétexte pour alimenter l'idée que le narrateur est coupable. Tout ça manque à mon sens de finesse dans le procédé et dans l'étude des caractères.

les réactions de votre héros sont assez étonnantes. Par exemple, il y a un monde fou mais il craint qu'on ne le remarque s'il quitte le parvis. Alors que personne ne le connaît et ne fait attention à lui...
Par ailleurs, je ne vois pas pourquoi, si l'assistance "savait", elle lui en voudrait à lui à ce point-là ? pour un meurtre, ok, mais sûrement pas pour un adultère. Bien sûr, vous jouez sur cette confusion entre les deux mais le narrateur, lui, sait de quoi il parle donc son raisonnement à lui ne tient pas. Parce qu' au regard du meurtre, son adultère (même si c'est ce qui a conduit in fine au décès de la femme et s'il en éprouve une certaine culpabilité) n'en ferait pas un monstre vis-à-vis de l'assistance, il le sait parfaitement. Il y a quelque chose dans son analyse qui ne colle pas à la situation, et tout cela parce que vous voulez maintenir au maximum l'illusion chez le lecteur que celui qui parle est le meurtrier. (d'ailleurs, à ce propos, les "calme-toi, Adrien" me semblent un tantinet ridicules, on dirait un sketch).

De même pour les flics. S'ils viennent le voir, ils ont forcément une raison. Je doute qu'une simple discussion où le mec, un suspect potentiel à vous lire, ne dit rien va leur suffire. Là encore, je comprends bien que vous voulez ménager votre suspense mais ça n'est pas cohérent. Et soit dit en passant, que Léa l'ait enregistré sous le pseudo "marguerite" dans son portable, ça va tromper son mari, mais certainement pas la police...

Honnêtement, il m'a l'air tellement révolté, votre narrateur, je ne comprends pas pourquoi il n'a pas foncé directement chez les flics pour dénoncer le mari. Bien sûr, j'ai lu votre fin, le faux retournement de situation, mais je ne sais pas, je trouve qu'en fait, tout le texte sonne faux et que la psychologie de votre narrateur est mal travaillée.

En conclusion, je trouve l'idée sympa mais à mon avis, il faudrait reprendre tout ça pour rendre le tout imparable. Là, à mon sens, ça n'est pas le cas.

édit : après, les lecteurs voient dans un texte ce qu'ils ont envie d'y voir. Là, je lis qu'il y aurait une opposition sociale riche/pauvre parce qu'il avait 5 euros en poche. Perso, j'ai pas forcément bcp d'espèces sur moi, mais surtout, le soir du meurtre, il l'attendait quand même dans un hôtel (bon après, ça peut être une chambre miteuse près de la gare avec les toilettes dans le couloir et à côté du foyer Sonacotra, tout est possible...)

   Donaldo75   
27/5/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour GillesP,

J'ai bien aimé cette histoire, avec la narration bardée d'un contrechant religieux. Cette astuce permet de mettre encore plus en exergue la douleur du deuil, surtout quand la liaison est secrète. Le destin est injuste aux yeux d'Adrien, Léa aurait été malheureuse mais vivante sans leur liaison; elle a été heureuse mais est morte avec. Dieu n'est qu'un nom pour désigner la fatalité. C'est bien vu.

"Je me souviens de la douceur de ta peau. De mes mains sur ton cou. J’entends encore tes soupirs. Ton dernier gémissement résonne toujours dans ma tête. Tu me manques. Je ne t’oublierai jamais."
Ce passage m'a laissé penser que le meurtrier, c'était Adrien. Si c'est une fausse piste, elle est maladroite car elle sonne très faux avec la fin.
"Elle est partie se dégourdir les jambes, il a prétendu devant les médias. Elle voulait prendre ses jambes à son cou, oui. Mais son cou, il l’a serré de ses propres mains, j’en suis sûr."

C'est dommage.

Donaldo

   Anonyme   
1/6/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Le problème de cette histoire bien écrite c'est qu'elle a une fin décevante. Il aurait été beaucoup plus fort, à mon avis, que le narrateur abatte le mari pendant la cérémonie – effet de surprise – puis que le lecteur reçoive les explications après. C'est dommage que vous n'ayez pas tenté ce retournement de situation qui aurait conféré davantage d'intensité dramatique. En l'état, le tout est un peu fade et ne frappe pas suffisamment l'esprit. La critique des rites funéraires me semble également trop appuyée, on comprend que l'auteur en a une franche aversion. En définitive ce récit mériterait d'être retravaillé.

   Sylvaine   
4/7/2018
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un grand plaisir de lecture et une déception à la fin. Le texte est très bien mené, la technique du monologue intérieur fonctionne bien. Il y a bel et bien une surprise, puisqu'on s'imagine, pendant la plus grande partie du texte, que le narrateur est l'assassin. On l'imagine d'autant mieux qu'il ne semble pas très touché par la mort de la jeune femme, et se montre assez maître de lui pour se livrer à une évocation caustique du rituel funéraire, (bien venue elle aussi.) Mais c'est là que le bât blesse ; ces réflexions ne sont pas celles d'un homme bouleversé par le deuil et écrasé de douleur. La vraisemblance psychologique y perd beaucoup, et la révélation finale semble un peu facile, et tombe dans la banalité : un meurtre passionnel, encore un...,la narration retient toute l'attention, mais la chute fait l'effet d'un pétard mouillé.


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