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Humour/Détente
SarahB : Richard et ses chimères
 Publié le 13/05/13  -  11 commentaires  -  13870 caractères  -  188 lectures    Autres textes du même auteur

Élucubrations d'un vieux baladin fuyant la réalité.


Richard et ses chimères


Je suis debout et je tangue, perdu dans la grande salle sans fenêtres. Je me sens comme un palmier sur le plateau ouest du Grand Canyon ; je n'ai rien à faire là. Puis j'en ai ma claque du vide et des bourrasques.

Quelqu'un amène une chaise à mon intention, je m'assois et réalise à quel point ce corps était lourd à porter. Ça fourmille un peu partout dans mes membres, surtout au bout des doigts. C'est comme si j'étais vêtu d'une fine combinaison de tissu qui m'envoyait en permanence de légères décharges électriques, permettant à mon enveloppe de donner encore du service, mais n'empêchant pas mon esprit de divaguer. Ma tête tombe parfois, le cou peine à la tenir. Elle se remet vite fait en place à chaque embardée du hoquet qui me tient la grappe depuis une heure. Je n'aurais pas dû venir à cette soirée, ça demande trop d'énergie de faire bonne figure.

Des dizaines de personnes s'agitent dans la salle étrange ; ça débat avec passion, ça dévalise le buffet, ça remplit des cendriers. Ces fous ne tiennent pas en place, ils font des commentaires sur les lieux. Je balaye les alentours du regard, sous mes paupières qui tentent de défier la pesanteur.

Le mur du fond est rouge. D'un rouge qui m'explose à la figure. Quelle idée de choisir une couleur pareille pour son intérieur ! Les gens qui vivent ici doivent avoir quelque chose à compenser. Au milieu du mur trône une immense photographie : on y voit un type en jean sur une rue grise, qui s'envoie dans le gosier le contenu d'une canette de bière bon marché. La lumière est maussade ; une atmosphère cendrée qui plombe tout, comme si une immense verrière teintée cachait le ciel. Et tranchant sur toute cette morosité apparaissent dans une parcelle grillagée des coquelicots sur fond de graffitis. C'est un tableau urbain typique, le genre d'image facile qu'un photographe contemporain choisit comme chef-d'œuvre de son vernissage pour bourgeois, où l'on regarde la banlieue comme une jungle pleine d'un folklore un peu décalé. Une sorte de mécénat qui finalement se marie parfaitement avec le mur rouge.

Une fois que j'ai imprimé le décor, je descends mon regard sur les personnes qui s'agitent devant. Une femme brune, les cheveux relevés en un chignon sophistiqué, croise les jambes sur un canapé blanc. Elle est d'une beauté éclatante, mes paupières s'en relèvent au moins de cinq millimètres. Je voudrais qu'elle fasse des ronds de fumée, un porte-cigarette fiché entre son index et son majeur. Mais l'image est sans doute devenue cliché… Je suis un peu un vieux de la vieille.

Juste en face, un jeune homme en costume se crispe sur les pages d'un manuscrit, qu'il parcourt comme un dément. Quelle nervosité ! Pourquoi tant souffrir quand se dandine devant vous une Vénus des temps modernes, un sourire sur ses adorables babines ?

Soudain, le silence total.

C'est improbable, mais ça fait du bien. Les bourrasques ont cessé sur le plateau et le palmier ne parvient plus à détacher ses deux dattes oculaires de la nymphe des salons. Troublant le mutisme religieux de la salle, elle parle :


– Regarde mes pieds, Michel, murmure-t-elle en levant une jambe lisse sur laquelle glisse le bord de sa petite robe. Je mets toujours un vernis à ongles bleu, clair et métallisé. C'est beau et lugubre, ça me fait penser à des choses glacées, à un monde fantastique plein de stalactites et de monstres des neiges.


Je remue sur ma chaise. Pourquoi déblatère-t-elle toutes ces idioties ? Elle est en train de tout gâcher.


– Tu es bizarre, Sylvia, fait le gars en costume, qui semble parfaitement calme maintenant que son manuscrit a disparu on ne sait où. Mais ça me plaît, avec toi on passe toujours des moments inattendus, et pas seulement parce que tu es une tête d'affiche.


Ça devient inintéressant au possible ; ma combinaison électrique se fait la malle, mes paupières n'ont plus envie de lutter. Je vois encore la fille rire, quelque chose d'affreusement artificiel sur ce qui est devenu un bec de bécasse, puis sombre dans le coton.

