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Sentimental/Romanesque
Pouet : Briser
 Publié le 13/05/22  -  17 commentaires  -  5965 caractères  -  132 lectures    Autres textes du même auteur


Briser


– Papa ?

– Oui mon doudou…

– Il sert à quoi le marteau brise-vitre ?


L'homme observe le vert qui défile, une palette chlorophylle parfois striée de brun quand une barrière en bois émiette les parcelles du rêve ou du réel ; un troupeau de vaches en vol stationnaire, une grange semblant vouloir nous habiter. Le train va vite et il empêche de penser. Jusqu'au prochain arrêt.


– Ben à casser une vitre.


Le garçon se concentre sur son bout de sac plastique à déchirer, les morceaux ne doivent être ni trop gros ni trop petits afin de pouvoir décoller et coller correctement ; la fenêtre du wagon en mouvement comme paroi d'escalade pour lambeaux de polyéthylène.


– Mais quelle vitre papa ?


Les pensées reviennent, elles reviennent toujours. Non, elles ne s'en vont jamais. Vraiment. Partout, un peu comme des griffures ou des étoiles, surtout à l'intérieur, reflets rebonds gouffre, les pensées. La vie n'est que pensées. Non, la vie est pensées. Et les instants de répit sont ceux qu'on oublie le plus vite.


– Une vitre du train.


Une squame de la besace à porter les denrées industrielles semble sortir de son couloir vertical de vol, plane un instant, suspendue au fil blême de l'hésitation, puis vient se poser en douceur sur la caboche luisante et totalement lisse d'un individu charnu tassé deux sièges plus loin ; individu charnu qui ne s'aperçoit en rien de cet acrânissage inopportun. Le garçon n'y prête aucune attention non plus, lui s'intéresse à nouveau à cette espèce de mini-marteau dans un boîtier rouge, ce mini-marteau planqué derrière sa cloison en plexiglas, qui l'intrique un peu, mais sans exagération.


– Mais pourquoi papa ?

– Pourquoi quoi chéri ?

– Pourquoi on doit lui casser une vitre au train ?


L'homme est toujours plongé dans le paysage comme un bouchon de liège dans un bain d'acide, il entraperçoit une forêt de saules en ruine suspendue au radius d'une colline rachitique et cela le renvoie à l'irrigation ; aux sanglots délavés d'un démiurge distrait. Il pense à Pernilla et à ses yeux, à ce putain de regard tanguant sur les berges de la folie bordée d'une rivière de tendresse, d'impuissance et d'interrogation. Comme s'il pouvait avoir des réponses lui qui n'arrivait même pas à choisir entre la vie et la vie.


– On doit pas, on peut. C'est au cas où.


Le garçon a repris son activité de dépeçage, il entreprend à présent d'en faire voler deux simultanément, lambeaux blanc translucide issus de l'industrie pétrochimique transformés en ballerines pour grilles d'aération ferroviaire.


– Au cas où quoi papa ?


Comme si on pouvait avoir le choix. Comme si nos gestes avaient un but, nos paroles une portée. Comme si. Une paire d'iris plantée dans son terreau interne, oui, ça peut transpercer, ça peut nous parler d'instant, d'abolition du monde, oui ça peut égratigner la douceur. Et puis quoi. Le retour à soi-même. Au vide ou au trop-plein. Du pareil au même.


– Au cas où on aurait besoin de casser une vitre pour sortir du train.


Le garçon fixe à présent le marteau brise-vitre. Il s'intéresse à sa forme et se dit que cela ressemble assez au truc que le docteur utilise pour regarder à l'intérieur des oreilles, en plus effrayant encore. C'est rouge dans un boîtier rouge.

L'enfant se tourne vers son père, mais l'homme anticipe.


– Si jamais il y avait un accident. Mais je te rassure on n'aura pas d'accident, les trains n'ont quasiment jamais d'accident. Statistiquement, en train, on a à peu près trente fois moins de risques de mourir dans un accident qu'en voiture, mais quand même trois fois plus qu'en avion pour être honnête. En bateau, j'en sais rien, Tim.


