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Sentimental/Romanesque
Rainbow : Le garçon
 Publié le 24/06/15  -  3 commentaires  -  18059 caractères  -  75 lectures    Autres textes du même auteur

"Je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Que voulez-vous de plus
Que voulez-vous de moi"

J. Prévert


Le garçon


Je me souviens d’un temps encore proche, où je n’avais pas ces allures d’un chien à trois pattes, au poil long et sale empuanti par la pluie. Il y a peu encore – cela se compte en semaines –, où mon regard était ferme et assuré, où l’œil ne tremblait pas ; je ne pouvais qu’observer les corps courbes, aux chutes imposantes, parfois rebondies, presque lourdes, que précédait et concluait un parfum. Et pourtant je tiquais. Une cuisse trop épaisse ; des hanches en taille trente-six à l’arrondi étrangement prononcé ; un sein entrevu dans la déchirure discrète, mais voulue, d’un vêtement, laissant là la sensation de malaise d’un désir déçu.

Ce que l’on m’avait enseigné depuis l’enfance ne pouvait se relever une erreur. Elles se devaient d’être belles. Toutes tant qu’elles sont, même la plus laide d’entre elles, dans un centimètre carré de peau, d’un iris, d’une mèche, ne pouvaient que contenir un peu d’essence de beauté. C’était le cas d’ailleurs. Des promesses dessinées, découpées, colorées, avec une enluminure au coin de l’œil, la douceur d’une étoffe, la sensualité d’un rouge à lèvres. Puis venait le temps de la nudité, les premières minutes où le désir se concrétisait par l’éclosion des caresses… Quelle déception ! Les détails sur lesquels j’avais quelques fois buté, mais noyés volontairement dans un plaisir plus général, s’amplifiaient et dégradaient tout l’apparat et l’espoir entraperçus seulement dix minutes auparavant. Ces défauts que j’avais crus les victimes d’une tenue mal ajustée, d’une position bien particulière, ou même d’une humeur passagère, gagnaient des proportions désastreuses. Les hanches surtout formaient avec les cuisses et les fesses des courbes très travaillées amenant à la rondeur, successivement épaissies par des couches de peaux infinies. Les seins aussi furent l’objet de mon désappointement. Je les imaginais ronds à demi comme la transition lunaire d’un mois, avec l’éclat d’argent de la tendresse, et le maintien, la fermeté, d’une solide et jeune branche d’arbre fruitier, où le téton aurait été la naissance et la fin de quelques plaisirs inconnus, animé d’une ligne directe par la respiration et le cœur qui soulevaient cette poitrine. Je n’y trouvais qu’une masse graisseuse, parfois informe, esclave de la gravité pendant un acte que j’avais de plus en plus de mal à concevoir. Peut-être l’agrément que nous éprouvons à admirer la parfaite rondeur de la Lune et du Soleil vient-il de ce qu’ils nous apparaissent en deux dimensions comme un cercle parfait, lointain, inaccessible.


Un jour un garçon me regarda. Nous étions assis avec des amis au fond d’une terrasse de bar. Les mots s’échangeaient sur un rythme effréné entre et autour de nous ; un spectateur extérieur aurait pu croire à ce moment d’un vaudeville où le quiproquo s’intensifie, jusqu’à ne devenir qu’une vaste cacophonie, dans laquelle chacun se hâte de débiter sa réplique. Peut-être l’agrément que nous éprouvons à admirer la parfaite rondeur de la Lune et du Soleil, vient-il de ce qu’ils nous apparaissent avant que l’autre ne le fasse. C’est ce qu’il semblait être, un spectateur extérieur. Il buvait son café allongé à petites gorgées, une cigarette dans la main droite, les yeux rivés sur les lignes serrées d’un journal économique – j’avais zieuté la une par curiosité en m’installant.

