Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Sentimental/Romanesque
Ingles : Comme un goût amer sur les lèvres
 Publié le 11/05/22  -  10 commentaires  -  11141 caractères  -  131 lectures    Autres textes du même auteur

Le récit destructuré, lors de la pause café du matin, d'une femme qui hésite sur ses sentiments.


Comme un goût amer sur les lèvres


« Mais où est Sanjay ? » se murmura Sunny en tournant machinalement une cuiller dans sa tasse de café, alors qu’elle avait arrêté depuis longtemps d’y mettre un morceau de sucre. Comme une méchante habitude, une routine. C’était l’heure de la pause café et il aurait dû arriver avec des croissants comme il le faisait tous les matins. Elle frissonna à l’idée de ne pas le voir. Elle passa la tête vers le minuscule palier, la porte du bureau de Sanjay était entrouverte. Elle avança son bras et doucement la poussa. Le bureau était vide, s’y amoncelaient des dossiers dans des pochettes de couleurs passées, l’ordinateur semblait éteint. Le ventilateur ne tournait pas. Les cartes postales épinglées derrière avaient toutes disparu, elles avaient laissé une empreinte plus foncée sur la moquette murale. Elle se souvenait qu’au milieu il y avait celle qu’elle lui avait envoyée le printemps dernier représentant un beau paysage, une baie avec des îles couvertes d’une végétation luxuriante. Elle y avait écrit au dos un petit mot, qu’elle savait ambigu, de remerciement. Était-il parti ? Depuis la disparition de Paul elle avait pu compter sur son aide, son soutien, il l’avait même fait embaucher à plein temps dans l’entreprise, les Transports Isgandarov-Uzan. Le service comptable était ennuyeux et répétitif mais au moins elle pouvait s’en sortir toute seule. Sanjay s’était, en quelque sorte, occupé d’elle quand elle s’était retrouvée toute seule.


Sunny remuait mollement le café avec sa cuiller mais elle n’avait pas trouvé le sucre, elle songeait à Paul. Tout ça tournait en boucle dans sa tête depuis la veille. Où était-il ? Elle avait fait le tour des hôpitaux, appelé ses amis, sa famille. Personne ne savait où il se trouvait. La police lui parla de disparition volontaire et refusait d’enquêter davantage. Est-ce qu’il n’avait pas été assassiné par des voyous, pour son portefeuille ? Ou pour son téléphone ? Son corps quelque part, seul, dans un terrain vague, sous le pont d’une bretelle d’autoroute. Cette idée la déchirait. La torturait. Peut-être que des trafiquants d’organes l’avaient enlevé pour lui prélever un rein ou pire, pour satisfaire les besoins d’une crapule. Le laissant à moitié mort dans une ruelle sale. Sanjay la réconfortait de son mieux. Il lui avait dit, presque en se moquant d’elle, que ces histoires, dont la presse à sensation se délectait, étaient montées de toutes pièces, les photos truquées, les témoignages inventés. Il voulait tout le temps la rassurer et la protéger de ses mauvaises idées. Ou bien, Paul était vraiment parti. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à cette possibilité. La laissant seule, avait-il imaginé quelque chose, n’avait-il pas mal interprété ? Insatisfait de cette vie à ses côtés, peut-être malheureux de se lever tous les matins pour ça, triste de s’agiter pour si peu de choses. C’était ça la vie ? Souffrir.


Ce matin-là Sunny tournait machinalement dans sa tasse une cuiller, bien qu’elle ait cessé d’y mettre du sucre depuis peu. Sanjay arriva en montant par le petit escalier en colimaçon qui menait au palier, elle sentait vibrer le plancher sous ses pieds. D'un geste bref elle remonta une mèche. Il ouvrit la porte de la petite pièce où ils prenaient leur pause-café, brandissant le sachet de croissants qu’il emmenait tous les matins. L’endroit était étroit, au bout se trouvait une fenêtre aussi large que le réduit. Elle l’entrouvrait parfois pour aérer la pièce sans jamais le faire en grand parce qu’elle donnait sur la cour bruyante de l’entrepôt et le ballet incessant des camions. Ils pouvaient juste tenir à deux dans ce réduit, debout devant le petit évier. Quand ils prenaient le café, là, le matin, ensemble, ils étaient si proches l’un de l’autre. Paul, dont le souvenir restait brûlant, n’aurait pas aimé qu’elle ait une telle proximité avec un autre. Dans l’autre main de Sanjay, Sunny aperçut la liasse de courriers du jour. Elle avait remarqué qu’il la devançait pour la remonter, normalement c’était à elle de le faire, elle était là pour ça. Elle le soupçonnait d’en profiter pour discuter avec un certain Ozan dans l’entrepôt, un des gars qui s’occupait de charger les camions. Ils se saluaient sans se serrer la main alors que c’était l’habitude dans cette boîte. Ils se donnaient d’étranges « Monsieur ». Elle avait l’impression d’une mise en scène mal ficelée. Enfin, Sanjay était tout le temps de bonne humeur, surtout le matin quand il remontait avec des croissants. De quoi colorer toute la journée de Sunny.