Pernilla lui fait apparaître des murs dans l'esprit, partout des bons dieux de murs. Ceux sur lesquels elle se cogne la tête, en rythme, pas très fort, mais pendant des heures. Ceux qu'elle met parfois entre elle et le reste du monde, ceux qu'elle s'invente tout le temps ; cette foutue complaisance dans le mal-être, maladie lancinante et contagieuse. Ces murs qu'elle se crée pour qu'on puisse l'aider à s'écraser contre, pour qu'elle puisse nous cracher son abîme à la gueule si on lui parlait de franchissements, de lendemains. Et puis pour nous entraîner avec elle dans son gouffre, comme pour s'y tenir plus au chaud, comme si son propre malheur ne lui suffisait pas et qu'il fallait l'agrémenter, le parfaire, lui donner des couleurs, les couleurs de nous. Et Tim lui, il absorbait, forcément qu'il absorbait putain de merde. Qu’est-ce qu'il pouvait bien faire d'autre ? L'amour pour sa mère, c'est pas rien ça, l'amour.


– Dis papa comment on fait pour l'attraper le marteau brise-vitre ?


Tim scrute son père avec un mélange d'espièglerie et de sérieux, les questions-réponses comme un jeu de raquettes il aime bien, ça occupe et puis ça fait un peu comme du vide en moins, comme quand on grignote un truc et qu'on regarde les marques de dents. Avec maman il peut pas trop discuter, enfin pas comme ça en tout cas. Papa, lui, on dirait qu'il attend les questions, et même qu'un jour il avait dit que les réponses n'existaient que pour préparer les questions suivantes.


– Faut casser la vitre en plexiglas.

– Avec quoi papa ?

– Je sais pas, avec son poing.

– Et j'y arriverais moi ?

– J'en sais rien Tim, peut-être qu'il te faudrait quelque chose pour briser la vitre.


Comme d'habitude Pernilla les attend sur le quai, avec son sourire flou et son espoir lointain, elle examine un point quelque part au-dessus d'eux, ne dit pas un mot et prend Tim par la main. L'homme caresse les cheveux du garçon et prononce une banalité sur le bon temps à passer, l'amusement et les retrouvailles, dimanche soir. L'enfant lâche un instant sa mère et se retourne.


– Je sais ce qu'il me faut papa pour attraper le marteau brise-vitre. Un autre marteau brise-vitre, mais sans vitre pour le protéger !


L'homme acquiesce, sourit, fait un signe et s'assoit sur un banc pour attendre le train d'après.


 
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   IsaD   
24/4/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
J'ai compris l'intention de votre nouvelle, mais au début ce n'était pas gagné.

Beaucoup de descriptions, à mon sens, qui nuisent et dans lesquelles je me perds. Et puis des expressions et des phrases étranges :

"comme un bouchon de liège dans un bain acide" (en l'écrivant, j'imagine en fait ce que vous avez voulu dire, que le père se sent dissous par l'acide qui représente l'état de son ex-femme)

"quand une barrière en bois émiette les parcelles du rêve ou du réel ; un troupeau de vaches en vol stationnaire, une grange semblant vouloir nous habiter." (??, même si j'en saisis l'idée)

"une forêt de saules en ruine suspendue au radius d'une colline rachitique et cela le renvoie à l'irrigation ; aux sanglots délavés d'un démiurge distrait" (obscur pour moi)

"Une paire d'iris plantée dans son terreau interne, oui, ça peut transpercer, ça peut nous parler d'instant, d'abolition du monde, oui ça peut égratigner la douceur. Et puis quoi. Le retour à soi-même. Au vide ou au trop-plein. Du pareil au même." (jusqu'à abolition du monde, ça me parle, après, ça me perd)

Je sens que le sujet de la conversation entre le fils et le père autour du marteau brise-vitre doit avoir, pour vous, un sens, j'avoue que je n'ai pas saisi lequel, bien que l'idée de "briser la vitre" me parle mais c'est trop flou

   David   
24/4/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Oh, c'est joli cette histoire de marteau entrecoupée. S'il y a une métaphore de la garde alternée, je ne l'ai pas saisie, enfin, c'est sans doute une histoire d'enfermement kafkaïens. Je me rends compte que je n'ai pas trop suivi ce que le narrateur disait de Pernilla. Il y a quelque chose dans les descriptions qui m'a fait les survoler en me concentrant sur l'histoire du marteau... comme l'enfant sans doute, mince !