J’eus un moment d’absence, comme il m’arrive quelquefois d’en avoir dans ces moments d’agitation extrême. Un copain à ma droite me désigna une fille entre deux gorgées de bière. Un regard, un commentaire ; elle était ceci ou cela, toute désignée pour être la proie de fantasmes imaginaires que chaque garçon à la table accentua. Les filles s’insurgèrent dans l’instant, et l’un des jeux les plus anciens reprit ; la lutte des sexes. Ici, bien sûr, nous tournions cela en comédie. Nous étions au XXIe siècle tout de même. Nous portions un héritage intellectuel propre à nous défaire de nos stéréotypes et de nos préjugés que nous n’hésitions pas à jeter sans vergogne sur l’autel du rire. Je prenais part à ce jeu ; mais entre prendre part et prendre plaisir… je retrouvais ce gouffre de désir déçu auquel m’abandonnait une sexualité fantasmagorique. Puis ce garçon me regarda.

J’appelais la serveuse, et c’est à ce moment que ces yeux s’égarèrent vers moi pour la première fois. Je remarquais sans relever, dans une ville, plus encore dans un bar, les yeux dérivent et se cognent sur toutes les formes à notre portée. Entre deux demis, l’oasis amer d’un café me fut apporté, sous le soleil brûlant d’une cigarette à peine allumée.

Nos yeux se croisèrent une fois encore. Il osa un sourire. Une brise passa sur la terrasse, agita doucement la mèche de ses cheveux bruns.

Une tendresse naquit dans le creux de mon être. Une caresse de la tête au ventre en passant par le cœur. Une envie de se blottir au fond de ses bras, la tête contre ses joues, et sa mauvaise barbe de trois jours dans laquelle se dessinait le sommeil et les murmures.

Il ramena ses yeux vers le papier gris aux mots noirs du journal. Il fit une moue. Revint vers moi.

Dans cet interstice infime, je m’étais appliqué à ériger une barrière de dureté. Je rejetais d’un bloc son avance les simples traits de l’agressivité. L’étonnement, la déception, et la tristesse jetèrent simultanément sur lui leurs sales couleurs pluvieuses, ravinèrent la joie sur son visage. Il paya et s’en alla. La scène était finie, personne autour de nous n’avait rien remarqué. Les apparences étaient sauves, moi aussi.

Son avance… quel mot honteux, presque injurieux dans ma situation ; mais tout de même… l’esquisse de l’esquisse d’une promesse. Qu’elle me semblait belle cette promesse.


Quatre jours que je n’avais pas assisté à un cours. Dix depuis l’incident du garçon.

Au cours de la première semaine, j’étais parvenu à tenir mes personnages bien qu’avec peine. Lorsqu’un masque commençait à s’effriter, je me hâtais d’en changer la pièce par celle d’un autre masque, le plus complémentaire possible. Tous se laissaient avoir à la duperie. Le soir venu, seul devant le miroir de tête de ma salle de bain, masques entiers et pièces se désagrégeaient en sables arides, et morceaux de verres acérés. J’avais alors toute la nuit pour les reconstruire. L’exercice me dépassait totalement. Je n’avais ni les ressources ni la résistance pour tenir sur la longueur.

Depuis les quatre derniers jours, j’avais pour seul repère la rumeur de la ville, et celle aux tonalités plus multiples encore des bars.

Le premier jour de mon exil, j’enlevais de l’appartement toutes formes d’horloges, de montres ou de radioréveils. Je restais le visage collé entre les interstices des volets à scruter les garçons et les filles. Pensée étrange, mais les voir, eux, à travers ce filtre me laissait un peu moins coupable. Si la condition de ma propre monstruosité me prenait trop violemment, je fumais deux cigarettes coup sur coup tout en avalant un verre de blanc d’un trait – j’avais pris la peine de faire des réserves d’objets réellement utiles, seuls ces deux-là me parurent l’être.

