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Sentimental/Romanesque
RomyLevant : Le succube qui ramait grave
 Publié le 05/03/11  -  12 commentaires  -  8760 caractères  -  119 lectures    Autres textes du même auteur

L'histoire d'une femme souffrant, entre autres, d'anorexie mentale.


Le succube qui ramait grave


J’ai rêvé de toi la nuit d’avant.

De toi sur le parking de ma gare de banlieue, à m’attendre, à couvert de ta voiture. Tu t’étais garé, toi homme Tarzan, à l’écart des luminaires pour guetter avec discrétion l’arrivée de mon train.

J’ai rêvé de ça.

Alors hier soir je suis sortie fissa du RER. J’ai scruté le parking. Semblable à une armature de phare désœuvré, décroché de la mer pour venir se planter au milieu d’une pâture où s’agiteraient des vaches pressées de rejoindre leur vacherie, leur famille, cette raison simple de poursuivre l’aventure. Moi, posée là, solidement seule parmi les voitures quittant leur emplacement, j’ai manœuvré mon corps céleste afin de lui faire faire un tour à 360°. Ta grosse allemande avec toi dedans, vous ne vous y trouvâtes point. J’ai regagné mes pénates, à pieds et plus en pièces que jamais.

Plus mal encore. Si mal en tous points, si vide que parvenue chez moi je me suis douchée avec précipitation puis j’ai retrouvé mon lit - que j’ai failli rater - dans un style digne d’une cascade d’un James Bond orchestrée par Mr. Bean. Je n’ai pas rebondi et pour cause. Balancez une plume lestée par deux petits pois sur votre lit et observez son mouvement gracieux ! Bref, aucun artifice ne m'aurait changé d'état d'esprit, ni la télé, ni un livre, ni le ménage, ni téléphoner à maman… surtout pas. Je n’ai pas trouvé le sommeil tout de suite tout de suite. Au petit matin, ma couette paradait en motte sur le parquet.

La journée a passé. Lyon ne te lâchait pas. Une matinée ordinaire mâtinée d’années. J'ai fait un simulacre de déjeuner avec Nelly qui n'a pas arrêté de tripoter son téléphone portable de toute la journée. Dans l’après-midi, j'ai récupéré l'un de ses dossiers. Je l’ai traité. J’ai regardé le spectacle ambulatoire entrer et sortir du bureau. Nelly est en représentation, toujours. À 16 h 42, elle m’a embrassée. À 17 h 30, j’ai quitté l’entreprise à mon tour. Un job qui titille les sommets de l’éclate, un RER où l’on swingue tant l’humeur générale se vêt de joyeuseté, puis un dodo récupérateur après une journée si riche en rigolades…

J’ai rêvé de toi cette nuit encore.

Je t’ai vu concerné par moi. Ne plus me considérer comme une feuille balayée par le vent, comme une poubelle anodine sur un trottoir provocant, comme la couleur imaginée du papier dans ta pièce à besoins, comme la chemise échancrée que tu portais la veille, comme mes regards posés pile sur ta pomme d’Adam pour éviter de me prendre ta gueule de sauvage ombrageux en pleine face et me retrouver comme affalée sur la première haie d’un 110 mètres à suffoquer comme une cardiaque décoiffée. Tu m’as soudainement calculée comme je t’ai idéalisé dès mon arrivée, toi le remplaçant de ma précédente illusion.

Je t’ai vu captivé par moi, « la fille bellotte qui devrait prendre du volume pour attirer les hommes », comme le dit si bien maman quand son regard se fixe sur ma poitrine, enfin sur mes mamelles atrophiées. Je suis encore jeune, chacun le sait, encore en vie… je souffre d’anorexie mentale, oui mentale. Pourquoi faut-il que je m’embarque dans ces passions inassouvies qui me retirent chaque fois une espérance, une pièce de mon puzzle de vie, qui inondent de larmes mes joues trop creuses, qui me sortent d’un ordinaire si effroyablement insipide ? Je me sens lasse, si lasse, accablée, quand je ne m’amourache pas. Timidité maladive, timidité morbide ouais… Je veux sentir sur moi l’odeur de l’homme en exercice mais je peux pas, c'est tout bonnement impossible ! Mon esprit s’y refuse et mon corps entre dans le jeu. Alors la corde occupe mes pensées. Puis elle s’effiloche quand je te tombe sous le charme d’un homme. Le problème c’est qu’elle prend de l’épaisseur !