Dans mon esprit apparaît la terre rouge autour du Grand Canyon, j'avance au bord et tombe dans le gouffre sans fin. Les méandres de ma conscience se peuplent d'images qui se forment et se défont, incohérentes mais confortables. Mes muscles se relâchent, la paix du sommeil est comme un armistice conclu avec les turpitudes du monde. Je ronfle comme un bienheureux.


– COUPEZ !


Le cri me réveille en sursaut. Dans la salle, tous me regardent, l'air pas franchement amical. Une fille accroupie à côté de ma chaise écrit sur une feuille grillagée : « 5 sur 6, première : raté, ronflement ». Un type avec un casque sur les oreilles annonce : « Ça s'entend. » Puis les dizaines de personnes présentes s'affairent en m'ignorant aussi bien qu'elles me dévisageaient dix secondes plus tôt. Le jeune gars en costume a retrouvé son manuscrit et son agitation, la harpie du canapé tend son nez au pinceau d'une obèse.

Elle est bizarre cette soirée.

On me colle un verre d'eau entre les mains. Je bois. Une gueule connue, les cheveux en pétard et les lunettes carrées, se plante devant moi.


– Écoute Richard, commence le binoclard dont je ne me rappelle plus le nom ni le contexte d'origine. Tu devrais rentrer chez toi, te reposer un peu. Tu n'as rien à faire ici dans cet état.

– Oui, c'est bien ce que je me disais.


Un autre gonze se pointe, moche et plein de sueur. Il s'efforce de parler posément, de faire le type confiant. Je ris.


– Il n'a qu'à s'allonger une heure ou deux. La régie lui laissera une bassine et trois litres d'eau, puis en fin d'après-midi, il sera sur pieds.

– On fait comme ça, Richard ?


Je bouge la tête, ils prennent ça pour une approbation.

Cinq minutes plus tard, me voilà allongé sur un sofa trop grand pour la pièce où nous nous trouvons imbriqués, lui et moi. L'endroit me rappelle quelque chose, malgré les tours de manège qu'il se paye dans ma tête : un grand miroir entouré de loupiotes, des fleurs, beaucoup de fleurs et… tiens ! Ma veste. Et une sympathique bouteille de bourbon, avec qui j'ai eu un entretien très récemment. La dame est assez diminuée mais dispose encore de quelques ressources. Je tends une main vers elle, quand la porte s'ouvre. Une main, pas la mienne, s'empare de dame Bourbon et laisse à la place une misérable bouteille d'eau minérale ; le truc sans couleur, sans odeur, sans garantie d'âge. Je tente de protester mais mon cri d'indignation s'écrase sur la porte déjà refermée. Le moelleux du sofa me fait des mamours, je m'y enfonce.

Après un temps de somnolence indéterminé, je me réveille la tête douloureuse, les idées plus claires. Tout se remet soudain en place dans ma vieille caboche et je me marre. Nom de nom ! Quel pochard lamentable j'ai été ! Vraiment l'alcool anesthésie la cervelle, on en oublierait son propre nom.

Je me lève, prends une rasade d'eau sans goût, comme une barrière entre deux mondes. J'attrape ensuite ma veste et plonge une main dans la poche intérieure.

Elle est là !

J'élève sous la lumière romantique des loupiotes, triomphante, ma flasque de scotch. Comment avais-je pu l'oublier ? Elle est d'une lourdeur agréable à la main et à la soif. Je dévisse le petit bouchon avec délice.

Un quart d'heure plus tard, elle est d'une légèreté tout à fait insipide, je la renvoie d'où elle vient. La porte s'ouvre de nouveau. Apparaît dans l'entrebâillement le binoclard toujours aussi mal coiffé, le visage plein d'espoir. Il semble heureux de me trouver réveillé.


– Tu es prêt, Richard ?

– Ah ça ! Je me suis bien préparé.


Il sourit, puis fait la gueule quand je manque de m'étaler sur lui en quittant le sofa.

Nous empruntons un couloir sombre avant de retrouver la grande salle. Elle est un peu différente, mais je me laisse rapidement convaincre qu'il n'y a rien d'étrange à ce qu'un salon avec mur rouge et photographie à la con ait été remplacé par un intérieur de bistro. C'est d'ailleurs beaucoup mieux comme ça. Le jeune gars en costume et sa bécasse ont disparu. À la place du canapé blanc s'élève un joli bar en bois ciré, avec une tireuse à bière dessus, puis des bouteilles remplies de liquides plus sérieux derrière. Et des pingouins pour faire le service.