Pour illustrer, je me suis arrêté sur cette description-là : "L'homme est toujours plongé dans le paysage comme un bouchon de liège dans un bain d'acide, il entraperçoit une forêt de saules en ruine suspendue au radius d'une colline rachitique et cela le renvoie à l'irrigation ; aux sanglots délavés d'un démiurge distrait.". la phrase est longue et son propos élaborée. C'est donc ce style qui m'a amené à une lecture plus froide, désintéressée du décryptage, puisqu'il me semblait que son intérêt était qu'il illustrait les états d'âme... la prise de tête.

Je le décris mais ce n'est pas un défaut en soi, je l'ai pris comme un effet pictural. Il contrebalance la simplicité du dialogue avec l'enfant, et cette effet donne un rythme intéressant.

J'ai quand même vu la pointe d'humour comme le plastique volant qui se colle au crâne du voisin. C'est pas un humour cynique mais un ton désabusé, un peu à la façon d'un détective des années trente : "Boston avait toujours cette couleur de vieille serpillère... ". Voilà un peu comment j'ai enrobé le personnage.

Il manquerait une forte évidence, que j'ai peut-être raté, entre le dialogue et les pensées, la relation avortée, le marteau brise-vitre. Mais l'histoire garde un ton de cliché du quotidien qui n'a pas forcement besoin de se boucler comme un ballet d'opéra.

   Donaldo75   
25/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Autant le dire tout de go, j’ai trouvé ce texte extrêmement réussi ; il conjugue la réflexion au temps de la poésie, ressemble à une forme de réflexion empreinte de non-sens pour mieux traiter le thème. L’enfant n’est pas dupe de la fin de la relation entre ses deux parents biologiques et il se doute quelque part que rien ne les réconciliera mais il tente quand même le coup de manière assez jolie. Le contrechant du père entre les dialogues dresse le portrait en creux de la relation entre les deux parents et quand Pernilla arrive tout est confirmé en peu de mots et de manière presque cinématographique ou photographique. Il y a de la Nouvelle Vague dans cette très courte histoire et je le dis tel quel comme un compliment.

   Anonyme   
13/5/2022
Modéré : Commentaire hors-charte, débutant par un procès d'intention, donc irrespectueux envers l'auteur (se référer au paragraphe 6 de la charte).

   Corto   
13/5/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Dans cette nouvelle on s'immerge presque sans le vouloir, au milieu de personnages inégalement présents, inégalement précis, dont chacun a ses propres préoccupations ou obsessions.

Un drame lointain se profile presque par inadvertance, occupant présentement le père, enveloppant au loin la mère, servant de jeu et d'interrogation au fils.

La construction est habile, frustrante par principe essentiel, apportant une complexité comme reflet de la vie quotidienne.

J'ai bien aimé ce tiraillement entre l'immédiat, la nécessité-obligation, le tout presque ignoré (vraiment ?) par l'enfant obnubilé par ce foutu marteau, qui peut se voir comme un exutoire ou même comme l'outil qui pourrait lui servir à briser une situation familiale qu'il ne maîtrise pas.

Du très beau travail pour un texte à lire au second degré, comme le suggère le titre "Briser".

Merci.

   Vincente   
13/5/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Ce que j'ai compris :
La situation - Un père et son jeune fils font le voyage en train qui mène l'enfant en visite hebdomadaire chez sa mère, ou là où elle est internée. Celle-ci semble avoir plongé dans un profond trouble psychologique qui aurait fait exploser le couple.
La narration – Elle évolue en entrecroisant trois pensées qui ainsi collaborent au récit : celle du père rêveur qui se laisse aller en pérégrinations oniriques permises par l'habitude du trajet en train. Celle de l'enfant très affairé dans ces "obsessions" momentanées, curieuses, très impliquées dans la réalité effective ou celle qu'il se raconte (son jeu où il dépèce le sac plastique et le porte au dépassement de sa fonction première). À la différence de celle de sa mère qui se bute aux "murs" de sa propre réalité, "des murs dans l'esprit, partout des bons dieux de murs.".
Si bien que l'alternance, relativement enchevêtrée mais paradoxalement assez cohérente, entre ces trois univers cérébraux fonctionne avec beaucoup de pertinence, une sorte de réalisme narratif empreint de l'effectivité des flux de pensées réflexifs. C'est ce qui donne à mon sens toute la force de cette nouvelle, et qui m'a particulièrement plu ; qui ne montre pas vraiment de début, ni de fin, mais plutôt signifie une portion du cycle formant cercle qui enclorait les trois destinées.