Je t’ai vu entrer dans mon bureau toi l’homme Tarzan, l’air gamin. Tu te dandinais sur place comme si ta vessie réclamait la parole en utilisant l’issue la plus proche comme moyen d’expression. Tu secouais tes épaules en laissant tes deux membres virils suivre le mouvement. J’ai vu un homme intimidé par moi, la fille de la compta, la tige avec deux pattes, certainement accro aux régimes extrêmes. Tu m’as parlé avec une voix qu’on aurait dite embryonnaire. Évidemment moi j’étais agitée de l’intérieur telle une épileptique en pleine crise de convulsions à balayer de son corps tout un vestiaire de mecs virils en adoration, le fantasme érigé devant cette serpillière à 4 membres, j’vous jure… Bien entendu, j’intériorisais mon émoi, je ne le montrais pas. Je restais stoïque. Revêtue de mon professionnalisme inébranlable. Principe du rêve. Tu m’invitais à déjeuner, le rouge aux joues ressemblantes à deux tomates bodybuildées. L’ange virait sa cuti. Bien sûr, après un moment de réflexion, après avoir consulté mon agenda, après un nouvel égarement dans ma réflexion j’acceptais l’invitation, avec cet air d’indifférence que revêtent les filles qui savent comment la soirée va finir puisqu’elles contrôlent la marionnette. Que la volonté du succube soit faite !

Ce matin, je me suis levée et c’est heureux ! Mon lit n’était pas défait, la couette bien en place au-dessus de mes draps. J’ai mangé de bon appétit. J’ai tout gardé. Dois-je y voir un heureux présage ? Une extinction des impossibles ?

Je me suis maquillée. J’ai quasiment démonté la penderie pour y trouver l’ensemble le mieux adapté à la situation à venir. Pas de robe chemisier aujourd’hui ni de combinaison-jupon. Événement ! Jupe froncée, décolleté en cœur, collier-de-chien, dessous chics. Je me suis trouvée bien et j’ai fait fi de ce décolleté qui ne décollète rien. J’ai pris le RER. Nous y voilà. La matinée se déroule comme à mon habitude. Arrivée avant 09 h 00 sur mon lieu de travail. Je suis en avance, entre 15 et 35 minutes, toujours. Un rare bonjour en traversant les couloirs presque déserts. Je passe devant son bureau. Deux jours qu'il est vide, pas éclairé, réunion avec les pontes du siège à Lyon. Il devait m’attendre à la gare. Un aller retour Paris/Lyon dans la journée lui laissait largement le temps… Il s’y trouve, nous pouvons voir son ombre. Évidemment, notre boss montre l’exemple. Sa porte fermée le montre présent, comme d’habitude. Je rejoins le mien. Vide. Nelly arrive après moi, toujours. Je n’ai pas personnalisé mon espace de travail contrairement à elle. Le côté déco suédois du mien côtoie l’ambiance brésilienne du sien. J’allume l’ordinateur noir, l’écran noir, l’imprimante noire, la lampe de bureau noire. Je me déshabille. J’accroche ma veste sur la patère au-dessus de ma chaise. Je m’installe. Je tape mon mot de passe. L’ordinateur fait sa tambouille. Je consulte ma messagerie. Un message. Monsieur Hermont, notre chef effacé, me demande de conclure le dossier Tranxor. Soit, je n’ai plus qu’à l’imprimer. Je l’imprime. Je le relie. Je suis à jour dans mon planning. Alors, je lambine. Je récupérerai un ou deux dossiers à Nelly. Elle n’y trouve rien à redire depuis notre collaboration, depuis mon arrivée en fait voici 4 mois. Dépêche-toi de conclure, ô doux rêve prémonitoire ! 09 h 42, Nelly arrive, je peux entendre sa voix ainsi que ses talons dans le couloir. Nous avons les mêmes horaires. Mise en scène… Elle ouvre notre porte comme une boulimique ouvrirait celle de son frigo après s’être fait insulter de grosse dinde mal farcie ; avec force et fracas. L’affamée arrive à vitesse grand V sur la part de moelleux au chocolat que je représente, se courbe, m’empoigne, m’embrasse, se redresse, se dirige vers son bureau suivie par le martèlement de ses talons hauts comme des pylônes EDF, balance sa veste chic et son sac - qui doit équivaloir à ma paie - sur une chaise, s’installe à son poste aussi flamboyant et coloré qu’elle. Elle n’aura pas interrompu son verbiage depuis son entrée - dans l’entreprise. Bien sûr elle m’aura marquée de son fond de teint. Bien entendu, je n’aurai pas tout saisi toutes les subtilités linguistiques dans ce flot débité. Elle s’installe. Elle continue son monologue puis saisit le téléphone, elle demande à Hélène, la secrétaire du boss, de la rejoindre à la cafétéria. Elle se lève. J’attrape quelques mots au vol : le pastel me va bien. Le boss entre. Elle s’assied sur le coin de son bureau tout en secouant sa chevelure blonde comme les blés. Elle s’est tue. Je me lève, au garde-à-vous derrière mon bureau éclairé comme le coin d’un palier de dealers. Mon cœur a raté plusieurs battements. Il me salue, de loin. Il s’approche de Nelly. Face à face intime. Ils se parlent. J’entends les mots chuchotés ‘déjeuner’ et ‘avec plaisir’. Il ressort. Je me rassieds de tout mon poids plume. Nelly sort du bureau, toute fringante, sans un regard pour la loque au ton pastel posée sous la patère. Seule. Que me réserve cette nuit ? J’apporte le dossier Tranxor à monsieur Hermont.