– Change rien ! je fais au binoclard.


Mais lui commence à me raconter des histoires à dormir debout.


– Bon, Richard, on va faire la scène du bar. Celle où tu vois Sylvia pour la première fois. Tu es assis à une table en buvant ta bière, et quand elle entre, tu tombes dans une sorte d'extase. Tout ce que tu as à faire avant, c'est de te montrer froid envers les serveurs. Tu es un habitué des lieux, tu viens souvent ici pour tromper l'ennui. Pas besoin de parler, on doit juste sentir que tu es un vieux gars blasé qui n'attend plus rien de la vie. Et Sylvia va tout changer. OK ?

– OK.


Je n'ai rien compris. Qu'est-ce qu'il me veut celui-là à la fin ? Je ne sais pas qui est cette Sylvia, le prénom m'évoque un mauvais souvenir. Je n'ai pas envie de m'extasier.

On me fait asseoir à une petite table non loin du bar, et une obèse se met à étaler de la poudre sur mon visage. Une autre entreprend d'arranger mes cheveux, puis installe un chapeau sur ma tête. Je commence à me sentir con, avec ces grosses qui valsent autour de moi et tous ces gens qui me jettent des coups d'œil bizarres en vaquant à leurs occupations obscures. La mauvaise humeur me monte au nez, j'agite les bras pour dégager les tas de graisse et pose le chapeau sur la table. J'entends des types dire des trucs comme « c'est pas mal », « ça va le faire », « on va pouvoir y aller ». Tout le monde braille. Je ne supporte plus ce boucan.

Et puis tout d'un coup, le silence. Mes oreilles ont-elles démissionné ? Je tape du poing sur la table, ça résonne dans la tranquillité bien réelle de la salle. Plus rien ne bouge, à part les pingouins qui essuient des verres. C'est miraculeux. Je mets cette aubaine à profit.


– C'est possible d'avoir une bière ?


Il sera toujours temps de demander du lourd une fois que j'aurai apaisé mon corps en chaleur. Plus rapide que l'éclair, le serveur pose le liquide ambré devant moi ; apparemment il s'en fiche de savoir si je préfère la blonde ou la brune.


– Trois euros cinquante, s'il vous plaît.


Je n'aime pas quand il faut payer tout de suite. Me jurant de changer de bistro pour la prochaine tournée, je plonge la main dans ma poche. Coup de bol : la somme exacte s'y trouve. Je la pose sur la table. Le pingouin fait la moue avant de récupérer les pièces.


– Jamais de pourboire avec celui-là, chuchote-t-il à son collègue.

– Oh ça va ! Vous ne m'avez pas servi ma bière en chantant l'hymne national en canon, si ?!


Des rires et des murmures viennent de partout. « On coupe ? » « Non, on enchaîne. » Je cherche du regard les autres clients du bistro, mais ne rencontre que les ténèbres au-delà des tables vides. La lumière dans ce bouge est trop forte, une véritable agression. Et la bière est dégueulasse ! Comment peut-elle être chaude alors qu'elle vient d'être tirée ? Les fûts à la cave ne doivent pas être conservés comme il faut.

Je fais franchement la gueule maintenant. Il me faut un autre verre. Je fouille mes poches mais ne palpe pas un rond. Pas même une cigarette. Ma veste est restée en arrière, avec la carte de crédit et le reste. Je mate les pingouins et leur bar avec mépris. Le désespoir m'accable, comme un truc insoluble face auquel je reste aussi impuissant qu'un mormon devant une bande de punks.

Soudain, la porte d'entrée s'ouvre. Entre une figure familière, gitane fumante dans une main, bouteille de bourbon dans l'autre. C'est merveilleux à voir. Les serveurs sont tout excités, apparemment la dame est célèbre. Crachant sur les interdits qui ne sauraient s'imposer à leur idole, ils la laissent entrer avec la sans filtre et son alcool acheté ailleurs. La fumée se tord lentement vers le plafond, hypnotique, tandis que le whisky se balance avec souplesse au rythme des pas chaloupés de la vedette. Elle s'assoit en face de moi, sort deux dés à coudre de son manteau, et nous sert un verre. J'en ai le souffle coupé : le serveur ajoute un cendrier au tableau, et voilà que les accessoires d'un moment réussi s'étalent sur fond de nichons nacrés. Tout y est, c'est comme une pub. Je comprends ce qu'a pu ressentir le soiffard du XIXe en contemplant la fée verte dans son bar à absinthe : la magie existe.