La sonorité des rues s’amplifia à un moment donné de ma veille. Caché par le brouhaha et la hauteur de l’appartement, j’allumais une autre cigarette, et attaquais un nouveau verre. Assis sur mon lit face au mur, je récitais des mantras aux mots laids, pesants, et insidieux dont j’étais le seul destinataire. Longtemps après, les voix et les musiques s’étiolèrent dans cette nuit-ville accompagnée des lampadaires ; ils étaient les gardes royaux du vieux Aix, aux bustes hauts, aux airs solennels, juges et bourreaux des songes les plus doux aux fantasmes les plus sordides. Ils m’éclairèrent un instant le visage d’un joli garçon, à l’allure élancée, aux traits fins où se perdait un sourire mélancolique comme le mirage d’une île pour des naufragés.

Mon cœur s’alanguit. Le dégoût l’empuantit. La tristesse, puis la haine de soi. La fenêtre éteinte de l’immeuble en face comme un miroir pour mieux me renvoyer le reflet d’un détraqué. Moi.

Je conclus un pacte entre le monde extérieur, celui de vingt mètres carrés où j’errais, et ce Moi lien entre les deux. J’étais en train d’échouer. Je ne correspondais à aucun critère de normalité de ce que la société extérieure attendait de moi ; mon monde intérieur était en proie à un délabrement ; l’être que j’étais coincé entre sa volonté de devenir, et son incapacité à se réaliser désira conduire jusqu’au terme son désespoir. Une fois les ruines et la poussière acquises, il ne s’agirait que de reconstruire. Je maîtrisais un grand nombre de personnages sociaux depuis un certain temps déjà, la tâche ne me semblait pas si difficile.


Je dormis peu. Les lampadaires étaient les seuls êtres éveillés lorsque j’osai passer ma tête à travers les volets. Ce premier écart à ma promesse dénotait de ma faible volonté. Les eaux de la honte et de la détestation emplirent un peu plus le puits de mon être. Une pluie épaisse tombait. Les gouttières vomissaient leur trop-plein dans un bruit incessant de bouillonnement. Le vrombissement d’une voiture étouffé par l’eau se fit entendre. Le premier d’une longue série, minuteur involontaire mais terrible, me ramenant implacablement au temps.

Je me rallongeai dans le lit, et scrutai le plafond. À travers des verres de l’ennui et de l’angoisse, j’en comptabilisai la moindre imperfection. Le refuge ordonné des nombres. Chaque défaut déposait au fond de moi-même son marc noir de colère ; mais je me trompais de victime. Ce plafond, bien qu’imparfait, assurait lui au moins sa fonction essentielle. Il me protégeait des intempéries.

Je m’en pris alors au seul responsable. J’observais sa tronche de fuyard dans la glace de la salle de bain. Il avait des cheveux ébouriffés, sales ; le visage décomposé par les cernes, les yeux à demi éteints ; ses lèvres étaient abîmées, creusées par des morsures incessantes ; une barbe de plusieurs jours le prenait des joues à la gorge, l’étouffait comme la corde d’un pendu.

Je m’appliquais à analyser chaque parcelle de mon corps, de la tache de naissance à mon épaule gauche, jusqu’à la cicatrice sur mon pied droit. Je n’y trouvais qu’un corps astreint aux positions les plus dérangeantes, découpé par le scalpel des ongles là où passaient mes doigts. Aucun indice ne se révéla. Ni les motifs d’arabesques des oreilles, ni les dents jaunies par le tabac, pas plus que le tracé de chaque muscle n’offrirent une prise solide à l’espoir de guérison que j’avais.

Ce corps était évidemment imparfait. Quelques cicatrices, un nez légèrement imposant, des fonctionnalités mineures en interne plus ou moins déréglées. Rien cependant qui ne justifiait l’horreur que j’étais.

À l’épicentre du délabrement de mon cœur, les ruines s’amassaient, et les derniers vestiges de ce que je connaissais psalmodiaient avec le vent la promesse d’un désert déjà colonisé par ma gangrène. J’usais de tant de mots et de périphrases pour désigner ce que j’étais. Doucement pourtant, des pointes éphémères de tendresse naissaient pour cet état.