 
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   costic   
12/2/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Nouvelle dense, triste aussi. Une aliénation quotidienne décrite avec une certaine crudité.
Pour les vaches qui rejoignent leur vacherie, le terme choque un peu, mais finalement s’accorde bien avec la description d’un quotidien assez noir.
Dans :
« vous ne vous y trouvâtes point » Vous ne vous y trouviez point me semblerait plus en accord avec la narration au présent.
« Une matinée ordinaire mâtinée d’année » L’image me parait plus discutable même si l’allitération est agréable.
Nelly qui n'a pas arrêté de tripoter son téléphone portable DE TOUTE LA JOURNÉE. Alors qu’elle a juste déjeuné avec elle ?
La matinée se déroule comme à MON habitude. Ou son habitude ?
« …au milieu d’une pâture où s’agiteraient des vaches pressées DE rejoindre leur vacherie, leur famille, cette raison simple DE poursuivre l’aventure. La répétition assez proche de « de » semble inutile pourquoi pas simplement « pour poursuivre l’aventure ? »
Des images très poétiques, des descriptions non dénuées d’un humour mordant.
Lourdeur de la réalité qui contraste avec la légèreté de la narratrice et de ses rêves sans espoirs, démesurés.

   Maëlle   
22/2/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Ce qui me frappe au premier abord, c'est la poésie rythmique des phrases. Pourtant, pas de vers dans le texte (ça arrive, parfois, qu'un texte ne prose soit en fait consitué d'alexandrin et d'octosyllabe). Mais un jeu de sonorité, d'accent tonique qui fait rebondir la langue.

Quelques fausse notes. Les tentatives d'humour dans le troisième paragraphe tombe à plat. L'expression "ses deux membres virils" fait sourire, j'ai peut être l'esprit mal placé mais...

La fin est trés juste. Les choses sont en place, sans appui excessif. Les dernières lignes sont trés fortes, transmettant à la fois le desespoire de la narratrice et l'extrème banalité de la situation.

Un texte qui a certes des défauts, mais surtout de la force. Prometteur, je trouve.

   victhis0   
23/2/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
whouah...Une très belle ecriture que la vôtre ! j'adore ce style très littéraire, intelligent, très sûr, les trouvailles d'excellence qui jalonnent ce très bon texte (vaches& &vacherie, extinction des impossibles...) franchement et sans exagérer, vous m'avez bleuffé. Le cynisme sous tendu, proche du désespoir sonne tellement juste ! C'est même à ce point crédible que j'espère de tout coeur qu'il ne s'agit pas d'une histoire trop personnelle.
Un petit bémol : je ne suis pas sûr que l'homme Tarzan soit bien le boss : si ? non ? celà ne m'a pas sauté aux yeux.
j'imagine que celà n'est pas votre premier texte, cetainement pas le dernier en tout cas.