– Et coupez !


La fée s'envole tandis que les bourrasques reprennent du service. C'est une véritable cacophonie. Des gens sortis d'on ne sait où s'agitent en tous sens.


– Elle est bonne ! Pas plus de temps pour s'en refaire une que pour la méca. On enchaîne !


Des types commencent à virer les tables du bistro, la tireuse quitte le bar sans que quoi que ce soit ne la retienne. En un rien de temps disparaissent toutes les bouteilles scintillantes.

Je me frotte les yeux et me lève. L'instant magique s'efface comme un mirage ; c'est tout embrumé dans ma tête. Je décide qu'il est temps de rentrer à la maison.


– Et tout le monde ! crie le binoclard. Je vous prie de saluer la dernière prise de la journée pour Richard. Il aime nous filer la trouille, mais il assure toujours. Bravo Richard !


Et voilà que tout le monde applaudit en m'adressant de grands sourires. Je souris aussi, pourquoi pas ? Une fille ramène ma veste, c'est tout ce qu'il me fallait. Une quasi-haie d'honneur s'ouvre ensuite devant mes pas. On me raccompagne jusque dans la rue, en proposant d'appeler un taxi.


– Non merci, j'ai envie de marcher un peu.

– OK Richard, t'as raison. À demain !

– À demain.


J'avance sous la lumière chaude des lampadaires, en fouillant ma veste. Mon portefeuille est là, rempli de moyens d'échange pour tout le bourbon de la Terre. Au coin de la rue, un bistro.



FIN


 
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   macaron   
10/4/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Plus de suspense que d'humour. On se demande dans la première partie de votre nouvelle: qui est Richard? J'ai pensé un moment à un chien!
Le ton est léger, le héros perdu dans ses brumes attachant, l'humour discret.
On ne sait pas grand chose du narrateur, il est acteur- mais trop saoul pour le savoir?- il tourne une scène, il ne cherche qu'à boire.
Il reviendra demain, et puis?

   Anonyme   
22/4/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le ressort comique est très simple, mais je le trouve vraiment efficace. Je ne sais trop si je dois m'apitoyer devant ce Richard complètement à la ramasse, qui tôt ou tard va bien finir par chuter de son haut sans même s'en rendre compte, ou admirer son détachement inconscient... Je me suis demandé à un moment s'il n'était pas malade genre Alzheimer, mais ce n'est pas nécessaire d'introduire cette explication je crois.
Pour moi, le texte est bien fichu, mêle habilement comique et tragique. La dernière phrase ne me paraît pas forcément utile : je me doute que l'homme trouvera vite de quoi boire.

"Il sourit, puis fait la gueule quand je manque de m'étaler sur lui en quittant le sofa." : marrant, bien dans le ton je trouve !

   Marite   
13/5/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Je n'ai pas vraiment ri en lisant cette histoire, par contre je termine en ayant très envie de lire une autre élucubration de Richard. Au fil du récit on arrive à imaginer facilement la scène de tournage et les différents personnages. Richard est un personnage attachant, j'ai imaginé que c'était peut-être un vagabond quelconque que l'on avait pris occasionnellement pour tenir le rôle.

   SarahB   
13/5/2013
Je souhaite simplement signaler qu'il a été difficile de trouver une catégorie adéquate pour ce texte. "Humour/détente" était la meilleure solution, bien que mon intention première n'était pas de faire rire !

   AntoineJ   
13/5/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Pas mal d'arriver à mettre en scène un alcoolique amoindri qui assure son rôle malgré lui !
ceci étant, j'attendais autre chose, après le début dans le pseudo bar ... cela semble trop facile, trop propre ... alors que tout alentour est bruyant / rouge / vif ...

Bref ... j'aime bien le style très plaisant mais il manque une touche finale plus percutante (de mon point de vue en tout cas)

   brabant   
13/5/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour SarahB,


Texte qui m'a laissé perplexe, il est exact qu'on peut se demander dans quelle catégorie le mettre, la qualité qu'on peut lui trouver c'est qu'on est étonné d'être arrivé au bout alors qu'on en est encore à élucubrer à essayer de le rattraper.

Et puis comme on ... comme je n'ai pas envie d'en dire trop de bien, ni trop de mal non plus d'ailleurs, ni même de m'y attarder, je m'en vais lire ce qu'ont en dit les autres commentatrices et commentateurs.

Voui, un cabot plus vrai que nature.