Sunny tourna machinalement la cuillère dans une tasse de café alors qu’elle n’y mettait plus de sucre depuis plus d’un an. Elle avait trouvé ce matin un mot déposé sur son bureau : elle était convoquée par Frederica Isgandarov, la patronne. Elle but rapidement son café et descendit vers le hangar, juste en dessous, par l’escalier étroit. Les bureaux de la direction étaient confortablement installés dans une partie rénovée du bâtiment mais elle avait préféré s’installer dans la pièce vitrée qui surplombait l’entrepôt. Cela lui permettait un contrôle permanent des camions et des marchandises en transit. Surtout, tout le monde la voyait : elle était là avant tout le monde jusqu'à la nuit tombée, tous les jours, sur sa chaise tournante, scrutant, surveillant tout. Parfois elle descendait quand un camion accrochait le mur, faut dire que le passage était étroit entre la rue et la cour. Elle hurlait, insultait le maladroit qui baissait les yeux et devait sentir son estomac se serrer au fur et à mesure qu’elle s’approchait. Elle en avait renvoyé plus d’un. Sunny l’entendait de loin parler fort au téléphone. À travers la vitre elle l’invita à entrer en faisant un geste sans la regarder, tout en continuant sa conversation bruyante dans une langue étrange aux accents durs. Elle claqua le combiné. Elle l’observa longuement en souriant. « J’ai viré ce connard de Sanjay. Il m’a volée. Je le soupçonnais depuis un certain temps mais un des gars m’a expliqué. Je devrais le virer aussi, ça doit être un. » Un silence, son regard se fixa de nouveau sur elle. « Vous ne me volez pas Sunny ? Non, bien sûr, vous, vous êtes honnête ! Ma pauvre, et votre cher mari – Paul c’est ça ? – qui vous a abandonnée. Prenez la place de Sanjay. Un de mes cousins va venir vous aider. » En quittant la pièce Sunny vit Ozan qui fumait dans un coin. Elle l’approcha discrètement et lui demanda si Sanjay allait bien, il haussa les épaules.


Vers 8 heures, Sunny remuait son café avec une cuiller, elle venait de mettre un morceau de sucre. Sanjay entra triomphalement en brandissant deux viennoiseries. Il s’écria : « Aujourd’hui c’est fête ! J’ai une augmentation, je vous invite à dîner ce soir au Manor House ! ». Elle était troublée, rougit un peu. Mais, et Paul ? Elle prenait son temps pour dire à Sanjay qu’elle était mariée. Il faudrait le faire. Avant que tout cela ne les engageât plus loin, dans une sorte de tourbillon dont elle aurait beaucoup de mal à se dégager. Sanjay était si patient avec elle, elle qui ne comprenait pas grand-chose à la comptabilité. En fait, Sunny ne voulait pas rester éternellement dans cette entreprise. Juste le temps de trouver quelque chose de mieux, c’était d’ailleurs comme cela qu’elle l’expliquait à Paul. Mais elle avait ressenti, vu quelque chose dans son regard, la première fois qu’ils s’étaient rencontrés. Elle n’était pas sûre. Tout cela la retenait. En plus, il s’entendait bien avec la patronne, madame Isgandarov, froide et autoritaire, ça la rassurait, elle avait l’impression qu’il pourrait la protéger de cette méchante femme. Elle se souvenait que le jour de son arrivée, elle lui avait dit : « T’es qui toi ? Rien, personne. T’accroche pas, c’est du provisoire, dans une semaine ou deux tu seras partie. » Cela faisait un mois maintenant, et elle était sûre que Sanjay faisait tout pour qu’elle restât un peu plus.