   Anonyme   
5/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour, RomyLevant,

Votre texte est assez court pour que je sois précise, je vous prie donc de pardonner la longueur de ce commentaire.

En ce qui concerne la forme, ma lecture a oscillé entre des bonheurs de lecture et des moments d'agacement. J'ai aimé les belles allitérations (« A pied et plus en pièces », « au petit matin, ma couette paradait en motte sur le parquet ») qui sont pour moi des friandises sonores et rythmiques ; les trouvailles pleines de poésie (« Solidement seule », « L'extinction des impossibles », entre autres). J'aime le rythme du dernier paragraphe, et ses trouvailles (« mon bureau éclairé comme le coin d'un palier de dealers » est très parlante (pas forcément réaliste, mais parlante) ; « je me rassieds de tout mon poids plume »).

J'ai beaucoup moins adhéré à certains passages (je ne cite pas ceux relevés par d'autres commentateurs) :
- les vaches et leur vacherie : leur vacherie, qu'est-ce ? Leur condition de vache (comme le veut la logique du suffixe), ou leur famille ?
- Le « dodo récupérateur » : dodo a sans doute une raison d'être (le côté parfois infantile de la narratrice), mais justement, je trouve ça vraiment trop infantile... Le dodo, c'est un bel oiseau éteint.
- dans la phrase des « comme », un « comme » de trop, le dernier (avant « cardiaque », qui ouvre une subordination, alors que les précédents indiquaient des juxtapositions. Cela casse le rythme et « fait » redondant, alors que les six précédents ne choquaient pas.
- le paragraphe explicatif, qui mentionne l'anorexie mentale, aurait pu être plus lyrique. Il me semble trancher un peu trop avec le lyrisme de ce qui précède. « (...) je peux pas, c'est tout bonnement impossible ! » : pourquoi avoir abandonner le « ne » de négation, soudain ? Pourquoi le « tout bonnement », si familier ? Et le « ouais » ? Le style change à nouveau à la phrase suivante, et j'ai beaucoup de mal à comprendre les raisons de ces écarts stylistiques. Vous finissez par « le problème c'est qu'elle prend de l'épaisseur ! », et retombez dans un style familier, sans virgule, avec ce point d'exclamation selon moi inutile, et une tournure « prendre de l'épaisseur », que vous auriez pu alléger.
- « Tu m'as parlé avec ne voix qu'on aurait dite embryonnaire » : pourquoi « qu'on aurait dite ? ». C'est la narratrice qui le dit, non ? Une voix embryonnaire aurait suffi, et aurait été plus percutant.

J'ai également noté des erreurs : « 4  membres » : c'est parce que c'est la fille de la compta qu'elle parle en écriture arabe ? (je chipote) ; « les joues ressemblantes à » : ressemblant à, ou semblables à ; « collier de chien », sans tirets ; « chic » est un adjectif invariable : les dessous chic ; « s'être fait insulter de... », quel barbarisme ! On se fait traiter de quelque chose, ou on se fait insulter (sans plus).

En ce qui concerne le fond... je ne sais pas si c'est « l'anorexie mentale, entre autres ». J'ai côtoyé des anorexiques, et le fait de prendre ses rêves pour des réalités faisait parfois partie du tableau. Comme celui d'être très lucide sur leur pathologie, ce que vous avez bien fait apparaître. Vous avez choisi de ne pas décrire les côtés alimentaires de l'anorexie et de vous axer sur cette quête quasi-désespérée d'attention de la narratrice, qui est très bien vue. Vous auriez pu appuyer un peu le côté obsessionnel que l'on sent ébauché dans le dernier paragraphe. Enfin, il y a selon moi quelques erreurs de ton, notamment : « Un job qui titille les sommets de l’éclate, un RER où l’on swingue tant l’humeur générale se vêt de joyeuseté, puis un dodo récupérateur après une journée si riche en rigolades… ». Je lis peut-être votre texte au travers du filtre des jeunes femmes anorexiques qui furent mes amies, et qui avaient leur personnalité propre, mais... ça ne colle pas.

Pour résumer, j'ai un avis mitigé sur votre nouvelle, qui est cependant pleine de promesses. Je suis certaine que vous pouvez faire beaucoup, beaucoup mieux. Allez-y !