Cet effet de résolution impossible se confirme dans la "solution" du fils qui pense "résoudre" l'impossible "résolution" de la situation en imaginant un marteau pour atteindre le marteau, dans un absurde espoir qui avoue innocemment sa propre impuissance.
Il tente une solution, face à son problème obsédant, "entendre Maman". Reviens alors ce passage au deux-tiers du texte qui résonne comme les petits coups de marteau virtuel, ce "petit marteau rouge derrière sa vitre en plexiglas" : "Et Tim lui, il absorbait, forcément qu'il absorbait putain de merde. Qu’est-ce qu'il pouvait bien faire d'autre ? L'amour pour sa mère, c'est pas rien ça, l'amour."
Le "plexiglas" comme un "masque translucide" entre le souhait et la fracturation hypothétique de la douleur.
Puis cet acceptation d'une impasse que le père entérine du haut de sa maturité dans la phrase épilogue : où il "acquiesce, sourit…" en toute conscience ; même pas vraiment désabusé, mais beau dans sa posture.

J'ai vraiment beaucoup aimé.

   hersen   
13/5/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un voyage-marteau qui font se poser bien des questions à l'enfant, qui centralise sur ce foutu marteau.
Un marteau, c'est un outil, une arme, pour briser. mais c'est déjà brisé. Alors, dis, papa, à quoi il sert, le marteau ?
A briser, mon Doudou.

Mais pour le petit garçon, c'est déjà fait, la brisure il la vit, alors dis papa, comment on peut briser la brisure ?
Je sais pas mon Doudou.
Moi je sais. Avec un autre marteau.

Ainsi, les deux facettes d'une même chose. Tout est-il toujours figé ?
Dans l'imagination de l'enfant, non, il cherche des solutions. Pour briser ce qui doit l'être, les murs-vitres de sa maman.

Les enfants qui poussent les adultes dans leurs retranchements,
au cas où quoi, papa ?

la narration un peu déjantée poétique illustre fort bien le côté désabusé du papa, un lâcher prise qui le tente, peut-être, qu'il essaie de surmonter face à la réalité de la question du petit garçon.

merci pour cette nouvelle très sensible.

Un petit point : troisième ligne du texte : il sert à quoi, le marteau brise-vitre ?
pour davantage rester dans l'interrogation de l'enfant, j'aurais plutôt vu:
Il sert à quoi, le marteau ? (cela initierait l'ouverture du champ de l'enfant)

   chVlu   
14/5/2022
 a aimé ce texte 
Pas
Au début du texte les formulations ont faits accueil à la fluidité de ma lecture. J'ai du reprendre plusieurs fois certaines phrases pour en saisir le sens :
"L'homme observe le vert qui défile, une palette chlorophylle parfois striée de brun quand une barrière en bois émiette les parcelles du rêve ou du réel ; un troupeau de vaches en vol stationnaire, une grange semblant vouloir nous habiter"
"Une squame de la besace à porter les denrées industrielles semble sortir de son couloir vertical de vol, plane un instant, suspendue au fil blême de l'hésitation, puis vient se poser en douceur sur la caboche luisante et totalement lisse d'un individu charnu tassé deux sièges plus loin ; individu charnu qui ne s'aperçoit en rien de cet acrânissage inopportun."
et certaines même en relisant je ne m'y retrouve pas :
"Partout, un peu comme des griffures ou des étoiles, surtout à l'intérieur, reflets rebonds gouffre, les pensées"

Certaines images m'ont paru incongru, par exemple que diable fait un bouchon de liège dans l'acide, que dois je comprendre? je ne sais toujours pas.

Le jeu des questions sans fin comme occupation et finalement terrain de jeux commun malgré les apparences a été la partie la plus agréable de ma lecture. Plus de légèreté dans l'écriture, une description sensible qui m'a parlé et me voilà plongé dans la lecture.