Elle n’avait pas allumé la lumière du petit local, elle tournait lentement la cuiller dans son café mais elle avait décidé qu’elle ne prendrait plus de sucre. Elle songeait encore à Paul. Depuis la veille une question trottait dans sa tête, quelque part, tout à coup elle surgissait comme ça, s’imposait et elle ne savait pas. Le matin de sa disparition, quand Paul était sorti comme s’il allait au bureau, portait-il une chemise blanche ou… ? C’était idiot mais ça la tracassait. Il n’y avait aucun enjeu. Il n’y en aurait plus jamais, il avait de toute façon disparu. Et de quoi se souvenait-elle ? Ses mains, ses belles mains. Ses gestes à lui. Le son de sa voix. Mais ses souvenirs s’éloignaient quand elle essayait d’y penser, ils s’évanouissaient, s’évaporaient. D’autres choses apparaissaient. L’avait-elle aimé ? Était-ce assez ? Quel avait été son amour pour Paul ? Toutes ces questions, le temps, ses incertitudes, défaisaient la trame de cette vie qui avait existé avec Paul. Tous les fils partaient dans des directions opposées, tout se déliait, les perles des souvenirs glissaient le long des fils et s’éparpillaient. Impossible de les réunir à nouveau, de reconstruire. Ça n’avait plus de sens ni de forme. Elle pleurait, quand elle était seule, quand elle pensait au sourire de Paul. Parfois Sanjay venait la consoler dans la petite pièce, il respectait ses silences, sa présence lui faisait du bien. Elle aimerait bien qu’il la serre dans ses bras. Elle aimerait bien.


Ce matin-là, très tôt, elle prenait son café seule dans les locaux de la Isgandarov-Uzan avec un morceau de sucre qu’elle regarda s’effondrer dans l’amer liquide brun. Elle avait plié ses affaires, tout tenait dans une boîte. Elle n’avait plus qu’à descendre chercher son chèque dans les bureaux de la nouvelle aile. Elle entendit un camion entrer dans la cour, quelqu’un parlait fort dans cour, criait même. Paul passerait la prendre tout à l’heure, au coin de la rue, avec leur nouvelle voiture. Après deux ans d’absence, il avait réapparu, comme ça. C’était arrivé un soir, il était rentré avec ses clés, elle se souvenait qu’il faisait encore chaud, elle venait juste d’allumer le ventilateur. Elle avait à peine pleuré, lui aussi. Il n’avait pas mis de mots sur ce qui s’était passé. Elle n’avait pas posé de questions non plus. Ils avaient délibérément mis de côté cet événement. La vie, leur vie, avait repris son cours. Comme si la roue ne s’était pas arrêtée, comme si cette parenthèse n’avait pas existé. Dans son bureau elle avait trouvé au fond d’un tiroir les morceaux déchirés d’une carte postale, il y en avait sept, elle avait pris le temps de reconstituer l'image. C’était un paysage de montagnes avec un lac qui réfléchissait le bleu du ciel. Au dos il n’y avait rien d’écrit. Un message qu’elle avait laissé au dos d’une autre carte lui était revenu en mémoire. Tout ça avait éveillé en elle quelque chose. Une trace invisible de Sanjay peut-être. Mais la mémoire déforme le souvenir des choses, elle adoucit les longueurs, sélectionne les émotions, confond les désirs. Elle se dépêcha de boire le café pour ne pas faire attendre Paul qui devait déjà être arrivé. Le sillage laissé par Sanjay s’effacerait, peut-être.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
14/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime vraiment la construction de votre nouvelle, cet ancrage au début de chaque paragraphe, grâce à la tasse de café, dans une phase de l'histoire racontée par touches qui demeure opaque sur bien des points : Paul serait-il parti parce qu'il soupçonnait Sunny de s'intéresser à Sanjay ? Que se passait-il au juste entre Sanjay et Ozan ?… Me reste l'idée que choses, habitudes et gens quotidiens, tout notre environnement où nous évoluons sans y penser, cachent bien des mystères insoupçonnés. Je lis :
Tous les fils partaient dans des directions opposées, tout se déliait,
Il est vain de chercher à comprendre, à maîtriser. Et Sunny perdue n'a guère que son café matinal comme point de référence, incertaine qu'elle est de ses sentiments même. Une vision des choses que je trouve efficacement illustrée par la manière éclatée de dire.

J'ai aussi aimé l'ambiance d'ailleurs où, me semble-t-il, baigne le récit. Avec les prénoms au début je me croyais en Inde, par la suite je penche pour la Turquie ; pas d'exotisme pour touristes, la vie quotidienne dans un pays que je ne connais pas, où les enjeux m'apparaissent subtilement décalés par rapport à mon expérience.