Misumena

   Anonyme   
5/3/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Certains adorent ce genre de style... moi ça m'ennuie. Et j'estime que cela ne convient pas à ce genre de thème...
C'est un avis personnel, mais bon j'attendais autre chose que des recherches de style parfois plombants, voir même carrément agaçants dans un texte sur l'anorexie mentale...
C'est un choix d'écriture, mais je n'y adhère pas du tout... déjà à la base je n'aime pas, mais alors sur ce sujet, ça me rejette loin, loin, très loin du texte, de l'émotion sensée être provoquée...

   widjet   
6/3/2011
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Si l’âge de la marée m’avait plutôt séduit (grâce notamment à son personnage féminin assez bien croqué), ce second opus de l’auteur m’a profondément ennuyé. Il y a des textes courts qui vous paraissent durer des plombes et c’est clairement le cas de celui-ci. J’ai peiné pour le finir.

Le gros défaut, désolé de le dire, c’est le style : il est tellement forcé qu’il en devient factice, limite exaspérant. Les tentatives d’humour tombent toutes à plat tant les comparaisons sont lourdingues (« dans un style digne d’une cascade d’un James Bond orchestrée par Mr. Bean », «Un job qui titille les sommets de l’éclate, un RER où l’on swingue tant l’humeur générale se vêt de joyeuseté, puis un dodo récupérateur après une journée si riche en rigolades », « joues ressemblantes à deux tomates bodybuildées », « me retrouver comme affalée sur la première haie d’un 110 mètres à suffoquer comme une cardiaque décoiffée » et j’en passe…) ou interminables (« Évidemment moi j’étais agitée de l’intérieur telle une épileptique en pleine crise de convulsions à balayer de son corps tout un vestiaire de mecs virils en adoration, le fantasme érigé devant cette serpillière à 4 membres, j’vous jure »). Cela se veut sans doute percutant et bien trouvé, c’est pachydermique (tu renchéris trop sur tes allusions comiques à l’image du « Tu te dandinais sur place comme si ta vessie réclamait la parole en utilisant l’issue la plus proche comme moyen d’expression », crois moi en terminant ta phrase sur « parole », tu gagnais en impact. Le reste est un rajout inutile et fiche ta répartie en l’air. Idem, il fallait stopper à « frigo » dans « Elle ouvre notre porte comme une boulimique ouvrirait celle de son frigo après s’être fait insulter de grosse dinde mal farcie ». Bref, tu répètes ce procédé trop souvent et ça foire à chaque fois).

Un conseil (tu en fais ce que tu veux, bien sur): les traits d’esprit, la plupart du temps, c’est un peu comme les blagues : plus tu fais court, plus ça claque sinon (sauf si tu es un bon conteur de blagues ou un bon interprète) ça devient vite verbeux et chiant.

Choix des mots discutables au niveau sonorité («J’ai regagné mes pénates, à pieds et plus en pièces que jamais » ça fait beaucoup de « pe » et « pi » dans une seule phrase, ça écorche), une quasi non maîtrise du langage (les négations soit tu les mets soit tu les mets pas : « je peux pas », et « je ne m’arrourache pas », « je n’ai pas trouvé le sommeil ». Egalement le familier côtoie (l’inutilement) aseptisé : autant le personnage peut dire allègrement « comme mes regards posés pile sur ta pomme d’Adam pour éviter de me prendre ta gueule de sauvage ombrageux » mais juste avant balancer un truc aussi ridiculeusement consensuel qu’un « comme la couleur imaginée du papier dans ta pièce à besoins » (peut pas dire les toilettes, les chiottes ?) sans oublier des préciosités du genre « vous ne vous y trouvâtes point »). Y’a sans doute une erreur (non relevé par nos correcteurs adorés), un « te » en rab dans « Puis elle s’effiloche quand je te tombe sous le charme d’un homme ».

Le personnage de la fille sonne creux, faux, ses réflexions présentent guère d’intérêt. Zéro empathie au final (il parait qu'elle souffre. Ah bon. Si anorexie il y a, c'est dans l'étude psychologique ). Le dénouement, lui, me laisse de marbre. Bref, tout ça donne une impression de remplissage (y’a des passages franchement inutiles), de non (re)lecture, mais surtout de bâclage.