Quand survint Pernilla, tiens me dis je, surement un parallèle antre ce train et ces vitres qui donnent à voir l'extérieur mais en interdisent l'accès. Hum hum voyons voir où cela nous mène !?!?.
Mais je me suis retrouvé sur un quai dont j'ai le sentiment que c'est mon quai d'embarquement initial. Je n'ai pas réussi a prendre ce train..
Tant pis surement une autre fois!

   Anonyme   
13/5/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Finalement, peu m'importe de chercher quelle est la vraie histoire rapportée ici. Pour moi, elle ne tend que vers un seul but : baigner de poésie pure et sensible un espace où j'aime respirer, en apaisant les reliefs d'une vie pas toujours simple à apprivoiser, que l'on soit petit ou grand...

Ce voyage en train, depuis le début « - Papa ? - Oui, mon doudou... – Il sert à quoi le marteau brise-vitre ? » me ramène inexorablement à Christian Bobin, qui, je ne sais plus dans quel ouvrage, compare la poésie au petit marteau rouge que l'on trouve dans les trains « Lui seul, en cas de danger, permet de casser la vitre pour trouver la sortie de secours...». Tout est dit, et c'est magnifique !

Merci Pouet, d'être ce poète à la belle âme sensible nimbée d'un joli brin de surréalisme.
Un poète à nul autre pareil ! ^^

   Eskisse   
13/5/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut Pouet,

Seul l'enfant parvient innocemment ( et parviendra sûrement plus tard) à se sauver de l'enfermement de la cellule familiale, de la vitre de la mélancolie du père, de celle de la folie de la mère avec ce marteau rouge.
Quel sera son marteau rouge ?
J'ai beaucoup aimé l'alternance des points de vue du père, qui sombre dans sa mélancolie, ( et l'évocation de cette mélancolie sévère) et de l'enfant .
Je trouve le texte touchant et beau.

   plumette   
13/5/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Plusieurs tonalités dans ce texte et une situation très réaliste dont vous faites quelque chose de surréaliste.

l'enfant et ses questions, le défilé du paysage par la fenêtre du train
( situation que j'adore vivre!) les pensées de l'homme/père qui cherche à rassurer l'enfant avec ses réponses et peut-être à se rassurer lui-même.
sur un format court, vous arrivez à nous emporter loin ou en tous cas dans plusieurs dimensions.

je n'ai pas compris tous les mots et/ou toutes les images ne m'ont pas atteinte, il n'empêche que ce texte a une force indéniable et un vrai charme.

   widjet   
14/5/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Derrière ce titre, comme derrière cette vitre, chacun y verra l’analogie ou la symbolique de quelque chose ou au contraire de rien du tout ; c’est l’avantage et le risque avec ce genre de texte libre à interprétation, le lecteur peut phosphorer à loisir (le champ est assez vaste, aucune chance de se planter), s’approprier les choses, les tordre, y chercher (et trouver) des résonances personnelles, comme il peut tout à fait s’en détourner ou s’en foutre. Donc, on sera ému ou agacé, c’est un parti pris qu’assume l’auteur, je pense.

Pour ma part, un texte qui nous fasse un peu bosser, sans rien nous prémâcher c’est appréciable et jamais inutile d’autant qu’objectivement, celui-ci n’est pas du tout abscons.

C’est un texte qui, selon moi, parle (entre autres) de l’incommunicabilité entre les êtres, de l’enfermement au sens large, des remparts (visibles ou non), qu’il nous faut perpétuellement briser pour essayer de vivre (une vie de couple ou sa vie tout court).
Sur un registre plus formel, j’ai regretté ce souci de vouloir poétiser à tout prix (mais bon, on ne se refait pas, hein) avec des images plus ou moins inspirées ; l’artifice est parfois trop voyant ; je préfère lorsque l’auteur se masturbe moins l’esprit et laisser couler des mots plus simples comme “les instants de répit sont ceux qu'on oublie le plus vite” ou "les réponses n'existaient que pour préparer les questions suivantes.

Amusante cette espèce “d’inversion parentale” avec le père au langage plus “maternel” (“mon chéri”, “mon doudou”).
Les dialogues sont moins réussis dès lors où ils se rallongent (le passage où le père explique statistiquement le nombre de décès dans les transports, m’a paru là encore assez parachuté et sied assez mal au personnage), les grossièretés ça et là détonnent, dénotent et forcent inutilement le trait.