Homosexuel. J’ai pensé ce terme pour la première fois au réveil de mon troisième jour sans oser le prononcer. Ce qualificatif désignant mon orientation sexuelle, une partie même de mon être, m’inspirait un certain dégoût. Ce dégoût-là ne possédait aucune des caractéristiques de l’écœurement physique qu’aurait pu provoquer un objet, dont tout, de l’apparence jusqu’au parfum, révulsait l’être. Il s’apparentait à un poids qui s’alourdissait au fur et à mesure que mon désir grandissait avec la puissance du souvenir de ce garçon. J’avais sur le cœur un filet dont les mailles acérées striaient mon cœur, qui cherchait à s’en dégager en tambourinant plus fort à chaque instant contre ma poitrine. Il me prenait violemment le désir de ce garçon, s’imageait sous mes paupières closes par ses lèvres, ses bras, son torse, son cou. Je fantasmais, les mains crispées sur les draps, les dents sur ma lèvre inférieure ; barrages aux caresses et aux cris de cette envie inavouable. Je luttais contre cela, mais avec de moins en moins de conviction, par acquit de conscience afin de ne pas me sentir trop sale. Le jour vint, et avec lui les ombres des passants se reflétaient sur le mur. J’espérais que l’une d’entre elles fût lui ; qu’il me plaquait contre le mur, contre lui, et dans un baiser me fasse avouer que j’aimais ses baisers et son corps. Que je l’aimais lui.

J’ai rompu ma promesse, la pénombre m’était devenue insupportable. Les volets ouverts laissaient rentrer la lumière dans l’appartement. J’avais dans cette obscurité remarqué sur mon corps des excroissances étranges ayant commencé à pousser. Des sortes de fils translucides qui entravaient mes mouvements, et m’étouffaient. Le jour les dissipa. J’entrepris de m’examiner de nouveau dans le miroir de la salle de bain au regard de la lumière du soleil. Mon visage était plein de fatigue, des cernes bleutés me mangeaient la moitié du visage tandis que le reste disparaissait sous une épaisse barbe. Par-delà ces signes de décrépitude brillaient toujours mes yeux noisette, mes cheveux étaient encore châtains, et ma tache de naissance sur l’épaule n’avait pas disparu. Bien que plein de crasse et de fatigue – et malgré mon nouvel état –, mon corps n’avait subi aucune des atroces transformations que je redoutais. Il semblait que j’étais resté le même. Je me rasai, me lavai, récurai chaque recoin de mon corps. J’allumai la radio sur une station de Jazz ; une voix chaude et féminine annonça une heure sans interruption de morceaux de Duke Ellington ; Chloé fut le premier. J’entrepris de fouiller frigo et placards. Je fis revenir dans une poêle courgette, pommes de terre, et lardons en jetant par-dessus une sauce tomate en conserve. Cuisiner occupait mon esprit, et m’aidait à chasser les restes de pensées qui ébouillantaient mon âme. Pourquoi avais-je tant de mal à accepter mon homosexualité, me demandais-je à voix haute. Pour la première fois je prononçais ce mot. Je n’avais jamais été homophobe, et portais même une certaine admiration à ceux qui s’assumaient et s’affichaient en public ; le respect de celui qui rêve mais manque de courage. J’avais même quelques amis homosexuels. Lorsqu’ils l’assumèrent publiquement, je n’eus aucun souci avec cela. En réalité, peu de choses étaient susceptibles de me choquer, ou de provoquer chez moi un rejet ; seules la stupidité et la méchanceté m’insupportaient. Je supposais cependant qu’il était plus facile d’accepter la différence chez les autres que la sienne.


Au quatrième jour, je dormis enfin d’un sommeil profond. Ma première pensée fut à l’heure que j’avais oubliée depuis plusieurs jours ; je rallumai mon téléphone, il indiquait midi et douze minutes. Je rejetai les draps au pied du lit, et me préparai de quoi faire plusieurs tasses de café. L’odeur amère, chaude, et réconfortante envahissait tout l’appartement. Cela me ramena à mes années d’enfance, lorsque pour imiter les adultes, je me réveillais à la même heure que mes parents, et prenais avec eux quelques gorgées de café. Je conservais un certain émerveillement de cette innocence, un bonheur de l’avoir connue en sachant que d’autres n’y avait pas eu droit. J’ouvris en grand volets et fenêtres avant de prendre une douche brûlante. J’y restai une dizaine de minutes, purifiant les derniers agrégats de mes noires pensées de veilles.