   David   
24/4/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Une première impression, c'est que cette pauvre Sunny se fat bien balader : Son mari par et revient deux ans après, un autre l'allume et "l'aide dans son travail" de comptabilité avant d'être viré pour vol... enfin, dans cet optique, un Sanjay escroc aurait fait accuser Sunny sans doute, avant de partager le butin avec Paul. C'est quand même pas exactement ça, mais je garde un fond d'escroquerie, au moins sentimentale.

Il y a cet extrait : "elle s’était retrouvée toute seule", factuellement, le mot "toute" ne sert à rien, sauf à insister sur la perception qu'à Sunny de sa solitude.

Le récit finit sur :

"Elle se dépêcha de boire le café pour ne pas faire attendre Paul qui devait déjà être arrivé. Le sillage laissé par Sanjay s’effacerait, peut-être."

Je n'ai pas lu une histoire de tourment amoureux mais de cruelle dépendance. Tous les silences me semblent à la charge de la narratrice, qui lui coûtent des pans de sa vie, deux ans là en face d'un homme qui la paie en croissant, en prenant le sucre de son café même pour faire l'appoint, et Paul qui va et vient comme dans une garçonnière.

J'aime bien la "destructuration", les passages qui mélangent des périodes de façon non linéaire, parce qu'il me semble que ça appuie ma lecture dramatique. Il manque quand même une sorte de supplément d'âme, un recul sur la narratrice par rapport à ce qu'il se passe factuellement. C'est peut-être un peu dans les évènements autour de l'entreprise et des choses un peu étrange qui semblent s'y passer que ça apparait, Sunny en proie à ses états d'âme est entouré de trucs un peu louches.

AU final, l'intrique et la petite colère que l'histoire me donne en fait une nouvelle pas trop mal à mon goût.

   Donaldo75   
24/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J’ai trouvé cette nouvelle très intéressante à lire, déjà du fait de sa construction avec le leitmotiv de la première phrase de chaque paragraphe et la perspective narrative utilisée pour raconter une histoire. Le style est propre, formé de phrases parfois très courtes pour donner du relief au récit, pour imprimer du rythme sans en faire des tonnes. En tant que lecteur, je me suis demandé quelle était la nature de la relation entre Sunny et Sanjay, pourquoi Paul était parti et le mystère est resté bien entretenu par la manière de raconter cette histoire, l’angle de vue utilisé pour embarquer le lecteur. Je trouve la forme originale tout en conservant un style classique.

Un très bon moment de lecture.

   chVlu   
12/5/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une construction osée qui colle bien à l'introspection du personnage principal qui repasse dans un ordre non chronologique des instants de son existence, se cherchant, cherchant le sens de sa vie, les leçons à en tirer.

J'ai aimé me promener dans cette histoire cherchant de sucre en café où je me trouvais dans la vie de Sunny.

J'entrevoie une morale (à la façon des fables), comme un commandement à apprécier "ici et maintenant" . Paul manque alors que Sanjay est là et inversement.
J'ai aussi par moment l'intuition que Paul pouvait être Sanjay et inversement et que les disparations étaient symboliques. J'ai imaginé que ce texte pouvait parler d'une relation qui évolue, Sanjay étant l'homme désiré et Paul l'homme conquis. Même si le récit fait cohabiter les 2 hommes cette lecture n'est pas impossible, Sunny pourrait très bien avoir eu ces deux perceptions du même homme au début d'une relation qui devient une relation de couple.
Tout cela donne de la consistance à la nouvelle et a fait mon intérêt à la lire. Je ne me suis jamais perdu dans mes aller retour de tasse à café en tasse à café pour me repositionner dans une frise de temps.
Juste un moment où j'ai tiqué :
"Depuis la disparition de Paul elle avait pu compter sur son aide, son soutien, il l’avait même fait embaucher à plein temps dans l’entreprise, les Transports Isgandarov-Uzan."
"Elle prenait son temps pour dire à Sanjay qu’elle était mariée. Il faudrait le faire. Avant que tout cela ne les engageât plus loin, dans une sorte de tourbillon dont elle aurait beaucoup de mal à se dégager"
Elle connaissait donc Sanjay alors que Paul était encore là et l'aide à l'embauche était faite avant la disparition ? ces deux parties du récit me paraissent se contredire..
Une petite anecdote personnelle qui m'a surement lié a ce texte, j'ai travaillé dans une société de transport dirigée par une femme et finalement je me demande si l'auteur n'aurait pas été inspiré par cette femme tellement je l'ai reconnue dans le personnage de Frederica.
Une écriture qui donne une lecture fluide. Je me suis fait happé par l'envie d'en savoir plus et donc de ne pas lâcher la lecture.