Au final, un texte court, agréable et pudique, qui donne une certaine liberté d'interprétation au lecteur sans lui tenir la main.
Je suis plutôt client de ce genre de procédé même si forcément cela est clivant (ce qui explique le grand écart dans les évaluations).

W

PS : quel père accepterait une garde partagée de son gosse avec son ex-femme un peu désaxée ?

   Anonyme   
14/5/2022
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Bonjour,

Je refais mon commentaire modéré où j’avais écrit que l’auteur recherchait à tout prix l’originalité. C’était maladroit et je m’en excuse auprès de lui. C’est une plume que j’ai déjà encensée auparavant, elle ne m’en tiendra pas rigueur. Mais pas sur ce texte où j’ai ressenti que tout passait aux forceps au détriment du déroulé de la nouvelle comme si ça avait été construit comme un lego, brique après brique mais je n’ai pas vu le ciment le liant qui m’aurait permis de voir ce récit comme une véritable histoire et pas un exercice littéraire en dents de scie, brisé comme le veut son titre. Et les formules magiques habituelles du géniteur, je n'en ai pas eu ce coup-ci :(

La prochaine fois, j’adorerai, j’en suis sûre^^

Anna

   Ingles   
16/5/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Pouet,

Tu as écrit texte audacieux dans lequel s'entremêlent deux attentions, deux réalités, qui se croisent, s'opposent, y compris dans les thèmes et le vocabulaire.

On voit le défilé du paysage, j'aime beaucoup le vol stationnaire du troupeau de vaches, mis en relief par la structure rapide alternant courts dialogues et petits paragraphes narratifs. L'homme arrive même à dompter ce paysage me semble-t-il.

Le final remet bien de l'ordre, le voyage s'arrête, la vitre c'est le mur qu'il imagine autour de Pernilla, on comprend la tristesse de cet homme qui rumine avec colère son malheur. Le lecteur que je suis l'imagine dans son train de retour, jusqu'à la fois suivante.

Inglès

   Cyrill   
24/5/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Que du bon dans cette nouvelle. De la poésie d’abord, on ne se refait pas je suppose.
Et de l’humanité, de la tendresse, celle que je ressens envers ces personnages ébréchés, qui attrapent au vol des objets, des paroles, et surfent sur eux, divaguent plutôt en associations de pensées.
L’allégorie du marteau brise-vitre en fil de trame discret m’a enchanté.
J’ai sentie une vraie empathie de l’auteur à l’endroit des protagonistes :
« Tim scrute son père avec un mélange d'espièglerie et de sérieux, les questions-réponses comme un jeu de raquettes il aime bien, ça occupe et puis ça fait un peu comme du vide en moins, comme quand on grignote un truc et qu'on regarde les marques de dents. »
Je ne cite que ce passage qui illustre bien ce que j’ai dit plus haut, mais beaucoup d’autres m’ont plu pour des considérations plus poétiques.
Bravo et merci pour cette belle lecture, Pouet.

   Pepito   
3/6/2022
Hello Pouet !

L'introspection de l'éconduit m'a semblé un poil longuette, j'avoue que ce n'est pas mon style de héros préféré. Vu que la séparation ne semble pas dater du matin même, faudrait apprendre à faire avec. Mais bon...
Le gamin, lui, m'a bien plus. Bon sens de l'observation, du bricolage passe-temps et de l'humour. Il ira loin ce petit à trouver d'emblée la faille dans les raisonnements de d'adultes. ^^

   Salima   
26/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Pouet,

Un grand contraste entre le flou des idées du père et la précision des descriptions. J'aime beaucoup la richesse de votre vocabulaire et l'emploi que vous en faites.
Je trouve aussi très touchante la description du mal-être de la mère. Ces phénomènes psychotiques sont souvent difficile à comprendre pour moi, et vos mots décrivent le phénomène d'une façon imagée très accessible.
L'ensemble est dur et réaliste et à la fois poétique et doux. Je voudrais dire un mot de réconfort au père, mais peut-être se laisse-t-il glisser dans sa mélancolie avec un peu d'autocomplaisance. Certaines petites "folies" ne suffisent pas à faire interner, mais détruisent quand même.


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