Une fois lavé, je me penchais à la fenêtre, la trinité du C – café, cigarettes, cendrier – posée sur le rebord. L’automne débutait à peine. Le soleil alangui déposait sur la ville et ses toits, ses rayons entortillés en caresses chaudes sur le pavé et nos peaux. Les filles portaient des jupes courtes, ou des mini-shorts en jeans, alliés à des décolletés ; la longueur des premiers et l’ouverture des seconds déterminaient le degré d’érotisme sensuel qu’elles dégageaient.

Les garçons, eux, s’habillaient en bermudas, et en haut, des t-shirts moulants ou des chemises ouvertes aux manches courtes. Leurs bras étalaient le dessin de leurs muscles, comme des collines et des vallons où poussait une force secrète, où l’on aurait pu s’épanouir tendrement, en silence et caresse. Leurs torses larges et musclés se laissaient entrapercevoir, plaines désertiques mais fertiles, où le désir ne demandait qu’à naître lorsque des mains comme des fontaines venaient se blottir contre eux, et faire battre encore plus fort leurs cœurs. Qu’ils étaient beaux… comment avais-je pu l’ignorer jusque-là ? Je n’en savais rien, mais j’étais heureux de pouvoir le découvrir.

La faim me rappela à moi-même. Mon estomac grondait, et le frigo était vide, de plus ma réserve de cigarettes s’épuisait. J’allais devoir retourner entièrement dans le monde qui s’agitait dans la rue en contrebas. Hâté par une étrange impatience, je descendis les escaliers à la volée, et courus presque jusqu’à la pizzeria à deux rues de chez moi, puis au tabac à côté. Je ne voulais pas manger seul, encore enfermé dans l’appartement malgré le lien entre le monde et moi qu’était ma fenêtre. Je m’assis à une table au bar en bas de chez moi, commandai un demi de Carlsberg, et fis un sort impitoyable à ma part de pizza en attendant l’arrivée de ma commande. La serveuse me l’apporta. Je bus une première gorgée et allumai une cigarette ; j’expirai lentement la fumée, jouant avec à la sortie de mes lèvres. Soudain, je le vis. Le même garçon que la dernière fois. Il était seul. Il lisait encore un journal, une tasse de café vide à côté de lui, tenant sa cigarette de la même manière qu’il y a dix jours. Il restait les yeux rivés sur son papier, indifférent à tout. Je demandai à la serveuse de lui apporter un second café, et de le mettre sur ma note. Les quelques minutes entre la commande et son service me laissèrent dans une agitation fébrile. Enfin, elle arriva. La serveuse lui dit que le café lui était offert par ce garçon au fond de la terrasse. Il la remercia ; me regarda avec surprise, puis un large sourire étira ses lèvres. Je fondis, avant de lui rendre un sourire timide. Ce garçon m’a regardé.


 
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   Anonyme   
31/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
Belle démonstration que votre nouvelle ! Ce cheminement intérieur pour arriver à cette évidence, la révélation de ce que cet homme éprouve réellement, est bien rendue même si ce texte demanderait parfois à être un peu allégé. Le temps, par contre, pour admettre, son nouvel état, me parait cependant un peu court, est-ce plausible ? Aucun autre signe avant coureur, pour quelqu'un qui semble pourtant bien habituer à l'introspection, cela m'étonne ? Bon, mais là, je chipote peut-être. En tous cas, au début, cette réflexion sur les courbes féminines toujours trop ou pas assez est très juste. Bonne observation.
En définitive, j'ai bien aimé votre nouvelle, il y a de très beaux passages comme: "le désir se concrétisait par l’éclosion des caresses…", "Entre deux demi, l’oasis amer d’un café me fut apporté, sous le soleil brûlant d’une cigarette à peine allumé.", "Le soir venu, seul devant le miroir de tête de ma salle de bain, masques entiers et pièces se désagrégeaient en sables arides, et morceaux de verres acérés." Puis d'autres un peu plus laborieux, mais dans l'ensemble, ce texte me semble très bien écrit et se laisse lire avec plaisir.
Bien vue également cette description des garçons à la fin. Ce passage est très beau, et vous avez su rester très juste sans tomber dans quelques clichés de fantasmes lourdingues.
De grands bravos à votre histoire pour la beauté de son style, sa pudeur et son authenticité. Et bien sûr pour le sujet traité.