   Anonyme   
11/5/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Ingles,

Hummm... Comment dire pour ne pas froisser un auteur qui présente son premier texte ?


C'est délicat...


J'ai peur de te fâcher....


Bref....


C'est une franche réussite^^

J’ai été en présence d’un auteur qui a une plume bien taillée, c’est fluide, impeccable. Tu avances dans ton récit comme une poule qui longe un barbelé, sans jamais tomber dans le mélo, ni la romance made In USA. Cette vraie fausse love story (yes, zob in job !) de bureau est vraiment bien distillée tout en laissant le lecteur se faire une idée de Sunny et Sanjay. Ils m’ont un peu fait penser à Bridget Jones et son boss. J’aurais même pu te mettre la note maximale, si tu n’avais pas systématiquement mis ton excellent leitmotiv –cuillère-café-sucre- en début de paragraphe mais plutôt glissé dans le corps des paragraphes pour mieux nous surprendre.

Qu’importe, c’est un bonheur de recevoir un novelliste de talent dont Oniris ne peut que s’enorgueillir

Merci pour cette grave bonne lecture !


Anna

   Corto   
11/5/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Ingles,
Cette nouvelle me laisse un goût incertain.
J'aime bien la conception destructurée où la logique des événements se fait attendre, où la réalité des personnages reste floue. Serait-on passé sans le savoir dans le registre de lointains souvenirs alors que la forme reste absolument au présent ? Serait-on donc dans un flash back morcelé, aidant Sunny à conforter son vécu ?
Le flou des personnages convoqués chacun leur tour est intéressant, appelant régulièrement une suite pour plus de consistance, qui bien sûr ne viendra jamais.

J'ai moins aimé le systématisme excessif de la tasse de café avec ou sans sucre, qui n'apporte pas grand chose à l'étoffe de l'énigme. Trop de café nuit à la construction...

Le parti pris de rester sibyllin à plusieurs niveaux m'a bien plu. J'imagine pourtant un échafaudage plus riche où le mystérieux servirait un ensemble qui se révèlerait structuré autour d'un axe servant d'aboutissement.

Merci du partage.

   hersen   
11/5/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai trouvé la construction intéressante, une pièce du puzzle après l'autre, mais je regrette malgré tout un côté un peu répétitif qui ne me semble pas apporter grand chose.
par contre, les personnages sont bien à leur place, et aussi bien campés, jusqu'à cette ombre de Paul qui prend chair.
Il y a dans le fond de l'histoire le shéma du film "in the mood for love", je dirais traité à l'américaine.

Merci de la lecture !

   Anonyme   
12/5/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Le breuvage qui prête son amertume au titre est une jolie trouvaille.

Suivant ce fil d'Ariane bien inspiré, j'ai pris les tasses de café, une après l'autre, pour des repères chronologiques situant les différentes époques de l'histoire : avant l'arrêt du sucre et après.

Mais bien vite, dans cette valse des personnages qui vont, viennent, tournent, s'en vont et puis reviennent, je me suis perdue.
La tasse de trop, sans doute. Trop d'imbroglio tue l'imbroglio.

Dommage, car j'ai bien aimé, d'une part la ''vraie présence'' de ces personnages, puis le parfum d'un secret qui se devine plus qu'il ne se donne, créant une ambiance presque envoûtante.

Je ne sais pas dire à quel moment exact j'ai décroché, mais il est certain que l'impression de tourner en rond prédomine, aux dépens d'une histoire plus ''appuyée'' qui aurait remportée ma totale adhésion.

Alors, ''où était Sanjay ?'' ^^

Demeure un réel potentiel imagination et plume mêlées.
Vous savez créer une ambiance.
Bravo pour tout cela.

Merci pour le partage.

   Ingles   
12/5/2022

   Malitorne   
12/5/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Mon appréciation ne tient pas compte de l’écriture, qui a des qualités certaines, mais de l’intérêt que ce texte a suscité en moi. Déjà je ne suis pas trop attiré par les histoires conjugales, les « je t’aime moi non plus », qui grosso modo me semblent toutes bâties pareilles. Vous avez essayé d’apporter un attrait à celle-ci en juxtaposant les évènements mais n’avez réussi qu’à me perdre, d’autant plus avec des prénoms étrangers auxquels il est difficile d’attribuer un sexe. J’ai passé plus de temps à tenter de recoller les bouts pour comprendre que d’apprécier ce qui se déroulait. Bref, trop alambiqué pour ma part qui préfère les récits simples allant à l’essentiel.


Oniris Copyright © 2007-2023