Widjet

   Lunar-K   
6/3/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé ce style à fleur de peau, authentique et qui flirte avec la rupture. Cette écriture traduit bien, selon moi, l'état d'esprit de la narratrice, au bord du gouffre, funambulesque... J'ai relevé néanmoins quelques tournures moins heureuses, comme, par exemple :

- Le "360°" qui s'insère vraiment mal dans cette phrase pourtant intéressante.
- Le "ouais..." après "timidité morbide". Je ne trouve vraiment pas ça terrible, ni nécessaire.
- "Puis elle s'effiloche quand je te tombe sous le charme d'un homme". D'où vient ce "te" dans "je TE tombe" ? Bizarre...

Voici donc les quelques broutilles qui m'ont le plus dérangé durant ma lecture, mais rien de bien catastrophique puisque, au final, le texte parvient à susciter son effet : une sorte de malaise, de mal-être psychologique. Je félicite d'ailleurs l'auteur pour être ainsi parvenu à traduire un sentiment aussi fort dans le rythme syncopé et dans le choix de ses mots.

Pour ce qui est du fond de ce texte, il se tient tout autant. J'apprécie notamment le choix de l'auteur de ne rien présenter d'extraordinaire, juste un jour ou deux de la vie monotone de cette femme. Le contraste et le rendu en sont d'autant plus flagrant que sa souffrance est quotidienne. Du moins, c'est là mon impression.
Un peu déçu cependant par la toute fin du texte que je ne trouve pas assez forte. Surtout que la dernière phrase suit une question mais n'est nullement en lien avec celle-ci. Je ne vois pas comment justifier cela.

Un très bon texte donc, qui n'est certainement pas parfait mais qui a au moins le mérite d'être original et fort.

   DouglasLejeune   
6/3/2011
quelqus alliterations agreables mais le style m'ennuie, il manque de naturel je trouve. Les images sont forcees, exemple "comme affalée sur la première haie d’un 110 mètres à suffoquer comme une cardiaque décoiffée" ou " comme si ta vessie réclamait la parole en utilisant l’issue la plus proche comme moyen d’expression". C'est un peu artificiel, on a l'impression que l'auteur se regarde ecrire, au lieu d'etre plonge dans son histoire.

   Coline-Dé   
13/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Certains rament grave, moi j'ai sauté à pieds joints !
Quelques scories, qui ont été relevées, mais l'énergie de ce texte est typique de l'anorexique, et ça c'est fort !

   Anonyme   
14/3/2011
Une histoire des plus classiques, mais touchante. Le style furieusement chicklit n'est pas désagréable, mais un peu trop appuyé tout de même à mon goût.
"une espérance, une pièce de mon puzzle de vie, qui inondent de larmes mes joues trop creuses, qui me sortent d’un ordinaire si effroyablement insipide", par exemple.
"Tu secouais tes épaules en laissant tes deux membres virils" : là c'est franchement comique, si on pense à l'acception courante de l'expression "membre viril" !

   Bidis   
14/4/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai beaucoup aimé la fin réaliste et désabusée de cette petite histoire.

L'écriture m'a paru souvent vive et musclée et si l'ensemble est assez parlant, avec quelques comparaisons plaisantes, comme "les talons hauts comme des pylônes EDF", plusieurs métaphores m'ont semblé outrées, et/ou tirées par les cheveux (Par exemple : "Semblable à une armature de phare désœuvré, décroché de la mer pour venir se planter au milieu d’une pâture où s’agiteraient des vaches pressées de rejoindre leur vacherie, leur famille,..." ou encore "une plume lestée par deux petits pois"); cela ne fait pas image et alourdit le texte qui se veut plutôt léger et sautillant d'autre part.

(A mon avis, ici il y a faute : "les joues ressemblantes")

   scoulibri   
20/5/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'apprécie le style beaucoup moins le traitement du thème.

S'il n'y avait pas cette prose poétique, je me serai franchement ennuyé. En plus ce texte est court mais bien trop compact! i m'a parut durée des heures (oui j'exagère). Étonnant comme j'étais heureuse de voir le dernier paragraphe arrivée.

En bref, j'aime l'énergie, la musicalité mais l'auteur est passé à coté de son sujet.
Mis à part les quelque image sur son poids on voit mal les manifestations de son mal. On voit juste une femme qui se fait des illusions comme beaucoup d'ailleurs


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