   mouthpiece   
26/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Superbe! sur la forme, magnifiquement écrit, sur le fond, je pense que tout est dit : la prise de conscience, l’intériorisation du tabou, le long chemin pour oser la transgression et enfin l'acceptation de sa différence. Bravo!

   Automnale   
27/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Une cuisse trop épaisse, des hanches en taille 36 à l'arrondi prononcé, un sein dans la déchirure discrète mais voulue d'un vêtement... Tout ceci indispose le narrateur... Jusqu'au jour où, dans un bar, un garçon le regarde...

Après ce regard ravageur, le jeune homme va, durant quelques jours d'exil, faire, sans se manéger, son introspection... Il s'apparente à un monstre, se dégoûte, se hait... Il voit de lui, dans le miroir, une tronche de fuyard... Il ne correspond, pense-t-il, à aucun critère de la normalité que la société extérieure attend de lui... Ce jeune homme, qui observe beaucoup, a un immense souci du regard des autres...

Ce n'est qu'au troisième jour de son exil qu'il pense, sans même oser le prononcer, au mot "homosexuel"... Lorsqu'il se décide enfin à ouvrir les volets, le ravage a été tel qu'il s'étonne de constater que son corps n'a subi aucune transformation... Pourquoi a-t-il autant de mal à accepter son homosexualité, se demande-t-il à voix haute ?

Le quatrième jour, il rallume son téléphone portable, fait sa toilette, se penche à la fenêtre et, selon son habitude, regarde passer dans la rue... regarde... garçons et filles, compare... Ayant faim, ne souhaitant pas manger seul, il sort, s'installe au bar de son immeuble... Et, soudain, il reconnaît le garçon qui lui avait souri... Pour la seconde fois, ce garçon le regarde... Les données ne sont plus les mêmes...

Je ne suis certes pas la mieux placée pour me mettre à la place d'un jeune homme prenant conscience de son homosexualité. Pourtant, ce récit, intéressant, me paraît plausible. Mais, entre parenthèse, comme l'intéressé est sévère avec lui-même !

Les sensations éprouvées lors du premier regard échangé (tendresse, caresse, envie) sont bien décrites. Ceux qui l'entourent n'ont rien remarqué. Ouf ! Les apparences sont sauves... Les fantasmes sur l'inconnu du bar sont, eux aussi, bien décrits (bras, torse, cou, violent désir, envie inavouable...).

Je me permets de noter, ci-dessous, des petits détails de rien :

- Ne pouvait se relever une erreur (ne serait-ce pas plutôt "se révéler" ?).
- L'agrément que nous éprouvions à admirer la parfaite rondeur de la Lune... (Nous retrouvons exactement les mêmes propos dans le paragraphe suivant).
- Puis ce garçon me regarda... c'est à ce moment que ces yeux (pourquoi pas "ses" yeux ?)... Deux lignes plus bas, il semblerait qu'il manque "que" entre "dans un bar...et les yeux dérivent".
- Il doit manquer quelque chose dans la phrase "Je rejetais d'un bloc son avance...".

En conclusion, ce sujet, difficile, a été traité intelligemment. Le récit ressemble à une confession, sans faux-fuyant... L'écriture, ce qui ne gâche rien, est belle. Il ne me reste plus qu'à supplier le jeune homme du récit - s'il existe - de cesser de se mésestimer... Et j'aimerais même bien connaître la suite de l'histoire avec l'inconnu du bar. Mais je suis peut-être trop indiscrète !

Merci, Rainbow.


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