Bon, ce personnage me rappelle davantage Jean Richard (que j'aimais bien hein) que Richard Coeur de Lion.


A vous lire.


Lol

   jaimme   
14/5/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour SarahB,
J'ai lu avec plaisir votre nouvelle, car elle joue agréablement avec l'attention du lecteur. J'ai d'abord été gêné par le double registre de langage: soutenu et très familier, puis j'ai mieux cerné le personnage et j'ai trouvé l'écriture plutôt bien adapté à l'histoire. On sent du potentiel derrière la magie des mots. Cela faisait longtemps que je n'étais plus sur le site et visiblement j'ai eu de la chance en tombant par hasard sur votre texte. Il est délicat et triste. Cet homme est une loque et sa célébrité n'existe plus que dans le regard des autres. Bien rendu, très bien rendu.
Quelques tournures mériteraient, à mon goût (et ce n'est que le mien), plus de travail. Un exemple: "Je suis un peu un vieux de la vieille." Et la fin appelle un peu plus de poésie, toujours selon moi, pour que l'on passe du stade d'une belle nouvelle au stade de l'excellence. Mais, visiblement vous en êtes capable.
à très bientôt donc et merci pour cette lecture.

   Acratopege   
15/5/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte que j'ai lu en une une rasade en me demandant ce que je faisais là: ça a le goût de l'humour, ça a la couleur de l'humour, mais ce n'est pas de l'humour, je crois, plutôt du drame traité avec une dérision sympathique. On s'identifie bien à l'acteur poivrot qui ne sait plus qui il est et tente à peine de donner un sens à ce qui se passe. Qu'il remplisse son rôle brillamment en fonctionnement automatique semble un peu invraisemblable, mais cela ne gêne pas vraiment. Le texte a un côté onirique qui peut tout se permettre.
Jolie réussite, donc, dans le mode aigre-doux ou lourd-léger, je ne sais pas comment dire.

   Etienne   
15/5/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
Une nouvelle agréable à lire de par son style, mais où j'ai cherché quelque chose en plus. Je me suis un certain temps demandé si l'acteur n'était pas en fait totalement possédé par son rôle, mais on comprend finalement que c'est un simple coup de bol pour ce soiffard.
J'ai bien aimé le suspense du début, où on finit par se rendre compte de la somnolence du personnage, jusqu'au "coupez !"
Enfin, je garderai en mémoire cette magnifique sentence : "aussi impuissant qu'un mormon devant une bande de punks" !

   aldenor   
20/5/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Votre intention n’était pas de faire rire ?
Pour moi, les ingrédients sont là ; le narrateur vaseux et titubant ; la double lecture des évènements : le tournage et la soirée ; les malentendus qui en découlent, c’est de l’humour tout ça. Et je ne vois pas du tout ce que ça pourrait être d’autre.
Beaucoup de finesse et de trouvailles dans les situations et le texte est bien construit autour des deux scènes.
Pourtant, il est vrai que ce n’est pas aussi drôle que ça pourrait l’être.
Peut-être que le style n’est pas assez divagant ; peut-être faudrait-il des phrases hachées, alambiquées, ne serait-ce que par moments. Je ne sais pas. En tous cas, la description de la salle dans la première scène est beaucoup trop précise pour un esprit embrumé.

   Anonyme   
22/6/2013
C'est drôle ça, dans le sens de bizarre, de préciser que votre intention n'était pas de faire rire et de déposer votre nouvelle dans la catégorie qui relaxe...

Parce que non c'est pas drôle et oui, votre personnage est attachant, il a un truc décalé, décalé et triste. Il y a quelque chose de doux dans votre façon de le décrire qui montre qu'en effet, c'est pas pour rire. Qui montre votre regard attendri sur Richard, le soin et la caresse par les mots. C'est par votre regard d'auteur, par le traitement particulier, cette façon assez personnelle que vous avez d'amener la nouvelle que votre protagoniste s'étoffe. Malgré tout, celui-là vous l'aimez bien.

Moi ce que j'aime bien, c'est votre écriture discrète, ces descriptions que vous effleurez à peine. Parfois c'est inutile de décrire : " Le mur du fond est rouge. D'un rouge qui m'explose à la figure. Quelle idée de choisir une couleur pareille pour son intérieur !" J'aurais mieux aimé sentir les personnages qui sont flous, autour, à la place. Parfois, on se dit que le talent est bien là, ne serait-ce qu'avec cette chute ciselée.

Richard est un beau protagoniste, il vous reste à l'entretenir vraiment.


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